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La catastrophe de Tchernobyl est lourde d’enseignements
et fera, pour le moins, couler beaucoup d’encre. Loin de moi, par conséquent,
l’idée de faire ici le tour d’une aussi grave question !
Mais tout de même, est-ce que la première réflexion
que suscite l’annonce que le coeur d’une centrale nucléaire est
en fusion, et qu’un nuage chargé de matières radioactives
se ballade au gré des vents, n’est pas de se dire que les craintes
exprimées par les écologistes n’étaient pas sans
fondements et qu’il importe de tenir compte des risques que fait courir
aux populations la prolifération de telles centrales, ou, pire
encore, des usines de retraitement du type de celle de la Hague ?
Eh bien NON. Le mot d’ordre officiel est d’affirmer qu’en France, toutes
les précautions ont été prises, qu’il n’y a aucun
souci à se faire puisque de hauts responsables veillent sur notre
sécurité. L’opinion publique est suffisamment conditionnée
pour admettre que les écologistes sont des marginaux, donc des
incompétents dont les objections ne peuvent faire le poids en
regard des certitudes affirmées en haut lieu.
Les raisons de ce conditionnement de l’opinion, que nous dénonçons
si souvent (*) sont ellesmêmes, évidemment, passées
sous silence par les grands médias. Au point qu’il faut signaler
comme un évènement remarquable le fait que le «
Nouvel Observateur » a eu récemment (**) le courage de
rendre la parole à celui qui fut naguère un de ses meilleurs
journalistes, Michel Bosquet, et qui dénonce le rôle que
joue la centralisation de l’Etat au niveau des décisions sur
les choix énergétiques « En France, souligne Michel
Bosquet, il y a un accord tacite entre l’industrie, l’Etat et les créateurs
de technologie pour exclure toute forme de débat sur ces choix,
y compris au Parlement. Ce verrouillage s’explique de façon assez
curieuse : un même corps d’Etat, celui des Mines (***) impose
sa loi dans l’industrie privée, dans les secteurs nationalisés
et dans les cabinets ministériels ! Vous avez les mêmes
gens comme décideurs là où s’élabore la
technologie, là où elle s’applique et là où
se prennent les décisions politiques... Il parait difficile de
faire bouger quoi que ce soit... »
Donc, on ne remet pas en cause la politique nucléaire. Mais,
par contre une mesure d’une très grande fermeté a été
décidée : celle d’interdire l’importation de toute production
agricole d’où qu’elle vienne, si c’est d’un pays de l’Est. Sans
nuance. Pas question, par exemple, de mesurer le taux de radioactivité
de ces productions pour savoir si elles ont été contaminées
ou non.
Quelle aubaine, en effet, qu’une pareille occasion ! C’est d’abord des
milliers de camions chargés de vivres qui sont ainsi immobilisés
jusqu’à ce que leurs chargements soient devenus impropres à
la consommation. Et puis un embargo général ! De mémoire
de producteur agricole européen, se lamentant depuis des années
et des années, de ne pas pouvoir vendre avec assez de profit
toute sa production, dite par conséquent « surabondante
», on n’avait pas osé rêver un moyen aussi radical
de MAINTENIR LA RARETE, donc de soutenir les cours ! Un nuage radioactif
apparait ainsi presque aussi rentable qu’une guerre ! Les Américains
ne sont d’ailleurs pas en reste : dès l’annonce de la montée
possible de la radioactivité en Ukraine, région grosse
productrice de blé, de grosses demandes de grains ont fait grimper
le prix du blé à la Bourse des Céréales
!
Ce monde, qui a les moyens d’être merveilleux, est aussi fou que
dangereux. Et il le restera aussi longtemps que la RENTABILITE, dans
toute entreprise économique, prévaudra sur son ASPECT
HUMAIN.
* voir par exemple dans « les affranchis de
l’an 2000 » le passage reproduit ci-dessous.
** dans son numéro 1122 du 9 Mai
*** ajoutons ici : ce même corps des Mines qui crut naguère
aux « avions renifleurs... »
En France, la bataille des législatives, qui
durait... depuis 5 ans, est enfin terminée : la droite est revenue
au pouvoir, avec, dans ses bagages, une extrême droite non négligeable.
Les mesures sociales vont en prendre un sacré coup ; les mesures
socialisantes - nationalisations, autorisation de licenciements etc...
- vont disparaître. La privatisation des chaînes publiques
de Télé (alors que nous avons déjà reçu
notre redevance à payer pour l’année à venir, un
comble !) est pour bientôt.
Bref, la France rentre - enfin - dans la mouvance libéraloaméricaine
comme le Japon et les autres grands pays européens Allemagne,
Angleterre, Italie. Le reaganisme triomphe.
Triomphe ? Voire.
Depuis la réunion des « cinq » à New York
le 22 septembre 1985, le dollar a baissé d’un tiers. Dans le
même temps le prix du baril de pétrole a été
divisé par trois. Nombreux sont les chantres capitalistes qui
proclament que les conditions sont réunies pour une reprise mondiale.
Je viens de lire - une fois de plus - sous une plume« experte
» que « la crise » était finie, même si
la « MUTATION » doit encore se poursuivre jusqu’aux années
1990 (du reste de plus en plus nombreux sont les économistes
et les politiques qui réfutent la notion de crise pour parler
d’une « longue mutation de 15 à 20 ans » due aux
prodigieuses découvertes technologiques etc...). La crise est
finie ?
