Le site est passé à sa troisième version.
N'hésitez-pas à nous transmettre vos commentaires !
Merci de mettre à jour vos liens.
Si vous n'êtes pas transferé automatiquement dans 7 secondes, svp cliquez ici
Éditorial
Aux peuples de l’Est qui découvrent la démocratie nous souhaitons de ne pas se laisser séduire par le miroir aux alouettes que leur tendent les marchands de l’Ouest. Et, puisqu’on va leur apprendre la gestion économique,nous souhaitons qu’ils se gardent, eux, de gérer les hommes comme on doit gérer les choses.
Aux peuples du Sud, nous souhaitons qu’ils ne fassent pas les frais de l’ouverture du Grand Marché.
A tous les laissés-pour-compte du monde, nous souhaitons qu’ils soient enfin reconnus comme tous cohéritiers des immenses possibilités ouvertes grâce au travail de toutes les générations précédentes.
A tous les vivants nous souhaitons une prise de conscience des dangers pour les générations à venir de l’actuelle "fuite en avant" pratiquée par les décideurs économiques.
Bref, à tous nous souhaitons que les distributistes redoublent d’efforts pour faire entendre la voix de la raison et que cesse le scandale de la misère, maintenant que les moyens existent d’y mettre fin.
Éditorial
Bonne décennie... Le souhait n’est sans doute
pas superflu après les événements qui viennent
de se dérouler à l’Est et qui vont bouleverser, tout au
long de la dernière décennie du XXe siècle, la
face de l’Europe et probablement du monde. Les chances de voir naître
un véritable socialisme s’éloignerontelles ou se rapprocheront-elles
?
Dans son éditorial de la Grande Relève de novembre, M.L.
Duboin, de façon précise et concise, posait parfaitement
le problème :
- "Décidément, les conservateurs de tous poils sont très forts. Ils ont entrepris de nous faire confondre le désir, fort légitime, des peuples de l’Est vers la démocratie avec une soi-doisant aspiration dans ces pays à voir l’économie de marché y imposer les désordres du libéralisme économique. "
- "Le drame serait que les peuples qui s’émancipent, mais n’ont pas l’expérience du libéralisme économique, soient dupes. Tous les moyens sont déployés pour les tromper. Auront-ils la sagesse d’y résister et d’inventer le socialisme démocratique qui n’existe encore nulle part et pour lequel, contre vents et marées, nous ne cessons de nous battre ?" Ce sont ces deux points que je voudrais développer.
I.La grande sortie à droite
Dans la Grande Relève de mars 1984, j’avais
écrit un article intitulé "Sortie de crise : à
gauche ou à droite ?". Je disais "Les capitalistes
vont tout faire pour tenter une sortie à droite de la crise.
L’enjeu - la défense de leurs privilèges -leur donne ardeur
et imagination, peut-être plus qu’à la gauche... Une telle
évolution - sortie à droite -n’est pas exclue : il faut
que les gens de gauche en soient bien persuadés pour redoubler
d’efforts ou simplement se ressaisir".
Eh bien, force est de constater que depuis deux ans environ, le capitalisme-libéralisme
est sorti de la crise économique, en laissant les scories que
l’on sait. Mais cela n’est pas son problème, il n’a pas d’états
d’âme.
Les pays capitalistes avaient eu chaud et ils s’estimaient satisfaits
de cette sortie de crise. Or voilà que l’incroyable, l’inespéré
leur est donné par surcroît : l’effondrement en quelques
mois de la quasi-totalité des pays du bloc communiste en Europe.
Les dieux de l’argent et du profit sont doublement du côté
des riches à la veille de la dernière décennie
du siècle. La petite alerte d’octobre 1987 n’est plus considérée
que comme une péripétie.
Ce n’est plus seulement la sortie à droite de la crise, c’est
la grande sortie à droite.
En effet, dans tous les pays "libérés" du communisme,
le maître-mot, c’est : économie de marché. :
- Pologne. On se souvient que Walesa avait dit, il y a quelques mois
que le capitalisme était le seul régime capable de faire
marcher l’économie.
Le POUP (PC polonais), après avoir admis que
"le temps du POUP était dépassé", se
prononce pour "un authentique système parlementaire, la
liberté d’expression, le respect des droits de l’homme, l’économie
de marché et le pluralisme politique".
- RFA. Helmut Kohl, après avoir lancé au Bundestag : "c’est
notre mission nationale de promouvoir un changement politique et économique
radical en RDA." précise que l’aide de la RFA à la
RDA est subordonnée au fait que "l’économie planifiée
cède la place à une économie de marché"
(sic).
- Hongrie, Tchécoslovaquie, dito.
Voilà, c’est clair : pour avoir droit à l’aide de l’Europe
des Douze (et sans doute des Etats-Unis et du Japon) retour à
l’économie de marché. II en sera de même pour tous
les pays de l’Est qui secoueront le joug communiste : qu’on se le dise
!
Aux émotions, aux enthousiasmes des peuples, en général
sincères, généreux, qui se soulèvent et
pensent faire la révolution, se mêlent, bien entendu, les
trémolos vocaux ou écrits de tout ce que le monde capitaliste
compte de réactionnaire, plumitifs, hommes politiques et hommes
d’affaires, ces derniers souvent plus discrets, mais tapis dans l’ombre
: les requins sont là qui caressent leur future proie pour la
mieux croquer. Pour eux, la fête populaire n’est pas finie qu’ils
pensent aux "choses sérieuses". C’est le délire
des marchands, la ruée vers l’Est, les "nouvelles Trente
Glorieuses". 140 millions de consommateurs (425 avec l’URSS) çà
aiguise l’appétit. Jugez plutôt : "Les chefs d’entreprise
ouest-allemands se préparent à un nouveau miracle économique.
Flambée des cours de la plupart des entreprises." (Le Monde).
Ecoutons le tout puissant chef de la Bundesbank, Alfred Herrhausen :
"l’absence de barrière linguistique, la communauté
de valeurs et de mentalités sont autant d’éléments
pour qu’une coopération avec la RDA. porte ses fruits beaucoup
plus rapidement qu’avec d’autres pays de l’Est".
Favilla, éditorialiste des Echos, ne se tient plus : "Nous
seuls pouvons assurer le sauvetage économique de l’autre moitié
d’Europe et il se trouve qu’en faisant cela nous nous ouvrons à
nous-mêmes d’énormes réserves d’expansion .... Le
tiers monde n’est pas assez solvable pour soutenir notre développement
..... Nous avions quelques raisons de nous sentir un peu à l’étroit,
confinés. Or voici que s’ouvre à nos portes un continent
quasi neuf .... Pour l’économie française, il est temps
de partir à la fraternelle conquête de l’Est."
Conquête fraternelle : les phari-siens !
Notre Ministre de l’Industrie, Roger Fauroux, n’est guère moins
"lyrique" : "Nous voyons s’ouvrir des marchés
de consommation, il faut s’y précipiter .... Grâce à
la vitrine occidentale de Berlin ,l’Ouest a magnétisé
l’Est". M. Bérégovoy, notre Ministre de l’Economie
et des Finances, s’est cru obligé, lui aussi, d’y aller de son
petit couplet : les pays de l’Est représentent "un grand
gisement de croissance potentielle". II a estimé qu’à
moyen terme "ce qui se passe en RDA. est bon pour l’économie
ouest-allemande, et donc pour l’économie européenne".
Le Japon, bien entendu, veut être de la fête, lui qui dénonce
sans cesse la "forteresse Europe", malgré tout ce qu’il
y vend et achète : d’ores et déjà sont décidées
des aides à la Pologne et à la Hongrie. "Les Japonais
ont le souci de participer à l’effort occidental pour soutenir
le mouvement de démocratisation de l’Europe orientale".
Comme c’est bien dit ! II y a probablement des rapaces qui ont des chants
mélodieux.
En Hongrie, Nissan va conclure un accord pour fabriquer 10.000 moteurs
diésel par an, Suzuki négocie la production d’automobiles,
Datsun compte s’implanter en Pologne, etc... Ce sont des horsd’oeuvre.
Comme en 1789 - que de parallèles n’avonsnous pas entendus entre
1789 et 1989 en ce qui concerne ce qui se passe à l’Est ! - comme
en 1789, les sansculottes auront tiré les marrons du feu pour
la bourgeoisie, la Montagne se sera battue pour la Gironde.
