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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles > N° 1078 - juillet 2007

 

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N° 1078 - juillet 2007

Au fil des jours   (Afficher article seul)

Jena-Pierre Mon dénonce la complaisance des médias envers le pouvoir, l’incohérence de la PAC et se demande si ce sont les chinois qui mettront fin à la concurrence intraeuropéenne.

L’heure n’est pas au désespoir   (Afficher article seul)

Marie-Louise Duboin décrit les initiatives qu’ont prises, dans plusieurs régions, des militants pour l’économie distributive.

Désarroi   (Afficher article seul)

Gérard-Henri Brissé souligne l’habileté dont a fait preuve Nicolas Sarkozy pour arriver à ses fins, mais prévoit les difficultés auxquelles il va se heurter face à la "France d’en bas".

La preuve par le 93   (Afficher article seul)

Pour une Europe démocratique et sociale   (Afficher article seul)

Dans 17 pays d’Europe, les associations nationales Attac se sont penchées sur le "traité simplifié" qui résulte d’un accord subi(t), et plusieurs ont publié une déclaration commune à ce sujet.

Lettre à mon facteur    (Afficher article seul)

Paul Vincent interroge un préposé sur certaines nouvelles mesures dites de "modernisation", à la Poste.

Pour qui pousse le blé ?   (Afficher article seul)

Faut-il deux monnaies ?   (Afficher article seul)

Raoul Gimonneau se demande comment payer des achats importants en monnaie distributive.

Réponse à M. R. GIMONNEAU   (Afficher article seul)

Élargissons le débat   (Afficher article seul)

Claude Robin compare plusieurs ouvrages qui imaginent des alternatives contre l’asservissement actuel à la finance.

Adresse au Figaro   (Afficher article seul)

Vers le crédit social   (Afficher article seul)

Stéphane A. Barathieu cherche une mesure de transition vers l’ED.

Planète en danger   (Afficher article seul)

Ernest Barreau dénonce la paranoïa destructive de l’humanité aveuglée par l’argent.

Sauvons les Bouddhas !   (Afficher article seul)

Un lecteur nous invite à comprendre comment une "novlangue" entraîne sournoisement la destruction du patrimoine culturel de nos sociétés.

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Chronique

Au fil des jours

par J.-P. MON
3 août 2007

*
Brusque volte face

Les médias à la botte du pouvoir ont-ils fait trop de zèle, ou bienont-ils été victimes des instituts de sondages, pas très objectifs, eux non plus ? Après l’incontestable succès de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle, ils ont continué imprudemment sur leur lancée. « L’UMP inflige une lourde défaite au PS » titrait Le Monde du 12 juin au lendemain du premier tour des législatives. Suivaient dans d’autres pages du journal des commentaires définitifs : « Le jugement des électeurs a été logiquement confirmé en appel le 10 juin, au soir du premier tour du scrutin législatif. Avec 39% des suffrages exprimés, la gauche enregistre son plus mauvais résultat depuis le début de la Vème République, exception fait de la Berezina des législatives de 1993 (35% avec les Verts) [1]… ; cinq semaines après avoir porté Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République, les Français ont décidé de lui donner une majorité massive pour gouverner…C’est ce qui ressort du premier tour des Législatives où la majorité présidentielle atteint son meilleur score depuis 1973 et devrait être confirmé dimanche 17 juin… Les diverses projections accordent 380 à 470 députés sur 577 » [2].

Le 17 juin virage à 180 degrés ! Le Monde titre : « Un avertissement adressé à Sarkozy » et Arnaud Leparmentier s’interroge maintenant : “Le malentendu déjà ?” L’UMP, qui garde cependant la majorité, perd 35 sièges, la gauche en gagne 45, Juppé est battu à Bordeaux tandis que de nombreux socialistes donnés battus au second tour sont élus et que les socialistes gagnent une circonscription de plus à Paris. Si l’on examine les pourcentages de suffrages exprimés, on voit que la différence entre l’UMP et le PS n’est que de 1,73 % mais le mode de scrutin fait la différence.

Ne pensez surtout pas que je fais du triomphalisme, je n’ai voulu que souligner combien les médias étaient partiaux. Ils auraient pourtant dû se rappeler de leurs pronostics lors du référendum de 2005. C’est sans doute pour cela qu’ils sont, dans leur grande majorité, favorables à une ratification par les Parlements et surtout pas par référendum.

C’est ça la démocratie à l’Européenne !

Les incohérences de la PAC

En France, la Politique Agricole Commune favorise les grosses exploitations très compétitives, au détriment des petites. Si on prend le cas des céréales (5 milliards d’euros versés en 2005), on constate que 7% des exploitations les mieux loties reçoivent 29% des aides tandis que 24% des petits producteurs n’en reçoivent que 2%. Une étude [3] explique que les aides directes ne sont pas, en fait, proportionnelles aux surfaces cultivées ; elles dépendent des départements, des cultures privilégiées et des rendements. Ainsi, une exploitation est d’autant plus aidée qu’elle est située dans une zone de forte productivité (où se trouvent la plupart des plus grandes exploitations). Par exemple, pour un hectare de blé tendre, un producteur touche 420 euros dans la Somme et 206 dans l’Hérault.

Depuis 2006 le mode d’attribution des aides a changé : elles sont maintenant découplées de la production. Mais contrairement à ce qu’a fait l’Allemagne, la France a décidé d’appliquer cette réforme en se basant sur les montants antérieurement perçus par les exploitations. Ce qui ne corrige en aucune manière les disparités. Un bilan doit cependant être fait en 2008 et la question du plafonnement des aides sera discutée. Selon l’étude citée plus haut, 2.200 exploitations touchent plus de 100.000 euros. « Plafonner à ce niveau serait une révolution », explique un chercheur du Groupe d’économie mondiale de Science Po. Mais, généreuse, la Commission européenne propose 300.000 euros. Cette mesure concernerait 2.180 exploitations en Europe dont 30 à 40 en France, 330 au Royaume-Uni et 1.430 en Allemagne.

*
Les chaises musicales de la délocalisation

Les Chinois aussi délocalisent leurs entreprises, mais plus encore leurs travailleurs. La Roumanie, intégrée en 2007 à l’Union européenne, est devenue une de leurs cibles préférées. En effet, depuis qu’ils n’ont plus besoin de visa pour travailler dans l’espace de Schengen, des centaines de milliers de Roumains sont partis en Europe de l’Ouest en espérant y trouver de meilleures conditions de travail et de salaires. Résultat : « La Roumanie manque gravement de main d’œuvre », constate le responsable du Bloc national syndical (une des principales organisations syndicales du pays), « et dans un avenir proche, le marché roumain devra faire place à des ouvriers venus de pays en dehors de l’Union européenne ». C’est déjà ce qu’il se passe. Au mois d’août dernier, la société de textile Wear Company a passé un accord pour embaucher à bas prix 350 Chinoises, initiative chaleureusement saluée par le patronat roumain qui a bien vite compris les “règles” du marché libéral. « Cette année le marché du travail a été libéralisé et la main d’œuvre est partie à l’étranger. Nous allons donc devoir faire face à une véritable crise d’ouvriers » a déclaré la présidente de la fédération patronale de l’industrie textile. Mais tout n’est pas aussi rose que l’espérait le patronat roumain. Conscientes que leurs salaires étaient dérisoires (100 euros en moyenne) alors que celui des Roumains est de 300 euros, les ouvrières chinoises de Wear company ont fait grève pour obtenir des augmentations. Le plus étonnant de l’histoire est que le Bloc national syndical vient d’admettre en son sein trois représentants chinois, membres du syndicat unique chinois All China Federation Trade Union [4], qui entendent obtenir que leurs ouvriers soient correctement rémunérés. Il y a actuellement 3.000 Chinois travaillant légalement en Roumanie et 2.500 autres sont attendus d’ici à la fin de l’année. Est-ce que les “Prolétaires de tous les pays…” seraient en train de s’unir ?

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[1] La gauche ramenée à son étiage historique, Gérard Courtois.