" Les bourses prospèrent, enregistrant toujours de nouveaux
records : en 1985, + 107 à Milan,
+ 93 à Zurich, + 74 à Francfort, + 46à Paris. Le
"Matin" du 27 avril publie des courbes édifiantes sous
le titre : « Les bénéfices des entreprises en hausse
partout ».
" L’Allemagne prévoit pour 1986 une inflation zéro,
voire négative et une croissance de 4% : presque un chiffre des
30 glorieuses.
" Le Japon, par contre, s’affole, car 30 % de ses exportations
se font vers les USA. Sur les 46 milliards de dollars d’excédent
commercial, 39 proviennent des seuls USA. La baisse d’un tiers
du dollar, qui rend plus compétitifs à l’exportation les
produits américains, risque d’avoir une conséquence grave
sur la production japonaise. Et lorsque le dollar baisse trop par rapport
au yen, c’est la panique : le Japon tente de soutenir le dollar à
tour de bras. Sans grand succès.
" La France de CHIRAC va sortir de la « situation catastrophique
» dans laquelle les socialistes l’avaient mise. Songez moins de
5 % d’inflation, des entreprises nationalisées qui ont presque
toutes retrouvé leur équilibre, une police augmentée
et modernisée ; mais 3 millions de chômeurs (chiffre de...
l’ancienne opposition). Ce sujet a même « paru » la
préoccupation essentielle du Premier Ministre dans l’émission
« l’Heure de Vérité » du 23 avril les patrons
pourront licencier aisément, donc ils embaucheront ; et, comme
ils récolteront un tas d’avantages - exonération de charges
sociales, diminution des impôts sur les bénéfices
industriels et commerciaux (45 % au lieu de 50 %), rentrées sans
pénalités des capitaux planqués à l’étranger,
suppression de l’IGF -, ce sera l’EUPHORIE, LA CROISSANCE, L’EMPLOI...
On se bouscule au portillon pour racheter les assurances, ces vaches
à lait...
Il n’y a que la foi qui sauve attendons !
" Et le Tiers Monde ? Son endettement dépasse 1 000 milliards
de dollars (380 pour la seule Amérique Latine). Le Mexique est
en faillite virtuelle. Dito le Nigéria. Le Guatemala, qui vient
de sortir d’une dictature militaire de 30 années soutenue par
les USA, compte 65 % d’analphabètes, 40 à 50 % de sans
travail. De l’aveu de son nouveau président, 95 des 7 500 000
habitants manquent du nécessaire. Tout comme les habitants de
la Barbade, généreusement « libérés
» par les USA de leurs « tyrans marxistes », qui ne
comptent que 40 % de chômeurs ! Pour alléger la dette des
pays du Tiers Monde, il faudrait au moins réduire les taux d’intérêts
(actuellement 9,5 %). Conférence en janvier 1986 à Londres
sur ce sujet : échec total. Et ceux à qui le FMI prête
des fonds, avec des conditions drastiques, peuvent à peine, la
plupart du temps, avec les bénéfices de leurs exportations,
payer les intérêts de leur dette. Pauvre Tiers Monde. Même
pour les pays producteurs de pétrole, la belle vie est terminée.
" Les USA. Nous les avons gardés pour la bonne bouche.
Comme nous l’avons déjà signalé dans la G.R., pour
faire face à ses énormes déficits budgétaires
cumulés depuis plusieurs années, le gouvernement doit
avoir recours aux capitaux étrangers (1) l’épargne intérieure
étant insuffisante. C’est ce qui explique et justifie le niveau
élevé des taux d’intérêt. La baisse de ces
derniers devra être d’autant moins rapide et moins forte que le
dollar, en chutant, a perdu de son attrait de nombreux capitaux se réorientent
vers le Mark, le Yen ou le Franc Suisse. Au cours des dernières
années, la dette US s’est accrue plus vite que celle du Tiers
Monde. Les craintes d’un effondrement du dollar sont présentes
à l’esprit de tous les dirigeants du monde « libre ».
Même Reagan admet - enfin - la nécessité d’une refonte
du système monétaire international. Cependant la primauté
indécente du dollar, acquise à Bretton Woods, est le meilleur
atout des USA : la FED, en cas de risque d’insolvabilité, a le
pouvoir de créer autant de dollars que nécessaire. Et
quant au colossal déficit commercial (aux colossaux déficits,
devrions-nous dire, car cela dure depuis des années), il suffit
de faire fonctionner la planche à dollars pour l’éponger ;
ce qui est un scandaleux privilège pour le pays de plus riche
et le plus puissant du monde. Car les USA restent le plus puissant,
hélas ! Ils l’ont montré, il y a deux ans, en envahissant
la Barbade et, tout récemment, en bombardant la Lybie. Ce qui
est grave dans cet acte de « gendarme du monde » que s’est
octroyée l’Amérique de Reagan, sans même tenir compte
des avis de ses partenaires, c’est le précédent créé
pour le prétexte - justifié ou non - de base du terrorisme.
Reagan, en effet, quelques jours après le raid, dévoilait
cyniquement ses intentions : « J’espère que tous les membres
du Congrès réfléchiront au fait que les sandinistes
ont entraîné, soutenu, dirigé et pourvu en refuges
les terroristes. lis sont, en ce sens, en train d’essayer de construire
une Lybie à notre porte et ce sont les « contras »
les combattants de la liberté qui les en empêchent ».
