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Le Parti Socialiste vient d’annoncer qu’il met dans
son programme pour les prochaines élections le revenu minimum
garanti. Il rejoint ainsi la proposition que faisait Lionel Stoléru,
dès 1974, lorsqu’il était au ministère du Travail
dans un gouvernement de droite. Ceci est donc tout à fait conforme
à ce que nous annoncions ici- même dans l’éditorial
de Juillet dernier : « Alors même que les perspectives électorales
feraient croire que les partis politiques fourbissent leurs armes pour
s’opposer, on assiste en fait à un consensus, la droite et la
gauche se retrouvant parfaitement d’accord sur un point : il faut à
tout prix sauver la société capitaliste. Et comme le problème
du chômage la met en danger, il faut bien accepter l’idée
d’un revenu minimum de survie pour en atténuer les effets les
plus scandaleux ».
Mais ce revenu minimum pour les laissés pour compte, est-ce l’amorce
de l’économie distributive, comme le pensent des camarades, tel
notre ami René Martin dans les pages qui suivent ?
Je sais gré à Denis Clerc (agrégé d’économie
et sciences sociales, directeur de la revue Alternatives économiques),
interviewé sur ce sujet, le 18 novembre par « Libération
», d’avoir montré où se situe la divergence entre
nos propositions et celle des conservateurs du capitalisme, que ces
derniers se disent de droite ou de gauche. Je cite D. Clerc, décrivant
la motivation de ces conservateurs : « Le but recherché
par les libéraux est avant tout de simplifier les procédures
complexes qui président à la distribution des très
nombreuses allocations... que verse l’Etat Providence... » Ceci
correspond bien en effet à ce que déclare L. Stoléru,
dans le même numéro de Libération : il s’agit pour
lui d’instituer un revenu familial pour remplacer le SMIC « type
même du problème mal posé... et qui n’aboutit pas
à l’objectif fixé ». Et la démarche tout
à fait analogue que fait le PS s’inscrit ainsi parfaitement dans
la suite des efforts qu’il déploie depuis qu’il est au gouvernement
pour montrer qu’il est le plus zélé gestionnaire et défenseur
du capitalisme. Par contre, quand la journaliste de Libération
lui demande quelle est, à gauche, la motivation du revenu garanti,
D. Clerc répond : « L’idée de base consiste à
partir du fait que le progrès technique réduit le nombre
d’heures de travail nécessaires. A défaut d’un partage
du travail auquel la société capitaliste, spontanément,
ne se prête guère... il convient... de dissocier distribution
des revenus et activités productives. Telle est la thèse
avancée, en particulier, par Jacques Duboin, dans les années
30 et reprise aujourd’hui par le courant distributiste. Par rapport
aux positions libérales... la différence est importante
: la société assure à chacun un revenu à
vie, destiné à couvrir ses besoins, ou au moins ses besoins
de base ; en échange, chacun doit à la société
une part de son énergie, de son savoir, de ses capacités.
On ne travaille plus pour un salaire, mais pour la collectivité,
laquelle, en échange, garantit un revenu à vie ».
Soyons très clairs dans les débats auxquels nous allons
être amenés à participer. Le revenu minimum garanti
que proposent tous ces conservateurs est une REDISTRIBUTION, il s’agit
de prendre aux uns une part de leurs revenus pour donner aux autres
de quoi survivre... et se taire. Elle n’est l’amorce d’une société
distributive, au même titre que l’étaient déjà
les allocations diverses qu’elle se propose de remplacer, que dans la
mesure où tous ces reversements obligatoires constituent la preuve
qu’il n’est plus possible, au XXe siècle, de laisser fonctionner
librement les lois du marché. Mais la redistribution en opérant
un tri, place des millions d’êtres humains en condition d’assistés.
C’est une façon d’ENTERINER la société duale :
de permettre aux « battants » de continuer leurs luttes
fratricides et de condamner tous ceux qui n’auront pas « gagné
», et leur nombre ira en croissant de plus belle dans cette société
de compétition exacerbée, à n’être plus que
les clients dociles dont les premiers ont besoin, ils viennent de s’en
apercevoir. De plus, cette redistribution est absurde parce qu’elle
maintient une limite arbitraire à l’ensemble des revenus et un
obstacle à toutes les productions utiles, matériellement
et humainement possibles mais non « rentables », au sens
capitaliste du terme.
C’est la DISTRIBUTION au sens où nous l’entendons, qui peut permettre
à l’humanité d’avoir accès à l’héritage
prodigieux de techniques et de savoirfaire qui est aujourd’hui à
notre portée.
Ainsi nous avons appris officiellement par une question
au Président de la République, lors de sa Conférence
de presse du 21 novembre 1985, que l’instauration d’un revenu minimum
national est envisagée par le Parti socialiste. « L’idée
est bonne a répondu François Mitterrand, mais il faudra
du temps car l’imposer rapidement les finances publiques n’y résisteraient
pas ». Le journal « Le Monde » du 23 novembre 1985
ajoute que « la dureté des temps a fait imaginer et retenir
par le P.S. la créaction d’un revenu minimum et celle d’une garantie
contre les mutations qui permettrait aux travailleurs des régions
très touchées par les conversions industrielles de franchir,
grâce à une aide, un cap difficile. Le coût extrêmement
élevé de telles mesures (plusieurs dizaines de milliards
de francs) a fait dire à M. Strauss-Khan, chargé des études
au secrétariat national du P.S. « on ne peut dire à
la fois : garantissons un revenu minimum et baissons les impôts.
Contentons-nous de les stabiliser ». L’idée est dans l’air
depuis qu’elle a été mise en place en GrandeBretagne et,
notamment M. Bousquet dit Cacharel, maire de Nîmes l’a appliquée
(voir l’éditorial de Marie-Louise Duboin dans la G.R. de juillet
1985). Le P.S. ne pouvait l’ignorer sous peine de se faire « tourner
» sur sa gauche. Nous savons donc que, malgré les difficultés
évoquées ci-dessus, ce projet va figurer dans le programme
du parti pour les élections législatives de mars 1986.
D’autant plus facilement, que si l’on se base sur les sondages actuels,
le parti a peu de chance de devoir mettre en oeuvre cette mesure.
Bien entendu ce revenu mimimum social garanti (R.M.S.G.) ne serait,
comme ce nom l’indique qu’un minimum, il aurait, si nous comprenons
bien, un caractère provisoire, et, quoique nous ne sachions presque
rien de ses conditions exactes d’attribution, nous avons la certitude
que son coût serait prélevé sur le budget, c’est-àdire,
sur l’ensemble, ou au moins sur certains contribuables.
Mais, au-delà de ces différences capitales avec le revenu
social distributif, observons que l’évolution se produit bien
dans le sens de nos idées. Comment en serait-il autrement puisque,
nous en sommes bien convaincus, la marche vers l’économie des
besoins est, d’une façon ou d’une autre, inéluctable ?
La rupture entre le revenu et la durée du travail est donc reconnue
nécessaire après quelques préliminaires comme le
versement à durée limitée de 80 % de leur ancien
salaire aux victimes de licenciements économiques, les allocations
familiales et de logement, les primes à la naissance, etc...
