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Voici qu’à trois mois d’intervalle viennent de sortir deux livres de reflexion sur notre temps qui convergent tous deux vers la même conclusion, très nette :
l’économie distributive s’impose (1)
Leurs auteurs, pourtant, ont des personnalités
fort différentes, et ils ont mené leurs recherches de
façons presque diamétralement opposées.
André Gorz, ingénieur chimiste de formation, ancien journaliste
du Nouvel Observateur est devenu, depuis plusieurs années, un
philosophe qui vit en retrait du monde journalistique et politique.
Il a mené en solitaire sa réflexion sur l’évolution
du travail (2), mais en s’étayant sur un grand nombre de lectures,
sur celle de Marx, biensûr, dont il fait une critique originale,
et sur celles de nombreux chercheurs, dont beaucoup sont allemands,
d’Hannah Arendt à Max Weber et Jûrgen Habermas.
Jacques Robin, médecin de formation, puis directeur
d’une entreprise de production pharmaceutique, est un homme de dialogue
qui a fréquenté « les milieux les plus divers en
France et dans le monde : médicaux, scientifiques, industriels,
politiques, culturels ».
C’est un animateur, un organisateur de rencontres au cours desquelles
les disciplines, les cultures, les esprits s’enrichissent mutuellement.
Il présente son livre (3) comme étant le fruit de ses
confrontations, de ses interrogations au contact de nombreuses personnalités,
parmi lesquelles il cite, entre autres, Robert Buron, Jacques Attali
et René Passet (4) , Henri Laborit et Joël de Rosnay, Edgar
Morin, André Leroi-Gourhan et Michel Serres.
Certes, pareils contacts peuvent expliquer l’exceptionnelle densité de son livre, mais un aspect particulièrement remarquable de sa personnalité est le don qu’il a de susciter ces rencontres qui enrichissent la réflexion. Alors, quand il termine son livre en exprimant son désir d’élargir à de nouveaux interlocuteurs non seulement la réflexion , mais aussi l’action, tout distributiste est prêt à l’aider.
Justement,une de ces rencontres vient d’avoir lieu
à la Villette, dans le cadre de la réflexion sur un « projet
de civilisation pour l’Europe » de 1993. De nombreux distributistes
sont venus y assister. Ils ont beaucoup apprécié les diverses
interventions, dont celle de Jacques Robin, qu’ils ont chaleureusement
applaudi. Leur joie culmina au discours de René Passet, tant
ils étaient émus de retrouver dans son expression-même,
les analyses et les propositions pour lesquelles ils luttent depuis
si longtemps. Ils avaient auparavant apprécié le style
du message d’encouragement du Président de la République,
lu par E. Pisani.
Ce message, puis, quelques semaines plus tard, les invectives de François
Mitterand contre l’argent facile, sontils de simples propos pour encourager
l’électorat de gauche, ou bien seront-ils suivis d’actes, qui
prouveront une réelle, et nouvelle, prise de conscience de la
nécessité du bouleversement économique qui s’im-pose
? L’avenir nous le dira.
Mais deux livres remarquables en trois mois, une réunion à
la Villette et des propos présidentiels télévisés
qui tous concluent dans le sens de l’économie distributive, voilà
tout de même de quoi répondre à ceux qui disent
que malgré nos solides arguments et nos efforts inlassables «
il ne se passe rien ». Il se passe quelque chose : ILS Y VIENNENT !
1) Pour reprendre le titre d’un ouvrage publié
en 1950 par Jacques Duboin.
2) « Métamorphoses du travail. Quête du sens »,
voir l’article intitulé « les nouveaux serviteurs »
dans notre n° 872 de Novembre dernier.
3) « Changer d’ère », voir l’analyse ci-dessous, page
9
4) Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas René
Passet qui fit connaître l’économie distributive à
Jacques Robin. Celui-ci m’a confié avoir été « initié »
par son propre père, dans sa jeunesse. C’est peut-être
ce qui explique qu’en faisant référence à Jacques
Duboin il ne cite, curieusement, que des livres très anciens,
publiés de 1934 à 1936 ; il semble n’avoir lu ensuite aucune
des études au cours desquelles, de 1936 à 1955, de « Rareté »
à « Les yeux ouverts », la thèse s’est étoffée.
Un turbo pour les vaches à lait
Sous le titre « Un turbo pour les vaches à
lait-L’hormone laitière prête à fonctionner »,
le journal « La Manche libre » du ter janvier 1989 publie
un article provocateur « ...A l’heure des quotas laitiers, voilà
que l’on parle d’introduire une hormone laitière sur notre continent.
Elle aurait pour effet d’augmenter de 15 à 20 % la production
de lait par vache. Quatre sociétés américaines
: Monsanto et Elanco, Cyanamide et Upjohn sont sur les rangs, prêtes
à commercialiser ce nouveau produit appelé somatropine
ou BST... »
Le journal a mené une enquête d’où il ressort que
le produit est sur le point d’être autorisé, aux Etat-Unis,
dès cette année. Il ne serait pas dangereux pour l’homme
et utilisable chez toutes les races laitières. Les autorités
de la CEE seront-elles contraintes par la concurrence à s’aligner
sur celles des Etats-Unis ? Les stocks de lait et de poudre de lait
que la Communauté a difficilement et partiellement réussi à faire absorber par de jeunes veaux vont-ils se reconstituer à grande allure ? Ou bien faudra-t-il sacrifier cette fois 3 millions de vaches, soit deux fois plus que le nombre de celles qui ont été abattues fin 1988 ?
Article transmis par M. D. Palaiseau.
***
D’accord
Le Monde du 8 janvier 1989 résume les opinions
que M. Claude Cheysson, ancien ministre des Relations Extérieures,
a exprimées le 6 janvier, au cours d’une table ronde organisée
par l’Association « Europe Ile-deFrance » sur le thème
« l’Europe vue par la gauche ».
Entre autres prises de position, M. Cheysson s’inquiète du « glissement
vers l’Europe du libre-échange, vers l’Europe de Madame Thatcher ».
Il estime que la construction d’une Europe politique est plus que jamais
nécessaire pour faire face à l’« Europe des entreprises
et du capital. Nous sommes heureux de nous trou ver pour une fois d’accord
sur un point essentiel, avec une personne appartenant aux sphères
gouvernementales.
Transmis par PH. Saint-Mandrier
* * *
Clairvoyance des experts
Oubliant que l’on assainit les marchés, freine la production et subventionne le gel des terres, les journalistes de « Valeurs actuelles » et « le spectacle du monde » ne craignent pas d’affirmer que le socialisme aboutit « à la distribution de ce qui n’a pas été produit » ( !). Et l’on peut lire sur le même imprimé : « Notre rédaction compte quelques-uns des meilleurs experts de la politique et de la finance ».
