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Éditorial
Il faut croire que nous avons raison de souligner
- enfin - une certaine prise de conscience de la rapidité des
transformations qu’impose notre époque. Car ce fut un événement
de voir que TF1, le 25 septembre dernier, consacrait une émission
à tenter de faire réfléchir les téléspectateurs
sur l’avenir qui les attend, et, en tout cas, à la prévenir
que de toute façon, la vie dans 15 ans sera différente
de ce qu’elle est aujourd’hui.
Mais quel dommage, hélas, de consacrer tant de moyens - prises
de vue qui coûtent très cher, films de fiction, interviews
divers, contribution d’une actrice au cachet probablement plus élevé
que le SMIC, Miou-Miou (qui pourtant, disait très mal son texte
- en voilà une qui ne réfléchit pas spontanément
à l’an 2000 !), présentation par Michel Drucker (son cachet
est-il de l’ordre de grandeur de celui de Miou-Miou ou de l’allocation-
chômage ?), participation d’un économiste, réputé,
M. Albert, d’un journaliste, aussi réputé, J. Boissonat,
d’un entrepreneur play-boy, plus que réputé, B. Tapie
- pour finalement passer à côté de l’essentiel ?
En conclusion, l’émission rappela pourtant que la prospective
faite au cours des années soixante, pour tenter de prévoir
ce que serait 1985, était - déjà - tombée
à côté de la plaque : les experts chargés
de cette prospective, experts connus, réputés et écoutés,
avaient tout simplement omis de voir venir et de comprendre l’importance
du chômage !
La « Grande Relève » qui ne dispose ni des moyens
mis à la disposition des experts du Plan, ni de ceux des producteurs
de télévision, s’efforçait déjà dans
les années soixante (et même bien avant) d’alerter l’opinion
sur l’importance qu’allait avoir, sur l’économie, la croissance
inévitable du chômage. Inévitable ? Allons donc,
nous rétorquait-on, le chômage est le fait d’une simple
crise « cyclique », une crise d’adaptation, sans aucun doute
conjoncturelle ; vous n’y connaissez rien : dans très peu de
temps, la modernisation, nécessaire, de l’économie nous
vaudra une telle relance que le plein emploi sera vite retrouvé
! Alors ? Eh bien, « La Grande Relève » peut apparemment
avoir raison contre l’avis des experts... La prospective, en macro-
économie, serait-elle tout simplement plus une question de bon
sens et de réalisme, qu’un art de faire parler les statistiques
?
Pourtant, les experts récidivent. Dans l’émission qui
nous annonçait les 7 chocs de l’an 2000, ils ont laissé
de côté l’essentiel.
L’essentiel, c’était de faire comprendre aux téléspectateurs
que les règles financières actuelles sont incompatibles
avec les transformations qui sont en gestation. Et puisque le but de
l’émission était de faire réfléchir aux
bouleversements qui nous attendent, quelle occasion de montrer que la
monnaie, elle aussi, devait subir un « choc ». Pourquoi
serait-elle seule à n’en pas subir ?
Dès le « Premier choc : les retraites », l’occasion
se présentait. On a dit : les cotisations que paieront alors
les travailleurs actifs seront insuffisantes pour payer les retraites
des autres. Point final : la catastrophe est inévitable.
Il fallait être plus clair : le problème posé n’est
pas celui des moyens de faire vivre les retraités. La vérité
est que le petit nombre de travailleurs actifs, avec tous les automatismes,
tous les engins puissants à commandes automatiques, et tous les
robots dont ils pourront disposer, seront parfaitement en mesure de
« produire » de quoi nourrir aussi tous les retraités.
Pourquoi ne pas montrer, si nécessaire, par un petit film sur
la production agricole, par exemple, que les 7 % de la population qui
travaillent aujourd’hui dans l’agriculture produisent beaucoup plus
que les 50 % du début du siècle ? Il ne s’agit donc pas
d’un problème concret de production. Il n’y a qu’un problème
d’organisation : comment changer les modes d’accès au pouvoir
d’achat afin que soient distribués aux consommateurs qui en ont
besoin les produits fabriqués par les machines ?
