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Savez-vous combien il faut aujourd’hui de Japonais
pour fabriquer une automobile ?" "Il en faut quatre : un pour
dessiner la voiture, un autre pour la construire... et deux pour spéculer
sur la Bourse de Tokyo".
Ceci est la dernière histoire non pas belge mais japonaise, et
elle serait bien bonne si elle ne se rapportait pas au plus beau gâchis
de tous les temps : dans les pays dits civilisés on consacre
aujourd’hui autant de temps (et autant d’ingéniosité)
à spéculer sur les marchés financiers (le mot zaitech
est fait de zai qui désigne la finance en japonais) qu’à
produire les biens dont les gens ont besoin - ces biens qui se fabriquent
si facilement maintenant, grâce à la haute technologie
(high tech), qu’il est à la portée de l’humanité
de nourrir tout son monde, voire même d’assurer le bien-être
matériel pour tous. Ce gâchis de matière grise fait
qu’on dépense ainsi bien plus d’ingéniosité à
chercher à faire de l’argent avec de l’argent, à jongler
avec des chiffres en mettant à profit les immenses moyens informatiques
récemment mis au service des marchés financiers, qu’à
tout simplement chercher à organiser l’économie en fonction
des besoins !
Le résultat est inquiétant. Car l’emballement des marchés
financiers, la flambée des cours des Bourses qui résultent
de cette frénésie spéculative, apparemment sans
limite depuis les déréglementations, mais qui ne traduisent
pas, loin de là, une saine croissance de l’économie, rappellent
à certains l’euphorie qui précéda le krach de 1929.
A cette époque, J. Duboin cria : "Nous faisons fausse route"
(1) ! Mais son analyse de "Ce qu’on appelle la crise" (2)
ne fut pas prise au sérieux, pas plus que son avertissement sur
"La Grande Révolution qui vient" (2) et de "La
Grande Relève des Hommes par la Science" (3) qu’elle entraînait.
Il eut raison "trop tôt" lui-a-t-on reproché.
Cinquante ans plus tard, les distributistes s’efforcent encore d’"ouvrir
les yeux" de leurs contemporains avant qu’il ne soit trop tard
!
Mais c’est là une bien rude tâche lorsqu’on n’a pas un
large accès aux différents média, qui ne sont ouverts
qu’aux "vedettes" de toutes espèces. Ainsi avons-nous
pu voir il y a quinze jours la désormais classique (mais consternante
par son analyse) émission "l’Enjeu" consacrée
à "la crise". En guise de conclusion, sa suffisance
de Closets interviewait Jacques Delors et Valéry Giscard d’Estaing.
A les entendre, tous nos maux viennent des divers déficits américains.
Mais, disent-ils, "les Etats-Unis sont une grande nation et il
est indispensable qu’ils ne prennent pas rapidement les mesures adéquates
pour réduire leurs déficits !"
Comme quoi les grands hommes politiques peuvent être de grands
naïfs : ils ont tout simplement oublié de se demander pourquoi
les Etats-Unis avaient intérêt à réduire
leurs déficits tant que le dollar reste la monnaie universellement
acceptée pour tous les échanges.
(1) Titre publié en 1931 aux Editions des Portiques
(2) Publié en 1934 aux Editions Nouvelles
(3) Publié en 1932 chez Fustier
L’EXPRESS vient de publier un dossier intitulé
: "Le krach de1929 peut-il se reproduire ?"avec cette manchette
: "Les économistes en parlent, les financiers le redoutent...
Jamais depuis le célèbre "jeudi noir" de Wall
Street, le spectre de la crise n’a été si présent.
Non sans quelques raisons".
Ces raisons sont surtout la fabuleuse dette américaine et la
surcôtation de la bourse de Tokyo. "Au total, l’endettement
extérieur net cumulé des Etats-Unis dépasse, au
30 juin, 460 milliards" (de dollars bien entendu). Cette situation
est dangereuse, estiment les experts, surtout en raison de l’insuffisance
de l’épargne intérieure. "Entreprises, certes, mais
aussi fermiers du Middle West, employés de bureau new-yorkais
et ouvriers de l’automobile de Détroit consomment et investissent
plus que de raison". En mars 1987, Washington et, à sa suite,
le monde capitaliste tout entier sont passés au bord de la catastrophe.
Les Japonais n’ont pas souscrit, comme ils le faisaient jusque là,
à la moitié des 15 milliards de dollars mensuels en bons
du Trésor que les américains émettent pour faire
face à leur dette. Ils ne l’ont fait qu’après l’augmentation
des taux à long terme, de 8,25 % à 9,75 %, décidée
par la Réserve fédérale en mai. Le sommet de Venise
du 8 au 10 juin et la réunion des gouverneurs des banques centrales
des 15 et 16 juin ont mis fin à la spéculation contre
le dollar, mais la confiance dans le billet vert n’est pas rétablie
pour autant.