II.Quel espoir pour la décennie qui commence et le XXIe siècle ?
Il n’est pas facile de faire des pronostics face à une situation en pleine explosion. Tout au plus, pouvons-nous écrire des scénarios, émettre des hypothèses. Ou le "drame du libéralisme" ou "l’invention d’un socialisme démocratique qui n’existe encore nulle part", pour revenir à l’éditorial de M.L. Duboin. Petit détail : pour éviter toute confusion avec le socialisme démocratique et donc la socialdémocratie, de nos "socialistes", j’utiliserai de préférence la formule "démocratie socialiste". La révolution française avait fini par instaurer la "démocratie politique". II faut se battre maintenant pour la démocratie socialiste, car, ce que nous vivons ( j’allais écrire "subissons" ) actuellement, c’est la démocratie capitaliste ; c’est pour tromper son monde que la bourgeoisie s’arrête au mot "démocratie". Qui oserait soutenir sérieusement que nous vivons en démocratie authentique, alors que les principes inscrits dans la Constitution ou la Déclaration des Droits de l’Homme ne sont pas appliqués, le droit au travail par exemple. ?
1) Les dangers
Ils sont multiples
- Le premier, tout bête, serait que Gorbatchev soit renversé,
ou assassiné. Nombreux sont les chefs d’Etats, les hommes politiques,
les journalistes qui ont évoqué cette hypothèse.
Dans ce cas, il y aurait reprise en main brutale en URSS, probablement
par les militaires ; par contre, tout retour en arrière dans
les pays qui ont rejeté le communisme semble impossible. Du reste,
Bush a mis en garde l’URSS contre toute opposition au "processus
de démocratisation en cours dans les pays de l’Est".
- II ne faut pas se faire d’illusion à terme, le pacte de Varsovie
ne tiendra pas (1). Lorsque les pays de l’Est auront ce qu’exige l’Ouest
pour les aider ) procédé à des élections
libres et secrètes, il y a fort à parier que dans l’euphorie
actuelle, les communistes seront minoritaires (cf Pologne). On voit
mal ( sauf accord BushGorbatchev )les nouveaux gouvernements acceptant
la tutelle militaire de l’URSS.
Pour autant, entreront-ils dans une alliance atlantique élargie
? Impossible pour l’URSS d’accepter un tel danger à ses frontières.
Par contre, comme le soulignait J. Delors à
"7 sur 7" début novembre, le danger serait grand de
voir des guerres locales éclater, guerres "balkaniques"
tant les problèmes territoriaux, occultés sous la domination
soviétique, restent nombreux et explosifs (2).
- Autre danger majeur : la situation en URSS .Ecoutons Gorbatchev luimême
ou ses conseillers
Gorbatchev en octobre "II faut arrêter l’escalade des phénomènes
négatifs dans l’économie. Cela protégera le processus
de démocratisation (et empêchera) qu’on ne se retrouve
otages des tentatives d’ébranler notre économie .... Nous
avons commencé à perdre le contrôle des choses.
Les nouveaux mécanismes ne sont pas enclenchés alors que
les anciens ne fonctionnent plus... On ne peut pas attendre. Chaque
jour supplémentaire a des conséquences terribles".
Léonid Abalkine, vice premier ministre, déclare qu’on
a envisagé la création d’un marché socialiste (socialisme
de marché) conciliant marché et planification, mais il
avertit "Nous savons vers où nous voulons aller, mais la
phase de transition est le point faible de nos programmes. Nous n’avions
pas défini par quelles étapes il faut passer. .. La situation
va de plus en plus mal chaque mois. Il faut arrêter ce mouvement
et renverser la tendance... Comment arriver à ce que l’opinion
nous croie et nous fasse confiance ? ".
La longue grève des mineurs de Vorkouta fait craindre de manquer
de charbon cet hiver. N’oublions jamais que, si les penseurs préparent
le terrain pour les grandes révolutions, c’est souvent pour un
simple manque .de pain que le peuple se met en branle(3).
Et que dire de l’autre grave danger que Perestroïka et Glasnost
ont fait naître : le réveil des nationalités quia
déjà causé des troubles mortels. ?
A notre avis, Gorbatchev n’est plus maître du jeu : "ces
événements nous dépassent, feignons d’en être
les organisateurs" écrivait Cocteau. Gorbatchev est assez
malin pour récupérer au maximum le développement
des événements. Mais le pourra-t-il toujours ?
Les économistes réunis par Gorbatchev fin novembre ont
conclu qu’il faudrait six ans pour sortir du marasme économique,
ce qui est en contradiction avec les déclarations de Gorbatchev
et Abalkine que nous venons de citer. II est clair que Gorbatchev ne
sera pas mécontent de n’avoir plus à aider économiquement
les pays du bloc communiste : l’URSS ne le peut plus si elle veut garder
une chance de réussir chez elle. Mais quel boomerang sur le plan
politique et militaire !
- Les pays du tiersmonde seront sûrement les grands sacrifiés
de la ruée vers l’Est. Nous avons vu ce que dit Favilla. Le Monde
du 28 novembre titre un article : "L’ouverture de l’Europe orientale
et le jeu du marché détournent du tiersmonde, notamment
de l Afrique, les entreprises et les gouvernements" (4). Mitterrand,
questionné sur les demandes d’effacement de la dette de la Pologne,
répondait en substance : "Impossible. Que diraient les pays
du tiersmonde, bien plus pauvres que la Pologne ?".
Les capitalistes n’écouteront que leurs intérêts
; il est à penser et à souhaiter que les pays du tiers-monde
davantage appauvris et abandonnés n’écoutent, eux aussi,
que leurs intérêts et explosent
- La réunification de l’Allemagne pose problème. Après
l’euphorie de la chute du mur, les têtes froides ont réfléchi.
Un pays de près de 80 millions d’habitants, une capacité
industrielle double de celle de la France, une puissance financière
semblable à celle du Japon et unique en Europe, voilà
ce à quoi demain l’Europe sera confrontée. D’ores et déjà,
les documents ou graphiques parus dans la presse nous montrent une RFA
solidement implantée dans tous les pays de l’Est (Ostpolitik),
loin devant tous les autres et notamment la France. De plus, "pour
les investisseurs américains, l Allemagne sera le Cheval de Troie"
(Le Monde 29 novembre).
En ce qui concerne la réunification, à peine Mitterrand,
au soir du Sommetrepas des Douze, avait-il affirmé que la question
n’était pas d’actualité que, dès le lendemain,
les premiers slogans "Allemagne, Patrie Unie !", "Nous
sommes UNE Allemagne" apparaissaient. Peu après, le 28 novembre,
Kohl lançait son plan qui n’est autre que le schéma des
étapes menant à la réunification. La "grande
maison commune", chère à Gorbatchev, pourrait bien
avoir une "maison de gardien" cossue et incontournable : RFA
+ RDA.
En résumé, l’Allemagne, jusqu’ici tenue pour un nain politique
(la tête et les jambes, la tête étant cette France
arrogante au-dessus de ses moyens), pourrait bien être tentée
de jouer un rôle prépondérant dans une Mitteleuropa
(5), gonflé des pays de l’Est actuels, étroitement liés
à son dynamisme, voire à ses bienfaits, sur le plan économique.
L’Europe des Douze deviendrait pour elle une sorte de gadget (6) en
dépit des protestations patelines de fidélité.
Dangereuse militairement un jour, une telle Allemagne, prolongée
par des "satellites" à l’Est jusqu’aux frontières
de l’URSS ? Personne ne veut y penser. Et pourtant, si l’URSS se raidissait
(coup d’état militaire par exemple) et revenait à un communisme
pur et dur ? Car ce qui est irréversible dans les pays de l’Est
ne l’est pas en URSS, compte tenu de son importance, de sa situation
géographique et de sa puissance militaire.
Nous reviendrions alors à la case départ, au lendemain
de la guerre 1914-1918. Qui peut jurer qu’alors la même croisade
ne recommencerait pas, avec éventuellement in fine une guerre
classique (pour commencer) ? Oui, qui peut le jurer ?