Transmis par PH. Saint-Mandrier
* * *
La base socialiste s’inquiète des effets de la politique du gouvernement
Nous n’éviterons pas longtemps un débat sur la politique économique, nous ne pourrons pas nous contenter du discours sur la rigueur, nous n’échapperons pas à la nécessité de donner des signes plus concrets à ceux qui nous soutiennent ; nous devrons impérativement prendre en compte l’attente, l’impatience des couches sociales défavorisées. Ne perdons pas de vue notre stratégie, nos orientations, notre ancrage à gauche ; garantissons-nous de toute dérive qui nous ramènerait trente ans en arrière, à l’époque où la troisième force faisait sombrer puis éclater le courant socialiste et démocratique de notre pays ». Lettre d’une fédération socialiste aux militants, datée du 2 janvier 1989.
***
Libéralisme, mon c... comme eut dit Zazie
« 70 milliards de dollars, c’est le coût estimé de l’effort financier nécessaire pour renflouer les caisses d’épargne américaines en difficulté. A la charge du contribuable... ».
E.D.J. 19/25 janvier 89
Gageons que M. Bush ne tiendra pas sa promesse électorale de ne pas augmenter les impôts !
***
Promesse de Président
Mitterrand avait promis de faire baisser les prélèvements
obligatoires, bien que Chirac -qui l’avait promis également en
86- eut échoué dans ce domaine.
Hélas, l’INSEE veille : 45 % en 1988. Toujours plus haut, comme
aux Jeux Olympiques.
***
Nouveau « plan social » chez Renault
La Régie veut réduire en 1989 un « sureffectif » de 2.753 personnes. Malgré la progression de ses bénéfices et de ses ventes, Renault entend continuer à resserrer ses effectifs pour améliorer sa productivité.
Le Monde 26 janvier 1989
***
Voiture propre et sale mentalité
A l’unanimité, les partis néerlandais ont approuvé la décision du ministre de l’environnement de stimuler la vente « voitures propres , en octroyant aux acquéreurs de ce type de véhicule une ristourne sur le surcoût du pot catalytique. Cela a déchainé les foudres de la Commission Européenne qui a annoncé immédiatement son intention de traduire les Pays-Bas devant la Cour de justice du Luxembourg... sous prétexte d’entrave à la concurrence.
Le Monde 24 janvier 1989
Productivité ici, concurrence là... Quel monde ! Ah, les bons apôtres qui nous parlent de la couche d’ozone, des forêts qui se meurent. Mais peugeot et consorts veillent... sur leurs bénéfices.
***
Traboulsi et le postier
Un postier de mes amis me montrait récemment
sa fiche de paie après huit ans de service : 5.800 francs par
mois, nets, soit environ 70.000 francs par an.
Dans le même temps, les médias reprenaient les déclarations
de Samir Traboulsi concernant la commission qu’il a touchée pour
ses « bons offices » dans la vente de l’American Can à
Péchiney : 12 millions de dollars ; pour la commodité des
calculs, arrondissons à 70 millions de francs, bien que ce soit
en réalité nettement plus !
Combien de gens auront fait ce petit calcul qui laisse pantois : pour
gagner ce que Monsieur Traboulsi a empoché avec la seule commission
de l’American Can, le postier devrait battre la longévité
de Mathusalem (969 ans) et travailler (70.000.000 divisés par
70.000) 1.000 ans, dix siècles. Sans commentaires ! Lettre envoyée
au Monde par A. Prime pour le courrier des lecteurs.
***
Max Gallo repart à l’attaque
Dans la G.R. de décembre dernier, nous avions,
en appui de l’article « Le peuple de gauche floué »,
donné de longs extraits d’un article de Max Gallo paru dans le
Monde du 20 octobre. A nouveau -le Monde du 28 janvier- Max Gallo, pourtant
membre du secrétariat du P.S., met en garde contre la politique
actuellement poursuivie.
« On se félicite de voir flamber les valeurs de la Bourse
(400). La vulgate politique se décline en quelques mots : entreprise,
investissements, rentabilité, profit, spéculation, libération
du marché des capitaux... Les chefs d’entreprise sont nos héros
et nos hérauts. Parfois, ils sont même candidats des socialistes
(Tapie). Il y a les « gagneurs » et les « perdants ».
Aux uns les honneurs, aux autres le RMI et les restaurants du coeur.
La culture d’entreprise vaut la culture tout court. Et celle-ci est
un « look » utile pour faire vendre les « produits culturels »
et faire tourner les « industries culturelles ».
Aux électeurs de gauche... infirmières, salariés
en tous genres à moins de 6.500 francs par mois, enseignants,
etc... et aussi (aux) militants qui veulent encore « changer la
vie », à tous ceux-là, on demande d’être raisonnables,
réalistes, de comprendre les grands équilibres... alors
que quelques coups de téléphone suffisent à faire
gagner quelques milliards de centimes (aux initiés)... Sommes-nous
encore socialistes si nous ne voulons pas garder intact l’espoir d’« autre
chose » avec une telle contradiction ?
En cette année du bicentenaire de 1789, il est de bon ton d’exclure
Robespierre... l’Incorruptible. Barras, Tallien, Fouché, qui
furent plus terroristes que lui ne sont jamais dénoncés.
Ils gardèrent leur tête, souvent le pouvoir, et firent
de solides fortunes. C’est aussi une culture de gouvernement !
***
La sidérurgie « fait un effort »,
après avoir gagné 4,5 milliards en 1988.
De 1982 à ce jour, selon un responsable Usinor-Sacilor, les effectifs ont été réduits de moitié : de 120.000 à 60.000. Mais ce monsieur déclare sur France-Inter, le 2 février 1989, que « la sidérurgie va devoir encore faire un effort » (sic) en matière de personnel pour rester compétitive licencier 5.000 ouvriers en 1989 et probablement autant l’an prochain. Ce sont les patrons qui font l’effort de licencier... Ah, les braves gens !
***
Une tendance lourde du capitalisme actuel
C’est une croissance beaucoup plus rapide du profit
que du chiffre d’affaires.
Nous avons déjà cité maints exemples. Nouvel exemple :
DU PONT et C°, premier groupe chimique américain. En 1988 :
chiffre d’affaires, plus 8%, bénéfices, plus 23%. Son
Président prévoit une « nouvelle amélioration
des bénéfices en 1989 ».
Ces résultats dichotomiques, nous dira-t-on, sont dus à
une « amélioration de la gestion ». En fait, c’est
quoi dans la plupart des cas : le remplacement des hommes par des machines.
Cela peut provenir encore de la possibilité qu’a eue la firme
d’accroitre ses prix de vente sensiblement plus que ses prix de revient,
ou des deux combinés.
(D’après les résultats de sociétés. Page financière du Monde du 31 janvier 1989).
***
Les bons apôtres des armes chimiques U.S.A.
La police italienne, agissant avec la police américaine et Interpol, a mis au jour un vaste trafic de composants du gaz moutarde partant des Etats-Unis pour aboutir simultanément à l’Iran et à l’Irak, les deux adversaires de la guerre du Golfe.
***
R.F.A.
En R.F.A., le groupe nationalisé ouest-allemand
Salzgitter, incriminé dans la fourniture de plans à la
firme Imhausen Chemie pour l’usine chimique libyenne de Rabta, a reconnu,
le 31 janvier, avoir reçu de cette firme, en 1985, une lettre
faisant référence « en appendice » à
l’usine de Rabta. Jusqu’à présent, le groupe avait toujours
déclaré que ces plans lui avaient été commandés
pour une usine de Hongkong et n’avoir eu aucune raison de penser qu’ils
eussent pu avoir une autre destination.
