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IL n’y a heureusement pas que les guerres qui sont
devenues mondiales au 20e siècle ! Le développement des
transports, leur rapidité et leur extension, les facilités
de communication ont très vite élargi les possibilités
de connaissance et de compréhension entre les hommes, à
tel point qu’il est aujourd’hui impossible à un citoyen quelconque
qui apprend les nouvelles par la télévision de se sentir
parfaitement indifférent devant la misère et le malheur
qui s’acharnent sur tant de ses semblables.
Même s’il estime qu’il n’est pas responsable de cette misère,
il ne peut plus ne pas se sentir concerné par elle. La course
au profit que mènent les gros industriels de notre société
a engendré un déséquilibre catastrophique à
l’échelle de toute la planète dont l’avenir même
s’en trouve aujourd’hui compromis. Non seulement sur le plan physique,
la pollution industrielle menaçant au plan mondial l’atmosphère
qui nous protège, mais bien aussi sur le plan humain : on ne
peut imaginer que des millions et des millions d’individus vont continuer
à se laisser piller de toutes leurs ressources au profit de quelques-uns,
sans jamais se révolter. Et comment une telle révolte
pourrait-elle se faire sans violence ?
Alors que nous sommes tous concernés par le déséquilibre
mondial, ceux à qui rapporte le pillage entretiennent un certain
nombre de mythes, destinés à maintenir le plus longtemps
possible le système économique criminel auquel ils doivent
tout. Ces mythes sont de tous ordres et ils sont aujourd’hui si solidement
ancrés dans les cerveaux qu’il faut beaucoup de courage pour
les dénoncer.
C’est ce courage que manifeste l’auteur d’un livre remarquable, convaincant
et fort documenté, qu’il faut absolument lire, faire lire, partout
et à tout prix. Il s’agit de l’ouvrage de Franz Foulon, intitulé
sans ambages : « UN ECOLOGISTE ACCUSE : nous sommes tous des salauds
», publié à Bruxelles par Nature et Survie.
LE MYTHE ECOLOGIQUE
Franz Foulon rappelle les méthodes de destruction
des richesses naturelles, telles que les a dénoncées René
Dumont, cet infatigable lutteur, celui qui a le plus combattu pour la
conservation des ressources mondiales et l’amélioration du sort
des populations affamées : les bonnes terres sont accaparées
par les riches qui ne les exploitent pas toujours, ou mal, tandis que
les paysans dépossédés sont réduits «
à cultiver les pentes où se déclenche, irrévocablement,
le mécanisme de l’érosion des terres. L’absence d’humus
et de sa capacité de rétention des eaux rendent, à
la période de la mousson, les inondations catastrophiques ».
C’est le cas en Inde, c’est le cas en Thaïlande depuis l’arrivée
des « conseillers » américains », en 1959.
La même chose se produit dans la Sierra équatorienne où
15 % au moins des pentes sont totalement ravagées. En Afrique,
rappelle Dumont, la France intervient « militairement quand les
populations rurales se révoltent contre les abus dont elles sont
victimes. Il en fut ainsi au Tchad, depuis 1968, puis au Zaïre,
puis au Gabon. Pourquoi soutenons-nous ces gouvernements qui écrasent
les paysans pauvres ? Parce qu’ils nous autorisent à piller les
réserves naturelles du Tiers-Monde ». Le sort des paysans
des goulags n’est pas meilleur. « En Union Soviétique,
au Cambodge, les paysans sont maltraités. Les pays socialistes
ne sont nulle part socialistes ». Tandis que l’Occident, dénonce
Franz Foulon, « ne laisse passer aucune occasion d’affaiblir le
Tiers-Monde » ; il rappelle l’exemple de la Révolution
verte, née au Mexique en 1943, à l’initiative d’agronomes
de la Fondation Rockfeller, qui voulaient aider les paysans à
vaincre la faim dans le Tiers-Monde. Cette Révolution verte souleva
un immense enthousiasme. Mais, finalement, à qui profita-t-elle
?
La réponse est sans ambiguïté : aux firmes agro-alimentaires,
qui furent sur place, « curieusement », en même temps
qu’arrivèrent les semences nouvelles (1).
Un obstacle majeur s’est dressé devant les paysans pauvres :
le prix des engrais. D’après les délégués
de la fondation Rockfeller, il devait baisser devant l’affluence de
la demande. Déception ! la hausse des engrais azotés fut
vertigineuse et les cultivateurs du Tiers-Monde ne purent nourrir suffisamment
leurs récoltes. L’engrais fut accaparé et stocké
par les gros fournisseurs américains en attendant de nouvelles
hausses de prix, tandis que le président Carter faisait supprimer
20% des emblavures !
L’ECHEC DE RENE DUMONT
René Dumont fut aux côtés de Jacques
Duboin lors de ses premières conférences. Depuis, accaparé
par sa lutte spécifique, en temps qu’agronome, pour la sauvegarde
des ressources naturelles, il perdit de vue la cause de tous les méfaits
qu’il dénonçait : la recherche du profit. L’échec,
en 1966, de son projet de création d’une Agence mondiale de développement
alimenté par un impôt international de solidarité
(1 à 3 % des revenus des Etats, suivant leurs moyens) aurait
dû la lui rappeler. Pourquoi cet échec ? Franz Foulon résume
: parce qu’« il est vain de vouloir protéger la Nature,
pour en dispenser les fruits équitablement à tous les
hommes, sans modifier de fond en comble les structures fondamentales
de l’économie qui la détruit ».
Cet échec prend tout son sens aujourd’hui quand on compare les
buts que proposait R. Dumont à son Agence mondiale, avec l’utilisation
qui est faite par la Communauté Européenne de son budget,
lui-même constitué par 1% du montant des ressources propres
des Etats membres : elle consacre près de 70 % de ses recettes
à la couverture des dépenses agricoles, dont près
de 27 milliards de francs français (nouveaux) sont destinés
à... lutter contre la mévente du lait ! L’écoulement
de chaque litre de lait produit « en plus » coûte
à la collectivité européenne 84 % du prix payé
au producteur (2) . Et on paie les paysans pour détruire leurs
vaches laitières en affirmant, comme a le culot de le faire F.O.
Gundelach (3) , que l’aide en produits laitiers est limitée...
« par les habitudes alimentaires des pays en voie de développement
qui ont à leur disposition des graisses végétales
». Quelles habitudes alimentaires, Monsieur le Vice- Président,
ont les millions d’enfants qui meurent de faim ?
« Ce système économique, responsable de la dévastation
et des gaspillages des ressources de la Nature comme des conditions
de vie misérable que sont celles des populations condamnées
à subsister sur des terres érodées, épuisées,
désertifiées, c’est le libéralisme économique
» rappelle Franz Foulon, auquel il urge de substituer un autre
système, l’économie distributive, que l’auteur résume
à la fin de son livre.
