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LES DOSSIERS DE LA GRANDE RELÈVE
Bien que nous soyons le 14 juillet, ce n’est pas des
feux d’artifice de la Fête Nationale que je veux parler, mais
plutôt de la dernière conférence du premier cycle
organisé par le Centre d’Etudes des Systèmes et des Technologies
Avancées (CESTA), sous le titre général «
Lectures de notre temps ».
Intitulé « Complexité, systèmes et entreprises
», ce premier cycle annuel, à l’initiative de Jacques Robin
et de René Passet, avait un double objectif d’une part tenter
de décrire la nature de la véritable mutation que l’humanité
aborde en ce XXe siècle, et d’autre part, en examiner les conséquences,
prévoir, sinon préparer, les bouleversements que cette
mutation implique pour la société, en particulier en matière
économique.
Chacune des huit séances de ce cycle était organisée
autour d’un thème central et, à chaque fois, deux aspects
complémentaires étaient abordés par deux conférenciers
différents (1), le premier se plaçant au plan général,
théorique, le second abordant l’aspect pratique, souvent en prenant
pour exemple le domaine de sa propre entreprise et se servant de son
expérience personnelle.
Or cette expérience était en général très
vaste car le CESTA avait trié ses conférenciers sur le
volet. Les organisateurs de ce cycle avaient, en effet, choisi des «
décideurs), , des « battants », des gens qui sont
« au fait » pour leur demander de décrire cette mutation
dont notre société est témoin, et de montrer quelles
sont leurs réactions face aux bouleversements déjà
commencés.
Hélas, j’ai eu souvent le sentiment, sauf à la dernière
séance, d’un dialogue de sourds entre les initiateurs de «
Lectures de notre temps » et les P.D.G., les professeurs, les
directeurs, et autres responsables ministériels qu’ils avaient
invités. Jacques Robin eut beau à plusieurs reprises répéter
que « ce qu’on appelle la crise » (2) n’en est pas une,
qu’il s’agit de beaucoup plus que cela, d’une véritable mutation...
tout s’est le plus souvent passé comme si ce mot de mutation,
souvent repris aujourd’hui. s’était émoussé, les
décideurs restant convaincus qu’au prix de quelques innovations,
du type de celles qu’ils ont décrites, ils seront toujours en
mesure de faire face, quoi qu’il arrive, sans qu’ils aient besoin d’imaginer
d’autres circuits économiques. Et quand Jacques Robin a demandé
si on pouvait imaginer une innovation financière qui ne satisfasse
pas seulement une infime partie de la population, les décideursinnovateurs
et autres « battants » n’ont pas eu de réponse. Mais
cela ne les a pas troublés.
LA COMPLEXITE
Sur le plan théorique, Edgar Morin a magistralement
décrit la complexité d’un système, montrant la
nécessité d’un changement dans nos structures mentales
pour saisir la complexité de la société, comme
celle d’une entreprise. S’ils peuvent entendre cette conférence
(3), nos lecteurs retrouveront ce que nous avons souligné dans
le livre de F. Capra (4) montrant qu’on ne décrit pas un système,
et l’homme en particulier, en le simplifiant pour le réduire
à une série de mécanismes. E. Morin conclut que
dans un système, quel qu’il soit, la société par
exemple, un programme clair, bien défini, est indispensable...
quant tout va bien. Mais quand survient une cassure, il faut savoir
abandonner le programme et faire appel à une stratégie
adaptée.
Cette cassure du XXe siècle, dans nos technologies, les décideurs
la ressentent bien. Depuis Thierry Gaudin (5) qui la décrit en
ces termes : « les configurations structurelles changent au point
qu’on ne peut plus prolonger le passé récent pour prévoir
l’avenir ». Il s’aperçoit que « les grandes batailles
sont maintenant celles des normes ; ce ne sont plus des batailles de
capitaux ! » Les deux domaines déterminants dans cette
cassure, l’informationnel et les biotechnologies ont été
décrits par des spécialistes.
LA CASSURE EN ELECTRONIQUE
Les technologies informationnelles modifient jusqu’à notre vision personnelle du monde. L’écriture linéaire appartient au passé ; elle est remplacée par l’image et le son. Et l’impact en est déjà sensible sur notre structure mentale, faite d’images dont la moitié, naguère, étaient inventées. La télévision et les industries « hallucinogènes (terme employé par T. Gaudin) ont déjà modifié ce rapport au point qu’on estime aujourd’hui à près de 90 % la part des images reçues ! M. Richonnier (6) compare l’évolution de la vitesse des trains (passée en un siècle de 100 à 300 km/h) à celle de la vitesse des calculs (multipliée par 10 000 en seulement 25 ans) et, pour montrer la triple évolution de l’électronique, en vitesse, en volume et en consommation d’énergie, il reprit un exemple classique : si l’aviation avait évolué au même rythme, un Boeing 747 pourrait faire le tour du monde en vingt minutes ; en volume, il tiendrait dans un dé à coudre ; en énergie, il lui faudrait vingt litres de pétrole. Et notre ami Albert Ducrocq montre que le développement ne s’arrêtera pas là, puisqu’on utilise encore un million d’électrons pour faire passer un message alors qu’un seul de ces messagers est théoriquement nécessaire !
L’IRRUPTION DES BIOTECHNOLOGIES
La révolution des biotechnoligies, d’après
R. Sautier (7) apporte encore plus d’espoirs de nouvelles productions
que n’en a apporté la révolution industrielle ! Au point
que les grands groupes actuels, essouflés, sont, dit-il, des
dynosaures... Et J. Robin insiste sur la concentration capitalistique
qui est à prévoir dans l’agro-alimentaire : 50% à
la Montedison.
« Il ne s’agit pas d’une nouvelle industrie, précise R.
Sautier, l’arrivée éruptive des biotechnologies va transformer
TOUT le paysage industriel, réorientant les groupes les plus
puissants ». Il n’y a pas >Je domaines réservés,
il s’agit d’un recentrage sur de nouveaux axes et avec de nouveaux modes
de pensée. Et, ajoute M. Richonnier, ces bio-industries ne sont
pas un rêve : aux Etats-Unis, 1/5 du cuivre est déjà
produit par des bactéries, des ingénieries génétiques
fabriquent les produits sucrants de Coca, d’autres des médicaments
(tels que l’insuline). En Europe, les premières récoltes
dues au génie génétique sont prévues pour
1988 et 1989...
Apparemment, ces récoltes extraordinaires s’ajoutant aux actuelles
« surproductions » de l’Europe ne troublent pas le P.-D.G.
de la SANOFI, car lorsque la question lui a été posée
de savoir si les biotechnologies allaient aider à résoudre,
par exemple, le problème que posent les excédents de lait,
il a répondu qu’effectivement nous avons un milliard de litres
de lait et que nous allions très bientôt pouvoir produire
plus avec moins de vaches laitières. Mais nous allons recevoir
une aide des biotechnologies : la recherche vient en effet de «
démythifier le cholestérol circulant », elle va
donc « nous aider à accroitre la consommation » puisque
les consommateurs n’auront plus peur, pour leur santé, de consommer
des graisses animales...
Voilà, effectivement une belle solution au problème de
la faim pour les consommateurs insolvables : il suffit que les autres
mangent deux fois plus !