Par ailleurs, la firme Plato-Kuehn Handelsges MbH, basée à
Neustadt (Basse-Saxe), mise en cause par la presse pour avoir aidé
l’Irak à effectuer des recherches sur les armes biologiques,
a reconnu, mardi, qu’elle avait livré des toxines de champignon
à l’Irak.
Le Monde 2 février 1989
Le numéro du journal « Le Parisien »
du 14 décembre 1988 proposait, avec Bernard Kouchner, Secrétaire
d’Etat chargé de l’action humanitaire et le Ministère
de la solidarité et de la protection sociale, une opération
appelée les « nouvelles solidarités », Assises
internationales Paris-Sorbonne 9-10-11 janvier 1989.
Il était précisé : « Vous avez des idées
pour secourir les exclus ? Des solutions pour permettre leur insertion ?
Ecrivez vite ! Vos lettres seront étudiées avec soin et
transmises à Bernard Kouchner ». J’ai aussitôt écrit
en joignant une documentation sur la monnaie verte. J’espérais
une invitation, je ne l’ai pas reçue. Le 9 janvier, quand je
ne suis présenté à la Sorbonne, j’ai rapidement
compris le malentendu. Mes propositions sortaient du cadre que les organisateurs
s’étaient assignés. Seules les suggestions des associations
caritatives étaient retenues, j’ai réalisé plus
tard pourquoi. Elles sont le partenariat privilégié, exclusif,
admis à coopérer avec le gouvernement.
La solidarité, soit : nais sous la forme unique de la charité.
Démuni d’invitation, il n’a fallu ruser pour franchir les halls
et les portes d’entrée défendus par des cerbères
qui fouillaient et filtraient les invités pourtant sélectionnés
d’avance.
Nous étions là pour une table ronde, c’est à une
formidable mascarade que nous assistions.
En trois jours, nous avons entendu cent orateurs expérimentés,
Mmes et MM. Mitterrand, Rocard, Fabius, Kouchner, Chaban, Evin, Méhaignerie,
Simone Weil, d’autres encore sachant capter rapidement l’attention de
leur auditoire. Mis à part Harlem Désir et l’Abbé
Pierre, peu de choses très intéressantes ont été
dites. Le jargon technique des hauts fonctionnaires est une distraction
vite lassante et peu édifiante. Quand l’Abbé Pierre s’est
écrié : « Je voudrais bien savoir combien a coûté
la guerre d’Algérie, et pourquoi on ne trouve pas l’argent pour
faire la guerre à la misère ? » Un tonnerre d’applaudissements
a salué ces propos.
Les parlementaires et les fonctionnaires des ministères n’ont
pas bronché. Quelques minutes suffisent pour apaiser les consciences
dans ce cas et le traintrain reprend vite son cours. N’étaient
présents ici que des premiers de la classe attentifs et béats,
malgré la vigueur et la véracité de ces propos,
ils n’allaient pas faire de vagues.
Ah ! que les mots TRAVAIL, HONNEUR, DIGNITE sonnaient bien dans cette
salle magnifique.
M. Rocard parla même de révolution véritable à
propos du RMI. La distribution d’un authentique pactole ne lui aurait
pas inspiré de mots plus ronflants. Hélas, moi dont l’esprit
est toujours mal tourné, je constatais que prononcer le mot froid
n’enveloppe par le bavard de son frisson si désagréable,
de sa morsure si cruelle des extrémités des membres. Prononcer
le mot FAIM n’en cause pas les affres, pas plus que celui de MISERE
ne tourmente les tripes des orateurs.
Quant à quitter cette salle prestigieuse pour aller chez les
miséreux, les visiter dans leurs taudis ou leurs abris de fortune
où ils trouvent une protection illusoire contre les intempéries,
personne n’aurait osé en faire la proposition. Les bancs où
nous étions assis étaient durs, nais l’atmosphère
de la salle était douillette. Si parfois, on a parlé avec
intérêt des miséreux, des exclus, des nouveaux pauvres,
on a bien senti qu’ils sont un peu coupables de leur état ; le
ton était souvent celui du paysan parlant de son troupeau de
moutons. Faisons exception pour certaines organisations dont les délégués
ont dû beaucoup souffrir de l’ignorance des pouvoirs publics.
Il est bien pénible de parler de ces gens-là, ils nous
dérangent, il serait plus agréable de penser au soleil
de la montagne ou des Seychelles. Approfondir leurs problèmes,
cela finit par assombrir le moral. Heureusement, à l’extérieur,
pas un mendiant n’était repérable à un kilomètre
à la ronde. Bravo le service d’ordre.
Ainsi donc la charité n’a jamais résolu le problème
de la misère, c’est pourtant cette voie que choisit le gouvernement.
La solidarité, la vraie SOLIDARITE, celle qui arrêterait
le processus d’exclusion et de marginalisation, peut encore attendre.
Les faits permettraient une solidarité véritable, nais
la majorité des cervelles humaines n’est pas prête. Mieux
vaut répéter qu’il y a toujours eu des riches et des pauvres,
qu’avec nos mille associations caritatives, nous possédons une
armée de vaillants soldats pour combattre (bénévolement)
la misère.
J’aimerais terminer sur une note d’espoir au profit des plus démunis.
Je dois y renoncer. Avec les « nouvelles solidarités »,
le gouvernement a réussi à exalter les troupes des associations
charitables, à relancer leur ardeur, à gagner leur estime
en répétant qu’elles sont des partenaires admirables.
C’est clair, on évacue pour un temps le problème de la
pauvreté et de la faim en France. Bâillonner les EXCLUS
dont la voix timide, teintée de honte est pourtant bien faible,
cela suffit momentanément au capitalisme dont l’ambition est
de gagner du temps. Depuis toujours, il trouve la complicité
intéressée, consciente, servile ou bonnasse dont il a
besoin pour durer. Le conformisme et les traditions font le reste.
Et les médias, demandez-vous ? Ils étaient tous là,
muets, attentifs, affairés. Il n’y eut pas de vagues.
Quant à nous, nous ne sonnes pas dans le bon camp. Notre sommeil
promet d’être longtemps troublé.
Un intervenant a proposé la construction dans chaque ville et
village d’une maison-de la Solidarité. Je ne suis mis à
rêver : à la monnaie verte qu’on pourrait y délivrer,
à l’information qu’on pourrait y dispenser, à l’environnement
éducatif qu’on pourrait y déployer. L’A.N.P.E. pourrait
y siéger. Le « sacrifice » d’un avion de combat pourrait
suffire à cet équipement national, nais n’est-ce pas là
un mirage ! Pareille réalisation serait du socialisme. D’autre
part, depuis les dernières élections présidentielles,
le Bon Dieu s’est fixé chez nous en France et le propre du Bon
Dieu n’est-il pas d’accomplir des miracles ?
***
Corroborant ce que dit notre camarade Denizeau, le
« Monde Affaires » du 28 janvier 1989 a publié dans
sa rubrique « à suivre » les quelques lignes suivantes,
bien révélatrices « Charité bien ordonnée
» Depuis que la charité est devenue un « business
», parfois un « show bisiness », Bernard Kouchner s’est
imposé en expert, de Médecins sans frontière à
Médecins du monde.
