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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles > N° 778 - mai 1980

 

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N° 778 - mai 1980

Où sont les utopies d’antan ?   (Afficher article seul)

Le rêve   (Afficher article seul)

Priorités   (Afficher article seul)

Au fil des jours   (Afficher article seul)

Le pétrole, c’est pas du bidon   (Afficher article seul)

Mystification, soumission   (Afficher article seul)

Surtout pas de panique   (Afficher article seul)

Les grands escrocs en affaires   (Afficher article seul)

Le matelas fumigène   (Afficher article seul)

Et selon les Écritures : Que celui qui n’a jamais « chassé »...   (Afficher article seul)

Un grand vent du large   (Afficher article seul)

Un peu de bon sens   (Afficher article seul)

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Où sont les utopies d’antan ?

par M.-L. DUBOIN
mai 1980

UN ami m’a apporté une perle (je n’ai pas ditun diamant) et je vous l’offre ci-dessous, carelle donne matière à réfléchir. Il s’agit d’uneamélioration des lois du travail dans une imprimerie, amélioration qui date d’environ un siècle.
Qu’est-ce qu’un siècle dans l’histoire de notre civilisation qui en compte plusieurs milliers ? Un instant. Après tout, il y a un siècle, mon père avait deux ans...
Pourtant, que de chemin parcouru dans les conditions de travail ! Imagine-t-on aujourd’hui proposer à quiconque un règlement aussi inhumain qui impose, outre 66 heures de travail hebdomadaire, pas d’interruption pour le repas, des prières obligatoires, l’interdiction de porter des couleurs vives, etc... Ni les plumes pour écrire, ni même le chauffage ne sont fournis par les employeurs et les ouvriers devront apporter leur charbon ou bien se munir d’un cache-nez... Et ce règlement vaut pour tous les employés, y compris les moins de 11 ans ! Les jeunes devront en plus faire le ménage...
Qu’on ne se méprenne pas. Je ne veux pas, en soulignant l’évolution, montrer que tout est main
tenant pour le mieux dans le meilleur des mondes du travail. Mais je relève la dernière phrase : ces lois étaient présentées comme étant si généreuses qu’elles sont qualifiées de « presque utopiques ». Comme quoi toute évolution, fut-ce la plus naturelle, la plus normale et la plus dérisoire passe d’abord pour une utopie. Telle est la paresse intellectuelle de l’immense majorité des êtres humains.
Alors faut-il s’étonner ou se décourager quand on passe pour utopistes en disant que l’heure est venue de dissocier revenus et travail effectué ? Tout le prouve à qui veut bien observer  : des machines et des automatismes remplacent de plus en plus le travail humain, le chômage est inévitable dans les pays industrialisés, la production de tous les biens nécessaires augmente sans cesse malgré ce chômage et le capitalisme pour se maintenir est conduit à verser de plus en plus d’indemnités diverses ou subventionner des productions stupides ou criminelles (armements). Il n’est donc plus utopique de dire que la production des biens utiles ne pose plus aucun problème technique ; que c’est celui de son écoulement, de sa distribution qu’il faut envisager de résoudre enfin, de façon intelligente et humaine.
Bien sûr, il y a quelque quarante ans que nous proposons cette solution juste. Elle est le plus souvent qualifiée de «  trop simple » pour la seule raison qu’elle remet en cause toutes nos habitudes. Or, les habitudes et les modes de vie évoluent eux aussi, de plus en plus vite, sans qu’on en prenne conscience !
Imaginez que vous puissiez dialoguer avec un des employés de l’imprimerie « bénéficiant » des généreuses lois du travail rappelées ci-dessus. Sa réaction serait de vous considérer comme un fou. Lui suggèreriez-vous d’exiger une heure au milieu de sa journée de onze heures, pour prendre un repas ? Il vous répondrait que le travail ne doit pas être interrompu, qu’il lui est naturel de ne pas s’arrêter. De même trouverait-il étrange que vous pensiez que l’atelier doive être chauffé par les propriétaires, estimant que ceux-ci sont déjà bien bons de mettre un poêle à sa disposition. Enfin lui demanderiez-vous ce qu’il adviendrait s’il tombait malade ? Il répondrait que ce serait une catastrophe car il n’aurait ni les moyens de se soigner ni ceux de nourrir sa famille, mais une catastrophe courante, inévitable et il ne comprendrait pas si vous lui parliez de garantie de sécurité sociale. Pour lui, un travailleur qui ne travaille pas n’a évidemment aucun revenu à attendre de qui que ce soit Et la retraite était également impensable, utopie pure, inimaginable. Il a fallu quelques dizaines d’années - et qu’est-ce que c’est ? - pour faire évoluer les mentalités... et elles évoluent, comme tout, de plus en plus vite aujourd’hui. Pour que se fasse cette évolution, il faut toujours que quelques esprits, non moutons de Panurge, osent remettre en cause les idées communément admises. Il faut souvent du courage pour rester seul de son avis quand on est qualifié partout de rêveur ou d’utopiste. Mais l’essentiel n’est-il pas d’avoir la vérité avec soi ? Et tant mieux si c’est avant les autres ! Ils y viendront !

*

Beaucoup de nos lecteurs nous ont écrit pour nous dire qu’ils ne trouvaient pas en librairie le livre de F. Foulon « Un écologiste accuse ». Nous avons pris contact avec la société qui le diffuse en France et nous pouvons nous charger de le faire parvenir à ceux qui le désirent. Le prix en est de 45 F, plus 5,50 F pour frais de port, soit au total 50,50 F, à faire parvenir par chèque ou c.c.p. à « La Grande Relève  », avec l’adresse complète où le colis doit être adressé.