CES MYTHES QUI NOUS PARALYSENT
Auparavant, il dénonce un autre des mythes obstinément
entretenus, le mythe démographique selon lequel la croissance
des populations pauvres est un phénomène inexplicable
et contre lequel il faut lutter par le contrôle des naissances.
Cette croissance résulte précisément de la pauvreté
des populations concernées, comme l’a scientifiquement démontré
le Pr. Josué de Castro. La lutte contre la démographie
galopante passe ainsi par la lutte contre la faim et par l’abolition
du système économique responsable de cette faim.
Puis Franz Foulon dénonce le mythe religieux, selon lequel l’Eglise
se place toujours du côté de ceux qui souffrent ou lutte
contre toutes les injustices ; il dénonce le mythe de l’Etat militaire,
car l’armée est à la dévotion des gros industriels
pour qui la paix est indésirable : « La poursuite d’un
système fondé sur la guerre est jugée préférable
à un système fondé sur la paix » et ses dangers
économiques.
UN LIVRE A FAIRE LIRE
Le livre de Foulon est trop riche, trop dense pour être seulement résumé. Il faut le lire pour en retenir une foule d’arguments et de solides références en faveur de nos thèses. Et il faut le faire lire en insistant non seulement, comme le fait Foulon, sur l’argument logique, à savoir que l’économie distributive est le système économique imposé par les moyens techniques dont nous pouvons jouir au 20e siècle, mais aussi sur l’argument humain : il repose sur une monnaie non thésaurisable, ce qui entraîne une foule de conséquences essentielles : il supprime le profit, il supprime le marché. Il libère donc les échanges humains de l’intérêt mercantile. Il met ainsi fin à l’exploitation de l’homme par l’homme, à la lutte entre classes ou entre peuples. Il donne enfin aux mondialistes la possibilité de réaliser leurs projets fraternels par la création d’organismes mondiaux veillant à la justice entre les peuples et à la satisfaction de leur réel épanouissement. En un mot il rend possible le socialisme en ce monde.
(1) Le mécanisme en a été analysé
par Susan George dans son livre « Comment meurt l’autre moitié
du monde ».
(2) Précisions données par F.O. Gundelach, Vice-Président
de la Commission des Communautés Européennes, chargé
des questions agricoles.
(3) « Le Monde » des 2-3 mars 1980.
AGRICULTURE ET ECONOMIE
Alors que les ministres de l’Agriculture des Neuf pays de la C.E.E. viennent d’échouer devant ce qu’on ose appeler le problème de la surproduction agricole, Jean Mestrallet estime que la distribution de revenus à tous ceux qui ont besoin de cette production sans avoir l’argent pour l’acheter est un excellent moyen d’introduction pour l’économie distributive : il pourrait constituer une « mesure transitoire » vers cette économie des besoins.
C’EST à partir des excédents agricoles
et des autres produits de grande consommation que l’on peut suggérer
une mesure transitoire. Il suffit, pour cela, de reprendre le projet
établi par André Barillon, voilà une vingtaine
d’années :
- augmentation progressive mais substantielle des bas revenus, en commençant
par les « économiquement faibles » ;
- financement de cette augmentation par l’expansion monétaire
et non par l’impôt.
« Que l’on ne crie pas à l’inflation ! Car en ne recourant pas à l’impôt, on peut véritablement bloquer les prix. Alors qu’en utilisant l’argent des contribuables à des fins multiples, pour stocker les invendus ou augmenter ses pensionnés et fonctionnaires, l’Etat provoque la hausse des prix. Inévitablement, les entreprises font passer les impôts dans les prix de vente ».
J’en profite pour adresser une mise en garde aux agriculteurs
: qu’ils ne s’imaginent pas, surtout, résoudre leurs problèmes
en augmentant les prix à la production ! Dans les conditions
actuelles, ils ne peuvent qu’accroître la mévente. Seuls
en bénéficieront les très grands exploitants à
la marge bénéficiaire confortable.
Pour soulager un peu l’agriculture, il n’y a guère qu’un moyen
: diminuer la mévente, en augmentant la consommation.
Or, qui va augmenter sa consommation ? Certainement
pas les hauts revenus.
Ce sont les gens qui se privent aujourd’hui... mais il faut leur en
donner les moyens financiers.
Peut-être faudra-t-il quand même, pendant la période
transitoire, opérer un réajustement des prix à
la production ? C’est possible, sous réserve qu’il ne soit pas
multiplié par le commerce et que la hausse des faibles revenus
se poursuive jusqu’à disparition de la misère.
Elle entraînera du même coup une amélioration des
revenus des agriculteurs. Ce qui est juste, car c’est une honte d’en
voir autant réduits au S.M.I.C. ou à moins encore !...
On ne peut pas dire à l’avance combien durera
la période transitoire. Elle aura une grande importance, car
elle conditionnera la mise en place de l’Economie Distributive dans
ses grandes lignes.
Quel que soit, d’ailleurs, le projet qui succédera au régime
actuel, ses auteurs sont condamnés à réussir vite.
Les premières mesures doivent apporter des progrès immédiats,
sous peine d’échec. Celle que nous proposons offre l’avantage
de ne rien bousculer, tout en améliorant fortement la situation.
Il en résultera un climat favorable aux changements ultérieurs
: les intéressés pourront- ils refuser de maintenir et
d’accroître l’amélioration ?
Comment fonctionnera l’économie une fois le
nouveau régime en place ? Il est difficile de le dire à
l’avance : comme le prévoyait Jacques Duboin, cela dépend
de la situation à ce moment.
Mais nul besoin d’éterniser le débat là-dessus,
de tomber dans cette manie politique des discussions sans fin. On peut,
et on doit, imaginer des structures, sans pour autant les figer. Une
fois adoptées, elles doivent fonctionner un certain temps pour
savoir si elles marchent bien. Si c’est le cas on les maintient, sinon,
on les modifie ou on les remplace. C’est une habitude à prendre
en politique, comme on expérimente en sciences.
Il s’agit là d’un principe général. Pour l’agriculture,
comme pour le reste, il faudra la participation active des intéressés
eux-mêmes. En premier lieu, ils doivent bien savoir ce qu’ils
veulent :
- une augmentation, ou un maintien de leur revenu ;
- la garantie de ce revenu ;
- un allègement de leur travail ?
Il est possible aujourd’hui d’obtenir les trois, mais
pas n’importe comment. Les paysans ont droit aux loisirs comme les autres.
Mais, comme nous l’avons vu, cela exige plus de monde à la campagne.
On pourrait s’inspirer de la méthode utilisée dans la
Loire (voir G.R. de janvier), ou des G.A.E.C. (Groupements Agricoles
d’Exploitation en Commun). Nous y reviendrons.