Secrétaire d’Etat à l’action humanitaire, il a réussi
une grande opération médiatique avec le colloque consacré
aux « Nouvelles Solidarités » qui s’est tenu à
la Sorbonne du 9 au 11 janvier. En y faisant intervenir Simone Weil,
Jacques Chaban-Delmas, Pierre Méhaignerie, Jean-Pierre Soisson
et quelques autres aux côtés de ministres socialistes,
il a réussi mieux. L’ouverture prenait un air d’opéra.
Mais le final est au moins aussi grandiose. Avec toutes les contributions
rassemblées, et qui n’était pas disponibles lors de ces
journées, Bernard Kouchner sort un livre, le 24 janvier, publié
aux éditions Syros. Son titre ? revenu minimum : réussir
l’insertion. Son thème ? La pauvreté et l’exclusion...
Apparemment pas pour tout le monde !
Certes, de tout temps, on s’est servi de l’argent
pour acheter, corrompre, assassiner... Il est aujourd’hui à peu
près établi, par exemple, que la victoire de Valmy a été
achetée à Brunswick avec... 5 millions de livres et des
diamants de la fabuleuse collection de MarieAntoinette, dont le célèbre
Diamant Bleu de la Toison d’Or, retrouvé effectivement dans les
coffres du Duc après sa mort en 1806.
Mais l’essentiel n’est-il pas que Valmy reste la première grande
victoire de la République, fille de la Révolution, qui
a jeté l’absolutisme par-dessus le moulin. Je ne voudrais pas
porter une ombre inutile sur le Bicentenaire et j’applaudis avec Goethe
qui était à Valmy : « D’aujourd’hui et de ce lieu
date une ère nouvelle dans l’histoire du monde ». C’était
bien une révolution et non une simple révolte (1).
Je ne sais ce qu’embrassait en 1792 la vision de Goethe, mais il est
remarquable, pour nous distributistes, que la deuxième grande
Révolution, celle des progrès techniques - sans qu’elle
ait de liens patents avec la première - ait pris son envol à
peu près dans le même temps (2).
Or, deux cents ans après, comment sont traduits dans la réalité,
les généreux principes de la Déclaration des Droits
de l’Homme et du Citoyen, relayée par la Déclaration universelle
des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948, dont on vient -avec
quelle solennité !- de fêter les quarante ans !
Ce qui importe, ce n’est pas le « cinéma » Jack Lang
- en compagnie de Delon - dans « Questions à domicile, dans
la salle du Jeu de Paume à Versailles, s’il vous plaît !),
c’est l’état économique et social des pays qui se réclament
si fort des principes de 1789. J. Lang n’a pas parlé des 2.650.000
chômeurs de France dont plus d’un million non secourus (3).
C’est qu’après deux siècles, alors que la grande révolution
technique permettrait de concrétiser les ambitions de la grande
Révolution de 89, le sale fric et le fric sale empêchent
l’humanité d’entrer dans la Terre Promise, pourtant à
portée de main. On peut même dire que le règne du
fric atteint, en ce moment crucial pour le destin de l’homme, son apogée.
Je pense qu’il y a plus qu’une nuance entre sale fric et fric sale,
mais les deux conjugués font le malheur de notre temps.
Sale fric, celui qui ne sert que l’appétit de puissance, de jouissance
de quelques-uns, qui ne produit rien, qui se gagne en quelques heures,
quelques jours, comme les 400 à 700 millions raflés par
les condottieri qui se battent autour de la Société Générale.
Sale fric, ces millions gagnés par les « initiés
» : de gauche comme de droite, dans l’affaire Péchiney-Triangle.
Sale fric encore, le contrat qui accorde au responsable musical de l’Opéra-Bastille
-Opéra populaire à ce qu’on nous dit- 8 millions (exonérés
d’impôts par Juppé) plus voiture, appartement, déplacements
avion pour deux personnes et ce, pour 4 mois de travail ; quand 10 millions
de travailleurs, comme l’a reconnu Rocard lui-même, gagnent 6.000
francs ou moins par mois !
Dans le même domaine, sale fric, les cachets des stars du cinéma
-4 à 6 millions par film- alors que les cinéastes s’en
vont pleurant partout que le cinéma se meurt. Sale fric, les
salaires des vedettes d’une Télé qui trop souvent n’offre
à son public que des spectacles minables, alors que c’est ce
public qui paie, directement par la taxe ou indirectement par la publicité
incluse dans le prix des produits.
Fric sale, ces commissions de 10 à 20% versées
à Samir Traboulsi, passage obligé parait-il pour toutes
les ventes d’armes au Moyen Orient : ce qui lui a valu d’être
décoré de la Légion d’Honneur par Bérégovoy
en présence de 40 invités de marque ; tant il est vrai
que la Légion d’Honneur a été créée
en 1802 par Bonaparte pour récompenser les mérites civils
et militaires...
Fric sale, bien sûr ces milliards gagnés par les maffiosi
de la drogue qui ruine tant de jeunes santés ; mais bien plus
encore, fric sale, ces mêmes milliards qui auraient du mal à
s’écouler s’ils n’étaient blanchis par « l’Establishment
» bancaire américain ou suisse ; la Suisse, dont le Ministre
de la Justice doit démissionner parce que précisément
son mari banquier participe à ce petit trafic (bien qu’il le
nie évidemment) et que sont protégés les maffiosi
qui séjournent dans ce pays « bien tranquille » ; sur
la fiche de l’un d’eux, il était noté « Ne pas arrêter ».
Fric sale, celui dont la société Recruit, au Japon, a
bourré les poches d’hommes d’affaires et de politiciens au point
que trois ministres, dont ceux des finances et de la justice (tiens,comme
en Suisse !) ont dû démissionner. Mais le premier ministre,
dans le coup également, est toujours là. Notons que l’ancien
premier ministre est aussi mouillé... Comme ils sont beaux ces
représentants du peuple, ces ministres de la « Justice » !
Fric sale, celui de ces industriels allemands, couverts jusqu’à
l’extrême limite par leur « honorable » Chancelier,
qui ont permis que l’Irak utilise dans l’impunité et à
plusieurs reprises des armes chimiques contre l’Iran et les innocentes
populations kurdes. A la vue insoutenable des victimes montrées
à la Télévision, dont beaucoup de femmes et d’enfants,
gageons que ces industriels ont pu continuer, l’âme sereine, à
caresser leurs enfants, leur chat... Quelle différence avec les
bourreaux des camps de la mort ? Et les bonnes affaires continuent en
Lybie.
Fric sale, ces sommes fabuleuses dépensées par les sponsors
de rallye quand un motard, comme dans le Paris-Dakar, peut envoyer des
enfants à l’hôpital et continuer sa course, ou pire, dans
un récent rallye, un chauffard tuer deux personnes et rester
en piste. Fric oblige.Fric sale, celui qui permet d’assassiner l’écolo
qui s’opposait au défrichage sauvage de la forêt amazonienne.