Au moment où sort son nouveau livre "Economics
in perspective", John Kenneth Galbraith a déclaré
à l’envoyé du magazine : "...Ce dont a besoin le
monde, c’est d’une économie américaine intelligemment
dirigée. Or, je ne vous surprendrai pas en affirmant que l’incompétence
de ceux qui sont au pouvoir à Washington, depuis quelques années,
est une évidence...". De son côté, lwao Nakatani,
professeur d’économie à l’université d’Osaka affirme
: "...A moins que les Etats-Unis ne changent fondamentalement de
politique, je crains qu’une crise, sous une forme ou sous une autre
soit inévitable...". Or Stephen Marris, ancien économiste
en chef de l’O.C.D.E. pense que le président refusera, comme
impopulaire avant la prochaine élection présidentielle,
une augmentation des impôts pourtant inévitable. Mais citons
S. Marris : "Les financiers et les politiques ont beaucoup appris
depuis soixante ans. Cela ne veut pas dire qu’une crise majeure, dans
le sens moderne du terme, soit exclue. Bien au contraire. Je reste persuadé
que d’ici à un an une récession - je préfère
ce terme à celui de crise - se fera sentir à partir des
centres occidentaux d’activité économique. Le "miracle
reaganien" qui n’a jamais existé, a été bâti
sur un flot inhabituel d’investissements étrangers, attirés
par un dollar surévalué. La baisse de la monnaie américaine
fera - et fait déjà - tarir cette source... ". Enfin
deux courbes représentant l’indice Dow Jones de la bourse américaine
entre 1912 et 1929, d’une part et entre 1970 et 1987 d’autre part, présentent
une similitude extrêmement inquiétante... Quant aux actions
nipponnes, elles ont la réputation "d’être surcotées".
Le rapport entre leur capitalisation totale (*) et l’ensemble des bénéfices
des entreprises est supérieur à 50 (15 ou 16 actuellement
à New-York, 20 lors de la crise de 1929)... "On n’ose imaginer
l’étendue du désastre si le marché japonais, brusquement
pris de vertige, se décidait à s’aligner sur les normes
d’appréciation en vigueur à Wall Street..." écrit
le journaliste.
Dans un article final qui se veut rassurant, Jean-Claude Casanova estime
que tout dépendra du prochain président qui sera élu
en 1988. Il conclut ainsi : "Comment (le nouveau président)
réduira-t-il le déficit public ? Sacrifiera-t-il les dépenses
d’armement - ce à quoi l’entraîneraient les pesanteurs
démocratiques et le charme de M. Gorbatchev ? Comment réagira-t-il
à l’inflation et à la récession qui menacent l’une
et l’autre ?
Si les Américains, comme il est vraisemblable, choisissent de
désarmer (pour réduire le déficit) et de freiner
l’économie (par la hausse des taux d’intérêt et
la diminution des. dépenses fédérales), il appartiendra
alors aux Européens, pour maintenir l’équilibre économique
et celui de la sécurité de favoriser l’expansion et d’accroitre
leurs armements, ce qui n’est ni incompatible, ni impossible... ".
Certes, ce n’est ni l’un ni l’autre, ajouterons-nous, puisque le système
capitaliste ne connaît pas d’autre moyen pour se survivre que
les fabrications d’armement.
Mais sera-t-il toujours possible de justifier le surarmement aux EtatsUnis
ou en Europe ? Pourronsnous répondre éternellement aux
propositions de désarmement de cette manière ? L’expansion
ne pourrait-elle être consacrée à des oeuvres de
paix ?
(*) Environ 2 700 milliards de dollars, au premier rang mondial avec Wall Street.
A propos de la Sécu :
Voici des extraits du discours prononcé le 23 mai 1987 par René Teulade, Président de la Mutualité Française, lors du rassemblement pour la défense de la Sécurité Sociale, devant plus de 100 000 personnes :
"...Plutôt que de réduire les remboursements,
il aurait été plus courageux de s’attaquer à deux
maux dont souffre notre système : son opacité et sa complexité.
La réglementation et le vocabulaire ne sont compris que par quelques
spécialistes. Il existe plus d’une trentaine de régimes
à cotisations et prestations différentes.
Ce qui est clair, c’est que le régime général des
salariés verse plus de 40 milliards de francs cette année
aux autres régimes. Je rappelle que c’est deux fois le déficit
attendu pour ce même régime en 1987.
Faire le point de ces circuits financiers complexes est impératif.
Si certains régimes ont besoin d’aide, il faudrait d’abord que
leurs bénéficiaires les financent en fonction de leurs
revenus réels, et non supposés. Et une bonne part de cette
"compensation", puisque c’est le terme, est du domaine de
la solidarité nationale, donc de l’Etat. On ne voit pas pourquoi
les salariés, dont on connaît les ressources, devraient
payer les retraites de certains nonsalariés dont on connaît
mal les revenus...
En ce qui concerne les cotisations des entreprises, et sans entrer dans
le détail, on remarque que la production fait de plus en plus
appel à la "machine" et de moins en moins au travail
humain. Les cotisations assises sur les seuls salaires deviennent une
absurdité économique...".
Il y aurait beaucoup à écrire sur ce sujet, nous y reviendrons
sûrement. Contentons-nous cette fois de deux remarques :
1. Les "prélèvements obligatoires" dont se plaignent
tant certains gros contribuables ne sont, en effet, pas toujours si
mauvais, notamment lorsqu’ils interviennent comme redistribution en
faveur des plus déshérités. C’est de leur utilisation
néfaste, particulièrement pour la fabrication d’armements
inutiles et dépassés aussitôt que construits, qu’il
conviendrait de se plaindre.
2. Comment faire payer les "machines" ? Une taxe découragerait
les "investissements productifs" et pénaliserait les
entreprises nationales face à la concurrence. Alors quoi ? Le
revenu social ?
A propos de la Sécu :Une possibilité : la carte à mémoire
L’allègement des charges de la Sécurité
Sociale en matière de retraites, soit : un meilleur remboursement
des malades et une moindre contribution des Mutuelles.