REGLEMENT INTERIEUR D’UNE IMPRIMERIE EN 1894

1. Piété, propreté et ponctualité font la force d’une bonne affaire.
2. Notre firme ayant considérablement réduit les horaires de travail, les employés de bureau n’auront plus à être présents que de 7 heures du matin à 6 heures du soir, et ceci, les jours de semaine seulement.
3. Des prières seront dites chaque matin dans le grand bureau  : tous les employés y seront obligatoirement présents.
4. L’habillement doit être du type le plus sobre. Les employés de bureau ne se laisseront pas aller aux fantaisies de couleurs vives dans le choix de leurs vêtements ; ils ne porteront pas de bas non plus, à moins que ceux-ci soient convenablement raccommodés.
5. Dans les bureaux, on ne portera ni manteaux ni pardessus. Toutefois, lorsque le temps sera particulièrement rigoureux, les écharpes, cache-nez et calottes seront autorisés.
6. Notre firme met un poêle à la disposition des employés. Le charbon et le bois devront être enfermés dans le coffre destiné à cet effet. Afin qu’ils puissent se chauffer, il est recommandé à chaque membre du personnel d’apporter chaque jour quatre livres de charbon durant la saison froide.
7. Aucun employé de bureau ne sera autorisé à quitter la pièce sans la permission de Monsieur le Directeur. Les appels de la nature sont cependant
permis et, pour y céder, les membres du personnel pourront utiliser le jardin, en dessous de la seconde grille. Bien entendu, cet espace devra être entretenu dans un ordre parfait.
8. Il est strictement interdit de parler durant les heures de bureau.
9. La soif de tabac est une faiblesse humaine, et comme telle, est interdite à tous les membres du personnel.
10. Maintenant que les heures de bureau ont été énergiquement réduites, la prise de nourriture est encore autorisée entre 11 h 30 et midi, mais en aucun cas, le travail ne devra cesser durant_ ce temps.
11. Les employés de bureau fourniront leurs propres plumes. Un nouveau taille-plume est disponible, sur demande, chez M. le Directeur.
12. Un senior désigné par M. le Directeur sera responsable du nettoyage de la grande salle et du bureau directorial. Les juniors se présenteront à M. le Directeur quarante minutes avant les prières, et resteront après la fermeture pour procéder au nettoyage des bureaux et des locaux.
13. Le Directeur reconnaît et accepte la générosité de ces nouvelles lois du travail, mais attend du personnel un accroissement considérable du rendement, en compensation de ces conditions presque utopiques.
Salaires par semaine :
Cadets : 0,50 F ; Juniors : 1,45 F ; Jeunes : 3,25 F ; Employés  : 7,50 F ; Seniors : 14,50 F.

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Le rêve

par C. ASPES
mai 1980

Mes amis j’ai fait un rêve,
Qui ne fait pas de rêve ?

J’ai vu le Progrès qui passait
Créant un, monde féérique
Tout métier dur disparaissait
Devant la loi scientifique,

Le Monde était régénéré
Par une nouvelle jeunesse
Qui produisait pour assurer
Le Bien-Etre de la vieillesse !

J’ai vu l’homme sans préjugés
De nos maux rechercher la cause.
J’ai vu mon compagnon longer
Des sentiers parsemés de roses !

J’ai vu là-bas au pays noir
Se fermer tous les puits de mines.
J’ai vu la tristesse du soir
S’enfuir derrière les collines !

J’ai vu fondre les lingots d’or,
J’ai vu l’existence facile,
J’ai vu majestueux décor,
Chacun faire un travail utile !

J’ai vu les Parlements sauter,
Disparaître cette Racaille.
J’ai vu le mot Humanité
Remplacer celui de Canaille !

Mais, face à votre absurdité,
Au petit jour quand je me lève
Je vois que la réalité
Est encore loin de mon rêve.

Sur ce rêve je suis resté.
J’y songe sans repos ni trêve,
Confiant dans ma ténacité
Pour un beau jour voir se réaliser mon Rêve.

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ETRANGER

Priorités

par H. MULLER, P. SIMON
mai 1980

ALORS que les économies occidentales s’installent dans une récession qui pourrait bien durer au moins jusqu’à la fin de 1980, que les experts surveillent chaque jour l’évolution de la production industrielle, il est un secteur qui marche bien. Toujours le même, d’ailleurs, celui des armements. Rien d’étonnant, bien sûr, à un moment où les foyers de tension sont nombreux dans le monde et où la poudre parle plus volontiers que le coeur.

A tout seigneur tout honneur. Les Etats-Unis se lancent dans un vaste programme de relance de leur industrie de guerre. Lorsque M. Carter prit le pouvoir il y a quatre ans, il s’était engagé à réduire le budget de la défense. Les temps ont changé. D’ici 1985, les Etats-Unis dépenseront 5 % de plus chaque année en armements. Bonne nouvelle pour les fabricants d’avions de mort comme McDonnell Douglas, si éprouvé par les accident trop nombreux survenus à son DC-10. Il va désormais gagner plus sur ses ventes d’avions militaires que sur ses ventes d’avions civils.

En 1977, M. Carter, alors plus préoccupé par les droits de l’homme que par sa réélection, avait considérablement réduit les ventes d’armes à l’étranger. Si l’on peut dire, il a changé son fusil d’épaule. Les entreprises intéressées ont été invitées à mettre à l’étude un projet d’appareil de chasse relativement bon marché (on imagine ce que cela peut être) qui serait vendu aux pays du Tiers Monde prêts à en faire l’achat. Un marché de cinq à six mille appareils. Une paille !

Que voulez-vous, il faut bien essayer de compenser le manque à gagner qu’à représenté la perte d’un client tel que l’Iran. Heureusement, des pays d’Afrique du Nord et d’Asie du Sud-Est s’intéressent désormais aussi à la production américaine.

