Recherche
Plan du site
   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles > N° 844 - avril 1986

 

Le site est passé à sa troisième version.

N'hésitez-pas à nous transmettre vos commentaires !
Merci de mettre à jour vos liens.

Si vous n'êtes pas transferé automatiquement dans 7 secondes, svp cliquez ici

 

 

< N° Précédent | | N° Suivant >

N° 844 - avril 1986

Par tous les moyens   (Afficher article seul)

Au fil des jours   (Afficher article seul)

« L’an 2000 »   (Afficher article seul)

Commentaires. Exemple de séquence Les obstacles. Les moyens. Le coût. Participations possibles.

Métro gratuit ?   (Afficher article seul)

L’inadmissible esclavage   (Afficher article seul)

À propos de « l’Economie libérée »   (Afficher article seul)

^


Par tous les moyens

par M.-L. DUBOIN
avril 1986

La difficulté que nous éprouvons à faire « passer » nos propositions provient essentiellement du fait qu’elles bouleversent les habitudes de pensée de nos contemporains. Ceux-ci, en général, ne voient pas la nécessité de changer ces habitudes parce qu’ils ne mesurent pas l’énormité des transformations qui se produisent au cours de cette époque exceptionnelle que nous sommes en train de vivre, ils ne ressentent donc pas la nécessité de s’y adapter. C’est ainsi que, pour nous faire comprendre, il nous faut d’abord sensibiliser les esprits, donc faire un travail d’information : ouvrir les yeux de tous ceux qui ne voient pas à quel point TOUT est en train de changer, et à toute allure. Et pour un aussi gros travail, il nous faut utiliser tous les moyens possibles.
Le plus accessible de ces moyens, après la propagande individuelle de bouche à oreille, c’est évidemment la Grande Relève. Les distributistes ont toujours manifesté leur attachement à ce journal, parce qu’il est le leur, depuis sa création par J. Duboin en 1934. Ils le soutiennent depuis plus de cinquante ans, et ils s’efforcent de le diffuser le plus largement possible autour d’eux, comme nous nous efforçons d’en améliorer la présentation afin qu’il soit mieux diffusé par la voie « officielle  », c’est-à-dire par les NMPP et ses revendeurs.
Parmi les autres moyens, citons, pour mémoire, les livres que les distributistes écrivent. La difficulté est toujours au niveau de la diffusion : il faut trouver un éditeur, qui permette au livre de sortir du cercle des convaincus.
La récente campagne électorale pour les législatives a paru, à certains d’entre nous, l’occasion de tenter un nouveau moyen de diffusion. Ils pensaient que les médias de l’audio-visuel seraient alors largement ouverts à toutes les listes officiellement déposées. C’est pourquoi, n’écoutant que son enthousiasme et ses solides convictions, et fort d’une certaine expérience, Guy Marchand a pris la tête d’une liste à Paris. Il faut rendre hommage ici à l’énergie qu’il a déployée pour venir à bout de la tâche qu’il s’était assignée, et remercier les distributistes dont l’aide financière lui a permis de réunir les fonds nécessaires. Grâce à ces efforts, la liste « pour une économie libérée  », qui était une liste d’union entre Distributistes et Citoyens du Monde, a pu figurer dans trois circonscriptions : Les 5e, 15e et 19e arrondissements. Malheureusement, la Haute Autorité de l’Audio-visuel a pris la décision de n’ouvrir les antennes officielles qu’aux formations politiques présentant des candidats dans au moins 22 circonscriptions ! Guy Marchand n’aura dons pas eu l’accès à la télévision sur lequel il comptait...
Alors, il faut essayer d’autres moyens.
Et justement, il s’en présente un que nous n’avons pas encore essayé : le cinéma.
Racontons brièvement comment les choses se sont passées.
Au début de l’année dernière, une revue bimensuelle, le Troisième Millénaire, a publié une série de quatre articles que son directeur, B. Totvanian, ouvert à nos thèses par un distributiste efficace, m’avait demandés. Pour MATIAS, responsable d’une association de réalisations cinéma- vidéo, l’économie distributive fut, selon ses propres termes, « une découverte et cette vision des structures économiques s’installa rapidement dans son esprit. Et aussitôt l’idée d’en faire un film s’imposa à lui ».
Septembre 1985 - Janvier 1986 : premiers contacts... Proposition de Matias, acceptation et mise en route d’un projet de film, adaptation libre des « affranchis de l’an 2000 ». Le projet nous est présenté à la date promise. Après quelques rencontres informelles, avec également A. Giel, puis la présentation d’un premier projet de scénario, la décision est prise de soumettre l’idée aux distributistes : c’est à eux de décider si l’idée de faire passer leurs propositions à travers un film les séduit, car ce n’est que s’ils manifestent leur volonté de soutenir un tel film, qu’on pourra le démarrer.
En effet, nous avons demandé à Matias de nous expliquer comment se lance un film, qui fait quoi dans un film (rôles respectifs du producteur, du réalisateur, de l’assistant de production etc), par quoi il faut commencer, quelle somme il faut pouvoir réunir au départ, comment trouver un réalisateur et les fonds supplémentaires, puis quels délais il faut prévoir et enfin comment en assurer la diffusion. C’est l’ensemble de ces explications que Matias a rédigées pour nous dans les pages que la Grande Relève consacre à ce projet dans le présent numéro. Et qu’il est prêt à compléter si nécessaire.
Il est venu les présenter à la commission de rédaction du journal, fin février, et nous avons retenu que, pour trouver un producteur, il fallait d’abord être en mesure de présenter un scénario complétement et parfaitement écrit. C’est donc cette première étape qui nous concerne. Et pour la franchir nous ouvrons une souscription à nos lecteurs et à tous leurs amis que ceci pourraient intéresser (pour ces derniers, nous pouvons envoyer sur demande un exemplaire du projet de scénario). S’ils sont nombreux à manifester leur intérêt en souscrivant, non seulement nous pourrons faire appel à un scénariste de profession, mais nous seront d’autant plus forts pour prouver à un éventuel producteur que le sujet mérite qu’il s’y intéresse.
Voici donc d’abord le « synopsis développé » élaboré pour nous par Matias, et auquel il a donné, provisoirement, car on peut le changer, le nom de « L’an 2000  ». Bien entendu, il prendra en considération toutes les suggestions (tant sur le titre, que sur des scènes ou des personnages, etc.) que nos lecteurs lui enverront au journal au cours du mois d’Avril.
Viennent ensuite une description succinte des obstacles à franchir, des moyens à réunir pour celà, une estimation générale des coûts de production et enfin un plan de développement tel que Matias le prévoit.
Ensuite, aux lecteurs de décider : s’ils sont prêts à agir pour que le film se fasse, un bulletin de souscription spéciale est prévu pour joindre leur contribution.
Personnellement, je crois qu’un film est un des meilleurs moyens actuels de nous faire comprendre. Nos contemporains sont saturés de discours, en particulier à cause de ceux des politiciens. Alors il faut les amener à réfléchir, mais... sans effort. C’est pour celà que j’ai « commis » un roman qui se lit facilement, et qui effectivement a touché des gens qui n’auraient pas supporté un exposé a priori « sérieux  ». Un film, sur le même thème ou presque, pourrait encore atteindre un nouveau public, celui qui n’aime pas lire. D’ailleurs nombreux sont les lecteurs de mon livre qui m’ont écrit qu’ils verraient fort bien un film sur le sujet. Maintenant que nous avons quelqu’un de métier qui a fait l’effort de concevoir un scénario, je pense que nous sommes sur la voie pour concrétiser un tel projet et je suis la première à souscrire...