LA MONNAIE DE CONSOMMATION. - C’est un moyen de paiement qui s’annule
à l’achat lorsqu’il a été utilisé, à
la façon d’un billet de métro. Gagée par un certain
volume de produits affectés d’un prix, elle se comporte, libellée
en francs, comme une monnaie, matière à usages polyvalents,
laissant le choix à consommer, différente en cela du bon
d’achat généralement affecté à un produit
déterminé, différente également du bonmatière,
lequel correspond à une quantité donnée.
Elle est nominative et non transférable.
Après un recensement des ayantsdroit (chômeurs, retraités,
allocataires), des ouvertures de crédit leur sont notifiées.
Leur montant épouse approximativement la valeur des biens qui
en constituent la contrepartie et dont le flux évolue avec le
rythme des réapprovisionnements.
La monnaie de consommation se concrétise dans une carte de paiement
à mémoires (du type Innovation), carte que l’on charge
à la demande du titulaire, d’une partie ou de la totalité
du crédit dont il dispose et qui se décharge dans un lecteur
au fur et à mesure des achats en s’y positionnant.
La carte vidée, l’intéressé l’approvisionne à
nouveau dans la limite de son avoir.
UNE PREMIERE EXPERIENCE peut commencer à l’aide de lots d’excédents
de production désappropriée, déjà rachetés
aux producteurs par les contribuables.
Plus besoin de détruire ou de stocker les surplus que refuse
le marché. Une masse de consommateurs, jusque-là privés
de pouvoir d’achat, se voient solvabilisés en monnaie de consommation
et aptes à écouler ce qui ne peut se vendre avec profit
sur le marché.
De surcroît, cette masse de revenus créés en monnaie
de consommation, représente l’équivalent d’un fonds de
salaires s’ajoutant aux indemnités de chômage, rétablissant
un niveau de rémunération propre à une remise au
travail, en matière de T.U.C. notamment.
LA MARCHE A SUIVRE serait la suivante :
- recensement des ayants-droit (retraités de la Sécurité
Sociale, allocataires)
- ouverture en leur faveur d’un crédit mensuel venant, soit en
complément d’une indemnité de chômage, soit en déduction
d’un montant de retraite.
- collecte de lots de surplus auprès des offices français
et européens de stockage et transports dans des locaux distincts
de ceux du commerce, par du matériel mis à la disposition
des caisses de Sécurité Sociale, des municipalités
ou des associations, par les services des Domaines ou par l’Armée.
- personnel fourni par les municipalités au titre des T.U.C.
et émargeant pareillement à une monnaie de consommation
- remise aux ayants-droit d’une carte de paiement à mémoires.
- équipement des locaux de distribution en lecteurs de carte
(simplifiés ou non) dont le rôle sera réduit à
celui d’une positionneuse enregistrant les débits successifs
et le solde disponible sur la carte.
- la "vente" des produits aux titulaires de cartes s’effectue
aux prix courants du commerce local. L’intérêt de l’opération
- écoulement des excédents et réduction des frais
de stockage
- allègement du déficit de la Sécurité Sociale,
d’où amélioration des remboursements aux malades
- diminution des compléments versés par les mutuelles
- enfin, possibilité de remettre au travail un certain nombre
de chômeurs pourvus d’un salaire normal (dont une partie en monnaie
de consommation).
- financement des T.U.C.
"Chômeur" ? : ouvrier manuel des années 30 remplacé à son travail par une machine du "siècle électrique ou électronique", comme vous le voudrez. Dans les années 80, on peut ajouter des intellectuels, des médecins, des architectes, des P.D.G., des commerçants, des entrepreneurs, des éleveurs, des cultivateurs, des jeunes avec leurs CAP, leurs bacs, leurs licences et beaucoup de jeunes sans diplômes, etc... etc...
Des problèmes du "siècle électrique"
encore non résolus il n’en reste que 2 : l’abondance que l’on
s’acharne toujours à détruire allègrement malgré
la misère et le chômage in et hors frontières.
Bientôt les élections présidentielles et chaque
ténor viendra chez vous, grâce à la télé,
vous expliquer comment, pourquoi et pour qui vous devez mettre le "bon
bulletin" dans l’urne et chacun proposera une solution pour le
chômage car ce sont des savants !
Quant à moi, comme SaintThomas, j’ai voulu y mettre le doigt
et voici ce que ça a donné :
1939-1975 : chômage = 0 (guerre et après-guerre)
1975-1981 : V.G. d’Estaing, Président de la République,
R. Barre en son temps Premier Ministre.
Résultats 1981 :
1 700 000 chômeurs
24.01.81 : Congrès extraordinaire du Parti Socialiste. Dans le
manifeste, 72 lignes pour l’emploi. 1981 : Mitterrand, Président
de la République. Le P.S. au pouvoir avec une majorité
absolue.
Résultats 1986 :
1986 : 3 000 000 chômeurs
1986 : Mitterrand toujours Président
Chirac Premier Ministre.
Résultats 1987 :
3 500 000 chômeurs
On peut ergoter sur les chiffres mais on oublie trop
facilement ceux qui ne sont plus inscrits au chômage et ceux qui
n’y ont jamais été et les bons chiffres sont toujours
ceux donnés par l’opposition (qui change de temps à autre).
Les petits partis se gargarisent, c’est si facile quand on est dans
l’opposition.