[2] Le Mai 81 de la droite”, Arnaud Leparmentier.

[3] La géographie des aides aux grandes cultures, Service des statistiques du Ministère de l’Agriculture, 20 juin 2007.

[4] 134 millions de membres.

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Initiatives d’actualité

L’heure n’est pas au désespoir

par M.-L. DUBOIN
10 août 2007

La raclée infligée par Sarko-l’Américain à toute la gauche vient de faire la preuve que celle-ci n’est pas capable d’opposer à son idéologie et à ses beaux discours un projet qui puisse venir à bout des calamités de notre temps. Ni le PS qui se dit parti de gouvernement mais n’a pas d‘idéal, ni le PC qui rêve toujours de créer des emplois sans se préoccuper de savoir pour quoi faire, ni les Verts qui cherchent encore à concilier leur souci écologique avec l’économie de profit, ni les altermondialistes qui ne s’entendent pas sur cet “autre” monde qu’ils prétendent défendre. Dans ces conditions, un parti qui dispose des moyens financiers et médiatiques, soutenant un candidat qui déborde d’ambition et ne doute de rien, ne pouvait que séduire un électorat désemparé, et fort peu entraîné à vérifier ce qu’on lui affirme. Comme l’exprime ci-aprèss notre ami G-H Brissé, on peut craindre ce qui va se passer quand “la France d’en bas” va s’apercevoir que l’enchanteur ne fait disparaître aucune de ses détresses.

Le manque quasi total de perspective plus heureuse risque d’inciter beaucoup de monde à courber l’échine en se lamentant. Pourtant, c’est dans cette ambiance, plus morose que jamais, que nous avons reçu plusieurs de ces messages qui vous interdisent de désespérer. À croire que les distributistes se sentent une responsabilité nouvelle parce qu’ils constatent qu’ils sont bien seuls à avoir quelque chose de cohérent à proposer. Comme s’ils s’étaient donné le mot pour montrer que la démocratie c’est aussi se prendre par la main, sans attendre un sauveur, voici que de la région lyonnaise, de la région bordelaise et de Bretagne, des lecteurs nous ont annoncé qu’ils ont pris des initiatives, et que n’ayant plus peur de passer pour des utopistes, ils ont décidé de se faire entendre.

Serge Bagu, d’abord, nous a rapporté que « à Vaulx-en-Velin, s’est constitué le groupe “Les sans carte, de gauche”, issu du “groupuscule” de “citoyens actifs”, ce mouvement vaudais qui se compose de tous ceux qui ont préparé ta conférence, Marie-Louise, en mars. “Les sans carte, de gauche“, a-t-il ajouté, espère rassembler tous les citoyens de gauche qui ne veulent pas se faire phagocyter par un parti dès lors qu’on pense différemment. Ce travers a certainement nui au PC ces dernières décennies. Azzédine Soldani, “sans carte, de gauche”, nous représente en tant que suppléant de la candidate du PC. Il n’a aucune ambition personnelle. C’est le PC qui est allé le chercher. Après un premier refus, il a accepté de soutenir ce parti après avoir obtenu la garantie d’être libre de ses propos.

Pour son premier débat public avec Marie-France Vieux-Marcaud, la candidate du PC, il a subtilement fait comprendre qu’en quelques décennies le temps passé au travail avait considérablement baissé et cela grâce à des moyens de production de plus en plus modernes. Il a fait exprès de ne pas prononcer les mots d’économie distributive et de Jacques Duboin, sachant que la plupart des communistes, simples adhérents ou responsables, en sont toujours au temps de Karl Marx. Comme j’aime à le dire, il est difficile de faire boire un âne qui n’a pas soif, et il convient donc d’introduire les idées nouvelles à doses homéopathiques.

J’en ai quand même rajouté une louche en livrant ma réflexion sur leur proposition No2 : « promouvoir une politique industrielle et de services, créatrice d’emplois ». J’ai dit : « Votre proposition est tout à fait louable, mais j’aimerais vous rappeler qu’une entreprise n’est pas faite pour créer des emplois, mais bien pour fabriquer des produits. Autrement dit, dès qu’un employeur pourra remplacer un salarié par une machine, il le fera. Les entreprises ne deviendront pas philanthropes dans un marché concurrentiel. C’est pourquoi je pense que vouloir retrouver le plein emploi à l’heure d’une production de plus en plus automatisée est une utopie. » Dans sa réponse, Marie-France exprima exactement l’inverse, et Nass Hassani, qui menait le débat, a proposé de faire, après les Législatives, un grand débat contradictoire sur les différentes visions du monde du travail. Étaient présents : Guy Fischer, vice président du Sénat et Maurice Charrier, maire de Vaulx-en-Velin (qui a bien aimé ce que j’ai dit).

Ainsi, ça bouge à Vaulx-en-Velin. On a bien conscience de la difficulté qui nous attend pour décrasser les esprits, mais ça bouge, ça bouge. Jacques Duboin n’est plus un illustre inconnu dans notre ville. La conférence de Marie-Louise, son livre, le billet de Bernard Maris, les nouveaux abonnés à la GR et maintenant Azzedine, sont les gouttes d’eau qui font les rivières. J’ai surnommé Azzedine “le Viagra de la gauche” ce qui a bien fait rire tout le monde ! ».

Nouveau message de Serge ensuite : « Bonne nouvelle ! Les sans carte, de gauche, de Vaulx-en-Velin viennent d’ouvrir un blog. Les sans carte sont des gens de la société civile qui ne veulent pas se trouver embrigadés et formatés au sein d’un parti, fut-il de gauche. En gros, tous ceux qui voudraient que le vote blanc soit pris en considération.

C’est bien la preuve que ta conférence a troublé les esprits, même parmi les absents ce jour-là. C’est assez remarquable quand on pense qu’en mars on était dans la campagne présidentielle. Le but des sans carte est d’être le poil à gratter de la pensée de gauche. Le décrassage des esprits sera long. Au sein du PC vaudais, Azzedine ne voit pour l’instant que 2 ou 3 personnes susceptibles d’accepter l’idée d’une société autre que marchande.

Le débat continuera après les élections même si Azzedine prend une raclée. C’est pourquoi on a crée ce blog. On va tout faire pour que ta conférence ne reste pas sans suite. Je ne ménage pas ma peine pour parler du billet de Bernard Maris ainsi que de l’article de l’Humanité concernant ton livre. Je suppose que les dirigeants du PC lisent L’Humanité, eh bien pas un seul d’entre eux n’a daigné nous le signaler… !

Voici l’adresse internet de notre blog : http://lessanscartedegauche.free.fr

On l’a créé aussi, bien sûr, pour tous les fidèles de Jacques Duboin, son contenu est pour l’instant plus que maigrichon, mais on démarre et c’est un point de ralliement épatant pour faire avancer nos idées ! »

*

C’est Marc Dehousse qui a pris l’initiative en Aquitaine. Fin avril, il envoyait un premier message : « À force de parler sans résultat, j’ai fini par accepter d’être suppléant pour les collectifs antilibéraux sur Pessac. Je me retrouve avec une candidate du PC bien sympa et suis censé représenter la diversité (monde associatif, Association pour l’Économie Distributive, etc...).

J’ai fait accepter par le PC local d’enlever de tous les discours un maximum de termes "anti", "contre", etc. En fait je leur ai demandé d’arrêter d’être négatifs et de construire une pensée combative mais positive qui donne de l’espoir. Ensuite, j’ai passé à ma candidate et partenaire quelques numéros de la GR à lire. (Ils ne connaissaient pas au PC, à la LCR non plus d’ailleurs). Ils m’ont trouvé révolutionnaire, un comble, mais sont curieux des solutions de l’ED.

Vu que le PC n’a plus rien à perdre, sinon deux misérables pourcent, il peut prendre le risque de changer son fusil d’épaule. C’est-à-dire de se remettre en question et de s’ouvrir à l’étude de nos idées distributives. Du côté de la LCR, ce sont surtout des jeunes qui suivent le mouvement revendicatif, mais en restant toujours ouverts aux idées neuves, du moment qu’on prend le temps de leur expliquer.

