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Editorial
CETTE réflexion, qui est sûrement un
proverbe chinois, servit un jour de titre, ici-même, à
un éditorial de Jacques Duboin. Elle m’est revenue tout naturellement
à l’esprit en découvrant le courbe de l’évolution
des prix en France depuis 150 ans, établie par l’I.N.S.E.E. (1).
Nous la reproduisons ci-contre, en seconde page, pour inviter nos lecteurs
à méditer.
Ils remarqueront d’abord qu’il n’est pas bien difficile d’imaginer le
début de la courbe, vers la nuit des temps. Les prix, avant 1800,
étaient plus faibles. ils se confondraient donc, sur cette courbe,
avec l’axe des temps et il faudrait prolonger cette droite de plusieurs
centimètres sur la gauche.
Même sans cela, la courbe reproduite répond à tous
ceux qui ne voient pas à quelle époque leurs conditions
de vie témoignent d’une rupture totale avec le passé.
Il est simple d’y lire que tout a changé au début de ce
siècle. Précisément à l’époque où
des progrès, dans tous les domaines, ont bouleversé les
conditions de production. On y voit même que ceci s’est reflété
sur le plan monétaire par le brusque changement de pente de la
courbe des prix, qui coïncide bien exactement avec le moratoire
du mois d’août 1914, comme l’a expliqué J. Duboin (2).
Nos lecteurs savent que c’est à dater de cet événement
historique que la monnaie a cessé d’être une marchandise
pour devenir une monnaie-symbole. Sans en avoir conscience, les promoteurs
de cette monnaie-symbole ont ainsi créé des conditions
financières qui ont échappé à tout contrôle
et à toutes les prévisions des experts, comme des savants
qui auraient créé une machine infernale dont ils ne peuvent
plus être maîtres : des apprentis-sorciers !
A regarder cette courbe, on imagine qu’elle va monter indéfiniment.
Il faut pourtant bien admettre que ce n’est pas possible ! Plus les
prix augmentent, plus diminue le pouvoir d’achat des salariés
car les règles de la comptabilité moderne sont ainsi faites
que toute augmentation des salaires se traduit par une augmentation
PLUS FORTE des prix, nous l’avons démontré ici récemment
(3). Une enquête publiée par un hebdomadaire (4) est édifiante
: des milliers de gens, en France-même, vivent dans la misère
la plus noire, au jour le jour, sans l’ombre d’un espoir, car ils sont
à ce point résignés et cachés qu’ils ne
se doutent même pas de l’absurde injustice à laquelle ils
sont condamnés. Le nombre de ces laissés-pour-compte ne
peut évidemment qu’augmenter avec celui des sans- salaire ! Et
cette enquête a été menée en France, je le
répète. Que dire des populations pauvres du fiers-Monde ?
DEUX quotidiens français viennent, presqu’en
même temps, de se faire, l’écho de ce que nous expliquons
depuis tant d’années :
L’éditorialiste du « Matin », le 2 septembre, sous
le titre « Le blé et la faim », rappelle que, le
Président Carter propose aux Etats-unis de reduire de 20% leur
production de blé, dont l’abondance a fait baisser les cours.
L’auteur ajoute :
« Ce n’est pas la premiere fois que l’abondance des produits agricoles
- blé, lait, viande... - fait paradoxalement le malheur des agriculteurs.
Chaque année, en Europe, des tonnes de fruits ou de légumes
sont déversées dans les rues en signe de protestation,
a l’indignation d un public qui n y comprend plus rien. D’un côté,
en effet, la progression de la famine dans le monde est une réalité
intolérable, de l’autre, le gaspillage et la capacité
de production des pays industrialises sont des données indiscutées.
L’opinion est tentée d’appliquer à ces deux phénomènes
le principe des vases communicants et trouvera sans doute scandaleux
le plan de Jimmy Carter. »
Pour mettre fin a ce scandale, que fait-on ?
Washington, dit le journaliste du « Matin », propose la
constitution d’un stock International de réserve contre la famine.
Mais cette solution généreuse se heurte aux problèmes
de la répartition au pouvoir d’achat et à ce que l’auteur
appelle « les réalités financières »
qui font, par exemple, que les populations pauvres d’Afrique sont contraintes
d’exporter leurs produits alimentaires et... meurent de faim.
Encore un petit effort, Monsieur l’auteur de cet article (5). Et vous
comprendrez que ces « réalités » ne sont que
le résultat de conventions établies par la nécessité
quand il fallait faciliter les échanges dans des situations économiques
qui étaient totalement différentes de celles que nous
connaissons aujourd’hui. Les moyens de production ont complètement
changé depuis. C’est une telle révolution qui s’est produite
que ce ne sont plus du fout les mêmes problèmes qui se
posent. Les conventions nécessaires pour régler la répartition
des produits doivent donc, elles aussi, être changées.
Il faut savoir suivre son époque ! La nôtre n’est plus
celle des échanges marchands, et vous le constatez avec nous.
L’économie de profit a fait son temps. Elle est dépassée
par les événements. Et ceux-ci appellent l’économie
distributive.
LE second quotidien est « Le Monde » où
André Fontaine, sous le titre « Travailler moins ? »,
montre qu’il a compris que les causes du chômage croissant dans
tous les pays industrialisés ne sont pas conjoncturelles, mais
qu’elles sont la, conséquence logique de la mécanisation.
J. Duboin,) en 1936, dans son livre « Libération »,
le montrait de la façon suivante :
« En se servant de la faux, un bon ouvrier coupait le récolte
de 30 à 40 ares par jour. En se servant d’une faucheuse, attelée
de deux chevaux, il fait le même travail dans le septième
du temps. Avec une faucheuse à moteur et une barre de coupe de
2 mètres de large, il peut couper la récolte de 5 hectares
dans une journée de sept heures.
» La moissonneuse - lieuse, traînée par tracteur
accomplit ce même travail sur 8 hectares ».
Qu’écrit, en 1977, André Fontaine ? Citons-le :
« Un schéma, paru samedi dans « die Welt »,
suffit suffit à en résumer l’effet : pour récolter
un hectare de blé, il faut, à la faux, 112 heures ; avec
une moissonneuse lieuse tirée par des chevaux, 40 heures : avec
une moissonneuse-batteuse de 3,60 mètres de large, 1 heure et
8 minutes ».