UNE GENE CERTAINE
Malgré ces belles assurances, on sent l’inquiétude
chez nos responsables devant des faits dont ils commencent à
s’apercevoir... que la maîtrise leur échappe. J.R. Fourtou
(8) constate que le métier d’ingénieur-conseil a bien
évolué ces dernières années, il montre qu’il
existe aujourd’hui trois manières de gouverner une entreprise
l’imposition, la transaction (d’ordre collectif, c’est-à-dire
les compromis passés après concertation) et l’animation
« menant à l’exaltation d’un projet collectif ressenti
comme légitime ».
H. Syrieyx (9) place même ce « management participatif »
(10) au rang des « voies nouvelles de réponse » aux
problèmes de notre temps : les entreprises, certes, seront à
effectifs réduits, car les emplois de production vont disparaître.
Mais il y aura développement du côté des services
car les cadres seront des animateurs et non des officiers, et «
on recrutera les dirigeants non plus comme des préfets sur leurs
opinions politiques, ou comme on privilégie aujourd’hui, les
rejetons des P.-D.G. ou des grandes écoles » car il n’y
aura pas d’évolution sinon. H. Syrieyx, avec un humour certain,
a compris qu’il lui faut éviter le stress, car le « polar
est un danger public : il ne voit pas ce qui se passe, donc ce qui vient
».
Et justement, il est vital d’être vigilant. Car avec la mondialisation
du marché, « tout marchand de cravates de la Roche-sur-Yon
doit savoir qu’à tout instant quelqu’un dans le monde prépare
sa mort » (commerciale), dit H. Syrieyx. « Les contraintes
ont toujours existé, note le professeur C. de Boissieu, mais
l’évolution des conjonctures a fait que ces contraintes, en particulier
les contraintes de la compétitivité externe, sont devenues
insupportables. »
E. Morin avait montré la complexité du marché,
R. Sautier explique qu’un P.-D.G. doit, pour prendre une décision,
avoir une vue à dix ans... c’est-àdire qu’il est amené
à gérer l’imprévisible... et savoir qu’en entreprenant
de construire une usine, il faudra la réorienter cinq ans après.
Plusieurs orateurs ont montré que l’Europe avait toujours su
être à la pointe de la recherche. Mais certains d’entre
eux estiment qu’elle a « râté le train de la troisième
révolution industrielle ( ?) » (M. Richonnier) faute d’avoir
su « acclimater » ces techniques, c’est-à-dire les
transformer pour les commercialiser.
Alors, puisqu’on a des idées, puisqu’on est des battants, on
garde l’espoir qu’il existe des solutions sans tout changer : «
La rentabilité étant ce qu’elle est, dit J.-P. Raunaud
(11), il faut s’arranger pour préserver le long terme »
et on va chercher des innovations, car une innovation, « c’est
perturbateur, mais ça ne détruit pas ; ça permet
de rééquilibrer un système qui faiblit. »
L’un de ces espoirs, c’est l’Europe.
ESPOIR EN EUROPE
« N’oublions pas l’importance de la taille du
marché, rappelle R. Sautier. Les Etats-Unis et le Japon ont réussi
parce qu’ils avaient un énorme marché à leur disposition.
Nos difficultés viennent des mentalités « cloisonnées
» des Européens et leurs échecs (l’ordinateur européen,
les magnétoscopes) sont dus à des réflexes d’une
étonnante émotivité, explique M. Richonnier. Il
faut jouer la carte « taille du marché », car, précise
A. Danzin (12) « les coûts s’abaissent de 30 %, et maintenant
de 40 %, chaque fois qu’on double la production ».
« Sans l’Europe, nous ne pouvons rien », dit R. Sautier,
mais avec elle nous allons « rattraper le train » car «
rien n’est jamais joué, tout va très vite et les technologies
d’aujourd’hui seront dépassées dans une dizaine d’années
».
Mais, ajoute A. Danzin, ce qu’il nous faut, ce sont des clients pionniers
; il faut que les consommateurs européens aient envie de jouer
le jeu. Il y a donc un problème de formation car en Europe il
y a des cloisons : le marché est « antirésonnant
» alors qu’aux Etats-Unis, le marché est résonnant.
Alors c’est dans le programme ESPRIT et son effet catalytique que j’espère.
Effectivement, dit R. Sautier, on n’a pas assez insisté sur le
problème de la formation. Il nous faut pour décideurs
des hommes qui aient à la fois l’expérience de l’industrie,
celle de la recherche et celle de l’enseignement. N’oublions pas que
les entreprises européennes ont vécu et vivent l’ancienne
industrie, où le temps de réponse était l’investissement,
alors qu’aujourd’hui le temps de réponse est celui de la recherche.
« Un P.D.G. aujourd’hui, poursuit R. Sautier, doit prendre des
engagements de recherche, c’est-à-dire dans des domaines où
la rentabilité n’est pas assurée : non seulement les marchés
n’existent pas, mais on ne sait même pas quel marché existera.
Une étude de marché est donc impossible.
Nous devons gérer le risque. Alors, nous, responsables industriels,
n’avons nous pas droit à une certaine protection ? »
LES DEREGLEMENTATIONS AU SECOURS
Les industriels sont conscients que l’Europe n’est
pas facile à faire. La compétition commerciale y oppose
les nations depuis si longtemps ! La formation des décideurs
est un travail de longue haleine, alors que tout change si vite...
Il reste que nous sommes tous commandés par le marché,
note R. Sautier, c’est lui qui a toujours le dernier mot. Or, le partage
des marges entre production et distribution est le problème essentiel.
D’autant plus, qu’il va « encore être aggravé par
le fait que les biotechnologies vont aider à produire plus et
mieux ». Alors le P.D.G. de la SANOFI conclut à la nécessité
de dérégulations.
Qu’une mutation du système financier soit souhaitable et inévitable,
comme l’a dit C. de Boissieu, nous sommes bien d’accord. Mais les innovations
financières qu’il nous a décrites sous ce titre ne constituent
pas une telle mutation, elles sont plutôt l’adaptation du système...
à ces « besoins » des seules grosses entreprises.
De nouveaux produits apparaissent ? De nouveaux marchés ? De
nouvelles technologies de paiement ? Alors l’important est que les grosses
entreprises puissent en profiter et on invente tous les moyens qui leur
sont nécessaires. Dans certains cas ces innovations sont introduites
spontanément, et les autorités les contrôlent ( ?)
après. D’autres sont à l’initiative des pouvoirs publics.
Mais qu’on sache bien que ces innovations doivent toujours s’interpréter
comme résultant de contraintes : banques et entreprises sont
bien obligées de desserrer les contraintes qui pèsent
sur elles et dont le coût est élevé. Et les contraintes
de la compétitivité externe : quand des innovations financières,
à l’étranger, favorisent un concurrent, il faut bien que
la France suive, sinon Paris ne serait plus une place financière !
Alors on innove. Des opérations à taux d’intérêts
variables par exemple. On crée de nouveaux marchés boursiers
(le MATIF). On développe un marché de créances
négociables. On invente de nouvelles procédures pour que
l’entreprise ait un meilleur accès aux capitaux empruntés.