Ce ne sont là que quelques exemples. La liste est si longue qu’on
ne parviendra jamais à la rendre exhaustive. Telle est la société
que secrètent les pays -tous les pays- où l’argent ne
sert pas à transférer les biens produits aux consommateurs.
Jamais sans doute autant qu’en cette fin de siècle, et plus précisément
en cette année du Bicentenaire de la Révolution française,
les milliards médiatisés n’ont donné une telle
nausée.
La gauche elle-même est éclaboussée : Boublil passe
ses vacances sur le yacht de Traboulsi et il s’étonne qu’on parle
d’affairisme de gauche et de gauche-caviar ! Pendant ce tempslà,
les braves militants « de base » collent les affiches de
ces messieurs.
Quand les millions de chômeurs, les sans-droits surtout, les 10
millions de travailleurs quasi-smicards ouvrirontils les yeux, à
défaut de pouvoir connaître l’économie distributive,
et balaieront-ils, comme leurs pères de 1789, les « princes »
qui ne produisent rien mais les maintiennent, par politiciens interposés,
dans une vie morne, et sans issue dans un régime marchand ?
La Bastille de 1989, c’est la Bourse (4). Jeunes Abondancistes -nous
avions 20 ans-, nous passions un soir devant la Bourse. Mon ami me dit :
« C’est elle qu’il faut raser. Ce n’est qu’après que l’Economie
distributive pourra voir le jour ». Quarante ans après,
la Bourse est toujours là, solide apparemment : à nous
d’ébranler, par une inlassable propagande, l’édifice,
en attendant le séisme qui le balaiera et permettra d’édifier,
avec les pierres du Temple, une deuxième colonne surmontée
cette fois d’un génie de l’EGALITE (5).
(1) Lors de la prise de la Bastille, le « bon
Louis XVI « s’inquiète auprès du Duc de Lian
court, grand Maître des cérémonies : « c’est
une révolte » - « non, Sire, répond le Duc clairvoyant,
c’est une révolution »
(2) 1769, première machine à vapeur de Watt et fardier
de Cugnot.
(3) Article 23 : « tout homme a droit au travail... et à
la protection contre le chômage.
Quiconque travaille a droit à une rémunération
équitable et satisfaisante lui assurant, ainsi
qu’à sa famille, une existence conforme à la dignité
humaine et complétée, s’il y a lieu,
par tous autres moyens de protection sociale ».
(4) Depuis le Krach de 1987, la Bourse a déjà repris 66
%.
(5) La colonne de la Bastille porte un génie de la Liberté.
Lectures
« Une économie au service du développement
des hommes, au lieu de les asservir à sa propre croissance ; une
démocratie en marche pour civiliser notre monde d’injustice ;
un infléchissement de nos comportements agressif ; et la pratique
pour chacun d’une éthique qui l’ouvrirait aux intérêts
d’autrui et aux comptes de la nature... »
Ce résumé des propositions contenues dans le livre que
vient de publier Jacques Robin, intitulé
« changer d’ère » (*) ne pourra que séduire
les lecteurs de la Grande Relève, puisque ceci résume
bien l’idéal pour lequel ils militent depuis plus d’un demi-siècle.
Reprenant l’idée de J. Duboin que l’espèce humaine est
en train de vivre une véritable mutation, J. Robin place l’origine
de cette mutation dans le changement dans la nature même des technologies
récemment mises au point. J. Duboin parlait de la relève
des hommes par la machine, J. Robin montre le pouvoir nouveau que l’homme
vient de s’attribuer celui de modifier la nature, celui de véritablement
créer ce que la nature n’avait pas inventé. Ce pouvoir
va donc bien au-delà de l’économie de l’énergie
humaine dans la production des biens de consommation. Car l’homme vient,
il y a peu, de percer le secret des codes de la nature. Et le médecin
de formation qu’est J. Robin est frappé par les conséquences
incalculables de découvertes de cette envergure : il s’agit d’une
révolution sans précédent non seulement dans le
domaine industriel, par la possibilité de fabriquer de nouveaux
matériaux sur mesure, aux qualités adaptées, avec
précision, aux besoins ; dans la production agro-alimentaire,
qui devient à coup sûr potentiellement capable d’écarter
tout risque de pénurie ; dans la production pharmaceutique, qui
en mettant au point de nouveaux médicaments et de nouveaux vaccins,
ouvre de grands espoirs. Mais J. Robin n’est pas un médecin enfermé
dans sa spécialité. C’est un homme qui réfléchit
et il interroge : en acquérant l’exorbitant pouvoir de programmer
du vivant, l’homme est en passe de devenir le promoteur de l’évolution
sur la terre, mais au nom de quoi, comment, dans quel but utilisera-t-il
son pouvoir d’intervenir sur son propre patrimoine héréditaire ?
C’est cette réflexion qui est sans doute à l’origine du
gros travail que J. Robin nous présente. Car l’ambiguité
entre la puissance que l’homme a sû acquérir et l’inconscience
avec laquelle il risque de l’utiliser est son souci majeur, sous-jacent
tout au long de son livre. Quiconque sentant que notre époque
est à un tournant de l’histoire, ne peut échapper au besoin
de s’appuyer sur une rétrospective, pour faire le point J. Robin
met à profit son étonnante érudition pour tracer
l’histoire du vivant sous un jour nouveau : celui des trois facteurs
qui déterminent l’évolution : depuis l’apparition d’une
auto-régulation des premières cellules jusqu’aux vertébrés
un seul joue un rôle : le savoir-faire biologique. Puis la culture,
au sens le plus large du terme, et enfin la technique sont les deux
autres facteurs qui ont contribué à l’évolution
vers l’Homo sapiens. A ce stade apparait un déséquilibre :
en ce sens que le facteur biologique joue un rôle beaucoup moins
important que la culture et la technique. On lira avec intérêt
les arguments sur lesquels J. Robin s’appuie pour étayer sa thèse.
Son analyse mène à une interprétation originale
mais convaincante de « ce qu’on appelle la crise » (pour reprendre
ici un titre connu des distributistes). Pour lui, la crise actuelle
de l’Occident, depuis, chiffre-t-il, les années 70, c’est le
résultat de la rupture d’un équilibre millénaire
entre les rôles joués respectivement par la biologie, la
culture et la technique. Et ceci va très loin, car c’est la culture
qui est en danger, au bénéfice d’une « techno-science
» (une « science sans conscience ») qui serait même
capable d’asservir la biologie. Tel est bien le risque majeur de notre
époque, alors, précisément, que les physiciens,
les astro physiciens plus précisément, viennent de montrer
que l’univers n’a pas un destin pré établi. A l’heure
où nous venons d’acquérir la maitrise de l’avenir de notre
planète, allons-nous perdre conscience de la responsabilité
que cette maitrise nous confère ? Le livre de J. Robin est d’une
telle richesse qu’il est impossible d’en signaler seulement toutes les
pistes de réflexion qu’il ouvre. C’est un livre que liront avec
enthousiasme tous les distributistes. Ils en seront récompensés
par la joie de voir qu’une si profonde réflexion amène
son auteur à leurs propres conclusions : Trois scénarios
sont aujourd’hui possibles. 1. Laisser faire, continuer sur la voie
tracée par l’idéologie dominante, c’est la catastrophe
à court terme. 2. Essayer de pallier aux dangers les plus évidents,
les plus immédiats. C’est reculer un peu l’échéance
de la catastrophe. 3. Redresser la barre pour « sortir du néolithique
» dit J. Robin. Pour cela, quatre impératifs d’abord rendre
à la fonction économique son véritable rôle
: être au service des besoins des êtres humains à
terme ; l’économie distributive, comme le dit clairement J. Robin.
