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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles > N° 888 - avril 1990

 

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N° 888 - avril 1990

Mauvaises nouvelles de l’Est   (Afficher article seul)

Ce sont eux qui le disent   (Afficher article seul)

PNB par habitant   (Afficher article seul)

La leçon de Vaclav Havel   (Afficher article seul)

Au fil des jours   (Afficher article seul)

Des chiffres   (Afficher article seul)

"L’argent fou", d’Alain MINC   (Afficher article seul)

"Manifeste pour une fin de siècle obscure" de Max GALLO   (Afficher article seul)

La Banque de France met son nez dans les cartes à puces   (Afficher article seul)

Pauvre tiers-monde   (Afficher article seul)

Sept milliards de francs   (Afficher article seul)

Travail au noir... Travail clandestin... Travail gratuit...   (Afficher article seul)

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Mauvaises nouvelles de l’Est

par M.-L. DUBOIN
avril 1990

A l’heure où "nous mettons sous presse", les résultats des élections en RDA ne sont pas encore connus. Que vont-elles donner ? Comme il est difficile de se faire une idée à travers les informations qui nous parviennent, tirons parti de la chance d’avoir là-bas un témoin en qui nous avons toute confiance. Nos lecteurs se souviennent des articles fort intéressants que nous a envoyés naguère notre ami Karl de Berlin Est où il habite. De passage à Paris en Juillet dernier, il nous disait l’urgente nécessité de voir s’instaurer la démocratie dans son pays. Les évènements récents nous avaient donc fait penser que, sur ce point au moins, il était satisfait. Mais, sachant combien il partage, et depuis longtemps, notre idéal d’un véritable socialisme, nous lui avons écrit récemment notre inquiétude de voir les marchands de l’Ouest se ruer sur les nouveaux libérés de son pays afin de leur "offrir" leur modèle de société. Sa réponse, hélas, est très claire "C’est la catastrophe totale. Cela a commencé, écrit-il, comme révolution démocratique mais celà a tourné trèsvite en triomphe du capitalisme". Exactement ce que nous craignions. Il ajoute :"Une vague de nationalisme déferle sur les deux Allemagnes qui seront bientôt unifiées en une grande Allemagne qui, en fin de compte, a gagné la guerre" .... "Un mot sur la psychologie des ouvriers. ..Cette révolution paisible d’Octobre 1989 a été faite par les intellectuels, des avocats, des prêtres protestants, des écrivains, des artistes, des journalistes, des jeunes. Pas un ouvrier n’a pris la parole... ". Et "quand on prononce ici le mot socialisme maintenant, on est traité de fasciste. "

Pour lui, le drame est venu du fait que Lénine n’avait jamais réfléchi à la façon dont une économie socialiste peut être organisée, il n’avait rien préparé au niveau économique : "Rien, absolument rien". Ce "dilettantisme incroyable" de la part de Lénine en matière économique, dit notre correspondant, l’ont obligé à annuler très vite les mesures "idiotes" qu’il avait prises au début de la révolution d’octobre. Et, après, la NEP (Nouvelle Economie Politique) n’était rien d’autre qu’une économie capitaliste, l’économie de marché. Mais une économie capitaliste pire que la nôtre parce qu’étatisée, centralisée, bureaucratisée et antidémocratique jusqu’à la dernière extrêmité. Il n’y avait encore aucune conception socialiste de l’économie lorsque suivit en 1928 le Plan Quinquénal de Staline. Karl ajoute : "Aujourd’hui nous savons que cette planification administrative centralisée n’est pas efficace. Et maintenant on attend de Gorbatchev qu’il invente un modèle d’économie socialiste en peu de temps !... II ne pourra pas." Karl est très pessimiste car il conclut : "nous n’aurons pas dans un avenir proche l’occasion d’essayer une expérience socialiste. Ca c’est perdu."

La catastrophe pour lui est cette absence de réflexion économique de la part des penseurs socialistes... Cette analyse de Karl à l’Est est bien celle que nous faisons à l’Ouest à l’égard de nos politiciens socialistes [1] qui se laissent mener (quand ils ne la précèdent pas) par l’idéologie "libérale" en matière économique...

C’est donc bien là que le bât blesse, partout, chez ceux qui se disent socialistes : pas d’alternative économique au capitalisme. Ce qui rend impossible la réalisation d’un idéal socialiste. Une absence totale d’imagination en matière économique. Aucune proposition. Aucune initiative. Pas le moindre projet en la matière. On se refuse à imaginer autre chose que ce libéralisme merveilleux qui crée, certes, l’abondance pour quelques uns, mais au prix d’un épouvantable gâchis, et qui compromet l’équilibre écologique de la planète tout en condamnant des millions d’enfants à souffrir de malnutrition.

Mais pourquoi cette surdité à nos propositions ? Pourquoi ce refus de comprendre quand nous suggérons une alternative qui offre à l’économie une autre finalité que le profit ? Le bon sens serait-il la chose au monde la moins répandue ?

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[1] Voir encore ci-dessous "Ce sont eux qui le disent"

Il semble que beaucoup de gens se ferment à nos propositions parce qu’ils y voient non seulement l’éloge de la paresse (bien que cette vue caricaturale ait de moins en moins d’adeptes) mais parce qu’ils tiennent la compétitivité, l’émulation (par l’argent) comme le seul moteur possible d’une activité efficace. Il faut, disent-ils, que l’initiative, que l’innovation soient récompensées.
Nous sommes tout à fait d’accord sur ce point. Puisque l’être humain, comme l’âne, a besoin de carottes pour avancer. Mais ce qu’à nos yeux il faut absolument éviter c’est que "l’argent aille à l’argent", selon l’expression classique. C’est de la démesure que nait le déséquilibre. C’est l’amoncellement du capital en quelques mains, fournissant un pouvoir quasi illimité sur toute l’économie, donc sur l’humanité entière, qu’il faut éviter.Pour nous, il est primordial de limiter le pouvoir de l’argent. Et c’est encore plus nécessaire à l’heure où les techniques fournissent d’énormes moyens de manipulation et de destruction.

Mais celà ne veut pas dire tuer dans l’oeuvre toute initiative, comme ce serait probablement le cas si, quoi qu’on fasse, on était tous condamnés à l’uniformité. Outre qu’il est possible d’imaginer une échelle raisonnable des salaires, à condition qu’il ne soit plus possible de spéculer en jouant au casino de la Bourse avec l’argent dont on n’a pas besoin, il est d’autres façons d’encourager les entreprises de toute nature qui sont économiquement et humainement souhaitables. Il faut pour celà (comme pour les échanges internationaux d’ailleurs) développer au maximum les contrats. Nous y reviendrons.