Le PC et la CGT ont investi des millions de francs à Manufrance.
RESULTAT : après 3 ans, on a licencié des ouvriers comme
il était prévu auparavant.
Pour Arlette Laguillier, c’est un problème entre mauvais patrons
et bons ouvriers.
RESULTAT : LIP : pour Le Pen, c’est d’une facilité déconcertante,
un simple problème arithmétique : 3 millions de chômeurs
= 3 millions de bougnoules.
On vire les bougnoules et on a gagné !
Bien sûr, c’est les petites gueules bien propres et les mains
soignées des supporters du F.N. qui prendront en charge : les
poubelles, les chiottes et tous les travaux durs et insalubres réservés
à ces bougnoules, fauteurs de merde.
RESULTAT : Au bout d’un an, 500 000 nouveaux chômeurs.
Non M. Le Pen ! "Ce n’est pas une solution, c’est un pis-aller
à court terme".
Vous allez de nouveau apprendre des mots magiques : travail des jeunes,
nationalisations, privatisations et j’en passe car ces messieurs oublieront
qu’ils ont été au pouvoir et qu’ils n’ont rien fait, que
leur magie anti-chômage a fait long feu !
Alors que faire contre ce chômage qui résiste à
tous les envoûtements ?
RIEN car le chômage n’est pas produit par la crise mais par la
science et chaque jour : savants, ingénieurs, techniciens créent
de nouvelles machines, de nouveaux robots, de nouvelles "puces".
A la télé, quelqu’un a affirmé qu’il y a actuellement
en France 400 robots et qu’à la fin du siècle il y en
aura 10 000. Ce serait bien si les machines pouvaient consommer leur
production car ce n’est pas avec les allocations de sous-consommateurs
accordées aux chômeurs, de plus en plus nombreux, que l’on
écoulera la production nationale.
OUI MAIS il y a le miracle japonais de l’exportation.
"Ce qu’on ne peut vendre chez soi, allons le vendre ailleurs".
06 07 87 : A2, du Japon : devant l’effondrement des exportations, devant
la montée du chômage (7 %), les Japonais pensent relancer
la consommation intérieure en augmentant le pouvoir d’achat des
salariés, en réduisant la semaine de travail à
5 jours, en lançant des grands travaux pour l’amélioration
de l’habitat et des transports - en somme le Front Populaire de 1936.
Dans ce domaine, c’est déjà le commencement de la sagesse.
Quant aux vieux : mis à la retraite à 50 ans, ils ne perçoivent
leurs pensions qu’à 60 ans, en attendant, ils reçoivent
des allocations de misère. "Ne pourrait-on les exporter
aussi ?".
Le Japon, c’est bien, vu de l’Occident, mais pas pour la classe ouvrière
japonaise. Encore un mythe qui s’écroule.
Au début du 21e siècle, peut-être avant, un homme
sur deux travaillera 24 heures par semaine alors que tous consommeront,
ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas ou ne travaillent
plus. Le plus bizarre dans notre politique, c’est que l’on trouve :
- des défenseurs des nantis
- des défenseurs des patrons
- des défenseurs des fonctionnaires
- des défenseurs de la classe ouvrière
mais absolument aucun parti n’est défenseur des chômeurs.
Alors, c’est une catastrophe car ce chômage qui augmente et qui
atteindra sûrement 5 MILLIONS en 1995 atteint peu à peu
chaque classe de la société et fait diminuer le pouvoir
d’achat de la collectivité. Ce chômage nous entraîne
inévitablement à la révolution ou au fascisme.
Souvenezvous, chaque fois que dans un pays la misère n’est plus
tolérable pour la majorité, c’est
- 1789 : pas de pain à Paris : la révolution
- 1917 : famine en URSS : les Soviets
- 1920 : misère en Italie : Mussolini
- 1933 : 6 millions de chômeurs en Allemagne et l’on vote pour
Hitler
- 1975 : la misere chez les Arabes et c’est le chaos au Liban.
Et surtout, vous qui avez une belle situation ou même la fortune,
ne croyez pas que cela ne vous concerne pas. Croyez-vous qu’au Liban,
une voiture piégée ou une rocquette fait une différence
entre "un homme bien sous tous rapports" et "un misérable"
?
ALORS que faut-il faire ?
La réponse est tellement simple que l’on se demande pourquoi
personne n’en a encore parlé : "Transformez le mot "chômage"
en mot "loisirs" et répartissez entre tous, ces loisirs
créés par la science. VOUS ETES FOUS : c’est ce que mon
père, petit artisan plombier m’a dit en 1936 :
- vous voulez être payés 48 heures et travailler 40 heures,
- vous voulez 15 jours de congés payés
- il ne faut pas augmenter les prix
- où voulez-vous que je trouve le pognon ? j’ai déjà
assez de mal à m’en sortir.
Je me suis dit, il a raison. Comme beaucoup de jeunes en 1936, j’étais
Front Populaire. Je suis allé trouver un responsable de la CGT
qui m’a dit : "Rassures ton père, ça s’arrangera".
Ça c’est arrangé et en 1972 quand j’ai pris ma retraite
dans ma propre société de 50 personnes, il y avait 4 et
même 5 semaines de congés payés.
Avez-vous songé à cette révolution toute pacifique
"les congés payés" qui ont donné du travail
à des dizaines de millions de personnes dans le monde, qui ont
sorti des régions, des pays entiers de la misère, tout
cela parce que au bon moment, un homme comme les autres a lancé
cette phrase : "et si nous demandions des congés payés".