^


Au fil des jours

par H. MULLER
avril 1986

« Les Etats-généraux des Etudiants de l’Europe » - L’invitation couvrait une pleine page dans LE MONDE du 16 janvier dernier » : hébergement et nourriture assurée gratuitement. Conférenciers délégués par l’I.F.R.I., par la Fondation des Etudes de Défense nationale. En coulisse : la Trilatérale, l’OTAN, l’Alliance Atlantique, sur un fond d’antisoviétisme de bon aloi. Ainsi sont conditionnés les Etudiants futurs propagandistes de l’Europe des multinationales. Dans les années 60, les fonds de la CECA finançaient ce genre de colloques où l’on matraquait des aréopages de notables, maires, syndicalistes, présidents d’associations, invités tous frais payés à un festival de propagande. Aujourd’hui, ce sont des Fondations américaines et autres qui pourvoient au financement des bonnes oeuvres de la Commission trilatérale.
Il n’y a jamais assez d’argent pour rembourser les assurés sociaux mais il coule à flot quand il s’agit de prédisposer l’opinion à la gloire du profit, de désinformer.
L’entreprise et la vie - A raison de 221 jours de présence pour chacune des 37 années de travail auxquelles il est astreint, le salarié qui atteint 75 ans, a consacré 65.416 heures au service de l’entreprise, soit un peu moins du dixième de la durée de sa vie (656.000 heures). Guère de quoi faire de l’entreprise le nombril de la société alors qu’elle n’est qu’une usine à profits, sans autre finalité, en dépit de propos hypocrites visant à légitimer LE COMPORTEMENT DE SES DIRIGEANTS.
La vie n’est centrée ni sur l’entreprise, ni sur le profit. Elle offre bien d’autres aspects autrement importants : l’éducation, la culture, le dépassement de soi dans les activités libres du loisir, les distractions, la vie familiale avec ses joies et ses épreuves, la communication avec autrui, la santé, l’environnement, le combat contre les pollutions, contre le bruit, contre les gaspillages, pour une meilleure justice sociale, les conditions d’habitat, la faim dans le monde, le désarmement, la gérance et l’organisation de la cité, l’entraide communautaire, le bénévolat, l’assistance morale aux malades, aux accidentés, aux déprimés, aux isolés.
C’est dire que l’Entreprise, les héraults du libéralisme n’ont pas à faire tout un plat. Le lâcher des prix - On sait ce qu’avait coûté aux consommateurs salariés, retraités et chômeurs, la liberté rendue aux prix par René-MONORY en 1980, le bond d’un certain nombre de service brutalement majorés de 50 % voire au-delà.
Gel des salaires sans gel des prix ? Loi instituant la flexibilité de l’emploi ? Où nos socialistes ont-ils la tête pour souscrire aussi sottement aux revendications d’une fraction ultra-minoritaire de l’électorat adverse, commerçants et autres prestataires de services ? L’hypocrisie est manifeste et l’image que donnent les socialistes à la remorque des affairistes et des marchands n’est guère de nature à encourager les votes en leur faveur. Escompter de la libération des prix une série de baisses durables ? Un pari bien aventureux eu égard aux appétits illimités du commerce, aux illusions des dévôts de la libre concurrence, au souci de « rattrapage » propre à maints secteurs, en matière de services plus particulièrement, là où, en général, la concurrence n’intervient guère.
Il eût été plus sage d’avoir l’oeil sur certains éléments des coûts et des prix : marges commerciales cumulées, assurances, rémunération des hauts cadres et dirigeants, loyers commerciaux, amortissements industriels et financiers, taux d’intérêt, tarif de la publicité, frais de représentation, de déplacement, de congrès, de recherche, de stages, honoraires des bureaux d’études. Il convenait surtout de renforcer les contrôles par la création de milices fiscales ayant mission de signaler les fraudeurs notoires étalant au vu et au su de leur entourage, un train de vie peu en rapport avec leurs revenus déclarés : clientèle des casinos, des cercles de jeux, celle des commerces de luxe, les acheteurs d’oeuvres d’art, les possesseurs de coffres à l’inventaire tenu secret. Il fallait enfin armer les associations de consommateurs, légalement impuissantes face aux usages du commerce, et à des prix souvent délirants.
Levée du contrôle des changes - Libre envol des profits vers les paradis fiscaux, coup de fouet au marché des monnaies, à la spéculation boursière, aux opérations de transferts des multinationales, pactole pour les importateurs branchés sur les pays à bas salaire, aggravation du chômage, inflation. On n’en attendait pas moins d’un gouvernement de socialistes pareillement dévoués à la cause du profit.
« Personne, a écrit J.K. GALBRAITH, ne doit supposer qu’il soit facile ou agréable de s’adapter à l’abondance. Au contraire, elle menace le prestige et la position de nombre de personnalités importantes. Elle expose un grand nombre d’entre nous à cette perspective plus affreuse encore qu’est l’obligation de repenser toute la situation. Nous touchons là aux intérêts les plus importants, ceux de l’esprit. Ces derniers temps, il n’y a rien qui ait soulevé davantage de problèmes pour les gens réfléchis, que de savoir pourquoi, dans un monde en proie aux difficultés, nous faisions un si piètre usage de notre abondance ». Et d’ajouter : « II est tellement plus facile d’être solidement ancré dans l’absurdité que de voguer sur l’océan agité de la réflexion ». (1)
Le financement des retraites - Accroitre les cotisations ? Reculer l’âge de la retraite ou en diminuer le montant ? Substituer au financement par répartition un financement par capitalisation ? Cette dernière proposition, chaudement appuyée par les Compagnies d’Assurances conduit à faire de la majorité des futurs retraités des candidats aux soupes populaires, faute d’être aujourd’hui en mesure d’acquitter aux Compagnies de lourdes primes supplémentaires en sus de leurs charges habituelles.
En matière de financement des retraites, il est certain que l’on s’approche d’un butoir. Ce n’est là, pourtant, qu’un faux problème créé par des usages monétaires au travers desquels nous apprécions une faible part seulement des richesses réelles et potentielles susceptibles d’être mises à la disposition des consommateurs. Une monnaie de consommation, concrétisée dans la carte de paiement à mémoires, jouant le rôle d’une monnaie - matière à usages polyvalents, gagée par toute ces productions excédentaires, détruites ou gaspillées, exportées au quart de leur coût, narguant les besoins de millions de retraités et de chômeurs, inexplicablement amputés de droits à consommer, rétablirait ceux-ci dans leurs droits.
Manque-t-on de lait, de beurre, de pommes de terre, de viande, de fromages, d’oeufs, de volailles, de poissons, de fruits, de céréales, de sucre, de vins ? Manque-ton de main d’oeuvre, d’équipements, de locaux, d’énergie, de charbon, de gaz ? Manque-t-on de chaussures, de vêtements, de livres, d’ustensiles et mobiliers de toute sorte  ? Certes, l’abondance n’est-elle pas générale et ne le sera-t-elle jamais. Du moins pourrait-on disposer, en faveur d’exclus du marché, de toute cette masse de surplus, aujourd’hui stockés, détruits ou exportés, que l’on ne parvient plus à vendre, surplus auxquels une monnaie de consommation, distribuée aux ayants-droits, laissant à ceux-ci lé choix à consommer, attribuerait la valeur d’une source de financement ?
Ni la diminution du nombre des actifs, ni l’accroissement de celui des retraités n’ont d’effet sur le volume de la production dont la progression, impulsée par les technologies nouvelles et l’abondance d’énergie, n’est freinée que par les exigences du profit, par des impératifs financiers. C’est dire l’absurdité de pénaliser par une amputation de leur revenu, ceux dont la production n’a plus besoin, sous prétexte que d’autres devraient leur transférer une part de leurs propres revenus.
Instrument providentiel pour financer les retraites sans prélèvement sur quiconque, la monnaie de consommation, inventée il y a près d’un siècle, a connu quelques applications maladroites sous la forme de bons d’achat, monnaie-timbre, monnaie-matière, et autres moyens de paiement non transférables. Un usage simplifié de la carte à mémoires lui rendra, demain, ses lettres de noblesses, transformant les comportements, mettant’ fin à l’insécurité.