2) Une démocratie socialiste à inventer
Après avoir examiné le plus objectivement
possible la situation nouvelle créée par l’effondrement
du communisme dans les pays de l’Est, peut-on encore espérer
voir naître la démocratie socialiste ? Reste-t-il un créneau,
si petit soit-il, pour un tel rêve, alors que du Nord au Sud et
d’Ouest en Est, le libéralisme submerge la planète et
retrouve un second souffle à l’Est ? Peuton faire nôtres
les paroles rassurantes de Régis Debray : "le capitalisme
démocratique reste bon maître du terrain. II s’abuserait
lui-même en supposant qu’il le contrôle et que son histoire
s’arrête avec son triomphe. Son indéniable victoire du
moment pourrait bien porter dans ses flancs sa propre défaite
à long terme". Et il met en garde :’7e libéralisme
est un redoutable danger culturef’.
Des petites lueurs apparaissent :
- Dans "Lu-vu-entendu" de la G.R. de décembre, nous avions relaté l’interview dans l’usine OMIG en Pologne, privatisée depuis quelques mois : 25% de licenciements, salaires bloqués "pour cause de compétitivité".
- Delors, à "7 sur 7", début novembre, a révélé qu’une enquête faite auprès d’Allemands ayant quitté la RDA pour la RFA depuis plusieurs années, montrait que, s’ils préféraient la RFA pour la liberté et le niveau de vie, ils regrettaient la RDA pour l’éducation, la santé, la protection sociale.
- Nous avons vu, à la télévision, des Allemands rentrant en RDA après quelques années passées à l’Ouest, avouant qu’ils ne pouvaient plus supporter de vivre dans un pays où régnaient l’injustice et le chômage.
Petites lueurs certes, mais qui montrent que tout
n’est pas rose aux pays du libéralisme. Le chômage, les
bas salaires "pour cause de compétitivité",
voilà ce à quoi ne s’attendent pas, tout à la joie
de la libération du communisme, tous ces manifestants des pays
de l’Est qui s’acheminent vers l’économie marchande.
Au mieux, dans ces pays, une socialdémocratie pourrait récupérer
les désenchantements et toute l’Europe se retrouverait capitaliste,
avec sur la gauche, des gens, partis et syndicats, se battant pour des
réformes.
Sauf orientation imprévue (7), l’Europe toute entière
repart, pour 50 ans ou plus, avec un bail capitaliste.
Il faudra se battre, car le libéralisme ne lâchera pas aisément sa proie ; cheminement classique, après le communisme, il dénoncera, essaiera de baillonner la socialdémocratie elle-même et toute force de progrès "subversive", en un mot, tout ce qui entravera ses objectifs économiques, sociaux (régression), militaires, culturels.
Conclusion
L’URSS - en Europe- apparaitrait alors comme le dernier
rempart à l’avancée libérale ; à condition
qu’elle trouve très rapidement la voie de la démocratie
socialiste et, d’abord, redresse son économie et désamorce
les tensions trop nombreuses qui sont apparues dans les républiques
fédérées. C’est l’étape la plus urgente.
Et si, dans cinq ans, dans dix ans, - alors que pays capitalistes et
tiersmonde connaitront de plus en plus chômage et misère
(y compris les pays de l’Est actuels, s’ils ne trouvent pas une voie
originale vers la démocratie socialiste) - l’URSS n’apparait
pas comme un pôle, un espoir pour les déshérités
de l’Ouest et du Sud, bref, si elle ne réalise pas enfin ce que
tant de gens, ouvriers, paysans, intellectuels attendaient d’elle en
1917, alors elle tombera à son tour dans l’escarcelle libérale.
La guerre cessera - relativement - faute de combattants, mais alors
il faudra des décennies pour que les peuples de la planète
retrouvent les rivages du socialisme. On serait alors tenté de
paraphraser Robespierre, le 9 Thermidor, empêché de parole
par les crapules Tallien, Barras, Fouché... "le socialisme
est perdu, les brigands triomphent’.
Certes, la République a fini par triompher ... près d’un
siècle plus tard ! Comme un jour, très lointain sans doute,
le capitalisme finira par subir un désastre comparable à
celui du communisme aujourd’hui.
(1) Dés le 30 novembre, le premier ministre
tchécoslovaque souhaitait le retrait des troupes soviétiques.
(2) On mesure ce à quoi peuvent conduire les revendications ethniques
ou territoriales quand on voit ce qui se passe avec le Haut Karabach
en URSS.
(3) En Tchécoslovaquie, on a inventé un faux mort, avec
un nom qui n’a jamais existé, pour exciter l’ardeur des foules.
(4) Un expert de la Banque Mondiale a déclaré :"Si
l’on accorde des crédits à l’Est, ce sera au détriment
des pays pauvres d’Afrique et d’Amérique latine".
(5) "Aujourd’hui, une course de vitesse eest engagée entre
le délitement de la Communauté européenne et son
renforcement" (G. Fuchs, Député européen PS,
dans le Monde du 16 novembre)
(6) PNB (RFA + RDA)= 30°/ du PNB de la CEE.
(7) Paroles réconfortantes entendues dans la bouche de jeunes
Allemands de l’Est, le 29 novembre sur TF1 :"Nous sommes contre
la réunification parce que nous craignons ce que nous voyons
à l’Ouest : drogue, chômage" ou "Il y a beaucoup
de bonnes choses ici qu’on n’a pas à l’Ouest ou "l’Est n’est
pas à vendre à l’Ouest".
L’argent est partout dans le sport, mais le comble
est atteint par le Paris-Dakar, comme le dit Philippe Noiret : "II
y a certaines choses qu’on ne devrait pas avoir à expliquer.
Si les gens ne sentent pas spontanément que ce spectacle est
déplacé, je crois qu’il sera très difficile de
le leur faire comprendre. Je trouve personnellement que cette horde
est d’une incongruité obscène. Elle est le symbole de
notre société de consommation dans tout ce qu’elle a de
plus voyant mais de plus violent aussi.. Elle prend pour terrain de
jeu un continent dont la plupart des pays manquent des choses les plus
étémentaires, les plus essentielles." ou comme le
dénonce encore plus nettement l’Abbé Pierre : "Ce
n’est pas scandaleux de faire du sport ; ce qui est scandaleux, c’est
de le faire avec des moyens de milliardaires, sous les yeux des crève-la-faim" :
L’ensemble des coûts de ce rallye atteint 500 millions de Francs.
Cette somme, qui est réduite en poussières, est fabuleuse
par comparaison au budget de l’éducation des pays où passe
la course : 267 millions au Mali, 333 millions en Mauritanie.
Or cette opération publicitaire n’est qu’en partie financée
par des "sponsors", pour qui elle s’avère juteuse.
Le reste est financé par les contribuables et c’est ce qui est
intolérable : l’Etat, avec l’aide d’entreprises publiques, apporte
son aide à l’organisation (moyens de transports, de transmission
et des milliers de policiers pour le départ entre Paris et le
port d’embarquement) son appui aux équipages (le CEA et la COGEMA
ont affrêté en 1988 une voiture pour promouvoir l’uranium
français dans les sables africains) et enfin une aide diplomatique,
c’est-à-dire sa caution morale, puisque le Ministre de l’Intérieur
en 1987 et 1988 était intervenu pour permettre au rallye de traverser
l’Algérie puis le Mali où le ParisDakar apparait comme
une manifestation quasi-officielle, cautionnée par le Gouvernement
français ! Des dizaines de villes, départements ou régions
utilisent le Paris-Dakar pour leur promotion : le Conseil général
de LoireAtlantique pour 400.000 F. , les Sablesd’Olonne pour 55.000
F. soutiennent le rallye 1990. Alors que les associations qui travaillent
en Afrique se plaignent des destructions de pistes occasionnées
par le passage des bolides, les camions sont à nouveau autorisés
cette année (les voitures les plus puissantes avaient été
interdites les deux années précédentes).
Ce rallye symbolise la division du monde en deux parties : celle des
riches, de l’Européen conquérant, aventurier, gagneur,
prêt à toutes les douleurs pour se dépasser et écraser
les autres, et celle des pauvres qui regardent en ramassant les miettes.
Pis encore, certains y laissent leur vie : en 1988, six Africains sont
morts à cause du rallye, en 1989, la mort d’une fillette a fait
moins de bruit que le tirage au sort du gagnant.
