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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 778 - mai 1980 > Un grand vent du large

 

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Tribune libre

Un grand vent du large

par P. CÉVENOL
mai 1980

Nous en avions besoin depuis la tournure filandreuse prise par le débat sur l’Egalité économique. Comme l’institution du profit (loi de la jungle), est la nécessité structurelle du capitalisme, l’égalité économique est la nécessité structurelle de l’économie d’Abondance selon son concepteur Jacques Duboin ; la remettre en cause est la ruine de la conception même de l’Economie Distributive. Or c’est la remettre en cause que de proposer, comme font certains physiocrates, la reconduction de la loi de la jungle sous prétexte de tactique, par un éventail de revenus d’émulation ou d’un « dynamisme possessif ». Restons vigilants, car une fois les nouvelles couches de privilégiés en selle, l’économie distributive retrouverait le visage de l’économie du gain.
Un vent sain nous vient du Québec et de la forêt :
le fait que les auteurs cités soient étrangers à nos thèses et que leurs observations soient faites en toute indépendance, leur confère pleine valeur objective ; point n’est question d’exégèses sophistico-physiocratiques, mais de réflexions sensées exprimées clairement„ sans artifice de style, comme s’y consacra sa vie durant Jacques Duboin.
Le premier en référence, le biologiste H. Laborit, déclare : (1)« Les règles morales, les lois, le travail, la propriété ne résultent que de l’inconscience de l’homme ayant abouti à des structures économiques imparfaites, où les dominances ont besoin de la police, de l’armée et de l’Etat pour se maintenir en place. »

Non seulement il ne constate pas la loi naturelle du sentiment d’inégalité. mais il démontre le besoin de coercition des hommes pour imposer ladite loi naturelle... ». Dans le paragraphe suivant le savant biologiste poursuit par un tracé de construction sociale :
« A partir du moment où l’évolution économique, c’est-à-dire la façon dont la technique de l’homme, fruit de son imagination et de son expérience, accumulée au cours des générations, lui permet une utilisation extrêmement efficace de la matière et de l’énergie, de telle façon que les besoins fondamentaux de tous les hommes puissent être assouvis, si la répartition en est correctement faite... tout n’étant qu’apprentissage, il suffit donc d’apprendre autre chose.  » Répartition correcte et invitation à apprendre autre chose se dressent à la fois contre la loi de la jungle et son succédané le possessivisme, même loi naturelle, chère au néo-physiocratisme.
Après les pertinentes observations du biologiste, vient la confortation de l’ingénieur forestier Georges Plaisance. citée dans l’article : « Forêt ma belle Amie » : (2)
« Il devient chaque jour plus évident :
- Que la dépersonnalisation est un des maux du siècle.
- Que notre économie productiviste conduit à un nouvel esclavage,
- Qu’à la recherche croissante de l’avoir dans la société de consommation, il faut substituer celle de l’épanouissement de l’être. »

Substituer l’épanouissement de l’être à la recherchhe de l’avoir est rationnel et social. Cela rejoint la proposition du Pr. H. Laborit et nous éloigne nettement de la loi de la jungle dit possessivisme accapareur.
Réjouissons-nous de cet apport extérieur. Il était prévisible que, semant un grain de bon sens rationnel et sain, nous en récoltions un produit de même aloi.

(1) « La Nouvelle Grille », Henri Laborit (Voir G.R. 776, p. 8).
(2) « La Forêt Française », George Plaisance (Voir G.R. 776, p. 3).

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