Nous souhaitons ne pas rivaliser mais coopérer à l’émergence d’idées de progrès. L’idée est venue à ma candidate de proposer une réunion d’information et de réflexion sur l’ED ouverte à tous les groupes de la gauche. »

Plus tard, Marc raconte : « À la fête de l’Huma, j’ai pu distribuer la quasi totalité des revues et occuper mon temps de parole. Ton livre était en vente à la librairie de la Renaissance de Toulouse. Mardi prochain, je participe, non en tant que candidat, mais en tant que militant AED, au café économique de Pessac, qui compte discuter sur le thème de la dette, des politiques et de l’économie. A priori, il y aura l’UMP, les Verts, et le PS, avec mon opposant Alain Rousset. » Et il ajoute : « À propos des Verts, toujours aussi inconsistants en matière d’économie, voici un paragraphe de la page 25 de leur programme :

Une dette publique à stabiliser

En 25 ans, la dette publique française est passée de 20 % à plus de 60 % du PIB. Le paiement des intérêts de la dette est devenu le deuxième poste de dépense budgétaire. Cette situation revient à opérer une redistribution de tous les contribuables vers ceux qui disposent d’une épargne et de la France vers l’étranger puisque 50% de la dette est possédée par des non résidents.
Pour autant cette situation n’est pas catastrophique. Il est normal que l’Etat soit endetté, sinon les ménages ne pourraient pas placer leur épargne en obligations et assurance- vie essentiellement constituée d’obligations d’Etat. Par ailleurs, le niveau important de la dette s’explique par le chômage de masse et reflète en partie la socialisation croissante des revenus. Sans être catastrophique, l’endettement actuel impose quand même de trouver des solutions au niveau européen, en lien notamment avec la politique monétaire. Les investissements importants qui résulteront de la conversion écologique de l’économie devront être principalement financés par l’endettement public européen, notamment auprès de la BEI et de la BERD...

Autrement dit, commente Marc, ils veulent sauver le monde en utilisant le capitalisme, … ils trouvent normal pour un État d’être endetté et de verser des intérêts sur des projets vitaux, il est normal de favoriser l’épargne capitaliste, etc. Mais ils préféreraient que ce soit l’Europe qui paie plutôt qu’eux. Alors, au fond, pourquoi l’Europe, pour se rembourser, n’endetterait-elle pas le Tiers-Monde, comme le font les Américains ? Dire que les Verts sont le premier parti que j’ai entrepris pour diffuser l’ED, il y a 15 ans ! »

Ce dernier commentaire de Marc prouve qu’il est solide et ne se décourage pas. Il nous a envoyé des nouvelles après les élections : « Notre résultat est honorable, vu le manque de moyens et une certaine désorganisation surtout dans le groupe collectif de Pessac. Au global, nous avons fait 2,49 %. Nous avons donc repris un peu de l’électorat communiste, suffisamment pour qu’Alain Rousset nous appelle à la rescousse, ce qui devra se payer un jour.

Et à ce propos, je pense remettre cela pour les municipales, afin d’enfoncer ce clou à peine pointé.

J’ai commandé un autre exemplaire de ton livre pour le faire tourner auprès des militants. Concernant la réorganisation des collectifs et du PC de Gironde, il reste encore du travail à faire. Le PC Gironde semblerait prêt à organiser des rencontres-débats sur l’économie et à t’inviter. Je pense organiser cela dans le cadre ou parallèlement à la semaine des Rencontres de l’Economie Solidaire de Pessac qui devrait avoir lieu en octobre. Nous aurions aussi le soutien du SEL Gabarre, et d’autres associations. Il serait intéressant que Franck Pupunat, pour Utopia, vienne y confronter ses idées (celles de Dominique Méda). »

À Pessac comme à Vaulx-en-Velin, nos militants se servent d’internet, et Marc s’est manifesté à propos de l’émission de D.Taddeï, du 30 mai sur FR3, intitulée La dette sous toutes ses coutures : il a réagi sur le forum de FR3 en créant un sujet "la dette, ennemie publique" (taper "dette" en recherche). « Et ça rebondit. Il faut taper . Le mot de passe est alors tango33 ».

Marc souhaite arriver, en nourissant ce forum, à ce qu’une nouvelle émission sur la dette soit organisée. Voici son adresse courriel :

mdehousse (arobase) free.fr

À vous de jouer.

Et bon courage à tous !

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Désarroi

par G.-H. BRISSÉ
10 août 2007

On ne peut dénier à M. Nicolas Sarkozy des qualités d’intelligence, d’énergie et de savoir-faire. Il a su cultiver fort habilement l’art de la mise en scène, attirer autour de sa personne, comme autant de papillons éblouis par la lumière, tout ce que la Gauche et le Centre en général et le parti socialiste en particulier, comportaient de militants “à la marge”, au bord de la limite d’âge ou en rupture de ban. Il exige en outre de ses ministres dont, sans complexe, il se pose en premier d’entre eux, le Premier en titre faisant figure de comparse, qu’ils se présentent avec succès aux suffrages du peuple, oubliant de préciser par exemple que M. Bernard Kouchner, son ministre désigné aux Affaires étrangères, n’a jamais participé à un quelconque scrutin législatif. Regrettable confusion des genres. Ce qui est bon pour M. Kouchner ne l’est pas pour M. Alain Juppé, lequel aurait pu se dispenser de cette épreuve funeste pour lui mais ne l’a pas fait. Comprenne qui pourra !

L’un de mes bons amis, naguère encore avocat, qui a bien connu, en tant que tel, M. Nicolas Sarkozy, le décrit comme une personnalité attachante qui a fait preuve d’un courage personnel dans l’épisode d’Unabomber, cet excité qui avait pris en otage des enfants d’une école primaire de Neuilly-sur-Seine, il y a quelques années. Je le crois volontiers, en ce sens que les qualités personnelles sont dans la vie d’un homme un élément fondamental, mais qui n’explique pas tout !

En vérité, l’équipe gouvernementale présentée aux médias ce 19 juin a des allures d’union nationale, en quelque sorte la réplique de ce que voulait François Bayrou avec son MoDem. Il nous révèle Mme Christine Boutin, bien connue pour ses positions notamment contre l’avortement, se baladant dans les jardins de l’Hôtel Matignon bras-dessus, bras-dessous avec l’ex-égérie de l’association “Ni putes ni soumises”, Mme Rachida Dati, Garde des Sceaux, plaidant pour l’incarcération des jeunes délinquants récidivistes et côtoyant M. Robert Hirsch, ancien collaborateur de l’Abbé Pierre au sein de l’association “Emmaüs”, chargé d’une mission de “Haut commissaire aux solidarités contre la pauvreté”.

De ce mélange explosif sont issues, jusqu’à présent, quelques mesures qui ne concernent qu’une infime minorité de Français, celle du haut de gamme des revenus, représentée par quelque corporations de notables. Combien de temps perdurera cet assemblage hétéroclite extrêmement sulfureux ? On se rappelle l’épisode des “Jupettes”, ces femmes promues ministres et mises prématurément en congé…

Tôt ou tard, le naturel des revendications sectorielles reviendra au galop. Et beaucoup plus rapidement que l’on ne peut l’estimer ; une fois dissipées les chaleurs de l’été, les Français s’apercevront, mais un peu tard, qu’ils ont été dupés.

« Le pouvoir saoule », remarquait déjà Albert Camus. Une chose consiste à se hisser au pouvoir au gré d’une ambition personnelle, une autre est de l’assumer au contact des dures réalités quotidiennes. La plupart ignore a priori les contraintes et les servitudes qu’il comporte. Pour l’avoir approché sans l’avoir exercé vraiment, je sais ce dont je parle, et mon commentaire a valeur de témoignage. Et je puis dire aujourd’hui que l’avenir nous réserve bien des surprises.