En 1973, au Brésil, afin de dissimuler l’ampleur
de l’inflation, M. Delfi Netto, super-ministre des Finances, n’avait
pas hésité à corriger l’indice du coût de
la vie en le basant sur les prix théoriques fixés par
le gouvernement et non ceux constatés sur le marché.
Il semble bien que M. Netto ait fait école. Et ce n’est pas R.
Barre qui dira le contraire.
*
« Les années 80 seront marquées
par de prodigieuses modifications des techniques de production. Nous
ne pouvons pas en rester à un système social déjà
ancien ».
Cette déclaration presque révolutionnaire en cette période
de grisaille généralisée n’émane pas d’un
syndicat dit de gauche mais de F. Ceyrac, président du C.N.P.F.
Mais n’ayez pas de fausses joies, il n’en est pas encore à l’économie
distributive.
Comme tant d’autres, il fait une analyse correcte de la situation économique,
mais il en tire des conclusions farfelues.
Ceyrac considère l’industrie comme le « fer de lance »
du développement. II pense qu’une fois le secteur industriel
développé, « le secteur tertiaire se développera
ensuite, et tout seul. Quant à l’importance à donner aux
emplois d’utilité collective, elle demeure marginale ».
F. Ceyrac se moque du monde. Il sait très bien que l’industrie
ne crée plus d’emplois et que le tertiaire débauchera
bientôt tout autant que le secondaire. Quant aux emplois d’utilité
collective, dont nous avons tant besoin, ils n’intéressent pas
M. Ceyrac car ils ne sont pas générateurs de profit.
*
Parmi les « moteurs » du développement
industriel, on nous parle souvent de l’industrie automobile mais tous
les économistes sérieux s’accordent à prévoir
une grave crise à brève échéance dans ce
secteur. (Nous vous en parlerons en détail dans un de nos prochains
numéros). Pour le moment, voici ce que déclarait le patron
d’une grande société française
« Il n’y a pas de miracle, les emplois que nous créerons
dans le Nord se traduiront par une compression, au moins équivalente,
dans la région parisienne. Comment opérer autrement alors
que la défense de notre compétitivité exige non
seulement le plafonnement mais la diminution de nos effectifs ».
*
« L’usage croissant de la micro- électronique
dans les bureaux et les usines va lourdement contribuer à l’aggravation
du chômage en Europe de l’Ouest, à moins que les gouvernements
ne changent radicalement leur politique de l’emploi ».
Telle est la principale conclusion d’un rapport effectué par
l’institut des syndicats européens sur l’impact de la micro-électronique
sur l’emploi.
Le rapport cite un certain nombre de secteurs (horlogerie, télécommunications,
...) où l’emploi a fortement chuté ces dernières
années du fait de l’introduction de la micro-électronique.
*
En Belgique, pour « sauver » la sidérurgie,
l’Etat et le secteur privé vont investir l’équivalent
de 5 milliards 700 millions de francs français d’ici à
1985 et procéder à 3 920 suppressions d’emplois. Moyennant
quoi la production pourrait passer de 17 à 20 millions de tonnes
par an.
Que le gouvernement et le patronat nous racontent des sornettes sur
le développement industriel et le plein emploi, je le comprends
fort bien pour des raisons évidentes de profit. Mais je suis
atterré de lire le même type d’inepties dans la presse
syndicale (de gauche). Jugez vous-même :
Dans le numéro de septembre- octobre 1979 de « Cadres CFDT »
on pouvait lire dans un article intitulé « Réorienter
la croissance pour résorber le chômage » :
« S’abstenir, comme on l’a proposé plus haut, d’accélérer
artificiellement le processus de substitution de capital au travail
et réformer dans ce but le mode de financement de la Sécurité
sociale, c’est aussi un moyen d’économiser l’énergie tout
en accroissant le volume de l’emploi. En effet les machines consomment
de l’énergie importée et rare pendant que des travailleurs
sont là, en chômage, offrant une énergie qui se
perd par refus de l’utiliser ».
Autrement dit, au lieu de mettre un tigre dans son moteur », monsieur
le cadre de la CFDT préfère faire tirer sa voiture par
des chômeurs. Dans les pays sous-développés il y
a des pousse-pousse !
Au lieu de réclamer le plein emploi, les cadres CFDT feraient
mieux d’exiger le plein revenu pour tous.
*
Belle victoire du gouvernement conservateur britannique : depuis qu’il gère les affaires de la Grande-Bretagne, le taux d’inflation annuel est passé de 9,3% à 18,4% et, comme en France, Mme Thatcher attribue cette hausse à l’augmentation du prix du pétrole. C’est assez plaisant quand on sait que la Grande-Bretagne exporte du pétrole, que ce pétrole est extrait et raffiné par des compagnies anglaises nationalisées qui ont aligné le prix du baril sur celui des pays de l’OPEP !
TRIBUNE LIBRE
LA nature même des relations qu’établit
le système distributif entre le pouvoir national et les individus
comporte le risque d’une centralisation excessive. Une bureaucratie
paralysante aboutirait à un grave échec tant sur le plan
économique que sur le plan humain. Heureusement, il est possible
de tempérer la rigueur de la planification par la diversité
et la souplesse propres aux structures fédérales.
Voici les avantages du fédéralisme :
- Grâce à une connaissance exacte des problèmes
qui se posent à leur niveau, les pouvoirs locaux sont à
même de leur trouver les solutions les plus valables, tout en
évitant les lenteurs administratives.
- Les individus, associés aux décisions à prendre,
contrôlent efficacement des autorités élues qui
restent « à l’échelle humaine » ; celles-ci
à leur tour, mieux qu’un pouvoir plus lointain, exercent les
contrôles nécessaires sur l’exécution du travail.
- L’ambition de créer, sur le plan local, une oeuvre exemplaire
est un stimulant incomparable ; on s’intéresse peu à une
entreprise qui est entièrement dirigée d’en haut.
- Enfin le fédéralisme et ce n’est pas le moindre de ses
avantages, permet aux pouvoirs locaux ou régionaux d’expérimenter
les modalités diverses des nouvelles structures. Il permet aussi
d’inclure ultérieurement dans un ensemble plus vaste les expériences
qui auraient pu être tentées sur des territoires d’étendue
restreinte.
Je tiens à préciser que sur deux points au moins je me sépare nettement d’un certain fédéralisme d’inspiration proudhonnienne. Pour ses adeptes, le pouvoir d’en haut aurait surtout pour fonction de coordonner les initiatives émanant des niveaux inférieurs et d’arbitrer les conflits, ce qui affaiblit exagérément le lien fédéral. Et ils jugent que le fédéralisme, étant par lui-même la révolution totale, suffirait à définir une conception révolutionnaire de l’économie ; en fait, ils envisagent de fédérer des groupes de producteurs, en formant des organisations professionnelles, dont le souci majeur ne saurait être l’intérêt général. Je pense au contraire que la souveraineté des consommateurs implique nécessairement pour l’ensemble du système une certaine cohésion, et qu’il s’agit pour nous d’insérer le principe fédéraliste dans la conception préalablement définie du socialisme distributif.