Tranquillement, le Japon réarme et va s’offrir des avions, des hélicoptères, des véhicules blindés et des navires. Quelle aubaine pour ses propres fabricants. Pendant ce temps, des appels désespérés montent du Cambodge où la famine menace. Il ne reste que quelques semaines pour sauver ces malheureux. Et l’aide se fait attendre. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas d’argent pour payer les quelques milliers de tonnes de semences nécessaires. Vous tirerez sans peine la conclusion.

Pierre SIMON


AU CAIRE

La situation alimentaire n’est pas si brillante. Cependant l’Egypte va recevoir une aide américaine d’un milliard de dollars... sous forme d’avions militaires et de chars. De quoi garnir le casse-croûte des fellahs égyptiens.

L’OPIUM EN AFGHANISTAN

Avec une production annuelle de 800 tonnes d’opium, l’Afghanistan et le Pakistan sont des centres d’intérêt pour les réseaux américains et européens de la drogue. Cette information, rapportée dernièrement par un quotidien parisien, semblerait éclairer sous un autre jour l’un des aspects de l’affaire afghane. Il va sans dire, en effet, que la présence des Soviétiques dans cette région n’arrange guère les trafiquants. Une fois « lavé », l’argent de la drogue perd son odeur  ; il se recycle en tout bien tout honneur, en participations industrielles et commerciales. Par le canal des agences de publicité, une partie de ces fonds vient ainsi alimenter la presse et autres médias.

AU MEXIQUE

Deux cents milliards (le barils de réserve de pétrole reconnues. Ce n’est certes pas le moment d’en parler. Voilà qui viendrait mettre à bas le laborieux échafaudage des hypothèses propagées par le club de Rome concernant la pénurie de pétrole hypothèses sur lesquelles les nucléocrates s’étaient jetés goulument, il y a quelques années, pour justifier la programmation des centrales nucléaires.

LE PORTUGAL FAIT « LE BON CHOIX »

La révolution portugaise n’aura été qu’un feu de paille. Il ne pouvait être question pour les Etats-Unis de courir le risque de perdre leurs bases aux Açores. Sans doute la C.I.A. a-t-elle pu discrètement intervenir. Tout est rentré dans l’ordre : politique pro- européenne, proatlantique. «  Les entreprises nationalisées devront s’adapter à l’économie de marché et de profit. Le secteur privé retrouve sa lâche essentielle : redresser l’économie ». Ainsi les trublions qui avaient renversé l’ancien régime en sont-ils pour leurs frais.

Henri MULLER


AUX ETATS-UNIS

Des chercheurs de l’Institut Stanford auraient trouvé le moyen de fabriquer à un prix réduit les cellules au silicium, qui sort un élément-clé dans la fabrication des cellules solaires.
Le silicium, que l’on trouve dans le sable, est très répandu dans la nature. Cependant son traitement à l’usage des cellules solaires s’avère fort coûteux environ 60 dollars pour un kilo. Grâce au nouveau procédé, les chercheurs américains estiment qu’il serait possible de le produire pour 5 dollars.

(Informations UNESCO)

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Au fil des jours

par J.-P. MON
mai 1980

Les Etats-Unis sont-ils en train de devenir un pays socialiste ?
C’est en quelque sorte la question que se pose B. Brizay, qui vient de passer six mois aux Etats-Unis pour réaliser une enquête sur le « business américain ». Dans le livre qu’il a tiré de son enquête : « Le patronat américain  », Brizay est tenté de répondre oui.
Il décrit l’hostilité au grand business de la majorité de la population qui souhaite que le gouvernement réglemente davantage la « libre entreprise ». On considère aux Etats-Unis que les compagnies pétrolières sont encore plus responsables que les « Arabes » de la crise du pétrole et le public pense que ce sont les « grandes affaires » qui sont responsables du chômage et de l’inflation. La grande faiblesse du « big business » et de ses dirigeants (qui ne manquent pourtant pas de moyens), c’est d’être en contradiction avec les principes qu’ils prétendent défendre moralement et économiquement : ils pratiquent des ententes et luttent contre la concurrence toutes les fois qu’ils le peuvent.
« Réclamant la liberté au nom de l’intérêt général, on les voit aussi intriguer auprès des pouvoirs publics pour obtenir non seulement d e s commandes, mais des subventions, des soutiens et des avantages de toute sorte. Résultat  : les réglementations font rage, le pouvoir des consommateurs éclate, les tensions comme la révolte des minorités ou l’idéal écologiste s’expriment avec prédilection dans l’entreprise, vers laquelle convergent toutes les frustrations de la société. »
Moyennant quoi :
« La « socialisation » va bon train. Le budget de l’Etat a quintuplé en quinze ans. Les dépenses sociales comptent pour plus de la moitié dans celui-ci, et elles ont augmenté de 106 % en cinq ans. Washington possède deux tiers du territoire des Etats-Unis. La moitié des savants du pays travaillent, directement ou indirectement, pour le gouvernement. Les agences, les sous-agences, les comités, les conseils publics et parapublics, ne se comptent plus. »

*

Ce n’est pas en France qu’on verrait des choses pareilles. Dieu merci, Barre et le patronat veillent. Et ce n’est pas la libération des prix qui les fait monter, mais les méchants du Tiers Monde, Arabes et autres, qui nous vendent le pétrole et les matières premières de plus en plus cher !
C’est vrai, mais que pour une faible partie des coûts ainsi que le montrent les enquêtes sérieuses : une fois enlevée la part des combustibles et des matières premières, la hausse du coût de la vie est maintenant de 11,6 % au lieu de 7,6  % l’an dernier et 5,8 % il y a deux ans.
Les véritables responsables de la hausse des prix ce sont Barre et les entreprises qui ont intérêt à ce que les prix augmentent : les entreprises parce que cela accroît leurs bénéfices, le gouvernement parce que, par le biais des taxes, ça augmente ses recettes.

