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Editorial
IL semble que jamais le fossé entre deux générations
n’est apparu si profond que celui qui sépare aujourd’hui en France
les plus de quarante ans des jeunes qui ont entre 15 et 24 ans.
Cette séparation, source de bien des incompréhensions,
qui vont parfois jusqu’à de dramatiques conflits, est, elle aussi,
le reflet de la formidable révolution annoncée dès
1934 par Jacques Duboin et dont nous ne cessons, dans ces colonnes,
de montrer les effets et d’annoncer les conséquences pour y pallier.
La confirmation de cette analyse vient de nous être apportée
par le résultat d’une enquête sur la jeunesse que vient
de publier Hugues de Gaalon*, ancien responsable d’études sociologiques
à l’I.F.O.P.
Nous nous devons de faire part à nos lecteurs de cette enquête,
tant ces conclusions rejoignent les nôtres.
***
H. de Gaalon montre d’abord qu’à l’inverse
de bien des sociétés où l’adolescence n’est qu’un
court passage initiatique, la jeunesse française à notre
époque constitue vraiment une catégorie sociale. La prise
de conscience de cette réalité sociale nouvelle n’est
pas seulement due aux moyens d’information, car la publicité
en prenant la jeunesse pour « cible », a renforcé
sa séparation des autres communautés d’âge. Ceci
a pour conséquence d’affaiblir les autres appartenances, milieux
sociaux-professionnels, géographiques ou culturels, et c’est
ainsi que les jeunes travailleurs peuvent se situer dans une catégorie
sociale d’où leur statut économique tendrait à
les exclure.
Cette catégorie sociale se trouve dans un véritable ghetto
caractérisé par d’insupportables contradictions : «
pouvoir sans faire, savoir sans appliquer, capacité sans réalisation...
L’allongement de la période d’adolescence qui retarde l’entrée
dans la vie active et l’accès aux responsabilités, s’accompagne
d’un mouvement inverse qui tend à abaisser l’âge où
l’on a le droit de faire les choses » (droit de vote à
18 ans). De plus, « l’école donne aux adolescents les moyens
intellectuels d’une compréhension critique d’une société
dont les différentes caractéristiques, compétitions,
violence, instabilité, matérialisme, ne peuvent que les
angoisser et leur faire souhaiter ne jamais y entrer ».
La concurrence entre journalistes ou présentateurs de télévision
poussent ceux-ci à présenter l’information de manière
dramatisée, ce qui ne fait qu’augmenter ce malaise.
Or c’est par comparaison aux différents modèles qui leur
sont proposés que les jeunes recherchent puis affirment leurs
personnalités. Et c’est sans doute là qu’H. de Gaalon
nous rejoint le plus clairement en affirmant que cette identification
est rendue aux jeunes plus difficile que jamais pour les deux raisons
suivantes : « les modèles sont de plus en plus incohérents
et de plus en plus inadaptés ».
Donnons-lui la parole :
« L’incohérence des modèles a pour conséquence
l’insécurité et les comportements d’auto-destruction,
d’agression ou de fuite qui s’en suivent... Les modèles sont
également inadaptés. Il n’est plus possible aujourd’hui
comme il l’était encore il y a 50 ans de penser qu’un jeune puisse
vivre dans un monde semblable à celui connu par ses parents.
Nombre de valeurs et d’exemples sont inadaptés aux réalités
d’une société qui change rapidement ».
Hugues de Gaalon poursuit clairement : « Abondance et changements
sont les deux maîtres-mots de la société moderne,
qui s’opposent à la rareté et à la stabilité
qui étaient encore les caractéristiques dominantes voici
un demi-siècle... Une étude du contenu des livres destinés
à l’enfance et à la jeunesse montre d’ailleurs comment
nous sommes passés d’une pédagogie de rareté à
une pédagogie de l’abondance... Les générations
précédentes ont été éduquées
dans l’idée que les biens n’étaient pas donnés
mais acquis, qu’ils étaient rares tut qu’on ne pouvait les obtenir
qu’au prix d’un labeur difficile. Aujourd’hui la vitrine de la société
de consommation et son chantre, la publicité, tendent à
faire croire que les biens débordent, qu’ils sont offerts et
que la satisfaction facile a mis fin au, régime de l’acquisition
pénible ».
C’est sur deux raisons de voir l’avenir avec. optimisme que H. de Gaalon
a voulu conclure` : « la plus grande faculté d’innovation
et d’adaptation au changement, les nombreux signes de rejet, des valeurs
économiques de la société de consommation ».
***
Nos raisons personnelles d’optimisme sont de voir
qu’un jeune sociologue patenté rejoint si parfaitement nos analyses
et nos conclusions. Il répond ainsi de façon éclatante
à ceux de nos camarades qui, au seuil d’une vie de lutte pour
défendre les thèses de J. Duboin, croient devoir se désespérer
en croyant qu’elles n’ont pas fait leur chemin : la réalité
est qu’elles se répandent insensiblement mais irrévocablement
et de plus eh plus généralement et de plus en plus vite.
Jamais sans doute la vérité que nous défendons
n’a été si flagrante.
(*) Dans le n° 17 de « Armées d’aujourd’hui ».
IL y a un an maintenant que j’ai entrepris de redresser
la ligne de « La Grande Relève » afin qu’elle survive
à son créateur. Nos lecteurs se rappellent que j’ai commencé
par demander à celui qui en avait accaparé la direction
d’envisager enfin sérieusement de former une équipe de
rédaction décidée et capable de continuer le travail
que faisait Jacques Duboin.
Je me suis heurtée à une fin de non-recevoir qui, bien
que sans équivoque, était très surprenante. Informée
ensuite de la décision de l’ancien Comité Directeur du
MFA de suspendre la publication et de lancer un nouveau journal à
sa place, je décidai d’informer d’urgence les lecteurs et de
susciter leur collaboration désintéressée et convaincue,
afin que « La Grande Relève » redevienne l’outil
dé réflexion sur nos thèses qu’avait créé
son fondateur.
Il est temps aujourd’hui de regarder avec objectivité quels sont
les premiers résultats de cette entreprise. Pour cela, comparons
un an de publication sous l’ancienne direction (juillet 1975-juillet
1976) aux numéros que nous avons publiés depuis :
AU bilan de l’ancienne rédaction, un effort
original, signé Bernard Christophe, en octobre1975 et intitulé
« de Keynes à Duboin », dont l’auteur a, de toute
évidence, bien étudié la théorie de Keynes.
Ses courbes « sentimentales » des besoins, de la production
et du rapport entre revenus et production « vendable » ont
fait sourire des gens à l’esprit rationnel mais elles avaient
le mérite de traduire clairement la prose qu’elles accompagnaient.
Même si des lecteurs ont eu du mal à lire ce numéro
entièrement rédigé en économiste, il a apporté
quelque chose. A part cela, le reste de la collection apparaît
surtout comme un catalogue de textes déjà publiés
auparavant et ailleurs, dont le lien avec nos théories n’est
pratiquement jamais fait. Pour être sûrs de ne juger que
sur des faits, il suffit de compter les articles originaux rédigés
alors pour notre journal : pour l’année considérée,
une demi-douzaine d’auteurs, en tout et pour tout, ont été
ainsi acceptés, dont la prose ne couvre parfois que 10 % d’un
numéro. De cette liste de rédacteurs agréés
avaient été éliminés les camarades que J.
Duboin avait recrutés pour leur compétence et leur connaissance
de nos thèses.
C’est ainsi que de nombreux vieux abonnés n’y comprenant plus
rien, renoncèrent à lire, donc à militer, et envoyaient
leurs résiliations d’abonnement. Quant aux nouveaux lecteurs
contactés, ils n’y voyaient qu’un « argus de la presse
parallèle » et ne s’abonnaient pas.