Combien de gens ont entendu ou lu et mesuré la gravité
de ce propos, l’hypocrisie et la menace qu’il contient.
Le monde est mal parti. Il continue à s’enfoncer dans la misère :
la société duale - miséreux et chômeurs d’un
côté, riches, toujours plus riches de l’autre - est en
train de s’installer au niveau planétaire sans que l’économie
périclite comme dans les années 30 ; la guerre, les guerres
sont de plus en plus nombreuses et meurtrières. Bien sûr,
cela n’empêche pas la vie de continuer, les oiseaux en ce printemps
de nous réveiller par leurs cris de joie exubérante. Pour
quand un embryon d’Economie Distributive ? Il semble brusquement. en
ce printemps 1986, que la cupidité et la folie des principaux
dirigeants aient fait reculer cet espoir. A moins qu’un jour tous ces
déshérités, tous ces chômeurs...
Mais sans doute faut-il être distributiste pour optimisme garder,
quand on constate que, d’après une enquête RMC-Libération
faite le 16 mars auprès de 4229 électeurs venant de voter,
47 % des chômeurs ont voté à droite (14 % pour Le
Pen) contre 46 % pour le PC-PS ; tout comme les chômeurs Anglais
avaient voté à plus de 50 % pour madame Tatcher au lendemain
de la guerre des Malouines.
(1) Les intérêts payés à l’étranger ont fini par dépasser les entrées. de capitaux frais. La dette US atteint 50 % du PIB et les intérêts représentent 5 % de ce PIB.
Si un étranger commande en France 20 mètres
d’une marchandise ou 50 kilos d’une autre, il recevra, que ce soit quelques
jours ou quelques semaines plus tard, l’équivalent exact, en
mesures en usage chez lui, du nombre de mètres (étalon
de longueur) ou de kilos (étalon de poids) attendus. Mais il
ne réglera pas dans sa monnaie nationale l’équivalent
exact du prix fixé en francs. Le Français, lui, quel que
soit le jour du règlement, bénéficiera du prix
affiché. Le Franc est en effet, n’en déplaise à
maints économistes, l’étalon de valeur des marchandises
et des services, et les prix ne varient qu’en fonction d’une baisse
ou d’une hausse intérieure des dits prix.
Si les étrangers ne paient jamais, d’un jour à l’autre,
le même prix en francs, dans leurs monnaies respectives, c’est
parce que leurs compatriotes, boursiers et spéculateurs, font
chaque jour varier, par leurs ventes et achats, la valeur du franc,
cet étalon ainsi devenu marchandise... et variable. La réciproque
est vraie.
Personne, jamais, n’a trouvé à redire à cette aberration.
Chacun suit anxieusement le cours de sa monnaie, qui fut longtemps basée
sur l’or. Mais même dans les pays où ce n’est plus le cas,
le cours de l’or est suivi attentivement (la télévision
ne nous en prive pas) puisque cette référence, ancienne
ou actuelle, cet étalon, est aussi coté, et donc variable.
Quant au mythe de ce métal dit précieux, mais utile aux
seuls bijoutiers et à quelques laboratoires...
Chacun trouve donc normal que dévaluations et réévaluations
se succèdent, que le marché soit aussi variable que l’humeur
des « spécialistes », qu’une monnaie, le dollar (devenu
inconvertible en or, et dont la valeur varie chaque jour - la télévision
nous renseigne aussi là-dessus), remplace l’or comme référence-étalon,
que le monde soit à la merci de cette folie quotidienne et permanente.
Concernant notre pays, dont la sécurité est le souci de
tous et l’indépendance le cheval de bataille des successifs gouvernements,
nous regrettons de dire que l’une et l’autre sont, à chaque heure
de chaque jour ouvrable, à la merci de ces spéculations
: si un geste quelconque d’un gouvernement « avancé »
heurtait les principes immuables de la finance internationale (cf le
Chili), le franc, dans l’heure suivant le geste, ne vaudrait plus rien.
Voilà sur quoi repose l’indépendance de la France.
Nous croyons devoir signaler que, pour éviter une éventuelle
catastrophe, il suffit de décider que le franc est retiré
des cotations et qu’il est réservé à la consommation
intérieure. Ceci n’a rien de révolutionnaire car trois
pays d’Afrique du Nord et tous les pays de l’Est ont une monnaie dite
inconvertible, c’est-à-dire non cotée sur les places étrangères.
Grâce au système dit de la compensation, ils assurent leurs
échanges avec l’extérieur... et leur crédibilité.
Et aucune manoeuvre spéculative extérieure ne peut porter
atteinte à leur sécurité.
L’Ecu aurait pu être le recours à la raison... s’il n’était
lui aussi variable puisque sa valeur est calculée à partir
d’un « panier » de devises variables. Alors, quitte à
revenir sur des engagements divers et imprudents, quel gouvernement
aura assez de lucidité et de courage pour proposer enfin au Parlement
cette déclaration d’indépendance - et de sécurité
financière - de la France, dont la stabilité est plus
exposée à ce type de terrorisme qu’à l’autre ?