*

Quelques chiffres : en 18 mois le prix du pain a augmenté de 27 % , en 20 mois on a constaté des hausses de 28% sur la quincaillerie, de 29 % sur les produits d’entretien, de 23 % sur !’automobile, de 22% sur les articles de ménage et les pneus, de 18% sur le mobilier, ... En un an, pour les prix des services, on note des hausses de 21% dans les stations-services, de 16 à 19 % dans les hôtels, de 15 % dans les cafés et restaurants, de 14 % dans les garages, ... Les prix des transports, du gaz, de l’électricité vont bientôt augmenter...
Selon l’I.N.S.E.E., la hausse des prix de gros a été (hors taxes) de 9,6 % par an en 1978, de 14 % en 1979 et... de 15 depuis le début de 1980.
Les salaires, eux, ne suivent pas le même rythme et le pouvoir d’achat des salariés diminue et ça va empirer. Vive le meilleur économiste de France !

*

Malgré la crise, les gains de productivité dans l’industrie française ont été de 6,3 % en 1979. C’est ce qu’a déclaré l’auto-satisfait Barre aux députés U.D.F., précisant que la croissance du produit intérieur brut avait été durant la même période de l’ordre de 4%.

*

Dans un article intitulé « La crise n’est pas ce que l’on croit » (Le Monde du 14 février 1980), A. Barrère, professeur à l’Université Paris I, explique : «  La croissance française est partie à la recherche d’une position compétitive en vertu d’une croyance érigée en dogme : l’appareil productif devait être modernisé par substitution du capital au travail afin d’accroître !’efficacité de l’effort productif et d’abaisser les coûts par réduction des charges salariales. Mais on ne prit aucune mesure pour aménager les deux conséquences d’une accumulation élevant le raport capital/travail : la réduction du volume global de l’emploi résultant de la substitution de la machine à la maind’oeuvre, et la modification de la structure des coûts résultant de la substitution des charges du capital aux charges salariales. Le premier effet annonçait le chômage, le second, par un surprenant paradoxe, préparait l’inflation et. malgré la hausse des prix, la baisse de la rentabilité.  »

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Le pétrole, c’est pas du bidon

par H. de JOYEUSE
mai 1980

ON pleure dans les chaumières sur les misères qui sont faites aux Compagnies pétrolières, par des Ayatollahs diaboliques, des étudiants fanatiques et autres machins en iques.
De ci de là, par ci par là, on apprend d’atroces détails. Le rapport, en 1974, d’un dépité U.D.R., qui se nomme SCHWARTZ en plein jour, est dur, dur. Son brouillon disait méchamment, sans preuves bien sûr, que les Compagnies, grâce à de nombreuses subventions publiques ou occultes obtenaient la connivence des principaux partis politiques (encore la Bande des 4), de la presse et même, stupeur, de certains organes gouvernementaux. C’est ainsi que ELF et CFP, avec la bénédiction du ministère de l’Industrie et, notamment, de la Direction des carburants, ne payaient pas d’impôts. Ils fournissent des informations barils (je veux dire bidons) sur leurs prix et, dans les coulisses de l’exploit, vont au fade pour s’attribuer les marchés.
C’est le Philippe SIMMONOT qui le premier a révélé le pot (d’échappement) aux roses, dans Le Monde du 7 novembre 1974. Comme son papier était passé inaperçu, le petit SIMMONOT a bêtement récidivé dans Le Monde du 9 mars 1976. Ça a fait déborder le jerrican et 45 jours après on lui coupait l’oléoduc et il allait voir au bureau du chômage si j’y étais. Ouf ! Ne s’était-il pas imaginé de produire des extraits (pas de naphte) du Rapport confidentiel de Gaston RAMEL ? Ce document anodin plaisantait. Selon lui, toujours sans preuve, que l’Homme-à-la-brosse dit Jean FOURCADE et le naïf agrégé Michel d’ORNANO, transféraient en douce, sans délibération du Parlement, l’Entreprise de recherches et d’activités pétrolières (ERAP) une société d’Etat, à la Société privée des Pétroles d’Aquitaine (S.N.P.A.) contrôlée par la Banque de Paris et des Pays-Bas. La Société Générale et la Chase Manhattan Bank ayant eu la bonté d’apporter leur concours à cette oeuvre philantropique.
Un autre petit pousse-cailloux, du nom de CECCALDI, juge d’instruction, inamovible de par la Constitution, a cherché, lui aussi, à ruiner l’esprit de libre entreprise des Compagnies pétroleuses Ne s’est-il pas avisé, sous le fallacieux prétexte que son Parquet lui avait confié une plainte (celle d’un pompiste arménien de Marseille), de l’instruire à charge et à décharge selon la mode du Code de Procédure Pénale  ? Alors qu’on lui soufflait, d’en haut, dans sa trompe d’Eustache personnelle, de signer le non-lieu traditionnel. Il refusait, le sourdingue. Heureusement. Dieu existe et le R.P. LECANUET, soi-même, garde des sots, a muté l’inamovible de Marseille-sud à Hazebrouck-nord. Ce qui est une promotion, est venu expliquer Dents- Blanches à la Télé, puisque, entre temps, je l’ai fait coulisser de la magistrature assise à la magistrature debout, le bombardant Procureur. Comme ce petit juge ne voulait pas se coucher, il a préféré être debout.
Depuis lors, il envoie des cartes postales du soleil de Tourcoing et du clair de lune à Maubeuge aux pescadoux de la Marsialle et des Sanguinaires.
Bref, Contracepcion, la dona qui fait le ménage au Palais de Justice de la rue Grignan à Marseille, ne touche plus le dossier pétrolique. Elle aime trop les toiles arachnéennes qui le protègent de la main de la Justicia des caballerros franceses.

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Mystification, soumission

par A. CHANTRAINE
mai 1980

...Au cours de ma longue réflexion, j’ai pu démonter les faux mécanismes de notre éducation-instruction et de notre système économique-financier, lesquels sont destinés à maintenir les hommes dans l’ignorance et par conséquent dans l’esclavage doré ou non.