Or il existe une sorte de convergence naturelle entre
fédéralisme et économie des besoins. Celle-ci peut
être représentée schématiquement par une
collectivité restreinte dont les membres actifs, répartis
entre diverses unités de production, assurent l’approvisionnement.
Il est donc facile d’adapter à la relation consommateurs-producteurs,
telle qu’elle apparaît dans ce schéma, le principe fédéraliste
d’un partage des pouvoirs entre une collectivité et les groupes
dont elle se compose : l’ensemble des consommateurs aura le pouvoir
d’orienter la production et de répartir les biens entre tous
les individus, actifs et non-actifs ; mais chacune des unités
de production sera autonome, c’est-àdire libre de décider
de son organisation interne et de ses méthodes de travail, et
elle pourra dans certains cas au moins être propriétaire
des installations, des instruments et du sol.
Des problèmes un peu plus complexes vont se poser à nous
si nous tentons d’appliquer la même conception d’ensemble à
une surface tant soit peu étendue.
Soit dit en passant
Il y avait du monde, ce matin- là, sur la Grand’Place
de Saint Céré, et pas seulement des péquenots,
quand M. le Président de la République, précédé
de la fanfare municipale et du corps des sapeurs pompiers en tenue de
gala, arriva devant le monument érigé par souscription
nationale à la gloire de l’enfant du pays, Pierre Poujade, au
pied duquel l’illustre papetier soi-même l’attendait rouge de
confusion.
On était - comme le temps passe ! - en avril 1988. Giscard terminait
son deuxième septennat, et comme il se trouvait bien à
l’Elysée il ne voyait pas d’inconvénient, si les FrançaisesFrançais
le lui demandaient gentiment, à y rester encore sept ans de plus.
Juste le temps de juguler l’inflation et de résorber le chômage.
Mais faisons un petit retour en arrière...
Dix ans auparavant, alors que la France, en plein essor économique
se lançait pour le sprint final dans le peloton de tête
de la compétition internationale, avec à peine deux millions
de chômeurs et un déficit budgétaire de quelques
petits milliards de francs, la crise de l’énergie survenait sans
qu’on l’ait vue arriver, pour ruiner tous nos espoirs.
Un ayatollah en délire qui se mettait à prêcher
la guerre sainte, les émirs d’Arabie qui fermaient leurs robinets,
il n’en fallait pas plus pour semer la panique et transformer le redressement
définitif en récession et la récession en pagaille
générale.
La crise. L’or flambait, la Bourse baissait. Le prix du pétrole
était devenu prohibitif. On n’en était pas encore arrivé
au point critique annoncé par un mauvais plaisant de voir le
litre de super atteindre le prix du beaujolais nouveau. Mais on n’en
était pas loin. Du reste, on ne trouvait déjà plus
de beaujolais nouveau. Peut-être le mettait-on dans les bagnolles.
La situation devenait préoccupante. Mais pas encore désespérée.
On pouvait à la rigueur attendre des jours meilleurs en chantant
« a ira mieux demain ». Mais’ les élections présidentielles
approchaient. Et pour Giscard, entreprendre une campagne électorale
dans un tel climat politique avec, en plus, la casserole des diamants
de Bokassa accrochée au derrière, c’était courir
au désastre.
Il fallait pourtant en sortir. On cherchait. Un matin, dans sa salle
de bains. comme Archimède, un économiste distingué
eut une soudaine illumination.
Il faut, se dit-il, exporter pour vivre. Mais pour exporter il faut
produire. Pour produire il faut du pétrole. Et pour payer le
pétrole qu’on n’a pas il faut exporter. Or, puisque nous n’avons
pas de pétrole en France, mais tout de même quelques idées,
il ne reste plus qu’une solution faire notre pétrole nous-mêmes.
»
L’idée était lancée. Faire du pétrole ?
Facile. La matière première ne manquait pas chez nous.
On en trouvait partout, dans la mer, dans l’air, dans la terre, les
broussailles, le varech, la bouse de vache - mais si -, la betterave,
et dans le topinambour.
Et c’est Pierre Poujade, alors en voie de recyclage, qui allait donner
le coup d’envoi de la campagne nationale pour le nouveau carburant,
en roulant à 120 km à l’heure avec l’envoyé spécial
du JOURNAL DU DIMANCHE dans une bagnolle alimentée au jus de
topinambour. Et tout le pays a suivi.
Du Nord au Midi, de l’Est à l’Ouest, la France s’est couverte
de topinambours. Partout le rhizome miraculeux, si longtemps dédaigné,
surgissait des terres fraîchement labourées, des landes
incultes, des garrigues abandonnées. On ne voyait plus que çà,
au bord des routes, dans les squares publics, aux balcons et aux fenêtres.
Jusque sur les Champs-Elysées, où M. Chirac, le maire
d’alors (1), le faisait garder par des C.R.S. armés.
Quelques mois plus tard, en avril 1981, Giscard, après avoir
annoncé que la récolte du topinambour estimée en
équivalent pétrole, suffirait non seulement à couvrir
nos besoins énergétiques, mais serait largement excédentaire,
se faisait triomphalement réélire Président de
la République...
... Ce fut une belle cérémonie dont tout Saint-Géré
se souvient encore aujourd’hui. Après le discours du Président,
le dépôt d’une gerbe de topinambours au pied du monument,
l’exécution de la Marseillaise, version Giscard, par la fanfare
municipale, la foule se dispersa, tandis que sonnaient les douze coups
de midi.
Mais la journée n’était pas finie pour Giscard. Le programme
comportait encore, selon l’usage, une visite chez des autochtones qui
lui offraient un gueuleton. A la pensée que Saint-Céré
n’est pas loin de Sousceyrac (un des fleurons de la gastronomie française),
il sourit et hâta le pas.
Il ne fut pas déçu. Ses hôtes, tout fiers de recevoir
le Président de la République, avaient bien fait les choses.
Au milieu de la grande table recouverte d’une nappe blanche trônait
un énorme plat de topinambours. De quoi régaler une compagnie
de C.R.S.
Il fallait bien résorber les excédents.
(1) Ça m’a échappé !
JE suis toujours très désabusé de ne pouvoir crier au travers de mon poste de télévision un démenti sur les mensonges éhontés dont la diffusion officielle nous rebat les oreilles ; comme ce fut le cas encore une fois aux dossiers de l’écran le mardi 12 février à 20 h 30 sur le sujet de la « sécurité dans les villes ». L’insécurité est un produit de l’inégalité économique donc de la société de profit. Comment peut-on dans ce cas lutter contre la criminalité ? C’est quasiment impossible sans changer de société.