L’un de nos premiers objectifs est ainsi presque atteint. Mais, tout
en étant important si l’on se réfère au passé,
nous n’avons jamais imaginé qu’il était incompatible avec
le fonctionnement pratique du régime des prix-salaires-profits ;
il l’était, seulement, avec la mentalité des plus conservateurs
de ses partisans. Que penser de cet épisode ? Les uns se réjouiront
d’abord pour les bénéficiaires futurs, s’il y en a, ils
conclueront que l’économie distributive s’impose et, peut-être
abusivement, qu’à la limite, elle s’instaurera quoi que fassent
ses ennemis et ses partisans. Ils remarqueront, peut-être plus
sérieusement, que la transition vers la nouvelle économie,
loin de se faire brutalement, se produira par étapes successives,
chacune permise par l’état de la pensée collective à
un moment donné. Ils rechercheront quel pourrait être le
prochain objectif le plus réalisable, selon leur connaissance
de l’opinion. Soit le revenu social à vie pour tous, en vertu
de l’héritage du progrès dont nous sommes tous les bénéficiaires
potentiels ; soit l’autogestion de collectivités et d’entreprises
de plus en plus vastes, qui n’est que l’extension de la démocratie
du politique à l’économique.
Mais ne nous leurrons pas, même si l’idée du R.M.S.G. a
pû venir aux responsables du P.S. sans nous, ils ne feront nulle
référence à Jacques Duboin en cette occurence,
bien que l’antériorité soit indiscutable. L’économie
que nous préconisons reste encore trop en avance sur les croyances
du citoyen moyen pour que même les réformistes y fassent
la moindre allusion qui pourrait la faire mieux connaitre. Ils en ont
été informés, ils continueront à y prendre
des idées, sans le dire, guidés par leur maxime que la
politique est l’art du possible, oubliant leur devoir d’information
de l’opinion, effrayés, comme les anciens, par la crainte que
le ciel leur tombe un jour sur la tête.
Reconnaissons, une fois de plus, l’extraordinaire aptitude du régime
capitaliste à mettre en place, à temps, les soupapes de
sûreté qui lui ont permis de survivre, vaille que vaille,
jusqu’à présent, malgré les avis de décès
prématurés dressés par certains augures... jusque
dans nos rangs.
Poursuivons notre action, sans illusions, mais sans désespoir,
pour faire mieux comprendre, à tous, la nécessité
d’une véritable économie distributive.
Ce système privé de ressort, c-est le
système économique sous lequel nous vivons. Certes, je
sens l’étonnement poindre chez certains lecteurs lorsque je donne
à penser qu’il n’y a qu’un seul système économique
mondial. Maïs en fait, hormis quelques économies primitives
qui subsistent çà et là, les soi-disant deux grands
systèmes économiques de la planète n’en font qu’un.
Pourquoi ? Parce que les objectifs économiques du système
dit socialiste sont de rattraper avant de dépasser le système
capitaliste. Ce rattrapage suppose la production d’équipements
considérables de façon à obtenir tous les biens
de consommation nécessaires à la satisfaction de l’ensemble
des besoins imaginables. On est assez loin du but ! En revanche, pour
l’atteindre, on a imaginé des modes de production inspirés
du capitalisme. On peut penser que transpirer selon les normes de Taylor
ou celles de Stakanov, est toujours transpirer pour accroître
le rendement du travail. Donc, je ne vois pas de miracle dans la substitution
d-un système par l’autre.*
Nous vivons en économie capitaliste. Qu’espérer d’elle
? Rien. Pourquoi ? Parce que la logique de ce système est accomplie,
on ne doit rien changer d’essentiel. Afin de prémunir les nantis
qui en bénéficient ? Même pas. Ce système
est immuable fondamentalement parce qu’il a été conçu
comme tel et le modifier en quoi que ce soit serait passer dans un autre.
Je ne vais pas passer en revue chaque composante du capitalisme mais
prendre un exemple.
Une composante essentielle, quoique souvent passée sous silence
est l’exploitation. Exploitation tous azimuts : des richesses naturelles,
de l’ingéniosité, de la crédulité, des besoins
et moult autres possibilités. Nulle retenue du moment que cela
rapporte, ou peut rapporter de l’argent ; condition nécessaire
et suffisante. Eh ouï, condition nécessaire ! Que se passe-t-il
lorsqu’un entrepreneur mène trop d’activités non rentables
? c-est-àdire des activités qui ne rapportent pas suffisamment
: il fait faillite. Ce qui signifie bien que la logique de l’exploitation
ne peut que se poursuivre et même se développer puisque
c-est une loi incontournable ? Et pour preuve avancée de citer
les entreprises publiques. Réfléchissez un instant. Les
entreprises publiques ignorent la rémunération systématique
d’actionnaires, maïs travaillent-elles pour autant sans marge bénéficiaire
?
Evidemment non.
Comment la régie Renault va-t-elle combler une
partie du gouffre causé par sa gestion défectueuse ? En
rançonnant les clients futurs. Cela a même déjà
bien commencé. Ou mieux disons que cela va se poursuivre. Un
véhicule dont le prix de revient en fabrication s’élève
à 10 ou 12.000 francs est gaillardement vendu 60, 70.000 francs.
Est-ce légal ? Bien sûr, c’est même indispensable.
au risque de faire faillite. Et les associations - dites sans but lucratif
ne sont pas mieux loties dès qu’elles participent à l’économie
marchande. (cf Tourisme et Travail, par exemple).
Ce risque de faillite est tel, la crainte qu’il inspire est si forte
que tout est permis. Ainsi la débauche d’égoïsme
impudent que l-on vit éclore lorsque le gouvernement décida
de créer TUC** (Travaux d’Utilité Collective). Qu’une
idée aussi géniale soit risible est au-dessus de tout
débat, maïs quoi qu’il en soit le système existe
et on peut le qualifier de moindre mal. En quoi ? En ceci, vaut-il mieux
laisser les jeunes désoeuvrés ou leur proposer une occupation
qui peut s’avérer devenir un emploi effectif ? Eh bien, levée
de boucliers des artisans « Ils nous enlèvent le pain de
la bouche », s’est exclamé le choeur généreux
de l’artisanat en colère. Une autre fois, que l’on se rassure,
ce sera une autre catégorie sociale : quelle que soit la mesure
envisagée, a quelque propos, une corporation se craint frustrée.
Pourquoi ? Parce que le système n-a plus de ressort. Durant le
siècle passé il a épuisé toutes les possibilités
qui s-offraient à lui jusqu’à se trouver comme un hamster
dans sa cage cylindrique. A force de faire tourner son cylindre, il
connut des ennuis cardiaques : il fallut le placer en réanimation.
La thérapie Blum, Hitler, Eisenhower s’avéra efficace
! Le lyrique Fourastié y trouva « les trente glorieuses
» durant lesquelles le hamster fit tourner sa cage de plus en
plus vite ! Cela lui valut un nouvel infarctus auquel le docteur Giscard
ne sut remédier, par davantage le docteur Barre. On se souvint
du docteur Blum et l-on dénicha un de ses élèves
point encore sénile. Les pessimistes auguraient que le docteur
Mitterrand changerait le hamster, les optimistes qu’il placerait le
hamster fatigué dans des conditions telles qu’il n-aurait plus
besoin de cage ! Les uns et les autres pensaient à, ou redoutaient,
un changement de système !
Il aurait fallu un autre thérapeute. La logique élémentaire veut que l-on remplace les machines usées. Le système économique mondial est une machine usée, il convient de la remplacer. Là, on se heurte à un obstacle de taille : le poids des habitudes, l-inertie des mentalités, les égoïsmes individuels et collectifs. Ceci n-est pas une mince affaire. Distributistes, vous êtes l’un des camps susceptibles de relever ce défi.