Ceux qui n’ont pas compris ou qui ne veulent pas comprendre le rôle néfaste de l’argent dans notre système financier n’ont rien compris sur le plan fondamental.

Sur ce plan, les faux spirituels et la plupart des occultistes n’échappent pas à cette mystification ; en effet, leurs enseignements sont donnés, non pas pour apprendre à réfléchir, mais bien à apprendre aux hommes ce qu’ils doivent penser pour rester soumis aux puissances de l’argent, du profit et du prestige.

C’est pour cette raison que l’homme de bon sens doit ouvrer pour dénoncer les causes qui façonnent notre système économique-financier.

C’est pour oeuvrer dans ce but que vous devez vous instruire que vous devez réfléchir. Vous devez lutter en faveur de l’essentiel et non de l’accessoire. Soyez dignes et dénoncez dans un premier temps les injustices... et les gaspillages.

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Soit dit en passant

Surtout pas de panique

par G. LAFONT
mai 1980

Vous ne vous y attendiez peutêtre pas mais la voilà revenue. Qui çà ? Mais la sinistrose, puisqu’il faut bien l’appeler par son nom. Vous ne saviez pas ? Pourtant on ne parle que d’elle en ce moment. Et ce coup-ci c’est Raymond Barre lui-même qui nous annonce son retour. Tout fier. Comme s’il y était pour quelque chose. Pas de quoi pavoiser quand même. Alors, si vous n’êtes pas au courant, c’est que vous n’écoutez pas le Premier ministre quand il parle à la Télé - et je vous comprends  -, ou bien que vous ne l’avez pas encore attrapée, la sinistrose... Patience, on va tous y passer.
Ce n’est quand même pas une raison pour s’affoler. Pas de panique. Tout le monde n’en meurt pas. Mais comme me disait mon docteur l’autre jour en prenant ma température : « Ceux qui en guérissent restent souvent idiots ».
Nous voilà donc prévenus du retour en force de ce mal mystérieux des temps modernes et il faut en remercier le Premier ministre, qui a pourtant assez à faire en ce moment avec l’inflation, le chômage, le pétrole et le reste, d’avoir bien voulu prendre quelques minutes de son temps si précieux pour nous en informer. Mais on aurait bien voulu en savoir davantage.
Et d’abord, qu’a-t-on fait jusqu’à ce jour pour combattre ce redoutable fléau des temps modernes, dont la première apparition, sous des vocables divers, remonte à de longues années en arrière ? Rien. Des discours. Du vent. Même pas (mais il n’est peut-être pas trop tard et on y pense sûrement déjà en haut lieu) une journée nationale avec quête sur la voie publique, pour les sinistrés de la sinistrose.
Ah ! Si, j’oubliais, M. Louis Pauwels, du « Figaro Magazine » et de la Nouvelle Droite, en a fait un livre. Depuis, à ce que disent ses amis, il est guéri.
Mais la sinistrose, qui revient périodiquement comme les crises cycliques, la grippe de HongKong, ou la déprime dont il est une forme aggravée, continue à faire des ravages dans tout le pays, au risque de transformer en catastrophe nationale le déficit de la Sécurité Sociale. Manquait plus que ça !
Et, je vous le demande, mais ne répondez pas tous à la fois, quels remèdes a-t-on proposés pour combattre le mal ? Qu’a-ton fait, à part le coup de la participation, que Giscard vient de sortir du fond d’un tiroir en prévision des prochaines élections présidentielles, sinon quelques séances de cirque au Palais Bourbon avec un M. Loyal qui ne l’est guère et quelques clowns de l’opposition, pour regonfler le moral des contribuables et futurs électeurs ?
Cela dit, c’est quoi, au juste, la sinistrose ? Si ça nous pend au nez à tous on aimerait autant savoir. Un trouble du métabolisme basal, une fièvre maligne, un virus filtrant, ou quoi ? Et quels remèdes, remboursés ou pas, par la Sécu, nous conseille- t-on pour prévenir le mal, ou pour le guérir si on l’attrape  ? les barbituriques, les anabolisants, la diète lactée, la cure de Beaujolais ou la douche froide ?
Personnellement, et si je m’en tiens aux quelques cas que j’ai pu observer, à défaut de l’avis autorisé du corps médical encore hésitant, j’inclinerais, en ce qui me concerne du moins, pour la cure de Beaujolais. Surtout s’il n’y a que le ticket modérateur à payer. La douche froide n’étant pas à écarter pour les malades les plus gravement atteints.
Mais avant d’en arriver à cette mesure extrême et d’une efficacité douteuse, on pourrait envisager d’autres thérapeutiques qui, sans faire des miracles, ont déjà donné, ailleurs, des résultats encourageants. Du moins, à ce qu’on dit. Alors, pourquoi hésiter ? Qu’attend-on pour appliquer, de force si nécessaire, le remède qui réussit si bien chez les autres ?
Mais il n’y a pas de temps à perdre si l’on ne veut pas voir la France - et avec elle la Civilisation - sombrer avant l’an 2 000. Parce que, entre nous, des citoyens qui ont la chance de vivre dans une société libérale avancée comme la nôtre, d’avoir le premier économiste du monde pour organiser la pagaille dans laquelle nous pataugeons, un salaire minimum garanti pour se goinfrer quand ils ne sont pas chômeurs, et un minimum vieillesse pour continuer à se les rouler quand ils ne sont plus bons à rien, le tiercé et le loto pour devenir millionnaires, la Télé couleur pour faire de beaux rêves, et qui ont encore le culot de se plaindre. Vous trouvez que ce sont des gens normaux, vous ?
Il y a aussi des hôpitaux psychiatriques en France. Tout est prévu. Et s’il n’y en avait pas en nombre suffisant pour accueillir les contestataires, qu’on en construise d’autres. Ça fera toujours marcher le bâtiment.