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Ce sont eux qui le disent

par A. PRIME
avril 1990

Eux, ce sont les socialistes. Depuis quelques années, nous avons été amenés à critiquer de plus en plus leur politique, parce qu’elle n’a plus rien à voir avec les objectifs affichés avant leur arrivée au pouvoir en 1981.
Depuis un an ou deux, pour fustiger leur comportement au gouvernement, il suffit de reproduire leurs propres écrits. Nous avons déjà cité abondamment les protagonistes de la Nouvelle Ecole Socialiste, mais aussi d’autres responsables, moins radicaux, tel Max Gallo,etc.
Voici un extrait d’une lettre du courant "Socialisme et République" -ex CERES", du Val -deMarne :
`Au moment où l’élan des peuples abat les bureaucraties et les tyrannies à l’Est, la raison des hommes pourra-t-elle mettre un terme à l’arrogance de l’argentroi à l’Ouest ?
Pour que Blum l’emporte vraiment sur Lénine, il faut qu’au naufrage communiste nous opposions la transformation démocratique de la société, et non le statu quo actuel. Oublier l’exigence de transformation sociale, ce serait consacrer la victoire du capitalisme et non celle du socialisme démocratique.
Voilà le défi : en France et en Europe occidentale, non seulement les inégalités n’ont pas disparu mais elles se sont accrues comme en témoignent les récents rapports de CERC et de l’INSEE. Beaucoup de motions le disent. Mais qui a le courage de dire aux militants que l’accroissement des inégalités n’est pas complètement sans rapport avec la politique menée ? Lescontraintes libérales pèsent si fortement que notre politique sociale et économique désespère notre base sociale. Pourtant, un nouveau plan de rigueur est à l’étude !

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PNB par habitant

par A. PRIME
avril 1990
PNB EN EUROPE DE L’EST
PAYS
HABITANTS
PNB / HAB en Francs
POLOGNE 38.000.000 10.972
HONGRIE 10.600.000 15.275
RDA 16.700.000 54.600
TCHÉCOSLOVAQUIE 15.600.000 46.247
YOUGOSLAVIE 23.500.000 16.855
BULGARIE 9.000.000 36.400
ROUMANI 23.200.000 28.990
ALBANBIE 3.100.000  
URSS 285.000.000 40.755
TOTAL 425.000.000  
PAYS
 
PNB / HAB
en Francs
FRANCE   109.850
RFA   128.050
SUISSE   179.010
SUEDE   138.027
JAPON   151.775
USA   126.717
Tous ces chiffres sont à interpréter avec prudence, notamment ceux des pays de l’Est, où les loyers par exemple sont en général très bas. Nous les donnons à titre comparatif, surtout pour les pays de l’Est.

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La leçon de Vaclav Havel

par R. MARLIN
avril 1990

Jamais les médias mondiaux ne se sont tant déconsidérés et couverts de ridicule que dans la macabre mise en scène de Timisoara. Et pourtant nos commentateurs vedettes n’en finissent pas de donner des leçons.
Pour une grande partie des journalistes occidentaux aux ordres de la haute finance internationale et des grands rapaces de la presse, saturés par les agences d’information anglo-saxonnes, le sort en est jeté  : le communisme s’est effondré, la démocratie et l’économie libérale confondues ont triomphé. La question ne se pose même plus ! Voire...

Effondrement
du totalitarisme

Même si nous n’avons aucune chance de nous faire entendre dans le vacarme des propagandes et notre relatif isolement, nous le répéterons : le système imposé depuis plus de trois quarts de siècle aux populations soviétiques et aux satellites n’a jamais été le communisme.
"Dans une phase supérieure de la société communiste, écrivait Marx, quand auront disparu l’asservissante subordination des individus à la division du travail, et, avec elle, l’opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel ; quand le travail ne sera pas seulement un moyen de vivre, mais deviendra lui-même le premier besoin vital ; quand avec le développement multiple des individus, les forces productives se seront accrues elles aussi et que toutes les sources de la richesse collective jailliront avec abondance, alors seulement ... la société pourra écrire sur ses drapeaux : "De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins".
La Russie en raison de sa tradition autocratique tsariste, de ses habitudes bureaucratiques, de son appareil de production industrielle embryonnaire, de sa paysannerie à peine sortie du servage, n’était évidemment pas le pays le mieux placé pour accéder, même après de nombreuses étapes, à la société communiste. Marx le savait qui envisageait, de préférence, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. Les évènements en ont décidé autrement. L’URSS n’est en fait jamais sortie du système d’échanges capitaliste qu’elle a seulement érigé en monument d’Etat.
Ne revenons sur les années qui ont suivi la révolution bolchevique de 1917 que pour nuancer les attaques de ceux qui oublient trop facilement les énormes obstacles auxquels l’URSS, dès sa naissance, a été confrontée pénurie totale après la première guerre mondiale, révolte des koulaks, encerclement et agressions des puissances capitalistes, luttes internes, procès de Moscou, seconde guerre mondiale. Rappelons seulement que sur 40 millions de victimes entre 1939 et 1945, 20 ont été soviétiques. C’est une saignée dont on se relève difficilement.
Ceux qui s’érigent en juges ont condamné. C’est vrai l’Union Soviétique a failli et a, dans un certain sens, à cause des excès des purges et du goulag surtout, trahi les espoirs de la classe ouvrière mondiale.
Ce qui a été abattu à l’Est, c’est l’autoritarisme et la tyrannie.

Les leçons d’un échec

Au cours d’une émission spéciale(2) sur Antenne 2 , Vaclav Havel, dramaturge et nouveau Président de la République tchécoslovaque, a eu grand peine à préciser ce point. Il a tenu à bien faire savoir qu’il s’agissait d’une défaite des totalitarismes, comme il y en avait eu ailleurs dans le monde et notamment, pour s’en tenir au passé récent, en Amérique du Sud. II a même fait remarquer qu’il s’agissait là, en Argentine, au Brésil et au Chili, de populations beaucoup plus nombreuses que celles de l’Allemagne de l’Est, de la Bulgarie, de la Roumanie et de la Tchécoslovaquie. Admirable sérénité de celui qui a eu le courage de l’opposant mais qui, apparemment, n’a pas perdu la foi en une possibilité de "communisme à visage humain" que son ami Alexandre Dubcek avait laissé entrevoir. Ses interlocuteurs : Georges Bortoli, Jean-Pierre Elkabach et, malheureusement aussi Serge July, ont bien essayé de lui faire condamner le communisme en général, ils n’ont rien obtenu d’autre qu’une réprobation sans appel de la dictature où qu’elle se manifeste. Invité par le Président à préciser ce qu’il entendait par communisme, Serge July, ex soixante huitard reconverti, n’a trouvé comme définition que "ceux qui vous ont emprisonné et ont bafoué les droits de l’homme à l’Est". Manifestement, l’écrivain tchèque était loin d’avoir une définition aussi restrictive et aussi simpliste. II serait bien qu’il puisse s’en expliquer plus largement. Nous savons néanmoins, dès maintenant, où se trouve la réflexion lucide et où est la légèreté de la girouette. C’est encourageant pour l’avenir de l’Europe orientale.
Mais Vaclav Havel ne s’en est pas tenu là. Probablement choqué par le triomphalisme des journalistes français, il les a invités à engager sur l’économie de l’occident, la même remise en cause que le gouvernement tchèque pratique sur le sien...