Ce jeu de massacre n’est plus supportable. Nombreuses sont les associations(1)
qui appellent à une campagne de protestation, et nous nous y
associons pleinement.
II faut pour cela que chaque lecteur écrive, en franchise postale, à.
Monsieur le Secrétaire d’Etat
auprès du Ministre d’Etat
de l’Education, de la Jeunesse
et des Sports
78, rue Olivier de Serres
75739 - PARIS CEDEX
Voici le modèle de lettre proposé
Monsieur le Ministre,
La 11 e édition du rallye Paris-Dakar met une
nouvelle fois en évidence le caractère indécent
de cette compétition, dans laquelle le sport cède le pas
à la publicité et où l Afrique est transformée
en un vaste terrain d’aventure.
Des associations africaines et européennes contestent cette course
depuis des années.
En tant que citoyen, je suis personnellement contre cette compétition
qui reçoit chaque année le soutien fiancier ou moral de
ministères ou de collectivités territoriales.
En votre qualité de Ministre de tutelle des compétitions
sportives, je vous demande de bien vouloir prendre publiquement position
au nom du Gouvernement sur ce sujet au cours du 11 e Paris-Dakar, et
de vous engager à ce que les pouvoirs publics ne soutiennent
plus cette course.
Cette décision sera, je l’espère, entendue par les collectivités
territoriales qui soutiennent le rallye.
Veuillez croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de ma considération
distinguée.
Lettre qu’il faut signer en indiquant le nom et l’adresse
de l’expéditeur.
Proposez cette campagne autour de vous et envoyez des communiqués
de presse aux médias locaux. Il faut montrer que les distributistes
ne sont pas d’accord avec le Paris-Dakar.
(1) par exemple l’association "Agir Ici" à qui nous devons cette information.
Qu’elle soit de production, de distribution ou de services,
l’entreprise est censée répondre avant tout aux besoins
des consommateurs. C’est sa finalité et sa raison d’être.
Qu’en estil dans la réalité ?
Si les salariés, des plus élevés (en principe le
Président Directeur Général et le personnel de
direction) jusqu’aux plus humbles, sont, le plus souvent, soucieux de
satisfaire les clients par la qualité et la quantité des
fournitures, il n’en est pas toujours de même au niveau où
se prennent les décisions.
Les grandes sociétés
Dans les sociétés auxquelles nous nous
intéresserons ici et qui jouent les rôles essentiels dans
l’activité économique du pays, la plupart des orientations
sont prises au niveau du Conseil d’Administration. Le Conseil étant
l’émanation des actionnaires, on voit déjà que
ses préoccupations sont plus financières que sociales.
Les grands financiers qui se comptent par dizaines seulement, en France,
dominent en fait la plupart des grands groupes et leurs préoccupations,
nous l’avons constaté fréquemment dans la G.R., sont de
dominations, de stratégies et de sauvages batailles entre eux.
Du petit porteur au plus grand, le but est pourtant le même :
gagner de l’argent, le plus possible, dans le temps le plus court. L’on
a remarqué récemment que les responsables de l’association
des petits porteurs d"Eurotunnel" s’insurgeaient à
l’idée que l’exploitation du tunnel sous la Manche ne serait
pas bénéficiaire dès la première année
! Sans prendre parti dans la querelle entre les constructeurs et la
société exploitante, ce qui nécessiterait de trop
longs développements, il est quand même révoltant
d’observer que certains assimilent cette grande oeuvre européenne
à une boutique qui devrait s’amortir dans l’année...
Pour subsister et se développer, face à la concurrence,
l’entreprise fait habituellement appel à l’épargne publique,
c’est-à-dire qu’elle offre des actions en Bourse.
L’on assiste alors à ce jeu surréaliste
où les titres vedettes ne sont pas les plus importants économiquement,
mais ceux qui procurent des gains possibles, soit à la hausse,
soit à la baisse. Aucune considération n’est portée
à l’objet matériel de la société. La plupart
des actionnaires ne s’intéressent qu’aux informations de nature
à faire fluctuer la cote et ils joueraient aussi bien, comme
aux courses, au loto ou à la roulette leur date de naissance
ou leur numéro de sécurité sociale. De même
l’indice des valeurs dit "CAC 40" varie d’une façon
erratique selon le déficit de la balance commerciale ou l’indicateur
des prix.Or ces résultats sont mensuels et très fluctuants.
IIS ne sont significatifs que sur la longue période. Les réactions
des joueurs sont inconsidérées !
Dans tout ce domaine ainsi que dans l’ensemble du régime, la
somme des intérêts particuliers ne favorise pas l’intérêt
général. C’est l’économie casino.
Le capitalisme dit populaire ?
Nous avons déjà commenté largement
les pieuses intentions de MM. Balladur ou Bérégovoy qui
prétendaient "moraliser" la Bourse en imposant une
meilleure information des petits porteurs, permettant à ceux-ci
d’assister en connaissance de cause aux assemblées générales
et d’influer, même dans la faible mesure de leurs moyens divers
et dispersés, sur la marche de l’affaire qu’ils financent.
Mais les petits porteurs souhaitent-ils vraiment s’intéresser
à la gestion de l’entreprise ? L’on peut en douter. MM. Balladur
et Bérégovoy le désireraient pourtant. Ils voudraient
rejouer le coup de la copropriété des appartements et
rendre les Français solidaires, donc complices, de l’économie
ultra-libérale. Cela marche d’autant moins bien qu’ils se heurtent
aux banquiers, lesquels, loin de ces considérations politico-sociologiques,
considèrent : "Que la Bourse n’est pas faite pour la veuve
de Carpentras qui passe des ordres tous les dix ans" (1). Aussi
que venaient faire les modestes ?
Ils alourdissaient les frais alors que ces pauvres
banquiers sont déjà ruinés par les tarifs insignifiants,selon
eux, des taux de courtage (0,21 à 0,65 % de la valeur des titres
vendus). Les actionnaires individuels se grouperont donc dans des SICAV
et des FCP (2) gérés par les banques et ces messieurs
se retrouveront entre gens de bonne compagnie et de pouvoir.
Certains agents de change se rebellent pourtant et pensent qu’il s’agit
là d’une atteinte aux libertés individuelles. Conscients
de l’enjeu, ils soutiennent que la Bourse est un service public ouvert
à tous. Mais leur influence est bien faible face aux intérêts
en cause.
Le CERC (3) vient, dans son dernier rapport, d’apporter une conclusion
très nette à la tentative avortée de capitalisme
populaire : le capital en valeurs mobilières n’a fait que se
concentrer de 1980 à 1987 entre moins de détenteurs de
plus en plus pourvus. Dont acte.
La voix des salariés
C’est le moment, afin de se faire une vocation moins
antisociale, avec les sections d’entreprise du RPR, que Jacques Chirac
choisit pour relancer la participation. Elle était un peu oubliée,
en ces temps difficiles, malgré un essai de Jean Boissonnat (4)
pour la ranimer dans le conflit Peugeot.
Rappelons à ce propos notre thèse selon laquelle nous
sommes tous usufruitiers du patrimoine technique que nous ont légué
nos prédécesseurs et que nous faisons fructifier nous-mêmes.
Les progrès de productivité ne devraient donc être
la propriété ni de la société Peugeot, ni
des actionnaires, ni même du personnel, encore moins de M. Calvet
; ils devraient profiter à tous. Quant à la participation
sous la forme d’un intéressement des salariés aux bénéfices,
s’il y en a, elle ne sera jamais qu’un jouet aux mains d’un patronat
toujours aussi "sûr de lui et dominateur".
Mais les patrons ne sont point éternels. Ils disparaissent aussi.
Pour les PME dont les fondateurs meurent ou vieillissent sans succeseurs,
une solution qui se développe depuis 1984 est la RES (5). Une
récente enquête de la CEGOS (6) montre que les chefs d’entreprises
bénéficiaires de ces reprises sont satisfaits et que leurs
affaires sont relativement prospères. Mais elle précise
aussi que lorsque la société "pèse" plus
de 10 à 15 MF, les partenaires financiers, en fait les banques,
sont présents dans le holding de contrôle. Dans la plupart
des cas, la transmission se termine par une introduction en Bourse.