On dérèglemente, on relève les seuils, on réforme
les modalités de financement à l’exportation, on lève
les contraintes qui pesaient sur les bénéfices non commerciaux.
Les conséquences ? Tout est fait surtout pour les ENBAAMM (lire
« les entreprises non bancaires ayant accès au marché
monétaire »). Mais les économistes y perdent leur
latin, la politique monétaire leur pose des problèmes
insolubles. « On n’arrive plus à baliser » dit C.
de Boissieu. On ne peut plus dégager des concepts traditionnels,
les agrégats monétaires par exemple. « On ne peut
plus distinguer la monnaie des autres actifs ». C’était
déjà un vrai casse-tête quand seules certaines banques
créaient de la monnaie, sous forme de crédits. Que dire
aujourd’hui que les entreprises émettent des billets de trésorerie
dont le montant atteint déjà 100 milliards de francs ?
que les créances négociables classées s’élevaient
à 108 milliards le 4 avril dernier ?
Bien sûr, les entreprises du même coup ont réussi
à parer en partie les risques monétaires : risques de
change et risques de taux d’intérêt, puisque, comme l’a
bien dit A. Madec (13), « la fonction financière est un
moyen de prélever des capitaux au moindre coût et de se
protéger contre les risques ». Mais le résultat
est clair : outre qu’il est désormais impossible aux autorités
monétaires de contrôler, donc impossible qu’il existe une
politique monétaire, outre que toutes les cartes sont brouillées,
les banques faisant des assurances tandis que les compagnies d’assurance
ont des activités bancaires et que les grands magasins font de
la publicité pour les services financiers qu’elles offrent, deux
autres conséquences ont été clairement mises en
évidence par C. de Boissieu : la fragilité du système
financier dans son ensemble (le risque n’a pas disparu, il a été
redistribué), « ce qui n’est pas neutre au niveau macro-économique
parce que les économistes sont incapables d’évaluer les
conséquences de ces risques » et un impact désastreux
sur l’investissement des entreprises. Sur ce point les choses sont très
claires et la Grande Relève l’a déjà souvent souligné
: il est plus rentable pour les grosses entreprises, pour qui ces innovations
sont faites, « de faire de l’investissement financier plutôt
que de l’investissement physiques ». Traduction : les entreprises
ont intérêt à spéculer, à «
jouer en bourse » avec leurs capitaux plutôt qu’à
investir pour produire mieux...
La conclusion optimiste d’A. Madec, sur l’air de « Tout va très
bien, Madame La Marquise » fut : « Cette mise en place de
nouveaux mécanismes, le nouveau gouvernement semble la poursuivre,
peut-être même en mieux. Il y a redécouverte de l’entreprise
et de ses valeurs. Cela me semble en soi les éléments
d’une sortie de crise. »
La mienne, partagée apparemment au moins par Jacques Robin est
que les économistes sont totalement désarmés devant
les mutations technologiques. Nous entrons « dans une ère
inconnue ou l’automatisation de la production est telle qu’il y a à
la fois, ce qui ne s’est jamais vu, économie de travail et de
capital ». Mais ni les économistes, en général,
ni les entrepreneurs, ni les décideurs, apparemment, n’en ont
conscience.
LE FEU D’ARTIFICE
Il fallut attendre la dernière séance
de l’année pour que les vraies questions de notre temps soient
posées.
D’abord grâce à Albert Ducrocq. Nos anciens lecteurs se
rappellent encore avec émotion les nombreuses conférences
que fit autrefois A. Ducrocq aux côtés de J. Duboin. Le
premier exposait les faits scientifiques, le second en tirait alors
les conséquences logiques pour l’avenir de notre société.
Beaucoup « d’abondancistes » doivent leur compréhension
des événements actuels à la clarté de ces
brillantes conférences, qui enrichissaient ensuite nos colonnes
(14).
Albert Ducrocq, au CESTA, fut brillant comme à son habitude.
Et surtout, il dit les choses nettement : « un fait est certain,
notre période est sans précédent... Nous atteignons
la phase majeure de notre évolution : c’est la révolution
de l’intelligence, car c’est le cerveau de l’homme qu’on est capable
aujourd’hui d’assister, directement, en particulier avec le développement
des systèmes experts capables de raisonner selon les lois qu’on
leur aura implantées ». Et ceci n’est qu’une part de la
partie visible de l’iceberg. Il y a un mouvement considérable
en profondeur parce qu’on va pouvoir désormais définir
parfaitement, et fabriquer, le matériau nécessaire à
une condition posée, et cela en travaillant au niveau de l’atome.
Or toute l’aventure de la vie est une affaire de matériaux biologiques.
Imagine-t-on ce qu’on va pouvoir faire maintenant qu’on sait en créer
de nouveaux ? L’oeuvre de la nature était limitée, nous
savons maintenant la développer !
Tâche redoutable, qui demande réflexion.
Sur le plan économique, il va en résulter un énorme
déplacement professionnel, « car c’est au robot de faire
le travail d’un robot, pas à l’homme... Ce serait donc une erreur
de croire qu’on va gérer avec les moyens traditionnels... La
monnaie, par exemple, ne peut rester ce qu’elle est... Elle doit être
indexée et personnalisée. Elle doit être distributive
».
Et sans doute pour inciter une prise de conscience chez « les
décideurs » et « les battants » qui l’écoutaient,
Albert Ducrocq conclut : « l’avenir n’est pas déterminé,
et’ les acteurs, c’est nous ».
Jacques Robin renchérit ensuite en disant « nous sommes
en présence d’une rupture technologique : nous la vivons... Cette
rupture date du milieu de ce siècle ». Depuis le néolithique,
avait-il expliqué, l’homme n’a fait qu’organiser la matière
pour mettre en forme ses objets. Nous sommes brusquement en présence
des technologies informationnelles qui groupent à la fois l’information
et la commande, et l’interaction entre matière et commande crée
quelque chose de nouveau. L’homme agit maintenant par l’intermédiaire
des codes. Or c’est bien l’information contenue dans les gènes
qui est à l’origine de ces matériaux nouveaux en biologie.
Donc nous n’avons encore rien vu, par comparaison à ce que nous
allons voir !
Comment une telle mutation pourrait-elle ne pas interagir sur la macro-économie
? La productivité n’est plus la même, puisqu’elle est liée
maintenant à l’informel. Alors tous les relais et les ratios
de l’économie classique sautent les uns après les autres.
Les « tiques » (informatique, robotique, télécommunications,
et biotechnologies) bouleversent les règles de l’échange,
car nous entrons dans le monde de la production gratuite. Comment la
notion de productivité pourraitelle garder un sens quand elle
augmente de 30 % par an ? Ne comprendon pas que la fonction de la monnaie
a changé de nature quand on sait qu’on consacre cette année
près de 800 milliards pour les armements ?
Mais la résistance des mentalités est prodigieuse, déplore
Jacques Robin. Tout se passe lui semble-t-il « comme si les décideurs
cherchaient des alibis ». Les politiques parlent encore de crise,
de 3e révolution industrielle ! Et les économistes ne
voient rien, alors qu’il est urgent de redonner un sens à l’économie
!
C’est au professeur René Passet qu’incomba le lancer du «
bouquet » final.
Il nota des images pour décrire les grandes étapes technologiques
de l’homme :
- l’horloge de Descartes décrit la société agricole.