LE premier objectif fixé, la mise en route
d’un comité de rédaction, peut être considéré
comme atteint. Son travail s’organise autour d’une réunion qui
se tient régulièrement au siège du journal et où
la discussion est largement ouverte à tous ceux qui veulent y
participer. Un premier résultat apparaît quand on feuillette
les numéros de cette année : on constate que c’est près
de soixante personnes, au total, qui ont participé à leur
rédaction, soit environ dix fois plus que l’an passé.
Cette pratique a permis de ressusciter le travail de réflexion
dont l’absence s’était tristement fait sentir ces dernières
années.
On peut juger du résultat d’après les centaines de lettres
de satisfaction, pour ne pas dire, par modestie, de félicitations,
que nous avons reçues. En nous approuvant d’avoir retrouvé
la ligne fixée par le fondateur du journal, si ce n’est sa verve
et son esprit inimitables, elles nous encouragent vivement à
continuer. Quelques vieux lecteurs, facilement abusés par la
prose délirante due au dépit de ceux qui ont refusé
de participer à cet effort, nous ont écrit qu’ils éprouvaient
le besoin d’attendre encore avant de décider s’ils renouvelaient
leur abonnement. Ils sont heureusement moins nombreux que les nouveaux
lecteurs qui s’abonnent avec enthousiasme, ce qui nous a permis de leur
continuer le service gratuit jusque là.
Ce bilan positif est d’autant plus évident qu’il faut rappeler
que nous sommes véritablement partis de ZERO en septembre dernier,
puisque l’argent des abonnements en cours a été séquestré
par C. Loriant, au mépris d’une décision de justice. Mais
l’appel que j’ai dû lancer pour alerter les lecteurs sur la situation
et susciter leur collaboration dans un but clairement exprimé,
a été reçu de façon formidable. Les plus
fidèles disciples de J. Duboin, et aussi les plus courageux évidemment,
ont répondu les premiers ; puis tous les camarades sincères
ont suivi. Il n’est pas possible de les citer tous ici. Mais le dévouement,
la sincérité e l’abnégation de Marguerite et Pierre
BUGUET ne peuvent pas être passés sous silence. Qu’avec
eux, tous se disent qu’ils peuvent être satisfaits d’avoir agi
pour la cause de la vérité et que le résultat de
leur effort est déjà visible.
AINSI encouragés, nous sommes prêts à
continuer et à chercher toujours à faire mieux. Il y a
trois mois, pour réaliser la suggestion que nous a faite un fidèle
camarade, nous avons entrepris de grouper nos efforts de réflexion
sur un certain nombre de sujets proposés à l’avance, et
d’en publier les résultats sous forme de dossiers auxquels il
convient alors de consacrer jusqu’à la moitié d’un numéro,
l’autre moitié restant à l’actualité. Les deux
premiers dossiers ainsi publiés, sur la monnaie et le chômage,
nous ont valu de chaleureuses approbations, ce qui nous incite à
continuer l’expérience.
Mais ce serait encore mieux si cela permettait à nos lecteurs
de contribuer encore plus à nos efforts de réflexion,
même en sachant bien que tous ne pourront être publiés.
Je tiens donc à les mettre au courant tout de suite des sujets
envisagés pour l’année prochaine, en espérant que
la période des vacances nous vaudra quelques fructueuses participations
:
- l’informatique. Il ne s’agit pas surtout de faire le point des progrès
sur le plan scientifique, mais de réfléchir à leurs
conséquences, en particulier sous un aspect que nous n’avons
fait qu’évoquer (n° 743, « Démocratie et élections
») : le rôle que peut jouer l’informatique bien utilisée
au niveau de la prise de décision, de la démocratie par
conséquent, et de la suppression de la délégation
de pouvoir.
- l’automatique. Une nouvelle étape vient d’être franchie
avec le lancement des microprocesseurs dont le prix devient dérisoire.
Il faut en voir venir les conséquences pour en tirer le meilleur
parti pour l’Homme.
- l’écologie. Nous voudrions, après en avoir rappelé
la définition souvent déformée, analyser sans démagogie
les raisons pour lesquelles les résultats de cette science ont
été tellement négligés par une majorité
et risquent d’être exploités sans vergogne par d’autres.
- les législatives. Il faudra, en temps opportun, songer à
exprimer clairement les questions qui devraient être posées
à tous les candidats, en leur montrant les limites des pouvoirs
qu’ils briguent.
- les énergies nouvelles. A voir sous deux aspects, les possibilités
scientifiques et les besoins non artificiels, aussi difficiles l’un
que l’autre à cerner.
- les derniers « trucs » du capitalisme. Dénoncer,
dans la vie de tous les jours, professionnelle ou domestique, au niveau
de la production et de la consommation, partout et sans cesse, les dernières
« rustines » inventées pour faire durer le système
des prix-salaires-profits au détriment de l’évolution
de l’humanité.
Cette liste n’est pas limitative. Mais ce n’est qu’un début...
Lecteurs, à vos plumes et bonnes vacances cependant.
Un récent débat télévisé
opposait sur le problème des retraites, un représentant
du Gouvernement et un représentant de la Fédération
des retraités (C.G.T.). L’échange de vues a été
très significatif. Il a permis de saisir sur le vif l’erreur
commune de deux personnalités se classant de chaque côté
de la frontière politique.
En substance, la discussion s’est déroulée comme suit :
Le représentant des retraités. - Aucune retraite ne devrait
aujourd’hui être inférieure au S.M.I.C.
Le Ministre.- L’objectif est légitime et nous devons nous en
rapprocher progressivement. Mais pour l’atteindre immédiatement,
il faudrait une augmentation des cotisations sociales que les intéressés
jugeraient eux-mêmes insupportable.
Le représentant des retraités.- Assurer un minimum de
retraite relève de l’Etat et non de la Sécurité
Sociale.
Le Ministre.- Soit, mais le problème reste le même. Dans
le cas où la charge serait fiscalisée, elle aboutirait
- chiffres en main - à une majoration de 50 0/0 de l’impôt
sur le revenu.
Vous admettrez avec moi, qu’en toute éventualité, ce sont
les actifs qui doivent supporter le poids des retraites.
Le représentant des retraités.- Je ne le conteste pas,
mais je sais aussi qu’il y a beaucoup à récupérer
sur la fraude fiscale...
Le débat était pratiquement clos. Après avoir admis
que l’augmentation des retraites exigeait une diminution correspondante
du revenu des actifs, le représentant de la C.G.T. se trouvait
réduit à argumenter hors du sujet, sous peine de donner
raison à son contradicteur. Celui-ci n’a, d’ailleurs, pas manqué
de le souligner.
Les conclusions du Ministre étaient fausses, pourtant. La source
de tous les revenus (de celui des actifs comme de celui des passifs)
réside dans le volume de la production, non dans le nombre de
postes de travail nécessaires pour créer cette production.
L’unique question consiste à savoir si l’agriculture et l’industrie
sont susceptibles de répondre aux besoins essentiels de toute
la population (retraités et allocataires compris).
On est en droit de s’étonner qu’un homme qui se déclare
progressiste, ne l’ait pas objecté d’emblée.
Si 50 personnes aidées de la technique produisent autant que
100 personnes ne disposant que de moyens manuels, il n’est pas nécessaire
d’amputer de moitié la part des 50 producteurs pour assurer la
subsistance des 50 non-producteurs dont le travail est devenu inutile.
N’est-ce pas l’évidence même ?
A une époque où les entreprises sont en mesure de produire
de plus en plus avec de moins en moins de main-d’oeuvre et où,
consécutivement, l’emploi se raréfie, il est parfaitement
absurde de voir des vieillards privés d’un pouvoir d’achat minimum
pendant que les jeunes ne parviennent pas à vendre leurs produits
ou à exercer leur force de travail.
Vouloir répartir ce que l’on ne peut pas produire serait, sans
doute, insensé ; mais il ne l’est pas moins de mettre des consommateurs
à la portion congrue quand la production est condamnée
à la mévente ou au chômage, faute de débouchés.