L’objectif recherché à l’origine est donc abandonné.
La nouvelle ère des organisateurs
Lorsque James Burnham écrivait : "L’ère
des organisateurs" en 1941, il pensait que le capitalisme était
en voie de disparition, non au profit du socialisme, mais à celui
d’un régime "directorial". Presque un demi-siècle
a passé depuis sans que cette prophétie s’accomplisse.
Pourtant de nouvelles formules telles que les LBO ou LMBO (7) se développent,
d’abord aux Etats-Unis, puis en Europe.
II faut savoir qu’il s’agit en fait du rachat de la firme, non plus
par l’ensemble du personnel, mais par quelques cadres dirigeants. II
faut pour cela, bien entendu, que les acheteurs bénéficient
de prêts consentis par les banques qui leur font confiance. Ainsi
ils peuvent obtenir le contrôle d’usines valant une centaine de
MF en ne disposant eux-mêmes que de quelques MF. Comme ils ne
parviendront à rembourser le prêt et ses intérêts
que par les bénéfices futurs, ils deviennent de vrais
patrons, pleinement responsables de la marche de l’affaire. D’où
la recherche de profits à tout prix par les moyens classiques
: licenciements, restructurations, dégraissages... et par d’autres
mesures plus radicales : revente d’actifs en particulier de branches
non rentables ,d’immeubles non indispensables ( !!), fortes augmentations
de leurs salaires personnels, etc... Bien entendu les simples soucis
humains, le respect des travailleurs et des cadres qui sont souvent
très attachés à leur travailla considération
pour ceux qui ont parfois consacré une bonne partie de leur existence,
de leur dévouement et de leur imagination à leur emploi,
sont parfaitement ignorés, sinon tournés en dérision.
Tout cela provoque de fortes tensions, en particulier aux Etats-Unis
où 10.000 LMBO ont eu lieu de 1980 à 1988 alors qu’il
n’y en a eu que 2.500 en GrandeBretagne, environ 300 en France et 200
aux Pays-Bas.
Les avantages de ce procédé sont donc :
- motivation des repreneurs, rachat par des spécialistes compétents,
- réponse à des difficultés éventuelles provenant de la transmission d’entreprises créées après la seconde guerre mondiale et dont les propriétaires parviennent à l’âge de la retraite,
- renforcement des grands groupes par séparation d’activités annexes.
Mais les inconvénients n’en sont pas moindres, nous venons de le voir. En fait, les responsables des sociétés spécialisées dans le "montage" financier de ces opérations le reconnaissent, elles doivent porter sur des firmes en pleine croissance qui génèrent des excédents de trésorerie. Tout va bien alors ... On reconnait là l’idéologie dominante, celle des gagneurs, des puncheurs, du dynamisme. Quant aux perdants, aux calmes, aux scrupuleux, aux réfléchis, aux lucides, ils n’ont rien à espérer dans ce monde en folie.
Les bénéficiaires de tout cela sont toujours les mêmes : les intermédiaires et surtout les banquiers qui prêtent à fort intérêt la monnaie qu’ils ont fabriquée, à leur guise, sans participer à la satisfaction des besoins matériels des populations.
Les véritables maîtres
Le métier devient dangereux, surtout en Allemagne
fédérale, où la "Fraction Armée rouge"
a exécuté, après Martin Schleyer, Président
du patronat, Alfred Herrhausen, Président de la Deutsche Bank.
Ce n’est évidemment pas en tuant quelques personnes que l’on
abattra le système. Mais ceux qui contrôlent les entreprises
sont bien les grands rapaces de la finance (8). Même s’ils se
battent à coup d’OPA ou d’OPE (9), c’est aussi pour soutenir
les cours de la Bourse en appâtant les opérateurs. Les
affaires opéables s’enchérissent sans motif autre que
la rumeur. C’est le règne du bluff et de l’esbroufe. Les actions
dans le vent sont purement financières. Et pourtant elles n’ont
pas retrouvé leur niveau d’avant 1987 (10). Evidemment elles
sont purement spéculatives et avaient crevé comme des
bulles ; elles doivent donc se reconstituer...
Les entreprises françaises se portent bien dans l’ensemble. Merci
pour elles. Les 1000 premières, classées par l’Expansion
de décembre 1989, se sont adjugées un bénéfice
de 113 MdF contre 71 en 1987 et 26 en 1986. "II y a du grain à
moudre" comme aurait dit Bergeron ex-secrétaire général
du syndicat Force Ouvrière.
Les sales "affaires" sont sur le toboggan. Celles qui mettent
en cause le PS : les fausses factures de Marseille, Péchiney,
le Carrefour du développement se font oublier. Celles qui mettent
en cause le RPR : les privatisations, le faux-vrai passeport de Challier,
les comptes de M. Médecin ressortent comme par enchantement.
Ce serait l’inverse en cas d’alternance. Ainsi va la politique politicienne.
Une affaire chasse l’autre des médias et des mémoires.
Aucun suivi n’existe. Et l’on voudrait nous faire croire que nous sommes
en état de démocratie et d’information libre. Ne faut-il
pas être l’homme des banques pour se payer le plus fort tirage
sur l’ensemble des journaux nationaux et provinciaux et, en plus, une
chaine de télévision ?
Une réelle économie de marché, où la volonté du producteur-consommateur assurerait l’orientation de l’appareil productif, serait l’économie distributive. Les entreprises de production de masse seraient contrôlées par le personnel et les clients. Les coopératives, mutuelles, fédérations représentatives y seraient multipliées assurant l’autogestion de l’ensemble. En attendant, dans une phase transitoire compatible avec ("économie mixte", les conseils d’administration devraient être composés, à la différence du "coquetelle" de César et Marius, de trois tiers égaux : les consommateurs, le personnel et les investisseurs ou l’Etat selon que l’entreprise est privée ou nationalisée et plus tard socialisée. Les citoyens le désirent-ils vraiment ? Nous le saurions si les grands médias nous étaient ouverts.
(1) Propos de M. Gérard de la Martinière,
Directeur général de la Société des Bourses
de Valeurs lors d’un forum de l’Université de Lyon II en avril
1986.
(2) Sociétés d’investissement à capital variable.
Fonds commun de placement.
(3) Centre d’études des revenus et des coûts.
(4) Directeur de l"Expansion".
(5) Reprise de l’entreprise par les salariés dont l’exemple le
plus connu en France est celui de la Société Moulinex.
(6) Centre d’études de la gestion et de l’organisation scientifique.
(7) Leverage Management Buy out. Littéralement rachat avec effet
de levier (par les dirigeants).
(8) M. Herrhausen était aussi l’artisan de la fusion récente
de Daimler Benz (Mercédès) avec le trust de l’armement
MBB (Messerschmitt-Boelkow-Blohm) malgré l’interdiction de l’Office
Fédéral des Ententes. Cela rappellera de mauvais souvenirs
à ceux qui ont connu les cartels nazis.
(9) Offre publique d’achat. Offre publique d’échange.
(10) Voir "Deux ans après le krach boursier : les oubliés
de la hausse" , Le Monde du 10 octobre 1989.
Le mode d’emploi en est connu de longue date (1). II semblerait, pourtant, qu’il reste ignoré des principaux protagonistes qui, en ordre dispersé, s’efforcent aujourd’hui de mettre en place une solution au double problème des excédents et du chômage, peu conscients du résultat qu’obtiendrait une coordination de leurs intitiatives, associée à l’usage d’une monnaie de consommation.
Les éléments de l’opération ?
- Des bénévoles assurent déjà la collecte de surplus dans le cadre des "banques alimentaires", surplus distribués sans contrepartie, sous forme de colis, à des personnes nécessiteuses.
- A Marseille, tout récemment, c’est la municipalité qui, rassemblant les lots d’excédents dans des locaux spéciaux aménagés en "supermarchés", offre le choix à consommer par leur mise en vente pour un franc symbolique, aux ayants-droit.
- Lors de leur congrès, les Ingénieurs des Arts et Métiers ont suggéré d’utiliser les chômeurs pour des T.U.C. financés par prélèvements sur les hauts revenus (profits boursiers et commerciaux).