Esprit critique

Apparemment, l’ex-Président de la "Charte 77" n’a pas perdu l’esprit critique qui lui a permis de défendre les droits de l’homme dans un pays où cette position manquait, pour le moins, de confort. Ce régime capitaliste devant lequel se prosternent nos intellectuels "de gauche" parait faire l’objet, à l’Est, de réticences manifestes et fondées. Car, enfin, qu’est-ce que ce "marché" mythique, seul capable, parait-il, d’assurer la régulation des échanges  ? Qu’est-ce que ces entreprises que tout bon citoyen doit soutenir, au besoin, par des renoncements financiers ? II faut bien, n’est-ce pas, restons Français, les promouvoir, elles qui sont si menacées dans la perspective européenne du premier janvier 1993 et dont nous avons tellement besoin, ne serait-ce que pour continuer à être exploités comme salariés ou comme consommateurs  ?
Avez-vous remarqué que, à l’instar de nos "socialistes", la classe dite "intellectuelle" ne se souciait que fort peu de l’économie d’entreprise avant 1981, jusqu’à ce que le contact avec la réalité lui fasse comprendre ce qu’est celleci, fort désagréablement. Mais passer de la contestation ignorante autant que globale à l’adoration respectueuse autant qu’admirative, n’est-ce pas un peu trop ?
Quant au marché, oui, il est indispensable en tant qu’expression des besoins en face de l’offre. Seulement voilà, le jeu, nous le savons bien, est complètement faussé. Le libre accès n’a jamais, nulle part, été réalisé. Ce n’est pas à nos lecteurs que nous apprendrons ce qu’on appelle encore "assainissement" des marchés : limitations de production, destructions, stockages, gels des terres, etc Ententes, cartels, monopoles, dumping. Abus de position de force, protectionnisme, favoritisme, etc. tout cela existe et le pauvre consommateur, même groupé dans des unions, est bien faible face aux géants. Le libre marché n’est qu’un leurre. Le sait-on à l’Est  ?
Le marché offrirait, d’après les acharnés défenseurs du système, le meilleur répertoire de la demande. II suffit d’ajouter à cette admirable définition le mot "solvable" pour la faire voler en éclats. Oui le régime des prix-salairesprofits ne connait que la demande solvable. Elle seule compte. Demande de drogue, demande de gadgets, demandes de tenues de soirée, de bijoux rares, de parfums haut de gamme pour chiens (3). Tout cela trouvera immédiatement une offre satisfaisante. Les citoyens des pays dits civilisés dépensent plus pour leurs animaux dits de compagnie que pour l’aide à la nourriture des affamés du tiers monde. Comme pour la consommation d’alcool et de tranquillisants par habitant, la France est, là aussi, en tête du palmarès mondial. N’est-ce pas là la fin d’un mode de société ?

Le vrai marché

En économie distributive, par contre, l’homme reçoit un revenu social maximal depuis sa naissance jusqu’à son décès. Les excès signalés ci-dessus n’ont plus de raison d’être. Les individus peuvent exprimer leurs véritables besoins du fait qu’ils reçoivent l’exacte contrepartie de la production globale. Plus personne n’a intérêt à "faire des affaires" sur des produits sans intérêt, inutiles ou néfastes. Plus personne n’a intérêt à vendre des armes pour réaliser des profits et distribuer du pouvoir d’achat sans "aggraver" l’abondance de l’offre.
La véritable expression de tous les désirs peut se manifester. L’enregistrement électronique des transactions fait apparaitre l’ensemble de la demande. II est alors facile d’orienter la production automatisée vers la satisfaction générale. Si les organismes autogérés qui dirigent les entreprises estiment qu’il convient de remettre en cause ces choix (soit parce qu’ils réclameront trop d’énergie ou trop de matières premières), la décision est demandée à l’opinion intéressée. Ainsi l’équilibre écologique est respecté, le gaspillage évité.
La recherche de nouvelles méthodes de fabrication toujours plus automatiques, d’innovations de tous ordres portant sur les matériaux, les systèmes, les transports, la communication est prise en charge au niveau voulu : artisanat, entreprise, région, Etat.

La publicité, uniquement informative, fait connaitre aux citoyens les nouvelles options possibles.
Le vrai marché peut s’instaurer, celui qui est enfin compatible avec l’égalité économique et la véritable démocratie. Voilà ce qui pourrait résulter de la remise en cause des tabous à l’Est, mais aussi à l’Ouest... Et puisque le totalitarisme dit communiste qui paraissait si puissant et installé pour des siècles s’est écroulé, pourquoi n’en serait-il pas de même demain pour le veau d’or capitaliste  ?

(1) Extrait du Manuel d’économie politique (édition de l’Académie des Sciences de l’URSS-1955) que nous a communiqué notre camarade Jean Marchand de Pagney. Qu’il soit remercié ici.
(2) Le 18 février 1990 à 19 h.
(3) "People Weekly" Janvier 1990 Time Inc Magazine Co

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Au fil des jours

avril 1990

Le marché à prendre. "Enthousiasme des industriels et inquiétude des financiers : les Européens réagissent diversement à l’ouverture des frontières de la RDA.
Les chefs d’entreprises ouest-allemands se préparent à un nouveau miracle économique.
Taux d’équipement par ménage en 1987 :

  RFA RDA
téléphone 97% 16%
automobiles 95% 50%
TV couleur 91% 47%

(Le Monde, 14 novembre 1989)

***

La GROSSE Allemagne. L’obstination du Chancelier Kohl à refuser de s’engager sur la frontière germanopolonaise Oder-Weisse a fait couler beaucoup d’encre et mis en porte-à-faux Mitterrand, Thatcher, Bush, Gorbatchev... La Grande Relève a consacré un "Libre propos" en février à "cross Deutschland". Le Point du 5 au 11 mars titrait "La Grosse Allemagne". Après l’euphorie, l’inquiétude. Un sondage montre qu’un Européen sur dix pense que la situation qui va se créer en Europe du fait de la réunification porte en elle le germe d’une troisième guerre mondiale. Cependant, plus de 60 % des Français sont favorables à la réunification. Alors : ignorants, aveugles ou masos ?

***

Nucléaire. M. François Cogné, Directeur de l’Institut de Sûreté et de Protection Nucléaire indiquait en mai 1986 :’Je ne vois pas un accident de la gravité de Tchernobyl, ayant les mêmes conséquences sur l’environnement, se produire dans nos installations. Mais je n’affirme pas qu’il soit impossible."

(Le Monde du 22 mai 1986)

Extrait du rapport annuel de P Tanguy, inspecteur général de la sûreté nucléaire à EDF :"Dans l’état actuel de sûreté du parc EDF, la probabilité de voir survenir un ... accident conduisant à un risque radiologique suffisamment important pour déclencher sur le site le plan d’urgence sur une des tranches du parc dans les dix ans à venir peut être de quelques pour cent. "Plus loin l’inspecteur déplore le vieillissement "plus rapide que prévu" de certains éléments du parc nucléaire : "Aujourd’hui c’est sans contexte le risque de rupture brutale d’un ou de plusieurs tubes de générateur de vapeur qui est le plus préoccupant"
Nos lecteurs ainsi prévenus sont-ils pour autant rassurés ?