On pouvait alors développer le thème suivant : «
le choc de la monnaie ». Dans tous les siècles passés,
il n’existait que deux moyens honnêtes d’acquérir de l’argent
: soit posséder un capital qu’on pouvait faire fructifier en
le plaçant d’une manière ou d’une autre, soit être
en mesure de vendre son propre travail à quelqu’un qui le payait
parce qu’il en avait besoin. Dans quinze ans, moins encore qu’aujourd’hui,
on trouvera difficilement quelqu’un qui sera prêt à payer
un travail de laboureur, de manoeuvre, d’ouvrier spécialisé,
de manutentionnaire, de comptable, de dactylo, de dessinateur, etc.,
etc... Et tous ces salariés en moins seront autant de clients
en moins pour passer commandes à des entreprises où il
ferait bon placer son capital. Alors, il faudra bien que se développe
un troisième moyen d’accès honnête au pouvoir d’achat
: la distribution des revenus, sans compensation ni de travail, ni de
capitaux, à seule fin de faire passer équitablement la
production des machines aux consommateurs ! Là encore un petit
film sur l’évolution de la monnaie aurait pu faire réfléchir
les téléspectateurs en leur montrant qu’il y a longtemps
que la monnaie n’est plus une marchandise, ayant une valeur intrinsèque,
inaltérable comme l’or. Qu’un billet de banque n’a plus que la
valeur qu’on veut bien lui attribuer, comme un chèque n’a de
valeur que si celui qui l’émet est honnête. Qu’enfin il
existe un nouveau moyen de paiement qui sera prépondérant
en l’an 2000 : la monnaie électronique, dont le support visible
est la carte à mémoire. Un film bien fait pouvait montrer
qu’avec un système généralisé de cartes
de paiement à mémoire, la monnaie n’est plus qu’un moyen
de gestion : le moyen de tenir la comptabilité entre ce qui est
produit, fût-ce par des machines, et ce qui est distribué
aux consommateurs, quel que soit leur rôle, passé, présent
ou futur dans l’élaboration de cette production.
Alors, la plupart des autres « chocs » annoncés dans
l’émission télévisée prenaient un tout autre
aspect. Le « choc des robots », par exemple. Le film, sur
ce point, a bien montré, que dans les deux cas de figure opposés
qui ont été présentés, la robotisation poussée
dans un souci de compétitivité, ou la robotisation freinée
pour privilégier l’emploi (au nom d’un conservatisme insensé,
il fallait le dire), dans les deux cas, l’issue en l’an 2000 était
la même : cinq millions de chômeurs. Sans le « choc
monétaire », ces cinq millions de chômeurs sont,
en effet, une charge financière insupportable pour les actifs.
Avec le choc d’une monnaie devenue moyen simple de gestion et de distribution,
ces cinq millions d’inactifs deviennent des individus à part
entière. Alors, leur période « d’inactivité
» devient temps libre, temps qui peut être choisi «
à la carte » (ce qu’a fort bien montré le film),
mais non assorti d’une restriction d’accès à la production,
puisque celle-ci peut être réalisée surtout par
des robots. Si ces « inactifs » deviennent, pour leur plaisir,
des artisans, produisant pour eux-mêmes ou pour leurs proches,
tant mieux. Il ne s’agit pas d’un travail « au noir », qui
fait du tort aux artisans « actifs » reconnus. Le «
choc du travail à la carte » ne se transforme pas en une
obligation de subvenir à beaucoup de ses besoins par ses propres
moyens, hors du temps de travail « actif », même si
tel est l’idéal de Guy Aznar. Il n’est pas nécessaire
de fabriquer soi-même ses photopiles, elles sont fabriquées
bien plus économiquement pour la société quand
elles le sont en série ! Et ceci permet toutes les activités
utiles mais non rentables, celles qui ne se monnaient pas, celles qui
font la chaleur d’une société humaine, digne de ce nom.
Pour résumer, je dirai que j’ai eu beaucoup de plaisir à
retrouver dans cette émission bien des aspects de l’an 2000 que
j’ai décrits dans « les affranchis » : décentralisation
du travail, travail à la carte, développement des loisirs
(dans le sens d’activités choisies), démocratisation par
la consultation informatique, etc... Mais quel dommage de ne pas avoir
saisi l’occasion de montrer que le « choc monétaire »
nécessaire transformerait l’incertitude sous la forme «
les robots, la meilleure ou la pire des choses ? » en une dynamique
s’exprimant par : « les robots, moyen à exploiter pour
permettre à l’homme de se libérer ».
Le « cahier saumon » du Figaro (10-11
Août 1985) aborde un sujet capital « Le tertiaire perd du
terrain ». C’est le glissement vers les « dégraissages
» du seul secteur susceptible, ces dernières années,
de créer des emplois « rentables ». Il y reste des
créneaux aux effectifs insuffisants, pour lesquels les clients
risquent de manquer, si l’emploi continue à se dégrader.
La menace, venue du développement de la carte de paiement (c’est
pour demain), pèse sur le secteur bancaire. Des somptueuses installations,
resteront quelques salons d’où des cadres, grâce aux «
Maxitel télévisuel », interviendront directement
en Bourse, et, aux sous sols, dans les salles d’ordinateurs, surveillées
par quelques spécialistes hautement qualifiés, les machines
auront relégué aux musées de l’histoire récente,
tout l’attirail de chèques, comptes, bilans, calculatrices et
stylo-billes en usage de nos jours. Pour peu de temps encore.