Soyons raisonnables : tout ce qui était utopie en 1936 est réalisé
actuellement, mieux, dépassé. Ex. : la lune, c’est "bof",
on en est à la navette spatiale et on parle de Mars ; la greffe
des organes : on en greffe maintenant 4 en même temps.
Alors pourquoi seulement en économie n’est-on pas capable de
résoudre ces deux problèmes humains :
- ne plus détruire l’abondance, mais trouver une solution pour
que les malheureux consomment ce que l’on détruit. Ça
coûterait moins que les 420 milliards de centimes que va payer
l’Europe pour stocker, détruire et donner le lait européen
aux cochons. Une bonne idée pour boucher le trou de la Sécu.
- que l’on profite tous de ces loisirs créés par la science.
Et si je suis fou pour dire cela, si être sain d’esprit c’est
laisser les gens mourir de faim et alimenter en armements des pays pour
détruire hommes, femmes, enfants, vieillards, alors je préfère
ma folie.
Je pose cette question à tous nos médias :
" à la gauche : où sont les belles théories
du Socialisme ?
" à la droite : vous qui allez à la messe tous les
dimanches, que faites-vous de cette maxime chrétienne : "Tous
les hommes sont frères".
Y aurait-il quelque chose de "pourri au Royaume de France"
? ? ?
Alors, me direz-vous, qui doit proposer ces nouvelles lois économiques
qui, partant de France, envahiraient bientôt le monde entier et
mettraient fin à toute cette misère et à tous ces
assassinats, car la science permet de très bien nourrir le monde
entier.
- Qui ? mais tous nos hommes politiques et nos économistes et
pour ne pas les nommer : MM. Mitterrand, Chirac, Barre, V.G. d’Estaing,
les dirigeants du PS, du PC, du FN et pourquoi pas un Comité
des Sages où siégeraient tous les partis politiques ?
Toutes ces personnes promettent le bonheur aux Français. CHICHE
!
- qu’ils comprennent que nos lois économiques sont caduques,
n’est-ce pas Monsieur le Professeur !
- qu’ils constatent qu’avec l’apparition de la fée électricité,
dans les années 30, la nature a fait la révolution : l’abondance
a succédé à la rareté et le monde des loisirs
a remplacé le dur travail quotidien. Toute la nation doit profiter
de ces bienfaits de Dieu ou des hommes et non pas seulement un groupe
de nantis de moins en moins nombreux pendant que le nombre des démunis
augmente de 500 000 par an.
Comment réaliser cette nouvelle société en douceur,
si ce n’est en créant une monnaie de distribution* ?
Comment mettre nos médias au travail devant notre volonté
inébranlable ? Vous les misérables, vous les chômeurs,
vous les faibles, vous les mis à la retraite avant l’heure, vous
qui sortez des facs sans boulot, vous les jeunes qui n’avez pas de boulot
et qui n’en aurez jamais, vous les smicards avec votre allocation de
misère (quel représentant d’un syndicat ou d’un parti
vivrait avec cette allocation), vous tous qui êtes malheureux
et dont personne ne s’occupe, il y a un moment où vous redevenez
des Français à part entière et où nos médias
se prosternent devant vous, en vous promettant tout ce que vous voulez.
Oui, c’est le jour du vote et aucune promesse n’est trop belle pour
que vous déposiez le "bon bulletin dans l’urne". Après...
vous connaissez déjà la suite, on vous expliquera que
si ça ne va pas, c’est de la faute des autres. J’ai 75 ans et
suivant un air connu "c’est toujours la même chanson".
Ce qui me permet d’affirmer qu’en politique
- celui qui en fait son métier, c’est un bon job !
- celui qui en fait un idéal, c’est un cocu !
et cela s’applique à tous les partis sans exception.
Vous qui voulez avoir le droit de vivre, vous qui vous refusez à
être les mendiants du régime, profitez de ce jour unique,
le jour du vote pour exprimer votre mécontentement. C’est simple,
prenez le bulletin de vote que vous voulez, barrez- le de 2 faits et
inscrivez : C = F
C = chômeur
F = Français à part entière
Votez tous car des gens sont morts pour que nous ayons ce droit de vote.
Songez aux pays misérables où n’existe pas ce droit de
vote sinon au cours de certaines parades où le choix n’existe
pas.
Plus vous serez nombreux et plus nos médias comprendront qu’il
faut enfin s’occuper des vrais problèmes avec de nouvelles lois
économiques aussi avancées, aussi révolutionnaires
que notre chirurgie et notre science actuelles.
Le rôle de nos hommes politiques, ce n’est pas de s’occuper d’un
parti ou d’un clan mais de Français, de tous les Français
sans exception, pourquoi pas l’union sacrée contre ce crime avec
préméditation
"La misère dans l’abondance".
Quant à vous, révolutionnaires de toutes tendances, ce n’est pas en tuant des capitalistes, des officiers, des leaders politiques et même de pauvres passants que vous ferez changer quelque chose. "On ne démolit qu’en construisant" ;
Construisons une société d’abondance
qui doit remplacer cette société de rareté que
l’on veut maintenir à tous prix.
Un bon Français, c’est un Français vivant. Ne laissez
pas les désespérés de demain se mettre en colère.
Une dernière preuve :
Le 20.08.87, A2, midi : à la Sécu, 40 000 employés
sur 190 000, soit 20 %, vont être licenciés. Responsable
: la science : entrée de l’informatique à la Sécu.