L’étude de l’opposition entre la méthode « mécaniste » et la méthode « holistique », publiée le mois dernier dans ces dossiers, à partir du livre de Fritjof CAPRA intitulé « LE TEMPS DU CHANGEMENT », a intéressé de nombreux lecteurs. Nous la poursuivons ici par les conséquences de cette opposition dans deux domaines vitaux : la médecine et l’agriculture et par un passage sur les industries pharmaceutiques aux Etats-Unis
L’opposition entre l’approche mécaniste et
l’approche holistique se manifeste parallèlement dans la médecine
et dans l’agriculture. Un fermier, comme un médecin, s’occupe
d’organismes vivants, puisqu’un sol fertile est vivant, il est un écosystème
composé de milliards d’organismes par centimètre cube,
dans lequel les substances essentielles à la vie évoluent
par cycles (plantes - animaux - bactéries du sol - plantes) et
qui réagissent entre eux. Comme pour la santé d’un être
humain, le souci doit être de maintenir un équilibre entre
les parties, équilibre qui inclut la complexité du tout,
des relations entre les éléments et l’ensemble, et qui
est destiné à éviter un développement pathologique
d’un des éléments : à la pratique holistique de
la médecine correspond donc ce que nous appelons l’agriculture
biologique. Tandis qu’à l’opposé, le traitement mécaniste
du sol par les agriculteurs correspond au même développement
capitaliste de l’industrie pétrochimique que le traitement mécaniste
des malades par les médecins, pour l’industrie pharmaceutique.
Tandis que ces industries se développaient, les banques, avec
l’appui de la publicité, faisaient pression sur les agriculteurs
pour les convaincre qu’il gagneraient beaucoup plus d’argent en traitant
la terre par utilisation massive de fertilisants et de pesticides chimiques,
et en plantant sur de grands espaces une seule culture RENTABLE. Ce
nouveau style te culture a favorisé les grandes coopératives
agricoles possédant de gros capitaux. Ceci a poussé les
agriculteurs à s’endetter, ce qui les condamnait à continuer
dans le même sens ou à abandonner... et a obligé
les fermiers qui travaillaient en famille en s’en tenant aux méthodes
traditionnelles à abandonner la terre. Et c’est ainsi, souligne
Capra que « trois millions de fermes ont disparu, depuis 1945,
aux Etats-Unis, obligeant les familles à augmenter, dans les
villes, les masses de chômeurs victimes de la « Révolution
Verte ».
La culture dans son ensemble a été « transformée
en une immense industrie dans laquelle les agriculteurs ont perdu leur
liberté : ils ne cultivent plus ce que le sol leur indique ou
ce dont les gens ont besoin ». Ils cultivent concluons-nous ce
que commandent la RENTABILITE CAPITALISTE de leurs entreprises et les
banques qui les soutiennent : « Les corporations géantes
ont transformé l’Amérique rurale en une colonie ».
Des chiffres :
Depuis 1945, l’emploi des fertilisants chimiques a été
multiplié par 6 dans les fermes américaines, celui des
pesticides par 12, et 60 % des coûts alimentaires servent à
l’achat de pétrole. De plus, à chaque développement
de cette « industrie agricole », l’endettement des fermiers
ne cesse d’augmenter. Ajoutons que certains produits chimiques, trop
dangereux, ayant été interdits aux Etats-Unis, les compagnies
pétrolières les vendent au Tiers-Monde (... nous les consommons
donc dans les fruits et légumes importés de ces pays),
tout comme les compagnies pharmaceutiques y vendent les médicaments
jugés dangereux dans les pays « développés
».
Là encore, l’analyse de Capra rejoint donc parfaitement la nôtre, confirmant en particulier ce qu’a écrit Franz Foulon dans « Survivre ou périr ensemble ». Capra fait référence à une étude détaillée, rapportée par F.M. Lappé et J. Collins, fondateurs de l’« Institute for Food and Development Policy » qui conclut : « La pénurie de nourriture est un mythe et le commerce agricole à grande échelle ne résout pas le problème » (de la faim) « au contraire, il ne fait que le perpétuer et l’aggraver. Le problème n’est pas de savoir comment accroitre la production, mais plutôt de savoir ce qui est cultivé et qui en bénéficie... SE CONTENTER D’INTRODUIRE DE NOUVELLES TECHNOLOGIES DANS UN SYSTEME POURRI PAR LES INEGALITES SOCIALES NE RESOUDRA JAMAIS LE PROBLÈME DE LA FAIM ». Une recherche dirigée par ces mêmes auteurs a révélé qu’il n’existe aucun pays au monte où la population ne pourrait se nourrir de ses propres ressources et que la masse de nourriture produite actuellement dans le monte est suffisante pour alimenter correctement HUIT milliards d’individus.
Des exemples, des chiffres :
- En Amérique Centrale, plus de la moitié de la terre
cultivable, - la partie la plus fertile - est utilisée pour faire
pousser des noix te cajou pour l’exportation alors que 70 % des enfants
y sont sous-alimentés.
- Au Sénégal, les légumes destinés à
être exportés vers l’Europe sont cultivés sur les
terres de qualité supérieure alors que la majorité
de la population rurale du pays a faim.
- Les terres riches et fertiles du Mexique, qui produisaient une douzaine
d’aliments locaux différents, sont aujourd’hui consacrées
à la culture des asperges pour les gourmets européens.
D’autres propriétaires terriens s’y tournent vers la culture
du raisin pour faire du Brandy !
- En Colombie, on abandonne le blé pour cultiver des oeillets
exportés aux Etats-Unis.
Il faut, concluent ces auteurs, que les cultures industrielles ne soient
plantées pour l’exportation que lorsque les habitants auront
satisfait leurs besoins primaires de nourriture. L’exportation ne doit
être considérée que comme une extension des besoins
domestiques.
