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L’étude de l’opposition entre la méthode « mécaniste » et la méthode « holistique », publiée le mois dernier dans ces dossiers, à partir du livre de Fritjof CAPRA intitulé « LE TEMPS DU CHANGEMENT », a intéressé de nombreux lecteurs. Nous la poursuivons ici par les conséquences de cette opposition dans deux domaines vitaux : la médecine et l’agriculture et par un passage sur les industries pharmaceutiques aux Etats-Unis
L’opposition entre l’approche mécaniste et
l’approche holistique se manifeste parallèlement dans la médecine
et dans l’agriculture. Un fermier, comme un médecin, s’occupe
d’organismes vivants, puisqu’un sol fertile est vivant, il est un écosystème
composé de milliards d’organismes par centimètre cube,
dans lequel les substances essentielles à la vie évoluent
par cycles (plantes - animaux - bactéries du sol - plantes) et
qui réagissent entre eux. Comme pour la santé d’un être
humain, le souci doit être de maintenir un équilibre entre
les parties, équilibre qui inclut la complexité du tout,
des relations entre les éléments et l’ensemble, et qui
est destiné à éviter un développement pathologique
d’un des éléments : à la pratique holistique de
la médecine correspond donc ce que nous appelons l’agriculture
biologique. Tandis qu’à l’opposé, le traitement mécaniste
du sol par les agriculteurs correspond au même développement
capitaliste de l’industrie pétrochimique que le traitement mécaniste
des malades par les médecins, pour l’industrie pharmaceutique.
Tandis que ces industries se développaient, les banques, avec
l’appui de la publicité, faisaient pression sur les agriculteurs
pour les convaincre qu’il gagneraient beaucoup plus d’argent en traitant
la terre par utilisation massive de fertilisants et de pesticides chimiques,
et en plantant sur de grands espaces une seule culture RENTABLE. Ce
nouveau style te culture a favorisé les grandes coopératives
agricoles possédant de gros capitaux. Ceci a poussé les
agriculteurs à s’endetter, ce qui les condamnait à continuer
dans le même sens ou à abandonner... et a obligé
les fermiers qui travaillaient en famille en s’en tenant aux méthodes
traditionnelles à abandonner la terre. Et c’est ainsi, souligne
Capra que « trois millions de fermes ont disparu, depuis 1945,
aux Etats-Unis, obligeant les familles à augmenter, dans les
villes, les masses de chômeurs victimes de la « Révolution
Verte ».
La culture dans son ensemble a été « transformée
en une immense industrie dans laquelle les agriculteurs ont perdu leur
liberté : ils ne cultivent plus ce que le sol leur indique ou
ce dont les gens ont besoin ». Ils cultivent concluons-nous ce
que commandent la RENTABILITE CAPITALISTE de leurs entreprises et les
banques qui les soutiennent : « Les corporations géantes
ont transformé l’Amérique rurale en une colonie ».
Des chiffres :
Depuis 1945, l’emploi des fertilisants chimiques a été
multiplié par 6 dans les fermes américaines, celui des
pesticides par 12, et 60 % des coûts alimentaires servent à
l’achat de pétrole. De plus, à chaque développement
de cette « industrie agricole », l’endettement des fermiers
ne cesse d’augmenter. Ajoutons que certains produits chimiques, trop
dangereux, ayant été interdits aux Etats-Unis, les compagnies
pétrolières les vendent au Tiers-Monde (... nous les consommons
donc dans les fruits et légumes importés de ces pays),
tout comme les compagnies pharmaceutiques y vendent les médicaments
jugés dangereux dans les pays « développés
».
Là encore, l’analyse de Capra rejoint donc parfaitement la nôtre, confirmant en particulier ce qu’a écrit Franz Foulon dans « Survivre ou périr ensemble ». Capra fait référence à une étude détaillée, rapportée par F.M. Lappé et J. Collins, fondateurs de l’« Institute for Food and Development Policy » qui conclut : « La pénurie de nourriture est un mythe et le commerce agricole à grande échelle ne résout pas le problème » (de la faim) « au contraire, il ne fait que le perpétuer et l’aggraver. Le problème n’est pas de savoir comment accroitre la production, mais plutôt de savoir ce qui est cultivé et qui en bénéficie... SE CONTENTER D’INTRODUIRE DE NOUVELLES TECHNOLOGIES DANS UN SYSTEME POURRI PAR LES INEGALITES SOCIALES NE RESOUDRA JAMAIS LE PROBLÈME DE LA FAIM ». Une recherche dirigée par ces mêmes auteurs a révélé qu’il n’existe aucun pays au monte où la population ne pourrait se nourrir de ses propres ressources et que la masse de nourriture produite actuellement dans le monte est suffisante pour alimenter correctement HUIT milliards d’individus.
Des exemples, des chiffres :
- En Amérique Centrale, plus de la moitié de la terre
cultivable, - la partie la plus fertile - est utilisée pour faire
pousser des noix te cajou pour l’exportation alors que 70 % des enfants
y sont sous-alimentés.
- Au Sénégal, les légumes destinés à
être exportés vers l’Europe sont cultivés sur les
terres de qualité supérieure alors que la majorité
de la population rurale du pays a faim.
- Les terres riches et fertiles du Mexique, qui produisaient une douzaine
d’aliments locaux différents, sont aujourd’hui consacrées
à la culture des asperges pour les gourmets européens.
D’autres propriétaires terriens s’y tournent vers la culture
du raisin pour faire du Brandy !
- En Colombie, on abandonne le blé pour cultiver des oeillets
exportés aux Etats-Unis.
Il faut, concluent ces auteurs, que les cultures industrielles ne soient
plantées pour l’exportation que lorsque les habitants auront
satisfait leurs besoins primaires de nourriture. L’exportation ne doit
être considérée que comme une extension des besoins
domestiques.
Il importe, conclut à son tour F. Capra, que nous réalisions
que ce n’est pas par les masses affamées du Tiers-Monte que notre
sécurité alimentaire est menacée, mais bien par
les grands trusts agro-alimentaires qui perpétuent cette famine
massive.
C’est-à-dire, concluons-nous enfin, par le système du
profit, grâce auquel affamer le Tiers-Monde, tout en détruisant
l’environnement, est financièrement RENTABLE.