(d’après Tam-Tam)

Entre 1978 et 1988 le rendement des cellules photovoltaïques a fait des progrès énormes. Les scientifiques de Boeing, à Seattle, ont réussi à atteindre le seuil de 37  % de rendement avec des cellules à arséniure de gallium... un rendement supérieur au rendement moyen d’une centrale nucléaire.

(d’après Silence, février 1990)

C’est 850.000 mètres cubes de déchets radioactifs qui, à la fin de ce siècle, auront été accumilés depuis les débuts de l’ère nucléaire.

(Le Monde, 17 janvier 1990)

Chaque kilowatt-heure produit par une éolienne fait économiser 0,34 m3 de gaz naturel et évite le rejet de 1,37g d’oxydes nitriques (dons moins de pluies acides) et de 0,67 kg de C02 (donc moins d’effet de serre).

(d’après Windniews, transmis par Tam-Tam)

***

Madame Kopp lavée plus blanc. A l’aube de son procès, les médias annonçaient qu’elle risquait trois ans de prison et une amende de 40.000 francs suisses, compte tenu de sa - ou ses faute(s) - en tant que Ministre de la Justice ; elle avait prévenu son mari, grand avocat d’affaires (souvent louches) et vice-président de la Shakharki Trading SA, honorable banque de Zurich qui blanchissait de l’argent de la drogue, que deux gros trafiquants, clients de la banque, étaient arrêtés. Elle lui demandait de démissionner sur le champ. Ce qu’il fit.
Malgré un violent réquisitoire du Tribunal, que croyez-vous qu’il arriva ? Madame Kopp sortit lavée ; des fleurs l’attendaient à la sortie. Elle avait seulement été "imprudente"... La bonne société suisse fait bien les choses.
Pendant ce temps, sur les 300 à 500 milliards de dollars que représente le trafic annuel de la drogue, au moins 100 continueront à être blanchis par l’honorable système bancaire international, en Suisse ou ailleurs, en Floride par exemple ; l’ONU souligne : "Depuis la fin des années 80, cet afflux d’argent est devenu un déluge qui inonde tout le sud des Etats-Unis"
Et dire que ce sont les Etats-Unis qui ont vendu Madame Kopp !

(d’après "La Suisse lave plus blanc" et le Monde du 23 février)

***

Prévision loupée. "La prévision est difficile, surtout quand elle concerne l’avenir" disait Pierre Dac. A "7 sur 7", le 18 février, Fabius racontait que, lorsqu’il avait rencontré Gorbatchev deux ou trois mois plus tôt, ce dernier lui avait affirmé, à propos de l’unité allemande : "On en reparlera dans 20 ans ".
Les plus grands, face à certains événements, ne peuvent que constater et méditer leur impuissance à les dominer.

***

Qui parle ainsi ?"Que l’argent tende à devenir la valeur dominante, c’est malheureusement vrai et il faut lutter contre... Reste que les Socialistes ont perdu la bataille culturelle de la décennie passée. Or nos valeurs n’ont pas changé, nous voulons la liberté et la justice sociale. Nous devons donc lutter pour réduire concrètement les inégalités".

(Hebdomadaire PS du 2 février)

II s’agit de la motion Rocard pour le congrès PS de Rennes. De qui se moquent-ils ?

***

Forums. Cà sentait bon la fleur nouvelle, ces forums démocratiques qui naissaient "spontanément" à l’Est. Avec le temps, hélas, viennent la clarté et la vérité.
"En Hongrie, le chef du MDF (forum démocratique) avoue sans problème une "aide technique" (suivez mon regard) ... du RPR (oui, oui celui de Chirac) et du parti républicain américain. "
Quand la Grande Relève dénonçait les naïfs, son seul tort était d’être en avance... une fois de plus !

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Des chiffres

avril 1990

Emploi

Malgré un carnet de commandes plein, Boeing va supprimer 5000 emplois en 1990 qui vont s’ajouter aux 1200 annoncés en décembre 1989.
1200 suppressions d’emplois chez Bull en 1990.

(Le Monde 21/22 janvier)

Alors, Messieurs les spécialistes en économie, le progrès technique créet-il vraiment des emplois comme vous essayez de le faire croire aux gogos ?

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La pub

Elle a représenté 65 milliards de francs en 1989 en France. Rapportés aux 4 ou 5 malheureux petits milliards dont on nous a rebattu les oreilles pour le RMI, çà fait beaucoup.
Et la loi sur la concurrence est bafouée. On a "découvert" brusquement que trois centrales d’achat de pub trustaient 80 de la pub répartie ensuite dans les médias... avec des variantes sur les tarifs. Elles "terrorisent les marchés" (sic) selon leur dénonciateur. Les rabais peuvent aller de 58 à 70 %... pour les "gros" bien sûr.
Le déficit d’Antenne 2 pour 1989 a été de 300 millions (gare à la redevance ! ). Les profits de TF1 de 200 millions après impôts. La médiocrité médiacratique, ça paye

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Ainsi évolue le monde...

En Asie, les "dragons prennent l’air". Le trafic aérien suit leur boom économique. : Passagers : 13,4 % du trafic aérien mondial en 1978, 18,2 en 1988, 26 % à la fin du siècle, soit + 10 % en moyenne chaque année contre + 6 °/ pour le reste du monde. Fret : 15,7 °/ en 1978, 26, 9 % en 1988, 39 °/ à la fin du siècle..
THAI Airways International a réalisé un bénéfice avant impôts de 1,6 milliards de francs ; Cathay Pacific 2,9 milliards (+ 27,3 %) ; Singapour Airlines 3,3 milliards (+ 63 %) soit 21,7 % de son chiffre d’affaires.

(Le Monde 23 février)

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Fécondité

Si la Chine a réussi en deux ou trois décennies à ramener son taux de fécondité de six enfants par femme à 2,4, l’Inde, après un effort au début de la décennie, est repartie de plus belle ; taux : 5,5 (50 Indiens par minute, 17 millions par an). L’Inde est passée en quelques décennies de quelque 450 millions d’habitants à 830 aujourd’hui ; à ce rythme, elle en comptera, en 2040, un milliard 600 millions.
Et l’Afrique ? Depuis 1970, sa part de marchés mondiaux a baissé de moitié. Sa dette a été multipliée par vingt : elle égale son PNB. Le revenu par tête, dans l Afrique subsaharienne, a baissé d’un quart depuis 1987.
Par contre, sa population a doublé en trente ans : 450 millions, et doublera encore en vingt ans : le Nigéria : 100 millions d’habitants comptera plus d’habitants que l’URSS d’aujourd’hui (285 millions)

(Le Monde 27 février)

***

Chiens et chats dans les sociétés avancées

Presque simultanément, le Canard Enchainé du 21 février et FR3 le 6 mars nous édifient sur ces charmants compagnons. : "Les Français ont dépensé en 1989, 30 milliards - 5 fois plus qu’en 1980 - pour leurs 37 millions d’animaux domestiques. Les fabricants d’aliments font assaut d’imagination pour attirer la clientèle : plats cuisinés, aliments allégés - Fido - pour les 3.500.000 chiens trop gras. Les pauvres !
La pub télévisée pour ces adorables petites bêtes  : 310 millions en 1988. Croc blanc, un roman ? Non : un dentifrice pour chiens.
Canicat ? un WC luxe qui coûte 6.000 F. Vuiton a même créé un joli sac (3.000 F), un manteau (250 F). Chaumet propose des bijoux. II y a même un "guide astrologique pour chat" d’Eliane K. Arav, sorti en Novembre 89 aux .. Editions de l’Homme.