Il importe, conclut à son tour F. Capra, que nous réalisions
que ce n’est pas par les masses affamées du Tiers-Monte que notre
sécurité alimentaire est menacée, mais bien par
les grands trusts agro-alimentaires qui perpétuent cette famine
massive.
C’est-à-dire, concluons-nous enfin, par le système du
profit, grâce auquel affamer le Tiers-Monde, tout en détruisant
l’environnement, est financièrement RENTABLE.
Aux États-Unis
Cette industrie est contrôlée par la
PHARMACEUTICAL MANUFACTURERS ASSOCIATION (PMA), étroitement liée
à l’AMERICAN MEDICAL ASSOCIATION (AMA) dont une bonne partie
des revenus provient de la publicité réalisée dans
les revues médicales. Le plus important de ces périodiques
est le Journal of the American Medical Association (JAMA) dont le but
est, en principe, de tenir les médecins informés des nouveautés,
mais qui, en fait, est largement dominé par les intérêts
de l’industrie pharmaceutique : La plupart des revues médicales
tirent la moitié de leurs revenus des publicités provenant
des compagnies pharmaceutiques.
Cette dépendance financière affecte évidemment
la politique éditoriale de ces revues, et engendre des conflits
d’intérêts dont F. Capra cite un exemple : une certaine
hormone, la Norlutine s’est avérée avoir des effets nocifs
et, selon un rapport paru en 1960 dans le JAMA, ses effets secondaires
nocifs se produisaient « avec une fréquence suffisante
pour déconseiller son utilisation et s’opposer à ce qu’elle
soit présentée comme une hormone sans danger durant une
grossesse ». Pourtant, dans le même numéro paraissait
une publicité pleine page pour la Norlutine, et il en alla de
même durant les trois mois suivants. A aucun moment cette annonce
ne fit allusion à des effets secondaires. Finalement, le médicament
fut retiré de la circulation. F. Capra ajoute : « Ceci n’est
pas un cas isolé. l’A MA a systématiquement négligé
d’informer les médecins quant aux effets secondaires des antibiotiques,
qui sont les médicaments les plus fréquemment prescrits
par les médecins ainsi que les plus dangereux pour les patients.
Les prescriptions inutiles ou injustifiées d’antibiotiques sont
causes de milliers de décès, et pourtant, l’AMA fournit
un espace publicitaire illimité à leur promotion, sans
jamais chercher à décourager cette pratique. Cette attitude
irresponsable n’est certes pas sans rapport avec le fait que les antibiotiques
- après les sédatifs et les tranquillisants - fournissent
à l’American Medical Association les plus importantes recettes
publicitaires.
La publicité pharmaceutique est conçue pour pousser les
médecins à prescrire toujours plus de médicaments.
Naturellement, ils sont toujours décrits comme étant la
solution idéale pour toute une série de problèmes
quotidiens. Des situations stressantes ayant des origines physiques,
psychologiques ou sociales seront apaisées grâce à
un traitement médicamenteux ; c’est du moins ce qu’affirme la
publicité. Ainsi, les tranquillisants sont présentés
comme des remèdes à la « dépression réactionnelle
» ou à une « mauvaise intégration »
et d’autres médicaments conviennent merveilleusement bien pour
détendre des personnes âgées ou calmer des écoliers
turbulents. Le ton de certaines publicités, s’adressant aux médecins,
est tout simplement horrifiant pour le profane, surtout lorsqu’elles
prônent des traitements destinés aux femmes. Elle sont
les plus grandes victimes des traitements médicamenteux : elles
consomment plus de 60 % de tous les médicaments psychotoniques
et plus de 70 % de tous les antidépresseurs. Les publicités
conseillent souvent aux médecins, en termes carrément
sexistes, de se débarrasser de leurs patientes en leur prescrivant
des tranquillisants pour des maux vagues.
L’influence des fabricants de médicaments sur les soins médicaux
s’étend bien au-delà des annonces publicitaires. Aux EtatsUnis,
le Physician’s Desk Reference est l’ouvrage de référence
le plus populaire consacré aux médicaments et plus de
75 % des médecins le consultent régulièrement.
Il recense tous les médicaments disponibles sur le marché,
définit leur utilisation, recommande leur dosage et signale leurs
effets secondaires. Toutefois, cet ouvrage courant n’est rien moins
qu’un ramassis de publicités directes, puisque tout son contenu
est préparé et payé par les compagnies pharmaceutiques
et qu’il est distribué gratuitement à tous les médecins
du pays. La plupart des médecins ne reçoivent aucune information
sur les médicaments de pharmacologues indépendants et
objectifs, mais bien celle de producteurs passés maîtres
dans la manipulation des médias. Nous pouvons estimer cette influence
en remarquant combien il est rare que les médecins utilisent
les termes adéquats lorsqu’ils parlent de médicaments
; généralement, ils emploient et donc promotionnent les
noms de marque créés par les compagnies pharmaceutiques.
Mais la force de vente de l’industrie pharmaceutique
est encore beaucoup plus influente que sa publicité dans les
manuels ou les revues. Pour vendre leur marchandise, ces représenants
saturent les médecins de propos mielleux, d’échantillons
et de toute sorte de gadgets promotionnels. De nombreuses compagnies
leur offrent des prix, des cadeaux et des primes, en fonction de la
masse de médicaments qu’ils ont prescrits - enregistreurs, calculatrice
de poche, lave-vaisselle, réfrigérateurs et téléviseurs
portables. D’autres offrent des « séminaires éducatifs
» sous forme de weekends prolongés aux Bahamas, tous frais
payés. On estime que les compagnies pharmaceutiques consacrent
dans l’ensemble une moyenne de 20 000 F par an et par médecin
à de tels gadgets, ce qui représente 65 % de plus que
ce qu’ils consacrent à la recherche et au développement.