* c f . également La corde pour les pendre G.R. n°836 Juillet
85.
** Le système des TUC consiste pour les administrations et associations
à recourir aux services de jeunes gens durant 20 heures hebdomadaires.
Ces jeunes sont rémunérés par l’Etat qui leur verse
1.200 francs par mois.
100 FAILLITES BANCAIRES AUX ETATS-UNIS
L’effondrement des prix agricoles et la chute des prix du pétrole
ont entraîné la plus importante vague de faillites bancaires
jamais enregistrée depuis la grande dépression des années
trente : cent banques américaines ont déjà déposé
leur bilan depuis le début de l’année. Et les milieux
bancaires officiels américains prévoient la continuation
du mouvement pour l’année prochaine. Car ces cent banques touchées
ne représentent que la partie visible de l’iceberg. Plus de mille
banques en effet sont déjà inscrites sur la liste des
établissements financiers en difficulté.
(LE MATIN - 12 novembre 1985)
Essayons de plonger pour découvrir l’iceberg... L’accord de Bretton
Woods, signé en juillet 1944 - donc plusieurs mois avant la chute
du Reich et plus d’un an avant la capitulation du Japon - instituait
les règles du système monétaire international de
l’après-guerre, fondé sur des parités fixes entre
les monnaies. La décision prise en août 1971 par Nixon
de ne plus lier le dollar à l’or sonnait le glas de cet accord
: les monnaies allaient fluctuer au gré de l’offre et de la demande,
pour des raisons autant spéculatives que commerciales.
C’est sur la primauté du dollar, monnaie de réserve, que
Reagan, conseillé par ses monétaristes Laffer et Friedman,
a basé sa politique économique dite « théorie
de l’offre », par opposition à la théorie keynésienne
de la demande.
Aujourd’hui, cette politique revient en boomerang.
1er temps : Diminution des impôts pour «
relancer la machine économique », à la fois la consommation
et l’épargne (cette dernière afin que Reagan puisse organiser
le lobby militaro-industriel qui l’a hissé à la Présidence).
Le temps d’inertie, dû à la montée en puissance
et aux vues obtuses et entêtées des monétaristes
purs et durs de la première heure, fait que la situation économique,
pendant les deux premières années du premier mandat de
Reagan, se révèle désastreuse : le pouvoir d’achat
régresse.
Enfin, en 1983 (+ 3,5 %) et surtout en 1984 (+ 6,75 %) on ne parle plus
dans le monde occidental que du « miracle américain »,
de la sortie de la crise qui doivent entraîner la reprise des
économies des pays industrialisés capitalistes.
Mais celle-ci tarde et pour cause (s).
2e temps : La diminution des impôts, c’est bien.
Mais quand celle des dépenses ne suit pas, qu’au contraire les
dépenses militaires s’accroissent (pour passer de 5,6 % du PIB
à 9 % en 1985), il faut avoir recours à l’emprunt. Les
déficits budgétaires vont avoisiner ou dépasser,
plusieurs années de suite, les 200 milliards de dollars (1).
L’épargne intérieure ne représentent qu’environ
300 milliards (soit 9 % du PIB) et il faut bien que le Trésor
en laisse une partie aux emprunteurs privé sous peine de bloquer
l’économie (2). Il faut donc faire appel à l’épargne
étrangère (environ 100 milliards de dollars chaque année)
; mais pour cela, on doit offrir des taux d’intérêt élevés.
Et du coup, le dollar « flambe » jusqu’à atteindre
10,55 F en février 1985 1985.
3e temps : La diminution des impôts libère du pouvoir d’achat. D’une part, la partie dépensée provoque une demande importante : logement, automobile, biens d’équipements en général. D’autre part, nous l’avons vu, une bonne partie investie en emprunts d’Etat va aux industries de guerre : une partie de cette manne retombe indirectement dans le commerce. Les affaires marchent : + 10 % au premier trimestre 1984.
4e temps : Les affaires marchent ? Oui, mais pas forcément
pour acheter américain. En effet le cours artificiel et excessif
du dollar (les spécialistes l’estiment surévalué
de 30 à 40 %) provoque l’afflux de marchandises étrangères,
notamment du Japon (30 % de ses exportations - 23 % des voitures vendues
aux USA sont japonaises), mais aussi de l’Allemagne, de la France, des
nouveaux pays industrialisés d’Extrême-Orient etc.
Les affaires marchent, mais le pouvoir d’achat « libéré
», ne s’investissant pas, loin s’en faut, uniquement dans les
produits « made in USA », les industries retombent vite autour
d’une croissance zéro ; d’autant plus qu’un dollar cher, non
seulement favorise les importations, mais encore freine les exportations
: en dollars courants, leur valeur, en 1984, est inférieure à
celle de 1980 !
La situation vaut pour l’agriculture, bien entendu : nombreuses faillites
entraînant celles de banques des régions agricoles.
Conséquence générale de tout cela un déficit
jamais vu du commerce extérieur, multiplié par 6 en 5
ans. Mais c’est là qu’apparaît dans toute sa lumière
l’aberration des accords de Bretton Woods consacrant le droit régalien
des USA de « battre monnaie mondiale » : pour combler le déficit
extérieur, il suffit de faire marcher « la planche à
dollars », ce qui de surcroît ne peut être qu’inflationniste
au niveau mondial, ou d’emprunter - en sus des emprunts pour combler
le déficit budgétaire -, ce qui fait des USA un des peuples
les plus endettés du monde.
5e temps : La reprise occidentale attendue de la reprise
américaine n’a donc pas suivi. Ce qui était prévisible
pour nous, distributistes, ne l’était pas pour les « experts
». Disons que les exportations accrues vers les USA - notamment,
nous l’avons vu, pour le Japon - ont donné ce que l’on a appelé
un « frémissement ». Ça s’est arrêté
là. D’autant que cette situation, qui fait que le plu§ riche
pays du monde draine une partie de l’épargne mondiale - c’est
un comble, mais c’est ainsi - freine, dans les pays industrialisés
en mal de reprise, les investissements ou achats qui auraient dû
absorber cette épargne, en partie du moins.
Comme on le voit, on tourne en rond ; il n’est pas exagéré
de parler de quadrature du cercle à propos du dollar.
6e temps : Les dangers que fait courir au monde l’égoisme
ou le manque de clairvoyance globale des dirigeants US inquiètent
les pays occidentaux. La France notamment a multiplié ses mises
en garde, réclamant un nouveau Bretton Woods, une réforme
du système monétaire international et, en attendant, essaie
de donner de plus en plus de poids à l’ECU.
Les pays du tiers monde, souvent endettés en dollars empruntés
à un taux très inférieur et qui, de surcroit, doivent
payer les intérêts au cours élevés, menacent
de faire éclater le système : faillites du Mexique, de
la Turquie, de l’Argentine, du Brésil, etc. ; faillites des banques
prêteuses, notamment américaines.
Cette situation ne peut durer. Si elle satisfait pleinement les spéculateurs,
elle crée des difficultés qui vont en s’aggravant pour
les industriels, les agriculteurs, les pays industrialisés, comme
le tiers monde.