Après l’agriculture et l’extraction (secteur primaire), l’industrie,
le bâtiment, les Travaux Publics, l’agroalimentaire (secteur secondaire),
dont la réduction des effectifs est déjà faite,
ou douloureusement en cours, les services sont touchés. Pour
la première fois, la grande presse y fait écho. Il faut
essayer de savoir pourquoi.
L’inexorable avancée des progrès technologiques atteint
maintenant les domaines de l’intelligence. Là, où l’homme
avait sa place, par l’esprit, le robot joue pour lui et l’évince.
Si le secteur tertiaire continue à décroître, c’en
est fait de l’espoir de voir reculer le chômage. Sauf à
changer, fondamentalement les idées reçues de revenu,
rentabilité, salaire, emploi, occupation, droit au travail.
Une redéfinition, un reclassement, une nouvelle échelle
de leurs rapports sont indispensables. Là est « l’approche
psychologique du chômage ». Un changement des mentalités.
Oeuvre de longue haleine. Epreuve harassante. Inéluctable.
Faisons le tour des idées reçues à réviser.
Rentabilité. Au regard de l’économie de marché,
c’est le seul critère acceptable pour engager une action, lancer
une production, assurer un service. Ce qui n’est pas rentable ne peut
être entrepris.
Exemple : débroussaillage des forêts, signalisation fiable
pour les trains sur voie unique, accompagnement fiable des personnes
agées solitaires, alphabétisation des illettrés,
formation du tiers monde etc..., etc...
Revenu. Salaire. Emploi. Ces trois idées sont liées, pour
la quasi totalité des citoyens d’un pays industrialisé,
le revenu - nécessaire pour « solvabiliser » les
besoins en biens et services - vient d’un salaire rémunération
d’un travail dans un emploi. Pas de travail, pas de revenu. Le chômeur
subvient à ses besoins grâce au jeu de la solidarité
nationale. C’est un assisté. Il a perdu sa « signification
» dans une société où revenu et travail sont
liés. « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ».
« Qui ne travaille pas ne mange pas ». Ces aphorismes sont
encore au fond de la plupart des consciences.
Pour rendre- leur dignité aux exclus de la production, il faut
dissocier la notion de revenu de la notion de travail. C’est fait pour
certains cas : minimum vieillesse, chômeurs en fin de droits,
handicapés, femmes chargées d’enfants. Piste ouverte vers
le revenu social dû à chaque citoyen du fait de sa naissance
ou de son adoption.
Droit au travail : Inscrit dans la Constitution, il est dérisoire,
sinon ridicule, lorsque plus d’un « actif » sur dix est
condamné à l’oisiveté, un quinquagénaire
expérimenté devient un inutile hargneux, un jeune inoccupé
fait un délinquant en puissance.
Occupation. Face aux méfaits du chômage, on est confondu
devant la masse des actions de toutes natures à entreprendre,
rendues impossibles parce que non rentables.
Associer, pour chaque individu apte, le droit au travail à l’obligation
d’une occupation utile à la collectivité nationale est
un moyen de sortir du cercle vicieux où nous sommes enfermés.
L’ERE DU QUATERNAIRE est LA !
Je n’ai pas compétence à définir,
dans le détail, les structures, les contours de ce quatrième
secteur. Pas davantage les modalités de son insertion dans le
système complexe. Les rapports entre individus et nations. Un
tel « changement des mentalités » est oeuvre d’éducation
progressive des gens et des peuples.
J’ai exposé, par ailleurs, des suggestions pour une indispensable
transition. Des structures d’aujourd’hui, gérant, (si mal, une
« Crise » qui est « autre chose ») vers celles
(si dures à définir) prenant en compte la « Nouvelle
donne » imposée par la fulgurante explosion des progrès
des technologies.