L’actuel Président de la République, quoiqu’il s’en défende, est aux portes du pouvoir absolu : l’Élysée, Matignon, l’Assemblée, le Sénat, le Conseil constitutionnel, les principaux médias, il dirige tout, contrôle tout, instaure une variante de pouvoir “à l’américaine”, sans réel contre-pouvoir, en dépit d’une présence inespérée de députés socialistes au Parlement, où il dispose (on l’a un peu trop oublié dans l’euphorie du second tour des législatives) de la majorité absolue.

Distributiste, mais tout également socialiste personnaliste, adepte d’une économie de répartition encore essayée nulle part, et partisan d’un gouvernement fédéral mondial, je ne me sens pas concerné par tout ce remue-méninges médiatique, qui ne durera qu’un temps et qui a secoué la France. Ce mode de représentation dont j’ai contesté, dès le départ, les modalités, m’est complètement étranger !

Refondation, reconstruction, ou clarification ?

Comme l’écrit à juste titre Laurent Joffrin dans Libération du 18 juin, sous le titre évocateur « Les Yeux ouverts » : « C’est la culture de la gauche qu’il faut repenser en priorité. Tâche qui ne se réduit pas à un face à face entre modernistes et orthodoxes : il faut une vision plus offensive, plus positive de la mondialisation, processus à la fois progressiste et exigu. Les réformistes le veulent mais aussi une partie des militants altermondialistes qui ont renouvelé notre culture politique plus que la Gauche officielle ! »

Disons la vérité : la France profonde, le pays réel, qui regroupe plus de 90% des Français, n’est représenté ni au Parlement, ni au gouvernement. Ceux qui se trémoussent dans ces fauteuils bien douillets, refaits à neuf pour la circonstance, règlent entre eux leurs petits différents, ils rabâchent comme des perroquets des consignes qui leur tombent d’en haut, en partie énoncées par leur gouvernement, en partie (à plus de 80%) par les autorités de Bruxelles : ils passent leur temps à les transformer en textes de loi qui annulent les précédents ou ne seront jamais appliqués.

Comme le note sentencieusement Jacques Attali dans l’Express du 14 juin : « La Gauche a perdu des élections imperdables ». Autrement dit, fin 2005, elle était donnée largement gagnante avec l’énoncé de concepts originaux, suffisamment généraux pour laisser place à tous les développements à venir. Et puis, au fur et à mesure que le temps a passé, elle a laissé place à une mauvaise synthèse destinée à rallier les suffrages de tous les socialistes, quel que soit le courant auquel ils se rattachent.

Désormais, les jeux sont faits, légalement, et pour cinq ans. Mais bien des événements peuvent encore subvenir.

Laissons les socialistes à la manœuvre. Qu’ils procèdent eux-mêmes à leur propre refondation. Il est peut-être tentant pour eux de céder à la “pipolisation”, à ces petits jeux de la télé-réalité fort à la mode, qui consistent à livrer ses propres états d’âme au public le plus large. Il s’agit d’un phénomène de société dont nous devons tenir compte mais qui durera le temps d’une mode. Nous ne mangerons pas de ce pain là !

Ceux que l’on désignait naguère sous le vocable de “lumpenproletariat”, élargi à ces catégories que l’on nomme les classes moyennes et qui représentent une majorité de Français, plusieurs millions en tout cas, sont aux prises avec les difficultés de la vie quotidienne et des fins de mois. Dans le rouge indéfini du compte en banque, des prélèvements obligatoires qui augmentent indéfiniment avec la hausse des tarifs de l’eau, du gaz, de l’électricité, du téléphone, des transports, salariés ou retraités voient leur pouvoir d’achat diminuer, ou se précariser, et des entreprises ferment ou se délocalisent du jour au lendemain.

Ces catégories sociales deviennent des parias permanents de la société : elles n’ont pour tout avenir que la marginalisation, les petits boulots clandestins pour survivre ou, tout simplement le suicide.

M. Sarkozy, vous avez énoncé en forme de promesse un train de réformes apparemment séduisantes. Mais, entre nous, elles ne concernent, répétons-le, qu’une infime partie de la société que vous représentez et qui vous a hissé au pouvoir. Si vous persistez à ignorer les aspirations fondamentales de l’autre partie, celle qu’un ancien Premier ministre avait interpellée comme « la France d’en bas », vous nous engagez vers une catastrophe sociale majeure.

Cette refondation de la gauche sempiternellement évoquée, cette reconstruction jamais entamée, cette clarification toujours au bout du chemin, donnent encore du grain à moudre à ces “déclinologues” qu’évoquait un ancien premier ministre.

Dans La Grande Relève, que je remercie chaleureusement pour son accueil à mes commentaires, nous avons, depuis plusieurs années déjà dressé un inventaire non exhaustif de différentes orientations qu’il conviendrait de donner à notre politique nationale et internationale pour déboucher sur une redressement durable. Il faut bien constater qu’à travers les discours ronflants et les promesse catégorielles à l’emporte-pièce, nous sommes loin de ces propositions de bon sens qui correspondent aux exigences de notre siècle. En dépit de l’espèce d’ostracisme dont nous sommes la cible, nous avons le devoir de persévérer dans cette voie iconoclaste, loin des sentiers battus, avec la certitude d’être approuvés le jour où toutes les “expériences” tentées ailleurs auront lamentablement échoué.

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La preuve par le 93

par P. VINCENT
10 août 2007

Patrick Devedjian vient de découvrir la cause de la délinquance : c’est la pauvreté. Le 93 est un département de forte délinquance parce qu’il est pauvre, et il est pauvre parce qu’il a élu des municipalités communistes qui entretiennent cette pauvreté pour se faire réélire.

Fort de cette découverte, Patrick Devedjian va sans doute proposer à ses amis le relèvement du SMIC, l’exonération d’impôts de tous les bas salaires, la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité et toutes autres mesures en faveur des pauvres auxquelles la droite s’opposait jusqu’à présent.

Patrick Devedjian a raison : si tout le monde était riche, plus de petite délinquance, rien que des grandes escroqueries !

Il faudrait aussi que l’on distribue des stock-options à tous les personnels des entreprises en leur inculquant les bons principes de notre économie capitaliste. Ils accepteraient alors volontiers d’être licenciés afin de faire monter le prix de leurs actions et pouvoir vivre de leurs rentes. Ainsi il n’y aurait plus non plus de problèmes sociaux.

Et puisque avec Nicolas Sarkozy tout est possible, c’est parti !

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L’europe, l’Europe… Laquelle ?

« Au cours de cette campagne, j’ai beaucoup appris dans la manière de réduire certains grands enjeux à quelques bouts de phrase et quelques caricatures ». Ce témoignage (dans Matinplus du 26 juin) est celui d’une nouvelle élue, qui a donc acquis de l’expérience en se lançant dans une campagne électorale. Mais le modeste citoyen, qui ne fréquente pas les milieux politiciens n’a pas, lui, ce moyen pour découvrir l’art et la manière d’utiliser les mots pour séduire en ce domaine. Alors comment peut-il comprendre en quoi consiste ce traité européen “simplifié” trouvé en quelques heures par les Vingt-Sept (dans la nuit du 23 au 24 juin, ils étaient au bord de la rupture à 20 heures du soir et tous d’accord à 4 heures 40 le matin) ? Les associations Attac de 17 pays d’Europe se sont penchées sur ces questions. Voici l’essentiel du texte de la déclaration commune d’Attac Allemagne, Attac Autriche, Attac Espagne, Attac Flandres, Attac France, Attac Suède et Attac Suisse, présentée par Attac France :

Pour une Europe démocratique et sociale

par ATTAC France
10 août 2007

Déclaration d’Attac France :

À la suite des Non des citoyens français et néerlandais au projet de traité constitutionnel, les Attac d’Europe ont poursuivi activement leur réflexion et mobilisation pour des alternatives à l’Europe actuelle. Dans leurs “Dix principes pour un traité démocratique”, 17 associations nationales d’Attac d’Europe exigent, notamment, que tout nouveau traité soit élaboré par une assemblée nouvelle et démocratique, élue directement par les citoyens de tous les États membres, avec la participation effective des Parlements nationaux, et qu’il soit soumis à référendum dans chaque État-membre.