Puis changer les comportements pour en réduire l’agressivité,
inventer une véritable démocratie et enfin créer
des instances éthiques auxquelles les applications techniques
des sciences devraient être soumises.
Mais comment y arriver ? J. Robin répond : en donnant la parole
aux minorités, en favorisant l’émergence de groupes sociaux
originaux, en donnant des moyens à des associations, à
des fondations, à des O.N.G., en motivant les citoyens pour qu’ils
« participent ». L’auteur ajoute « il serait facile
de se donner, grâce aux technologies informationnelles, de nouvelles
règles du jeu » en matière de décision. «
Deux... propositions pourraient en une petite décennie transformer
la situation » : « permettre à un nombre croissant
de citoyens bien informés de participer aux grands choix de société »
et « faire éclater la classe fermée des décideurs
« , en particulier en s’opposant à la délégation
prolongée de leurs pouvoirs, et en favorisant les contre-pouvoirs
de la société civile.
En France, il faudrait, par exemple, rendre aux instances
telles que le Commissariat général au Plan et le Conseil
économique et social la possibilité de jouer le rôle
pour lequel elles ont été créées... « Il
faudra bien » insiste J. Robin « qu’elles se transforment
non seulement dans leurs modes de fonctionnement, mais dans leurs façons
mêmes de se penser ».
Il faudrait, il faudra bien... Voeux pieux que nous ne pouvons qu’approuver.
« Mais », dit J. Robin sans suffisamment insister, « ce
sont les puissances économiques du système actuel qui
prennent en main les opérations ». Et c’est là que
le bât blesse et on reste sur sa faim. J. Robin assimile la techno-science
à ceux qui pour en profiter imposent des règles économico-financières
parfaitement arbitraires mais tabous : personne n’en parle, pas même
J. Robin. Il faut une éthique sur mesure à notre société
en grand danger. Mais les princes qui la gouvernent n’ont aucune éthique,
ils obéissent à des lois dites économiques dont
ils ne connaissent ni l’origine, ni le sens, et qui les obligent à
ne jamais les remettre en cause... Comment J. Robin fera-t-il pour mobiliser
un nombre suffisant de citoyens conscients pour mettre en cause ce système
aberrant ? Reussira-t-il à faire adopter par l’Europe un véritable
projet de civilisation ?
Nous ferons, en tout cas, tout ce que nous pourrons pour l’y aider...
(*) Aux editions du Seuil.
Lectures
Un commentaire d’Henri Muller sur l’article de D. Bloud, paru dans la Grande Relève de décembre 1988.
Il y aurait toute une thèse à écrire sur les origines du Distributisme. L’article de Denis BLOUD a propos de Gustave RODRIGUES, m’a conduit à exhumer un numéro de NOUVEL AGE, journal de Georges VALOIS (1), daté du 28 février 1937 présentant un plan d’organisation d’économie distributive assorti d’un avant propos faisant état du livre de G. Rodrigues : le Droit à la vie.
L’itinéraire politique de G. VALOIS, très aventureux, a été retracé dans « L’Homme face à l’argent » G. Rodrigues, fervent distributiste lui était associé à NOUVEL AGE.
L’analyse de RODRIGUES, telle que Denis BLOUD la rapporte, n’a pas pris un pli depuis 53 ans. On relève toutefois quelques propos sujets à caution, notamment la certitude d’une substitution, dans tous les domaines, du travail de la machine à celui des hommes, le recensement des besoins et des quantités qui leur font face, l’ajustement mathématique des revenus distribués à la valeur de la production à distribuer, valeur impliquant un système de prix dont Rodrigues ne souffle mot.
Il est facile d’imaginer sur le papier un modèle
de société idéale. Sur le tas, les choses changent.
Elles prennent un sens concret, posent des problèmes précis
qu’il faut saisir à bras le corps. Il faut savoir rendre parfois
des points aux adversaires de bonne foi qui tous, ne sont pas fatalement
des imbéciles, des ânes bâtés, loin s’en faut.
Ils ont été formés au moule du classicisme, ont
hérité d’oeillères qui leur cachent tout un pan
des réalités quotidiennes. Ils sont enfermés dans
un cocon, celui des idées reçues, imperméables
aux apports extérieurs, enclins à porter un jugement à
priori, sommaire, surles idées qui dérangent leur confort
d’esprit.
Je ne crois guère à l’écroulement naturel des institutions
capitalistes. Celles-ci perdureront tant que subsistera le dernier carré
de leurs profiteurs assurés de leur nécessaire et de leur
superflu.
Je crois davantage aux effets d’une pollution conséquence d’un progrès dominé par le conflit rentabilité-utilité, une pollution galopante qui n’épargnera quiconque, obligeant à un choix, à une révision déchirante des dogmes, les nantis craignant cette fois, non pour leurs biens, mais pour leur vie, leur précieuse santé. C’est dire que l’accouchement d’une société nouvelle ne se fera pas sans heurt. Tout au plus avait-elle de bonnes chances au sein des Etats déjà socialisés, mais cet espoir s’efface avec la Pérestroïka.
Livrées aux propagandes décervelantes, les foules sont trop amorphes pour réagir collectivement contre les injustices, contre les frustrations. Ceux qui n’ont plus rien à perdre sont minoritaires au regard de l’ensemble d’une société vouée à la médiocrité, une médiocrité rendue supportable pour le nombre de ceux qui parviennent à se « débrouiller » plus ou moins : doubles salaires, travail au noir, petits métiers, loto, roue de la fortune, machines à sous, fraudes, trafics, endettement à perpétuité, mendicité, escroqueries, jeux, clients des associations charitables, sans illusions sur les chances de changer la société. En dernier ressort, la guerre remet les compteurs à zéro et la BOURSE fait toujours de l’Or. Apparemment le capitalisme est bien protégé, invulnérable.
(1) lui aussi
Le taux de chômage pèse évidemment sur la propension des salariés à se mettre en grève. La diminution artificielle de ce taux, aux Etats-Unis, effraie les boursiers car il est synonyme de plus de revendications, d’augmentations de salaires et de moins d’argent pour les entreprises et donc les actionnaires. En France, les travailleurs du secteur public, dont les emplois sont moins menacés, restent encore en mesure de défendre leurs intérêts par ce moyen. Sont-ils pour cela des privilégiés ? des nantis ? Le choix public-privé, lorsqu’il est possible, au début d’une vie, met en comparaison des avantages et des inconvénients : intérêt du métier, niveau des salaires, avantages sociaux, rapidité d’avancement, âge et valeur de la retraite, liberté d’action et d’expression, sécurité de l’emploi, etc... qu’il est injuste de séparer suivant la conjoncture. Celui-là qui a fait une carrière brillante avec de forts revenus dans le commerce ou l’industrie, pendant des dizaines d’années, est-il fondé à se plaindre en cas de faillite ou de licenciement et à accuser cet autre qui a joué la sûreté ? Là comme ailleurs, le profit n’est justifié que par la concurrence et le risque. Vouloir l’un sans les autres est inadmissible.