(Le Canard Enchainé)

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Ville de chien

Paris compte 500.000 chiens = 20 tonnes de déjections quotidiennes sur les trottoirs. "Aujourd’hui le chien est devenu un enjeu industriel autant que politique. L’homme a voulu modeler l’animal à son image, lui offrir les "avantages" de sa société  : nourriture, tenues vestimentaires, prothèses dentaires, séances de psychothérapie, cimetières".

(Télérama du 3 au 9 mars)

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Lectures

Toujours dans le but de rendre la Grande Relève plus variée, plus attractive, plus vivante, nous aimerions que notre rubrique "LECTURES" consacrée à des livres qui nous intéressent - dans un sens positif ou négatif, peu importe - puisse être tenue le plus régulièrement possible grâce aux envois de nos lecteurs. Alors, tous au travail ! Ce mois-ci, c’est André Prime qui s’y est mis.

"L’argent fou", d’Alain MINC

(1)
par A. PRIME
avril 1990

Alain Minc est ce jeune homme brillant qui a déjà écrit sept livrres tout en dirigeant la holding CERUS du Groupe Berlusconi. C’est dire que son salaire doit être confortable. A-t-il jamais cotoyé la misère ? On peut en douter. Voici ce qu’il écrit, cela se passe de commentaires
"Je crois à l’économie de marché. Il n’en existe pas d’autre : après un siècle de tâtonnements et d’échecs souvent dramatiques, l’évidence triomphe de Budapest à Paris, de Varsovie à Tokyo, de Moscou à NewYork...
J’aime le capitalisme et sa capacité infinie de mouvement et de renouvellement. II rime avec la vie : le nier, c’est en économie refuser le principe vital. J’en connais certes les rugosités et les petitesses, mais elles demeurent dérisoires, comparées à cette formidable puissance de création... J’en accepte le prix : le poids de l’argent dans la société. Ce n’est pas, à tout prendre, la valeur la plus dangereuse ...Mais aimer le marché et le capitalisme, ce n’est pas accepter un culte délirant dont les excès sont à la mesure des tabous d’autrefois... (Sinon) un jour, la réaction sera d’une brutalité au diapason de la naïveté d’aujourd’hui et le débat reprendra, absurde à nouveau, sur la légitimité du capitalisme. Le devancer, chercher les contre-feux, anticiper l’affrontement, c’est aujourd’hui un devoir... II n’existe donc qu’une réponse : la vertu, encore la vertu, toujours la vertu. Mot dévalué, suranné peut-être, sur lequel le XXIe siècle risque néanmoins de buter. Comment trouver les chemins de la vertu ? Etrange question, au fumet réactionnaire ; c’est pourtant l’enjeu le plus neuf, voire le seul révolutionnaire, dès lors que la gauche a remballé ses fantasmes et ses rêves aux lois du réel. Réinventer la vertu : aspiration inattendue, ambition dérisoire ? En existe-t-il d’autres, lorsque l’argent est devenu fou ?"
Pour Alain Minc, il n’y a donc que le capitalisme, sauf à le moraliser : "La vertu, encore la vertu, toujours la vertu". II y aurait de quoi sourire, ou même éclater de rire, si la situation n’était pas si grave. Nous sommes loin de l’Economie Distributive.

Alain Minc est de ceux qui pensent qu’avec le triomphe actuel du capitalisme, le monde est "fini", a atteint son but, tout comme l’annonçait cet Américain Francis Fukuyama, dans un article qui fit grand bruit, il y a quelques mois, dans "National Interest" : "Ce que nous sommes en train de voir, c’est la fin de l’Histoire ellemême ; c’est-à-dire la fin de l’évolution idéologique de l’homme et l’universalisation de la démocratie libérale occidentale comme forme finale du gouvernement des hommes .... (ce qui peut être) aussi perçu dans l’inéluctable généralisation de la culture occidentale de consommation... Pour nos intérêts, il importe vraiment peu que d’étranges pensées viennent aux habitants du Burkina-Faso ou de l’Albanie... Le tiers monde est encore embourbé dans l’histoire. "
Alain Minc rejoint donc cette "caste" qui représente l’idéologie dominante, celle des "élites mondiales".