Le véritable revenu national est celui qui ressort des possibilités
de production des diverses branches économiques, car il indique
les quantités moyennes de mètres, de kilos ou de litres
de marchandises auquel chacun peut valablement prétendre. Il
n’est aucune théorie qui puisse s’inscrire en faux contre cette
affirmation.
Nous ne devons jamais perdre de vue ce fil conducteur quand on brandit
devant nous de fallacieuses statistiques financières. Considérons,
en effet, que si la production est une réalité tangible,
les prix sur lesquels se fondent le soi-disant produit national, ne
sont, eux, que des évaluations mouvantes liées aux conditions
du marché. En confondant les marchandises et leur étiquetage,
on débouche inévitablement sur un contre-sens dès
que les possibilités de l’offre débordent la demande solvable.
Les moins avertis savent que la fraction du revenu national issue de
l’agriculture tend à baisser si la production augmente et à
hausser dans le cas contraire !
Ce hiatus entre la productivité et son expression financière
n’existait pas, il est vrai, tant que l’économie restait sous
le règne de la rareté, mais la plupart des productions
des pays développés ont atteint, dès à présent,
le seuil de l’abondance. Les technocrates de droite et de gauche n’en
continuent pas moins à raisonner comme ils le faisaient naguère,
en méconnaissant le changement de signe qui perturbe leurs calculs.
C’est en vain qu’ils s’efforcent de rétablir l’équilibre
rompu en s’enfonçant plus avant dans leur illusion : tantôt
en gonflant le revenu national avec les profits d’activités oiseuses,
tantôt en favorisant les trusts qui maîtrisent les cours,
tantôt en institutionnalisant un malthusianisme économique
multiforme. Et comme l’inflation galopante est le fruit normal de cette
politique, ils en viennent à plonger dans la récession
le pays tout entier, sous prétexte de freiner une demande prétendue
excédentaire.
Gardons-nous de nous étonner de ces échecs et, plus encore,
de nous laisser éblouir par la faconde qui les accompagne. Ne
manquons aucune occasion, en revanche, d’opposer aux sophismes des financiers,
le double inventaire des besoins à satisfaire et des productions
qui ne demandent qu’à voir le jour. La logique finira par l’emporter
lorsque le Français moyen aura lui-même été
convaincu par cette éloquente leçon de choses.
La vérité est que, parallèlement à l’inversion
des rapports antérieurs entre l’offre et la demande, il est devenu
indispensable d’inverser aussi le processus de la formation des prix
et des revenus. Au lieu de laisser les uns et les autres s’arracher
à la foire d’empoigne, il convient, désormais, de composer
les prix avec des revenus prédéterminés - ceux-ci
représentant la contre-valeur - correctement partagée
- de ceux-là.
Etranger
LA technologie joue un rôle important dans la
production puisqu’elle permet d’atteindre des rendements élevés.
Grâce à elle, les biens sont produits en abondance, la
pénurie disparaît, ou devrait disparaître si elle
n’était pas entretenue artificiellement. Or, la technologie perd
du terrain dans de nombreuses industries où les innovations véritables
- au sens où la vapeur et l’acier furent des innovations véritables
au dix-neuvième siècle - se font rares. Bon nombre des
changements annoncés à grand renfort de publicité
ne concernent en effet que des détails.
Pour cette raison, la production américaine, par exemple, croît
moins vite actuellement qu’il y a vingt ans. Faut-il s’en inquiéter
? Sans doute pas, car les usines ne tournent pas au maximum de leur
capacité et, si on le voulait, on pourrait produire encore bien
davantage qu’on ne le fait. Le déclin de l’innovation a plusieurs
causes, parmi lesquelles on peut citer : la plus grande importance donnée
au cadre de vie et à la qualité de la vie ; la résistance
des syndicats au changement (par crainte du chômage) ; et l’importance
croissante des services dans le produit national brut.
Malgré cela, une nouvelle révolution technologique se
prépare et nous entrons dans l’ère de l’électronique.
Tout le monde a constaté la chute vertigineuse du prix des calculatrices
de poche. Ce petit miracle est dû aux circuits intégrés
que l’on sait désormais produire à bon compte. En effet,
un circuit intégré contenant 15 000 transistors revient
maintenant au fabricant à 50 cents, soit environ 2,50 francs,
et se présente sous la forme d’une mince plaque carrée
de quelques millimètres de côté. Ses applications
sont très nombreuses (25 000 selon certains). Par exemple, il
peut commander des machines, vous permettre d’allumer votre four à
distance sur simple coup de téléphone, minimiser la consommation
d’essence de votre voiture, débiter votre compte en banque et
même jouer au poker ou aux échecs avec vous.
Grâce aux circuits intégrés, IBM a mis au point
un téléphone qui prend les messages, communique des instructions,
et classe des documents. Bientôt, on verra partout des terminaux
d’ordinateur qui permettront, entre autres choses, d’accéder
à des bibliothèques centrales d’information. On est en
train d’apprendre à l’ordinateur comment reconnaître la
parole humaine. Le dialogue n’en sera que plus facile. Au bureau, l’ordinateur
hourra transmettre le courrier par câble, si on l’associe à
une imprimante. On a déjà créé des centres
de conférences où on échange, à distance,
des points de vue avec plusieurs correspondants qui n’ont même
plus, besoin de se déplacer.
Qui ne voit l’impact formidable que cette révolution va avoir,
non pas dans le domaine du gadget de cuisine, mais dans le secteur tertiaire
où de nombreux emplois de bureaux risquent fort de disparaître.
Que faire d’une secrétaire et de plusieurs dactylos lorsqu’un
ordinateur les remplace. parfois avantageusement ?
On peut prédire que les résistances,` bien compréhensibles,
des syndicats à cette innovation seront considérables.
Et pourtant, il ne s’agit que de libérer l’homme de tâches
mécaniques ou répétitives et d’accroître
ses possibilités d’action. Dans l’état actuel des systèmes
économiques, les nations ne sont, pas prêtes à résoudre
le problème. Elles n’y parviendront que lorsqu’elles auront renoncé
à lier le salaire, ou droit de vivre à la possession d’un
emploi devenu de plus en plus problématique. C’est-à-dire
lorsqu’elles auront adopté l’économie distributive.
LA main-d’oeuvre immigrée est indispensable
à l’économie nationale. Axiome bien posé que personne
ne conteste.
Le ministère du Travail, d’après ses derniers chiffres
connus, évaluait à 4 128 312 le nombre d’immigrés
en France et le chiffre de l’Institut de la statistique n’en diffère
que de 85000. Ne cherchons pas à savoir si cet écart provient
d’une différence dans la façon d’évaluer la main-d’oeuvre
étrangère saisonnière, de l’absence de contrôle
en ce qui concerne les ressortissants d’Afrique Noire ou de l’impossibilité
( ?) de connaître, comme le prétend l’Office National d’Immigration,
les sorties de France. Mais notons que certaines évaluations
vont jusqu’à 6 millions.
Parmi ces 4 millions d’immigrés, on évalue à 1,9
millions le nombre de travailleurs. Ceci correspond à une proportion
travailleurs/inactifs assez forte quand on sait que le taux de natalité
en Algérie atteint 3,5 % alors qu’il est en France inférieur
à 0,4 %.