Il n’aura donc fallu que quarante années pour que cette évidence
atteigne... le monde. Ne désespérons donc pas car ce journaliste,
ayant passé en revue tous les moyens imaginables pour réaliser
le « plein emploi », conclut :
« La vérité, c’est que si l’on peut imaginer des
palliatifs au chômage dans le cadre national... il ne fournit
pas le moyen de l’éliminer »
et il termine, de toute évidence avec nous, par ces mots :
« Rien d’étonnant à ce qu’on voie de plus en plus
de jeunes récuser le type de société fondé
sur le travail dans lequel nous vivons aujourd’hui et rêver d’un
autre genre de vie.
» A ceux qui ont laissé le travail envahir leur existence
au point de ne pas concevoir d’autre horizon. aux « drogués
du travail n que sont devenus tant de patrons et de cadres, ce rêve
qui suscite chez certains ales attitudes carrément parasitaires
parait sans doute relever du plus irréel des utopismes. Et cependant,
en ce moment où ils rentrent de vacances et s’apprêtent
à remettre le doigt dans l’engrenage de l’esclavage moderne,
ne leur arrive-t-il pas par moment de penser que la vraie vie devrait
être autre chose ?
» ...Une société qui ne soumettrait pas tout à
la loi du profit et du rendement ? Cette société-là
ne faudra-t-il pas un jour la concevoir et essayer de la mettre en pratique
si l’on ne veut pas aboutir à institutionnaliser, avec le chômage,
le fossé qui sépare de plus en plus ceux qui ne travaillent
pas de ceux qui travaillent ?
Cette société-là, cela fait plus de quarante ans
que ce journal la propose. Faudra-t-il en attendre encore autant pour
que « Le Monde » le dévoile ?
(1) Institut National des Statistiques et des Etudes
Economiques.
(2) Voir de cet auteur « Pourquoi manquons-nous de crédits
? ».
(3) Voir « La Grande Relève » de mai 1977, p. 8 :
« Comptabilité et inflation » par J : P. Mon.
(4) « Le Nouvel Observateur », n° 664.
(5) Cet article du « Matin » n’est pas signé.
Il faut de la patience pour connaître la Vérité.
Il en faut bien plus encore pour la répandre.
Albert CHANTRAINE
DANS « La Grande Relève » n°
748 de juillet 77, on pouvait lire sous la plume de Marie-Louise Duboin
dans le cadre de son editorial, un article intitulé : LA MALADIE
DE LA JEUNESSE.
Il y était question du résultat d’une enquête sur
la jeunesse publiée par H. de Gaalon, ancien responsable d’études
sociologiques à I I.F.O.P. Après avoir analysé
quelques citations de H. de Gaalon, Marie-Louise Duboin terminait son
article par la conclusion suivante :
« Nos raisons personnelles d’optimisme sont de voir qu’un jeune
sociologue patente rejoint si parfaitement nos analyses et nos conclusions.
Il répond ainsi de façon éclatante à ceux
de nos camarades qui, au seuil dune vie de lutte pour défendre
les thèses de Jacques Duboin, croient devoir se désespérer
en croyant quelles n’ont pas tait leur chemin ; la réalité
est qu’eues se répandent insensiblement mais irrévocablement
et de plus en plus généralement et de plus en plus vite.
» Jamais sans douté la vérité que nous défendons
n’a été aussi flagrante. »
En effet, et je voudrais rassurer nos amis pessimistes en leur apportant
une preuve de plus d’espérer.
Voici un texte écrit dans les années 50 par un grand savant,
hélas trop tôt disparu.
« Qu’est-ce qui différencie l’homme de l’animal ? C’est
qu’en s’éveillant il né pense pas uniquement à
chercher sa croûté, ou plutôt, qu’un jour viendra
où il ne pourra plus penser uniquement à çà.
Aujourd’hui des millions d’hommes sur terre doivent vivre comme l’animal,
chercher avant tout leur nourriture et celle des leurs. Et moi-même...
« Ce n’est pas ça la civilisation. Il n’est pas vrai que
le travail imposé par la nourriture soit un travail moral. «
Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », je ne veux
pas de cette philosophie-là. Ce sont les exploiteurs (1)
qui l’enseignent, ceux qui vivent du travail des autres. La science
et la technique ne devraient-elles pas permettre à chacun de
se nourrir avec très peu de travail ? Nous serons civilisés
(1) quand l’homme n’aura plus besoin de travailler comme il fait pour
assurer sa subsistance. Cela ne veut pas dire qu’il ne fera plus rien.
Au contraire c’est alors que son travail sera moral. C’est le travail
qu’il fera en plus, librement, pour apporter quelque chose aux autres,
intellectuellement ou manuellement, pour enrichir la vie de l’humanité.
»
Et c’est signé : Frédéric Joliot-Curie (1900-1950).
Ce grand savant rejoignait, lui aussi, nos thèses.
Mais il y a mieux. Je reprends une citation de H. de Gaalon. (...) «
L’école donne aux adolescents les moyens intellectuels aune compréhension
critique d’une société dont les différentes caractéristiques,
compétitions, violence, instabilité, matérialisme,
ne peuvent que les angoisser et leur faire souhaiter ne jamais y «
entrer ».
Or, il se trouve que l’école dont parle H. de Gaalon vient de
se manifester en soumettant aux éleves d’une académie
un canevas dont la teneur ne peut que nous donner des raisons d’espérée.
En effet l’argumentation de Frédéric Joliot-Curie citée
plus haut a été reprise par l’Académie du département
du Var pour être soumise aux élèves du Terminal
à l’occasion des examens du B.E.P. 1977 et dont voici le texte :
QUESTIONS
1 - Expliquez les mots soulignés : exploiteurs,
civilisés. (4 points)
2 - Achevez la dernière phrase du premier paragraphe «
Et moi-même... (2 points)
3 - En quoi le travail librement accepté est-il plus moral que
le travail « imposé par la nourriture » ?
(6 points)
COMMENTAIRES
« Aujourd’hui des millions d’hommes sur terre
doivent vivre comme l’animal, chercher avant tout leur nourriture...
Ce n’est pas ça la civilisation. »
Que pensez-vous de ces affirmations ?
Donnez votre réponse (20 à 30 lignes).