Chiffres éloquents. Et en France ?
Les procédés employés par les
industries pharmaceutiques aux Etats-Unis et rapportés par F.
Capra sont édifiants. Comment espérer que nous soyons
mieux informés que les Américains sur les risques que
comportent certains soins ?
Cette question nous incite à publier, bien que ce ne soit pas
dans le domaine spécifique de la Grande Relève, un questionnaire
proposé par un de nos lecteurs, Georges Petit, décidé
a mener sa propre enquête sur un sujet qui a attiré son
attention : le danger que peut entrainer pour l’organisme la ,pose de
plombages dentaires, à base d’amalgame, donc de mercure. Les
dentistes connaissant pour eux-mêmes, les dangers qu’ils courent
en faisant ces amalgames, ont-ils observé des effets nocifs sur
leurs patients ?
1° Qui a des exemples précis de cette nocivité à
signaler ?
2° Qui, en tant que dentiste, a observé cette nocivité
sur un client ?
3° Qui, en tant que dentiste, a une expérience concernant
des produits remplaçant ces « plombages » ?
4° Qui connait des laboratoires, français ou étrangers,
pratiquant la trichanalyse (analyse des cheveux pour y détecter
le pourcentage en métaux toxiques) ?
5° Qui connait d’autres moyens de détecter la présence
de métaux toxiques ?
6° Qui est au courant d’essais sérieux permettant de conclure
si les amalgames ou autres métaux mis en bouche sont ou non «
iatrogènes »
Toute réponse concernant cette enquête
est à adresser directement à Georges Petit, Ingénieurconseil,
10 avenue de Salonique, 75017 Paris (téléphone 45.74.38.33)
Pour plus d’information sur ce sujet des amalgames d’obturation dentaire,
voir une étude d’un autre de nos lecteurs, Denis Bloud, publiée
dans le « Document-Santé n° 18, en Suisse, Avenue de
la Vogeaz 15, CH 1110 Morges (téléphone 021.71.26.79)
Le déclin des impérialismes ouesteuropéen
est général. « L’Europe industrielle est-elle encore
compétitive ? « demande une publication spécialisée
: Actualité industrielle, économique et sociale, qui répondait
ainsi : « Si la communauté n’avait pas enregistré
d’aussi bons résultats dans les exportations agroindustrielles
et celles des matières premières, sa performance globale
aurait été beaucoup plus mauvaise. Pour l’ensemble des
produits manufacturés, son industrie a perdu du terrain par rapport
au Japon et aux Etats-Unis. La communauté ne s’affirme comme
leader dynamique dans aucun secteur. »
Pourquoi ?
Parce qu’un système monétaire est à l’image du
système économique. Il ne peut y avoir intégration
monétaire là où il n’y a pas intégration
économique. La seule forme « d’unification » proposée
par la C.E.E. est celle qui se réalise sous le talon de fer des
U.S.A., écrasant non seulement la classe ouvrière et la
paysannerie mais aussi accentuant le fossé entre C.E.E. et U.S.A.,
entre R.F.A. et le reste de la C.E.E... Voilà pourquoi c’est
directement dans le cadre des relations monétaires internationales
que se règle le cours de chaque monnaie et que, par exemple,
la crise de la lire italienne, l’été dernier, loin d’être
contenue par la S.M.E. (système monétaire européen),
a constitué un facteur de crise pour ce dernier.
Nous sommes à présent placés face à une
réalité en apparence contradictoire. D’un côté,
l’Europe ne peut se construire dans le cadre de la C.E.E., qui consomme
la division de l’Europe en deux et qui vit toutes les convulsions du
système impérialiste dans sa période de déclin,
et dans ses épicentres de déclin impérialiste.
D’un autre côté, et précisément en rapport
avec cette situation, il est incontestable que le rôle de la C.E.E.,
rôle dans lequel la présidence politique d’un Delors prend
toute sa signification, ne fait que se renforcer. Bruxelles (qui n’en
peut rien) est devenue le « quartier général »
d’où s’ordonnent, dans leurs grandes lignes, mais aussi dans
leurs détails, tous les plans meurtriers contre la classe ouvrière
et la paysannerie de chacun des pays de la C.E.E.
Il est significatif, que, chaque jour davantage, la C.E.E. s’immisce
dans le détail de la définition des politiques à
mettre en oeuvre dans chaque pays. Ainsi, cette recommandation typiquement
corporatiste, enjoignant aux gouvernements, pour lutter contre le chômage,
que gouvernements, travailleurs et patrons « travaillent ensemble
de manière permanente ». Ainsi le programme d’action de
60 millions de dollars adopté l’été dernier dans
le but d’organiser la coopération université-industrie
dans l’ensemble de la C.E.E. Ainsi, encore, ce rapport économique
annuel de la commission européenne, examinant la situation de
chaque pays, dans lequel on relève que le gouvernement français
doit « persévérer dans la rigueur », laquelle
« n’implique pas seulement une évolution appropriée
des salaires, mais aussi des ajustements d’effectifs parfois importants
»...