Dans l’ensemble, la proportion étrangers/Français est
de 7,7 %. En détail, voici cette proportion dans les secteurs
employant le plus de main-d’oeuvre étrangère :
Etrangers |
Français |
|
Bâtiment et travaux publics : |
36 % |
64 % |
Voirie, hygiène, etc. : |
35 % |
65 % |
Transport : |
19 % |
81 % |
Caoutchouc, pneumatiques : |
18 % |
82 % |
Verrerie, céramique : |
16 % |
84 % |
Mines : |
13 % |
87 % |
Métallurgie : |
12 % |
88 % |
Produits chimiques : |
7 % |
93 % |
Ensemble de ces activités : |
12,4 % |
87,6 % |
Tous secteurs confondus, la proportion de main d’oeuvre étrangère était, en 1973, comme suit :
Etrangers |
Français |
|
Manoeuvres : | 8,5 % |
91,5 % |
O.S. : | 25,2 % |
74,8 % |
O. qualifiés : | 25,2 % |
74,8 % |
Employés : | 22,8 % |
77,2 % |
Techniciens : | 10,3 % |
89,7 % |
Cadres : | 7,6 % |
92,4 % |
Dans certains milieux en France, tel le sport professionnel ou le spectacle, les Français et les Etrangers viennent nettement en concurrence.
LES AVANTAGES POUR L’ETAT ET LE PATRONAT
Voici tels que les exposent les organismes d’Etat
et les Chambres syndicales patronales les avantages qu’ils voient dans
la main-d’oeuvre étrangère :
1°- elle est mobile : « facilement utilisable pour supprimer
les tensions conjoncturelles de l’emploi ». Cet euphémisme
technocratique signifie qu’elle permet d’être opposée,
à tous moments et en tous lieux, aux travailleurs locaux manifestant
leur désapprobation pour telle ou telle forme d’exploitation.
2°- elle est bon marché : elle permet à de nombreux
Français de garder leur emploi, certaines branches auraient dû,
sans elle, limiter leur croissance faute de main-d’oeuvre à bon
marché.
A travail égal, salaire égal. Il n’existe aucune disposition
légale permettant de moins payer un étranger. Néanmoins,
dans la pratique, elle constitue un réservoir-épouvantail
utilisé contre les travailleurs comme chantage à un chômage
possible afin de modérer des exigences.
3° - elle accepte les emplois dont les Français ne veulent
pas : éboueurs, manoeuvres, maçons, ouvriers à
la chaîne, mineurs, femmes de ménage, etc..,
Remarquons cependant que les égoutiers qui font un travail guère
plus aimable que les éboueurs sont rarement en grève car
ils jouissent du statut d’employé communal, d’un salaire décent
et de la garantie de l’emploi.
4°- elle est jeune et valide. Permet d’économiser une partie
des frais d’éducation et de mieux équilibrer les charges
de la nation ». Pour avoir en permanence des hommes disponibles,
il faut en faire venir de nouveaux. Ils sont « valides »,
étant donnée la précarité des contrôles
sanitaires d’entrée (qui ne portent que sur 1/5 des effectifs).
Il n’empêche que l’inexpérience de beaucoup les désigne
comme victimes de prédilection des accidents du travail et que
les services d’Etat admettent que les immigrés sont plus vulnérables
à la maladie en raison de leurs conditions de vie. La tuberculose
se diffuse dans les taudis qu’ils habitent où le cubage d’air
est insuffisant, où les paillasses servent alternativement à
plusieurs, etc... Dans la région parisienne, 39 % des tuberculeux
sont étrangers.
5°- Les immigrés rapportent à la Sécurité
Sociale. « Leurs dépenses de santé sont minimes
en raison de leur jeunesse et du fait que la S.S. n’est garantie à
leur famille que si elle réside en France. De plus la retraite
leur est retenue alors que la moitié quitteront la France avant
de l’atteindre ». Nous noterons la malhonnêteté qu’il
y a à percevoir des retenues de retraite dont on sait d’avance
qu’elles ne bénéficieront pas à l’intéressé.
En fait, l’intéressé aura un jour l’âge requis et
droit ouvert à pension ou à restitution.
MAIS A QUOI SERVENT ALORS 4 MILLIONS D’ÉTRANGERS ?
C’est la question à se poser, lorsque l’on
constate que l’axiome du début se réduit à un postulat.
Si les étrangers sont parmi nous ce n’est pas seulement pour
produire, comme on veut nous le faire croire.
Pour nos industriels, producteurs, fabricants, etc., c’est une clientèle
obligatoire, réservée, un marché clos, protégé,
qu’ils n’ont pas à aller conquérir ailleurs. On objectera
que les immigrés consomment peu, envoient chez eux leurs économies.
Ces transferts de fonds existent : 9 626 millions de francs en 1974.
Ils représentent 18,60 de la masse salariale servie aux travailleurs
étrangers Un solde de plus de 51 milliards reste dans l’hexagone
(1). Ce n’est pas un marché négligeable. Le célibataire
épargne beaucoup plus que le couple. C’est pourquoi l’immigration,
après avoir été considérée seulement
en tant que facteur de production, main-d’oeuvre de substitution et
épouvantail au chômage, est devenue une masse de consommateurs,
en appelant la famille à rejoindre le célibataire, en
facilitant son transport et son installation. Leurs dépenses
seront d’autant plus importantes qu’ils auront tout à acquérir.
t’est si vrai que les pouvoirs publics ne cessent d’être de plus
en plus indulgents à l’égard de ceux qui sont entrés
illégalement en France s’ils consentent à faire venir
leur famille. Les facilités de leur installation ne cessent de
s’améliorer. Ces dispositions n’ont aucun rapport avec la production.
Femmes et enfants présentent le double avantage de ne rien produire
et de consommer. Si l’on considérait les étrangers uniquement
sous l’angle pragmatique de la production on ne consentirait pas à
ce qu’un ressortissant étranger soit payé étant
inactif. C’est cependant ce qui se produit puisque les indemnités
de chômage sont servies indistinctement aux nationaux et aux immigrés.
Jacques Duboin avait déjà dit « Quand il n’est plus
nécessaire de payer un travailleur pour qu’il produise, l’Etat
doit le payer pour qu’il consomme ».
Et la forte natalité des immigrés fait que chez eux le
nombre de bouches à nourrir par travailleur est bien plus élevé
que dans un foyer français. Que deviendraient les morutiers bretons
si les Portugais ne consommaient pas la majeure partie de leur pêche ?
Le comble du bonheur pour notre économie, dirait avec ironie
Jacques Duboin, serait que ces étrangers soient non pas 4 millions,
mais le double et, parmi eux, deux fois moins de travailleurs ! Ils
rempliraient encore mieux le rôle que nous attribuons depuis longtemps
aux étrangers : en temps de paix, qu’ils achètent nos
réfrigérateurs et notre vaisselle, en temps de guerre,
qu’ils consomment nos bombes et nos torpilles.
(1) Ref. Bulletin officiel de l’Economie et des Finances. déc. 1976, page 41.
Il y a un siècle, un petit polonais de 12 ans élaborait les premières bases de l’Esperanto
ON a coutume de dire à propos de la langue
de Zamenhof : « Ça ne marchera pas... c’est artificiel...
c’est sans âme... il y a déjà l’anglais ».
Que signifie tout ce verbiage ? Mais il « marche » l’Esperanto,
puisqu’il se parle dans la totalité du monde depuis bientôt
un siècle ! Ses adeptes forment la seule organisation mondiale
qui se passe d’interprètes et de tout le matériel technique
onéreux pour les traductions spontanées.
Artificiel ? mais c’est une synthèse de langues, ses racines
sont donc naturelles !.. De toute façon le langage des sourds-muets
et la musique ne sont- ils par artificiels ? et « ça marche
».
Précisons toutefois que l’Esperanto a été créé
non dans l’esprit de vouloir supprimer la langue nationale (de nombreux
linguistes le pratiquent) mais pour y suppléer, afin de faciliter
les contacts avec l’étranger, donc oeuvrer pour la paix. Quant
à l’« âme » d’une langue, il va de soi qu’elle
n’existe qu’aux yeux de ceux qui la pratiquent et l’aiment. Ceux qui
contribuent à freiner la progression de la langue universelle,
ne serait-ce qu’en l’ignorant, portent préjudice à une
cause et se privent d’une grande satisfaction car elle s’apprend en
quelques mois et grâce à son usage on peut rencontrer partout
sur le globe des foyers espérantistes ouverts à des échanges
constructifs.