(8 points)
Voilà ! Nul doute que cet examen aura fait
réfléchir les candidats au B.E.P. de l’Académie
du Var. Pour ma part, je connais la fille d’un de mes amis qui a répondu
aux diverses questions dans le sens des thèses qui nous sont
chères. Elle a obtenu son B.E.P. en étant bien notée.
En conclusion, nous dirons avec ces exemples à l’appui et certainement
bien d’autres que nous ne connaissons pas, qu’il n’y a aucune raison
de désespérer et que nous devons continuer à militer
fermement aux côtés de Marie-Louise Duboin afin d’avancer
l’heure de notre libération.
(1) Souligné dans le texte.
Dans un article de G. Farkas, France-Soir du 6-9-77
dénonce le a scandale du café ». Selon le journaliste
une société brésilienne achèterait d’importantes
quantité ;de café afin d’en maintenir le cours à
une valeur élevée.
Le vrai scandale, c’est que France-Soir ne dénonce que celui
du café, parce qu’il ne met en cause qu’un pays en voie de développement.
Comme si la destruction et le stockage des produits, afin d’en contrôler
la e rareté » et donc d’en maintenir les prix. ne se pratiquaient
pas en France et en Europe !
*
A Port la Nouvelle (Aude), dans la nuit du 12-8-77, les chalutiers sont rentrés lourdement chargés de sardines. Mais, faute de « débouchés », les pêcheurs en ont rejeté plus de 6 tonnes et demi à la mer.
*
Toujours en France, on s’attend à une récolte
record de céréales. Pas étonnant alors que le déchargement,
dans le port de Mulhouse, de 250 tonnes de maïs en provenance des
Etats-Unis, ait suscité de vives réactions dans les milieux
agricoles du Haut-Rhin.
Mais l’importateur a promis qu’il ne recommencerait plus : il voulait
simplement profiter de la baisse du dollar qui s’est manifestée
au début du mois d’août.
Cette baisse du dollar a d’ailleurs été délibérément
organisée par les Américains afin de favoriser leurs ventes,
principalement au Japon et en Allemagne.
En France, la récolte 1977 de pommes de terre sera excellente,
le rendement moyen étant supérieur à 30 tonnes
à l’hectare.
C’est ce qui provoque le désespoir du Comité National
Interprofessionnel de la pomme de terre qui pense que cette e surproduction
» va amener une chute des cours.
*
Le problème de l’écoulement des excédents
agricoles n’est pas particulier à la France mais commun à
tous les pays développés.
La Commission de l’Agriculture de la Communauté Economique Européenne
estime en, effet que la vente sur le marché mondial de la production
excédentaire des pays membres de la Communauté sera de
plus en plus difficile en 1977-1978.
Qu’on en juge : malgré les mesures déjà prises
pour limiter la production laitière, les stocks de beurre atteindront
ai. moins 300 000 tonnes l’an prochain alors qu’ils ne s’élèvent
qu’à 190 000 tonnes actuellement , la forte récolte de
céréales (principalement l’orge et le blé cendre),
qui atteindra 105 millions de tonnes contre 90 millions en 1976. va
créer des problèmes d’écoulement puisque les stocks
mondiaux sont encore en augmentation, ce oui, catastrophe, se traduit
par des prix relativement bas : quant au sucre, dont on veut périodiquement
faire croire à la pénurie, son excédent «
structurel » risque de dépasser trois millions de tonnes
au cours des prochaines années. Ce qui n’empêche pas le
ministre français de l’agriculture de proclamer e sa volonté
d’aider à l’implantation d’une unité de production de
sucre de raisin ». On croit rêver !
Gageons que France-Soir ne va pas tarder à nous faire croire
que la sécheresse de l’été 1976 avait du bon !
*
Savez-vous combien coûte le beurre français
dans la Principauté d’Andorre ? 7 F 50 le kg.
Goûtez et comparez ! C’est bien notre beurre. Merci de payer la
différence.
*
Spéculant, lui aussi, sur la baisse de la peseta, le Premier ministre est allé passer quelques jours de vacances sur la Costa Brava.
*
Si la majorité d’entre nous doit s’attendre à subir une plus forte pression fiscale, il n’en est pas de même pour tout le monde : l’avoir fiscal vient d’être porté à 100 % et les entreprises ont été autorisées à réévaluer leurs bilans, ce qui va permettre à un grand nombre d’entre elles de ne plus payer d’impôts, tout en augmentant leurs réserves. Le Premier ministre justifie ces mesures en disant que cela va favoriser l’investissement et donc la création d’emplois.
*
Dans le domaine de l’emploi, l’échec du gouvernement s’affirme de jour en jour : selon les statistiques officielles, il y avait en juillet dernier 30 000 chômeurs de plus qu’au mois de juin. Il paraît que les employeurs préfèrent attendre la fin des vacances d’été avant de procéder à des embauches.
*
Mais pourquoi la France réussirait-elle dans
ce domaine, mieux que ses partenaires occidentaux ?
Les experts estiment en effet que le nombre des chômeurs des neuf
pays du Marché Commun, qui est actuellement de 5 millions 400
mille (dont 2 millions ont moins de 25 ans) passera à plus de
six millions avant la fin de l’année.
*
Les Américains ne sont pas épargnés non plus. Aux EtatsUnis, le pourcentage de la population active à la recherche d’un emploi, est passé à 7,1 % en septembre (il atteint 11,7 % pour les Noirs). Au Canada, le taux de chômage va dépasser cette année 8 % de la population active.
Théorie et réflexion
NOUS sommes, paraît-il, dans un régime
de liberté !.. tempéré cependant par les groupes
de pression, par la fiscalité, par la dictature de l’administration,
par les ponctions des établissements de crédit qui, par
du néant, s’enrichissent aux dépens de la collectivité,
grâce à l’ignorance des faits et à tous les scandales.
Nous ne sommes pas libres quand, sous prétexte d’emploi, on oblige
les hommes à travailler dans des activités négatives
ou nuisibles.
Nous ne somme pas libres quand les événements
internationaux sont réglés par des gens qui ne demandent
pas notre avis et qui décident malgré le désir
de la grande majorité d’entre nous.
Nous ne sommes pas libres quand la logique ne joue plus.