Le gouvernement des USA, champion du libéralisme, a déjà
réagi par des mesures protectionnistes (acier, téléviseurs,
chaussures, coton, machines outils, voitures, etc.).
Pour les agriculteurs, on augmente considérablement les subventions
(22 milliards en 1985 contre 12 en 1984). Mais ces entorses au libre
échangisme ne font pas l’affaire des partenaires des Etats-Unis.
Les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales
des 5 grands pays capitalistes - Etats-Unis, France, RFA, Japon, Grande-Bretagne
- se réunissent le 22 septembre dernier à Washington.
Ils conviennent de « résister au protectionnisme »
et décident de contribuer à faire baisser le dollar. Enfin
! Et de fait, son cours avoisine à la mi-novembre 7,80F.
7e temps : Et maintenant, que va-t-il, que peut-il
se passer ? la croissance, qui n’a été que de 1 % aux
USA pour le 1er trimestre 1985 (3) - nettement inférieure à
celle des pays occidentaux - ne peut rester à un niveau aussi
bas sans que le spectre de la « crise » se profile à
nouveau rapidement à l’horizon.
" En attendant, Reagan a paré au plus pressé : ne
pas laisser entamer sérieusement les crédits militaires,
locomotives modernes du capitalisme. Pourtant, les Chambres renâclent,
surtout à cause du déficit budgétaire et des dangers
qu’il représente.
Le show de Reagan avec Gorbatchev ne relève pour l’instant que
du spectacle : il n’a pas cédé d’un pouce sur l’IDS, la
guerre des étoiles ; même s’il désire faire plaisir
à Nancy, sa « pacifique » épouse (voir Le
Matin du 11 novembre : « C’est Nancy qui a dit a Reagan de faire
la paix »).
" Les pays qui exportent aux USA vont forcément pâtir,
à moyen terme, d’une reprise américaine, si mince soit-elle,
basée sur un dollar dont la valeur a baissé de façon
volontariste de 25 % en 2 mois (4). Et ce, doublement : ils vendront
moins aux USA et les produits US redevenus plus compétitifs,
rentreront chez eux plus facilement.
A la une du Monde le 14 novembre 1985 : « PLUSIEURS CONTRATS IMPORTANTS
MENACÉS. LES ETATSUNIS LANCENT UNE OFFENSIVE SUR LES MARCHÉS
EXPORTATEURS FRANÇAIS ».
" Cette baisse du dollar améliorera, mais ne résoudra
pas le problème de la dette des pays du tiers monde ; d’autant
moins que nombre d’entre eux, mis en difficulté depuis 2 ou 3
ans, sont tombés sous le coup du FMI qui a pris des mesures drastiques
ne facilitant pas le développement de leur économie :
beaucoup s’échineront à exporter... pour payer le service
de leurs dettes, qui avoisinent, globalement, 600 milliards de dollars.
En résumé, le fonctionnement du système marchand
est structurellement vicié. Les progrès techniques aggravent
son mauvais fonctionnement : il peut de moins en moins écouler
ce qu’il produit, secrétant de plus en plus de non-consommateurs
ou de consommateurs amputés : les chômeurs.
La baisse durable du dollar va déplacer le problème des
USA vers l’Europe et surtout le Japon : un peu plus d’oxygène
là-bas, un peu moins ici. Mais il n’y aura pas de solution globale.
Ce n’est pas demain que la crise, « leur crise », sera vaincue
; ce n’est pas demain que le capitalisme, malgré les chantres
libéraux ou « socialistes », procurera à tous
« des lendemains qui chantent ».
A nous de le faire comprendre autour de nous.
(1). Le SEUL ACCROISSEMENT des dépenses militaires
sous Reagan représente les 2/3 du déficit budgétaire.
(2). Le secrétaire au Commerce américain, M. Malcolm Baldrige,
s’alarme de l’endettement des ménages, d’autant plus que l’épargne,
en 1985, est tombée à 1,9 % du PIB.
(3). Le Monde du 16 novembre 1985 : n Aux Etats-Unis - LES VENTES DE
DETAIL ENREGISTRENT UNE BAISSE RECORD - Les espoirs de l’administration
Reagan de voir la croissance reprendre un cours plus dynamique durant
le dernier trimestre paraissent s’estomper. En octobre, les ventes de
détail ont enregistré une baisse record de 3,3 %, renforçant
les prévisions des économistes qui, depuis quelques semaines,
annonçaient un affaiblissement préoccupant de la u consommation
(4). Matsushita, un des géants de l’électronique, dont
les contrats pour 1986-1987 ont été passés avec
un dollar à 235 yens, chiffre à 80 milliards de yens (400
millions de dollars) ses pertes avec un dollar à 200 yens.
LES DOSSIERS DE LA GRANDE RELEVE
Voici la traduction par J.-P. MON d’un article publié en avril 1985 dans la revue américaine « The Futurist », par un Professeur associé à l’Université de Jérusalem, DAVID MACAROV.
Ce document est destiné, d’une part, à montrer que nous ne sommes pas seuls dans notre analyse du chômage : nos idées sont aujourd’hui partagées bien au-delà des frontières de l’Europe.
Il est également une façon d’aborder, dans ces « dossiers de la Grande Relève », l’étude de ce qu’on peut appeler les mesures de transition vers l’économie distributive ; et les commentaires sur cet article, que nos lecteurs ne manqueront pas de nous envoyer, nous l’espérons, viendront utilement étayer les réflexions que mène sur cette question de la transition le groupe animé par Philippe Le Duigou.
Résumé : aucune des solutions proposées jusqu’à
maintenant pour vaincre le chômage n’a réussi. Ce qu’il
faut, c’est une nouvelle vision d’une société sans travail,
une société dans laquelle l’automatisation permet aux
gens de faire ce qu’ils veulent, tout en continuant à recevoir
un revenu décent.
Un des problèmes les plus permanents et les plus persistants que l’on rencontre dans les sociétés industrialisées du monde occidental est celui du chômage. En dépit des efforts continus et massifs de toutes sortes qui ont été faits pour ramener le nombre des chômeurs à des chiffres acceptables, le problème du chômage subsiste dans la plupart des pays, et, avec le développement technologique continu, est en train de devenir un fait de société permanent. Le chômage de longue durée, particulièrement marqué chez les jeunes, attire maintenant l’attention de nombreux organismes nationaux et internationaux. Les méthodes conventionnelles qui ont été déjà mises en place pour tenter de venir à bout du chômage sont de plus en plus inefficaces. C’est pourquoi cet article propose quelques suggestions plus radicales pour résoudre le problème du chômage.
L’AVENIR DU CHÔMAGE
La probabilité de voir le chômage permanent
s’accroître est en train de devenir une réalité
de plus en plus acceptée par les planificateurs au fur et à
mesure que le nombre de chômeurs s’accroit et que, dans le même
temps les palliatifs se révèlent inefficaces. C’est ainsi,
par exemple, que la Commission sur l’évolution du travail, mise
en place par le syndicat américain AFL-CIO, prévoit un
déficit d’emplois permanents pour 4 à 6 millions d’Américains.