Je crie à nos dirigeants
« Si vous passez à côté du « quaternaire
», seul capable de permettre ce que l’économie de marché
vous interdit : « c’est-à-dire :»
« Au plan international, Produire pour donner à ceux qui
manquent, non pas nos méthodes mais les moyens d’assurer eux-mêmes
leur survie d’abord, puis leur insertion dans le monde moderne ; »
« Au plan national, vaincre la nouvelle pauvreté et donner
aux assistés leur nouvelle signification ; »
« Si vous ne parvenez pas à organiser, - par là,
le temps disponible (entrevu par Karl MARX comme étalon de la
vraie richesse, aujourd’hui à nos portes ; »
« Vous serez complices, donc responsables, de l’effondrement de
la civilisation occidentale. »
Pour le chômage, ça ne va toujours pas mieux. Tout le monde veut créer des entreprises pour créer des emplois. Mais personne n’est d’accord sur les moyens à employer pour inciter les entrepreneurs à entreprendre. C’est ainsi que dans la même page du « Monde » du 10 octobre, le délégué général d’Entreprise et Progrès (en voilà au moins un qui s’est débrouillé pour se fabriquer un bon boulot !) parle sur la souplesse, facteur de compétitivité, pour créer des emplois. Critiquant les rigidités syndicales, M. le délégué écrit : « Or, nous ne sommes plus en période de croissance. L’impératif est désormais de créer des richesses et non plus seulement de les distribuer... ». On peut se demander alors à quoi servent les richesses produites, mais passons... Deux colonnes plus loin, un monsieur Beatrix, ingénieur, propose d’instaurer des cotisations sociales différentielles sur les heures supplémentaires pour faciliter l’aménagement des horaires, de sorte que les entreprises qui choisiraient d’employer plus de personnes moins longtemps bénéficieraient d’une baisse de leurs charges salariales, le produit de la nouvelle cotisation servant au paiement des allocations de chômage et au financement des actions de formation. Dans le système actuel cette proposition présente effectivement quelque intérêt. Plus réaliste que son voisin de colonne, M. Beatrix écrit « Ceux qui plaident que la crise appelle l’effort, donc pour le présent davantage de travail individuel, semblent oublier qu’il n’est pas suffisant de vouloir produire, et qu’il faut pouvoir vendre, en France, et impérativement à l’étranger ». Dommage que ce monsieur ne nous dise pas comment en étant moins payés, les salariés français pourront acheter plus.
***
Encore une interrogation sur la crise : celle du directeur général du Bureau International du Travail (« Le Monde » des 6-7 octobre) : « N’est-il pas paradoxal que notre société s’avère incapable de résoudre des problèmes aussi terre à terre que l’inflation, le chômage et l’endettement grandissant au moment où l’ingéniosité et la créativité de l’homme lui offrent les moyens technologiques de conquérir l’espace ? Les discussions concernant la guerre des étoiles et les stations orbitales, la capacité déjà prouvée d’envoyer régulièrement des navettes dans l’espace et encore bien d’autres perspectives passionnantes ouvertes par la technologie moderne ne parviennent pas à masquer notre incapacité ou notre manque de volonté à faire face à la crise économique de plus en plus aiguë, qui menace les fondements mêmes de la stabilité et de la paix de notre société ». Un peu plus loin, le directeur du B.I.T. nous donne quelques chiffres intéressants : « Mais il est un point qui, dans l’ensemble, parait avoir échappé à l’attention du public c’est le coût élevé du chômage pour les finances publiques. Aux Etats-Unis, par exemple, le bureau des questions budgétaires du Congrès a estimé (en 1980) que chaque augmentation de 1 % du taux de chômage accroissait le déficit du budget fédéral d’environ 25 milliards de dollars. Il faut également prendre en compte la perte de production potentielle due au chômage. Pour les Etats-Unis, selon une estimation, chaque réduction de 1 % du taux de chômage entraînerait une augmentation de 3 de la production nationale et, a contrario, au Royaume-Uni, une augmentation de 1 % du nombre des sans-emplois se traduirait par un recul de 4 % de la production nationale. De plus, les longues périodes d’inaction, avec l’instabilité sociale et l’insécurité économique qu’elles entraînent, tendent à accroître la mortalité, la criminalité et les maladies mentales... Dans le pays en développement, où les travailleurs au chômage ou sous-employés se comptent par centaines de millions, le problème est plus aigu encore : en l’absence de tout système de sécurité sociale, se pose celui de la simple survie... ».
***
En Grande-Bretagne, les Travaillistes viennent de tenir leur congrès. Parmi les diverses résolutions qu’ils ont adoptées en matière économique, une seule sera contraignante pour la direction du parti lors de l’élaboration du programme pour les prochaines législatives, car elle a recueilli plus des deux tiers des suffrages elle concerne l’instauration d’un salaire minimum garanti. Cette idée de revenu garanti commence à faire son chemin un peu partout, y compris en France au parti radical, mais, comme nous l’avons toujours souligné dans la Grande Relève, il faut s’attacher à réclamer un revenu « maximum » pour tous et pas seulement un revenu de survie réservé aux exclus du secteur productif, premier pas vers une société duale puis vers le fascisme. Comme le soulignait le futur candidat chancelier allemand à propos des mesures à prendre pour rendre les effets du chômage moins pénibles : « Je ne veux pas que nous devenions une société à deux vitesses dans laquelle un tiers de la population est tout simplement écarté parce qu’on n’en a plus besoin. »
***
Pour finir sur une note optimiste, je vais vous donner le résultat d’un sondage SOFRES effectué pour le compte du « Pélerin » le 4 octobre dernier : 85 % des Français se déclarent heureux. Et, rude coup pour ceux qui voudraient changer les Français en Japonais, l’activité professionnelle, en tant que source de bonheur, vient derrière la famille, les amis, la santé, le logement, les loisirs, la vie de quartier. Vous voyez que, même si ce n’est que lentement, les esprits évoluent dans le bon sens.