Forts de ces principes, nous réagissons aux conclusions du Conseil européen de Bruxelles des 21, 22 et 23 juin. Même si la référence à la concurrence « libre et non faussée » est supprimée des objectifs de l’Union, le principe est maintenu dans les traités existants et continuera à inspirer les politiques européennes.

De même, et quelle que soit l’appréciation portée à l’égard de la charte des droits fondamentaux, il n’est pas admissible que des pays de l’Union, tel le Royaume-Uni, puissent en être exemptés.

Enfin, ce qui est présenté comme des avancées institutionnelles (présidence stable de l’Union pendant deux ans et demi, extension limitée des domaines d’application de la majorité qualifiée et de co-législation du Parlement européen) ne doit pas masquer le caractère profondément anti-démocratique du processus d’adoption du nouveau traité. C’est le sens du communiqué qui suit :

Les décisions prises lors du Conseil européen des 21, 22 et 23 juin sont incompatibles avec les enjeux de la coopération européenne. Le projet de traité constitutionnel a été rejeté parce qu’il portait des atteintes graves aux exigences démocratiques et sociales.

Les changements qui viennent d’être proposés par le Conseil européen ne donnent en aucun cas une réponse à ces exigences.

Plus encore, le fait que ces changements aient été négociés à huis clos, sans débat public, sans participation des citoyens et parlementaires, ne pourra qu’aggraver le rejet de l’Europe actuelle par les citoyens.

C’est pourquoi 17 Attac d’Europe, dans leurs “Dix principes pour un traité démocratique”, considèrent qu’une assemblée nouvelle et démocratique, élue directement par les citoyens de tous les États membres, doit être mandatée pour proposer tout nouveau traité, avec la participation effective des Parlements nationaux. Or, la feuille de route arrêtée fixe des échéances très rapprochées, pour, dès fin 2007, l’élaboration d’un nouveau Traité. En d’autres termes, il s’agit d’accélérer le calendrier pour éviter d’avoir à affronter un large débat public européen sur les choix à opérer. Cela implique nécessairement des procédures accélérées (une Conférence intergouvernementale bordée préalablement par d’intenses tractations diplomatiques) et des négociations opaques ; et, de surcroît, des procédures de ratification strictement parlementaires justifiées par l’étroitesse des ambitions. En agissant ainsi, les décideurs européens, réunis en Conseil européen, continuent de discréditer la construction européenne aux yeux des citoyens, ce qui ne peut qu’engendrer des crises ultérieures graves.

Par ailleurs, aucune réponse probante n’est pour le moment avancée par les dirigeants européens face aux urgences sociales, écologiques et démocratiques et le traité en préparation n’est pas en mesure d’y répondre. La reprise, très conjoncturelle, de la croissance économique ne peut servir à masquer la gravité de la situation actuelle. Celle-ci est marquée par l’approfondissement des inégalités, le maintien d’un chômage élevé dans toute l’Europe, les dégâts massifs et inacceptables causés à l’environnement. Elle est le fruit d’un modèle économique qui donne la priorité aux exigences de rentabilité des acteurs financiers et favorise la marchandisation du monde, la dégradation des systèmes de protection sociale, le délitement de nos sociétés.

C’est pourquoi les Attac d’Europe considèrent comme non seulement indispensable, mais urgent, de favoriser la mise en place d’un nouveau modèle de développement, et pour cela d’imposer à l’Union européenne et à tous ses États membres un certain nombre de principes :
- la garantie du respect et de l’égalité d’accès aux droits fondamentaux pour tous les résidents européens ;
- l’augmentation substantielle du budget européen pour assumer les choix d’élargissement effectués et garantir la solidarité par des transferts massifs à destination des nouveaux membres en contrepartie du refus de tout dumping fiscal ou social ;
- la convergence vers le haut en matière fiscale et sociale dans l’Union européenne ;
- le contrôle démocratique de la Banque Centrale Européenne et la responsabilisation de l’Eurogroupe et du Parlement européen dans la politique monétaire ;
- la réduction massive de la consommation énergétique et la transformation des modes de production ;
- la participation à un nouveau système international multilatéral et ouvert, voué à construire la paix et la solidarité entre les peuples.

La construction d’une Europe solidaire, démocratique et écologique passe par ces principes. C’est d’ailleurs pourquoi, après un débat public approfondi, les citoyens européens ont rejeté en France le Traité constitutionnel européen qui leur était proposé en 2005. Faire comme si le résultat de l’élection présidentielle française effaçait cette prise de conscience serait une grave erreur d’analyse.

Face à l’importance des choix que vient de faire le Conseil européen, nous appelons à la mobilisation dans toute l’Europe des forces progressistes pour une Europe solidaire, démocratique et écologique.

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Lettre à mon facteur

par P. VINCENT
10 août 2007

Le 22 juin 2007

Cher Olivier,

Tu sais ce que je pense de la façon dont est aujourd’hui gérée La Poste, pompeusement appelée La Banque Postale, alors que je l’appellerais plutôt Le Bordel Postal : les bureaux de poste sont transformés en carteries-papeteries, bien sûr non compétitives s’il y a à proximité un Monoprix ou même un marchand de journaux, lequel de son côté fait concurrence à la La Poste en se transformant en bureau de fret de La Redoute ou des 3 Suisses - d’autre part, je m’amuse à exhiber un récent relevé de compte des CP émis pour l’opération suivante : frais trimestriels de tenue de compte - 1 euro (et il paraît que les Chèques Postaux paient l’affranchissement de cet envoi à La Poste !), une façon géniale de créer du travail inutile mais des emplois (avant on prélevait 4 euros une fois par an) mais pour faire à tout prix des réformes, il faut avoir de l’imagination !

Ce matin, un postier qui connaît mes idées m’a attiré à son guichet pour m’expliquer confidentiellement qu’ils avaient des instructions orales et officieuses pour détourner la clientèle des actuels contrats de réexpédition ou de garde du courrier et pour leur proposer un nouveau contrat avec de la publicité concernant des produits ou services vendus par correspondance avec des remises alléchantes, mais qui coûteraient par exemple 32 euros là où cela en coûtait 22 dans l’ancien système qu’ils cherchent à faire disparaître.

À la place d’une Administration (horreur !) au service du public, on veut une Société Commerciale ayant pour but le profit, ceci naturellement en arnaquant le public, mais avec un personnel qui n’aura plus les scandaleux avantages qu’ont des fonctionnaires, ce qui en compensation pourra plaire à des gens souffrant de leurs conditions dans le secteur privé.

Souviens-toi de Denis Jeambar qui, dans l’Express, cherchait à susciter l’indignation des travailleurs du privé contre ceux du secteur public en prétendant que ces derniers vivaient 5 à 7 années de plus, ce qui ne serait pas à l’honneur du privé. Et faire mourir plus tôt les fonctionnaires n’avancerait pas beaucoup les travailleurs du privé.

Bien amicalement.

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Approfondissons le débat : Pour qui pousse le blé ?

Ce sont les investissements financiers, dans telle entreprise, tel secteur ou tel domaine d’activité plutôt que dans tout autre, qui déterminent l’orientation de l’économie. Or ces choix sont faits, actuellement, par ceux qui “placent” les capitaux. Et ils en décident sur des critères de rentabilité, exclusivement.

Il est temps que s’ouvre enfin un débat pour décider qui doit avoir le pouvoir d’exercer ces choix, qui sont essentiels pour l’avenir de la société humaine : ce pouvoir doit-il rester hors des responsabilités politiques ou bien doit-il être démocratiquement partagé ?

Et si la voie démocratique doit être préférée à la main invisible du marché, comment organiser ce partage ?

Dans son livre “Mais où va l’argent ?” M-L Duboin décrit le rôle aujourd’hui dévolu au pouvoir financier et fait trois propositions. C’est donc autour du contenu de ce livre que nous invitons nos lecteurs à débattre dans nos colonnes.

Pour qui pousse le blé ?

13 août 2007

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Un fidèle lecteur de Tonnay-Charente, organisateur au début de cette année d’une conférence-débat dans sa ville, se soucie de la façon de payer des achats importants, à long terme, et il fait pour cela une suggestion.