* Voir par exemple "Socialiser l’abondance" du GRHAP.
L’Economie Distributive ne détruit pas les excédents, elle les distribue...
L’économie politique est une fausse science.
Elle ne veut pas s’attacher à créer une économie
qui répartirait solidairement toutes les richesses de la terre.
C’est pour cela que les soi-disant crises économiques sont des
crises voulues qui dureront toujours.
L’économiste s’occupe des éléments sans en voir
l’ensemble. Il ne perçoit ni les valeurs optimales, ni les valeurs
morales des choses.
Or rien ne peut se faire correctement sans ces valeurs.
Le corps humain vit dans un mouvement d’ensemble dont les éléments
sont en interactions, en interdépendances et en interconnexions.
Il y a donc à l’intérieur du corps une analyse fonctionnelle
qui détermine la façon dont toutes les parties affectent
d’autres parties afin de rétablir l’équilibre permanent
de la vie.
Dans le corps humain, tout est relié pour faire vivre correctement
un ensemble unique.
Rien de tout cela dans le système économique. C’est tout
le contraire. On s’acharne à interrompre les interrelations et
les interconnexions. Tout est cloisonné au nom de la compétitivité
et de la rentabilité dans le but unique de faire de l’argent-profit.
Une telle économie détruit le corps et l’esprit de l’homme.
Sans un changement du système monétaire, les problèmes
qui persistent depuis des centaines d’années ne pourront jamais
être résolus. Pour les résoudre, il faut : instaurer
une monnaie au service des hommes, c’est-à-dire une monnaie inthésaurisable
; dissocier les revenus du temps de travail et rendre le pouvoir d’achat
proportionnel à la production. Nous aurons alors un équilibre
entre l’analyse et la synthèse, entre la science et la philosophie,
entre l’individu et la société, un équilibre pour
vivre en harmonie dans la Justice et la Paix.
BIEN (Basic Income European Network)
Poursuivant la publication/traduction de textes émanant des participants au colloque de Louvain-la-Neuve sur le revenu garanti, membres du réseau européen pour le revenu de base, nous publions ci-dessous le résumé, établi par notre ami E. Van Damme, d’un article de Michael OPIELKA paru en 1986 dans la revue "Politik und Zeitgeschichte" (vol. 36, p. 37)
1) LES TROIS PILIERS DE LA SOCIETE ACTUELLE
Pour Michael Opielka, l’existence est assurée,
dans notre société bourgeoise, par trois piliers : le
travail, la propriété et la cellule familiale.
L’Etat entérine cet état de chose : pas de revenus sans
travail, protection légale de la propriété et législation
sociale centrée sur la famille. Or, il est clair que si le chômage,
la pauvreté et le divorce ou le célibat deviennent la
norme, cet Etat est menacé dans ses fondements. Voyons ce qu’il
en est dans la réalité.
a) La propriété
A l’encontre des espoirs des premiers protagonistes de la société bourgeoise, d’Adam Smith à J.S. Mill, cette société n’a pas pu assurer à tous ses membres l’accès à la propriété. La propriété s’est concentrée dans les mains de quelques-uns, ce qui a compromis la sécurité existentielle de tous les autres.
b) La cellule familiale
La législation actuelle considère la cellule familiale comme un élément important de la société. Elle punit le chef de famille qui néglige d’assurer financièrement son existence. Plus même,. si le chef de famille n’a pas de revenus, l’Etat lui en fournit. C’est l’éthique du soutien de famille.
c) Le travail rémunéré
La concentration de la propriété dans les mains de quelques-uns a fait que l’immense majorité de la population dépend pour sa subsistance d’un travail rémunéré. Or, celui-ci est de plus en plus menacé. Par conséquent, une existence basée uniquement sur le travail rémunéré risque de devenir de plus en plus précaire.
2) LE PROCESSUS D’INDIVIDUALISATION
L’auteur voit dans l’évolution que subissent (et que devront encore subir) les normes actuelles du travail, un processus d’individualisation. Alors qu’auparavant les masses salariées réclamaient des conditions de travail égales pour tous, patrons et salariés s’orientent des à présent vers plus de flexibilité. Un même processus d’individualisation caractérise le tissu familial moderne. La cellule familiale se désagrège, la notion de chef de famille s’estompe. Une politique étatique centrée sur cette notion est de moins en moins justifiée. On peut raisonnablement prévoir que ce processus d’individualisation se généralisera.
3) ADIEU AU PLEIN EMPLOI ?
Tous les gouvernements parlent de la réduction du chômage, mais une telle réduction est impossible :
a) Economiquement :
En Allemagne, par exemple, le nombre des salariés
augmentera jusqu’en 1990. Ensuite, le ralentissement démographique
sera compensé par un travail féminin accru, par un apport
croissant de main-d’oeuvre étrangère et par l’allongement
fort probable de la carrière.
D’autre part, l’évolution de l’appareil économique vers
une croissance qualitative au lieu de quantitative impliquerait une
augmentation des coûts.
Pour toutes ces raisons, il est illusoire de penser que le chômage
sera jamais réduit.
b) Ecologiquement
Une croissance visant au plein emploi finira fatalement par se heurter aux limites écologiques de l’expansion.
c) Socialement
Une telle réduction du chômage ne serait réalisable qu’en augmentant les services et la bureaucratisation. Le fossé avec les laissés-pour-compte se creuserait encore plus.