Lectures
Ce livre de François de Ravignan essaie d’expliquer
pourquoi non seulement la faim ne disparait pas de notre planète,
mais au contraire elle ne cesse de croître. Et ceci malgré
toutes les bonnes volontés locales, nationales et internationales.
Ces interventions, sans être obligatoirement un échec pour
les populations locales, sont un échec global. L’auteur explique
dans un grand exposé que la cause de la faim n’est ni la surpopulation,
ni les carences de l’agriculture, ni le manque d’instruction, ni les
« mentalités de ces peuples », ni les cultures de
rentes, ni l’insuffisance des financements, ni toutes ces raisons réunies.
L’une des vraies causes de la faim c’est la maladie du travail. Il écrit
(p. 31) : « Plus près peut-être de nos préoccupations
économique immédiates est le fait que notre système
économique occidental ne peut vivre et, en particulier tendre
au plein emploi s’il cesse de se déployer sur les marchés
extérieurs. Dans l’atmosphère de concurrence qui est la
sienne, on cherche constamment, par le progrès technique, à
accroître la productivité du travail...
Nos experts économistes nous parlent volontiers des « immenses
marchés potentiels du Tiers Monde » à travers lesquels
notre croissance économique pourrait trouver, en se « redéployant
», le second souffle qui lui est nécessaire. Dans ce raisonnement,
on oublie souvent qu’un « marché potentiel » n’est
pas un marché pour qu’il y ait marché il faut que des
gens non seulement aient des besoins à satisfaire, mais encore
qu’ils soient solvables. Or, des gens qui n’ont pas assez à manger
ne sont, par définition, pas solvables et s’ils sont de plus
en plus nombreux, l’« immense marché potentiel » risque
de devenir de moins en moins un marché réel ». On
croirait lire Jacques Duboin.
Et il poursuit ainsi : « La croissance de la faim remet donc très
directement en cause la continuité de notre développement
économique. Elle est donc bien notre problème, que nous
le voulions ou non, que nous en soyons ou non conscients ».
Comme malheureusement dans de nombreux livres, la critique est longue
et complète mais les solutions sont très précaires.
Pourtant il est passé très près de nos idées
mais il s’est arrêté avant, faute d’imagination. Sous le
titre de chapitre « Pourquoi ne pas se contenter de développer
ce qui peut l’être ? », il écrit (pp. 69-71)
« ... Si en particulier il paraît tout à fait illusoire
de fournir de l’emploi à tous, alors pourquoi ne pas se contenter
de faire travailler ceux qui le peuvent ? Mais alors on essaiera d’employer
des techniques ayant la plus grande efficience, de façon à
produire au maximum et le plus vite possible. Par ailleurs, grâce
au surplus dégagé, on pourra nourrir ceux qui n’ont pas
assez, quand bien même ils ne travailleraient pas ». Et
quelques lignes plus loin : « C’est bien sur cette question d’aide,
ou de redistribution aux nécessiteux que s’éveille d’abord
un doute sur la viabilité du système proposé. Force
est bien de reconnaître que ce genre de transfert ne se fait pas
dans le monde d’aujourd’hui de manière générale
ni, lorsqu’ils ont lieu, de façon satisfaisante. Redistribuer
une partie de la production aux oisifs augmente nécessairement
les charges, ce qui ne va pas sans problèmes dans le régime
de concurrence mondialisée qui est le nôtre. Comment imaginer
qu’une économie puisse être viable avec 90 % de chômeurs
secourus, alors qu’actuellement en France, 10 % seulement pèsent
très lourd sur la gestion de notre système ? Ensuite,
face à ceux qui fabriquent les biens nécessaires, les
oisifs seraient des hommes sans voix. Le travail n’est pas seulement
le moyen de fabriquer ce que l’on consomme. Il est aussi un pouvoir
sur ce que l’on crée et qui n’a pas de travail n’a nécessairement
pas de pouvoir. C’est pourquoi prétendre qu’il puisse exister
un développement pour tous, sans que soit résolu le problème
social du travail de tous est se faire illusion ».