Faut-il deux monnaies ?

par R. GIMONNEAU
13 août 2007

Toutes mes félicitations pour le livre Mais où va l’argent ? à Marie-Louise ainsi qu’à toutes les personnes qui ont participé à ce bon travail, c’est un ouvrage que j’attendais depuis longtemps. Je l’ai lu et relu.

Il fait bien la lumière sur l’histoire de la monnaie et sur ses mécanismes, qui échappent à la majorité de ceux qui l’utilisent.

Il dévoile les limites invisibles de l’emprise de l’argent, fait comprendre que la loi artificielle et sauvage du marché est entretenue par la spéculation, et pourquoi l’économie est prisonnière du pouvoir financier, au détriment de l’intérêt général.

La création de monnaie ex nihilo par le système bancaire, assimilable à de la fausse monnaie n’est pas comprise par les gens, l’ensemble de la fonction monétaire est opaque, nébuleuse, ce livre apporte l’éclairage nécessaire pour comprendre.

J’espère et je souhaite qu’il soit lu par un maximum de personnes.

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Pour que l’économie soit mise au service des hommes, il me semble qu’il faudrait deux monnaies.

Une monnaie de consommation fondante pour tous, permettant de satisfaire les besoins les plus élémentaires pour vivre, l’alimentation, le logement, l’habillement, le chauffage, etc.. en échange bien sûr, d’une participation à la production des biens ou des services, selon la santé, les compétences, les préférences, etc.

Une deuxième monnaie, thésaurisable, sans intérêts, acquise par une participation plus importante dans la création, l’innovation et tout ce qui va dans le sens de l’intérêt général, pour permettre des acquisitions nécessitant des sommes plus considérables. Par exemple : certains préfèrent investir cet argent dans des voyages pour découvrir le monde, alors que d’autres, plus casaniers, trouveront plus de plaisir dans leur habitation, dans l’embellissement de leur environnement.

Mais comment faire à la finale ? Pour la transmission des biens ? Faudrait-il supprimer l’héritage ? Tous les biens importants revenant à la collectivité, qui pourrait les revendre ? Questions fondamentales, les réponses ne sont pas évidentes.

Pour envisager les grands changements indispensables au bon fonctionnement de la société, il faudrait que l’humanité sorte de l’enfance pour atteindre la maturité d’esprit nécessaire. L’ignorance, qui est un des plus grands ennemis de l’homme, est savamment entretenue par ceux qui en profitent et les habitudes freinent l’évolution alors que les moyens existent pour faire changer les mentalités.

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Réponse à M. R. GIMONNEAU

par M.-L. DUBOIN
13 août 2007

La première question soulevée est celle des achats à plus long terme que ceux de première nécessité, et dont le montant excéde, parfois de beaucoup, le revenu mensuel.

Recourir à la création d’une seconde monnaie, spécifique, dédiée à certains achats et non à d’autres, obligerait d’abord à établir la liste de ces achats, ce qui n’est pas évident et suppose des discussions et des arbitrages.

En outre, dès que plus d’une seule monnaie est en usage apparait le problème compliqué des rapports entre plusieurs monnaies, des transferts de l’une à l’autre, des équivalences entre elles, etc.

Il semble donc préférable de trouver un moyen qui permette, tout simplement, de consacrer une part de ses revenus à des achats à long terme.

La monnaie que nous proposons, malgré ses aspects totalement nouveaux (elle ne peut pas être placée pour rapporter des intérêts et elle doit permettre d’assurer l’équilibre entre production et consommation), est tout à fait compatible avec le souhait de laisser à chacun la complète liberté de ses choix. Que le revenu garanti soit versé, par exemple, mensuellement, ne signifie pas obligation de le dépenser dans le mois.

Les moyens informatiques existent, qui permettent aux “nouvelles banques” proposées, orientées vers la prospective et la recherche de ce que veulent les citoyens, de dire quelle part des revenus est en moyenne dépensée dans le mois, pour indiquer, en gros, quelle part de l’activité doit être consacrée aux biens de consommation immédiate.

Les moyens existent de permettre à chacun de réserver sur son compte, chaque mois, une part de son revenu à des achats pour le moyen ou pour le long terme, et de permettre aux banques d’organiser des paiements “à tempérament”, sans intérêt, etc.

Et il peut être décidé que certains biens puissent être acquis quand on en a payé telle partie, contre engagement de règler le solde dans tels et tels délais, etc.

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La transmission des biens est un autre problème, et j’y ai pas mal réfléchi en écrivant Les affranchis de l’an 2000, en particulier le chapitre 12 intitulé “droit de propriété et formation des prix”.

Il me semble que le problème est de chercher comment concilier, d’une part, le souhait légitime d’une famille de s’installer sur un terrain, l’aménager, le mettre en valeur, l’entretenir, l’habiter, etc, puis le transmettre à ses descendants pour qu’ils continuent à y vivre en l’entretenant, ne serait-ce que parce que beaucoup de souvenirs communs y sont attachés, avec, d’autre part, le souci d’empêcher qu’un terrain puisse permettre de faire de l’argent avec de l’argent, qu’on puisse acheter un terrain pour n’en faire rien d’autre qu’en tirer un bénéfice financier en le louant ou en le revendant plus cher, exploitant ainsi quelqu’un qui a besoin de ce terrain mais n’a pas les moyens de l’acheter, bref, empêcher qu’une propriété puisse être transmise dans le seul souci d’accumulation.

La proposition avancée pour concilier ces deux objectifs est, en gros, que le territoire appartienne à la commune, que son utilisation soit louée par la commune, et que cette location puisse être tranférée à des descendants s’il s’agit pour eux d’y vivre.

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La dernière réflexion exprimée par Raoul Gimonneau rejoint celle défendue ici naguère par François Chatel.

L’évolution de l’humanité dépend essentiellement de la part qui est faite à la culture et à la diffusion des connaissances.

Par contre, elle est ralentie par tout ce qui incite à ne penser qu’au court terme, à se distraire plutôt qu’à réfléchir ou s’instruire, à suivre des modes plutôt qu’à exercer son esprit critique et développer son autonomie de jugement.

Des slogans publicitaires comme celui que j’ai vu récemment : « Faites-nous confiance, on s’occupe de tout pour vous » n’encouragent guère à se sentir adulte et responsable.

L’absence de véritables projets d’avenir, l’obligation faite aux jeunes d’entrer dans un moule pour être “employables” avec pour seule perspective celle de devoir travailler plus pour gagner plus alors que le chômage est une menace permanente, enfin la croyance aujourd’hui malheureusement fort répandue que tout ce qui semble utopique doit être regardé comme pure folie, tout ceci, en effet, contribue plus à boucher l’avenir qu’à entrainer l’humanité vers l’âge adulte.

Essayons donc de lutter contre cette inertie de la pensée.

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Pour qui pousse le blé ?

Par ses suggestions, Claude Robin élargit le débat en proposant la lecture d’autres ouvrages :

Élargissons le débat

par C. ROBIN
13 août 2007

J’ai lu avec passion le livre de M.-L. Duboin, Mais où va l’argent ? S’attaquant au cœur du système marchand - l’argent - l’auteure expose précisément comment, pourquoi, et à quelles fins l’argent est créé. Elle remet ainsi clairement les choses à leur place, en bousculant beaucoup d’idées reçues ; la dernière en date, la dette publique, spectre élaboré et agité pour justifier l’approfondissement des politiques de liquidation des conquêtes sociales, des services publics et de protection sociale solidaire, au profit des intérêts privés (à l’image des “politiques d’ajustement structurel” dévastatrices imposées, par les mêmes intérêts, aux pays du Tiers monde).

Sont décortiqués de manière vivante et concrète les mécanismes au cœur du système capitaliste, qui conduisent à la destruction des hommes (de leur patrimoine d’humanité et de culture), et à la mise à sac effarante de la planète.