Pour moi, l’essentiel est l’éducation, la connaissance, la production
et la distribution. Plus le gâteau est grand, plus les parts sont
fortes... à condition que la plus grosse part ne soit pas absorbée
par une minorité comme c’est le cas à présent.
Est-ce trop simple pour une société dite de haute civilisation
?
Si les yeux pouvaient s’ouvrir ! Nous n’y arriverons pas par des manifestations qui freinent la production, écrasent l’usager et le consommateur. Mais plutôt en dénonçant sans relâche les boursicoteurs, les spéculateurs qui gravitent dans notre société, gouvernent nos gouvernements, même ceux qui sont dits démocratiques et libéraux.
L’apathie généralisée pour tout
ce oui est « Economie » doit être remplacée
par le désir de responsabilité, d’organisation rationnelle
et par un sens social.
Bien des forteresses sont à raser, et elles sont bien gardées.
Mais parce que nous avons raison, il faut chercher à les abattre.
SOIT DIT EN PASSANT
L’HOMME doit-il être mis au service de la machine,
ou la machine au service de l’homme ? Si l’on vous pose la question
et que vous répondez, sans même réfléchir
et comme allant de soi : la machine doit être mise au service
de l’homme, c’est que vous n’entendez rien à l’économie
politique, et le professeur Barre vous collera un zéro.
Le professeur Barre, comme tous les économistes distingués,
pense tout autrement... Ainsi, Jacques Chirac, qui se prépare
à tout hasard à sauver la France si on le lui demande
gentiment après la faillite du plan de redressement et celle
escomptée de la gauche au pouvoir, Jacques Chirac, donc, fait
beaucoup parler de lui depuis qu’il est maire de Paris et qu’il piaffe
devant l’Elysée, il ne m’en voudra pas, j’espère, si je
lui fais un peu de publicité gratuite.
Préludant au tour de France de l’emploi de son concurrent en
juin dernier, Jacques Chirac a déclaré au micro de FranceInter
« que le chômage n’était plus acceptable dans la
société française ». Ce n’est pas une découverte,
mais cette déclaration d’un ancien Premier ministre qui ne demande
qu’à le rede venir, en attendant mieux, aura été
droit au coeur du million et quelques chômeurs qui attendent que
l’on s’occupe d’eux.
M. Chirac qui, sans être le meilleur économiste français
comme l’autre, en connaît quand même un bout, a ajouté
le plus sérieusement du monde : - « Il faut d’abord prendre
les mesures qui s’imposent, notamment en matière de relance sectorielle...
».
Ces mots rappelleront peutêtre à quelques-uns, et les rajeunira du même coup, les paroles historiques prononcées par un ancien président de la Ille république, que l’on venait de rappeler précipitamment de son Tarn-et-Garonne pour sauver le pays - déjà ! - au bord de la révolution et de la faillite... Ces belles paroles, les voici « Je redresserai la situation par des moyens appropriés ».
On voit que Jacques Chirac, qui devait être encore au biberon à l’époque, connaît ses classiques. Il y a de l’espoir. Mais il ne s’en est pas tenu là. Pour bien montrer qu’il a tout de même sa petite idée à lui, il a ajouté : - « Il vaut mieux payer les gens à travailler que de les payer presque aussi cher à ne rien faire ».
Je ne sais pas ce que vous pensez de ces propos, même
si vous n’êtes pas chômeurs, mais moi, ils m’ont laissé
pantois. Ainsi, M. Chirac, qui n’est tout de même plus un gamin,
ni un apprenti, a parlé pour ne rien dire. Et encore je suis
poli. Même feu Ferdinand Lop -vous savez, ce candidat à
la présidence de la République découvert par des
étudiants en mal de canular, qui avait mis à son programme
« l’extinction du paupérisme à partir de dix heures
du soir » - même lui n’aurait pas trouvé un truc
pareil.
Seulement Chirac a eu tort d’en rester là. Donner du travail
aux chômeurs, mais c’est ce qu’ils demandent, à défaut
d’un siège d’administrateur c h e z Dassault ou de conseiller
d’Etat. Ils sont plus d’un million en France dans ce cas. Cinq millions
dans l’Europe des neuf. Et dans tous les pays industrialisés
on en voit qui font la queue aux portes des agences pour avoir du boulot.
Il doit bien y avoir une raison à ce phénomène
? M. Chirac ne sait pas ?
Pourtant, on ne devrait pas ignorer à Sciences Po ou à l’E.N.A. qu’à l’origine de cette longue crise que traverse notre pays comme tous les pays modernes, et dont nous n’arrivons pas à sortir, on trouve les grandes découvertes des sciences et des techniques qui, du XIXe siècle à nos jours, en remplaçant l’homme par la machine, puis par l’électronique, sont venus bouleverser l’économie capitaliste.
Depuis que notre ancêtre Adam s’est fait virer du paradis terrestre par un propriétaire vindicatif, et condamner aux travaux forcés à perpète pour un chapardage de pommes, les temps ont bien changé.
Réduits à gagner leur pain à la sueur de leur front les descendants du premier homme, qui n’étaient pour rien dans cette malheureuse histoire, se sont mis à réfléchir. Et comme ils n’étaient pas aussi cons que M. Chirac voudrait le leur faire croire, peu à peu, en y mettant le temps, ils ont trouvé le moyen de faire des machines qui travaillent à leur place.
Il ne leur reste plus qu’à en tirer les conséquences, je veux dire qu’à renvoyer à l’école les économistes distingués et à leur faire comprendre, si c’est possible, que le régime capitaliste n’est plus adapté aux techniques révolutionnaires du XXe siècle et qu’il faut lui substituer le Socialisme Distributif.
Les prochaines élections
QUAND le fourrage est rare dans l’étable, les
ânes se battent. Ils ne se battent plus lorsqu’il est abondant.
Serions-nous plus bêtes que les ânes ou plus avides de luttes
et de combats ? C’est ce qu’ont laissé supposer les attitudes,
les paroles et les écrits de la gent politique, c’està-dire
de tous ceux qui s’expriment en privé ou en société,
épisodiquement ou d’une manière constante, individuellement
ou collectivement sur les questions économiques et sociales.
Un’ besoin maladif les pousse à rechercher ce qui risque de les
dresser les uns contre les autres plutôt que ce qui peut obtenir
leur commune adhésion.