S’il situe bien le problème il a du mai effectivement à
en sortir. Dans un chapitre suivant (pp. 52-54) : « Pourquoi ne
crée-t-on pas suffisamment d’emplois ? », l’auteur déplore
que l’usine qui fabrique des houes au Rwanda produise pour tout le pays
le nombre d’outils nécessaires avec 90 ouvriers seulement, alors
que, d’une manière artisanale, 50 forgerons en font 135 fois
moins. Pour l’auteur, il est absolument vital que les gens travaillent,
alors qu’il suffit qu’ils aient des revenus pour pouvoir « manger
et consommer ».
***
Dans le contexte actuel et avec les diverses polémiques sur le problème de l’aide alimentaire pour le Tiers Monde, ce livre permet de resituer les différentes tentatives déjà effectuées. Et permet également de nous confirmer, si cela était nécessaire encore, qu’une fois de plus ce problème international a une possible solution dans le changement de notre vie. sociale et économique vers moins de profit et vers plus d’humanisme.
Après le changement de cap à droite
de la C.F.D.T., concrétisé par le vote favorable (à
64 %) du quitus à l’équipe dirigée par E. Maire,
il n’y a plus d’organisation de masse réellement anticapitaliste
(l’objectif CGT étant un capitalisme d’Etat).
La parti socialiste (PS) a également oublié l’engagement
pris dans sa déclaration de principe : « Il ne s’agit pas,
pour nous, d’aménager le système capitaliste, mais de
lui en substituer un autre ». Il est maintenant clair que le P.S.
n’envisage aucunement (il l’a assez prouvé) de sortir la France
de l’économie marchande - inhérente au système
capitaliste - qui engendre, à la fois, le chômage et l’exploitation
des travailleurs. La constatation de cette réalité décevante
ne doit pas nous faire perdre l’espoir et succomber à la tentation
de tout abandonner. Il est important de l’intégrer dans notre
recherche de nouveaux moyens qui permettent d’aller dans le sens d’une
réunification et d’une remobilisation de la classe ouvrière
; de toutes les composantes de la classe ouvrière. Car il est
dangereux de mettre à la poubelle les « laissés
pour compte de la société en construction », en
amalgamant les vieux, les drogués, les chômeurs etc...
Les véritables « damnés de la terre » ne sont
plus aujourd’hui ceux qui travaillent, mais ceux qui sont abandonnés
sur le bord de la route par la société capitaliste. Si
les sans travail et les travailleurs précaires ne sont pas intégrés
dans une stratégie anticapitaliste, je ne vois pas comment la
lutte pour un vrai socialisme démocratique (socialisme des Droits
de l’Homme), a la moindre chance de succès. Par ailleurs, il
ne s’agit pas non plus d’essayer de résister aux restructurations
imposées par l’évolution technologique (par le progrès)
car ce serait s’engager dans des luttes (« pas de licenciement
») perdues d’avance, qui peuvent au mieux être de retardement...
les faits sont têtus et l’ont assez démontré !
La seule chance pour remobiliser la classe ouvrière, est d’unifier
et d’intégrer les trois composantes de ce qu’elle était
(c’est-à-dire tous les travailleurs) :
1) La composante des travailleurs permanents, à
statut et garanties sociales, qui se rétrécit et voit
ses garanties grignotées.
2) La composante des travailleurs précaires (intérimaires,
à durées déterminées, etc...), sans garanties
ou à faibles garanties, avec des salaires médiocres.
3) La composante d’exclus du travail à la recherche de petits
jobs et sans ressources, ou presque...
Les deux dernières composantes communiquent et se développent
rapidement.
Le total de l’addition = LA CLASSE OUVRIERE !
Pour réussir la réunification de la classe ouvrière,
il nous faudra réussir l’unification de tous les anticapitalistes
réels sur un minimum d’objectifs et de revendications communes
CREDIBLES, c’est-à-dire des revendications par lesquelles les
travailleurs peuvent à nouveau ESPERER, en combattant pour elles,
obtenir des résultats positifs et/ou de poser des jalons pour
sortir de l’économie marchande inhérente au système
capitaliste qui est le responsable essentiel de la division de la classe
ouvrière.
RECONSTRUIRE L’ESPOIR
Reconstruire l’espoir détruit chez les travailleurs,
c’est partir de leurs aspirations et surtout de leurs problèmes
immédiats de vie ou de survie, et non leur promettre de raser
gratis demain... Car les problèmes immédiats sont flagrants
: l’emploi ou le droit à une activité, les salaires ou
le droit aux ressources nécessaires pour vivre décemment.