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Lecture

Les grands escrocs en affaires

par H. MULLER
mai 1980

Les livres du Procureur Jean Cosson ont le vent en poupe. Son premier ouvrage LES INDUSTRIELS DE LA FRAUDE FISCALE nous avait mis l’eau à la bouche. Le second nous gave comme des oies, cassant carrément la barra que, nous montrant comment l’Etat se fraude lui-même à travers les agissements frauduleux de ses propres entreprises nationalisées et comment les banques se prêtent au jeu.
Bon an, mal an, c’est quelque soixante milliards que les fraudeurs escroquent au reste des contribuables, au nez et à la barbe du fisc. Fausses factures, taxis, transports - bidons, falsifications d’écritures, sociétés fictives, systèmes de filiales à l’étranger, sociétés civiles immobilières en cascades, hommes de paille ; toute la panoplie du parfait fraudeur est passée ne revue afin que nul n’en ignore. Il n’est guère que les Assemblées pour jouer les Ponce-Pilate à l’égard de ces grands électeurs si habiles à se constituer des caisses noires.
Peut-être les douaniers et agents du fisc n’ont-ils pas pris le temps de s’informer en lisant les livres de ce singulier et redoutable Procureur. Il n’y a pas de temps à perdre.
Tous les contribuables attendent de se voir soulagés de la part d’impôts qu’ils paient indûment à la place de tant de mauvais citoyens.

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Le matelas fumigène

par H. de JOYEUSE
mai 1980

QUI est Raymond Barre ? Le Joffre de l’économie politique. Joffre ou Bourbaki, on ne va pas chipoter pour un général. En attendant qu’il soit expédié à Limoges, il fait l’affaire. Les autres font des affaires. L’avez-vous entendu à la radio, vu à la Télé ? Toutes ses apparitions sont autant de provocations. « Personne ne m’empêchera de faire ce que j’ai en tête ». « J’augmenterai l’essence  ». « J’augmenterai les cotisations de Sécurité Sociale ». « Je réduirai leurs remboursements ». « Je vous ferai payer ». « J’interdis aux patrons d’augmenter les ouvriers ». « Je ne leur défendrai pas d’augmenter leurs bénéfices ». « Je maintiendrai l’avoir fiscal » (remboursement d’impôts aux propriétaires d’actions) , etc., etc...
Résultat pratique, Raymond polarise sur sa grosse tronche le mécontentement national. Pas un ouvrier, un employé, un paysan, un artisan, un fonctionnaire, un chômeur qui ne le maudisse. Manifestement, il s’en contrefout. Il a l’air d’être payé pour ca !
Réfléchissons. Babarre est là pour ça. Ça saute aux prunelles. Il est le Faire valoir du cirque, fonction indispensable au clown vedette. C’est derrière l’épaisseur de ce matelas, à fonction fumigène dissimulatrice, que le véritable chef d’orchestre occulte pense et agit dans la coulisse. Mais qui ? Cherchez à qui le crime profite, dit un adage policier.
Qui paye ce Réunionnais, et fort bien ? Sa solde lui a déjà permis d’acquérir une propriété, assortie d’une interdiction générale de construire autour, dans le coin le plus cher d’Europe, vers St Jean Cap Ferrat.
Sans parler d’un deux-chambrettes-et-kichenette à Paris sur Seine, pour une brique par mois de location. Le reliquat est expédié au Paradis fiscal du Liechtenstein par la canal d’une Suissesse de ses amies. (Son Hongroise est au courant). Qui ferme les yeux sur les petits travers patriotiques de Raymond ? C’est celui qui apparaît sur les écrans, élégant, mondain, disert, informé, disponible, peaufiné. Comme Il est loin du marécage politique, ce grand politique ! Ce n’est pas lui que l’on inquiète pour un volontariat au S.T.O. en 1942. Lui, à 18 ans devait manger à sa faim, surtout au banquet à l’issue duquel le Maréchal Pétain remettait à Monsieur son Père, l’insigne tant sollicité de la Francisque.
Ce n’est pas lui que l’on traite de petit sauteur de l’Observatoire. C’est, au contraire, lui qui traite son invité, tant évité, d’agité.
Ça y est, vous avez trouvé, le personnage secret, discret, qui pense, agit à l’ombre du Bombu, qui ne déclare pas en Douane les plaquettes diamantines (puisqu’un cadeau est toujours sans facture), qui spécule à coups sûrs en Bourse, grâce aux informations financières qu’il reçoit en raison de ses hautes fonctions ou grâce aux décisions qu’il arrête de par ses attributions. C’est celui dont la feuille d’impôts se majore de revenus autrement substantiels que ceux d’une anodine liste civile, celui dont tous les parents sont à la fois dans la politique et dans le big business, dont deux (au moins) sont simultanément parlementaires et fournisseurs de d’Etat. Contre toute légalité. Népotisme pas décédé.
Jadis les rois de France choisissaient leurs ministres des Finances chez les Auvergnats. Ces financiers avaient l’art de concilier leur intérêt particulier et celui du Trésor royal. S’ils forçaient le trébuchet de leur côté, ils se retrouvaient avec un col de chanvre au gibet de Montfaucon, comme Enguerrand de Marigny.
Aujourd’hui, avec la République, risque nul et bénef obligatoire. D’ailleurs le peuple s’en fout royalement. La preuve c’est que le diamantaire de Chamalières sera réélu triomphalement (au 2e tour cependant).

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Chronique de l’Elysée-Palace

Confidences recueillies par Jacques VEAU (ex Bonhomme) Français Moyen et rapportées par E.R. BORREDON.