Les gouvernants et tous les tenants du pouvoir disent que le renforcement des effectifs de police assurera la santé des particuliers. Ce n’est pas vrai. Les forces de répression sont créées pour sévir contre les opposants politiques au régime. lis se fichent pas mal des délinquances criminelles, des truands et autres gangsters parce que les criminels de droit commun ne sont pas dangereux pour la stabilité du gouvernement et des institutions capitalistes. Quand ils attaquent une banque ou commettent un crime c’est là un fait divers sans grande importance juste bon à justifier l’existence des policiers, ainsi que des magistrats d’ailleurs. Alors que les révolutionnaires, tous les contestataires et penseurs non conformistes qui haïssent la société capitaliste sont pour eux autrement dangereux en voulant renverser le régime marchand, écraser l’injustice sociale et supprimer l’inégalité économique. Voilà les véritables raisons de l’augmentation des effectifs de police !
Qu’ils ne viennent pas nous dire qu’ils s’inquiètent de la montée criminelle dans la société. C’est de la poudre jetée aux yeux des bonnes consciences qui pètent de peur. Je dirai même qu’un cambriolage spectaculaire, voire un assassinat crapuleux, est bien venu dans les milieux officiels, dans un moment de trouble social parce qu’il canalise l’esprit populaire et détourne l’attention des gens - les journaux à grand tirage y aidant - des problèmes sociaux et des agissements impopulaires des gouvernants. La sécurité des gens passe au second plan ; mais la leur est autrement plus importante, leurs avoirs, leurs privilèges, ne sauraient souffrir qu’on envisage de les supprimer un jour. C’est la raison pour laquelle des criminels de droit commun sont peut-être condamnés à la prison, mais les révolutionnaires, tous les opposants au régime capitaliste sont non seulement inquiétés, tracassés, arrêtés mais très souvent torturés et parfois même jusqu’à ce que mort s’ensuive. Nous le voyons nettement dans tous les pays totalitaires, à l’Ouest comme à l’Est et d’une façon générale dans tous les pays du monde où est installé le capitalisme ou l’Etat. La répression politique passe au premier plan des préoccupations des gouvernants. Ils doivent étouffer les cris de révolte des démunis, des déshérités pour sauvegarder leurs possessions, leurs privilèges.
Aujourd’hui dans nos sociétés aux technologies
avancées, créant l’abondance, les différences sociales,
les inégalités économiques, sont tellement aberrantes
qu’il apparaît nettement à tout esprit éclairé
qu’il est possible de passer du régime marchand à la société
distributive. Et cela leur est d’autant plus insupportable que leurs
réactions deviennent plus sauvagement répressives.
Mais qu’ils le veuillent ou non, un jour viendra où toutes les
sociétés de profit disparaîtront, malgré
les formes de répression qui n’empêcheront pas l’Egalité
Economique de s’instaurer, et du même coup la disparition de toute
criminalité et l’inutilité de toutes les polices.
Les fonctionnaires retraités du Ministère de l’Intérieur renâclent. Dans « Police Nouvelle » (organe du Syndicat National des policiers en civil) de novembre 1979, on lit :
« Monsieur Bonnet appartient à cette prestigieuse phalange du « libéralisme avancé » dont la politique sociale consiste à privilégier les privilégiés et à maintenir dans la pauvreté les moins favorisés. Compte tenu de cet état de fait. on ne peut que douter du « libéralisme » des libéraux et nous ne manquerons pas de le rappeler à la veille de 1981. Voyez-vous, M. Bonnet, les retraités sont sentimentalement attachés à l’honneur des hommes, à la parole donnée. En conséquence, ne vous étonnez pas si, dans deux ans. les 10 millions de retraités proclament lors de l’élection présidentielle « n’importe lequel, mais pas le intime ».
Quant aux actifs, ils rouscaillent contre la militarisation de la police. Le même Bonnet ayant décidé de prendre sous son chapeau le recrutement des Enquêteurs, parmi d’anciens militaires, dans la proportion de 85 % !
Chronique de l’Elysée-Palace
Propos recueillis par Jacques VEAU (ex BONHOMME) Français Moyen et rapportés par E.R. BORREDON.
Je vais vous parler aujourd’hui de l’impôt sur
le revenu des personnes physiques, l’I.R.P.P.
Vous avez reçu en leur temps les feuilles de déclarations
et vous les avez adressées, dûment et régulièrement
remplies et signées au Centre des Impôts dont vous dépendez.
Nous avons pris soin cette année de les rendre plus attrayantes
et vous avez certainement apprécié la couleur verte des
fêtes de chapitre rappelant agréablement la proximité
d’un printemps précoce. Evidemment. les feuilles que vous recevrez
en automne par l’intermédiaire de votre percepteur seront plutôt
grises, mais nous n’y sommes pas encore et chaque chose en son temps.
Cet impôt sur le revenu. je le connais bien, l’ayant manipulé
tout au long de ma carrière d’Inspecteur des Finances, puis en
qualité de ministre de ces dernières. Je dois avouer aujourd’hui
que je suis l’un des principaux responsables des mesures qui ont transformé
une contribution à l’origine destinée à répartir
entre tous les citoyens de notre pays une participation plus équitable
aux dépenses nationales, en un véritable piège
à contribuables.
A ma place, Coluche n’aurait pas manqué de réduire à
sa première syllabe ce dernier vocable. Et c’eut été
justice.
Que s’est-il donc passé pour que ce qui aurait dû n’être
qu’un prélèvement sur les revenus excédant le nécessaire
se soit transformé en un impôt frappant essentiellement
en définitive la majorité des petits et moyens salaires,
et cela, en contradiction formelle avec le principe d’après lequel
il avait été instauré ?
Eh bien ! c’est que. sous sa forme actuelle, il est devenu l’impôt
du nombre et. à ce titre, plus facile à collecter.
D’une part, en effet, la plupart des assujettis ont suffisament de soucis
quotidiens à prendre en considération pour s’appesantir
sur ce tracas supplémentaire.
D’autre part, les contraintes de l’assiette et du recouvrement leur
interdisent toute défense efficace. Les salariés étant
parfaitement connus des services de l’assiette.
Toute omission des éléments du « train de vie »
(loyer, voitures, yatchs, chevaux de course) dans la déclaration
souscrite entraîne une amende de 500 francs. Par contre, et je
peux vous l’assurer en toute sincérité, en matière
de diamants, aucune amende n’est prévue.
Et tout retard dans le règlement entraîne une majoration
de 10 % !
Tout cela concourant à fournir au budget national une source
de recettes bien commode et saris aléas qu’il aurait été
insensé de ne pas exploiter.
C’est que moi-même et mes collaborateurs administratifs n’a. tons
pas manqué de faire, sans la moindre vergogne.
Jugez-en !