Mais alors, que faire quand il faut se rendre à l’évidence
que le nombre d’emplois transformés et créés est
largement inférieur aux emplois supprimés ? ou encore,
quand l’appareil productif de biens et de services peut réaliser
tout ce dont le monde a besoin, mais qu’il n’a plus besoin de tout le
monde ? Et, quand dans le système capitaliste périmé,
il faut toujours VENDRE sa force de travail par un emploi pour gagner
de l’argent pour vivre ! Un seul moyen s’offre à nous pour obtenir
la satisfaction des BESOINS DE L’HOMME sans subir le « goulag
» des « inactifs et des assistés » : répartir
le travail salarié sur l’ensemble de la population active en
réduisant la durée du travail en conséquence. Mais
hélas, dans le système capitaliste avec son inhérente
économie de marché, la quantité d’argent qu’il
faut gagner pour vivre, reste encore toujours liée au temps de
travail VENDU ou au temps de l’emploi (chez les précaires). Dans
cette situation, reconstruire l’espoir de TOUS les travailleurs, c’est
trouver et proposer des revendications contenant des critères
qui permettent de répartir équitablement entre TOUS (TES),
non seulement LE TRAVAIL, mais également les REVENUS et/ou RESSOURCES.
Résoudre durablement ce problème, nécessite une
rupture avec le système capitaliste et l’abolition de son inhérente
économie de marché dont le moteur est le profit. Pour
avoir un profit maximum, il faut produire à bon marché.
La machine - plus rentable - remplace donc le travail humain, d’où
chômage.
Pour faire du profit (seulement possible pour certains) il faut recréer
des raretés, d’où destruction de marchandises utiles.
Pour faire du profit, il faut absolument vendre et n’importe quoi, d’où
gaspillages, fabrication de gadgets inutiles, dont les armes... au lieu
de fabriquer des biens utiles servant à la satisfaction des besoins
normaux de vie et de les répartir équitablement, c’est-à-dire
REMPLACER L’ECONOMIE MARCHANDE par une ECONOMIE dite DISTRIBUTIVE !
Il ne suffit pas d’avoir raison sur l’analyse et de dire il faut rompre
avec le système capitaliste et son économie marchande,
parce que c’est l’évidence pour sortir du cycle infernal. Nous
devons absolument répondre à la question : comment pouvons-nous
encore nous battre contre la DUALISATION ». (les protégés
et les non protégés, ceux qui peuvent « gagner »
leur vie et ceux qui ne le peuvent plus (ou très rarement) de
l’économie, contre cet éclatement de la société
que la droite admet et que la soi-disant gauche qui gouverne accepte
comme inévitable, ou préconise : elle en fait la promotion
!... La seule ALTERNATIVE réellement de GAUCHE à la société
ECLATÉE, c’est une société ou tout le monde peut
travailler, mais travailler peu, tout en étant assuré
sa vie durant, d’une allocation, d’un revenu, ou de ressources permettant
une vie normale, en échange de la faible quantité de travail
encore nécessaire.
Même si cette alternative n’est pas immédiatement réalisable
ou plutôt parce que cette alternative n’est pas immédiatement
réalisable, nous devons forger le, ou les outils de lutte, hors
du terrain parlementaire et hors de la fausse alternance « gauche/droite
» c’est-à-dire, hors d’une stratégie bassement électoraliste,
car les dernières élections l’ont démontré
une nouvelle fois : « élections piège à con
». Le système électoral du « chèque
en blanc » est inadmissible pour de vrais démocrates, et
donc pour de vrais socialistes. Je n’entre pas ici dans les détails
d’un fonctionnement réellement démocratique par les conseils
des communautés de base, ce n’est pas le but de cette contribution
qui consiste à proposer de nouvelles revendications unifiantes
et remobilisatrices. Des revendications qui permettent de reconstruire
un rapport des forces favorable aux travailleurs.
Je reste persuadé qu’aucune stratégie anti-capitaliste
n’est possible avec des chances d’aboutir, sans intégrer toutes
les composantes de la classe ouvrière et puis également
l’ensemble des luttes « populaires » : pour l’écologie,
pour les libertés, contre le racisme, contre la guerre... même
si tout le monde n’a pas encore conscience de la cause fondamentale
: le système capitaliste avec son inhérente économie
marchande.
L’Economie marchande ne produit pas pour l’Homme privé de revenu,
elle ne connait que le client ! L’homme n’est ni bon, ni méchant,
il cherche à vivre... Sans abandonner la lutte pour des salaires
décents, contre les inégalités, pour de meilleures
conditions de travail et la réduction du temps de travail de
ceux et de celles qui ont encore un emploi, il faut également
engager le combat AVEC et POUR ceux et celles qui ont déjà
été éliminés par l’économie marchande
modernisée et qui, en plus sont qualifiés « d’inactifs
et d’assistés ». Le seul moyen que notre groupe a trouvé
dans le sens d’une unification et d’une remobilisation des travailleurs
(pour qu’ils aient de nouveau envie de se battre), est que tout le monde
puisse travailler ou avoir une activité rémunérée.