L’examen attentif des remèdes proposés fréquemment
tels que la réduction des impôts, les salaires subventionnés,
la réduction de la durée du travail, la création
d’emplois dans les services publics, ainsi que l’évolution macro-économique
montrent que la plupart de ces « solutions » ne marchent
pas. En plus des mesures de réduction directe des heures de travail
et d’accroissement de la durée des vacances, les dispositions
qui ont masqué l’extension du chômage comprennent
Les créations d’emplois
La création directe d’emplois est trop onéreuse pour être généralisée. Avec environ dix millions de personnes sans emploi aux Etats-Unis, créer un nombre d’emplois équivalent coûterait 171 milliards de dollars. Fournir ces emplois dans le bâtiment (secteur que l’on cite souvent comme étant le plus socialement utile) reviendrait à 416 milliards de dollars. On conçoit que cette solution ne puisse pas être adoptée lorsqu’on a affaire à un grand nombre de personnes sans emploi.
Les emplois subventionnés
Dans cette optique, les employeurs sont subventionnés à l’aide de prêts de l’Etat pour créer des emplois. Ce faisant, on s’attend, ou plutôt, on espère, que ces emplois deviendront permanents. C’est rarement le cas. Par exemple, dans le cadre du programme américain de Développement de l’Emploi et de la Formation, on a remplacé, pour la durée de la période conventionnée, des employés permanents par des personnels bénéficiant de salaires subventionnés, si bien qu’il n’y a eu en définitive aucune création nette d’emploi.
Les travaux d’utilité collective
C’est une disposition qui permet de payer des personnes en échange de petits travaux. Elle n’est pas destinée à vaincre le chômage mais à « récupérer » une partie des dépenses d’assistance sociale. Comme la plupart des travaux offerts dans ces programmes ne sont que des travaux « prétextes », sans valeur intrinsèque, les possibilités qu’ils offrent de déboucher sur un véritable emploi sont faibles.
Les travaux d’intérêt public
Ils diffèrent des travaux d’utilité collective en ce sens que ceux qui en bénéficient sont choisis en fonction de leur compétence professionnelle et payés suivant un barème fixé et non en fonction de leurs besoins personnels. Les travaux effectués ont intrinsèquement une certaine valeur sociale. Ces programmes souffrent cependant de certaines limitations : les syndicats, par exemple, arguent que s’il y a des emplois disponibles, il faut les donner à leurs propres adhérents sans emplois et que, d’autre part, les échelles de salaires établies dans ces programmes sont inférieures à celles qu’ils ont négociées. Par ailleurs, les commerçants ne veulent pas voir vendre des produits ou des services à des tarifs inférieurs à ceux qu’ils pratiquent.
On voit donc que les travaux d’intérêt collectif, tout comme les travaux d’intérêt public, ne constituent que des emplois marginaux que personne ne voudrait faire à ce tarif là.
Le travail partagé
Cela consiste à partager le travail (et le salaire) entre deux personnes. Si ceux qui l’acceptent le font parce qu’ils n’ont pas d’autre possibilité, le procédé tout simplement à du travail à temps partiel destiné à masquer l’étendue du chômage. De plus, comme ceux qui y participent partagent un seul salaire, au lieu de bénéficier de deux salaires complets, cela ne fait qu’accroitre la pauvreté tout en diminuant apparemment le chômage. C’est un bénéfice douteux.
Le service universel
Le service national, volontaire ou obligatoire, constitue
un moyen de retirer un grand nombre de personnes du marché du
travail normal. Le service militaire joue quelquefois ce rôle.
Les modalités de tels plans sont en général assez
vagues et constituent plutôt des espoirs que des programmes.
L’abaissement de l’âge de la retraite
Le retrait de travailleurs « âgés » du marché du travail par abaissement obligatoire de l’âge de la retraite libère des emplois pour les plus jeunes. Cependant, comme la technologie rend le travail humain moins nécessaire, cette mesure réduit globalement la force de travail sans offrir de nouvelles possibilités d’emploi. Qui plus est, abaisser l’âge de la retraite va à l’encontre de la tendance sociale actuelle peu favorable à la mise à la retraite obligatoire.
L’Etat employeur en dernier recours
Dans cette perspective, le gouvernement pourrait employer tous ceux qui n’ont pu trouver de travail ailleurs. On ne connait pas d’exemple d’application de cette solution, si ce n’est en Egypte où le gouvernement garantit un emploi à tous les diplômés de l’Université qui n’ont pas pu en trouver ailleurs. Cela se traduit par l’existence d’une horde de fonctionnaires surdiplômés mais qui n’ont absolument aucun travail à faire.
« L’OBJECTIF DOIT ÊTRE LE CHOMAGE TOTAL »
Des propositions révolutionnaires
Aucune des propositions avancées jusqu’ici n’a pu venir à bout du chômage de masse permanent. Le travail humain non seulement devient de plus en plus inutile mais commence même à être considéré comme un mauvais ersatz des technologies de pointe. L’échec des tentatives actuelles pour vaincre le chômage, ou simplement pour le réduire, vient de la mauvaise volonté à reconnaître que la quantité de travail humain disponible est beaucoup plus grande que celle qui est nécessaire à la production des biens et des services. L’hypothèse suivant laquelle il y aurait du travail pour tous si on trouvait la bonne formule ou la bonne combinaison mène à la création d’industries et de services à haute intensité de travail bien qu’il existe des machines qui fassent ce travail mieux, plus vite et meilleur marché. Les gens sont condamnés à des travaux difficiles, dépourvus de sens et sans intérêt pour des raisons financières et ceux qui ne travaillent pas ou qui ne peuvent pas travailler sont montrés du doigt.
Ce qu’il faut c’est une planification consciente pour la mise en oeuvre de la technologie la plus avancée possible, pour remplacer l’effort humain dans tous les domaines où cela est possible. En bref, le but à atteindre doit être le « chômage total ».
Paradoxalement, l’éradication du chômage exige qu’il se développe jusqu’à inclure la majorité, sinon la presque totalité, de la société. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra être considéré comme un bienfait et non comme une maladie de la société. Lorsque seulement 10 % de la population suffiront à produire tous les biens et les services nécessaires, les 90 % « d’inemployés » verront le chômage sous un tout autre éclairage. Nous devons cesser de chercher à créer des emplois, et au contraire, consacrer toute notre énergie à les remplacer par des machines.
Nous pourrons ensuite poser de nouvelles questions : en imaginant une société dans laquelle l’automation a pris la grande partie du travail, comment peut-on faire vivre les gens ? Comment sera défini leur état pour qu’ils se sentent libérés de toute réprobation sociale ? Avec quelles activités structureront-ils leur temps ? Qu’est- ce qui leur donnera le sentiment d’être utiles et désirés ?
C’est à ce type de questions que les propositions pour éliminer le chômage doivent chercher à répondre.
Le revenu garanti
L’idée d’un revenu minimal garanti à chacun, qu’il travaille ou non, a été, à l’origine, conçue comme un moyen grâce auquel les assistantes sociales pourraient éviter d’avoir à infliger à leurs clients l’enquête jugée infamante sur leurs « moyens d’existence ». Elle fut plus tard proposée comme un moyen simplifié de venir en aide à ceux qui ne pouvaient pas, ou ne devaient pas, travailler ; par exemple, les personnes âgées, les handicapés, les parents uniques d’enfants en bas âge et les inemployables. La difficulté majeure soulevée par la mise en oeuvre d’un plan de revenu garanti est la crainte que les gens ne veuillent plus travailler s’ils perçoivent un revenu. En fait, dans une société presque complètement automatisée, le travail ne constitue plus un aiguillon.