Choisir une langue nationale existante, comme langage commun à
toute l’humanité serait un préjudice à l’égard
des autres nations. L’anglais, par exemple, favoriserait encore l’hégémonie
anglo- américaine.
Mais indifférence, scepticisme et ironie font que l’« antiespérantisme
» demeure et retardent la généralisation de l’Espéranto.
La violence, le racisme, la faim dans le monde, l’exploitation de l’homme
par l’homme, la production absurde, la pollution à tous les niveaux,
la course à l’armement, l’usage du tabac et de l’alcool, des
drogues, le bruit. la vitesse, l’égoïsme, la destruction
inutile d’espèces animales et végétales, l’ignorance
de la nourriture saine, l’abus des antibiotiques, le refus des moyens
thérapeutiques naturels, le conditionnement des individus, le
nationalisme, sont des obstacles au progrès de l’homme, donc
à son bonheur. La lutte contre ces fléaux ne peut être
menée à bien qu’à l’échelle mondiale et
pour cela user d’un langage commun est un facteur de réussite.
L’homme est dans une impasse et c’est à ceux qui en sont conscients
de se « serrer les coudes » pour notre cause commune qui
est celle de l’humanité.
SOIT DIT EN PASSANT
A l’heure où j’écris on ignore encore
quel sort la justice française réserve au dénommé
André Dubar. D’autant plus que l’on ne sait même pas sous
quel chef d’accusation inculper le personnage. Dommage, ça m’intéresserait
de savoir. Mais j’espère qu’une carrière aussi prometteuse
n’aura pas été prématurément interrompue
par l’intervention intempestive de policiers trop zélés.
M. André Dubar n’est pas un de ces vulgaires aventuriers comme
on en voit tous les jours au cinéma, dans les romans et aussi
dans la vie, qui font fortune dans l’escroquerie, l’attaque à
main armée, l’immobilier ou la politique, et finissent leur carrière,
mais pas toujours, à Fleury-Mérogis. Non. C’est un monsieur
très bien.
Ce personnage dont la presse a parlé récemment est un nouveau Frégoli aux multiples transformations, et vous l’avez peutêtre rencontré quelque part sous les apparences rassurantes d’un grand chirurgien, d’un cardiologue renommé, d’un capitaine de corvette, d’un curé de campagne, d’un infirmier, d’un enseignant, et j’en passe.
Il était bien avec tout le monde (et ce n’est pas facile) , avait la poignée de main à toute épreuve, comme un ministre en période électorale, le sourire engageant, le coeur sur la main et la main sur le coeur, savait se faire des amis ou des obligés, avec tout ce qu’il faut de baratin pour plaire. Vous voyez le genre.
Son seul défaut c’est d’avoir l’humeur changeante. Car rien ne l’obligeait, sinon le désir de se rendre utile, après avoir organisé les quêtes dans les paroisses pauvres du Nord de la France, célébré une messe chantée dans une église de Douai en compagnie de prélats connus, donné des cours d’Histoire à des candidats au bachot, ou opéré quelques prostates défaillantes, de se présenter comme infirmier à la S.N.C.F. C’est ce qui a mis fin, momentanément, j’espère, à ses activités aussi nombreuses que variées. Un fonctionnaire tatillon lui ayant demandé son diplôme, André Dubar n’a pu produire cette pièce justificative puisqu’il n’était pas plus infirmier qu’il n’avait été chirurgien, ecclésiastique, diplomate ou professeur. Mais, sur sa bonne mine, personne jusqu’alors ne s’était permis de mettre en doute ses titres officiels.
On ne sait pas ce qu’il adviendra de M. Dubar. Mais
j’imagine que le juge chargé d’instruire cette affaire est plutôt
perplexe en ce moment. Qu’a-t-on à lui reprocher, au fond ? Pas
même d’avoir utilisé des faux-titres ou une fausse identité,
puisque on ne lui demandait rien et qu’il exerçait ses différentes
professions selon son humeur ou son plaisir, et toujours avec la même
compétence. Il ne semble pas avoir tué comme faux médecin
plus de clients que les vrais. Reste à savoir si l’absolution
qu’il a pu donner en tant que prêtre à ses pénitentes
est aussi valable que celle de Mgr Lefebvre. Mais cela n’est pas de
ma compétence.
Je ne vous dissimulerai pas plus longtemps qu’un tel personnage, assez
exceptionnel en somme, m’est plutôt sympathique. Songez que cet
homme, qui était considéré étant enfant
comme un cancre, qui a échoué à tous ses examens,
à ce qu’on dit, mais qui sait inspirer confiance et parle bien,
n’a même pas eu l’idée de se lancer dans la politique.
Pourquoi ? On a vu pire. II a pourtant tout ce qu’il faut pour réussir
dans cette noble carrière, malheureusement un peu encombrée.
Et en plus il a l’air en bonne santé.
Dans les moments difficiles que nous traversons, alors que les rumeurs
les plus malveillantes circulent sur l’état dépressif
du président de la République et qu’un éternuement
de Mitterand suffit à donner la fièvre à la Bourse,
un homme pareil peut être utile à la France. Oui, pourquoi
André Dubar n’est-il pas à Matignon, ou même à
l’Elysée, en ce moment où nous aurions tant besoin d’un
homme providentiel, d’un Mamamouchi comme dit l’autre, qui saurait si
bien inspirer confiance au pays désemparé ?
Raymond Barre, qui a pourtant les plus beaux diplômes d’économiste
distingué, n’arrive toujours pas à redresser la situation.
Et les élections approchent.... Et Antoine Pinay a pris sa retraite.
Alors ?..
Alors il n’est peut-être pas trop tard. Plutôt que de créer
des ennuis à André Dubar, qu’on lui fasse passer un examen
médical approfondi et, si tout va bien de ce côté-là,
qu’on l’appelle à former le gouvernement. Au point où
nous en sommes, il tiendra bien le coup jusqu’en mars 1978.
Les questions agricoles :
EN tout premier lieu nous affirmons que l’avenir de
l’Agriculture Biologique en France sera ce que les agriculteurs le feront.
Nous disons bien les agriculteurs et non les Etats-Majors.
C’est à Albert DEMOLON (1881-1954) que nous devons cette prise
de conscience fondamentale et l’introduction, en France, du rôle
du pH en agronomie. Considéré comme le véritable
créateur de l’agriculture biologique, il écrivait déjà
en 1932 dans « Principes d’agronomie » ces simples lignes
prophétiques
« Le sol reste toujours un milieu de culture au sens biologique
du mot, le plus important d’ailleurs pour l’existence de l’humanité
».
Et cette existence de l’humanité, qui donc, au premier chef,
doit en assurer la continuité, sinon l’homme chargé de
sa subsistance, c’est-à-dire l’agriculteur, seul véritable
responsable de l’alimentation de ses semblables, selon l’option qu’il
aura choisie en matière de production agricole ?
Cette option, il n’a pas à la prendre pour satisfaire à
une mode ou pour suivre aveuglément des théories plus
ou moins politiques ou philosophiques. Ce serait une grave erreur que
de croire que l’agriculture biologique est affaire de doctrine, de conversion,
d’affiliation, voire d’embrigadement.
Le vrai problème de l’agriculture dans sa forme « biologique
» telle que la concevait Albert DELOMON dès la première
moitié du XXe siècle, regarde les agriculteurs en général
et non quelques-uns en particulier, parce que pour nous, PRODUCTEURS,
il s’agit avant tout de mettre à la disposition de l’Humanité,
donc à la disposition des consommateurs, donc des Hommes, nos
camarades ou nos frères, des produits alimentaires « DE
QUALITE BIOLOGIQUE » non pollués, tels que nous aimons
les avoir pour nous-mêmes, nos enfants, nos familles.