(1) chez Grasset

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Lectures

"Manifeste pour une fin de siècle obscure" de Max GALLO

par A. PRIME
avril 1990

A l’opposé d’Alain Minc, Max Gallo (qui est passé au même "Apostrophes" que ce dernier) a le courage, par les temps qui courent, de faire un éloge raisonné de la philosophie marxiste, dans un prologue qu’il appelle "Envoi"  ; la suite est une diatribe contre le capitalisme, ses méfaits, ses tares, le tout appuyé sur des faits ou chiffres irréfutables. Remarquable ! Un point faible : les solutions. Elles tiennent en un demichapitre et ne sont pas convaincantes. Bien que critiquant souvent sans ménagements la politique de son parti au gouvernement, Max Gallo n’apporte pas là d’idées radicales, comme l’E.D., mais l’espoir que des forces sociales, européennes, ou mondiales pourront faire bouger les choses. Après tout, peuton espérer mieux dans la situation actuelle du monde ?
Nous reproduisons ci-après des extraits du livre de Max Gallo, sans liaisons, ni commentaires pour ne pas allonger l’article, le lecteur fera aisément la synthèse.
"La manufacture, l’usine, apparaissent avec leur production en masse et leurs "armées" de travailleurs - le prolétariat... La liberté individuelle des uns se construit sur l’asservissement ou le massacre des autres..
Dans les pays qui voient naître le capitalisme (les pays d’Europe occidentale, Italie, Allemagne, Pays-Bas ; Angleterre, France), la bourgeoisie écrase ceux qu’elle exploite, même si ces "opprimés" ont désormais la "liberté" de vendre leur force de travail et sont "libres" de quitter leur résidence, leur emploi, libres de s’enrichir, mais aussi de mourir de faim... Misère ouvrière, physiologique, morale ; dégradation des conditions de vie
dans les premières décennies de l’époque industrielle  ; travail des enfants ; maladies professionnelles, accidents du travail  ; hommes traités comme des objets que l’on met au rebut après usage ;femmes réduites à la prostitution ; alcoolisme  : qui dira les dizaines de millions de vies humiliées, saccagées, détruites, que le capitalisme dans son développement - et avant que s’organise la résistance ouvrière - a jetées vives dans les hauts-fourneaux de sa croissance et enfoui dans les puits de mine de ses crises ?...
La hausse de la productivité (multipliée pas cinq en quelques années) provoque d’ailleurs des phénomènes de surproduction. Et la crise générale de 1929 met en évidence la précarité de cette solution par le haut. La "crise" demeure bien le mode de développement du capitalisme. Celle de 1929 a les effets d’une guerre. Misère (le chômage touche plusieurs dizaines de millions d’individus), faillites, destruction de ressources : le monde capitaliste dans son entier est touché et ne se redresse pas. Malgré la politique du New Deal (grands travaux, réforme du système bancaire, politique de compromis social, etc..) le capitalisme américain en 1940 est encore loin d’avoir retrouvé sa production de 1928 et il reste 10 °/ de chômeurs aux EtatsUnis... Fascisme et nazisme sont moins des "exceptions" que la forme limite, tragiquement criminelle, des conséquences des processus capitalistes...
Les destructions ont été innombrables de Varsovie à Hiroshima, de Coventry à Dresde, de Berlin à Stalingrad, des villes ont été réduites en cendres avec des dizaines de milliers de villages.
Or, pour saisir l’ampleur du crime contre l’humanité, il faut envisager le demisiècle d’un seul tenant, puisque crise guerre - crise - guerre s’encastrent l’une dans l’autre et que, des années 1900 aux années quarante, un même cataclysme aux formes multiples fait sentir ses effets. Ce sont alors des millions de victimes de plus qu’il faut ajouter, des souffrances innombrables qu’il faut associer à celles de la Deuxième Guerre mondiale.
Le système capitaliste fait partie, comme les autres systèmes d’organisation qui l’ont précédé ou accompagné, de la période préhistorique de l’humanité .....
De "nouvelles" techniques de production surgissent liées à l’électronique, à la robotisation, à l’informatisation (ordinateurs, etc.) qui conduisent à une intensification de la production, à la diminution du nombre de postes à la production, et permettent de comprimer les coûts salariaux. Cette délocalisation, ce "dégraissage" de la main-d’oeuvre, provoquent la fragmentation du salariat. Des armées de chômeurs se constituent (plus de 15 millions en Europe), et d’autres millions de travailleurs sont voués aux travaux intermittents et précaires. Les solidarités ouvrières se brisent sur cesnouvelles conditions sociales. D’autant plus que des thèmes idéologiques favorisent l’émiettement des solidarités. Ils ont pour fond commun le `libéralisme’ ; c’est-à-dire l’individualisation mise au serrvice exclusif de la recherche du profit. Ils s’articulent sur l’exaltation du "marché" comme moyen de mettre en oeuvre les qualités individuelles de chaque secteur social ....
Cette diminution du nombre de "travailleurs’ ; l’abandon des lois qui les protégeaient (parce qu’il y a du chômage, travail précaire, délocalisation, etc.) permettent la baisse des coûts salariaux. Les profits augmentent ainsi que les investisements. La tendance est à chasser le travailleur et à le remplacer par des machines : le nombre de robots employés dans la production double chaque année. lis seront près de dix millions en l’an 2000. Le plus grand parc mondial actuel étant détenu par le Japon (141 000 en 1988) ....
Les inégalités s’accusent : aux EtatsUnis 0,5°/ de la population détient plus d’actifs nets que 90% de cette même population, en 1983, et le phénomène s’est accentué depuis. Dans le reste du monde (qui regroupe les deux tiers de la population mondiale !), la pauvreté est générale.
Près de 70°/ de la population connait un état de dénuement. Mais 87% des ressources de la planète sont consommées par moins de dix pour cent des hommes. Mais des centaines de millions d’hommes glissent à la "quart- mondisation" : famine chronique, misère physiologique, maladies de carences, absence de travail, etc. Tel est le système du capitalisme.
.. Le Fonds Monétaire International (FMI) multiplie à l’égard de ces pays les recommandations et les obligations, afin de les conduire à mieux gérer leur économie, c’est-à-dire à restreindre leur consommation, alors que la sousalimentation est l’une des caractéristiques de la vie dans ces nations où l’inégalité est démesurée. En même temps, les pays riches se vantent d’aider ces régions pauvres. Or, en 1988, celles-ci ont versé au "Nord" 43 milliards de dollars de plus qu’elles n’ont reçu ! Et leur dette s’accroit donc, au moment où il n’est question que de la réduire ou de l’effacer complètement ! Sujet de discours et non d’actes.
Cet "envers" inhumain du système où croupissent et meurent des dizaines et des dizaines de millions d’hommes devrait empêcher tout chant de triomphe à la gloire du capitalisme.
.. La venue au pouvoir des "socialistes démocratiques" n’a, au cours de ce siècle, jamais réussi à "rompre" avec les logiques du profit. Elles ont pu parfois être superficiellement freinées, leurs effets ont pu être temporairement atténués. Mais le plus souvent les "socialistes" ont abdiqué, se faissant porter par ce "développement", acceptant la "civilisation" que le capitalisme génère, et baptisant du nom de "modernité" ce qui n’est que la transformation de la société par de nouvelles manières de produire du profit en adaptant les structures sociales aux impératifs que cela implique. Les socialistes se sont glorifiés d’être les porteurs de cette "modernité" ; d’en "gérer" la mise en place. Ils ont été, consciemment ou inconsciemment, les instruments politiques d’une transformation économique et sociale en totale contradiction avec les valeurs et les principes dont ils se prétendent être les légataires et les défenseurs.
Ainsi, le système mondial capitaliste a-til intégré la plupart des socialistes démocratiques. Ce n’est donc plus seulement l’idée et la possibilité que le XXe siècle a minées, mais aussi celles de réforme et de transformation sociales .
... Sur l’esplanade des Droits de l’Homme, il faut faire avancer les pauvres de la planète. Dans la satisfaction euphorique de la "croissance" qui serait retrouvée - il faut rappeler les 1300 milliards de la dette, et par exemple que l Amérique latine a opéré en cinq ans un transfert de 180 milliards de dollars vers le Nord, soit 600 millions de francs par jour ! On comprend que les pauvres de Caracas ou de Buenos Aires, même quand leurs gouvernements sont sociauxdémocrates, tentent de piller les supermarchés.
La réalité de notre politique, celle des sept puissances industrielles aux résolutions si généreuses, ce sont les forces armées qui ouvrent le feu sur les pillards affamés. II faut que ces coups de feu retentissent dans les grandes salles de concert où l’on se congratule à l’entracte, entre puissants".
Max Gallo conclut "Puisque le pessimisme de la raison est le fruit de la lucidité, il faut renforcer encore l’optimisme de la volonté". Et : "II faut enfermer le système mondial capitaliste dans sa faiblesse qui est précisément l’économisme, le profit maximum dans le temps le pluscourt... Une révolution qui se nourrit du capitalisme l’accepte comme économisme pour le refuser comme civilisation".

(2) aux Editions Odile Jacob

Nous recommandons à nos lecteurs trois autres livres récents

- "LE RAS-LE-BOL DES BÉBÉS ZAP-
PEURS" (sous-titre : Télé-massacre l’overdose ?) de Ségolène Royal chez Robert Laffont. Ségolène Royal est une jeune député de 35 ans, socialiste, qui a essayé sans succès de faire passer une loi - 6 décembre 1988 contre la violence à la Télévision. Ses amis socialistes l’ont applaudie... c’est tout !