(1) « L’ère de l’Opulence » Calmann Lévy Ed. 1961

^


LES DOSSIERS DE LA GRANDE RELEVE

« L’an 2000 »

Scénario (Synopsis développé)
avril 1986

Genre : Fiction
Personnages
Yves, 30 ans - responsable d’une « crêche/garderie » - Toulouse - apparait dans la 1ere séquence, entouré d’enfants dont il s’occupe - Jeux et visite des parents.
Marc : 40 ans - responsable d’une estive en montagne - Pyrénées - apparait dans la 2e séquence, en zone d’estive, dans ses activités quotidiennes avec les animaux et les systèmes de communications modernes qui changent la situation d’isolement de la montagne.
Edith : 20 ans - agent d’estive en montagne - travail avec Marc - joue de la guitare en toutes circonstances.
Anaïs : 40 ans - architecte - Paris - apparait dans la 3e séquence, dans son atelier encombré de maquettes. Elle travaille sur un ordinateur tridimensionnel pour générer les visions grandeur nature de ses maquettes. Réception d’un client.
Martin Ocent : 70 ans - inventeur - Lyon - apparait dans la 4e séquence chez lui. Martin Ocent est un personnage mythique dont l’histoire a retenu le nom : c’est lui qui fit basculer la conscience planétaire, vingt ans plus tôt, en inventant son fameux « colt » à transformer toute matière en billes d’or. La partie la plus étonnante de son histoire reste la transformation irréversible et inattendue, des mentalités humaines qui, en quinze ans, grâce à la prise de conscience du rôle de la monnaie, provoquée par son invention et l’écho qu’en ont donné les médias, ont épousé consciemment le point de vue de l’économie distributive.
Claire : 30 ans - agent de santé - Joinville - apparait dans la 5e séquence sur une barque flottant au fil de l’eau d’une rivière large et paisible avant de rejoindre en vélo le centre médical « Santé connexion ». Elle y retrouve son groupe de travail avec lequel elle fait une séance de relaxation.
Pierre : 50 ans - travail à l’atelier récupvidéo de Strasbourg. Il apparait dans la 6e séquence aux prises avec un client qui cherche du matériel d’occasion (voir exemple de séquence).
Max : 25 ans - convoyeur passageur minibus - Paris - Apparait dans la 7e séquence dans ses activités centre ville banlieue, ainsi qu’autour de son quartier général « le Central Taxi Chaud ». C’est là qu’il rencontre un ami revenant de Chine. Cela lui donne des envies de voyage.

8e séquence et suivantes : Max consulte l’écran « festivals informations » dans le hall du Central taxi chaud. « Carnaval de Venise » voilà ce qu’il lui faut ! Max programme l’ordinateur de son réseau « 6 places pour le Carnaval de Venise, départ dès que complet ».
Yves, Marc, Edith, Anaïs, Claire et Pierre montent dans le véhicule astucieusement équipé des plus récentes créations technologiques à l’usage des transporteurs indépendants.

Le climat spontané de convivialité qui règne en cette époque d’économie distributive consciemment assumée, transforme vite les rapports entre les individus. Ils se révèlent, s’éclairent, se suscitent et nous étonnent par la subtilité instinctive de leur communication. Aux abords de Lyon, Max charge un nouveau voyageur qui n’est autre que Martin Ocent. Martin se rend à Venise pour y retrouver ses petits enfants de retour d’un voyage dans le Lumbaland, en Afrique. Il monopolise un moment l’intérêt des passagers en exhibant ses photos souvenir qui donnent lieu à quelques flashes back : 1990, Martin Ocent, petit fils d’horloger suisse et fils de banquier, invente le premier appareil à transformer toute matière en or fin. 1992, il fait distribuer par les pères Noël de Genève des milliers de « colts pour fabriquer de l’or » aux enfants. 1993, son célèbre procès qu’il gagne grâce à la vente dans les distributeurs automatiques de son procédé simplifié, qui déborde la situation. 1995 : face aux crises de plus en plus profondes du système monétaire et la prise de conscience de population : le, congrès mondial des banquiers pour étudier la transition vers l’économie distributive. Elections démocratiques mettant en place le système distributif.
Venise Martin quitte ses compagnons. Max et les six autres restent ensemble. Après avoir, circulé avec les costumes de personnages caricaturaux du passé qu’ils avaient préparés pour l’occasion, ils les abandonnent au profit d’une marionnette géante découverte par Max dans un atelier vénitien l’allégorie du serpent monétaire, recouvert des anciens billets de banque géants de toute la planète. Ils déambulent dans la ville, déclenchant l’hilarité, rencontrant parfois, au détour d’une ruelle, des personnages représentant une caricature... de Martin Ocent.

Le hasard les rassemble de nouveau dans Venise, les petits enfants de Martin avec eux, Christiane et son frère William. Les jeux et les situations du Carnaval s’entremêlent et un double coup de foudre Yves-Christiane et William-Anaïs va les faire reprendre le bus de Max, quelques jours plus tard, en direction de La Roche Vallée, le petit bourg natal de Martin, dans les Alpes suisses.
Max reprend la route vers Paris avec Edith, Pierre, Marc et Claire tandis que les autres restent à La Roche Vallée pour assiter à la réunion du conseil municipal. En fin de soirée, la gestion des affaires courantes concernant les échanges de la commune avec la région et l’Europe touche à sa fin. Les discussions se portent sur la situation dramatique de la ville Africaine du Lumbaland jumelée au Bourg, où la plupart des gens ne mangent pas encore à leur faim. William et Christiane racontent leur mission au lumbaland et montrent bien l’impossibilité actuelle des pays sans ressources de pratiquer l’économie distributive. Le conseil municipal qui se poursuit toute la nuit prend pour l’occasion, des allures du conseil des sages qui énumèrent des propositions de solutions qui révèlent la conscience étonnante pour tous des individus pratiquant les métiers les plus simples, dans une société adulte.

A la sortie du Conseil, Edith inonde des sons de sa guitare électrique les premiers pas émus et silencieux du conseil du village dans la lumière de l’aube naissante.