- Enfin, l’apparition de la "carte à puce", susceptible de jouer le rôle d’une monnaie de consommation gagée par les excédents, devrait apporter le Deus ex machina qui, visiblement, fait défaut à toutes ces initiatives éparses, erratiques.
II s’agit de créer une monnaie parallèle, non transférable, neutre, s’annulant à l’achat, pour un marché parallèle réservé à des consommateurs marginaux, capable à la fois d’écouler toutes quantités d’excédents voués à la destruction, de remettre des chômeurs au travail contre un salaire complémentaire s’ajoutant à leurs indemnités, enfin de procurer aux collectivités un appoint de ressources pour financer, sans appel aux contribuables, un ensemble de prestations utiles dénuées de rentabilité, allégeant de surcroit leur budget social.
Qu’ajouter de plus ?
Comment convaincre les responsables de l’urgence d’assurer
cette coordination en y intégrant la pratique d’une monnaie de
consommation ?
Faut-il attendre que fermentent plus longtemps des impatiences lourdes
de menaces pour la stabilité des institutions ?
(1) "Un pool international des excédents" (Rev. Ingénieurs ICAM 1955). "L’aide économique et la double monnaie" (Débat à la Jeune Chambre économique internationale 14 décembre 1956). "L’économie du don. Son mode d’emploi" (Rev. Confluents n° 13- juin 1957). "La carte de crédit. Son utilisation en monnaie de consommation pour les banques de nourriture en faveur des nouveaux pauvres" (L’écho de la Presqu’île 11 janvier 1985).
Comme suite à sa proposition publiée en novembre 1989, Téo Vidal nous fait parvenir un projet de texte d’introduction à chaque livret thématique.
Nous prions nos lecteurs de nous adresser leurs avis, corrections, suggestions, contre-propositions, ...au texte que voici
Quasiment tous les systèmes économiques
(du capitalisme au communisme) ont maintenant été essayés
; en divers temps, lieux et nuances, avec les résultats que l’on
sait ! Ils ont montré ce qu’ils valaient, et se sont révélés
inadaptés aux transformations techniques révolutionnaires
survenues depuis quelques dizaines d’années dans notre société.
Tout un chacun rejette de plus en plus la politique et cela est dû
au fait qu’en réalité c’est l’économie qui commande
celle-ci et non l’inverse comme le croient ou le proclament certains
! Ce ne sont qu’accommodements et tâtonnements dans les deux domaines
où les théories en apparence les mieux établies
sont malmenées et contredites par la réalité.
Après les agriculteurs et les artisans, ouvriers et employés
sont de plus en plus avantageusement remplacés à tous
les niveaux par des outils autonomes, rapides et économiques
communément appelés "robots". Tout le monde
sent bien que ces robots ne peuvent, en toute logique, que continuer
à remplacer l’homme dans de nombreux domaines.
Ce ne serait d’ailleurs qu’un bien si, dans un même temps, l’économie
toute entière n’était exclusivement basée sur le
système du profit maximum et du salariat. Or il y aura, nous
l’avons vu, de moins en moins de salariés, et donc peu d’acheteurs
potentiels aussi (car les robots ne créent pas , comme on l’avait
espéré, autant d’emplois qu’ils en suppriment, loin s’en
faut !)... d’où "économie à problèmes",
inadaptée à la situation, avec une misère grandissante
face, pourtant, à une abondance de produits grandissante elle
aussi.
Le dernier "rafistolage" du vieux système économique
et monétaire consiste à redistribuer (grâce aux
taxes et impôts) une partie des gains salariaux aux plus démunis
sous la forme d’aides diverses : "au logement", "familiales",
"sociales", "revenus minimum"... Mais cette redistribution
n’est pas viable car, prenant aux uns (les salariés) une partie
des revenus de leur travail pour permettre aux autres (les "assistés")
de survivre, elle ne peut suivre l’accélération du remplacement
des salariés par des robots. De plus, elle entretient, quand
elle ne le crée pas, un sentiment d’injustice chez les salariés
qui font survivre les autres sur une part de leur travail, leur salaire
s’en ressentant chaque jour davantage.
En réalité, l’accroissement de l’automatisation (cybernétique)
impose la création et l’injection d’une nouvelle monnaie ; d’un
pouvoir d’achat correspondant aux productions qui ne délivrent
pas de salaires car elles se passent, comme nous l’avons vu, de salariés.
A l’heure actuelle, en effet, le régime économique tout
entier s’appuie sur une monnaie et des "capitaux" dont moins
de 20% ont réellement conservé la fonction utilitaire
initiale : permettre une distribution optimum des productions. La plus
grande partie de la monnaie n’est considérée que comme
une marchandise à part ayant sa finalité propre et comme
but prioritaire son propre accroissement par les professionnels de la
finance et économistes classiques... L’objectif primordial a
été "oublié" et n’est considéré
que comme secondaire !
II faut à l’heure où le fossé des inégalités
ne cesse de s’accroitre, à l’heure où le salariat ne fait
et ne peut que se réduire, à l’heure où les possibilités
de production (souvent freinées ! ) ne font, elles, qu’augmenter
sans que ce soit pour le bien de tous, créer adaptée à
cette "révolution" et retrouvant sa finalité
distributive réelle pour le bien de l’ensemble de la population.
Celà devient une nécessité vitale et, comme vous
allez le constater, ce n’est pas très difficile car :
1. Une telle monnaie a été étudiée, sous divers aspects, depuis des décennies, et maintenant certains économistes développent des thèses démontrant la nécessité d’un tel changement.
2. La monnaie a déjà, à plusieurs reprises, par le passé, subi des transformations aussi radicales !
Encore faut-il que le plus grand nombre soit informé
de toutes les causes et conséquences réelles de la situation
actuelle et de la possibilité réaliste d’un tel changement.
Combien de problèmes (insécurité, écologie,
racisme, hyperindividualisme, inégalités, désespoirs...)
qui trouvent leur source dans cette réalité économique
aux horizons noirs, seraient résolus dans un tout autre contexte
!
La solution ne saurait, de plus, n’être que monétaire car
les implications sont d’importance dans tous les domaines de la vie
future ; et grandement positives si elles sont préalablement
bien pensées.
Oui, d’ores et déjà, compte tenu des progrès des
sciences et techniques, l’accès pour tous à un très
haut niveau de vie est tout à fait réalisable !. Combien
le savent ? Peu ! Certains, très peu, ont sûrement quelque
intérêt à conserver, jusqu’à l’extrême
limite, le système économique mourant. Ils tiennent les
grands moyens d’information et font le silence sur les solutions proposées.
Tout est prêt pour qu’une nouvelle ère s’ouvre vers une
société totalement différente, très supérieure
à celle que nous connaissons, et cela sans prendre aux uns ce
que l’on donnera aux autres, donc sans passer par la violence, nécessaire
par le passé.
Le papier de chiffon
Louise a trouvé un superbe "album d’Histoire
de France" dans les poubelles d’une librairie. C’est un livre pour
classe très élémentaire, ça tombe bien :
on va voir comment les chérubins commencent leur vie :
"Les premiers hommes ... chassaient pour se nourrir.. Ils s’abritaient
dans des cavernes, lis construisent des maisons, lis fabriquent des
vases. Les druides cueillent le gui ... César est un général
romain, Vercingétorix veut libérer la Gaule... - des femmes
s’affairent devant l’étal d’un boucher (illustration)... ! Les
Huns attaquent la Gaule, Attila épargne Lutèce, les Francs
s’installent dans le nord de la Gaule, Ils aiment beaucoup se battre
(sic) .... Sainte Geneviève rassure les Parisiens (c’est bien
gentil à elle !) ... Le Maire du Palais, le bon Roi Dagobert...
Les Arabes attaquent notre pays, Charles Martel les arrête à
Poitiers...".
C’est ainsi que j’entendis un Maghrébin dire un soir, sur une
radio libre, au sujet de toutes les péripéties concernant
le "foulard" des jeunes intégristes : "Nous sommes
bien montés jusqu’à Poitiers en 732 et la France ne s’en
est pas plus mal portée .." Voire ! ... La France-Mère-Patrie,
notion abstraite.. Mais qu’en a-t-il été des femmes espagnoles,
des femmes françaises, qui se trouvèrent sur le passage
des conquérants, et de nos soeurs sarrasines, abandonnées
? Non-dit ! occulté ! à la Trappe ! Le monde des mères,
des filles, des épouses, ne fait pas partie de l’Histoire.