Naturellement, les conséquences de cette offensive d’ensemble
se manifestent de façon différenciée, en relation
avec la puissance relative de chaque bourgeoisie. Ainsi, il est évident
que, de tous les pays qui composent la C.E.E., la R.F.A. est celui qui
préserve le mieux sa position dominante (relative, car dans le
cadre de la domination du capital U.S. sur l’Europe et la R.F.A.).
Nous ne sommes donc pas près de voir la « sortie du tunnel
».
De l’extrême droite à l’extrême gauche, comment allons-nous
résorber l’inquiétant chômage, moderne fléau
de l’économie actuelle ?
Et si on changeait ?
Partager le travail entre tous ? Certainement. Mais partager aussi entre
tous, les richesses produites, que ce soit par les hommes ou par les
robots.
Par l’économie distributive !
L’état actuel de la conjoncture mondiale m’incite,
en tant que vieux militant distributiste et Citoyen du Monde, à
expliquer pourquoi je crois le moment propice pour unifier vos efforts.
Vous servez, chacun à votre manière... un même idéal,
celui de l’amélioration des rapports humains pour obtenir une
société plus belle et plus juste. Nous avons compris,
depuis longtemps, que la destruction menace l’humanité, avant
qu’elle ait réalisé cet idéal. Les slogans, que
ce soit « UN OU ZERO » de G. Marchand ou « l’économie
distributive ou l’anéantissement de l’humanité »,
montrent bien le parallélisme de vos ambitions.
Pacifiste depuis la guerre de 1914, j’ai connu bien des déboires
dans ma quête pour un monde meilleur. Il est temps de faire le
point.
Les buts du « mondialisme » et de ce qu’on appelle maintenant
« l’économie libérée » me semblent
tellement proches qu’il faut examiner les possibilités de chaque
organisation.
Les mondialistes, à part quelques enragés dans mon genre,
travaillent pour un futur lointain. Il leur faut, pour arriver à
changer les mentalités, un long et profond travail. La création
par eux du « Congrès des peuples », a été,
après la création du « Registre International des
Citoyens du Monde » le peau finement de ce que l’on peut appeler
l’infrastructure du monde dont ils rêvent... Mais je n’accepte
pas facilement de travailler pour le long terme quand la catastrophe
peut être proche.
L’Economie Libérée est aidée inconsciemment mais
puissamment par ce que j’appellerais « le sens de l’histoire ».
Elle n’a peut-être pas, comme les mondialistes, des structures
de base, encore bien fragiles, il est vrai ; mais elle a pour elle des
atouts qui me semblent bien plus réels, comme l’accélération
de l’économie. Elle a, certes, ses propagandistes et ses écrivains
souvent talentueux, mais elle a surtout la démonstration éclatante
de l’évolution des rapports économiques et de la mutation
qui en résultera pour la société humaine, et qui
semble se rapprocher. Dans la « Grande Relève »,
j’ai souvent lu des commentaires sur le livre « La Crise Finale
» d’Ervin Lazlo ; celui-ci emploie le langage scientifique pour
expliquer que la mutation économique est inévitable dans
un délai qui ne dépassera pas de beaucoup le début
du prochain siècle.
Amis mondialistes et amis distributitifs, c’est le moment d’unir vos
efforts pour que cette mutation qui me semble inéluctable débouche
vers l’idéal qui nous anime. Réfléchissez ensemble
sur le travail à accomplir. Le vieil homme que je suis devenu
vous regarde avec une certaine appréhension : saurez-vous unir
vos efforts et, surtout, être efficaces ?
TESTAMENT
Aucun homme politique, aucun dirigeant syndical n’ose dire la vérité
concernant le chômage. Ou peut-être ne veut-il pas la voir.
De la part des politiciens cela n’a rien d’étonnant, mais les
chefs syndicalistes qui, en principe, baignent dans les réalités
du monde du travail, doivent bien se rendre compte de la situation,
qui est évidente : le chômage, non seulement ne pourra
pas être résorbé, mais continuera d’augmenter sans
arrêt
Pour une raison très simple l’homme n’est plus indispensable
pour faire ce qui doit être fait. Non seulement il n’est plus
indispensable, non seulement il est devenu inutile, mais il est à
écarter, à bannir du lieu de travail. Ce qu’il faisait,
les machines, maintenant, le font mieux que lui, plus vite, sans fatigue,
sans arrêt,
L’« enchanteur » qui nous a quittés le 24 novembre
1985 n’a donc pas eu le temps de terminer la phrase qu’il a laissée
sur une virgule... à coté du manuscrit, se trouvaient
deux notes superbes que l’on peut considérer à la fois
comme son testament, et son dernier souhait :
Tout s’accélère. Tout va aller très vite. Un nouveau
monde va naître, sans doute dans les douleurs. Nous arrivons à
la fin des temps barbares. Le monde nouveau sera le vôtre (celui
des jeunes). Faites le bien.
Peut-être, familiarisé avec l’idée de mourir, l’homme
choisira son temps de vie et s’en ira à sa volonté.