COMMENTAIRES

Destiné à la réalisation d’un film de fiction, le scénario emprunte au style documentaire, dans le sens où il se présente en partie comme un document sur une société future : à ce titre, il n’y a pas d’histoire à proprement parler avec un scénario à suspens, une intrigue avec une chute à la fin. Il s’agit plus de vies quotidiennes que d’aventures fantastiques.
Les principaux personnages apparaissent d’abord en tant qu’individus et principalement en tant qu’individus dans leurs activités professionnelles. Ils se développent ensuite dans des situations à différentes échelles dans le rapport individu-société :
- dans le groupe lors du voyage en minibus,
- dans la foule lors du carnaval de Venise,
- dans la commune lors du « conseil municipal » dans les Alpes,
- dans la famille à leur retour du voyage,
- dans la civilisation lors de leur confrontation aux informations planétaires.
Comment apparait l’économie distributive dans ce projet de film  ?
- Elle apparait d’abord en tant que décor ou cadre technologique  : utilisation d’objets qui lui sont liés (carte magnétique, vélos communaux, robots balayeurs dans la rue etc), circulation des personnages dans un univers technologique quotidien qui, à la fois, la permet et en découle (terminaux d’ordinateurs, visiophones, omniprésence de l’écran T.V. au service des besoins, mais aussi absence d’affiches publicitaires dans la rue, pas de poids lourds sur les autoroutes etc).
- Elle apparait ensuite en tant que société conviviale  : moins d’agressivité dans les rapports entre individus, efficacité et douceur dans les comportements.
- Elle apparaît en tant qu’organisation autogestionaire dans le « conseil municipal ».
- Elle apparaît enfin en tant que courant de pensée, en tant qu’agent de transformation de l’opinion publique dans les informations télévisées au sujet d’une campagne électorale ou la formation « Démocratie directe » (expression politique de l’économie distributive) est en train de remporter les élections.
La trame des relations sentimentales entre les différents personnages participe à l’impression de cohérence de cet univers quotidien dont les principaux axes se résument donc ainsi : technologie moderne-société conviviale- économie distributive.

EXEMPLE DE SÉQUENCE

De l’idée de départ au « synopsis  », il y a déjà un développement, une mise à plat de l’idée avec ses ramifications. Le « synopsis développé », c’est le squelette, doublé du système nerveux, du scénario... après quoi vient la « continuité dialoguée » qui affirme le scénario et surtout qui commence à proposer des dialogues définitifs... et découpage plan par plan et puis et puis...

Séquence 6 (scénario)

Une rue animée... Des véhicules en tout genre... Beaucoup de piétons circulent en fait avec des patins à roulettes. De nombreux cyclistes, triporteurs, scooters, traversent l’espace.
Arrive du fond de la rue une espèce de pousse-pousse à moteur, téléguidé par Pierre (la cinquantaine). Le véhicule est incroyablement chargé d’un volume impressionnant de vieux postes de télévision (à la limite des lois de l’équilibre). Pierre se fraye un passage entre les groupes animés de la rue qui discutent et s’activent à des tâches diverses (personnages et costumes colorés). Le pousse-pousse vire à droite et pénètre par une porte vitrée dans un grand atelier où travaillaient 3 ou 4 personnes. Pierre fait pivoter le pousse-pousse puis arrête le moteur.
Pierre : « Eh voilà la « récolte » venant du quartier X. »
Tous l’aident à décharger. Sous le dernier poste format géant, (dans le téléviseur vide de toute son électronique) apparait un type recroquevillé qui se déploit aussitôt, et demande hilare
L’homme : « Les ateliers « Intercontinental Recup Vidéo  », c’est bien ici ? »
Pierre, un peu ébahi : « Oui, oui »
Le type montre entre ses doigts une minuscule vis (2 ou 3 mm de longueur).
L’homme : « Voilà. Je voudrais l’ensemble TV-vidéo system qui va avec cette vis ».
Immédiatement Pierre sort une grosse loupe de poche.
Pierre : « Hum, Hum, c’est une 937 microns JVC Thomson 85, modifiée 97, répertoriée sur mémoire MX 014 »
Il commute un écran mural et fait défiler des chiffres pendant un petit moment. Mimique de l’un et de l’autre.

Pierre : « Ah... Voilà. Il vous faut un boitier JVC TH 85 modifié 97, 3 formats possibles. Lequel voulez- vous ?
Pierre montre du doigt un de ces collègues qui les apportent,

empilés les uns sur les autres. Son visage est juste encadré dans le poste du milieu.
L’homme : « Celui-là, au milieu »
Pierre : « OK. Après quoi, pour les transistors... »

(On n’entend plus le dialogue, qui se fond dans un thème musical). Pierre et le client gesticulent au rythme de la musique : Pierre regarde alternativement le client, puis l’écran, le client regarde alternativement Pierre et un collègue, arrivant chaque fois avec un choix variable de matériel (dont une fois avec l’air penaud et les mains vides et une autre fois avec une gerbe monumentale de cables avec des embouts différents). Le rythme s’accélère petità-petit (style Charlie Chaplin). Le client disparait peu à peu sous les composants et les accessoires qu’il porte sur lui, jusqu’à être entièrement caché. A la fin, le client se retrouve assis sur le pousse-pousse, chargé de tous ses articles. Le moteur démarre on ne sait comment et l’engin surplombé du client disparait en trombe.
Vue dans la rue de l’engin qui file entre les passants, et de Pierre qui lui court après et le rattrape. Le client et Pierre, arrêtés, discutent, puis celui-ci revient vers l’atelier.
A l’intérieur de l’atelier, Pierre se dirige vers un tout petit écran (même design que celui d’Anaïs). Il cherche le compte du client puis soustrait la somme correspondant aux articles emportés. Pierre rejoint ensuite les autres membres de l’atelier, s’activant sur des établis à démonter, remonter, etc., des appareils. Nous assistons à quelques scènes de réparations.

LES OBSTACLES

Une fois le scénario adopté, les principaux obstacles pour la fabrication d’un film sont le coût de production et les possibilités de distribution. Aussi peut-on considérer qu’un projet de réalisation décolle vraiment lorsque le contrat triangulaire scénario- production-distribution est définitivement signé. Cela peut prendre quelques mois comme 10 années avant que ces premières démarches se concluent par un succès. Après quoi tout peut aller très vite. En France, en moyenne, 5 semaines de préparation, 5 semaines de tournage/post production.

LES MOYENS

Mener une production avec les moyens dont nous disposons ressemble à la trajectoire d’une coureur de fond doublé d’un parcours d’obstacles. (L’association a produit et réalisé une dizaine de courts métrages. C’est son premier projet de long métrage).
Le premier moyen/obstacle est le fameux triangle scénario-production- distribution. Trouver l’argent. Et c’est là que nous devons faire preuve d’innovation, comme pour tout projet de film pi voit le jour et encore plus du fait, du sujet choisi pi remet en question des organismes spécialisés dans l’aide à la production, comme l’aide à la réécriture du scénario, le fond de création audiovisuelle (géré par le C.N.C, regroupement TF1, A2, FR3, RFO, INA, SFP), l’avance sur recettes, l’aide à la musique de films, des aides directes intervenant dans la phase initiale de recherche et d’élaboration des projets, notamment au moment de la préparation financière de sa production.
Aujourd’hui, il est de plus en plus rare qu’un producteur prennent des risques seul. Il s’agit presque toujours de coproductions. Tout financement non autogéré par l’équipe de réalisation (possible seulement pour des courts métrages ou des longs métrages de reportages/conférences) ou non financé en totalité par les capitaux privés d’un groupe de production, doit avoir l’agrément du C.N.C (Centre National du Cinéma) pour bénéficier d’aide à la production.