Questions préliminaires
Fin 1988, certains services publics ont cessé
de fonctionner et ont gravement perturbé les Français.
Il n’est peut-être pas inutile d’y revenir car beaucoup d’éléments
essentiels ont été cachés dans le consensus mou
qui prévaut entre les partis et les journalistes. D’abord la
loi prévoit un préavis. Pourquoi ce délai n’est-il
presque jamais utilisé afin d’engager les négociations
au plus vite alors qu’il a été conçu pour cela ?
Pourquoi faut-il que le conflit durcisse et devienne gênant pour
que les pourparlers commencent vraiment ?
Bien sûr, cette remarque n’est pas valable lorsque le mouvement
prend des formes sauvages et que la loi n’est plus respectée.
C’est parfois inévitable dans un tel contexte. Mais là,
le pouvoir sait bien obtenir des jugements en référé
et faire évacuer les ateliers occupés, à l’exemple
de Rueil et Boulogne, de la RATP, le 25 novembre 1988.
Ensuite, les clients du secteur public sont-ils bien les « otages »
que tous les médias et les ministres plaignent si complaisamment ?
M. Delebarre se présentant comme le ministre des usagers, déclare
le 25 novembre 1988 « .. Prendre en otages, chaque jour, plus d’un
million de personnes est un chantage inacceptable ! ». En fait,
dans ce système que, je le précise bien, nous réprouvons,
les citoyens sont juridiquement les patrons des salariés du service
public, puisque ce dernier est « étatisé »
et que les électeurs ont choisi, indirectement, mais choisi,
les ministres de tutelle. Rien de plus normal donc que les clientsusagers-patrons
pâtissent des effets de la grève. C’est si vrai que des
sondages réalisés durant les événements
ont fait apparaître qu’une majorité de la population n’était
pas d’accord pour satisfaire les revendications avancées. L’hypocrisie
est à son comble lorsque les grands commerçants du centre
qui bénéficient en permanence des transports publics sans
les financer plus que les autres citoyens se plaignent et menacent.
Quant aux boutiquiers « de proximité », ceuxlà
ne se félicitent pas très bruyamment de bénéficier
de la situation.
La vérité des prix
Bien entendu, rien n’est simple et au-delà de cette réflexion qu’il ne faudrait néanmoins pas négliger, d’autres données ne doivent pas être oubliées. Notamment celle-ci par démagogie et par crainte du cycle infernal de l’inflation, tous les gouvernements, depuis 1945, et même avant, ont habitué les Français et beaucoup d’autres à ne pas payer le véritable prix des services publics. Les recettes directement perçues par la RATP auprès des voyageurs sont de l’ordre de 35 des charges d’exploitation et encore faudrait-il faire intervenir le remboursement à 50 % des cartes oranges par les employeurs (1) et les investissements lourds.
Un tableau très simple montre l’étendue de la disparité
Prix |
||||
Années |
Ticket métro |
Journal |
Timbre poste |
|
1900 |
0,15F |
0,05F |
0,15F |
|
1938 |
1,10F |
0,50F |
0,90F |
|
1988 |
3,00 F |
4,50F |
2,20F |
Ainsi pour un service incomparablement amélioré en étendue
dans le temps et l’espace et en fréquence, le voyageur de métro
paie son journal 50 % de plus que son ticket, alors qu’il le payait
plus de deux fois moins en 1938 et trois fois moins en 1900. Le gouffre
est devenu si profond qu’aucun gouvernement ne pourrait maintenant revenir
à la vérité des prix sans être immédiatement
balayé. Aucun transport public terrestre dans le monde n’équilibre
d’ailleurs actuellement son budget. Comment les entreprises peuventelles
donc subsister ? Les collectivités comblent la différence
mais avec parcimonie. Comment les employés n’en subiraient-ils
pas les conséquences ?
La politique de l’indice et ses victimes
Dans le tableau ci-dessus figurent, et ce n’est pas
un hasard, deux des principales catégories des récents
grévistes : postiers et transporteurs parisiens. Ils ont un grand
handicap : leurs tarifs sont dans l’indice mensuel des prix à
la consommation ! Cet indice dont les variations mesurent, paraît-il,
l’inflation, mais aussi après calculs, les « performances »
de l’économie française croissance, exportations et importations,
commerce, balance des paiements, PIB, PNB, etc... ; en fait, l’échec
ou la réussite d’un gouvernement. Donc inutile de préciser
que tous les ministres surveillent jalousement l’indice. Ce n’est pas
l’objet de cet article que de montrer les pressions, manoeuvres, omissions,
qui se glissent dans ces statistiques apparemment irréprochables.
Constatons seulement que les prix suivis par ce moyen varient peu : 3,1%
en 1988 alors que de notoriété publique, le « coût
de la vie » a augmenté beaucoup plus. Toutes les statistiques
citées sont donc volontairement trompeuses.
Les salariés victimes de ce blocage de fait sont forcément
ceux qui se révoltent par le seul moyen à leur disposition
: la grève. Ajoutons-y les personnels soignants dont les tarifs
sont en plein dans le fameux trou de la Sécurité Sociale
qui est toujours un précipice lors des estimations relayées
à grand fracas par les médias et qui se réduit
à un caniveau, et encore ne provient-il que des charges indues,
au moment de la clôture des exercices. Quoiqu’il en soit, les
infirmières et les médecins des hôpitaux ont supporté
depuis longtemps ce même sacrifice. Ajoutons, pour être
complet, les enseignants sacrifiés depuis longtemps ; passés
en moins d’un siècle de l’état de notables à celui
de domestiques, pour la seule raison que la nation en supporte directement
la charge. Les contradictions du libéralisme finissant ne sont
évidemment pas pour rien dans ces mensonges. Si l’Etat doit être
géré au meilleur coût, les services publics ont
un prix de revient que les citoyens ont été trop habitués
à ne pas apprécier. D’où l’énorme décalage
actuel.
La sécurité
Malgré l’autre illusion cultivée par les journalistes : la sécurité des transports, comme toute oeuvre humaine, ne peut malheureusement pas être absolue ; il convient néanmoins, bien entendu, de s’en rapprocher au maximum. Les londoniens paient cher en vies les excès d’économies du thatchérisme dans ce domaine. La SNCF, bien que plus modérée, n’équipe pas, surtout ses lignes secondaires, des systèmes de signalisation les plus récents. Trop de voies uniques, de passages à niveaux de systèmes de freinage archaïques subsistent encore. Les derniers accidents ferroviaires en sont, en partie, la conséquence. Il faudrait y ajouter le fossé d’incompréhension entre les dirigeants et des cadres qui subissent une éducation de plus en plus abstraite et une base forcément confrontée avec la réalité la plus quotidienne pour expliquer plus en profondeur l’insécurité des transports. Mais revenons à notre sujet principal pour reconnaître que les directions sont justifiées d’interrompre complètement le service sur une ligne dont le matériel ne subit pas l’entretien périodique prévu. La périodicité est forcément fixée arbitrairement. En d’autres temps, elle aurait été simplement allongée et le matériel aurait continué à circuler. Comprenons ceux qui n’ont pas voulu courir ce risque.