C’est un univers totalement déterministe où ce qui se
passe un jour découle de ce qui s’est fait la veille,
- la machine à vapeur décrit la société
industrielle. C’est un monde que l’homme dégrade. Le déterminisme
y est statistique : la loi de la moyenne y régit le monde, mais
la dégradation suit une direction inéluctable car l’homme
ni est pas plus acteur que dans la société agricole,
- l’ère dans laquelle nous entrons est caractérisée
par la possibilité que nous avons trouvée de pénétrer
dans l’intimité de la matière et de créer des formes
que la nature n’a pas inventée. Nous sommes acteurs maintenant.
N’y a-t-il pas de quoi avoir le vertige, interroge R. Passet ?
Alors prenons du recul, dit-il. Demandons-nous où va ce monde.
Nous sommes condamnés à résoudre les questions
essentielles (par exemple, avec l’acharnement thérapeutique se
pose la question de l’attitude de l’homme (face à la mort), car
la puissance qui bouleverse le monde est la même que celle qui
permet à l’homme de pénétrer dans le secret de
la vie.
Et puisqu’il avait, modestement, défini son propos en disant
qu’il allait proposer des pistes, René Passet indique qu’il nous
faut retrouver - les finalités de la production (quand deux tonnes
de blé c’était deux fois plus d’aliments qu’une tonne,
faire de l’être c’était simplement faire de l’avoir...),
- la relation de l’être avec le monde et découvrir les
finalités de la répartition, car ce problème était
simple quand la notion de contrepartie pouvait intervenir. Or ce n’est
plus possible, précise R. Passet, car les investissements sont
faits avant (formation, recherches, développement), ensuite «
ils crachent tout seuls, que veulent dire alors « productivité
de l’homme » et « productivité de la machine »
? La notion de plus-value de Marx est dépassée. La productivité
d’un travail intellectuel n’a rien à voir avec la durée
de ce travail : les vieilles notions disparaissent : il faut se donner
des critères de distribution. La part croissante des revenues
distribués (37 % des revenus des familles) est la preuve qu’une
justice distributive est en marche.
Acceptons le défi du nouveau, conclut R. Passet, car il n’est
jamais trop tard pour commencer à réfléchir aux
problèmes difficiles.
Je me suis laissée emportée par mon élan, dans
mon enthousiasme d’avoir entendu dire au cours de cette dernière
séance - et si bien - ce que nous répétons dans
ces colonnes. C’est bon de penser que nous ne sommes plus seuls et qu’un
organisme comme le CESTA agit dans le même sens.
J’ai dit plus haut combien nous aimerions retrouver dans ces colonnes
la verve d’A. Ducrocq. Pour en donner une idée aux nouveaux lecteurs,
voici comment finit cette dernière séance :
« Je lance, dit-il, l’idée du référendum
suivant à proposer aux Français :
Un milliard d’Africains vont bientôt se retrouver
sans rien pour vivre.
Que préférez-vous :
- les ignorer ?
- les accepter tous en France ?
- leur donner les moyens de développer leur continent ?
(1) et non « conférencières »,
aucune femme n’ayant été conviée à participer
à ce cycle, et aucune n’est prévue à celui de l’an
prochain. Le CESTA est-il misogyne ou bien les femmes se désintéressent-elles
de ces questions ?
(2) Titre d’un livre de J. Duboin.
(3) Toutes les séances ont été intégralement
enregistrées et leur retransmission est envisagée par
Radio France. Les cassettes, d’autre part, sont en vente au CESTA.
(4) Voir G.R. n° 845.
(5) T. Gaudin, directeur du Centre de Prospective au Ministère
de la Recherche et de l’industrie.
(6) M. Richonnier, membre du Cabinet de M. Sutherland à la Commission
Européenne.
(7) R. Sautier, P.-D.G de la SANOFI.
(8) J.R. Fourtou, Président du groupe Bossard.
(9) H. Syrieyx, Conseiller Municipal du Vésinet, Directeur Délégué
du Groupe EUREQUIP.
(10) La langue employée par les décideurs devrait faire
l’objet d’un dictionnaire spécial ! Il existe bien des dictionnaires
d’argot.
(11) J.P. Raynaud, Directeur de l’innovation chez Roussel.
(12) A. Danzin, Conseiller Scientifique de la Com
mission des Communautés Européennes pour le
programme ESPRIT.
(13) A. Madec, Directeur Général de Roussel-UCLAF.
(14) Beaucoup d’entre eux m’ont souvent écrit leurs regrets de
ne plus trouver la signature d’Albert Ducrocq dans la Grande Relève.
Nous l’avions, en effet, perdu de vue. Les journaux envoyés à
son ancienne adresse se perdaient. La lecture de son dernier livre «
Le futur aujourd’hui », que nous avons commenté en son
temps, les avait rassurés sur ses convictions « Duboinistes
». Il reste maintenant à espérer que sa participation
à « Lecture de notre temps » le déterminera
à revenir nous épauler de sa verve inégalable.
Initiatives
Nous avons reçu de l’association « pour le Transport Gratuit des Voyageurs », à la suite du dossier ouvert par René Marlin dans notre numéro 844, le texte suivant sous forme d’une carte :
Les faits :
Un usager utilise gratuitement un service public de transport et remet
cet imprimé rempli à un éventuel contrôle.
Je soussigné ..................
demeurant .....................
attentif aux graves conséquences qu’engendre la circulation automobile
en milieux urbain et interurbain (consommation d’énergie, pollutions,
accidents de la route...) conscient des avantages qui naîtront
de la gratuité des transports collectifs tant pour l’employé
de ce service public, que pour l’usager (gain de temps et d’argent,
transports plus accueillants...) reconnait avoir utilisé volontairement
gratuitement les transports collectifs en tant que membre de l’association
TGV (Association pour le Transport Gratuit des Voyageurs).
Les motifs :
Avantages socio-économiques de la gratuité des transports
en commun.
Les contribuables et le Syndicat des Transports Parisiens financent
aux deux tiers les dépenses de fonctionnement des entreprises
de transports publics, puisque le billet payé par l’usager représente
seulement le tiers restant. L’association TGV considère que la
billeterie et le contrôle qui alourdissent de façon conséquente
les charges de la SNCF et de la RATP ne rendent aucun service à
la collectivité et doivent de ce fait disparaître par l’instauration
de la gratuité. De ces charges inutiles, nous distinguons les
frais d’investissement matériel (tourniquets, portes, infrastructure
de fabrication de billets, distributeurs de billets...) dont la suppression
allégera les charges supportées par les contribuables,
des frais du personnel de contrôle, de billetterie, d’entretien
des mécanismes cités ci-dessus... Ces salariés
doivent revendiquer avec nous le maintien de leur pouvoir d’achat et
exiger que leur emploi serve principalement l’amélioration du
service offert aux usagers et la réduction du temps de travail
de l’ensemble du personnel de ces entreprises de transport.
Les revendications politiques :
Cet acte ne doit en aucun cas être considéré comme
une tentative de fraude mais comme une action politique économique
et sociale légitimement défendue par les membres de l’association
TGV qui organise chaque lundi de 18 h 30 à 20 h des réunions
débats avec les employés et les usagers des transports
publics au 33 rue des Vignoles - Paris 75020 - métro Avron ou
Buzenval.