Interrogé individuellement, chacun, à quelque famille
politique qu’il se réclame, prétend être pour la
liberté, le relèvement des conditions de vie des plus
déshérités et pour une marche vers l’égalité
dans tous les domaines. Personne ne se dit plus partisan du capitalisme,
et, si tous n’osent pas se déclarer ouvertement socialistes c’est
que certaines formations ont monopolisé ce terme en lui donnant
une acceptation qui rebute quelques bonnes volontés.
Il est vrai que l’on peut mieux mobiliser les masses par des «
contres » que par des « pour ». Aussi la tentation
est grande, pour ceux oui aspirent à prendre en main les destinées
de leurs contemporains, de personnaliser l’obstacle pour s’en faire
les pourfendeurs glorieux. Et c’est aussi plus facile et plus expéditif
que de tenter d’expliquer par le détail les mécanismes
grippés à rénover.
On se donne plus l’air d’un révolutionnaire en vitupérant
contre le patronat, les capitalistes internationaux, voire le gouvernement,
qu’en proposant le plan d’une nouvelle économie sociale tenant
compte de l’abondance et des progrès de la science.
Alors on en arrive à cet état de choses qui caractérise
tous les pays démocratiques : la division en deux clans à
peu près égaux de la population. Chacun prétendant
proposer la meilleure solution pour rendre ses concitoyens plus heureux.
Et pour le prouver chaque partie prête à l’autre des intentions
malhonnêtes et fait tout pour l’empêcher d’agir.
Dès que l’une propose une solution, l’autre s’empresse de démontrer
qu’elle cache des manoeuvres inavouables et mobilise tous ses partisans
pour la déconsidérer et la marquer au fer de l’abomination.
Il y a des expressions qui font inutilement peur et qui mériteraient
pourtant d’être prises en considération. Je pense à
la nationalisation du crédit dont certains tentent de faire leur
prochain cheval de bataille. A peine lancée, cette idée
a fait se cabrer non seulement ceux qui le dispensent, mais aussi ceux
qui y ont recours. Les uns parce qu’ils se voient privés d’un
précieux privilège, les autres parce qu’ils redoutent
la monstrueuse machine étatique qui remplacera le contact humain
de leur prêteur.
On sent que cette revendication est lancée, moins dans un esprit
de logique financière que pour attaquer une certaine partie de
ce qu’il est convenu d’appeler la classe dirigeante. Pour ses promoteurs,
nationaliser le crédit c’est uniquement transférer à
l’Etat les intérêts très substantiels prélevés
par les actuels vendeurs d’argent, qu’ils aient nom banque, organisme
de crédit ou même usurier. Or aucune nationalisation ne
pourra empêcher un particulier de prêter de l’argent à
un autre moyennant un intérêt qui peut très bien
être camouflé.
Ce qu’il est urgent de supprimer c’est la possibilité pour une
banque de prêter de l’argent créé de toute pièce
par un jeu d’écriture. Qu’elle prête l’argent qu’elle possède
est une affaire, mais qu’elle en fabrique pour en tirer un profit en
est une autre, qui est l’affaire de tous.
Dans le premier cas il s’agit d’un transfert provisoire, moyennant intérêt,
de pouvoir d’achat ; dans le second d’un délit d’inflation et
de faux monnayage.
Aussi plutôt que de revendiquer la nationalisation du crédit,
qui prend inutilement des airs d’expropriation, il serait plus persuasif
de prôner l’interdiction à quiconque (sauf à l’Etat)
de créer de la monnaie. Cette mesure paraît tellement logique
que personne n’oserait s’y opposer, d’autant nue le plus grand nombre
croit encore que seul l’Etat a le monopole de « battre »
monnaie.
Les prochaines élections
CHAQUE fois que l’occasion s’en présente -
et c’est souvent - nous ne manquons pas de dénoncer les agissements
de la « Trilatérale ».
Rappelons qu’elle rassemble 200 personnalités les plus représentatives
- connues ou non - du capitalisme international. Parmi ses membres elle
compte des dirigeants tels Carter aux U.S.A. et Barre en France. Son
but est de s’opposer, par tous les moyens, à l’établissement
du Socialisme dans les pays que domine encore la loi du Profit.
Mais quel socialisme la Trilatérale veut-elle combattre ? Est-ce
celui des régions qui, sous ce nom mais sous formes de capitalismes
d’Etat, régissent, de gré ou de force, l’Est de l’Europe,
la Chine, Cuba et quelques petits Etats africains et asiatiques ?
Contre ce bloc partageant désormais, et pour longtemps, le monde
en deux, la Trilatérale ne peut plus grand chose.
Quelles que soient nos opinions sur ces régimes - et nos convictions
personnelles sur les moyens de maintenir la paix - nous ne pouvons que
constater ceci : l’armement du bloc des nations de l’Est constitue un
puissant rempart qui les protège contre des tentatives militaires
d’y rétablir un capitalisme libéral ou impérialiste.
Attaquer un des pays de ce bloc, en amorçant ainsi la 3e guerre
mondiale, constituerait un risque si terrible que la Trilatérale
y a renoncé.
Mais, face à la crise qui secoue mondialement toutes les économies,
il est à prévoir que, dans le bloc occidental, s’instaurent
les régimes où le capitalisme devra abandonner partiellement
sa suprématie.
Certes, nous savons très bien que ce n’est pas le socialisme
authentique qu’instaureront des gouvernements de gauche en appliquant,
ici ou là, des palliatifs s’apparentant au Programme Commun de
la Gauche Française. Sous leur direction, la crise économique
continuera à s’aggraver car elle est devenue irrémédiable.
Mais la gauche au pouvoir pourrait tout de même constituer une
ouverture lointaine pour l’édification d’un véritable
socialisme. Et c’est ce que la Trilatérale - qui voit loin -
s’efforce d’empêcher.
Or aucun des Partis, des Syndicats ou des Mouvements de gauche ne semble
prendre au sérieux ce péril.
Les partis communistes ont eu beau abandonner ce qui constituait leur
spécificité (soutien inconditionnel de l’U.R.S.S., du
prolétariat), rien, aux yeux de la Trilatérale, ne peut
faire oublier leur passé. Si on ne peut plus en faire des épouvantails,
on suspecte leur bonne foi dans leur désir de collaborer à
des unions de la gauche réformiste.