Et selon les Écritures : Que celui qui n’a jamais « chassé »...

par E.R. BORREDON
mai 1980

Vous avez sans doute encore en mémoire ma causerie relative à l’établissement du budget national 1980, à l’occasion de laquelle je vous ai expliqué comment il avait été possible de mettre à la disposition de gouvernements africains francophones des centaines de milliards de francs lourds, sans obérer pour autant l’économie de la France.
Cela me permet d’aborder, dans la foulée, si j’ose dire, un sujet sur lequel il m’est difficile de vous cèler plus longtemps la vérité. Il s’agit, comme vous l’avez deviné, de ce qu’une presse qui se croit libre a appelé « l’affaire des diamants ».
Le pays dont Bokassa était l’empereur, ancienne colonie française, présente une importance pour les intérêts français, nationaux et privés. A ce point que ses ressources minières nous ont conduit, moi et les miens, à en faire, vous excuserez l’expression, une véritable chasse familiale gardée.
Or, les diamants en particulier, dans ce pays, s’y ramassent à la calebasse à la pelle veux-je dire, mais ne présentent aucune utilité pour la consommation des populations autochtones qui lui préfèrent le manioc, les bananes ou le riz, voire même dans les grandes occasions, et pour honorer les invités, peut-être, la chair humaine.
En un mot, il n’y a pas, vous me l’accorderez, de quoi faire un plat. Il m’était donc bien difficile, dans ces conditions et alors que, ministre des Finances d’un pays riche, j’avais tout pouvoir de dispenser à ces pauvres gens, en les remettant de la main à la main à leur maître et sans pour autant compromettre nos équilibres financiers, quelques dizaines de milliards, il m’était bien difficile dis-je, de refuser des présents aussi vulgaires que ces sacrés diamants.
Mais cette histoire de pierres vous conduit naturellement à vous demander pourquoi nous sommes si « chiches » envers ceux de nos concitoyens qui n’ont toujours pas, malgré les promesses faites, des moyens décents d’existence.
Tout d’abord, c’est qu’ils sont bien nombreux, environ 1/5e de la population de notre pays. Or, toute aide les concernant est obligatoirement prise en charge par le budget national, c’est-à-dire en définitive par le reste de la population puisque l’équilibre des recettes et des dépenses est une règle impérative. Quels sont, en fait, ces concitoyens défavorisés ?
Dans leur majorité, des cas sociaux ; je dirai même sans aucune méchanceté des minables dans tous les domaines, sans avenir lorsqu’ils sont encore jeunes, dans l’impossibilité de se défendre par des manifestations de rues ou des grèves syndicales qui, gênant leurs compatriotes, contraignent les Pouvoirs Publics à prendre conscience de leurs doléances.
Evidemment, tant qu’ils sont en vie, il leur reste leur bulletin de vote.
C’est dans cette optique que nous avons fait inscrire au chapitre des dépenses du budget 1980, avec toute la publicité adéquate, des mesures en faveur de ces catégories sociales si intéressantes. La principale de ces mesures, vous le savez, consiste en l’octroi d’un secours individuel exceptionnel perçu en février par les personnes âgées nécessiteuses, sans qu’elles aient eu à effectuer quelque démarche que ce soit. Notez bien, en passant, cette délicate décision qui traduit la considération que nous avons de leurs soucis quotidiens. L’allocation ainsi versée à domicile était de 150 F. Lourds. il va de soi. Vous allez me rétorquer que ce n’est pas avec une pareille somme que les bénéficiaires pourront inviter à leur table leur Président bienfaiteur. Non, bien sûr, et je n’aurais garde de solliciter telle invitation. Nous n’avons évidemment pas insisté sur le caractère dérisoire de cette aumône.
Mais nous avons par contre souligné qu’elle constituait, vu le nombre des intéressés, une charge globale supplémentaire de plu. sieurs centaines de millions à prendre en compte par l’ensemble (les contribuables, et donc, vue sous cet angle, un effort méritoire Mont les bénéficiaires auraient le devoir de se féliciter et de nous être électoralement reconnaissants à la prochaine occasion.

...Me jette la première pierre
(précieuse bien entendu)

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Tribune libre

Un grand vent du large

par P. CÉVENOL
mai 1980

Nous en avions besoin depuis la tournure filandreuse prise par le débat sur l’Egalité économique. Comme l’institution du profit (loi de la jungle), est la nécessité structurelle du capitalisme, l’égalité économique est la nécessité structurelle de l’économie d’Abondance selon son concepteur Jacques Duboin ; la remettre en cause est la ruine de la conception même de l’Economie Distributive. Or c’est la remettre en cause que de proposer, comme font certains physiocrates, la reconduction de la loi de la jungle sous prétexte de tactique, par un éventail de revenus d’émulation ou d’un « dynamisme possessif ». Restons vigilants, car une fois les nouvelles couches de privilégiés en selle, l’économie distributive retrouverait le visage de l’économie du gain.
Un vent sain nous vient du Québec et de la forêt :
le fait que les auteurs cités soient étrangers à nos thèses et que leurs observations soient faites en toute indépendance, leur confère pleine valeur objective ; point n’est question d’exégèses sophistico-physiocratiques, mais de réflexions sensées exprimées clairement„ sans artifice de style, comme s’y consacra sa vie durant Jacques Duboin.
Le premier en référence, le biologiste H. Laborit, déclare : (1)« Les règles morales, les lois, le travail, la propriété ne résultent que de l’inconscience de l’homme ayant abouti à des structures économiques imparfaites, où les dominances ont besoin de la police, de l’armée et de l’Etat pour se maintenir en place. »