- "LA SUISSE LAVE PLUS BLANC" de Jean Ziegler aux éditions du Seuil. Jean Ziegler est député suisse ; il dénonce la responsabilité des banques suisses dans le blanchiment de l’argent de la drogue. Rappelons que l’ex-ministre de la Justice, Madame Kopp, avait dû démissionner pour avoir averti son mari que le Procureur Général venait d’ouvrir une enquête sur une affaire internationale de blanchiment de drogue ; or la banque Shakarchi où travaillait M. Kopp était impliquée dans l’affaire. Madame Kopp a été acquittée. Il ne faut pas effrayer l’establishment helvétique.

- "LIGNES D’HORIZON" de Jacques Attali chez Fayard. Jacques Attali est Conseiller de Mitterrand depuis 1981. Il fait le point et tente des projections sur la décennie qui vient  : déclin de l’Amérique, puissance conquérante du Japon, possibilité pour l’Europe de tirer son épingle du jeu si... La "force de frappe" du Japon, souvent évoquée dans la Grande Relève, que décrit Jacques Attali, donne le frisson !

Nous vous recommandons également la lecture de deux livres plus anciens, sur le Tiers-Monde

- "JUSQU’AU COU" de Susan George, 1988, Editions la Découverte.

- "UN MONDE INTOLÉRABLE" (soustitre  : le libéralisme en question) de René Dumont, 1988, Editions du Seuil.

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La Banque de France met son nez dans les cartes à puces

par H. MULLER
avril 1990

Tandis qu’un groupe de travail a été chargé de déterminer si l’apparition de cartes à mémoire "préchargées" constituait une création de monnaie, les expériences locales se multiplient.
Les cartes à mémoire, qui commencent à se répandre dans le public, constituentelles, de fait, une création de monnaie  ? Si oui, pas question de laisser échapper l’émission de ces cartes à la tutelle de la Banque de France. Sinon, on peut s’attendre à les voir bientôt pulluler, comme c’est déjà le cas au Japon. Pour répondre à cette épineuse question, la Banque de France a constitué un groupe de travail interne chargé d’analyser les problèmes posés par les cartes de paiement "préchargées" et de proposer des orientations pour encadrer ce phénomène. Ce débat quasi théologique intervient à un moment où le coûteux programme de cartes à puce des banques est au point mort et où certains banquiers commencent à s’interroger sur son opportunité.

La monnaie, dans le dictionnaire Robert, c’est "tout instrument de mesure et de conservation de la valeur, de moyen d’échange des biens". Certaines cartes à mémoire pourraient répondreà cette définition. La Banque de France s’est demandée si l’émetteur de telles cartes "préchargées" n’entrait pas de fait dans le domaine de la profession bancaire. Les sommes inscrites dans la mémoire de la carte ont effectivement été versées à l’émetteur de la carte, et peuvent être assimilées à des dépôts consommables à terme.
Une expérience commencera dès janvier 1990 à Blagnac, près de Toulouse, où les habitants pourront, grâce à une carte à mémoire, utiliser les services municipaux. Le système, développé conjointement par les sociétés Schlumberger et Applicam, permettra à chaque porteur d’avoir accès aux restaurants municipaux (scolaires par exemple), aux haltesgarderies, aux crèches, à la bibliothèque, ainsi qu’aux centres sportifs. D’ici à la fin de l’année 1990, Schlumberger compte distribuer 25 000 cartes à mémoire programmable. Une puce est déposée sur la carte, ce qui permet de "recharger" la carte quand le crédit est épuisé, tout en dissociant les activités auxquelles elle donne droit. "L’un des intérêts de cette carte, confie un représentant de Schlumberger, est de permettre aux parents de contrôler que les sommes destinées au restaurant sont bel et bien utilisées à cet effet par les enfants." Si les services accessibles sont pour l’instant municipaux, il n’en reste pas moins vrai qu’il s’agit d’une forme de paiement qui s’apparente à la création de monnaie.
Au Crédit Agricole de Savoie, tout en reconnaissant la légitimité des interrogations de la Banque de France, qui devrait boucler son rapport en février, regarde pour sa part du côté du Japon, où les cartes "préchargées" sont déjà largement utilisées, notamment dans les transports encommun, et où un statut spécial parabancaire - a été créé pour les émetteurs.
Un nombre croissant de Japonais, en effet, a recours aux cartes de paiement anticipé pour des achats aussi variés qu’une communication téléphonique, un ticket de train ou un hamburger. Apparue timidement en 1982, la carte téléphonique a connu un succès tout à fait spectaculaire, avec 748 millions d’exemplaires vendus ern sept ans par la Nippon Telegraph and Telephone Corporation (NTT). Les Japan Railways (chemins de fer japonais) lui ont emboité le pas en 1985, avec une sorte de Carte orange (plus d’un million d’exemplaires vendus en trois ans), suivis par le métro et les distributeurs de glaces et de boissons.

NDLR. Nous affirmons depuis un demi-siècle que les banques créent de la monnaie ex-nihilo. Au début sous les sarcasmes et les quolibets. Puis les économistes distingués commencèrent à l’admettre. Aujourd’hui, le porblème est de savoir si la création de monnaie doit être limitée aux seules banques ! Bientôt il faudra reconnaitre que la monnaie distributive non thésaurisable est la seule rationnelle, surtout après la généralisation des cartes à mémoire rechargeables qui en facilitera l’introduction

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Pauvre tiers-monde

par A. PRIME
avril 1990

Pauvre doublement : misérable et spolié par ses dirigeants. Houphouet-Boigny, qu’on aurait pu croire un parmi les moins "ripoux", ne fait pas exception à la règle.
La mégalomanie qu’il a montrée en construisant, dans son village natal, une place et une cathédrale Saint-Pierre bis apparait presque dérisoire à côté des récentes révélations qui ont accompagné la révolte des étudiants et de la population ivoirienne. Rappelons tout d’abord la réaction de celui qu’on appelle "le vieux"  : "Si j’avais à choisir entre le désordre et l’injustice, je choisirais l’injustice, parce que l’injustice , on a le temps de la réparer."
Le Journal du Dimanche, le Monde, d’autres journaux sans doute, dénoncent les injustices sociales qui ont provoqué les révoltes. On le sait, les prix des principales productions - café, cacao ont chuté dans la proportion de 10 à 3, provoquant une situation économique préoccupante. Houphouet, pour y parer, annonce une réduction importante des salaires des fonctionnaires et une augmentation de la "contribution de solidarité", payée par les salariés du secteur privé. La pilule ne passe pas, d’autant moins que lesfortunes et avantages des privilégiés dans un pays où règne la misère font scandale.
La fortune personnelle d’HouphouetBoigny oscillerait entre 40 et 60 milliards de francs, comptes en France, en Suisse, au Luxembourg, nombreuses propriétés parisiennes ; il y a dix ans, Madame Houphouet-Boigny a acquis boulevard des Invalides, un magnifique hôtel particulier entouré d’un parc. Tous les parents du Président ont eux aussi des appartements à Paris.
90.000 des plus gros revenus ivoiriens n’ont jamais payé un franc d’impôt. Laurent Gbagbo, chef de l’opposition et le ministre du Budget en ont dressé une liste .... en quatre tomes !
Comparées à tout cela, les dépenses pour la construction "Saint-Pierre" semblent peu de choses : 800 millions de francs, prélevés sur la fortune personnelle d’Houphouet (dixit l’intéressé).
L’exemple de la Côte d’Ivoire n’est, hélas, pas le seul  : que dire du Gabon et d’Omar Bongo, richissime si l’on en croit la liste des "intérêts" qu’a le Président dans un nombre impressionnant de sociétés ou banques. Le Président reconnait posséder deux villas aux Etats-Unis, une à Nice, un appartement avenue Foch ! Ce n’est déjà pas si mal
Quant à Mobutu, ex sergent major, la Grande Relève a déjà eu l’occasion d’en parler : fortune, châteaux défient la chronique. Mais les Zaïrois vivent la misère. Pauvre Tiers Monde !