COÛT DE PRODUCTION

Pas de problème de temps lié à la disponibilité des techniciens : le chômage ne les épargne pas, mais là comme partout, la qualité des rapports humains est un facteur primordial de réussite...

A titre d’exemple, le barème hebdomadaire minimum des techniciens de la production cinématographique 86 donne un salaire de 3 708 F pour un costumier maquilleur, 4 606 F pour une script, 6 195 F pour un caméraman, 9 862 F pour un réalisateur.
Un film peut employer entre 20 et 500 personnes. En dehors des salaires des techniciens et des acteurs et les charges sociales correspondantes, les autres postes budgétaires principaux se répartissent entre le fongible (pellicule etc...), la location de matériel (studios tournage, montage), les frais généraux (hébergement, déplacement, assurances), les frais de post production.
Les budgets de la production et de la distribution sont indépendants  : avec la production, il faut avoir un regard sur la distribution (période la plus favorable pour la sortir en salles, publicité effective etc.). Alors, combien ? Cela fait peur au « spectateur moyen » pi paye 30 F son entrée : le coût production moyen 85 en France doit osciller autour de 13 millions (1,3 milliards de centimes). Le budget minimum doit tourner autour de 6 millions et le maximum autour de 40 ou 50 millions (130 M pour des productions internationales, U.S.A.).

LE COUT DU FINANCEMENT

Le coût du financement, en première estimation, peut varier énormément selon qu’il s’agit d’un film tourné en vidéo (diffusion possible seulement sur les réseaux T.V. et par cassette vidéo) ou d’un film tourné en 16 mm ou en 35 mm (diffusion possible en salle de cinéma comme en T.V.). Les télés films les moins chers peuvent s’envisager autour de 2 millions de francs, les films 16 mm aussi, sous certaines conditions, les films 35 mm, pas à moins de 6 millions.
« L’écriture cinématographique » coûte différemment selon les techniques employées : un plan fixe pour montrer une scène va coûter une heure de travail de l’équipe, la même scène approchée par dessus à partir d’une grue peut coûter 60 000 F de plus (il peut y avoir quelques milliers de plans dans un film).

PLAN DE DEVELOPPEMENT du projet et de recherche de financement

1er : avril 86 : Lancement de la souscription des lecteurs de la Grande Relève : suivant ses résultats quantitatifs, elle peut permettre d’amorcer la phase initiale du montage financier, en couvrant les frais généraux pi lui sont liés (déplacements, hébergements, temps de travail concernant l’écriture, la réécriture du scénario, téléphone, constitution des dossiers - avec étude d’un devis détaillé  -, tout fonctionnement lié aux contacts et démarches nécessaires au développement du projet), elle sera dans ce cas dépensée dès les débuts, après concertation ; elle peut permettre de faire participer les lecteurs de la Grande Relève au financement proprement dit, une fois le projet mis en route (repérage, tournage, montage etc...).
Minimum opérationnel : entre 50 000 et 100 000 F.

2e : printemps 86 : constitution des dossiers, écriture finale du scénario - continuité dialoguée.

3e : deuxième semestre 86 : Premier semestre 87 : recherche des partenaires.

Coproducteurs : C.N.C. (Cente National du Cinéma), Producteurs privés, chaînes de télévision, S.O.F.I.C.A., avances sur recettes, aides directes, sponsors (parrainage), souscription des techniciens et acteurs.

4e : (même dates) : recherche des partenaires distributeurs.

Suite du calendrier : fin 87 (2e semestre) préparation du tournage, repérage, tournage, post-production. Début 88 sortie du film en salle.

PARTICIPATIONS POSSIBLES

Il y a d’autres moyens pour nous aider : 3 types de souscriptions sont possibles en plus de la souscription financière
- une souscription au niveau du repérage pour les lieux de tournage vous paraissant correspondre au « décor » des différentes scènes du scénario, surtout si vous êtes responsables des lieux concernés et que vous les mettiez à disposition de la production, souscrivant ainsi au tournage.
- une souscription au niveau du temps de travail (*) surtout si vous êtes technicien du cinéma ou auteur mais aussi si vous avez une pratique parfois fort utile dans le cadre d’une réalisation, comme machiniste, peintre, maquettiste, décorateur, électricien, menuisier. Les souscriptions s’entendent avec rétribution au moment des bénéfices, s’il y en a.
- les SOFICA (Société de Financement des Industries Cinématrographiques et Audiovisuelle). Les SOFICA permettent aux particuliers ou aux sociétés de bénéficier d’un avantage fiscal particulièrement attrayant (déduction du revenu imposable de la totalité des investissements sous forme d’action ou de souscriptions - 10.000 mini.). En ce qui nous concerne, la stratégie consiste à former un groupe d’investisseurs prêts à soutenir notre projet puis à négocier avec une SOFICA l’attribution intégrale de cet investissement dans notre production. (Documentation des SOFICA sur demande).

^


LES DOSSIERS DE LA GRANDE RELEVE

Métro gratuit ?

par R. MARLIN
avril 1986

UNE OBSCURITE VOULUE

En 1936 certains hommes politiques préconisaient le poinçonnage des tickets de métro à l’entrée, mais aussi à la sortie des voyageurs, afin d’éviter le chômage (I), déjà... Plus tard nos camarades distributistes, prenant le contre-pied de cette initiative, lancèrent l’idée du métro gratuit. C’était le temps des petits trous dans les tickets et du poinçonneur des Lilas de la chanson populaire restée célèbre. Au-delà du folklore, voyons comment se posait et se pose le problème soulevé qui, comme on l’apprendra me présente pas que des aspects anecdotiques, humoristiques et superficiels.

Sans entrer dans des détails par trop techniques et particuliers, il est tout de même nécessaire de rappeler que la situation de 1936 me différait guère, en ce qui concerne la vente et contrôle des billets de celle d’origine et qu elle se perpétua, sur le métro proprement dit, jusqu’à la fin de 1973, comme mous le verrons plus loin. La vente était assurée dans la salle de distribution et la validation des différents tickets et cartes par un ou des poinçonneurs, suivant la disposition des accès aux quais. Des appareils étaient en place afin d’empêcher la resquille par le passage côté sortie (portes ou battants verrouillés). La fabrication des billets, d’abord obtenue au moyen de machines imprimeuses décentralisées fut ensuite regroupée dans un atelier spécialisé.