Etre Agrobiologiste c’est chercher à faire aujourd’hui mieux
qu’hier. C’est aussi être non seulement le frère, le camarade
ou l’ami de tous les autres « paysans » de France qui ont
opté pour cette nouvelle forme de « Culture Protégée
» dans l’intérêt supérieur de l’humanité,
mais c’est surtout, SURTOUT, se sentir solidaire de TOUS LES AUTRES
AGRICULTEURS DU PAYS, en les invitant à prendre conscience de
leurs responsabilités vis-à-vis d’eux-mêmes, de
leur famille et de leurs concitoyens.
Pierre GUILLOT
Secrétaire général de la C.N. des G.A.B.
______________
Note de la rédaction :
Cette responsabilité, l’agriculteur doit pouvoir pleinement l’assurer, ce qui n’est pas le cas s’il est soumis à des pressions, que ce soit consciemment ou non. Ce n’est pas le cas, par exemple, dans notre système économique, s’il peut tirer un profit personnel à réaliser une production malsaine.
______________
Nous publierons ici prochainement la suite de l’étude
de Jean Mestrallet sur l’agriculture biologique.
La première partie, publiée dans le numéro précédent,
nous a valu d’un lecteur intéressé l’information suivante :
Engrais Agricoles
Le marché des engrais en 1976 a été
perturbé.
La Sté chimique de la Grande Paroisse, filiale de « L’Air
Liquide » connaît des résultats déficitaires.
(Réf. Exposé aux actionnaires du Groupe Air Liquide a/s
assemblée générale juin 1977).
Premiers signes de l’agriculture biologique ?
L’an dernier, vous vous en souvenez, on ne trouvait
plus de pommes de terre, et celles que l’on pouvait se procurer coûtaient
très cher (c’était la faute de la sécheresse !).
Or, dans un n° de mai du « Dauphiné Libéré
», nous apprenons que plusieurs dizaines de tonnes de pommes de
terre d’importation, en provenance des Etats-Unis, et propres à
la consommation, ont été déversées dans
une carrière près de Romans.
C’est la Société d’Importation Delassus (de Merville,
dans le Nord) « propriétaire de ces pommes de terre »
qui a décidé de s’en débarrasser.
Il vaut mieux ça que de voir les prix s’effondrer, n’est-ce-pas
?
***
Il y a 20 ans un Américain, J. ENGLEBERGER,
mettait au point le premier robot utilisable industriellement. Aujourd’hui,
un millier de robots fonctionnent dans le monde. La majorité
d’entre eux travaillent dans des usines de production automobile où
ils effectuent les travaux les plus pénibles : vaporisation de
peinture sur les voitures, soudure des châssis, manutention des
pièces...
En Europe où l’on en dénombre 300, les plus grands utilisateurs
sont Volvo et Fiat.
***
L’informatique à la Ferme :
A Amarillo (Texas), l’un des plus grands parc d’embouche des Etats-Unis,
des dizaines de milliers de bêtes sont nourries a partir d’une
mixture préparée par un mélangeur géant.
Cet engin est relié à un ordinateur qui est chargé
de calculer chaque jour la formule alimentaire la plus économique
en fonction de l’évolution des cours des divers composants de
l’alimentation.
***
Alors que la victoire de la gauche aux prochaines
élections apparaît chaque jour plus probable, les pseudo
libéraux qui nous gouvernent, et le patronat, attaquent violemment
les entreprises nationalisées. Celles-ci peuvent pourtant présenter
un bilan très positif : les compressions de personnel entraînées
par l’évolution économique ou technologique y ont été
opérées sans licenciement, grâce à des mises
à la retraite anticipée ou à des reclassements
internes ; la réduction de la durée du travail à
quarante heures par semaine (ou moins) a été réalisée
sans perte de salaire, ainsi que l’allongement des congés payés.
Et pourtant la productivité des entreprises nationalisées
continue à augmenter.
Alors, pourquoi ne nationaliserait-on pas tout le secteur productif
?
***
Toujours à propos de sociétés
nationalisées et quitte à faire frémir d’horreur
M. Fourcade, actuel ministre de l’Equipement et ex-ministre de l’Economie
et des Finances, J. de Barrin écrit dans « Le Monde »
du 29 juin 1977 :
« A quoi servirait d’avoir nationalisé Air-France si l’Etat
renonçait à l’utiliser comme un instrument de sa politique
économique et sociale et même de se politique tout court
? Qu’en fin de compte la Compagnie en vienne à perdre de l’argent,
quoi d’étonnant et quoi de scandaleux si elle y trouve sa raison
d’être ?.. Il n’y a rien d’humiliant pour une entreprise publique
de s’écarter des chemins de la rentabilité ».
N’est-ce pas là une bonne évolution des idées vers
l’Economie Distributive ?
***
Un bon point au Dr RICHARD, adjoint au maire P.S.
du Mans, qui a fait scandale aux cérémonies du 15 mai
dernier commémorant la bataille de Dien Bien Phu en déclarant
notamment :
Faisons un rêve : imaginons un instant que le dixième de
l’effort à la fois matériel et en hommes consenti par
la France sur le plan militaire l’ait été sur le plan
de l’aide réelle et de la coopération...
En 1977, faut-il dire la longue liste des conflits d’outremer que nourrissent
encore les armes livrées par les pays industrialisés,
avec les meilleures justifications du monde, devant des populations
de plus en plus démunies et consternées... ».
Il paraît que, pendant l’allocution, un certain nombre de «
personnalités » militaires ont quitté la cérémonie
et que, la presse locale n’a pas osé publier l’allocution.
Ils reconnaissent donc qu’ils sont pour le profit à tout prix
et pour l’industrie de la mort ?
***
Quelques titres stupides de « France-Soir »
après le « discours de Carpentras » :
« - La France sortira de l’inflation avant la fin de l’année
;
- Il n’y aura plus de jeunes chômeurs à la rentrée
».
En fait, le Président de la République n’a pas été
aussi précis. Il a dit : « Notre société
doit adopter les mesures nécessaires pour que tout jeune soit
assuré d’être soit au travail, soit en formation ».
Gageons que pour certains la formation risque de durer longtemps...
Quant à l’inflation, nos lecteurs savent depuis belle lurette
que c’est un mal inévitable de l’économie de marché.
On ne peut pratiquer la vertu sans un minimum de bien-être.
St Thomas d’Aquin
LORSQU’ON parle de liberté, on ne se préoccupe
guère de la définir. Celle-ci est comprise souvent et
surtout comme la faculté de pouvoir exprimer ses opinions dans
tous les domaines sans risquer de subir des représailles quelconques,
de pouvoir choisir au moyen d’élections des délégués,
des représentants à tous les niveaux, de pouvoir faire
grève éventuellement au cours de luttes revendicatives...
La liberté sous-entend que les besoins vitaux soient satisfaits,
cela est évident et ne demande pas de commentaires.
Mais cette condition primordiale étant supposée réalisée,
un autre aspect de la liberté, pourtant fondamental, est généralement
laissé dans l’ombre. même par les grands syndicats qui
réclament lamentablement la création d’emplois et par
conséquent la « croissance » ou « expansion
» qui est un cancer qui empoisonne la Terre !!
Pourtant, LA LIBERTE, C’EST D’ABORD LES LOISIRS !!
C’est pendant les loisirs que l’on peut généralement CHOISIR
des activités capables de favoriser au mieux l’épanouissement
de notre personnalité. Mis à part une petite fraction
d’emplois où le travail est une activité créatrice
et agréable (art sincère, recherche scientifique, organisation...)
ou une activité qui peut satisfaire des volontés de puissance
(pouvoir des chefs), le travail salarié de routine, plus ou moins
répétitif et monotone, ce travail là n’est pas
autre chose que de l’esclavage, donc à l’opposé de la
liberté.