4) LA PARTICIPATION COMME DROIT FONDAMENTAL
Barbara Nelson a dit : "Les femmes ne sont pas
des citoyens naturels dans les démocraties libérales occidentales"
(*). Pour elles, en effet, le droit à la participation n’est
pas encore pleinement acquis. Pas plus, d’ailleurs, pour la grande majorité
des gens. Aussi longtemps que l’Etat s’appuiera sur les trois piliers,
famille, propriété et travail, il créera des masses
d’exclus. C’est pourquoi toute réforme doit s’occuper du droit
à la participation.
Du point de vue social, ce droit à la participation impliquerait
l’établissement d’un revenu de base garanti.
Du point de vue travail, ce même droit assurerait une plus juste
distribution du travail.
Du point de vue de la propriété, ce droit déboucherait
sur la participation aux profits et finalement sur la participation
à la possession de moyens de production et des titres de propriété.
Cette dernière forme de participation devrait, selon certains
auteurs, empêcher l’apparition de la société duale
ou société à deux vitesses.
Notons que cette évolution nous amènerait à parler
de "société" d’abondance, et non plus d’"Etat"
d’abondance, car l’Etat ne sélectionnerait plus des modes de
vie (v. paragraphe 1). De plus, ses interventions devraient garantir
les diverses formes du droit à la participation.
5) PROBLEMES ET CRITERES DES REFORMES
Selon OPIELKA, notre société moderne
présente trois facettes fondamentales dont tout réformateur
doit tenir compte : la communauté, le marché et l’Etat,
ou, pour l’exprimer en termes de concepts : la réciprocité
(ou solidarité), la liberté et l’égalité.
Or, on constate que toute réforme qui privilégie une de
ces trois facettes, lèsera les deux autres... Un excès
de réciprocité dans une communauté mènera
à la discrimination d’autres (perte d’égalité)
et à limiter la liberté (marché). Un excès
de liberté (du marché) défavorisera la réciprocité
et l’égalité. Un excès d’égalité
(Etat) ira sûrement à l’encontre de la liberté,
ce qui explique qu’il est combattu par le néolibéralisme.
Une réforme éventuelle devra trouver un juste équilibre
entre ces trois axes.
Mais le problème des réformes est pour OPIELKA encore
plus complexe. En effet, les garanties d’existence proposées
par la société, le marché et l’Etat ont atteint
au cours de leur évolution une telle complexité, qu’il
faut écarter d’emblée l’hypothèse d’un nouvel ordre
politique qui serait instauré "en bloc".
L’auteur préfère une mosaïque de réformes
prudentes et réversibles. Même les critères d’égalité,
de liberté et de réciprocité peuvent être
trop grossiers. Ainsi, par exemple, dans la lutte pour les droits de
la femme, il ne devrait pas s’agir tellement d’octroyer aux femmes tous
les droits moulés sur la vie des hommes, mais bien de leur donner
le droit à la participation totale, dans le respect de leur spécificité.
D’autre part, la participation à la liberté (marché)
devrait être étendue à la possibilité de
choisir entre diverses formes de marché et même entre des
formes d’activité tournées ou non vers une quelconque
forme de marché.
6) PROPOSITIONS DE REFORME
Les propositions de réforme sont nombreuses et elles varient, bien évidemment, selon que l’accent est mis sur le manque de revenus (revenu de base garanti), sur le manque de participation au marché du travail (redistribution du travail) ou sur le manque de participation aux moyens de production.
a) le droit au travail
Des réformes ont été proposées depuis le siècle dernier. Travail distribué et imposé par l’Etat, société duale avec un secteur "des besoins de base" administré par l’Etat et un secteur non-étatique "d’abondance", modèles où l’individu naît avec une dette de travail envers la communauté ou plutôt avec un capital de loisirs, etc...
b) le droit à des moyens de production propres
On distingue en principe six formes différentes
d’alternative
1) répartition des droits entre les propriétaires, les
managers, les travailleurs, les syndicats et l’Etat ;
2) une répartition extrêmement large et strictement égalitaire
;
3) la gestion des moyens de production par des groupes intermédiaires
coiffant les entreprises (p. ex. les syndicats : le "Fonds des
Travailleurs" suédois, ou des caisses de retraite : le "Capitalisme
des caisses de retraite" suisse) ;
N.B. : la première et la troisième formule se retrouvent
dans tous les état occidentaux.
4) l’Etat possède les titres de propriété (Europe
de l’Est) .
5) la formule des coopératives de travailleurs (Yougoslavie)
;
6) un modèle de "neutralisation" du capital (p. ex.
par des fondations) veut trouver une troisième voie entre le
système communiste de marché planifié et le système
de marché libre.
Une synthèse entre les formules 5 et 6 cherche à favoriser
un système d’autogestion par les travailleurs.
c) le droit au revenu
Ce droit doit pouvoir s’affirmer sans les contrôles vexatoires actuellement en pratique. La confusion est particulièrement grande quand il s’agit du revenu de base garanti. Par exemple, ce revenu de base devrait-il remplacer les interventions de l’Etat (thèse libérale) ou devrait-il être complémentaire ? Doit-il se limiter aux plus démunis, garder quelque dépendance à l’égard du marché ou être universel et inconditionnel ? Enfin, le montant alloué peut se définir selon des critères fort différents tels que l’index des prix, la moyenne des salaires ou un étalon de participation.