Le coût du péage comprend donc des frais de personnel (buralistes, poinçonneurs, contrôleurs sur lignes, imprimeurs, etc...) et des frais d’installations (aménagements des locaux et des accès, à l’investissement et à l’entretien). Cette notion de charges de personnel englobe aussi les agents de maîtrise, les cadres et cadres supérieurs, y compris au niveau des autorités de tutelle et des ministères qui, à un degré quelconque travaillent et réfléchissent à la conception et à la gestion du paiement du transport en général.
Il convient de remarquer, dès ce stade du raisonnement, que le personnel vendeur ou poinçonneur avait également une fonction de présence humaine sur les quais et dans les accès dont on mesure mieux l’importance dans les circonstances présentes.
Si le coût direct du personnel peut, dans une certaine mesure, être évalué avec précision, à condition de se trouver en possession des documents de référence, le coût indirect et les frais supplémentaires dus aux dispositions spéciales nécessitées par le péage est difficile, sinon impossible à chiffrer. Ajoutons que, à l’époque des premières propositions de gratuité, il était impossible d’en évaluer le coût. (Le coût direct est encore imprécis pour mous en 1986, dans la difficulté où mous sommes de retrouver les bilans financiers indispensables). N’oublions pas que, pour des raisons que mous verrons plus loin, les sommes correspondantes ont été soigneusement dispersées dans différentes rubriques afin d’en empêcher la totalisation.
On peut toutefois penser que la suppression de toutes les charges dues au paiement du transport aurait pû, au cours de la période qui se situe entre 1936 et 1973, équilibrer en totalité ou en grande partie la perte des recettes voyageurs.
Un autre motif inavoué s’opposait à une telle mesure : le chute importante, de l’ordre de cinq mille emplois, qui en aurait résulté. C’est ce qui explique que la proposition des distributistes ait fait, dès l’origine l’unanimité contre elle : gouvernement, directions, syndicats des différentes obédiences et des différentes catégories, ainsi m’est elle pas parvenue à la notoriété suffisante pour obtenir le soutien de ceux qui auraient pû la défendre : les usagers.
Par contre l’intérêt, plus que réduit, du travail de poinçonneur, malgré le contact avec le public qui l’enrichissait un peu, avait, surtout après la seconde guerre mondiale, suscité le détachement des intéressés et la mauvaise conscience des responsables. Ces remords allaient être apaisés par la vague d’automatisation survenue à partir de 1968. Le progrès technique se substituait, sur ce point, à la gratuité (2).

L’AUTOMATISATION DU CONTROLE

Les premiers tourniquets furent installés sur le réseau métro en 1968-69 et sur la section Nation-Boissy-Saint- Léger du R.E.R. inaugurée le 12 décembre 1969. La première phase d’automatisation du métro proprement dit fut achevée à la fin de 1973, date à laquelle les poinçonneurs ont disparu et ont été reclassés ou ont pris leur retraite. Les portillons étaient débloqués, au début, par l’introduction de billets ordinaires, identiques à ceux des autobus depuis l’unification réalisée en 1967. Ce fut d’ailleurs une période, de plusieurs années parfois, tout-à-fait faste pour les fraudeurs, car il suffisait d’introduire dans les composteurs un carton ordinaire au format adéquat pour débloquer les tripodes. La hâte des autorités et de quelques responsables avait été telle qu’ils n’avaient pû supporter d’attendre la magnétisation des billets et celle des appareils, termimée seulement en juillet 1974. Une précipitation qui a coûté bien cher à la R.A.T.P., donc à la collectivité-et a accru la tentation à chercher des moyens de me pas payer.
Le système fut complété, au fil des années, par des distributeurs de tickets à codage magnétique, aussi bien à l’usage du public qu’à celui des buralistes-receveurs. Le traitement informatique des titres de transports contrôlés par plus de 2000 têtes magnétiques est centralisé dans un immeuble du Boulevard Bourdon au moyen d’un réseau câblé, dont la longueur dépasse 32000 km, et de douze ordinateurs.
L’investissement nécessaire pour toute ces installations a été très élevé et, au reste, encore une fois, extrêmement difficile à chiffrer en raison de son étalement sur plusieurs années et de sa répartition sur des lignes budgétaires très variées. Vive la transparence des documents administratifs  ! - La durée d’amortissement de ces capitaux varie, suivant les spécialistes, entre deux ans et l’infini ! C’est dire l’imprécision et le vague des financiers sur un point aussi important pour l’orientation qui nous intéresse ici. Peut-être des études exhaustives existent-elles, mais, dans ce cas, elles sont tenues soigneusement confidentielles.
Sans être tout-à-fait complet, il convient néanmoins d’évoquer le R.E.R. dont l’interconnexion, de plus en plus poussée avec les lignes de banlieue parisienne de la S.N.C.F., poserait le problème de l’extension de la gratuité éventuelle à cette partie du réseau de la société nationale (3). Afin d’éviter, au moins dans un premier temps, une telle complication, il faudrait, peutêtre se limiter au métro urbain. - Le système de péage doit aussi s’adapter à une tarification devenue de plus en plus compliquée avec le temps et, il faut bien le dire, la démagogie des autorités de tutelle qui ont instauré des différenciations innombrables entre les prix payés par les différentes catégories de voyageurs. Par contre la carte orange, bien que s’ajoutant aux titres de transports existants, sans en supprimer jusqu’à présent, apporta une simplification relative dans la perception du prix des places, en 1974. La structure des péages évolues techniquement vers une maintenance plus réduite, car elle fut longtemps hors de prix, et vers une plus grande décentralisation, afin de limiter le nombre des pannes générales (4) ; tout ceci grâce a l’emploi généralisé des microprocesseurs.

LA GRATUITE PAR LA FRAUDEET LA GREVE !

Toutes ces dispositions ne suppriment pas la fraude. L’esprit traditionnellement fertile du parisien dans ce domaine s’est toujours exercé ; il a été attisé par les décisions maladroites parises entre 1969 et 1974, ainsi que nous l’avons vu ci-dessus. Le transporteur a réagi tous azimuts en lançant des campagnes d’affichage (« Frauder c’est bête  »), des études par sondage a prétention scientifique en vue de classifier les différents types de fraudeurs, de la répression par intensification des contrôles, enfin des dispositifs divers (portes et portillons anti-fraude). Ces appareils sont en cours de généralisation. Mais un reliquat très difficilement réductible semble être admis a l’instar du vol dans les grandes surfaces. A quel niveau se situe la fraude ? Il est également délicat de répondre à cette question. D’après des recherches internes le taux aurait atteint 5,6 % en 1981, 4,6 % en 1982 et 4,3 % en 1983 sous l’effet des mesures précitées. Cette fraude présente un caractère irritant car c’est finalement le contribuable et l’usager âgé, honnête ou malhabile qui paient à la place du fraudeur. Cette affaire serait évidemment règlée par le métro gratuit. Le bourrage et le bris des composteurs cesseraient.

Des « Groupes d’action pour la gratuité des transports qui ne se manifestent apparemment plus, ont engagé à frauder. D’autres veulent atteindre la gratuité par la grève. L’idée apparaît, en mars 1951, dans le journal Agir ’des Groupes d’action pour l’économie distributive. Dans les années 1975 les Groupes de salariés pour l’économie distributive reprennent le mot d’ordre d’une grève de gratuité dans les transports, première étape de la grève générale productrice et distributive qui était censée déboucher sur l’instauration de l’économie distributive (5). La date était même fixée : du 1e’ au 31 août 1975. Ce fut un échec complet pour deux raisons d’ailleurs prévues mais écartées : ce type d’action est illégal et il n’engage que le personnel chargé du péage. Sans oublier que la structure nouvelle de perception décrite précédemment modifie l’aspect du problème, examinons un instant l’illégalité de la grève envisagée. Une action en faveur de l’économie distributive peut-elle amener ses adeptes à enfreindre la loi ? Oui disent les uns : le syndicat lui- même n’est légal que depuis 1883, le droit de grève date de 1864 et encore sous certaines conditions très restrictives  ; avant il fallait bien agir quand même, d’ailleurs « la loi n’est que la volonté du fort ». C’est que, justement, tout au moins pour le moment, et peut-être pour longtemps encore, nous ne sommes par précisément en position de force. Considérons, c’est du moins l’opinion du signataire, que la loi est surtout maintenant la sauvegarde des modestes, et travaillons patiemment a la diffusion de nos idées avant de lancer des directives inconsidérées.