Pour nous qui, à force de lectures, sommes persuadées
que l’exploitation des femmes par les hommes n’a pas toujours existé,
que c’est un avatar socioéconomique qui apparait avec la première
agriculture, les stocks, l’élevage, la sédentarisation,
l’appropriation, et qu’elle a précédé de très
longue date l’exploitation capitaliste qui s’en est inspirée,
il y a deux grilles de lecture de l’Histoire au quotidien, bien distinctes
: celle qui nous est racontée à la télévision,
tout comme l’Histoire de France : chefs, traitres, batailles, sacrifices
sanglants, holocaustes, victoires, pillages, viols, sabres et goupillons.
C’est ainsi que nous regardons, crédules encore, toutes sortes
d’émissions où s’affrontent des costumescravates qui refont
le monde autour d’une table. Puis parfois on sursaute il manque à
cette histoire la moitié de l’humanité, en filigrane,
une autre interprétation nous fait un clin d’oeil...
L’alternative acceptable :
Nous avons commencé dans notre numéro 881 et poursuivi dans notre numéro 883 la traduction d’une proposition de réformes qui nous vient du Royaume-Uni tendant à substituer aux multiples taxes en vigueur une taxe unique basée sur l’énergie. Voici la suite de cette traduction :
3.4 On mesure très facilement le contenu en énergie (physique, différent de sa valeur monétaire) de tous les matériaux à l’aide de procédures bien établies ou à partir de tables en fonction de leur poids ou de leur volume. La déclaration en énergie sur les documents d’import-export (qui peut être constestée par les producteurs indigènes sur justification du véritable contenu en énergie) ne serait qu’une simple procédure douanière dans toutes les transactions commerciales et les mouvements de marchandise en gros. Bien que tous les utilisateurs d’énergie ou de produits énergétiques adopteront sans doute des procédures d’audit en énergie (défia disponibles) pour des raisons d’efficacité économique, c’est l’État qui évaluera et appliquera la Taxe Unique mais une fois seulement : à la source économique. Aux frontières européennes (ou nationales) on applique la Taxe unique sur tous les mouvements de marchandises (entrant ou sortant) suivant des taux conformes aux "normes industrielles" en agrégeant ainsi les produits composites tels que les moteurs d’automobiles qui renferment une grande variété de matériaux qui, pris séparéments, auraient des Contenus Légaux en Énergie Primaire différents. Ces taux sont calculés de façon à incorporer toutes les pertes de conversion et de fabrication qui supportent donc la Taxe Unique. Quoiqu’on puisse s’attendre à ce que cette procédure améliore les rendements de conversion (par exemple, la récupération de l’énergie perdue dans les torchères dans les puits de pétrole), il faut en fait s’assurer que tous les points de taxation sont égaux. C’est essentiel pour que le commerce intérieur et extérieur ne soit pas discriminatoire. Le reste, comme nous le verrons, est pris en compte naturellement et équitablement à mesure que l’énergie se diffuse dans l’économie des ressources dans toutes les activités humaines.
3.5 Des combinaisons des Énergies Primaires Légales précédentes sont appliquées à , ou contenues dans, toutes les ressources matérielles et tous les produits (cuivre, fer, acier, aluminium et tous les autres métaux ; tous les plastics ; l’électricité, le pétrole et toutes les énergies (secondaires) raffinées et fiouls ; le papier peint, les textiles synthétiques, les engrais artificiels,...). On ajoute aux matériaux naturels tels que les tissus de coton des Contenus en Energie Primaire Légaux pendant leur fabrication comme on le fait pour les briques, le ciment, le verre, les céramiques et tous les matériaux de construction ainsi que pour les industries de services. Le Contenu en Energie Primaire Légal peut provenir de l’énergie utilisée ou perdue dans l’extraction, la fabrication, le traitement et le transport (contenu en énergie "selon la valeur" ou "latent") ou être dû à l’énergie "intrinsèque" contenue dans et transférée à partir de l’Énergie Primaire Légale ellemême. D’une manière ou d’une autre, cette valeur énergétique totale, supportant le coût ajouté par la Taxe Unique, diffuse vers les industries de services, les travaux de bureau, la publicité, la radiodiffusion et finalement vers tous les consommateurs. En tant que taxe sur les ressources, la Taxe Unique s’applique donc à toutes les consommations qu’elles soient de produits tangibles ou non : du fioul brut pour le chauffage aux services bancaires. Le législateur n’a cependant pas ici à se méler des définitions légales parce que l’utilisations des énergies de l’économie des ressources tend tout naturellement à s’optimiser dans une économie de marché libre. Cette caractéristique intrinsèque et incontournable résoud complétement les problèmes complexes mentionnés en (1,2.3), (2.2) et (4.1).
3.6 Le gouvernement aura à assurer une planification adéquate et la sécurité publique, à réglementer la localisation et la sécurité des turbines à vent, les émissions de fumées et à protéger le bien être public général. La fraude fiscale sera détournée au profit d’initiatives alternatives d’épargne qui devront, pour la plupart, être encouragées. Une grande partie de la législation est défia en place. Les charges législatives et administratives seront même décimées si l’on tient compte de ce que, comme nous nous orientons vers la "valeur sociale" des ressources matérielle, les politiciens apporteront quelques complications moralisatrices dans des domaines tels que les droits sur les alcools, le tabac,... et chercheront à donner (ou à prendre) des avantages sélectifs à leurs propres préférences du moment (nucléaire, vent,...). Comme nous allons le voir, on n’aura plus besoin d’oeuvres de bienfaisance sélectives "d’allocation de fioul" et autres pénibles quoique bien intentionnées protections de l’État.
4. L’ÉCONOMIE DES RESSOURCES
4.1 Ayant établi les règles fondamentales, revenons sur notre affirmation "toute création de richesse est une fonction de la consommation totale d’énergie". Cela parait simple mais c’est, bien sûr, incroyablement complexe. L’efficacité avec laquelle l’énergie est transformée en "valeur ajoutée" varie largement et, en effet, on peut tout à fait dépenser de l’énergie dans des actions manquées ou destructrices, ou, osera-t-on le suggérer, l’utiliser de manière extravagante et égoïste dans certaines activités de loisirs consommatrices de puissance (et bruyantes). Une grande partie de l’activité économique est orientée vers des industries " à coûts ajoutés" qui consomment énormément sans apporter grand chose au bien-être humain. Classer, et cataloguer, ne parlons pas de mesurer, des activités aussi diverses serait une tache redoutable. Cependant nous avons ici une expression qui est essentiellement économique parce qu’elle définit un ingrédient universel - un coût- dans toute "création de richesses" à la fois tangibles (marchandises) et intangibles (services), dans toute activité, même dans tous les processus conflictuels de manière inéluctable. Cette mesure du coût (quoique indirecte) est essentielle dans la conception d’un système économique capable de s’auto-optimiser.
(à suivre)
Oui !Chers lecteurs de la Grande Relève, vous
avez bien lu ! Cette phrase est tirée du bulletin trimestriel
de la Mutualité Gardoise de septembre 89.
A quelle date est-il possible de fixer l’achèvement de toute
activité professionnelle ?Cinquante cinq ans ? Soixante ? Ou
soixante cinq ? Certainement soixante sept pour les années 2000
!
Gros problème : le financement des régimes de retraites
parait s’effriter. On envisage même de prolonger la durée
de cotisation. En bref, la jeunesse devra payer afin de permettre le
renflouement des caisses qui, à leur tour, reverseront aux "vieux".
Solidarité sociale de notre système arrivé à
épuisement !
Vieillissement démographique oblige l’Europe prend de l’âge
et la jeunesse se fera rare, parait-il, d’ici 2025... La baisse de la
natalité arrive à son comble dans nos pays industrialisés.
Et pour cause ...
Aujourd’hui, seulement aujourd’hui !Nos plus grands dirigeants commencent
à se soucier d’un tel problème de financement ! "Pour
la seule année 1992, il faudra trouver 96 milliards de francs.
Un exercice de calcul fort compliqué qui pousse à la recherche
de solutions nouvelles".... (Pourtant elles sont si simples, désarmement
pourquoi pas ?...)