Il y a en outre d’autres problèmes à
résoudre. Tout d’abord, comment serait distribué le revenu
? Cela pourrait être sous la forme d’une sorte d’allocation familiale
du type de celles qui existent dans presque tous les pays occidentaux.
Au lieu de verser .une somme basée sur le nombre d’enfants, ou
à une famille légalement définie, l’aide pourrait
être individuelle.
Deuxièmement, combien chacun recevrait-il ? Si, en vertu du principe
égalitaire, tout le monde reçoit la même somme,
les personnes ayant des besoins particuliers ou supplémentaires
seront lésées. Si le palement est fait sur une base catégorielle
(personnes âgées, adultes...), la question des besoins
individuels subsiste. Si l’allocation est basée sur les besoins
de chacun, la détermination de ces besoins risque d’être
difficile et coûteuse. Troisièmement, comment la société
acquerra-t-elle et distribuera- t-elle les fruits de la production automatisée
: par le biais de taxes, d’assurances, de nationalisation, ou par quelque
autre moyen ? Enfin, comment les gens occuperont-ils leur temps ? Il
n’est pas seulement question ici d’éviter l’ennui, ce qui peut
exiger un énorme développement du bricolage et des activités
de loisir, mais surtout de savoir ce qui va remplacer le travail en
termes de prestige, de structuration du temps, d’identification personnelle,
etc. Déjà, de plus en plus, les gens trouvent leur identité
dans leur façon d’occuper leurs loisirs plutôt que dans
leur travail.
Ce sont là des problèmes difficiles mais que l’on peut
résoudre. En fait, imaginer des réponses à ces
questions est la partie simple du problème ; mais trouver des
méthodes pour les mettre en oeuvre d’une façon qui ne
crée ni agitation ni bouleversements sociaux est plus difficile.
Une nouvelle définition du travail
Une façon simple d’arriver à une société
« sans travail » satisfaisante est de redéfinir le
travail, de payer les gens pour qu’ils se lancent dans des activités
qui ne sont pas actuellement rémunérées. L’exemple
le plus évident est de payer les femmes au foyer pour ce qu’elles
font. Un autre exemple, moins évident, est de payer des gens
pour qu’ils s’engagent dans des activités socialement utiles,
telles que les études, les jeux ou les sports, l’animation culturelle,
la musique, l’écriture ou l’aide aux parents, aux voisins ou
encore dans l’éducation (y compris celle de leurs propres enfants),
le jardinage ou l’exploration. On peut ainsi donner des revenus aux
gens en échange d’une grande variété de travaux,
et éviter ainsi « l’infamie » et les autres conséquences
attachées au fait de ne pas avoir d’emploi. Les rémunérations
pourraient être graduées en
fonction des résultats, les bons étudiants étant
mieux payés que les mauvais, par exemple. On pourrait payer pour
leurs capacités non seulement les musiciens mais aussi les compositeurs,
les chefs d’orchestre, ceux qui accordent les instruments, ceux qui
impriment la musique et même ceux qui tournent les pages.
Bien qu’à première vue, cette proposition paraisse fantaisiste, sinon fantasque, un instant de réflexion montre que la société pale déjà des gens pour exercer ce type d’activités. Les joueurs de baseball, de football, de basket-ball sont bien payés, mais seulement lorsqu’ils ont atteint un certain niveau de compétence. Pourquoi ne pourrait- on pas rémunérer grâce aux fruits de la production automatisée quiconque voudrait jouer au ballon, même si c’est le niveau de compétence qui détermine le niveau de la rémunération ? Dans nos sociétés actuelles, des musiciens sont payés et des fantaisistes de toutes sortes le sont aussi, et somptueusement, comme le sont ceux qui écrivent pour eux ou qui les habillent et les maquillent. Il y a des étudiants qui sont payés et pourtant certains d’entre eux font de leur réussite académique la condition de la continuation de leurs études. Puisque les parents nourriciers et les puéricultrices professionnelles sont payés pour s’occuper des enfants des autres, pourquoi les parents naturels ne recevraient-ils pas une compensation pour le temps passé à s’occuper de leurs propres enfants ?
De même, aider un de ses voisins peut ne pas être nécessairement une activité non rémunérée. De nombreux pays utilisent des « volontaires payés » sur une base collective pour fournir des services à ceux qui en ont besoin. Par exemple, le programme israélien « les personnes âgées aident les personnes âgées » permet d’augmenter les revenus des « aidants » les plus âgés, il leur donne le sentiment d’être utiles et ainsi des services sont fournis, que l’aide sociale normale n’a pas la capacité de leur offrir. Dans d’autres pays, il y a des aides agricoles. Le Canada soutient les aspirants écrivains par des subventions directes ou indirectes. Dans de nombreux pays, des organisations de soutien financent des professions diverses, allant de celle d’artiste à celle de chercheur. On pourrait étendre ce système à un grand nombre de consultants, de conseillers qui à l’heure actuelle travaillent bénévolement.
Les coopératives
Une méthode pour se débarrasser du chômage,
ou de ses effets, passe par l’extension de cercles de coopératives
dans lesquelles les revenus sont partagés entre tous les membres,
y compris ceux qui ne travaillent pas.
Même lorsqu’ils n’ont que peu de choses à faire, les membres
d’une coopérative ne sont pas considérés comme
des chômeurs tant qu’ils continuent à appartenir au groupe
et ils sont rémunérés par les revenus tirés
de l’ensemble de la coopérative. La généralisation
de l’appropriation par les coopératives des industries et des
services automatisés rendrait en quelque sorte ses membres propriétaires
et, par conséquent, non chômeurs, même s’ils ne travaillent
pas. Les travailleurs pourraient aussi se faire remplacer par des robots
qu’ils achèteraient et, éventuellement, loueraient à
leurs employeurs. Ils vivraient ainsi des profits réalisés
par le travail des robots. Un robot d’une valeur de 41.000 $, pouvant
fonctionner pendant huit ans, reviendrait à moins de 5 $ l’heure
payés dans l’industrie automobile, pour la main d’oeuvre humaine.
Au Japon, un robot loué 90 $ peut fournir un travail qui reviendrait
à 1200$ s’il était fait par un homme. On prévoit
que le coût du travail d’un robot sera abaissé jusqu’à
environ 70 cents l’heure d’ici la fin du siècle. L’achat de plusieurs
robots par les travailleurs d’une coopérative serait encore plus
facile que par une seule personne, et la possession de plusieurs types
de robots pourrait remédier aux fluctuations saisonnières
de production et d’emploi.
Les coopératives ne sont pas un rêve. Dans beaucoup de
pays, notamment en Scandinavie, des industries coopératives fonctionnent
avec de bons résultats. Le développement des coopératives
jusqu’à ce qu’elles englobent la totalité de l’économie
d’un pays n’est même pas lié à l’avènement
de la société technologique, mais bien à leur nature
même, qui permet d’éviter le chômage, tel qu’on l’entend
actuellement.
Les communautés
Allant au delà des coopératives qui
partagent les produits parmi leurs membres ils existe des communautés
qui pourvoient à tous les besoins de leurs membres à partir
des revenus du groupe. L’exemple le plus connu de communauté
à grande échelle est peut-être celui des kibboutz
israéliens.