UNE EVOLUTION ENCOURAGEANTE

Remarquons aussi que, sauf exceptions momentanées, nulle part dans le monde ni le métro, ni les transports publics ne sont gratuits. A Moscou le tarif unique devenu presque symbolique avec le temps, est de 5 kopeks soit 0,5 F environ au cours officiel. Des expériences de gratuité, à titre de promotion, ont été menées ces dernières années à Marseille et également à Paris lors du lancement de prolongements nouveaux. Dans quelques villes moyennes (Boulogne-Billancourt, Issy-les- Moulineaux, Montpellier, etc...) les lignes de transport municipales sont gratuites pour l’usager, étant entendu que la collectivité locale verse au transporteur qui les assure le prix de son service.
Enfin chacun sait que, depuis le 1e, octobre 1983, les employeurs sont tenus de rembourser à 50 % les frais de déplacements domicile-travail de leurs salariés. Ce point qui peut être considéré comme un premier pas vers la gratuité, bouleverse complètement les données de notre étude. (6)

LA GRATUITE VUE DE« L’INTERIEUR »

Comment se présente la question posée vue de l’intérieur de l’entreprise elle-même, la R.A.T.P.  ? L’on peut considérer comme purement corporatiste la réaction de ceux qui ne manqueront pas de trouver tout a fait insupportable la perte du contrôle des sommes importantes : 4,6 Md F pour le R.E.R. perçues directement sur les usagers (7). On retrouve là l’état d’esprit de personnes qui, à tous les niveaux, ont la sensation que l’affaire est leur chose et leur appartient presque, ce qui est évidemment faux.
Le point essentiel où se retrouveraient la quasi-totalité des agents, de ceux d’exécution, jusqu’aux responsables les plus élevés, serait la diminution des effectifs qui pourrait atteindre environ 3000 personnes dans l’hypothèse de la gratuité complète, 2500 dans celle du réseau ferré et 2000 dans celle du seul métro. Ces chiffres estimés approximativement tiennent compte de la suppression des postes de receveurs-buralistes, de contrôleurs et de tout le personnel commercial en général. Etant entendu que les receveurs d’autobus et les poinçonneurs de métro ont déjà disparu. Bien sûr tous ceux qui s’occupent de publicité ou de promotion du transport (8), à l’intérieur comme a l’extérieur de la societe seraient également touches ; l’accès libre etant une incitation suffisante. Ajoutons aussi qu’il faudrait limiter l’absence des agents dans les stations, afin d’assurer la sécurité. Rien que ce chapître suppose une véritable révolution dont on ne voit pas bien quelle force serait capable de l’imposer dans l’etat actuel des mentalités et, en considération du niveau de chômage atteint.

L’ASPECT FINANCIER

Continuons a être concret et citons quelques résultats financiers de l’année 1984 : les charges d’exploitation étaient de 13291 MF dont 7921 MF soit 59,6 % pour les charges de personnel. Les recettes directes du trafic de 4969 MF, les remboursements pour réductions tarifaires et l’indemnité compensatrice pour non- augmentation des tarifs, au total de 7520 MF, soit une répartition de 34 % payés directement par les voyageurs. 27 % par l’etat, 18 % par les employeurs, 12 % par les collectivités locales et 9 % de recettes diverses (9).
Il résulte de ces éléments que si l’on désirait passer a la gratuite sur l’ensemble du réseau R.A.T.P. en recherchant la compensation des sommes perdues, c’est environ 4 Md F qu’il faudrait trouver, soit 3 de la contribution actuelle de l’etat, 0,1 % du produit intérieur brut marchand ou 0,47 % des recettes du budget national. Ce montant serait réduit à 2, 5 MdF pour le réseau ferre et a 1,6 MdF pour le seul métro.
Ces calculs sont faits sans tenir compte d’une éventuelle augmentation du trafic résultant de la gratuité qu’il parait impossible de chiffrer et dont on peut admettre qu’elle se stabiliserait assez vite : pourquoi voyager lorsqu’on n’en a pas besoin ? mais dont d’autres diront qu’elle sera forte : pourquoi se priver de transports publics lorsqu’on peut le faire gratuitement ? Ils affirmeront que cet accroissement de fréquentation nécessitera un renforcement en materiel et en personnel qui renchérira le coût estime. Ils citeront en exemple les lignes déjà surchargées et se référeront aux études faites lorsqu’on imaginait une crise de l’approvisionnement pétrolier telle qu’aucune automobile ne circulerait plus dans les villes.
Quoiqu’il en soit comment ventiler les 4 MdF recherches ? Plusieurs solutions peuvent être envisagées. D’abord celles déja proposées par la R.A.T.P." pour lui permettre d’investir plus sans augmentation importante des tarifs : a savoir participation accrue des grosses sociétés et des grandes surfaces de vente (10) dont le personnel et les clients sont véhiculés en toute sécurité et sans perte de temps. Ensuite prélèvement augmente sur la Taxe intérieure sur les produits pétroliers payée par les automobilistes en contre-partie des facilites de circulation obtenues grâce aux transports en communs. Enfin, financement au moyen de l’impôt national ou local. Le premier serait mal vu des provinciaux qui n’utilisent pas les transports parisiens ; le second serait élevé : 4 milliards de francs font environ 400 F par habitant de la région (11) et par an. A ce sujet les habitants de Lyon et de Marseille déja pourvus de métros et d’autres villes qui le seront ou possèdent des transports routiers ne manqueraient pas de réclamer, eux aussi, la gratuite. Ils se plaignent dès à présent de payer leur billet plus cher que les parisiens. Sans compter que l’idée viendra ensuite à certains de réclamer l’eau, l’électricité, le gaz gratuits, mesures qui nous rapprocheraient de l’economie distributive...

LES ASPECTS PSYCHOLOGIQUES

Arrêtons-nous un instant sur un argument psychologique souvent ignore par les distributistes et qui va d’ailleurs a l’inverse de la crainte de surcharge. Il s’agit de la désaffection et, souvent, de la dévalorisation qui tend à affecter tout ce qui est gratuit. L’eau du robinet est presque gratuite il ne faut donc pas en boire, mais acheter de l’eau minérale ; des services médicaux ou des médicaments sont gratuits : ils sont donc forcement inefficaces, il faut payer cher pour être bien soigné, etc... Il est vrai qu’un réflexe ancestral tend à associer qualite et cherté. Remarquons, quand même, que les consommateurs s’affranchissent de plus en plus de ce genre de sophisme et que l’une des caractéristiques du mouvement qui les rassemble en grand nombre est la quête du meilleur rapport qualité- prix ; alors quand le dénominateur est nul...