à............ le................ 19..
Signature :
Le credo du libéralisme : liberté, initiative, responsabilité. La liberté ? Essentiellement : celle, propre aux détenteurs des moyens de production et de distribution, aux professionnels indépendants prestataires de service, d’exploiter autrui, son travail, ses besoins, à travers prix et profits, l’Etat complice. Responsabilité ? Une viande creuse. Sûreté, garanties, assurances, contrats ont pour rôle de l’éluder. Et quand il s’agit de payer, d’indemniser, de confesser ses torts, d’en endosser les conséquences, de porter le chapeau, c’est le sauve-qui-peut. Quant à l’initiative, elle se manifeste plus souvent au niveau des personnels salariés, quel que soit le régime ; et puis, l’initiative au service de quoi : du seul profit, du gaspillage ou de l’utilité pour le plus grand nombre ? That is the question.
Politique étrangère reaganienne : Elle
tend à imposer aux Nations le système libéral américain
de répartition des richesses. Agacées par les succès
grandissants de l’économie socialiste soviétique, inquiètes
des perspectives du nouveau Plan, les équipes reaganiennes cherchent,
par le biais d’une course aux armements sans précédents
quant à son ampleur, à en freiner l’expansion voire, à
lui imposer la lourde charge d’une guerre qui détruirait son
énorme potentiel industriel.
La stratégie américaine vise ainsi à compromettre
le développement économique, social et culturel de l’Union
soviétique. Elle consiste, pour l’essentiel, à multiplier
les provocations dans les zones sensibles afin de tenir en alerte permanente
ses forces armées. Elle contraint l’adversaire à entretenir
une défense de plus en plus coûteuse. Celle-ci absorbe,
au détriment de la production sociale, encore insuffisante pour
un temps, une importante partie des ressources et de l’emploi.
Parallèlement, une propagande désinformatrice s’acharne
à ruiner les efforts en faveur de la Paix, en prêtant aux
Soviétiques des visées agressives, hypothèse d’école
dont les médias font leurs choux gras, alors que l’amélioration
des conditions et genres de vie de la population, objectif devenu prioritaire,
postule la paix à tout prix.
Un tel objectif a de quoi rendre inquiètes les têtes pensantes
du libéralisme reaganien, l’exemple venu de SATAN risquant de
faire tache d’huile dans l’aire surprotégée du capitalisme
libéral et de conduire les victimes du profit à se révolter
contre l’injustice et l’insécurité.
Un million de dollars pour une commode Louis XV :
mais une nuée de sous-clochards gitant dans le métro de
New York. Le reaginisme n’a fait qu’accentuer les inégalités.
Il conduit aux antipodes des idéaux qui servent de paravent à
la théologie du capitalisme.
Quant à l’origine des fortunes, bien peu semblent s’en soucier,
chacun se bornant à s’extasier sur des « réussites
» auxquelles seul l’argent sert de critère. Celle d’un
MARCOS, faite de pots de vin, de détournements d’aides, ne doit
certes rien ni à la création, ni à la responsabilité,
ni à l’initiative si ce n’est d’avoir saigné son peuple
qui, aujourd’hui, réclame, à juste raison, le retour au
Trésor public, de 3 milliards de dollars embarqués par
l’ex- dictateur.
Liberté des loyers, liberté des prix : Labos, médecins et pharmaciens haut les coeurs ! Inconditionnels du libéralisme, fidèles supporters de l’ex- opposition, ils n’ont pas été oubliés. Question de se serrer la ceinture, de connaître « la douleur et les larmes », l’usager et le consommateur n’ont encore rien vu.
L’Europe des Stocks. Productions en hausse. Marchés plus étroits. La gestion des marchés devient celle des stocks : stocks de viande, de céréales, de produits laitiers, nonobstant des montagnes de produits industriels en mai de clients. Les paysans se ruinent à bien produire. Leurs efforts ne leur rapportant que des déboires. L’entrée de l’Espagne et du Portugal ne va rien arranger. Si les cours s’effondrent au niveau des producteurs, ils tendent à grimper, en revanche, chez le boucher, le charcutier, boulanger et pâtissier, qui se remplissent la poche. Le rachat, pour la C.E.E. des excédents, coûte une fortune au contribuable. Du moins les fonctionnaires bruxellois ont-ils du pain sur la planche et font-ils ce qu’ils peuvent pour que l’Europe ne sombre pas. 1 % de majoration pour la TVA, là se borne leur imagination pour assurer les fins de mois d’une organisation qui prélève déjà plus de 5 000 milliards de centimes sur le seul contribuable français.
Dévaluation : les paysans dindons : La gent
des spéculateurs boursiers trouve toujours de nobles prétextes
pour justifier ses mauvais coups. Ce que les producteurs ont gagné
en matière de prix, les coûts n’en feront qu’une bouchée
: engrais américains, hormones de Suisse et des Pays-Bas, tracteurs
allemands et américains avec leurs rechanges, la note sera salée.
Mais la dévaluation reste sans effet sur la marée noire
de l’abondance, seule coupable de la chute des prix et que le progrès
ne cesse d’encourager.
On en revient donc à l’Etat- providence, à l’agriculture
assistée, tout le contraire de ce libéralisme dont la
droite persiste à psalmodier l’éloge. Cependant la Providence
n’a qu’une besace d’où sortir ses présents ; la poche
des consommateurs salariés, retraités, chômeurs
et allocataires, poche dans laquelle elle puise sans vergogne.
Dévaluer favorise, dit-on, les exportations ? Commençons
déjà par réduire les importations seulement commandées
par le profit et qui condamnent au chômage les personnels des
entreprises concurrencées. D’autre part, les exportations vident
un pays du meilleur de sa production a seule fin d’enrichir les propriétaires
et dirigeant des entreprises exportatrices. Celles-ci négligent
ainsi le marché intérieur jugé moins intéressant
que la clientèle fortunée des pays à haut revenu.
L’emploi a bon dos pour justifier une dévaluation. Etalon de
mesure, la monnaie ne devrait pas être livrée aux caprices
des spéculateurs.
Légitimation de l’intérêt : Le crédit bancaire n’est pas toujours une simple mobilisation de dépôts d’épargnants qu’il est juste de rémunérer. Il comporte souvent une part de création monétaire que les banques ont accoutumé de rémunérer comme si elle prévenait d’une épargne, alors que les frais de gestion sont, ici, sensiblement les mêmes qu’il s’agisse d’un crédit de 10 millions ou d’un crédit de 10 000 F. Ainsi engrangent-elles des sommes considérables auprès de l’ensemble de leurs emprunteurs que des lobbies poussent à la dépense. Le montant de ces intérêts représentant une part non négligeable des charges qui, à travers les coûts, pèsent sur les prix, il serait de bonne politique d’ôter au prélèvement bancaire, son caractère aberrant et injustifié tenant à sa proportionnalité.
La croissance du chômage, ça n’est pas
près de finir : la Grande Bretagne vient de battre un nouveau
record absolu avec un taux de chômage qui atteint 13,3 % de la
population active, soit 3 208 600 personnes officiellement « secourues ».