Ces kibboutz sont des communautés, constituées sur la
base du volontariat, dans lesquelles l’ensemble des biens appartient
en commun à tous ses membres, et dans lesquelles tous les besoins
des membres (y compris la garde des enfants, l’éducation, les
soins médicaux, le logement, les vacances, etc.) sont pris en
charge par le groupe. La différence la plus frappante entre le
kibboutz et les autres formes d’organisation sociale est peut être
le fait que la nature et le montant des ressources allouées ne
sont aucunement liés à la nature ou à la quantité
de travail effectué par ses membres. Le revenu est basé
uniquement sur les besoins. Bien que les kibboutz aient été,
à l’origine, fondés sur une communauté agricole,
avec un très fort accent mis sur le travail humain ou individuel,
nombreux sont ceux qui récemment se sont lancés dans les
technologies avancées. C’est pourquoi, trouver du travail pour
tous ses membres est devenu un problème pour certaines de ces
communautés. Accepter une vie sans un travail tel qu’il est couramment
défini, a été difficile pour eux... mais les kibboutz
ont toujours compté en leur sein des membres qui peignent, qui
font de la musique, sculptent, et, à un degré moindre,
écrivent.
Vaincre le chômage
Vaincre le chômage exigera un changement fondamental des valeurs sociales actuelles. Il faudra détrôner le travail de la position centrale qu’il occupe dans le panthéon des valeurs. Des changements dans la structure de la société seront aussi nécessaires pour parvenir à une base de répartition du revenu autre que le travail. Paradoxalement ces changements ne se produiront probablement que sous l’effet d’un accroissement massif du nombre des chômeurs par l’occurrence d’une situation de « plein chômage » que la technologie est en train d’instaurer rapidement. En se fondant sur l’expérience passée, on ne doit pas avoir peur d’une société sans travail : Dans la Grèce antique qui était un état de prospérité complète pour ses citoyens, le travail était fait par des esclaves et on n’avait pas l’habitude de voir ni d’encourager des hommes libres à travailler, puisque, selon Platon, Aristote et Socrate, le travail transformait les gens en mauvais amis, en mauvais patriotes et en mauvais citoyens. Une telle « société sans travail » a été à l’origine du théâtre moderne, de la danse, de la philosophie, des mathématiques, de la géométrie, de l’astronomie, de la sculpture et de nombreux autres arts et sciences. Libérés de la nécessité quotidienne d’avoir à assurer leur subsistance, les gens pouvaient être créatifs dans des domaines largement différents et profitaient de la vie comme il se doit. Il n’y a aucune raison valable de croire que l’humanité moderne connaitra un sort différent. Bien au contraire, la société sans travail pourrait nous introduire dans l’ère la plus fertile d’imagination, de créativité et d’originalité que le monde ait connue, et amener l’humanité à un nouveau palier de plénitude et de bonheur.
Beaucoup de nos lecteurs vont vouloir profiter de la prochaine campagne électorale pour faire connaître nos thèses dans leur circonscription, poser des questions aux candidats, etc... C’est pour les aider dans cette tâche que M.L. Duboin a réuni l’essentiel de nos arguments (avec chiffres et courbes à l’appui) dans une brochure intitulée
POUR UNE ECONOMIE LIBÉRÉE
De cette brochure disponible dès maintenant*, nous extrayons ci-dessous quelques passages de l’introduction :
Il ne s’agit pas ici d’exposer les rêves d’un
groupe d’idéalistes et leur vision du monde utopique. Il s’agit
de montrer que notre époque est celle des plus grands et des
plus rapides bouleversements que l’humanité ait jamais connus,
au point qu’il nous est devenu indispensable de rompre avec nos habitudes
économiques si nous voulons nous adapter à ces modes de
production et à des moyens d’information qui étaient encore
quasi- insoupçonnables seulement au début du siècle.
Il appartient à tous ceux qui se sentent responsables de l’avenir
de faire l’effort d’imagination nécessaire pour participer à
la mutation qui est en cours et aider ainsi l’humanité à
saisir la chance qui lui est offerte. Car cet avenir dépend d’eux
et c’est aujourd’hui qu’il se décide...
La première partie, intitulée « crise ou explosion
? » est un aperçu historique. Elle propose une image destinée
à faire percevoir la rapidité et le sens de la révolution
technologique que nous sommes en train de vivre. Elle aboutit à
montrer que le problème de notre temps n’est plus de produire,
comme ce fut si longtemps le cas, mais de distribuer la production qui
se réalise aujourd’hui par des machines.
La seconde partie analyse le dernier remède proposé par
les défenseurs du capitalisme la redistribution qui prend maintenant
figure d’un revenu minimum assuré à tous les foyers, mais
destiné essentiellement à fournir les clients dont la
production mercantile a besoin. Il importe en effet que cette ultime
façon de colmater les brèches du système des capitaux,
des salaires, des profits et de la spéculation, ne soit pas confondue
avec l’amorce du système distributif. Ce n’en est que la caricature
dans la mesure où elle est destinée à maintenir
les lois imposées par la rentabilité capitaliste, et non
pas à donner à tous les humains accès à
l’héritage prodigieux légué par les générations
passées. La redistribution opère un tri et place des millions
d’hommes en condition d’assistés ; elle les entretient comme
on conserve aujourd’hui certains animaux sauvages.
L’économie distributive au contraire a pour objectif de donner
à tous les hommes, en les affranchissant des contraintes matérielles,
les moyens d’avoir accès à des activités librement
choisies.
Heureusement, la redistribution n’est pas viable, car prenant aux uns
les revenus de leur travail pour entretenir les autres, elle ne peut
suivre l’accélération du remplacement des salariés
par des robots...
Quand les partis de droite nous vantent les vertus du libéralisme
économique (la liberté du renard dans le poulailler),
l’exemple de la GrandeBretagne (27 % de chômage à Liverpool,
un pouvoir d’achat moyen aux 3/4 du nôtre) montre aux plus avertis
à quoi il mène. Et quand la gauche reprend à son
compte les principes économiques de la droite, elle ne fait plus
recette. Donc tout le monde s’accorde pour reconnaître que le
problème de notre temps est celui du chômage.
La grande majorité des gens ignore tout, ou se méprend
fort, sur les mécanismes actuels de la création monétaire.
Avant donc d’exposer le système distributif qui implique une
organisation rationnelle et utilitaire de la création monétaire,
le chapitre III rappelle l’histoire de la monnaie et montre qu’elle
aboutit naturellement, à notre époque, à une monnaie
de gestion. Car si on oppose si souvent que la monnaie est une institution
inviolable, qu’il est donc utopique de vouloir la changer, c’est parce
qu’on ignore en général qu’elle n’a cessé de changer
et qu’elle repose sur des habitudes parfaitement arbitraires, et inutilement
compliquées. Cette ignorance du grand public a pour conséquence
sa subjectivité face aux questions financières, voire
sa soumission à des idées reçues, et fausses...
Et c’est ainsi qu’on entend dire qu’il n’y a « pas de quoi »
nourrir les chômeurs, ni demain les retraités ! Dans des
pays qui dépensent des fortunes en publicité pour pousser
à la consommation !
Tout cela, parce que tout le monde a pris l’habitude de ne raisonner
qu’en termes d’argent.
Ayant fait comprendre ceci, le terrain est prêt pour aborder au
chapitre IV la monnaie distributive, donc l’économie des besoins.