Le produit de l’I.R.P.P. est passé de 12 milliards en 1960 à
38 milliards en 1970.
Il sera de 116 milliards en 1980.
Dans le même temps le nombre des assujettis a été
multiplié par 3, passant de 5 millions à 15 millions environ,
c’est-à-dire à la grande majorité des salariés
dont la moitié ne dispose pas d’un salaire mensuel supérieur
à 3 000 francs !
Mais pour rendre plus supportable aux travailleurs un prélève.
ruent auquel il leur est impossible de se soustraire, nous avons eu
l’astuce d’intensifier avec un grand renfort de publicité la
chasse à la fraude fiscale.
Bien sûr, il y a quelques bavures et, si le gros gibier a tous
les moyens de se défendre et y par. vient fort bien. le petit,
par contre, perdu dans le maquis des textes réglementaires, volontaire.
ment présentés sous une forme complexe dont l’interprétation
le dépasse, en vient quelquefois à recourir au suicide.
Je le déplore, évidemment.
Mais ils ne sont pas très nombreux.
Par contre, il y a là une compensation psychologique pour les
assujettis salariés qui, eux au moins, ne courent pas le même
risque.
L’I.R.P.P. représente à lui seul de 20 à 25 % environ
des recettes du budget national.
Peut-on dans ces conditions envisager une réforme qui le rendrait
plus équitable dans son assiette et dans sa répartition
?
Une de nos lectrices de la région lyonnaise
nous transmet un appel pour signer une pétition nationale. Cet
appel provient de plusieurs organisations départementales (CFDT,
CSF, CSCV, RG, PS, PSU, Amis de la Terre, UFC, MAN, Comité Malville,
FEN, et Ligue des Droits de l’Homme).
Il rappelle tout d’abord que sans aucun débat au Parlement, ni
bien sûr dans le pays, le gouvernement a fait adopter en Conseil
des Ministres un programme tout-nucléaire, présenté
comme un impératif : on doit lui sacrifier tout bon sens et tout
sens critique. Le tract rappelle fort bien que, si l’argument utilisé
a été la « crise du pétrole », cette
décision est cependant le couronnement d’efforts déployés
en coulisse par un groupe de gros intérêts... à
forte pression.
Ayant énuméré les dangers du tout-nucléaire,
tant sur le plan de la santé que sur le plan social, ce texte
propose concrètement quelques sérieuses économies
d’énergie dans l’industrie, elles pourraient aller jusqu’à
50 % sans diminuer la production, dans les transports, en donnant pour
les personnes, la priorité aux transports en commun et, pour
les marchandises la priorité au rail.
Citons :
le rail | consomme 6 fois moins d’énergie occupe 4 à 5 fois moins de surface au sol engendre 10 fois moins de pollution est 100 fois moins meurtrier |
que la route | ||
Coût social du kilomètre voyageur en région parisienne : transport collectif : 1,669 F. voiture particulière : 3,780 F. |
Il réclame, avec justesse, que tout soit mis
en oeuvre pour une production d’énergie qui soit la plus diversifiée
possible... et se réjouit à l’idée que ceci créerait
250 000 emplois...
Comme tous les syndicats et les partis politiques, fussent-ils de gauche,
les signataires de ce texte voient hélas dans le travail et la
création d’emplois un véritable idéal !
Exigeons avec eux qu’un véritable débat démocratique
soit enfin ouvert sur la politique énergétique. Mais souhaitons
que ceci permette de débattre aussi sur l’utilité des
emplois existants ou à créer, sur la finalité de
la production réalisée.
Est-ce du travail pour tous et toute la vie jusqu’à épuisement,
ou un revenu décent assuré pour tous qu’il faut exiger
?
L’élimination des déchets radioactifs,
résultat inévitable des Centrales nucléaires, pose
un problème crucial. Moyennant quelques yens réévalués,
le Japon a trouvé, seul, la solution : il les exporte en France,
où ils sont « traités » aux risques et périls
du destinataire, à La Hague (Calvados).
Les Suisses, qui semblent aussi maladroits que quiconque en ce domaine,
pensaient avoir trouvé une solution semblable en expédiant
en Hollande les déchets de leur Centrale de Beznau, en échange
du paiement en FS. Hélas, 54 fûts contenant ces dangereux
déchets, qui devaient être immergés au large des
Pays-Bas, ont fait retour à l’expéditeur. Mal conditionnés,
ils avaient provoqué de la contamination dans le port d’ljmuiden
(NL). Les Suisses ont reconnu que des erreurs s’étaient produites
successivement lors des travaux de conditionnement, puis au stockage
intermédiaire, enfin à l’emballage définitif à
Würrenlingen. Chaque fois du liquide radioactif a été
libéré. La Direction de Beznau a déclaré
que seulement 20 fûts avaient fuit parce que l’on avait, en quelque
sorte, économisé sur le ciment par rapport à l’eau.
Quant aux 34 autres, ils ont été endommagés, car
peu solides, les secousses les ont détériorés,
ou parce que manipulés un peu rudement par les dockers ( ?). La
Division de Sécurité (DSN) conclut son rapport en soulignant
qu’il n’y a eu aucune victime, les déchets étant faiblement
radioactifs et suggère, pour l’avenir, de nouvelles précautions.
Notamment, placer ces fûts tête en bas, avant le voyage,
ce qui paraît le fin du fin de la sécurité.
Les Hollandais, qui ont déjà expédié un
millier de fûts helvètes dans leurs flots, ont renoncé
à la recette de Francs suisses cette année et, on ne sait
pourquoi, ont procédé à l’immersion annuelle 1979
de leurs propres déchets au large des côtes d’Irlande.
Ils auraient économisé du fuel, en procédant à
ces immersions en baie de Seine... moyennant quelques Florins.
(Source « Gazette de Lausanne », 13-7-79)
Nous publions ci-dessous la lettre ouverte au Président de la République, que nous a transmise une de nos lectrices, Micheline Weis :
Monsieur,
La relation des sévices gouvernementaux sur le site et la commune
de Plogoff et ses environs, la semaine dernière, vient renforcer
la certitude ressentie par un nombre croissant de citoyens et citoyennes
contribuables, face à l’arbitraire d’Etat en matière d’option
des énergies. Sévices qui traduisent en outre et de façon
cynique le mépris d’un pouvoir centralisé à l’égard
d’une région et de son droit d’autodétermination économique
et culturelle.
A l’appui des droits pleinement légitimes de la population bretonne
concernée, nous pouvons citer les arguments d’évidente
compétence de M. Haroun TAZIEFF, repris ce Jour encore dans l’émission
de Claude VILLERS sur FRANCE-INTER. Arguments démontrant, outre
le gaspillage éhonté des énergies depuis l’époque
de la « promotion » du pétrole jusqu’au « tout-électrique
- tout-nucléaire » - démontrant clairement la TOUTE-PUISSANCE
des GROUPES DE PRESSION (non seulement français mais multinationaux)
sur les élus de la Nation.