...Avec les enfants et les jeunes (de 7 à 77 ans), pas de problème
: la société de surconsommation imposée n’a pas
encore mutilé leur personnalité et ils sont généralement
capables de se trouver eux-mêmes, LIBREMENT, des activités
qui les prémunissent de l’ennui.
Cela ne manque pas : culture philosophique, scientifique, littéraire
et artistique, diffusion d’idées favorisant la justice et le
sauvetage de l’espèce humaine en péril, lecture de détente,
sports divers et jeux, notamment le jeu d’échecs qui est un art
et un sport cérébral, bricolage et jardinage, spectacles
divers, etc., etc...
Remarquons en passant que même une vulgaire partie de belote demande
plus d’initiative à l’individu que bien des emplois !
Mais il arrive que des années de travail obligatoire accumulées
émoussent cette faculté de pouvoir se choisir soi-même
des activités non-imposées et, lorsqu’on est arrivé
à cette triste condition d’amoindrissement mental, alors les
loisirs peuvent devenir de l’ennui.
Toute société devrait donner à chacun de ses membres
la possibilité de construire son bonheur - la liberté
des uns étant limitée par la liberté des autres
- compte tenu des différences qui existent entre les personnalités.
Ce n’est pas le cas dans notre monde prétendu libre. en ce qui
concerne ce qui nous prend l’essentiel du temps de notre vie : le TRAVAIL.
Si un salarié a fait des économies pour pouvoir partir
avant l’âge fixé pour la retraite, l’inflation a grignoté
son avoir en monnaie de singe et s’il se risque à cesser le travail,
il ne bénéficie plus de la sécurité sociale
à moins de verser une cotisation exorbitante. Ce serait trop
simple et trop humain de pouvoir continuer à verser la même
contribution.
Et pourquoi imposer le même âge pour la retraite à
tout le monde ?
S’il y a des personnes valides qui désirent des prolongations
pour gagner plus, eh bien ! cela ne devrait-il pas permettre à
une minorité de sages de se libérer avant ?.. retraite
au choix à partir de 50 ans...
Dans notre société de surconsommation imposée sans
discernement à tout le monde, l’individu ne compte pas ; c’est
un numéro matricule noyé dans la masse, c’est la loi du
nombre, de la médiocrité conditionnée.
Métro-boulot-dodo... « liberté » d’entendre
à longueur d’année des discours, politiques et syndicaux
où l’on parle de tout sauf de l’essentiel et, après avoir
été si merveilleusement informés, les moutons passent
au vote dans une foire électorale où ils ont la consolante
liberté de pouvoir crier « Vive Machin... à bas
Truc »...
Pour avoir la liberté de penser, il faut en avoir le temps et
la force.
Ceux qui s’en tiennent à l’étude spirituelle
font très peu pour la saine évolution des hommes.
C’est très bien d’étudier les religions, l’astrologie,
les causes et les effets ; mais si les réflexions ne s’accompagnent
pas d’une information réelle sur les plans social, économique
et financier, les théoriciens spirituels feront très peu
pour rénover nos sociétés.
Les occultistes, les spirituels et autres religieux s’imaginent être
arrivés au sommet. Ils se trompent lourdement. Ils n’en sont
qu’à une étape. Cette étape, les grands penseurs
l’ont franchie depuis longtemps. Pour y arriver, ils ont dû écouter
leur propre maître, c’est-à-dire leur propre conscience
et la vivre dans l’action. Car la vraie spiritualité n’est rien
d’autre que d’enseigner par l’exemple et non seulement par des mots.
Si beaucoup d’exégèses et des soi-disant maîtres
connaissent bien les écritures, ils ne savent, par contre, rien
sur les mystifications du système économique-financier
qui entretient l’homme dans l’irresponsabilité, dans la pauvreté
ou dans l’esclavage doré. Sur ce point, ils ont énormément
à apprendre des grands penseurs occidentaux.
Par conséquent, s’ils ne comprennent pas les fausses valeurs
de l’argent, ils commettront des erreurs qui nuiront à leur avancement,
à leur peuple, et à leur spiritualité. S’ils s’insèrent
dans notre système en exportant leurs religions, leurs livres
et de surcroît des marchandises inutiles, ils entrent de plain-pied
dans l’imbécillité commerciale entretenant le gaspillage
économique.
Nul doute que ces occultistes, ces religieux et ces soi-disant maîtres
sont des freins puissants à la pensée réfléchie.
Pour les grands penseurs, les hommes libérés de l’étroitesse
d’esprit sont ceux qui font l’effort de comprendre les mystifications
qui les entourent, et qui luttent contre les fausses valeurs de l’Argent.
LE Ministère de la Qualité de la Vie
(mais oui !) a décidé par l’intermédiaire de la
télévision de nous apprendre à vivre... mieux.
Et. il a commencé par le commencement de la journée :
le petit déjeuner. Les Français ne savent pas déjeuner,
c’est connu. Ils absorbent à la va-vite un liquide brûlant,
parfois un sandwich, et les voilà parés pour la journée
! Pas étonnant que nos rivaux anglais et allemands - pour ne
parler que des européens - nous dament le pion sur le plan de
la productivité. Le Français baîlle, le Français
est victime du coup de barre de onze heures ! Etonnez- vous après
cela que la balance des paiements soit déficitaire.
Donc la télévision nous enseigne ce que doit être
un petit déjeuner véritablement reconstituant des gâteaux,
des oeufs, voire de la viande, des tartines de beurre, confitures, fromage
ou pâté. Bien entendu il faut se lever assez tôt
pour préparer et déguster tranquillement ce vrai repas
en famille.
Il n’y a qu’un seul ennui : ces messieurs ne nous disent pas comment
des millions de Français réussiront à faire trois
repas par jour alors qu’ils arrivent à peine à en payer
deux ; et encore combien parmi eux se contentent à midi d’un
repas sur le pouce avalé dans la poussière du chantier
ou le vacarme d’une cantine ! On touche ici du doigt toute la duplicité
de nos politiciens : de bonnes paroles tant que vous voudrez, mais quand
il s’agit de passer aux actes, plus personne !
Eh bien, prenons-les au mot : c’est vrai que trop de travailleurs mangent
mal, que trop d’entre eux partent au bureau ou à l’atelier le
ventre creux. Or les fruits, les légumes, les céréales,
la viande existent souvent en telle quantité qu’on cherché
à l’écouler à l’étranger.
Tout beau, messieurs ! Je vous propose, moi, de les exporter A L’INTERIEUR
: que ce qui est produit par les Français serve d’abord à
rassasier les Français. Puisqu’il est démontré
par les sommités médicales que le déjeuner est
indispensable à la santé de tous, rendons-le obligatoire
; et comme tout ce qui est obligatoire doit être gratuit, instituons
le déjeuner obligatoire et gratuit. Je gage que ni les salariés
qui perdent leur emploi, ni lés vieux habitués à
se serrer la ceinture ne se plaindront de cet accès de «
collectivisme » (comme dirait Chirac). Et les paysans auront enfin
un débouché tout trouvé pour leurs excédents
alimentaires. On pourra même acheter chez nos voisins espagnols
et italiens. Car je vous le dis en confidence : vouloir vendre à
l’étranger sans rien acheter, ce n’est pas seulement malhonnête,
c’est tout simplement impossible.
AU fur et à mesure que se développe
le progrès technique, le travail des machines de plus en plus
automatiques se substitue de plus en plus au travail des hommes. Comme
le progrès est illimité et irréversible, il condamne
irremediablement I’emploi, le salaire en résultant, puis, en
chaîne, tous les autres gains et, finalement, l’économie
du gain... que nous croyions immortelle !..
un peut donc affirmer sans hésitation que la revolution mécanicienne
est l’événement le plus important de tous les temps. tellement
important que tout ce qui lui est étranger est relativement insignifiant.
Les partis politiques qui sont au pouvoir ou veulent y parvenir pour
présider aux destinées de la Société, réagissent
à ce sensationnel événement... en l’ignorant !