Commerciaux et techniciens
Autre particularité de ces mouvements : la revanche des techniciens au sens large. Là encore, nous ne pouvons qu’effleurer le sujet. La mécanisation et l’automatisation ont contribué à dégrader encore leur image qui, dans la société française, était déjà très altérée. Méprisés, car sales et les mains dans le cambouis, les ouvriers de production et de maintenance, de moins en moins nombreux, devenaient des ombres ignorées. Les professions avouables étaient celles du commerce, de la banque, des affaires, de l’informatique, de la communication et de la publicité. Le paradoxe s’affirmait : durant le temps de la grève et des accidents, la SNCF se ridiculisait en continuant à affirmer partout le slogan publicitaire « c’est possible ». Les conducteurs toujours favorisés car capables d’arrêter directement le métro obtenaient, sur le RER, une prime de mise en service d’un système d’aide à la conduite (SAGEM) destiné à assurer une fréquence de 2 minutes capable d’écouler, provisoirement, le trafic des voyageurs. Les techniciens et ouvriers d’entretien dont la compétence technique était de plus en plus pointue furent laissés dans l’ombre de leurs ateliers. Ils ne l’ont pas admis. Comment ne pas les comprendre ?
La politique
Dans les situations critiques, comme l’état actuel du système capitaliste, la désaffection syndicale et les luttes catégorielles et corporatistes s’amplifient, les « coordinations » se constituent. La complexité des situations acquises et donc forcément des revendications et des propositions de règlement, même pour les intéressés, donc à fortiori pour le grand public prolongent les négociations et les rendent confuses et incompréhensibles. Des réactions de rejet attisées par des implications politiques s’installent. Bien entendu, il serait naïf de penser que la tactique électorale du P.C.F. n’est pour rien dans la flambée des grèves. Néanmoins ce n’est pas le démiurge honni des conservateurs que l’on décrit. Bien plutôt l’interpénétration des militants du P.C.F. et de la C.G.T. et la convergence constante des préoccupations jouent leur office. On accuse toujours « les meneurs », mais, et c’est nouveau, le gouvernement ne se laisse pas aller à cette facilité. Michel Rocard déclare devant l’Assemblée Nationale le 30 novembre : « ...9. Nul ne doit s’y tromper. Lorsque l’action d’une organisation parvient à provoquer un conflit grave, c’est toujours parce qu’il existe de vrais problèmes de fond... ». Par contre Jacques Delors, contrairement à son habitude, reprend une provocation trop répandue à droite, lorsqu’il invite les patrons des entreprises publiques à prendre leurs responsabilités. Il s’attire d’ailleurs cette réponse fondée du Président de la RATP, Paul Reverdy : « C’est une plaisanterie ! En matière de salaires, nous n’avons que le pouvoir d’appliquer une politique générale à toute la fonction publique... ». Pour être équitable l’on peut toutefois ajouter que le conflit ne portait pas uniquement sur les salaires !
Les solutions
Que faire afin d’éviter au public et à l’économie nationale les conséquences néfastes de telles actions ? D’aucuns remettent en cause sous une forme ou sous une autre, mais en le cachant, le droit de grève, au moins pour les fonctionnaires et personnels des services publics. Il ne saurait être question d’une telle discrimination. Un droit si chèrement acquis par des années de luttes ouvrières, parfois sanglantes, ne peut être discuté. D’autres parlent de service minimum. Ce projet paraît d’autant plus chimérique, à priori, que la plupart des lignes de transports sont saturées aux heures de pointe. Les autres fonctions se dégradent et sont insuffisantes. Dès lors, on ne voit pas comment définir un minimum. Le service plein aux heures de pointe seules nécessiterait presqu’autant de personnel que le service normal... Enfin, certains de nos camarades prônent la grève de la gratuité : les lettres non affranchies parviendraient à destination, les trains circuleraient sans qu’aucun billet ne soit exigé... C’est une excellente idée théorique puisque seul le patron serait touché. Hélas, elle se heurte à deux objections de taille voici une forme de grève tout à fait illégale et ne mettant en cause qu’une catégorie de personnel celle chargée de la vente, du compostage et du contrôle des titres de transport ou du paiement des visites et des timbres. Ces deux arguments me paraissent irrémédiables. Au premier, les artisans de cette forme d’action répondent que toutes les libertés ouvrières ont été hors-la-loi avant d’être arrachées. C’est vrai... mais y a-t-il actuellement une telle force de conviction ? Quant à la seconde objection, ils demandent seulement aux intéressés d’étudier la réalisation pratique. C’est là que le bât blesse. A vous de juger...
Quelques réflexions et conclusions
Il est en tous les cas une injustice fondamentale dans
ces grèves, c’est que ceux qui ne l’ont pas faite, mais surtout
ceux qui étaient opposés à l’action en bénéficient.
Parmi le personnel supérieur des entreprises publiques qui est
dans cette situation et dont les augmentations de salaires sont souvent
plus substantielles encore que celles des ouvriers, nombreux sont ceux
qui réprouvent les mouvements sociaux et soutiennent les partis
conservateurs. Ils devraient bien avoir la décence élémentaire
de refuser les fruits de l’action !
Dans ce régime, complètement inadapté, de nombreuses
productions sont vendues au-dessous de leur coût de revient et
pourtant nous faisons comme si. Comme si l’agriculture, comme si les
transports, comme si l’enseignement pouvaient être rentables.
Pourquoi pas l’armée ? A noter d’ailleurs qu’une faible ponction
-les 40 milliards de francs du P.C.F.- sur le budget militaire permettrait
de résoudre bien des difficultés sans coup férir.
Mais il faudrait alors renverser les tabous et trouver d’autres productions
aussi profitables qui emploieraient autant de main-d’oeuvre !...
La nationalisation a, comme il était prévisible, échoué
à réduire l’antagonisme dualiste patron état-travailleur.
Pourquoi ne pas essayer, tout en restant dans le régime en première
étape, la socialisation qui consisterait en la gestion des entreprises
par un conseil d’administration tripartite : employeur, salariés,
représentants des consommateurs ? La transition vers une nouvelle
économie devrait peut-être commencer par la réforme
des entreprises.
***
N.D.L.R. : Après la rédaction de cette chronique, la télévision dans l’émission « la Marche du siècle » sur Antenne 2 le 30 janvier 1989 et la radio dans « Ecran total » sur France-Inter, le lendemain, ont abordé le même sujet. Malgré un grand déploiement d’interlocuteurs dont certains éminents, presqu’aucun des arguments développés cidessus n’a été développé. Pauvres auditeurs et pauvres téléspectateurs victimes de la conspiration du silence... Comment progresser démocratiquement dans ces conditions ?
(1) Pour plus de détails voir "Métro gratuit ?" H dans la G.R. n°844.