Les chocs de Plogoff font ressortir une vérité criante :
derrière les choix d’E.D.F. s’installent les intérêts
d’une oligarchie technocratique uniquement animée par une volonté
de PROFIT. volonté au demeurant aveugle quant aux conséquences
ultérieures des actes qui en découlent. La répression
honteuse des forces dites de l’ordre sur le site de Plogoff prouve encore
ceci : les dirigeants d’un Etat prétendu démocratique
agissent en valets des puissants groupes de pression de la haute finance
inter-multinationale, dont les bénéfices colossaux ne
reposent que sur l’existence de consommateurs. Il est antidémocratique
que .soit menée DE FORCE une prétendue enquête d’utilité
publique dans de pseudo-mairies annexes et mobiles à la face
des pouvoirs locaux élus légitimement. Est encore bafouée
toute notion de démocratie lorsqu’une population concernée
est traitée en MINEURE, que nulle information honnête ne
lui es ! fournie en regard d’une décision énergétique
QUI LA CONCERNE, et que des escadrons de gendarmerie investissent plusieurs
communes pour que s’opère LE DELIT DE DROIT REPUBLICAIN que constitue
la décision gouvernementale en l’occurence.
Pour toutes ces raisons, il est du devoir de chaque Français.
de chaque Française, de se porter solidaire. à Plogoff
comme partout ailleurs où cet arbitraire sévit, DE TOUTE
INITIATIVE émanant d’une réelle autodétermination.
Le soutien à la promotion d’énergies nouvelles, naturelles
et indéfiniment renouvelables, s’impose de toute évidence.
Toutes créations en ce sens (biomasse, force hydraulique, éolienne,
géothermie, solaire, houille et autres fort nombreuses) recevront
notre appui concret. De plus, il y aura, à leur réalisation,
occasion de création d’emplois résorbant le chômage
forcé qui est le fruit de toute société technocratique
au delà des dimensions humaines. .société de profit
méprisant l’ETRE pour satisfaire servilement les fallacieuses
valeurs de l’AVOIR... et de la PUISSANCE.
Pierre CATTIER - Micheline WEIS
Edmond Kaiser, fondateur de « Terre des Hommes
», a fait du 24 décembre au 11 janvier derniers une grève
de la faim contre les exportations d’armes de la Suisse.
Marco Panella et Emma Bonino, députés européens,
ont restreint, depuis le 1er janvier, à 700 calories par jour
leur consommation alimentaire pour obtenir la multiplication par 5 du
budget de la Communauté Européenne affecté au développement
du Tiers-Monde.
Jean-Louis Vidal a commencé le 28 janvier une grève de
la faim dans, explique-t-il, « le but d’alerter les Françaises
et les Français des profits et des massacres » dont sont
responsables nos exportations d’armes. La France, qu’on dit terre d’accueil,
est le premier exportateur d’armes du monde, par habitant. Ces actions,
ajoute-t-il, en Suisse, en Italie, en France doivent mettre l’opinion
face à la responsabilité qui incombe à chaque individu
: les dépenses mondiales en armement sont 2 700 fois plus élevées
que celles destinées au maintien de la paix. Il demande à
tous de soutenir son action en écrivant dans le même sens
que lui au Chef de l’Etat. Voici des extraits de sa lettre dans laquelle
il demande que toute information relative au commerce des armes soit
diffusée (ce qui nécessite l’abolition d’une circulaire
de R. Galley de mars 1974) et que soit élaborée la planification
relative à la reconversion des industries d’armements :
« Nous progressons socialement, en partie, grâce à
la quantité d’armes que la France peut vendre, à leur
qualité et à leur précision. Notre « qualité
de la vie » est fonction, en partie, du nombre de massacrés
que lu France peut nous offrir... Et nous marions allègrement
l’honneur de la France... avec son potentiel d’horreurs.
...Devons-nous continuer à être complices des massacreurs
?
Si ce n’est pas nous qui en vendons, d’autres en vendront à notre
place ? Ainsi raisonnaient les marchands d’esclaves ! ».
Chaque voix qui s’élève peut sauver une vie, conclut J.-L. Vidal.
Depuis plusieurs années, notre ami Ernest Barreau
adresse à un journal régional des articles s’inspirant
de nos thèses. Ces articles sont reproduits sous sa signature,
dans cet hebdomadaire, sans jamais être tronqués.
Faute de place, nous ne pouvons publier que des extraits, pris à
différentes dates de parution.
• Le Courrier de Paimbœuf (8 février 1974)
LA FOIRE D’EMPOIGNE
Ernest Barreau passe en revue quelques scandales le Prix « Bride Abattue », la Villette, les vins de Bordeaux, le Téléphone, etc., et il conclut :
« L’homme n’est ni bon, ni mauvais, niais vivant
dans un système économique anachronique, dans une société
où la monnaie est un peu comme la carotte devant le baudet !
Où cette monnaie profite, les inégalités économiques
et sociales ne font que s’accentuer. Son comportement n’est que la résultante
du milieu ambiant ».
...« Pour l’homme, nécessité oblige, la foire d’empoigne
fait le reste et sert les plus rusés. C’est bien plus le procès
d’un système que celui d’individus. Pour aspirer à sa
plénitude, une vie de qualité ne peut exister que dans
une société où les inégalités économiques
auront disparu, dans une société où l’argent sera
serviteur et non maître, l’économie distributive avec son
revenu social satisferait pleinement à ces exigences. »
• Le Courrier de Paimbœuf (15 mai 1976)
QUALITE DE LA VIE
« Rendement et rentabilité ne peuvent faire bon ménage avec une vie de qualité... La qualité de la vie n’échappe pas à cette conclusion. La monnaie doit être au service de la production. sans en être le moteur, le facteur intrinsèque, sinon nous aurons bien d’autres surprises, de désagréments. »
• Le Courrier de Paimboeuf (30 avril 1977)
MISERE DANS L’ABONDANCE
« Manquer du nécessaire en 1977 alors
que les magasins regorgent de marchandises, comment cela est-il possible
à l’heure où nous vivons, c’est-à-dire en pleine
abondance ? (Abondance de biens vitaux et utiles), alors que les mass-média
déploient journellement leur tapageuse publicité. »
...« Assainir les marchés, afin de sauvegarder le profit,
telle est la nécessité d’un système économique,
qui ne conçoit l’homme qu’au travers de son portefeuille c’est-à-dire
en fonction de sa capacité solvable ! »
...« L’estomac d’un nanti est-il fabriqué différemment
de celui d’un pauvre ? A ce niveau n’ont-ils pas les mêmes besoins
? Le véritable socialisme ne
passe-t-il pas tout d’abord par l’égalité économique
? Cette égalité représentée par une monnaie
de consommation, celle-là même qui manque aujourd’hui aux
économiquement faibles. Ceux qui parlent tant de justice sociale,
avec application toujours repoussée, feraient oeuvre utile en
potassant la question. »
Faute de quoi d’autres draines similaires viendront s’ajouter à la liste des drames de la misère dans l’abondance !