La GrandeBretagne se place ainsi en tête du monde industriel,
à l’exception de l’Espagne, pour le taux de chômage. Mais
la Grande-Bretagne n’est pas une exception : en France, le pourtant
très prudent Bureau d’Information et de Prévision Economiques
prévoit que sa croissance va s’accélérer pour se
situer en moyenne à 2,7 % par an de 1986 à 1991 (contre
1,2 % seulement de 1979 à 1985) mais que le chômage va
continuer à s’aggraver pour atteindre 3,2 millions de demandeurs
d’emplois dans cinq ans. Aux EtatsUnis, l’industrie a perdu en 1985
plus de 350 000 postes de travail et le Japon lui même vient de
battre son record historique de chômage avec 2,9 % de la population
active (qui plus est, on sait qu’au Japon les femmes qui travaillent
sont l’exception et que l’emploi « à vie » dans de
nombreuses entreprises n’est qu’un moyen de dissimuler les sans-emplois).
Aussi n’est-il pas étonnant que l’on trouve de plus en plus d’économistes
qui commencent à affirmer que la croissance ne suffit pas, pas
plus que la simple réduction du temps de travail. C’est ainsi
que F. Thiot, dans « le Monde » du 4 mars 86 montre qu’entre
1959 et 1983 le nombre d’emplois créés à augmenté
de 11 % pour une augmentation en volume du PIB de 162 %. Avec un rythme
de croissance de 5,9 % par an (ce que l’on a connu entre 1968 et 1973),
il faudrait 15 ans pour résorber le chômage actuel en supposant
que la croissance démographique soit stoppée, ce qui ne
sera pas le cas avant 2005 ! Pour F. Thiot, comme pour D. Taddei («
le Monde » du 4.3.1986), la solution ne consiste pas en une simple
diminution du temps de travail et en un partage proportionnel des revenus
mais en une diminution du temps de travail accompagné d’un allongement
de la durée d’utilisation des machines et une remise en cause
de la notion de salaire : « en tant que coût de la production,
il est évidemment souhaitable de réduire le salaire face
à une concurrence internationale accrue ; en tant que revenu
du plus grand nombre, il faut non moins évidemment souhaiter
l’augmenter pour stimuler les commandes » (D. Taddéi).
« Ce qui compte, c’est le volume d’heures nécessaires à
la production demandée dans l’instant, volume qui est beaucoup
plus fonction de l’état du stock de capital, du progrès
des techniques et de la gestion que de la valeur de cette production...
Abaisser la durée du travail, multiplier le temps partiel, développer
les loisirs plutôt que la consommation, voilà un projet
plus alléchant que le recours aux sempiternelles relances keynésiennes...
qui ne reflètent rien d’autre qu’un comportement malthusien face
au progrès. Encore faut-il que le corps social en prenne conscience
et cesse de mettre en avant la détresse des chômeurs pour
faire croire à une baisse générale du pouvoir d’achat...
Depuis le début de cette prétendue crise, en 1973, pendant
que 10 % de malchanceux se sont fait licencier ou se sont heurtés
à porte close en cherchant un emploi, 90 % de la population active
a campé sur ses positions et continué de s’enrichir, le
salaire moyen par tête gagnant 22 % de pouvoir d’achat. »
(F. Thiot).
Mais quand donc les hommes politiques de tous bords auront-ils le courage
d’annoncer que ni le progrès technique (le nombre d’informaticiens
au chômage a augmenté de 200 % entre 1979 et 1985 !), ni
la croissance à tout crin ne pourront résoudre le problème
du chômage ?
Depuis qu’il n’est plus Premier Ministre, L. Fabius, semble cependant
prendre un peu conscience du problème. Il écrivait sous
le titre « De la reconquête » dans « le Monde
» du 13 juin dernier : « Si nous voulons dessiner un projet
qui puisse mobiliser le plus grand nombre dans une France où
les électeurs « inactifs » sont désormais
plus nombreux que les « actifs », nous devons nous adresser
à tous, salariés et non salariés, tant dans la
sphère du travail qu’au delà. Nous devons admettre que
la reconnaissance sociale peut ne pas passer seulement par le travail.
Nous devons proposer à chacun d’être davantage acteur de
sa vie, capable de peser sur son propre avenir, en insistant sur nos
valeurs, la responsabilité, l’égalité et la multiplication
des chances, la liberté, la solidarité ainsi que sur la
dimension internationale des problèmes. »
On nous parle toujours des dettes des pays en voie de développement,
de la faillite prochaine du Mexique, des difficultés du Brésil
ou de l’Argentine, etc... mais on est beaucoup plus discret sur la dette
des Etats-Unis qui atteignait, à la fin de 1985, 107,4 milliards
de dollars, ce qui fait de ce pays le champion mondial de l’endettement
extérieur. Il faut remonter à 1914 pour trouver un précédent,
et, à l’époque, la dette était très modeste
puisqu’elle n’atteignait que 4 milliards de dollars. Fait nouveau, les
Etats-Unis sont même déficitaires au point de vue agricole.
Il n’est donc pas étonnant que, sous la pression de divers lobbies,
Reagan cherche par tous les moyens à s’opposer à la pénétration
aux Etats-Unis de produits agricoles, ou industriels européens
ou japonais. C’est ainsi, entre autres choses, que sous la pression
de Boeing, le Conseiller aux affaires commerciales de Reagan, Clayton
Yeutter, a accusé le consortium européen Airbus Industrie
de casser les prix grâce aux subventions que donneraient les gouvernements
européens. Lesdits gouvernements ont aussitôt proposé
à l’administration américaine d’ouvrir leurs livres de
comptes... à condition que cette opération vérité
ne soit pas à sens unique. Du coup, les clameurs vertueuses américaines
se sont beaucoup atténuées. Même chose en ce qui
concerne les productions agricoles : Reagan veut augmenter de 35 % les
taxes qui frappent un certain nombre de produits en provenance de la
communauté européenne. En tout libéralisme économique,
ça va de soi !
Mais dites moi, à quoi cela sert-il de devenir compétitif
si on ne peut pas prendre, grâce aux lois sacro-saintes du marché,
la part des autres ?
Les beautés de notre civilisation
Un jeune homme de 22 ans, s’est pendu jeudi à
Beauvais (Oise) parce qu’il en avait « marre de la vie, sans argent,
sans ou dormir et manger et sans travail », ainsi qu’il l’explique
dans un ultime message adressé à son père,
Sur lui, les policiers ont également trouvé les numéros
de téléphone de nombreuses entreprises que le jeune homme
avait contactées pour essayer de trouver du travail. Ironie tragique,
Didier s’est donné la mort le jour même où un employeur
cherchait à le joindre pour lui proposer un emploi.
Couvreur au chômage depuis plusieurs mois, il vivait très
mal cette situation selon ses proches. Le jeune homme tentait de donner
le change, jouant une sorte de « comédie du bonheur ».
En début de semaine, apparemment en pleine forme, il annonçait
à son père une embauche prochaine. Ce qui, vérification
faite auprès de l’entreprise qu’il avait citée, se révéla
pure invention. Il s’était même inventé une vie
familiale, parlant un jour à l’un de ses frères d’un fils
qu’il aurait eu avec une jeune femme.
Jeudi, au bout du rouleau, il s’est pendu dans une petite cabane située
près du jardin de ses parents. Ce sont des enfants, en sortant
de l’école qui ont découvert son corps.