J’apprécie la précision de l’auteure, et aussi son style direct ; en effet, je suis bien d’accord avec elle, sortir de l’esclavage monétaire conduit à transformer profondément notre société ; les pistes proposées par M-L Duboin sont présentées tout aussi nettement. Ces « chemins d’espérance » ainsi esquissés me font penser à ceux que propose Michel Albert, dans son livre Après le capitalisme (éd. Agone), fort intéressant également en matière de propositions.

J’aime, chez M-L Duboin, que soient ainsi combinées la “déconstruction” des mécanismes d’assujettissement, et les alternatives pour s’en affranchir ; M. Albert plaide également pour des « alternatives en actes » dont doivent s’emparer les mouvements sociaux pour concrétiser la sortie du capitalisme, ici et maintenant, au cœur même de leur manière de s’organiser et de lutter. Avec cette exigence que pose si bien Alain Accardo dans nombre de ses travaux : « en examinant quelle part on prend personnellement, et de quelle manière, au maintien de l’ordre établi » (Cf. en particulier, Le petit bourgeois gentilhomme, aux éditions Labor, et sa magistrale préface de l’ouvrage Le culte de la charogne de A. Libertad, (chez Agone) dont voici un extrait : « Reste à trouver aujourd’hui, dans nos sociétés européennes, suffisamment d’hommes et de femmes lucides, courageux et désintéressés, capables de se battre pour autre chose qu’un replâtrage, pompeusement déguisé en “modernisation”, du vieux système d’exploitation et d’aliénation auquel l’immense majorité prête la main, justifiant ainsi son appellation usurpée de “démocratie” ! »

On l’oublie parfois, mais le fait que des esclaves puissent élire leur maître ne supprime ni les maîtres, ni les esclaves ; … et les derniers sondages, concernant les réactions de la population face au comportement de Sarkozy (M. Fouquet’s) et à ses décisions (carte scolaire, droits de succession, “bouclier fiscal” (sic !), défiscalisation des intérêts des emprunts et des heures supplémentaires, “autonomie” des universités …) m’amèneraient à me tirer une balle dans le crâne !

Alors, un peu d’ironie à la Michel Audiard pour survivre à ces sondages, et surtout à ce qu’ils révèlent de notre époque : « si les cons volaient, bon nombre de ces contempteurs de M. Fouquet’s seraient chefs d’escadrille » !...

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Adresse au Figaro

par P. VINCENT
13 août 2007

Vos titres ont beaucoup d’allure, mais ils sont assez tendancieux. Par exemple celui-ci : « Les retraites dorées des conducteurs de TGV ». Vis-à-vis des cheminots retraités qui travaillent à l’étranger en étant deux fois mieux payés (6.600 euros par mois) qu’ils ne l’étaient par la SNCF, l’expression me paraît inappropriée en ce qui concerne le mot “retraites” et excessive en ce qui concerne le mot “dorées”. On ne peut tout de même pas les comparer à des dirigeants de Sociétés qui atterrissent avec des “golden parachutes” de plusieurs millions à plusieurs dizaines de millions d’euros, sans d’ailleurs que cela vous cause autant d’émoi.

Ensuite, pourquoi insinuer que ces cheminots trahiraient la SNCF en allant travailler chez un “concurrent” à Taïwan, alors qu’on vous sait favorables à une libre concurrence plus dangereuse qui viendrait d’autres pays européens ?

Vous ne semblez pas avoir encore bien intégré les directives de notre Président : « Travailler plus pour gagner plus » !

Ce que démontre votre long dossier sur les avantages des cheminots, c’est qu’en ce qui concerne les salaires leur situation est particulièrement intéressante quand ils travaillent à l’étranger, et qu’a contrario ils ne sont peut-être pas assez bien payés par la SNCF. J’espère que Bernard Thibault vous en sera reconnaissant.

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Tribune libre

Découvrant notre journal, un nouveau lecteur imagine une transition, dans un seul pays, de l’économie actuelle vers l’économie distributive qu’il désigne par “crédit social” (sans toutefois se référer au crédit social des “crédististes”) :

Vers le crédit social

par S.A. BARATHIEU
13 août 2007

« Le communisme est mauvais car il accorde trop d’importance à l’égalité et pas assez à la liberté. Le capitalisme est mauvais car il accorde trop d’importance à la liberté et pas assez à la fraternité. »

La question prioritaire, à la base de la proposition du Crédit Social, est « Comment gérer la transition entre l’économie de marché actuelle et l’économie distributive de demain ? »

Et, plus précisément, comment effectuer cette transition dans un seul pays, sans que cela soit un handicap mais représente au contraire un avantage pour ce pays ?

La solution que je propose, c’est de conserver la compatibilité avec l’économie de marché, tout en mettant en œuvre le Crédit Social, qui a une dimension systémique globale, à la fois monétaire, fiscale et sociale, entre autre. En voici le schéma général :

1. Introduction d’une nouvelle monnaie interne, dénommée le Crédit Social, en complément à la monnaie officielle, qui est valable aussi à l’étranger. Le Crédit Social est une monnaie 100% électronique, frappée d’un faible intérêt négatif.

2. Introduction d’une Allocation Vie universelle, identique pour chaque citoyen, quel que soit son âge ou sa situation, dont les modalités de versement sont fortement automatisées, et dont une large proportion est versée en Crédit Social. Cette allocation remplace tout système antérieur tel que le Revenu Minimum d’Insertion. L’impôt sur le revenu est supprimé dans le même temps.

3. La liberté de contracter en Crédit Social est totale. Nul n’est obligé d’accepter le Crédit Social en paiement, cependant toute offre faite en Crédit Social est réputée faite également en monnaie officielle.

4.Le Crédit Social peut être converti en monnaie officielle par le biais du crédit d’impôt, selon un certain taux.

5.Progressivement, après une période de rodage, l’Etat cherchera à régler ses dépenses en partie en Crédit Social, y compris pour la paie des fonctionnaires. D’autres éléments de pilotage du système sont : le taux d’intérêt (négatif) sur le Crédit Social, le montant de l’Allocation Vie universelle, qui aura vocation à s’étoffer très progressivement, mais aussi l’imposition des sociétés et les droits de douane, et encore le taux de conversion du Crédit Social en monnaie légale. Il s’agit de garder le système en équilibre de façon à ce que le Crédit Social soit recherché par les sociétés, celles-ci souhaitant conquérir de nouvelles parts de marché et payer moins d’impôt.

Tout ceci est réalisable en imposant aux banques, et autres organismes financiers, la gestion 100% gratuite du Crédit Social et du versement de l’Allocation Vie universelle. Il s’agit d’une sorte d’impôt en nature, de service que les banques doivent rendre à l’Etat, une sorte de servitude pour pouvoir exercer en conservant la licence bancaire. D’autre part, la création de monnaie par les banques par le biais du crédit doit être très vigoureusement contrôlée et encadrée, entre autre en surveillant et en modifiant, très progressivement, à la baisse, le taux de couverture par fonds propres des crédits alloués.

Pour radical que puisse sembler cette proposition, et au-delà des difficultés et de la complexité de sa mise en place, le système est fonctionnel pour plusieurs raisons :

•1) La raison principale est qu’on obtient un effet de relance par la consommation, mais sans pression baissière sur la valeur de la monnaie et sans déséquilibre de la balance commerciale, car il y a un réel effet protectionniste. En effet, seules les sociétés soumises à l’impôt peuvent encaisser utilement du Crédit Social et le valoriser correctement en le convertissant en monnaie légale par le biais du crédit d’impôt. Ce protectionnisme, qui ne dit pas son nom, est la clé permettant l’introduction d’un système allant vers une économie distributive dans un seul pays, tout en restant compétitif, et au delà, sur la scène internationale.

•2) La deuxième raison, accessoire, est que l’effet inflationniste est moindre en injectant l’argent par le bas (par le Crédit Social), que par le haut (création monétaire par le crédit bancaire), du fait d’une bien plus grande capillarité du tissu économique primairement irrigué. Je tiens pour acquis que cette notion de capillarité monétaire a été insuffisamment étudiée à ce jour.