Non seulement il ne constate pas la loi naturelle du sentiment d’inégalité. mais il démontre le besoin de coercition des hommes pour imposer ladite loi naturelle... ». Dans le paragraphe suivant le savant biologiste poursuit par un tracé de construction sociale :
« A partir du moment où l’évolution économique, c’est-à-dire la façon dont la technique de l’homme, fruit de son imagination et de son expérience, accumulée au cours des générations, lui permet une utilisation extrêmement efficace de la matière et de l’énergie, de telle façon que les besoins fondamentaux de tous les hommes puissent être assouvis, si la répartition en est correctement faite... tout n’étant qu’apprentissage, il suffit donc d’apprendre autre chose.  » Répartition correcte et invitation à apprendre autre chose se dressent à la fois contre la loi de la jungle et son succédané le possessivisme, même loi naturelle, chère au néo-physiocratisme.
Après les pertinentes observations du biologiste, vient la confortation de l’ingénieur forestier Georges Plaisance. citée dans l’article : « Forêt ma belle Amie » : (2)
« Il devient chaque jour plus évident :
- Que la dépersonnalisation est un des maux du siècle.
- Que notre économie productiviste conduit à un nouvel esclavage,
- Qu’à la recherche croissante de l’avoir dans la société de consommation, il faut substituer celle de l’épanouissement de l’être. »

Substituer l’épanouissement de l’être à la recherchhe de l’avoir est rationnel et social. Cela rejoint la proposition du Pr. H. Laborit et nous éloigne nettement de la loi de la jungle dit possessivisme accapareur.
Réjouissons-nous de cet apport extérieur. Il était prévisible que, semant un grain de bon sens rationnel et sain, nous en récoltions un produit de même aloi.

(1) « La Nouvelle Grille », Henri Laborit (Voir G.R. 776, p. 8).
(2) « La Forêt Française », George Plaisance (Voir G.R. 776, p. 3).

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INITIATIVES

Un peu de bon sens

par J. MARCHAND
mai 1980

Notre camarade J. MARCHAND nous a fait parvenir le résumé d’une brochure intitulée « Un peu de bon sens » qu’il destine « à ceux qui veulent réfléchir ».

Il y compare l’économie de profits et l’économie des besoins en utilisant la théorie des ensembles. Il montre que l’économie de profits est pleine de contradictions insurmontables

« Je crois que toutes ces contradictions suffisent pour montrer que, quoi que fassent nos économistes orthodoxes actuels, il n’y a pas de solutions aux problèmes posés : inflation, chômage, justice fiscale, égalité sociale, etc...
« Malheureusement malgré une évidence certaine, beaucoup de Français (97 %) sont convaincus que le seul système économique possible est celui du profit et que, s’il n’assure pas la satisfaction de tous, c’est la faute, non du principe de base mais des hommes qui le dirigent. Et chacun est convaincu qu’en changeant l’équipe au gouvernement, et en mettant à la place «  son équipe » cela ira mieux, comme si, un navire sans gouvernail et sans machine pouvait suivre une route bien déterminée en faisant appel aux meilleurs capitaines du moment !!
« Et ceci est grave, car tant que les Français ne réclameront pas le changement du principe de base de l’économie, rien ne sera résolu et nous irons vers un chaos de plus en plus grand. »

Les contradictions de l’économie de profits conduisent inéluctablement à son remplacement par l’économie des besoins par le biais de la dissociation déjà amorcée « entre production et consommation, c’est-à-dire, entre travail et revenu ».

Et J. MARCHAND conclut :
« Qu’on le veuille ou non, le système économique d’une société dépend de son système financier et son système social dépend du système économique. et par conséquent, le système social dépend du système financier. Vouloir conserver le même système financier et vouloir, en même temps, changer le système social est une utopie pure et simple.
« Enfin quelque chose de plus important encore, c’est que l’attitude de l’homme dépend de son environnement. Si cet environnement est agressif comme à l’heure actuelle, l’homme devient agressif, égoïste, par la force des choses ; mais si l’homme est libéré de ses soucis matériels, de son souci du lendemain, alors il deviendra, toujours par la force des choses, « bon, fraternel, humain, car il n’a plus intérêt à être autrement.
« Vouloir changer l’homme est une ineptie ; on ne change pas l’homme qui est neutre à sa naissance, on change son comportement.
« C’est pourquoi, si l’on veut raisonner en économie de besoins, il faut absolument se défaire des idées toutes faites sur l’homme et bien se rappeler que le changement de système financier a pour conséquence inévitable le changement d’attitude de l’homme.
« En résumé, l’homme du inonde occidental est maintenant devant un choix :
- ou bien continuer à vouloir utiliser l’économie de profit, et nous allons vers un chômage généralisé et une inflation sans limite et par conséquent un chaos dont on ne peut savoir ce qui peut en sortir,
- ou bien comprendre que le système des salaires- prix-profits est à sa limite, que poursuivre dans cette voie est dangereux pour tous, et que seule une économie de besoins généralisée peut apporter à l’homme le bonheur qu’il désire.
« Je ne sais pas si cette économie de besoins est du socialisme ou non. De toute façon c’est l’organisation de la famille généralisée, ce qui ne peut que faire plaisir à tous.
« Si c’est du socialisme, cela me fait penser à ce que disait Victor HUGO dans ses souvenirs personnels de 1848 :
« Il n’y a pas cent socialismes comme on le dit volontiers. Il y en a deux : le mauvais et le bon.
« Il y a le socialisme qui veut substituer l’Etat aux activités spontanées et qui, sous prétexte de distribuer à tous le bien-être, ôte à chacun sa liberté. La France couvent, mais couvent où l’on ne croit pas ; une espèce de théocratie à froid sans prêtre et sans Dieu.
« Ce socialisme-là détruit la société.
« Il y a le socialisme qui abolit la misère, l’ignorance, la prostitution, les fiscalités, les vengeances par les lois, les inégalités démenties par le droit ou par la nature, toutes les ligatures, depuis le mariage indissoluble jusqu’à la peine irrévocable.
« Ce socialisme là ne détruit pas la société, il la transfigure. »

Aux Français de réfléchir et de choisir ! !

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