• Le Courrier de Paimbœuf (17 décembre 1977)
A PROPOS DU CHOMAGE
« Qu’est-ce donc que le chômage ? Sinon
la résultante de la révolution mécanicienne, laquelle
renvoie aux calendes grecques le vieux concept du travail musculaire
de l’homme. Sans crainte de démenti. le plein emploi est impossible,
car le chômage croît en même temps que les productivités,
l’automatisation atteindra de plus en plus d’industries, n’en déplaise
aux inconditionnels du travail.
» A ce mal chronique de nos sociétés d’argent, toutes
les solutions jusqu’à présent préconisées,
ne sont que cautères sur jambes de bois.
» La solution ? Puisque la machine produit à la place de
l’homme, ne doit-il pas vivre des produits de la machine ?
» Pour cela, il devient nécessaire et indispensable de
dissocier ces deux éléments : travail et revenu. Y avez-vous
pensé ?
» Ce n’est plus de production qu’il s’agit, mais bel et bien de
distribution. »
• Le Courrier de Paimbœuf (4 janvier 1980)
ÇA IRA MIEUX... DEMAIN ?
« ... Le temps passe, les hommes aussi, sans pour
cela qu’apparaisse l’aube de ces lendemains tant déclamés,
pourquoi ?
» Parce que... on se refuse à faire le pas salvateur, celui
qui consisterait à remplacer l’économie de marchés
par une économie des besoins socialement utiles (économie
distributive) la production étant largement résolue.
» ... La cybernétique ne conduit-elle pas à l’usine
sans ouvriers. dans le tertiaire, aux bureaux sans bureaucrates ? Dès
lors la pilule du plein emploi relève du burlesque et, suite
aux critères invoqués. le chômage doit se transformer
en loisirs, le travail partagé. la sécurité matérielle,
la garantie des ressources du lendemain assurées à tous,
sinon ces lendemains que l’on repousse sans cesse n’existeront pas.
Comme l’humour n’a jamais tué, disons que demain n’est qu’inconsistant.
»
*
J. Pennaneac’h a profité d’une réunion du Comité Social régional des pays de Loire pour adresser une lettre au président de ce comité, contenant quelques réflexions de bon sens. Il y suggère ironiquement que pour réaliser le plein-emploi que tout le monde recherche on pourrait mobiliser les chômeurs pour compter les grains de sable des plages ou labourer les champs avec une fourchette. Il amène ainsi sa conclusion que seuls sont à créer les emplois utiles et non ceux qui servent à fabriquer une force de frappe contre un ennemi à trouver.
Jean Leblan diffuse inlassablement des tracts qu’il
rédige et tire lui-même.
Voici, en résumé, celui qu’il a composé sur la
liberté :
LORSQU’ON parle de liberté, on ne se préoccupe
guère de la définir. Elle est le plus souvent entendue
comme la faculté de pouvoir exprimer son opinion dans tous les
domaines, sans risque de représailles, de pouvoir élire
des représentants à tous les niveaux, de pouvoir faire
grève au cours de luttes revendicatives.
Il est évident que la liberté implique avant tout que
les besoins vitaux soient satisfaits. Il ne faut pas oublier cette condition
essentielle et primordiale.
Mais cette condition étant supposée réalisée,
un autre aspect de la liberté, pourtant fondamental, est généralement
laissé dans l’ombre, même par les plus grands syndicats,
qui réclament toujours, inlassablement, le plein emploi par la
« croissance », ou « l’expansion », ce cancer
qui empoisonne notre civilisation.
Pourtant, la liberté, c’est d’abord les loisirs.
C’est bien en période de loisir que l’on peut choisir les activités
capables de favoriser au mieux l’épanouissement de notre personnalité.
Mise à part une petite fraction des emplois, celle où
le travail est une activité créatrice (art sincère,
recherche, scientifique, organisation...), le travail salarié
de routine, plus ou moins répétitif et monotone, n’est
pas autre chose que de l’esclavage, c’est-à-dire l’opposé
de la liberté.
Une organisation économique et sociale sera d’autant plus libre
qu’elle sera d’abord capable de procurer des loisirs à ceux qui
le désirent, en mettant pour cela les machines au service de
l’homme.
Les activités de loisir ne manquent pas à l’esprit humain
: culture littéraire, scientifique, historique, philosophique,
artistique, jardinage et bricolage, spectacles, sports et jeux (une
simple partie de belote demande à l’individu plus d’initiative
que bien des emplois). Les enfants, lorsque la société
de surconsommation imposée aujourd’hui n’a pas encore mutilé
leur personnalité, savent en général imaginer les
activités qui leur évitent l’ennui. Mais il arrive que
l’accumulation d’années de travail obligatoire ait pour effet
d’émousser toute imagination et donc supprime cette faculté
de savoir se trouver une activité intéressante. Ainsi
l’aliénation au travail aboutit-elle à cette triste condition
d’amoindrissement mental, et les loisirs de la retraite se transforment
en ennui. Quel dommage et quel gâchis !
ILS Y VIENNENT !
« Constatant que l’Europe occidentale est passée d’une économie de pénurie à une économie d’abondance, ils considèrent que dans une économie d’abondance, besoins et consommation deviennent des choix culturels. Ils estiment donc possible et souhaitable de substituer aux notions de consommation et d’accumulation, donc de profit, jusqu’à présent considérées dans nos sociétés comme l’unique moteur de l’économie, les notions de responsabilité et de service offert par l’individu à la collectivité, service qui serait apprécié à sa juste valeur et équitablement rétribué.
.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
Art. 24. - La solidarité consiste en ce que la société doit assurer à chaque citoyen la satisfaction de ses besoins matériels et culturels dans les limites compatibles avec le niveau et les conditions du développement économique.
Art. 25. - Au nom de la solidarité, chaque citoyen doit participer à l’effort collectif pour davantage de bien-être et de plus-être dans la mesure de ses capacités et dans le cadre de la loi, en échange de quoi il percevra un revenu. Ce revenu, compris entre d’une part un revenu mensuel minimum garanti (R.M.M.G.) et d’autre part un revenu mensuel maximum toléré (R.M.M.T.) sera fixé par la loi.
Art. 26. - Le droit de propriété consiste en ce que tout homme est maître de disposer à son gré de ses revenus ou des biens qu’il a acquis grâce à ceux-ci. L’usage abusif de ce droit conduisant à la désintégration du corps social et à l’oppression, des limites lui sont assignées. »
Envoi de N. LECONTE.