Extrait de « demain le paradis » de René Barjavel, et transmis par S.S., d’Agen
***
LE SURPLUS AMERICAIN
Le problème est tel, que le total des surfaces de bureaux disponibles
(ou en construction) dans les 22 plus grandes villes des Etats-Unis,
représente l’équivalent de 150 fois la surface de l’Empire
State building de New York, « Nous avons trop construit et ceci
dans des proportions sans précédent » avouait récemment
J. Mc Donald Williams, l’un des plus grands promoteurs immobiliers.
Le marché de l’immobilier du bureau s’aggrave de jour en jour :
en cinq ans, le taux d’inoccupation a augmenté de 12,5 % (16
% en 1985 contre 3,5 % en 1980). La mévente a pris des proportions
alarmantes dans certains états de la Sunbelt : 28,3 de bureaux
vides à Fort Lauderdale (Floride), 24 % à Phoenix (Arizona),
22,7 % à New Orléans (Louisianne). Comparativement, le
nord de la côte Est résiste mieux à la tendance
avec seulement 14,3 % de surfaces libres à Boston (Massachusetts),
13,7 % à Chicago (Michigan) et seulement 7,4 % à Manhattan
qui reste l’endroit où la demande est la plus forte.
Cette mauvaise conjoncture n’a pas épargné les secteurs
résidentiel et hôtelier. Le marché du condominium,
qui était en pleine expansion jusqu’à l’année dernière
(2,5 millions d’unités livrées en 10 ans) commence aussi
à s’effriter. Du côté de l’industrie hôtelière,
les patrons de chaîne regrettent le boom hôtelier qu’ils
ont encouragé jusqu’à maintenant. A Houston (Texas) par
exemple, où les ressources hôtelières ont pratiquement
doublé en cinq ans, portant le nombre de chambres à 34
000, le taux de remplissage n’arrive pas à dépasser les
50 % (65 % dans le reste des USA).
Extrait de « ArchitectesArchitecture », n° 163 de décembre 1985
***
PAS TOUJOURS LES MÊMES
Nous avons 10 % de chômeurs en France. Les 10 au chômage
sont payés par les 90 qui travaillent. De sorte qu’une entreprise
de 90 ouvriers verse en réalité 90 salaires, plus 90 cotisations,
pour indemniser 10 chômeurs. Si cette entreprise disait aux 10
chômeurs : « Venez travailler avec nous, et nous vous verserons
directement nos cotisations. Nous allons établir un roulement
de telle sorte que, à tour de rôle, chaque ouvrier travaillera
9 semaines et partira une semaine en « chômage » (..)
Il faut que nous changions notre façon de concevoir le chômage.
Le chômage est normal. Plus nous moderniserons et plus nous aurons
de temps libre, c’est-à-dire, avec notre système actuel,
du chômage avec son cortège de misère et de découragement.
Le temps libre dégagé par la machine devrait être
source de joie et d’épanouissement de la personne humaine. D’un
côté, nous nous émerveillons de voir bientôt
des robots aller tout seuls cueillir les pêches. En même
temps, nous pleurons parce que l’horticulteur n’aura plus de travail.
Il faudrait savoir ce que l’on veut. Le chômage ne devrait pas
être considéré comme une catastrophe à combattre,
mais comme un bienfait à organiser. Que ce ne soit pas toujours
les mêmes qui le subissent, mais que tout le monde en profite.
Extrait de « La Vie », n° 2110 et transmis par Mme Escudier, de Narbonne
UN MONDE FOU, FOU, FOU !
Chômage, violences, meurtres, un certain refus de notre société
par beaucoup de jeunes. Que nous arrive- t-il ? Le monde serait-il devenu
fou ?
Je crois qu’il est en train de le devenir. La faute en incombe à
la crise structurelle du système économique mondial, capitaliste
libéral à l’ouest et capitaliste d’Etat à l’est.
Le système basé sur l’économie de marché
qui était un stimulant bénéfique lors des premiers
balbutiements de l’industrie, est devenu maintenant un instrument de
régression sociale, condamné à s’autodétruire
puisque étant complètement inadapté à l’époque
de l’informatique et de la robotique.
Il fait de la machine, la rivale de l’homme au lieu d’en faire sa servante
et cela au nom de la compétitivité.
Effectivement, que se passe-t-il actuellement ? Les sociétés
industrielles et commerciales du monde entier se livrent une véritable
guerre économique, par le biais de la concurrence. Pour rester
compétitives, elles remplacent de plus en plus les hommes par
des machines auxquelles aucun salaire n’est nécessaire, alors
qu’il aurait dû être possible de garder le personnel en
réduisant le nombre d’heures de travail, pour un salaire identique.
Hélas ! quelques petits malins ont trouvé dans la machine,
une complice à leurs bas calculs pour couler la concurrence et
ils préfèrent licencier du personnel, afin de réduire
les frais de gestion, pour parvenir à leurs fins, tout en faisant
d’énormes profits.
Cette pratique s’est généralisée et le nombre de
chômeurs a atteint un seuil difficilement supportable. Or, ces
chômeurs n’étant plus des clients, puisque de moins en
moins assistés, vu leur nombre croissant, les entreprises subissent
en retour de leurs mauvaises actions, une mévente les obligeant
à limiter leur production, ce qui se traduit pas de nouveaux
licenciements.
Cette économie de marché est donc engagée dans
un cycle infernal et dans moins d’une décennie, nous arriverons
à cette aberration :
Dans le monde entier, peu de gens travailleront sur des ordinateurs
couplés à des robots et seront capables de produire une
énorme quantité de biens de consommation. Or, ces richesses
ne trouveront pas d’acquéreurs puisque la majorité des
humains sera au chômage, donc, sans ressource. Nous mourrons de
misère au milieu d’une abondance inaccessible.
Il serait donc temps de penser à une autre’ manière de
vivre, si nous voulons éviter une véritable catastrophe.
Extrait du « Progrès de Lyon » lettre de R. Rondel (Corbas)