LA TRANSITION

L’une des préoccupations majeures des lecteurs de la G.R. reste les moyens de transition a proposer et a développer en vue de passer à la nouvelle économie. Un groupe de travail se penche actuellement sur cette importante question. La principale difficulté de cette démarche est que le fonctionnement des deux systèmes est incompatible. Ainsi l’une des thèses favorites de M.. Pierre Drouin du journal « Le Monde » et qui lui sert à refuser toute allusion, même légère, aux idees de Jacques Duboin dans ce journal, est que nos propositions sont inflationnistes. Il est exact qu’elles le sont souvent dans le cadre du régime capitaliste et comme M. Drouin est incapable d’en imaginer un autre... Elle ne le sont nullement a partir du moment où la monnaie gagée sur la production s’annule à la première transaction. D’autres, au contraire, surtout parmi nous, raisonnent comme si nous étions déjà installes dans la nouvelle economie et lancent des projets qu’il serait effectivement facile de réaliser dans ce cas, mais qui seraient néfastes a présent. C’est tout le problème du passage d’un système à l’autre et, il faut l’écrire c’est l’explication de quelques échecs des gouvernements du P.S.. Retenons que le parti socialiste, beaucoup plus puissant que nous, n’a pas obtenu le soutien estime nécessaire pour mettre en oeuvre sa stratégie prévue de rupture avec le capitalisme et, en attendant que les grandes lois du système ne soient plus considérées comme immuables par nos contemporains, restons modestes dans nos propositions.

Le métro gratuit est-il utopique ? Il est plutôt difficile à atteindre, comme nous l’avons vu. Malgré le remboursement partiel déja acquis en faveur des salariés, ce serait un slogan encore attirant et un moyen de transition envisageable. Il pourrait être décidé tout en restant provisoirement, dans le cadre des règles comptables actuelles (12). Chacun, après avoir pris connaissance des éléments du dossiers, en mesurera les chances de réalisation pratique. Pour ou contre le projet, il serait bon que les lecteurs se manifestent. Nous leur proposons un large débat a ce sujet. Les réponses à cet appel constitueront un test d’intérêt et nous permettront d’orienter notre stratégie dans ce domaine.

(1) Rappelé par L. Tissot dans « Quand le peuple s’éveillera ». Voir La G.R. de janv. 1986. Notons que, sur le R.E.R. actuel, où le tarif est différencié, les billets sont, effectivement contrôlés à l’entrée et à la sortie, ce qui est superflu avec le tarif unique.
(2) Pour plus de détails voir « Notre Métro » par J. Robert, chez l’auteur, 32, av. du Roule, 92200 Neuilly-sur-Seine.
(3) A signaler que La G.R. du 10 mai 1952 se fait l’écho d’une revendication pour un titre de transport S.N.C.F. gratuit en faveur des bénéficiaires de congés payés.
(4) Cas où les péages magnétiques sont mis en «  passage libre », souvent à l’insu des voyageurs, comme il est fait les jours de grève du personnel des stations.
(5) Voir La G.R. N° 726 de juillet 1975.
(6) Dans le même esprit, rappelons la suppression partielle de la 1ere cl. le 1er mai 1982.
(7) Dans tout le texte : MF = Millions de francs, MdF =Milliards de francs.
(8) Dont le budget, probablement sousestimé, est évalué à 15 MF en 1984.
(9) Il s’agit là des comptes courants de l’exercice. Les investissements qui se sont élevés à 2904 MF la même année ont été financés pour 61 % par les emprunts, 20 par des subventions d’équipement et 19 % par l’auto-financement.
(11) Selon la loi de décentralisation, c’est la région qui a la responsabilité des transports en commun urbains. Pour des raisons de préséance et surtout de financements ce principe n’a pas pû être appliqué, encore, en Ile-de-France.
(12) Il y aura alors, c’est vrai, redistribution. La transition peut-elle ne pas passer par là ?

^


L’inadmissible esclavage

par A. CHANTRAINE
avril 1986

L’inadmissible esclavage fait que les hommes, les femmes et les enfants sont obligés de vendre leur force de travail pendant que d’autres, sans fournir le moindre travail utile, vivent du placement de leurs capitaux après avoir exploité la force du travail.
Comme les travailleurs ne gagnent pas assez pour acheter ce qu’ils ont produit, ils doivent emprunter de l’argent à ceux-là mêmes qui ont créé des banques pour prêter cet argent.
En réalité, on vole le travailleur à chaque instant de sa vie.
Tant que les hommes resteront à ce point conditionnés, le monde vivra dans cet inadmissible esclavage.

^


À propos de « l’Economie libérée »

par P. VILA
avril 1986

Cette brochure de M.L. Duboin doit être la base d’une réflexion approfondie sur ce que pourrait être le fonctionnement de l’économie distributive et sur les modalités de son installation.
Il est donc important que tous ceux qui l’ont lue fassent part aux lecteurs de la Grande Relève des réflexions qu’elle leur a inspirées.
Nous publions ci-dessous une première réaction, à chaud, de notre camarade Paul Vila.

Oui, la fonction économique la plus mal maîtrisée est la distribution du crédit. Les tableaux capitalistes libéraux sont inhumains et in-viables. Pour l’instauration d’un salaire minimum social toute réforme réaliste doit cependant procéder par espaces-groupes assez homogènes : c’est ainsi qu’on peut penser, par exemple, qu’au départ l’Europe est un trop grand espace ou que les taux acceptables en France seraient inapplicables en Algérie,...

Quelques points importants à noter :
1 ° Le différentiel d’investissement, paramètre moteur d’un secteur économique est une fonction non-linéaire très sensible des variables du marché.
2° Au plan des travailleurs, le passage fluide de l’emploi-survie idiot à un métier actif exigerait tout ce que la gauche française promet plus une transparence des entreprises au chercheur d’emploi moyen et un communication des informations de l’INSEE et des banques d’investissement à tout individu les demandant : un vrai CNRS de l’entreprise nouvelle et actuelle avec ses cours, ses revues gratuites, etc... au lieu de pub bancaire. Cela irait de l’innovation technique aux prévisions du marché mondial.
3° Toute description est forcément une image-temps avec des barres d’erreur dès qu’on projette
en prévision, à cause des choix de consommation imparfaitement prévus et des nouvelles « relèves » du système par l’innovation scientifique et technique.
4 ° Il reste à faire un choix politique sur le contrôle des entreprises : si on fait sauter le monopole des banques sur le crédit, il semble qu’il faille en même temps prévoir une « justice industrielle » vigilante qui puisse réduire l’abus de pouvoir que constituerait le capitalisme technique libéré du contrôle bancaire. C’est qu’en effet la liberté totale peut devenir la tyrannie absolue aux mains de quelques mégalo-terroristes industriels. Là encore, la transparence des « groupes » à tout le monde reste à trouver.
5 ° En dehors de ces déréglements, la voie investissante régulière demande à être décrite dans la perspective d’une économie libérée, en même temps qu’une stratégie d’éducation libératrice qui dégagerait les individus vraiment aptes aux « affaires  ».
Les fonctions 2, 3 et 4 devraient permettre de fournir des modèles d’entreprise très souples à tout citoyen.
6° De toutes façons, le démarrage du nouveau système comporte une telle charge psychologique qu’il faudrait déjà avoir des exemples de ces fonctions 2, 3 et 4 toutes résolues.
QUI LE FAIT ?

^

e-mail