Carter, qui est pourtant une des créatures de la Trilatérale,
estime qu’il s’agit là d’une donnée politique de fait.
Il pense que la participation minoritaire aux « affaires »
de ce que sont devenus les Partis communistes ne serait pas dangereuse
pour le capitalisme. Ne voulant même pas admettre cette évolution,
la Trilatérale fait alors donner d’autres ténors.
Henry Kissinger, dans des déclarations fracassantes, vient de
condamner l’Eurocommunisme et demande aux U.S.A. et aux nations «
libres » d’empêcher la participation des communistes aux
gouvernements de gauche qui se constitueraient en France, en Italie
et au Portugal.
Déjà, des manoeuvres diverses tendent, dans ces pays,
à rompre cette union.
Lorsqu’elle sera au pouvoir, la gauche - qui semble n’avoir rien prévu
contre les attaques du capitalisme international - pourra-t-elle lutter
à Ia fois contre la crise économique, le chômage,
la fuite des capitaux, l’opposition interne des partis de droite, musclés
ou non, tout en conservant des structures capitalistes inadaptées
au progrès machiniste ?
Puisque, nous dit-on, le Programme Commun constitue une étape
vers le socialisme, est-on sûr nue le capitalisme sera assez docile
pour ne pas s’y opposer. ?
Nous sommes persuadés que la « Lutte Finale » chantée
depuis cent ans par « l’Internationale », est à présent
commencée. Cela ne servira plus à rien d’abandonner les
buts que la vraie Internationale, la première, s’était
tracée. « L’appropriation collective des moyens de production
et de distribution » Oui est la vraie définition du socialisme.
Le capitalisme, conduit par la Trilatérale, s’y opposera de toutes
manières, même si la gauche, par opportunisme et crainte
du réel, cache son drapeau.
Ne serait-il pas temps de nous écouter et d’expliquer à
« notre peuple », et pas seulement aux électeurs,
que seul le socialisme peut nous sortir de la crise que le capitalisme
est désormais incapable de maîtriser ?
Si ce travail de préparation des esprits n’est pas entrepris
d’urgence, alors il est à craindre que le Programme Commun ne
soit suivi, hélas ! par des « lendemains qui pleureront
».
Questions agricoles
Notre camarade A. Mestrallet, après avoir montré la nécessité de l’agriculture biologique, nous en a exposé ici les principes généraux. Il décrit aujourd’hui pour les lecteurs intéressés, professionnels ou tout simplement jardiniers amateurs, les principales méthodes.
La méthode Lemaire-Boucher utilise le compostage
rapide en tas, l’algue calcaire lithotamne et les légumineuses
en culture dérobée ou en assolement.
Elle dérive de la méthode Howard, perfectionnée
par Sykes, la première en date. Howard, qui a résidé
longtemps en Inde, est l’inventeur du procédé «
Indore » : compostage lent, sur trois mois environ, de tous débris
végétaux. On « recoupe » une ou deux fois
les tas de compost, c’est-à-dire qu’on les brasse, en déplaçant
légèrement les matériaux : ceux qui étaient
au fond se retrouvent en surface, et inversement.
Alwin Seifert a effectué des expériences semblables en
Allemagne pendant une trentaine d’années. L’un et l’autre se
targuent d’excellents résultats. Ils se sont heurtés au
mur de ricanements officiels ou à la conspiration du silence,
On connaît ça. C’est encore moins pardonnable que pour
l’Economie Distributive, car il est facile de reprendre les expériences
même si cela exige quelques années.
Il existe encore d’autres méthodes : au compost l’agriculture
biodynamique ajoute des préparations de plantes et tient le plus
grand compte des influences cosmiques. Un calendrier indique les dates
favorables pour telle plante, en fonction de la position des astres.
Nous n’avons pas eu le temps d’expérimenter la totalité
de la méthode, mais l’utilisation du calendrier n’est pas sans
effet. Des témoins nous ont vanté la beauté des
jardins biodynamiques. (1)
Très pratiquée en Suisse, la méthode Muller utilise
le compostage en surface et la poudre de roches broyées. Le fumier
et les résidus végétaux sont étendus sur
le champ, où ils restent plusieurs semaines, sinon plusieurs
mois, avant d’être enfouis à faible profondeur. Une variante
de cette méthode consiste à enfouir tout de suite le fumier,
mais toujours superficiellement. C’est celle de l’agriculteur cité
dans notre précédent article. Si l’on en juge par la propreté
du blé et la vigueur des plantations de légumes, cette
variante n’est pas à négliger. Mais semblable en cela
à la méthode Lemaire, elle utilise le lithotamne et les
phosphates naturels broyés, au lieu de la poudre de roches, sans
négliger les légumineuses.
Notons au passage que le phosphate naturel broyé finement n’a
rien à voir avec le superphosphate qui, lui, est un produit chimique.
Le phosphate résulte du dépôt, au fond des mers,
des ossements de millions d’animaux marins de grande taille. Il contient
donc un grand nombre d’oligo- éléments en sus de la chaux
et du phosphore. Le traitement chimique ne l’améliore pas, il
le rend simplement trop soluble.
A ces amendements, certains préfèrent les poudres d’os,
de corne et autres déchets d’abattoirs. Nous estimons, pour notre
part, que toutes les méthodes sont valables et que seule l’expérimentation
les départagera suivant la nature du sol, le climat, etc... Que
les agrologistes prennent donc l’habitude de juger au résultat.
Il reste énormément à découvrir, mais les
débuts sont prometteurs.
Nous mettrons simplement les néophytes en garde contre le compostage
en surface des terres argileuses et lourdes. Mieux vaut commencer par
le compostage en tas, ou la variante signalée plus haut. Le compostage
en surface donne sans doute d’excellents résultats en terres
légères, mais il alourdit encore les terres argileuses.
Peut-être estil valable une fois ces terres ameublies. Ici, nous
parlons d’expérience.
Ces divers procédés permettent de réduire ou même
de supprimer le parasitisme. Lorsqu’il existe encore, les différentes
écoles n’autorisent guère que les insecticides végétaux
(roténone, guassia, nicotine), les fongicides à base de
cuivre et de soufre sans adjonction de produits de synthèse.