•3) La troisième raison est que des économies considérables sont réalisée sur les dépenses sociales, en démontant progressivement toutes sortes de dépenses ad hoc en contrepartie d’une augmentation raisonnée et progressive du montant de l’Allocation Vie universelle.

Il y aurait bien des choses à développer encore, mais l’idée générale est posée…

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Écologie

Planète en danger

par E. BARREAU
13 août 2007

Sans remonter jusqu’au fameux “Big-Bang” d’où serait issu l’Univers il y a quinze milliards d’années, la patiente et complexe organisation évolutive de la nature conduit à notre planète mère nourricière, dont nous sommes vitalement dépendants.

Cette planète de 40.000 kilomètres de circonférence, âgée de 4.600.000.000 d’années, approximativement, où, dans un contexte spécifique, tous les éléments se trouvèrent réunis pour qu’apparaisse et se développe la vie végétale et animale, n’est pas extensible, par opposition aux termes d’expansion, de domination, de contrainte et d’atteintes vitales tous azimuts chers aux inconditionnels et autres thuriféraires de l’économie mercantile.

Le S.O.S. des scientifiques

À travers cette fantastique et énigmatique évolution, dont, pas à pas, la science pénètre les arcanes, et après que des écolos (parfois traités de rigolos !) aient alerté leurs contemporains, voici que des sommités scientifiques lancent un appel solennel à l’humanité, en premier lieu à ceux qui détiennent des pouvoirs et des responsabilités. Un appel qui demande instamment de prendre conscience de sa gravité, en démontrant, d’une part, l’importance des dégâts actuellement subis par l’écosystème, et d’autre part, que si l’on n’arrête pas ce processus, cette voie est dangereuse, elle conduit potentiellement, à terme, au terminus fatal, c’est à dire à “la fin de la vie sur terre”, car le compte à rebours s’égrène, toute sinistrose exclue.

Qu’expliquent intrinsèquement ces scientifiques, non conditionnés par la société de profit qui génère les faits incriminés ? Que disent ces savants physiciens, astrophysiciens, océanographes, biologistes, dont les connaissances, la rigueur et la démonstration analytique ne peuvent être mises en doute ?

— Que la somme des pollutions est supérieure à la capacité de renouvellement des éléments détruits. Autrement dit que la Terre ne peut pas digérer un tel volume accumulé de déchets, en même temps qu’elle ne peut pas réparer la somme des massacres écologiques perpétrés par l’homme.

Fragile, l’écosystème est rompu et la vie est en danger.

Sans changement de cap, et d’après les chiffres fournis par l’astrophysicien Hubert Reeves, au cours de la décennie qui se présente les signes du compte à rebours vont s’accentuer. Quant à la disparition partielle, ou totale de la vie, même s’il n’y a rien de formel en ce qui concerne la date du zéro fatidique éventuel, l’avertissement ne mérite-t-il pas d’être pris-au sérieux ? Dans la relativité du temps et de l’espace, que représente un siècle, trois générations environ ? — Un bref instant dans l’éternité !

À l’échelle cosmique

L’échelle cosmique démontre l’inanité du comportement humain vis à vis de l’équilibre des lois naturelles qui sont transgressées. Comparons les chiffres en années. L’univers en a 15 milliards, la Terre, 4,6 et la matière animée (les premières bactéries) y serait apparue 1,5 milliard d’années plus tard. Après quoi l’évolution, toujours plus complexe, parfois ralentie ou suspendue (ères glaciaires) amène aux lémuriens dont la lignée, en soixante millions d’années, voit naître les singes et les primates, puis l’homme, pour arriver il y a 100.000 ans à l’homme de Néandertal puis l’homme actuel, dans le cerveau duquel sont agencées 3.10 28 particules élémentaires (30 milliards de milliards de milliards de particules) qui le différencient des autres animaux. Cet agencement est-il celui de l’intelligence ? La preuve reste à faire !

Au dernier animal apparu sur terre, l’homme, le prédateur, il n’a fallu, depuis l’essor accéléré de l’ère industrielle jusqu’à nos jours, guère plus d’un siècle pour battre en brèche les éléments constitutifs de la vie, qui avaient été élaborés au cours de milliards d’années, par phases successives !

Conclusion

Au nom de quoi, pour quoi cet acharnement, cette paranoïa destructrice ?

— Si les causes en sont complexes et diffuses, les zones d‘ombre s’estompent dès que l’on focalise les activités strictement vénales qui font fi de tout ce qui n’entre pas dans le créneau d’un profit financier : la bourse avant la vie !

Ou bien la vie avant, ou sans la Bourse ? Telle est l’alternative posée aux terriens en ce début de siècle.

Lors d’une récente émission de télévision, l’aréopage de scientifiques réuni sur le plateau ignorait-il cette dimension économique ? Sinon, pourquoi leur silence à ce sujet ? La dimension monétaire leur échapperait-elle, alors que l’évidence saute aux yeux ? Résoudre un problème de cette envergure implique, en premier lieu, une transformation monétaire sans laquelle le reste relève de l’illusion ! Peut-on confondre, sciemment ou non, progrès socialement utile et productivisme, avec son corollaire de pollution, de déforestation, de remembrement intempestif et de gaspillage ? Qui peut ignorer qu’une telle société génère sa propre destruction ?

Cette bataille insensée de l’homme contre la nature, c’est-à-dire contre sa propre existence, ne peut aboutir, et dans le meilleur des cas, qu’à une victoire à la Pyrrhus ! Patiente, silencieuse, la nature a toujours le dernier mot. Ne serait-il pas plus intelligent de la respecter ? Si les savants ont raison, l’homme serait-il devenu fou au point de se trucider collectivement ? Et au nom d’un mythe, l’argent, rimant avec néant parce qu’artificiellement détourné de son rôle initial ! Vouloir sauver la vie sur la planète, n’est-ce pas s’attaquer au SIDA qui la ronge, le syndrome infantile de l’argent ?

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Écologie

Sauvons les Bouddhas !

par C. R.
13 août 2007

On s’est médiatiquement offusqué devant le dynamitage des bouddhas de Bamiyan par les talibans en Afghanistan. Mais qui s’insurgera contre la destruction sournoise des savoirs, du patrimoine intellectuel et culturel de nos sociétés, en temps de paix ?

Qui se révoltera devant les ravages provoqués par les inquisiteurs néo-libéraux dans tous les domaines de la vie, qu’ils conchient de leur novlangue gestionnaire, de leur rhétorique économique et commerciale ?

De 1933 à 1945, V. Klemperer, professeur juif chassé de l’université de Dresde, tient un journal où il décrit la naissance et le développement d’une langue nouvelle, celle de l’Allemagne national-socialiste. Le nazisme s’insinua dans la chair et le sang du grand nombre à travers des expressions isolées, des tournures et formes syntaxiques qui finirent par être adoptées de façon mécanique et inconsciente. Pour cet observateur de premier ordre, « le III ème Reich a changé la valeur des mots, et leur fréquence…, assujetti la langue à son terrible système, gagné ainsi son moyen de propagande le plus puissant, le plus public et le plus secret ».

De la même façon, le sabir du néo-libéralisme parvient à s’imposer, s’employant à assurer l’apathie, (voire à prêcher le multi-tout-ce-qu’on-voudra), afin que la domination et l’extorsion des profits puissent se perpétuer sans entrave.

Comme celle du nazisme, cette langue qui colonise les imaginaires contemporains, a une dynamique propre, un caractère performatif qui fait sa force ; plus elle est parlée, plus ce qu’elle défend, sans jamais l’exprimer clairement, a lieu ; et elle n’induit aucune immunité, même chez ceux qu’elle aide à opprimer ; elle atteint ainsi plus sûrement son but que ne pourrait le permettre une coercition déclarée (d’après E. Hazan, LQR, la propagande du quotidien, éd. Raisons d’agir).

En conclusion, pour cesser de collaborer au fonctionnement d’un tel engrenage, il faudra parvenir à débusquer dans nos esprits, pour le subvertir, ce qu’organise la « langue mortifère du Reich » de notre temps : la réification marchande de la vie.

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