Mais en montrant bien qu’elle est la conséquence des faits rappelés
dans la première partie. L’économie distributive doit
ainsi apparaître comme le moyen de s’adapter aux énormes
possibilités de notre époque, d’en tirer parti, le meilleur
parti, et pour tout le monde. Il est nécessaire d’insister sur
le fait que ceci n’est possible que depuis peu. Par contre, l’expérience
montre qu’un « distributiste » doit plus laisser à
ses interlocuteurs le soin d’imaginer les immenses possibilités
que libère l’économie des besoins, plutôt que les
leur décrire lui-même, au risque d’imposer sa propre vision
de l’avenir ou d’y projeter ses fantasmes. Ne limitons pas cette perspective
en lui donnant la forme de nos aspirations personnelles. Tenons-nous
en sur ce point à l’essentiel qui se résume en : NECESSITE
DE DISSOCIER LES REVENUS DU TEMPS DE TRAVAIL POUR LES LIER A LA PRODUCTION.
* Prix franco : 20 F pièce ou 100 F les six, par correspondance.
Les douaniers sont des saints en niche. Les amendes
transactionnelles et leur arbitraire ? un héritage de COLBERT.
Les paquets-cadeaux des transporteurs aux douaniers ? Une tradition.
Corruption ou complaisance ? Allez le savoir ! L’enterrement des dossiers
? Cela regarde les gens de l’Administration centrale, le Ministre ou
son cabinet. Les indicateurs ? il n’est pas dans les usages de révéler
leur identité. Les fouilles à corps ? Attention aux retours
de bâton ; certains clients ayant le bras long, il est parfois
prudent de n’y pas toucher. Les évasions de capitaux d’or, les
sorties de devises ? pas toujours frauduleuses s’il existe une autorisation
semi- confidentielle que l’on ne produit qu’en cas de flagrant délit,
avec un délai de grâce (le temps de la rédiger ?).
Nos grands européens nous avaient promis la libre circulation
des hommes, des marchandises et des capitaux. Force est de constater
que les douaniers sont toujours là, inquisiteurs, perquisitionneurs.
Il n’est que les Multinationales pour cultiver l’art de tourner les
règlementations, fraudant à qui mieux mieux, promenant
leurs changements à travers trente six pays, réalisant
leurs profits dans les paradis fiscaux où sont établies
des facturations multipliant par trois, six, voire dix les prix d’origine.
Il semblerait que les produits pharmaceutiques occuperaient une place
enviée dans le peloton de tête pour ce genre de performance
comptable. La sécurité sociale est bonne fille, ses cotisants
bernés, jour après jour, comme il n’est permis de l’être.
On conçoit la raison pour laquelle la Commission trilatérale,
siège du pouvoir occulte des grandes multinationales, veille
à ce que les gouvernements éloignent de leur sein et des
Assemblées, les trublions qui voudraient changer l’ordre des
choses.
Lecture
Plaidoyer pour une nouvelle gauche, de Lucien Tissot
Ce livre du collaborateur de « La Grande Relève
» est une excellente synthèse des apports abondancistes,
écologistes et pacifistes au renouvellement de la pensée
progressiste. Ecrit dans un style très pur, à peine entaché
de quelques fautes de frappe qui disparaîtront sûrement
dans les prochaines éditions annoncées, il intéressera
tous ceux qui estiment, dès maintenant, que les gouvernements
du parti socialiste ont échoué et qu’il convient de rechercher
les bases doctrinales nécessaires au changement de la société.
L’ouvrage est préfacé par Caton qui intrigua il y a peu
les chroniqueurs politiques et qui définit excellemment les objectifs
de l’auteur. On citera ces deux extraits significatifs : « c’est
la formidable poussée des techniques qui est maintenant la force
déterminante, plus puissante, plus crédible que toutes
les supputations périmées, que toutes les tactiques politiciennes
» et « aucune des grandes mutations n’a été
lancée par les partis politiques, encore moins par les gouvernements.
C’est la conscience collective qui a fait avancer la libération
de l’avortement, la lutte contre la pollution, la défense des
consommateurs. Autant d’utopies « gauchistes » constituant
la réalité d’aujourd’hui... ».
Lucien Tissot se livre à une analyse très lucide des occasions manquées 1968 et 1981 et constate que le réformisme est une impasse. Pourtant la liste, très complète des inégalités à éliminer avait été dressée, antérieurement à son arrivée au pouvoir, par François Mitterrand. Remarquons avec notre camarade que, de son côté, Raymond Barre avouait dans son « Economie politique » : « On peut se demander... si le libéralisme pur dont on se plaît à caractériser le 19e siècle n’est pas une vue de l’esprit ou une déformation intéressée de l’histoire » ! L’ancien premier ministre oserait-il encore écrire celà actuellement ?
Le chapître intitulé « De la contestation à l’impertinence » contient une vive critique du « Maître chanteur » Yves Montand pour sa présentation de l’émission télévisée « Face à la guerre ». Nombre d’autres sujets sont abordés de manière originale, nous ne pouvons ici que les énumérer : l’église, la pauvreté, l’autorité, la publicité, la morale, le travail, la course aux armements, la violence, le chômage, le pillage du tiers-monde, le racisme, le sexisme, etc. On ajoutera seulement que l’auteur ne pouvait pas avoir connaissance de la conférence de presse du président de la République, le 21 novembre 1985, lorsqu’il affirme que la notion de revenu social garanti échappe aux partis et syndicats, puisque une proposition de ce type est en discussion à présent au parti socialiste.
Jacques Duboin est abondamment cité ainsi que ses disciples les plus connus : Marie-Louise Duboin, Marcel Dieudonné, Albert Ducrocq, Maurice Laudrain, Henri Muller, par exemple. L’économie distributive est le fondement autour duquel s’ordonnent des propositions reprises de l’Union Pacifiste, du M.A.N. (Mouvement pour une alternative non violente), de l’A.C.Q. (Action catholique ouvrière), du M.A.D. (Mouvement pour l’autogestion distributive), du M.R.A.P. (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), et des mouvements écologiques :
- une défense populaire non violente permettrait
à la future société socialiste de se défendre
contre les attaques éventuelles de la réaction,
- la renonciation unilatérale à l’arme nucléaire,
- une église sans pape et dont le clergé, en voie de disparition,
serait remplacé par l’apostolat des laïcs, aurait adopté
la théologie de la libération,
- l’exclusion de tout centralisme paralysant et la participation de
tous à la gestion des entreprises et de l’économie nationale,
- le renoncement à toutes les formes de colonialisme et d’impérialisme
avec une aide accrue aux Pays en voie de développement,
- la lutte contre les différentes pollutions.
Le lecteur retrouvera ces éléments dans l’essai de programme établi par Louis Tissot, pour un « parti unificateur des aspirations populaires ». L’habitué de « La Grande Relève » ne sera pas surpris d’apprendre que le premier acte d’un gouvernement socialiste distributif serait de reprendre aux banques le pouvoir régalien de battre monnaie. Il notera que l’auteur attribue à une mobilisation insuffisante des masses autour du projet du P.S. l’échec de François Mitterrand, de Pierre Mauroy et de Laurent Fabius. Il lira en dernière de couverture une invitation aux membres des groupes précités « à se rencontrer, au plus tôt, afin de pressentir et baliser les pistes d’un avenir vivable pour l’humanité ».
Bien que pas forcément convaincu par la totalité des thèses avancées nous souhaitons que cet appel atteigne un nombre important de destinataires afin de constituer ce rassemblement auquel rêvent tous les hommes de bonne volonté adeptes des idées de Jacques Duboin.