En cas d’attaque de limaces, op peut utiliser le poison, à condition
de le mettre dans des boîtes renversées, en attendant que
leurs ennemis naturels redeviennent assez nombreux où les légumes
assez résistants.
*
Lecteurs, à vos questions et remarques ! Faites-nous part aussi de vos expériences. La prochaine fois, nous envisagerons divers problèmes, tout en dialoguant avec vous. Voici une première liste d’ouvrages et de revues :
Claude AUBERT :
« L’agriculture biologique » ;
« Le jardin potager biologique ».
Alwin SEIFERT :
« Cultivons notre terre sans poison ».
Ouvrages édités par « Le Courrier
du Livre ».
Sir Albert HOWARD :
« Testament agricole »
(Editions Vie et Action, 388, bd Jh Ricard, 06140 Vence).
Revues :
« Nature et Progrès »
(3, chemin de la Bergerie, 91700 Ste-Geneviève. des-Bois).
« Agriculture et Vie »
(B.P. 235 - 49000 Angers).
(1) Issue des travaux de Rudolf Steiner en Allemagne, suivis par ceux d’E. Pfeiffer.
RÉSUMÉ des conclusions d’une enquête
économique : les magasins regorgent de marchandises. Rien n’y
manque. L’appareil productif est largement suffisant pour satisfaire
la demande. Il pourrait produire beaucoup plus s’il y avait plus d’écoulement.
Situation semblable dans le secteur des services.
Cependant le gouvernement a lancé un programme de création
en 1977 de 200 000 emplois.
- Pour fabriquer quoi ?
- Personne n’en sait rien, puisqu’on ne manque de rien.
Comment ce premier aveuglement est-il possible ?
Parce que plus les machines sont nombreuses et perfectionnées,
plus elles suppriment d’emplois, et plus les hommes s’acharnent à
vouloir en créer de nouveaux ! C’est aussi vain que de vouloir
arrêter la marée avec ses mains. Ce deuxième aveuglement
est provoqué par un troisième
On ne veut pas admettre l’évidence : puisque les machines suppriment
sans retour l’emploi et, en conséquence, le gain qui en résulte,
il faut remplacer ce gain par un revenu social et l’économie
du gain par celle du revenu social.
C’est tellement vrai que le salaire du travailleur en chômage
est remplacé par un revenu social, appelé indemnité
de chômage. Or. le revenu social est l’institution fondamentale
de l’économie distributive. Les hommes nient la possibilité
d’instaurer une économie nouvelle qui soit en harmonie avec le
travail des machines, c’est-à-dire l’économie distributive,
mais ils l’implantent aveuglément, par nécessité,
et c’est là le quatrième aveuglement de la chaîne.
J ’AI 17 ans et je suis chômeur. Musardant chez
un libraire de livres anciens, j’ai assisté, planqué derrière
3 mètres cubes de vieux bouquins, au marchandage qui opposait
le patron à une pauvre veuve qui tentait de lui écouler
un sac plein de livres ayant appartenu à son défunt. Marché
conclu, la vieille s’éloigne et mon commerçant s’applique
à inscrire un prix sur chacun des volumes. Curieux, je constate
que le total fait bien dix fois la mise !
Alors, discrètement, je lui en fauche un, au hasard, et je détale
la conscience à l’aise.
Le libraire ouvre le bec. Il en sort un hululement de sirène.
La police, qui veille à la sécurité des personnes
et des biens, me hèle et me hâle au commissariat où
l’on me met à l’abri. Le corps du délit est sur mon corps.
Je nie. J’affirme que le bouquiniste a installé sa marchandise
sur le trottoir pour qu’on la lui prenne.
- « Pour la vendre » larmoie-t-il.
J’affirme qu’il m’a mis le volume dans la poche.
- « Il n’est pas solvable, il est chômeur » tape un
inspecteur sur son P.V. Devant le juge, je soutiens que le commerçant
était plus voleur que moi, puisqu’il a pris tous les livres pour
le dixième de leur valeur, qu’il pouvait bien me revenir un pour
cent en ma qualité de témoin de leur acquisition.
- « Argutie », affirma le Procureur dans sa toge en déposant
son mortier sur son tableau de bord. Cet incapable est coupable de vol
pur et simple, comme ce Libri de triste mémoire, que Berryer
défendit il y a 25 lustres. Le commerce est libre, pas le vol.
Le juge, qui prétendait avoir des lettres, sinon de l’esprit,
demanda le titre du bouquin. Son greffier, un vétéran
de la guerre du Mexique, le renseigna : « Auteur, un certain Edward
Bellamy, titre Cent ans après ou l’an 2000 ».
- « Très bien, 2 000 francs d’amende. Affaire suivante
».
POUR avoir « chapardé » un morceau
de viande, dans une grande surface, une mère de famille rut priée
de s’expliquer devant la justice... Elle préféra se suicider.
Ce cas extrême mérite réfle-xion, car, au delà
du fait divers, c’est un drame de la misère dont il s’agit ;
simple et platonique oraison funèbre ; vite étouffée
par le tintamarre de la foire d’empoigne de notre belle société
de consommation.
L’indifférence, l’égoïsme, la vanité n’ont
que faire de ces laissés pour compte, genre déchets, dénommés
pudiquement « économiquement faibles ». Ils ne savent
pas se débrouiller n’est-il pas vrai ? Et l’obole du pharisien
hypocrite glissée furtivement dans la sébile dés
quêteurs de la faim, ne donne-t-elle pas bonne conscience ? Sans
effort d’analyse des causes de cette « lèpre » des
sociétés modernes, n’apporte-t-elle pas l’apaisement à
l’homme de bien ? Tout en conservant (même inconsciemment) un
certain esprit de domination ?
Manquer du nécessaire en 1977, alors que les magasins regorgent
de marchandises, comment cela est-il possible à l’ère
que nous vivons, c’està-dire en pleine abondance ? (abondance
de biens vitaux et utiles). Alors que les mass-media déploient
journellement leur tapageuse publicité.
Est-il besoin de rappeler que « Rome » nourrissait ses esclaves,
même les jours de repos... Est-il besoin de rappeler que des stocks
énormes de produits de première nécessité
sont dénaturés, détruits ou exportés à
dés prix inférieurs au prix pratiqué dans les pays
d’origine ; la différence étant payée par le contribuable.