(extrait du journal « L’Eclair des Pyrénées »
du 10 juin 1986, envoyé par D. SARRAT).
***
Les cartes bancaires
Le ministre du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme
a fait à un député qui l’interrogeait sur le développement
de la monétique, la réponse suivante :
« L’équipement des commerçants en terminaux points
de vente (T.P.V.) participe de l’effort de modernisation globale de
l’économie française ; en effet la monétique va
progressivement s’insérer dans la vie quotidienne de chacun des
Français. Technologiquement, la carte à microprocesseur
- dite carte à puce - constitue une invention française
grâce à laquelle notre pays dispose d’une avance mondiale.
Il est important de consolider cet avantage pour permettre une percée
industrielle et commerciale au plan international. A cet effet, le gouvernement
s’est efforcé de créer les conditions d’un développement
rapide de la carte à puce en France. Il a pris des mesures pour
permettre l’acceptabilité de ce nouveau moyen de paiement.
« Ainsi la loi n° 85-695 du 11 juillet 1985 portant diverses
dispositions d’ordre économique et financier a posé le
principe de l’irrévocabilité du paiement par carte ; elle
a d’autre part établi la pleine compétence de la commission
de la concurrence en matière bancaire. Par ailleurs, derrière
l’avancée industrielle, se profilait le problème du partage
du coût du service rendu, entre le commerçant et son banquier.
Il n’était pas dans le rôle de l’Etat de s’immiscer dans
une négociation, en cours depuis plusieurs mois, entre banquiers
et commerçants. Cependant, tout` au long de l’an dernier, les
pouvoirs publics se sont attachés à suivre de près
l’issue de cette négociation.
« De fait, celle-ci vient d’aboutir, le 27 septembre dernier,
à la suite d’une décision du groupement « carte
bancaire » qui réunit l’ensemble des banques. En effet,
les banquiers ont posé le principe de la totale liberté
de négociation tarifaire entre les commerçants et leurs
banquiers. Cet élément nouveau est déterminant
et rejoint le point de vue énoncé depuis plusieurs mois
par les commerçants. Ces derniers, qui ont pu légitimement
être inquiets, ont lieu aujourd’hui de se rassurer. L’accord s’est
désisté dans la saisie qu’il avait introduite devant la
commission de la concurrence. Les conditions sont donc réunies
pour une montée en puissance du plan monétique couvrant
l’ensemble du territoire national d’ici à trois ans.
« Dès la fin de cette année, 50 000 cartes devraient
être en circulation dans la région de Rennes, et le groupement
« carte bancaire » a passé commande à la société
Bull CP8 de 12,4 millions de cartes livrables avant fin 1988. D’autres
commandes industrielles sont encore prévues.
Envoi de L. Bigoureau, la réponse citée est parue au J.O.
du 20 janvier 1986.
***
« Revenu minimum garanti », pour le MPPT :
Etant donné que dans notre esprit le premier
droit d’un être humain est celui qu’il détient des lois
de la nature (à savoir, le droit de vivre de sa juste part des
richesses du monde) il paraît évident que pour un militant
MPPT les soupes populaires ne devraient plus avoir de raison d’être
en 1986.
C’est la raison pour laquelle la section du Grésivaudan a inscrit,
en tête de son cahier de revendications, l’institution d’un «
REVENU MINIMUM GARANTI ».
Cette mesure, c’est l’intégration systématique de tous
les exclus du salariat (Jeunes, mères au foyer, handicapés,
chômeurs en fin de droits) dans le jeu de l’économie, en
leur rendant leur dignité. Comment ? Par l’allocation mensuelle
inconditionnelle à chaque citoyen d’un revenu minimum identique,
sans autre considération que le fait d’exister.
transmis par Lucien TISSOT
J’ai toujours les mêmes critiques et suggestions
à faire : tant en ce qui concerne le bulletin qu’en ce qui touche
à l’action des abondancistes. Je ne crois pas que les théories
« distributives » avancent beaucoup même si des experts,
au sommet, au moment où ils perdent pratiquement toute efficacité
politique, se rallient aux thèses de « La Grande Relève
». Si des socialistes, quand ils ne sont plus au gouvernement,
parlent d’un salaire minimum accordé à tous, vu ce qu’a
fait leur parti quand il possédait des responsabilités
effectives, cela relève plus de la démagogie électoraliste
que du sérieux ; tout le monde en est convaincu, même les
intéressés. De toute façon, sans l’abondancisme,
le distributisme n’est que de l’économie planifiée et
on voit ce que ça donne partout où ça se pratique
sans le correctif du marché ; c’est-à-dire de la pagaille,
et de l’intérêt individuel « mal compris »
ce constat a de quoi faire réfléchir ! L’événement
majeur du XXe siècle, dont nous ne finissons pas de savourer
les fruits amers, c’est la faillite du communisme marxiste. Certes,
cette faillite est toute relative : pour répartir, pour «
distribuer », les communistes sont champions comme les chrétiens,
comme tous les partageurs de la terre, comme tous ceux qui ont besoin
de la pénitence ici-bas, ils ont même réinventé,
une fois au pouvoir, la hiérarchie et les privilèges,
non pas parce qu’ils sont corrompus (ils ne le sont pas plus que tous
les chrétiens quand ils se mêlent de responsabilités
sociales) mais parce que la société est intenable parce
que c’est le léviathan, la secte Moon, le couvent laïque,
la caserne, sans cela ! Donc les communistes savent distribuer ; s’il
s’agit de pénurie, ils font mieux que le libéralisme,
c’est incontestable : et je n’ironise pas ! la pénurie est malheureusement
le lot d’une écrasante proportion de l’espèce humaine,
pour laquelle, hélas ! le communisme serait un mieux ! En revanche,
il est viscéralement, congénitalement, essentiellement,
allergique, hostile à l’abondance ; il ne peut survivre que par
le manque, il n’y a en effet que la gêne pour rapprocher les individus,
les souder ; il n’y a que la peur pour les rassembler et il n’y a que
le troupeau pour satisfaire les vocations impérieuses de législateur,
de distributeur, de répartiteur, de Juste, de Dieu ! Oh ! le
législateur est toujours très modeste, très au-service-de-la-communauté,
au- service-du-peuple ; mais il est le seul à faire vraiment
trembler car il détient les canons morphologiques de l’homme,
il satisfait ou il interdit, il pose les barrières, il regroupe
dans les fumeuses « assemblées démocratiques »,
où l’on se serre les coudes, où l’on a chaud, où
l’on médite la parole divine : « Dès que vous serez
réunis. Je serai au milieu de vous », c’est un élément
fondamental du Credo démocratique que cette descente de l’Esprit
sur les assemblées, surtout si elles sont strictement égalitaires.
Et aucun empirisme n’a prévalu contre ce primat théologique
de la pensée, de la délivrance, et de la décision
collective. Malheureusement, la réalité des faits est
là : les pays de l’Est ont autant d’hommes, autant de ressources
naturelles que les pays de l’Ouest, et ils ne connaissent pas l’abondance
contraire aux dogmes de leur religion, il y a d’abord chez eux une critique
de la consommation, de l’égoïsme, de l’accaparement, c’est
la mascarade altruiste : je donne ma part au voisin, lequel me donne
la sienne.