7) UN PLAN EN TROIS ETAPES
Dans la question du revenu de base garanti, le danger
est bien connu : une complète dissociation du travail et du revenu,
quelque désirable qu’elle puisse être culturellement, pourrait
faire naître la tentation POLITIQUE de dissocier encore davantage
la participation au marché des biens et la participation au marché
du travail. Le droit au travail, qui n’aurait plus qu’une valeur morale,
perdrait ce qui lui reste de valeur politique et le fossé entre
les participants et les nonparticipants se creuserait davantage encore.
L’auteur propose par contre un programme de réforme multidimensionnel
(cf. paragraphe 5) qui comprendrait trois étapes.
a) dans un premier temps, on abandonnerait l’ordre social actuel, qui
est centré sur la cellule familiale, au profit d’un régime
centré sur l’individu.
b) dans une deuxième étape, il faudrait instaurer, et
ensuite optimiser, des droits à la participation. Les estimations
de l’auteur montrent qu’une semaine de travail de 20 heures serait parfaitement
réalisable. Par ailleurs, on pourrait envisager de taxer plus
lourdement les heures de travail prestées au-delà de ces
20 heures.
c) une fois les droits à la participation, établis, aussi
bien politiquement que matériellement, on pourrait introduire
un revenu de base garanti totalement indépendant du travail effectué.
(*) Barbara J. NELSON, Women’s Poverty and Women’s Citizenship : Some political Consequences of Economic Marginality, in Signs (1984) 2, p. 225.
Lectures
Henri Muller analyse ci-dessous le livre qu’André Giresse a écriten collaboration avec Philippe Bernet
LE livre du Président GIRESSE lance un lourd pavé dans le milieu des gens de justice peu habitués à voir la vérité sortir du puits lorsque le pouvoir politique en tient solidement le couvercle. Il nous livre les arcanes d’un monde clos, celui de la haute magistrature avec ses intrigues de cour, son indépendance souvent de façade, à l’égard de l’autorité politique soucieuse d’"écraser" certaines affaires jugées compromettantes.
D’un socialisme modéré auquel il s’était
rallié, A. GIRESSE espérait une réforme qui arracherait
la magistrature à la sujétion politique. Mais l’irruption
d’un extrémisme gauchiste, les "imprécations des
soixante-huitards attardés, libertaires, anarchistes, clamant
leur haine pour la société bourgeoise", allaient
dissiper ses illusions. Des escouades de Rousseauistes, juges et avocats,
tendent à faire des inculpés, des victimes de la société,
de ses injustices, de ses tares.
Respectueux de l’ordre établi, conscient que sa mission consiste
à le protéger des trublions, il exprima son amertume à
l’égard d’un "délabrement judiciaire", du "laxisme
pénitentiaire". "Plus de peine capitale, écrit-il,
plus de peine carcérale vraiment subie et redoutée. Face
au crime, l’arsenal de la loi se vide et laisse sans défense
le citoyen et la société". Idéologue déçu,
il s’isole. Sa passion : la justice, l’honneur, la vérité.
Seul dans son combat, aux prises avec une hiérarchie qui, l’ayant
renié, le persécute, lui tend des pièges. Un homme
de tradition, d’un autre temps. Le combat d’un Don Quichotte.
Exposée sous tous ses aspects, expliquée et commentée
en quelque 120 pages, l’affaire De Broglie qualifiée par le Président
Giresse de "Watergate français", constitue le morceau
de résistance, le point fort de l’ouvrage. Est-ce le livre de
Jésus Infante, publié peu avant l’ouverture du procès
(2) qui lui en a fait saisir la dimension politique ? On connaît
la thèse les détournements de fonds opérés
par la Sté Matesa, au préjudice du Trésor espagnol,
auraient servi à financer, via la SODETEC, une société
luxembourgeoise dirigée par J. de Broglie, une entreprise électorale
française. Il semblerait que le Président Giresse n’en
ait pris connaissance qu’après la clôture du procès.
Alors que J. Infante construit son scénario autour de l’affaire
de la MATESA, livrant d’un seul coup le dessin du puzzle avec tous ses
personnages, A. Giresse procède à l’inverse, s’efforçant
d’en assembler les pièces qu’on lui livre au compte-goutte dans
des rapports incomplets et au cours des audiences. Son intuition lui
fait dire que les témoins ont menti, que des faits lui ont été
dissimulés. Il constate que l’on a saboté l’enquête,
placé des verrous pour éviter qu’elle ne dérive,
qu’elle mette en cause une police politique, des polices parallèles
dont il subodore le rôle dans la préparation de l’assassinat
du Prince. Et le procès se clôt sans qu’aient été
entendus les témoignagesclés, susceptibles, selon le Président
Giresse, de changer le sens de l’instruction, de lever le voile sur
les étranges moeurs de la haute politique.
Tombé en disgrâce, lâché par ses amis et collègues,
livré aux cabales, A. Giresse choisit de se retirer, privant
ses adversaires de l’allégresse attendue d’un hallali. Sa plume
ne les épargnera pas.
"Ce livre qui, écrit-il, est mon testament judiciaire, ne
heurtera que les sots et les hypocrites... Ces choses-là devaient
être dites. Je m’attends à d’autres combats. J’y suis prêt".
Face à la meute, son courage frise la témérité.
Bonne chance tout de même, et que le meilleur l’emporte.
(1) en collaboration avec Philippe Bernet (Pion Ed.
juin 1987)
(2) "Un crime sous Giscard" (F. Maspera ED. 3e trimestre 1981).