Assainir les marchés, afin de sauvegarder le profit, telle est
la nécessité d’un système économique, qui
ne conçoit l’homme qu’au travers de son portefeuille, c’est-à-dire
en fonction de sa capacité solvable.
Quel qualificatif convient-il de donner à ces destructions massives
et volontaires de production ?
Sinon : malthusianisme économique, avec foutes les suites qui
en découlent. En temps qu’êtres organiques, physiologiquement,
ne sommes-nous pas identiques ? L’estomac d’un nanti est-il fabriqué
différemment de celui d’un pauvre ? A ce niveau n’ont-ils pas
les mêmes besoins ? Le véritable socialisme ne passe-t-il
pas tout d’abord par l’égalité économique ? Cette
égalité représentée par une monnaie de consommation,
celle-là même qui manque aujourd’hui aux économiquement
faibles. Ceux qui parlent tant de justice sociale, avec application
toujours repoussée, feraient oeuvre utile en potassant la question.
Les traités de Jacques Duboin les y aideraient grandement. Faute
de quoi d’autres drames similaires viendront s’ajouter à la liste
; ces drames de la misère dans l’abondance !
L’HUMANITE ET SES PROBLEMES
Sous ce titre, l’un de nos abonnés, M. René Convard, nous a adressé une étude tort bien rédigée que son importance (près de 4 pages de « La Grande Releve ») ne nous permet pas de publier. vous nous limiterons à en citer les passages qui caractérisent la position de ce camarade. Nous les commenterons ensuite.
UNE VISION DU FUTUR
« Pour avoir une civilisation nouvelle, écrit
M. René Convard, il faut des hommes nouveaux. Aussi l’instruction
et l’éducation de l’enfance est-elle ci’ une importance capitale.
» La réalisation d’une société qui serait
celle de l’Age d’or pour tous les habitants de la planète n’est
sans doute pas impossible dans les temps futurs et rien n’empêche
d’en choisir une qui sera peut-être celle de demain, tout au moins
pour les principes de base.
» Donc, le monde sera administré par un gouvernement mondial,
l’O.N.U. en est déjà une ébauche. Les peuples parleront
la langue universelle, les lois économiques et sociales seront
généralisées, la liberté de circulation
sera totale. Les crises engendrées par les destructions dues
à là guerre, le sous-développement, et toute autre
cause auront disparu. Le gaspillage ne sera plus de mode, on fabriquera
du matériel durable. Chaque habitant aura droit à un revenu
social de là naissance à là mort, il ne fera disparaître
aucun des droits politiques mais il les complètera par les droits
économiques de l’homme sans lesquels ils n’ont plus de sens aujourd’hui.
Car pour vivre « libre » il faut avoir de quoi vivre.
» Le revenu social et la libre maternité, par l’emploi
de nouvelles méthodes de contraception, non préjudiciables
pour là santé et non contraignantes, apporteront à
la femme sa libération complète, aucune loi naturelle
ne la condamnant a dépendre économiquement de l’homme.
» Les équilibres biologiques entre l’homme et là
nature harmonieusement respectés, la pollution ne sera plus qu’un
mauvais souvenir... ».
M. René Convard poursuit sa description d’une société
idyllique, très proche de là société «
distributive » pleinement réalisée. Mais, pour lui,
elle n’est qu’un rêve réconfortant.
LE PRIMAT DE L’ECONOMIQUE
Jacques Duboin et ses disciples n’ont jamais pensé
que la transformation sociale dépendait d’un changement des mentalités
des peuples. Car ils n’ont jamais oublié que cette mentalité
résulte du régime au sein duquel ces peuples vivent. Certes,
ils n’ont jamais, non plus, considéré l’éducation
comme négligeable, et la propagande que nous taisons par l’écrit
et la parole en est la preuve. Jacques Duboin n’a jamais présenté
l’économe distributive comme une réalisation de l’Age
d’Or mais comme une nécessité des temps modernes. Il a
même démontré que nous vivons là période
historique au passage de le Rareté à l’Abondance, que
l’économie capitaliste, faite pour un etat de pénurie,
est et sera de plus en plus la proie de contradictions internes qui
l’obligeront, sous la poussée d’hommes dont elle ne sera plus
capable de satisfaire les besoins, à abandonner le processus
échangiste contre un processus distributif.
Les peuples n’agiront donc pas, en faisant basculer le régime,
du fait d’une nouvelle mentalité mais d un réflexe tout
naturel de défense de leur propre vie. C’est l’avènement
d’une société reposant sur de nouvelles bases, dont l’Argent
ne sera plus le mobile et le but, qui, peu à peu, les fera sortir
de leur mentalité égoïste actuelle.
Il est certain que M. René Convard n’a pas encore pris conscience
que l’économie capitaliste a atteint ses propres limites. Croirait-il
au « Plan barre » ? Ce plan qui ne pourra réduire
l’inflation qu’aux dépens des hommes, dont le nombre de chômeurs
ne cessera de croître, et qu’aux dépens du progrès
en réduisant l’expansion économique en deçà
des besoins des hommes de ce temps.
LE DESARMEMENT NECESSAIRE
C’est avec raison que M. René Convard souligne « le danger imminent d’une troisième guerre mondiale... du fait de la course aux armements » mais, là encore, il ne voit le salut que dans un changement des mentalités, dans une prise de conscience des peuples. Rappelons-lui que le commerce des armes est devenu une nécessité de survie pour les économies capitalistes. C’est par l’abolition de cette économie qu’il faut commencer, et sans tarder car, en effet, le temps presse.
LE CONTEXTE INTERNATIONAL
C’est en résolvant les problèmes qui
se posent a notre propre pays que nous montrerons aux peuples de là
planète ce qu’il convient de faire pour sortir de leurs propres
difficultés.
Si nos pères avaient attendu que toutes les nations soient mûres
pour là République, là première République
française n’aurait peut-être jamais existé.
Sans aucun doute, une transformation économique et sociale aussi
profonde que celle qui résulte d’une économie distributive,
pose des problèmes de relations internationales, mais aucun d’eux
n’est insoluble.
Tout au contraire de ce que semble croire M. René Convard, nous
ne résoudrons nos problèmes nationaux que par une rupture
radicale avec les économies capitalistes et, tout particulièrement,
avec leur système financier.