POUR DE L’OR
40.000 à 50.000 chercheurs d’or illégaux, les Garimpeiros, qui devaient être évacués manu militari de plus de cent mines d’or situées des réserves des indiens Yanomani sur décision de la Cour Fédérale Brésilienne vont continuer à extraire trois tonnes d’or par mois. En effet, les Galimpeiros sont arrivés à un "accord" avec le ministre de la Justice du Brésil pour rester sur place et polluer de façon dramatiquement définitive les rivières avec le mercure qu’ils utilisent pour extraire l’or. II reste 9.000 Yanomani sous-alimentés et atteints par ces maladies importées par les chercheurs d’or et contre lesquelles les indiens ne sont pas imunisés. En outre, beaucoup d’entre eux ont été massacrés par ces courageux chercheurs d’or.
(d’après de Morgen, 13 janvier 1990)

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Sept milliards de francs

par PINOCHE
avril 1990

C’est le chiffre d’affaires des oeuvres humanitaires. Le peuple français est généreux et compatissant avec les malheureux, la preuve n’est plus à faire.
Pourquoi les mêmes Français au pouvoir agissent-ils d’une façon différente ?
Les députés votent des lois que le Président accepte pour détruire les excédents agricoles, pendant que cinq millions de Français vivent d’aumônes (1) Ces mêmes excédents agricoles, transformés en produits consommables ne pourraient-ils pas être distribués gratuitement aux misérables de notre Quart Monde ? Ce qu’un clown au grand coeur (2) a créé avec ses restos du coeur, ce qu’un dissident du PS (3) a créé aussi avec ses super-marchés du coeur, pourquoi les dirigeants français sont-ils incapables de le réaliser à l’échelon national ?
Avec des usines de transformation sur les lieux de grande production et la distribution à l’échelon communal, cela créerait des emplois, alors bravo ! L’argent des contribuables, qui sert à détruire les excédents agricoles, serait beaucoup mieux employé pour transformer et distribuer ces mêmes excédents à ceux qui n’ont rien.
Voilà ce qui devrait réjouir les Socialistes du PS dont l’idéal est soi-disant ; le progrès social et l’aide aux plus démunis.
Voilà ce qui devrait réjouir la droite croyante, ne serait-ce pas là une façon chrétienne de régler en partie la misère en France ?

Les Français sont des gens bizarres. Si, dans un chenil, les propriétaires laissaient une partie des animaux crever de faim devant un stock de Canigou et de Ronron (4) en parfait état de consommation mais jeté à la poubelle, quel tollé général, chez les défenseurs des animaux, on verrait même notre BB nationale arriver au triple galop !...
Pourquoi les Français sont-ils si humains avec les animaux et si inhumains avec leurs semblables ?
La question est posée aux médias, aux députés, aux ministres, au Président.

(1) Abbé Pierre dixit
(2) Coluche
(3) Robert Vigouroux
(4) Publicité non payée

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Travail au noir... Travail clandestin... Travail gratuit...

(*)
par A. MARANTE
avril 1990

Une information récente révèle que le travail au noir (étudiants, retraités, chômeurs...) représente plusieurs milliards de francs non déclarés, donc une perte pour le budget de la nation, sinon pour les "bénéficiaires" de cette pratique...
Une autre information révèle que les travailleurs clandestins introduits en France par des entreprises recrutrices permettent à celles-ci de diminuer d’une manière très appréciable les prix de revient grâce à des salaires dérisoires (prix à payer pour leur clandestinité), donc d’améliorer de façon substantielle leurs bénéfices... mais, là encore, au détriment du revenu national (puisque non déclarés).
Par contre, aucune information concernant une catégorie de personnes, tout autant en infraction si l’on s’en tient aux termes stricts de la loi, qui à la fois font du travail au noir parce que non déclarées et sont des travailleurs, travailleuses en fait, clandestines parce que totalement ignorées. Je veux parler des femmes au foyer, ces vestales sur qui repose toute l’économie du monde !
En effet, ces femmes sont tout à la fois femmes de ménage, bricoleuses, répétitrices, couturières, garde malades, cuisinières, repasseuses, peintres à l’occasion, secrétaires, babysitters, ou tous autres métiers qui nécessitent surtout de la bonne volonté, mais pas forcément une formation très poussée, encore moins spécialisée. Encore que bien souvent ces travailleuses sont employées largement au-dessous de leurs qualifications... Mais les temps sont tellement durs... !
Travail au noir ?Oui, parce que peu payé et encore le plus souvent "en nature" et parce que non inscrit sur des fiches de paie.. Pas d’impôts, pas de cotisations sociales ... mais aussi pas de retraite pour ces femmes "entretenues".
Travail clandestin ? Oui, parce qu’aussi invisible que l’homme du même nom, même que ces travailleuses clandestines sont plus perçues comme des meubles, des appareils ménagers bien sûr, que comme des personnes. Oui, parce qu’aussi souterrain qu’un travail de mineur perdu dans ses galeries, au "fond", avec le risque du coup de grisou. Je veux parler du choc en retour provoqué par l’autonomie des enfants et le démon de midi du mari "recruteur", exactement comme des immigrés clandestins qu’on renvoie dans leur pays et leur misère quand l’entreprise n’en a plus besoin.
Essayons de faire les comptes ! Les statistiques officielles reconnaissent qu’une femme au foyer fait 70 heures de travail par semaine ; au prix du travail au noir, mettons 50 F de l’heure, cela fait 3.500 F par semaine X 52 semaines (il n’y a évidemment pas de congés payés). Résultat : 182.000 F par an et par femme. Combien y a-t-il de femmes au foyer en France ? Mettons 10 millions, cela fait 1.820.milliards. Ainsi la société fait l’économie de 1.820 milliards par an sur le dos des femmes au foyer...
Sans compter le cumul des emplois pour celles qui travaillent à la fois dedans et dehors ! Troisième infraction aux lois du travail, sinon du marché ! ... Le capitalisme en fait son profit à bon compte !
...Que se passerait-il si des femmes au foyer osaient faire une déclaration de revenus à part sous forme de déficit de leurs heures de travail non payées ? Ca diminuerait d’autant les impôts du "Foyer" !

(*) Extraits du Paris Féministe n° 96 du 15.2.90

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