Inutile d’être Futuribles pour prévoir et comprendre tout
cela. Inutile de s’attaquer à de gros et savants calculs pour
savoir qu’un tel système ne peut avoir d’avenir dans un futur
proche ! Un simple coup d’oeil objectif sur le nombre grossissant des
chômeurs, auquel vient s’ajouter celui des futurs inactifs, nous
donne toutes précisions utiles.
Une seule solution à retenir : changement de système.
Mais voilà, nos ministres se battent afin de préserver
le système économique actuel, tous convaincus qu’il peut
encore résister au temps et qu’il reste infaillible.
C’est un peu comme si à l’époque du TGV, nous nous contentions
encore de la diligence !...
Bien sûr, des solutions existent, plus humaines ; mais la seule
qui est retenue par certains passe par l’éventuelle prolongation
du temps de travail. Alors que nous nous battons depuis des années
afin d’avancer l’âge de la retraite ! ....
- Réduire le montant des pensions impensable, à l’heure
où le SMIG ne fait plus vivre personne et pourtant combien en
sont malheureusement encore là (Peugeot : un exemple !).
- Augmenter les cotisations : impossible, déjà salariés
et entreprises s’épuisent. Et le plan de reprise du marché
du travail, que deviendrait-il ? (actuellement pas grand résultat
me direz-vous !).
- Le projet d’Yvon Chotard soumis à l’automne 88 est bien pire
: Ce Monsieur "estime qu’il faudra avoir cotisé plus de
150 trimestres actuels pour avoir une retraite complète. Celle-ci
serait calculée sur l’ensemble de la carrière et non plus
sur les dix meilleures années." Malheureusement les chômeurs
de longue durée ou longues maladies trinqueraient. (II est si
simple de culpabiliser ces gens là ! Comme s’ils n’avaient pas
assez souffert contre leur volonté !...).
De toute cette pagaille, il ne ressort que le côté rétrograde
: augmentation de la durée de travail comme de l’âge de
la retraite.
En conclusion, une seule phrase m’a parue positive,
celle d’un grand chirurgien, le Professeur Jean-Paul Binet. Celle-ci
s’adresse aux jeunes qui entrent dans la vie active (ce seul mot me
fait peur !) : "Dès que vous posséderez votre métier,
n’en soyez pas l’esclave, sinon, il ne vous lâchera pas ou, pire,
vous ne pourrez le lâcher".
Apparemment, bon nombre de nos dirigeants sont déjà atteints
par cette "maladie de la retraite", à moins que la
place soit si bonne qu’ils n’osent la quitter prématurément
!
41.000 frs pour un ministre, cela donne peutêtre envie d’aller
au bout du rouleau !... A suivre... Mais au fait, peut-être sontils
devenus des robots ? ... Malin non !
Logements : la vérité
A Paris, le mètre carré de logement
ancien a augmenté de 24,5% en un an. Les prix ont doublé
en moins de cinq ans. En coût moyen, plus aucun arrondissement
ne descend audessous de 12.000 F. le mètre carré. Les
loyers flambent. Plus 8,2% en 1988. Au moment du renouvellement du bail,
les hausses atteignent 30% en moyenne.
Etriqués, vétustes et souvent inconfortables : c’est le
jugement de l’INSEE sur les logements parisiens. Le quart d’entre eux
n’a ni WC, ni installations sanitaires.
400.000 personnes n’ont pas de logement en France.
***
Désarmement chez les Grands
L’URSS démobilise 500.000 hommes et réduit
son budget militaire de 17%. Les Etats-Unis réduisent le leur
de 10 milliards de dollars sur 315, soit un peu plus de 3%.
(d’après Le Monde du 20 novembre) Espérons que les événements
de l’Est auront au moins le mérite de calmer sérieusement
la course aux armements.
***
Rapport du CERC sur le revenu des ménages
Très important et minutieux rapport de 261
pages. Progression des revenus deux fois moindre que celle de la richesse
nationale. En francs constants, après déduction des cotisations
salariales de sécurité sociale (qui ont augmenté,
de 22,4% en 1978, à 25,7% en 1982 et 29,3% en 1988) les salaires
des travailleurs ont baissé de 1,4% entre 82 et 88.
Ceux des cadres ont augmenté de 1,4% entre janvier 86 et janvier
89. La progression de la richesse nationale va donc bien, ce que nous
ne cessons de dire, aux cadres et surtout aux patrons et professions
libérales. Société duale.
(d’après le Monde du 20 novembre)
***
Primes chez Elf Aquitaine
en chiffres arrondis
50.000.000 F. pour 29.000 ouvriers = 1.725 F. par personne
50.000.000 F. pour 290 cadres supérieurs= 172.500 F. par personne
(Revue de Presse, 16 nov. , France-Inter)
Thèses
Pourtant, rien n’est perdu, si le peuple étourdi
Réagit en faisant fonctionner ses méninges,
Et réveille, en sursaut, son état engourdi ;
Se libère enfin de la "planète de singes" !
(1)
Car l’honneur a, de plus que son cousin animal,
L’unique faculté d’user de la pensée
Il pourrait refuser son état anormal,
Imposé par les chefs .. Oh ! croyance insensée
Qui lui fait accepter la "loi de sélection
De l’espèce animale" ! Approuvant par là même
La primauté d’un maître ... Et sa désaffection
Permit la construction d’un contraignant système,
Dont est déterminé tout son comportement !
Responsables surtout sont ses moyens d’échanges
Causes d’iniquités ils changent fortement
Sa paisible nature en discordes étranges !
En se "donnant" des rois, empereurs, dictateurs,
Des maîtres et des dieux, des présidents, des papes,
- Mûs par l’Or et l’Argent, ces ogres prédateurs
L’homme souffre les lois protégeant ces satrapes !
Quand même, il appert que, pourvu de l’intellect,
La "loi de sélection" ne peut être applicable
A ce "roseau pensant". Condition de respect
Et de soumission, ce dogme nous accable !
Ce n’est que sur le plan des problèmes sociaux,
De l’organisation de son économie
- Hors celle de profit pour ses besoins spéciaux,
Que sa matière grise est encore endormie !
Chercheur par sa nature et grâce à son cerveau
L’homme invente et transforme et produit l’Abondance..
Mais ne sait s’en servir, la jette au "caniveau" !
Aurait-il atteint là le seuil de décadence ?!
D’autant que sous l’effet de la pullulation
Le "lapinisme" humain porte en soi la famine
En nombre irraisonné croît la population,
Alors que limitées sont la terre et la mine !
Par insatisfaction la rareté produit
Les inégalités, facteurs d’intolérance.
Mais avec le progrès apparait aujourd’hui,
Sans effort, l’opulence apportant l’Espérance.
Espérance aussi par la langue Espéranto
Duboin et Zamenhof ouvrent grande la porte
A la libération de l’homme pour tantôt !
C’est l’assurance, que leur oeuvre lui apporte.
Heureusement qu’il est des hommes généreux,
Porte-voix courageux honorant notre espèce ;
Dénonçant le non-sens de ce monde véreux,
Paradis financier, sécrétant la détresse !
L’homme doit recouvrer son état de Raison ;
S’apercevoir qu’avec toutes ses découvertes,
Il peut assurément faire la liaison
Entre la production, très suffisante - certes !
Et la distribution, qui peut rayer la faim. (2)
Jamais plus, face à l’homme, un homme en adversaire !
Plus un seul pauvre ou riche ...Accomplissant enfin,
Avec l’Egalité, l’Equité nécessaire !
Dans l’organisation humaine en société,
Exempte de profit et de lois imposées,
Pour que puisse manger tout homme à satiété,
Nombre de solutions ont été proposées !!
Mais toutes, structurées, ordonnaient à l’Humain
Toutes ont échoué parce que politiques
Aucune ne comprit que le succès demain
Dépend d’administrer les biens économiques.
Il suffit ! ... de contraindre et de moraliser
Il ne faut plus jamais prendre l’homme pour cible !
Mais agir et régir sur les Choses ! Miser
Sur leur distribution... C’est aujourd’hui possible !!
Agissons par nos propres soins
Pour changer la physionomie
Des sociétés, mais néanmoins
Organiser l’Economie Distributive ou des Besoins !