C’est incroyable, mais vrai.
En effet :
1°) Puisque l’économie du gain est destinée à
disparaître, il serait sage de prévoir son remplacement
par une économie sans gain, c’est-à-dire par l’économie
distributive. Aucun parti ne s’en soucie.
2°) Il est vain de S’OPPOSER à l’implacable révolution
mécanicienne, irréversible et illimitée, qui SUPPRIME
L’EMPLOI. Pourtant, tous les partis s’y OPPOSENT en réclamant
ou en promettant la CREATION D’EMPLOIS, manifestant ainsi une attitude
contre-révolutionnaire, à l’encontre de la révolution
mécanicienne.
3°) Cependant, tous les partis manifestent un aspect positif en
la matière. Tous ont approximativement le même programme
de réalisations sociales, qu’ils appliquent quand ils sont au
gouvernement ou dans des municipalités. Tous sont d’accord pour
distribuer des revenus sociaux (indemnités, allocations ou primes)
à des millions de chômeurs, d’handicapés, de veuves,
de personnes âgées, de mères célibataires.
Tous sont ainsi placés, bien involontairement d’ailleurs, dans
le sens de l’évolution, qui nous entraîne vers l’économie
distributive, tellement nécessaire qu’elle s’implante dans la
réalité par l’extension de la distribution de revenus
sociaux dont on ne peut plus se passer.
Il n’y a plus de « droite » ni de « gauche »
Comme on le voit, dans leurs rapports avec la révolution
mécanicienne, qui domine l’actualité et la destinée
de l’humanité, fous les partis ont le même comportement.
On se demande alors pourquoi il y en a tant ? En réalité,
il n’y a plus de partis différents, il n’y a plus qu’un seul
parti, et un seul syndicat, sous des appellations différentes,
interchangeables tant toutes conviennent à tous. Citons :
- Le Parti Socialiste Unifié des conservateurs de l’emploi.
- Le Parti des Indépendants enchaînés au dividende
des actionnaires de l’entreprise privée (chou vert).
- Le Parti Socialiste pour ; la défense de la rente des obligataires
de l’entreprise nationalisée (vert chou).
- Le Parti Commun aux contre-révolutionnaires de la révolution
mécanicienne (chou rouge).
- Le Parti des Réformateurs d’un monde réformé
par le travail de plus en plus automatique des machines.
- Le Parti Radicalement Sourd à l’économie distributive,
à laquelle il entrouvre aveuglément la porte par la distribution
de revenus sociaux.
- Le Rassemblement Pour le Retardement de l’épanouissement de
la société nouvelle.
- La Confédération Générale des Travailleurs
et des Patrons conservateurs du salaire et du profit.
Le retard de la pensée
Le but de la forme humoristique de ces définitions
n’est pas de nous distraire au détriment des partis et des syndicats,
mais de mettre en relief leur retard sur la marche du monde.
Notre esprit a pris un retard considérable. Il n’est pas dans
le présent et face à l’avenir. Il est resté dans
le passé. Il s’attarde à l’époque où il
n’y avait pas encore de machines pour se substituer au travail des hommes.
Plus la société du gain se dégrade sous les coups
redoublés que le progrès technique lui assène sans
désemparer, plus dure et même plus féroce devient
la lutte économique, sociale, syndicale, politique, électorale
pour d’éphémères améliorations ou adaptations,
pour la prise du pouvoir par les uns ou par les autres, ce qui ne signifie
pas grand chose, les uns ne pouvant faire mieux que les autres dans
cette économie du gain, que personne ne veut abandonner à
son implacable destin. Tout ce tintamarre des batailles fratricides
est d’autant plus odieux qu’il est inutile. C’est se battre pour rien.
C’est gaspiller une immense et précieuse énergie. C’est
s’agiter en pure perte. Parce que nous ne sommes plus dans le coup.
Nous nous comportons comme si le progrès technique ne bouleversait
pas le monde ancestral. Ce bouleversement ne nous plaît pas, c’est
entendu, nous n’aimons pas le changement, surtout celui-là qui
s’impose à nous, et d’une telle profondeur !.. Mais la révolution
mécanicienne ne nous a pas demandé notre avis. Nous ne
pouvons pas entraver sa course, illimitée et irréversible,
de plus en plus rapide. Alors, nous ne pouvons plus nous sauver qu’en
entrant résolument dans son jeu. Le lecteur qui commence à
prendre connaissance de nos thèses qualifie l’économie
distributive d’utopie, de FOLIE IRREALISABLE, mais l’éviction
du travail humain de la production mécanique et automatique n’est-elle
pas une FOLIE DEJA REALISEE en partie ? C’est d’ailleurs pourquoi il
y a de plus en plus de chômeurs et surtout de plus en plus de
personnes occupées à des activités inutiles ou
nuisibles. Si folie il y a, il faut hausser notre compréhension
et notre but à hauteur de la folie.
Sortir du marécage de la médiocrité
C’est être médiocre de réclamer
ou promettre de l’emploi, balayé par le progrès, au lieu
de réaliser la libération économique de l’homme,
en absorbant le chômage par la diminution de la durée du
travail imparti à chacun, en supprimant le travail inutile ou
nuisible. Ces mesures de raison ne sont possibles qu’en économie
distributive.
C’est également faire preuve de médiocrité que
de vouloir établir une impossible justice dans les impôts,
alors que l’évolution pousse à la distribution d’un revenu
social à tout le monde, ce qui rendrait l’impôt inutile
en economie distributive. Cette perspective devrait réconcilier
tous les contribuables, quelle que soit leur appartenance politique
actuelle, puisque l’impôt ne plaît à personne.
Choisir la meilleure solution
Le socialisme de type nordique ou marxiste, avec leurs
salaires dépassés par la marche du monde, sont des projets
déjà enterrés au cimetière de l’histoire,
où il serait sage de les laisser reposer dans la paix de l’éternité.
La révolution préconisée par les méchants
loups du « gauchisme » n’est plus que bêlement d’agneau
relativement à la grandiose révolution mécanicienne
en cours, qui chasse l’homme de l’activité utile et nous impose
l’économie du revenu social, ou, à défaut, l’expansion
de l’immense activité inutile ou nuisible, la préparation
à la guerre, (cent millions d’emplois dans le monde), et finalement
le paroxysme de la confusion. Nous évoluons à la fois
vers l’apocalypse de l’effondrement par la suppression de l’emploi utile,
et vers l’apothéose de l’économie distributive par la
distribution des revenus sociaux. Si nous ne choisissons et ne réalisons
pas maintenant la meilleure de ces deux possibilités, nous subirons
la plus mauvaise. Ne pas maîtriser les événements,
c’est se laisser maîtriser et emporter par eux. L’on sait qu’ils
se déroulent de plus en plus rapidement...
Le chaos économique et social ; la confusion qui règne
dans les esprits ; la multiplication des syndicats, des partis, des
organisations de défense d’intérêts catégoriels
; toutes sortes de difficultés imbriquées les unes dans
les autres, insolubles dans l’état présent des choses,
et la division des hommes entre eux, sont provoqués et aggravés
par la nécessité faite à tous les êtres humains
de gagner de l’argent pour vivre, ce qui devient de plus en plus infernal
au fur et à mesure que le progrès élimine l’emploi
utile. Mais élevons notre pensée à ce niveau de
l’évolution, et nous verrons la réconciliation s’effectuer
entre tous les membres de la société.
Dans notre monde d’inconscience, d’ignorance et de folie, il n’y a d’espérance
que dans le flambeau légué par Jacques Duboin à
ses disciples. Nous sommes isolés, traités d’utopistes,
d’illuminés, voire d’Incas (sic). Qu’importe ! Serrons les rangs
de nos maigres effectifs au milieu de la meute, afin de faciliter, suivant
nos possibilités, la venue de la société nouvelle
qui veut naître.
(Extrait d’un ouvrage en préparation).