Or, l’humanité, c’est vrai, est au seuil de l’abondance grâce
à la science, et l’abondance c’est la consommation individuelle
; la consommation collective, c’est la fête archaïque, dont
le point culminant ne peut être que le formidable gaspillage de
la GUERRE, sommet de l’organisation, exaltation du dévouement,
du sacrifice, holocauste ! Mais dois-je rappeler que le mot a un sens
favorable ? Si je persiste à m’abonner à votre revue,
c’est à cause de son admirable titre, qui demeure un acte de
foi : « La Grande Relève des hommes par la Science ».
Vous êtes les seuls à oser encore le dire, dans une période
où l’obscurantisme, le scepticisme, le mysticisme reviennent
à la mode. Je n’affirme guère que vous soyez « distributistes
», j’espère n’avoir jamais à distribuer quoi que
soit, quand on distribue, ce sont des rations ! En revanche, J. Duboin
était abondanciste, et vous êtes tout de même ses
continuateurs.
Je suis d’un mouvement un peu semblable au Saint Simonnisme qui ne se
contenterait pas de militer dans l’abstrait pour une abondance comptabilisée,
mais qui la réaliserait. C’est vraiment malheureux de voir dans
nos sociétés « riches » s’installer doucement,
insidieusement, des comportements de pénurie (obligatoirement
doublés de gaspillage). Père de famille, professeur, je
suis désolé de constater que notre société
n’a pas besoin du travail des jeunes, pour rien de sérieux, l’école
s’est effectivement arrangée, grâce aux « conquêtes
de Mai 68 » pour en faire, majoritairement, des baratineurs, des
bavards impénitents, parfois des agités ; elle a inventé
la créativité brouillonne pour qu’il n’y ait plus de création.
Or, il y a chez ces jeunes des possibilités fabuleuses, des êtres
qui rêvent de vie, de consommation, d’abondance, de prise directe
par les choses, pour le vrai mais en dehors des parlottes et des comités.
Ils n’ont rien à faire ; rien à chercher ; rien à
créer : c’est la pénurie officialisée, l’éternelle
pénurie libérale !
J’attends de votre mouvement qu’il montre ces possibilités fabuleuses
d’abondance ; J. Duboin le faisait dans les livres de lui que j’ai lus,
il ne l’a pas fait définitivement, il faut, me semble- t-il,
le refaire. Et puis, aujourd’hui du moins, si l’abondance théorique
est un phénomène considérable, la pénurie,
les conduites de pénurie le sont également, il faudrait
donc révéler au grand public ces conduites, les destructions
gratuites de biens, non pas réellement, mais sous la forme de
malthusianisme de la production et surtout sous forme de destruction
de capital. Les manipulations boursières et bancaires d’aujourd’hui
me paraissent être souvent de gigantesques fours crématoires
de capital, qui obligent l’industrie, en bas, non plus à produire
seulement, mais à dégager des dividendes, du « profit
», à tort et à travers. Je souhaiterais que vous
soyez « abondancistes » et non pas « distributistes
», que vous répandiez le rêve incroyable de l’Abondance,
celui qui, au cours des âges a fait délirer tant d’hommes,
surtout lorsqu’ils souffraient atrocement de la disette. Peut-être
le rappel de ce rêve susciterait-il des vocations concrètes
d’abondancistes c’est-à-dire d’individus qui produisent des biens
matériels de consommation, et qui les donnent, qui les mettent
à la disposition de qui les veut ; cette fabuleuse Abondance,
non pas des guichets, des tourniquets, où l’on distribue, mais
des foires et des marchés, où l’on étale la marchandise,
où l’on excite les appétits !...
Voilà ma suggestion et ma critique.
Lectures
Paul Vila a lu, traduit et commenté pour nous ici la rubrique des livres du périodique « The Economist » du 10 mai 1986 :
HORS ECHELLE HUMAINE
E. GINSBERG et G. VOJTA (Basic Books)
Ce livre sonne le glas des multinationales, qui ne gardent que les avantages d’échelle des moyens de production, des stocks, et l’avantage en stratégie commerciale, mais qui sont dépassées dès qu’intervient l’initiative ou l’innovation. Elles ne capturent que les innovateurs les plus arrivistes, s’épuisent à gérer leurs rivalités internes et à négocier avec les gouvernements ; elles en arrivent à jouer la carte des pays les plus compétitifs au détriment de l’économie-mère, et si les banques les soutiennent au nom de leur prospérité passée, c’est elles aussi qui accumulent des déficits. Cet amoncellement de structures hors d’échelle pose la question de la qualité de la vie au travail.
LE TRAVAIL AU FUTUR
James ROBERTSON (Gower/Temple Smith)
Il s’agit des mutations des modes de travail.
Certains types d’emploi sont balayés par l’innovation technologique
et les améliorations de la qualité de la vie. L’auteur
voit trois modèles d’emploi-salaire :
1. La routine de l’emploi salarié actuel (« libéral
»).
2. La dégradation du système échec du plein-emploi,
avec du travail pour une élite de gagnants, les autres étant
laissés à la dérive.
3. Le changement radical du partage des emplois où le travail
indépendant se confondra progressivement avec l’activité
libre, et se pratiquera à domicile ; toute la population recevra
un salaire minimum de l’Etat.
Pour J. Robertson, le modèle 3 est le plus
probable, sans exclusion d’un reste des deux autres. Le travail à
temps partiel devra se généraliser avec l’emploi temporaire,
le travail à domicile sur console, et les travailleurs indépendants
; par suite, l’emploi direct peu honorable deviendra antiéconomique
à cause des difficultés de coordination. et des charges
liées aux pensions et aux avantages « sociaux » de
l’emploi de masse classique.
Pourquoi l’accès au modèle 3 est-il si lent à venir
? Principalement parce qu’il dérange les avantages institués
il y a une situation de polémique systématique entre les
employeurs et la masse des salariés, qui sont soutenus tour à
tour au gouvernement par la majorité et l’opposition traditionnelles...
Quand la décomposition des groupes géants aura entraîné
avec elle la fin des blocs politiques traditionnels, on pourra lancer
le système de participation sociale (à l’échelle
de l’ensemble des individus d’un pays pour le minimum vital, et à
l’échelle des entreprises pour la répartition de revenus...).
» Quelle renaissance ?
Ces deux livres, points de vue d’un oeil capitaliste
et fragmatique sur les modèles de puissance du troisième
tiers du 20e siècle nous réjouissent au premier degré.
Que ce soit le critique du « The Economist » qui les commente
aussi objectivement, voilà qui suggère qu’il est encore
possible de gagner de vitesse les monstres du monopole du crédit.
Et de donner aux modèles vraiment libérateurs suscités
par ces deux bouquins l’outil de révolution sociale qui seul
permettrait la sortie de crise.
Au second degré, il faut réfléchir vite, sur les
stratégies possibles pour cette révolution.
- Le plus tôt possible ; c’est la course réelle, le Sport-Aid
pour l’Europe !
- A l’échelle appropriée : sachons suivre les transferts
à venir entre les conseils de région et l’assemblée
de Bruxelles d’une part, les centres de décision de Crédit
national et international d’autre part.