C’est ainsi que nous proposons à tous les anticapitalistes et
tout simplement à tous ceux et toutes celles qui veulent agir
pour se sortir, eux et leurs semblables, de la misère et de ces
injustices, d’exiger des organisations sociales, syndicales et politiques,
de militer avec et en faveur des exclus (es), c’est-à-dire une
stratégie commune au mouvement ouvrier ou une unité populaire,
pour la mise en place d’une loi d’urgence, ou, obtenir une réglementation
qui, d’abord autorise, puis promeut une sortie progressive de « l’assistance
» et de la non garantie des emplois temporaires-précaires.
Une règlementation qui consiste prioritairement et en première
étape, à CONSERVER tous les emplois menacés, par
une diminution, proportionnelle au nombre d’emplois menacés,
de la durée du travail de toutes celles et de tous ceux qui sont
employés par une unité économique ou un «
site ». COMPENSER la diminution correspondante du salaire par
une indemnité compensatrice du type « indemnisation du
chômage partiel » mais compensant mieux les bas salaires.
Il s’agit de compenser le manque « à gagner sa vie »
correctement ! SANS ETRE : NI INACTIF, NI ASSISTÉ !
Dans les cas où une diminution du temps de travail, proportionnelle
au nombre d’emplois menacés d’un « Site », ferait
descendre l’horaire hebdomadaire en dessous de 32 h ou même 24
h, ainsi que dans les cas des premières demandes d’emplois non
satisfaites (des jeunes, des femmes), il faut que cette réglementation
permette la création d’Agence Locales pour la Promotion du Droit
à une Activité : (activité professionnelle, culturelle
ou de solidarité) A.L.PRO.D.A. nous les concevons proches des
gens, par exemple au niveau du canton. L’A.L.PRO.D.A. est comparable
à une entreprise (toute personne demandeuse d’un emploi après
licenciement, départ volontaire, jeunes sortis de l’école,
femmes...), si elle en manifeste la volonté, est embauchée
par l’A.L.PRO.D.A. ; embauche qui comporte l’engagement d’une présence
et d’un travail dans les conditions similaires à une embauche
normale (à durée indéterminée) chez un autre
employeur. Le système des « négriers » serait
donc éliminé ! C’est l’A.L.PRO.D.A., devenu le seul employeur
de toutes et de tous les sans-travail, qui, en-dehors des placements
de personnes à des postes permanents existants, facturerait les
prestations de sa main-d’oeuvre disponible aux « utilisateurs
» et/ou aux contractants (entreprises ou particuliers). C’est
ainsi que le FNE, les ASSEDIC, l’APEC, les fonds pour les TUC, etc...
n’apporteraient qu’un appoint aux finances de l’A.L.PRO.D.A.. De ce
fait, on arrivera à sortir les gens de l’assistance et de l’inactivité
déprimantes. Il s’agit de ne plus « payer des gens en les
obligeant à ne rien faire », seulement à «
chercher » du boulot de plus en plus RARE ! ce qui, par le système
marchand de l’offre et de la demande, permet aux profiteurs (les privilégiés
du système actuel) de « donner » une aumône
au lieu de rémunérer correctement le travail.
Même si transitoirement (avant les transformations fondamentales),
un grand nombre de personnes ne peut être placé tout de
suite à un poste permanent, l’A.L.PRO.D.A. devenant l’employeur
permanent des ex-sans- travail, deviendra donc également
celui qui assurera un revenu permanent garanti et non une aumône
plus faible que les allocations « d’assistance ». En plus,
comme dans une autre entreprise, les travailleurs de l’A.L.PRO.D.A.
peuvent s’organiser collectivement (syndicat)... C’est donc la possibilité
de réunifier et de remobiliser la classe ouvrière (y compris
ceux et celles de la 2e et 3e composantes) pour une lutte anti-capitaliste,
et un combat pour un socialisme démocratique à économie
distributive. Les questions de fonctionnement, de gestion, de couverture
financière, etc... sont explicitées dans la brochure «
Que faire ? » du C.L.A.C. de Thann*. La gravité des problèmes
actuellement posés par le chômage, du manque de ressources
minimales et l’inactivité de millions de personnes vaut en tout
cas la peine de tout tenter pour trouver des solutions. Une volonté
politique et syndicale permettrait d’avancer rapidement. La prise de
conscience du but .non-capitaliste et donc non marchand vers lequel
nous dirige l’évolution, est seule capable de nous réconcilier
les uns avec les autres ; de nous unir en vue de faciliter et d’accélérer
l’épanouissement d’un vrai socialisme des Droits de l’Homme par
l’Egalité Economique, seule capable de satisfaire TOUS LES BESOINS
! Ce qui précède est révolutionnaire ? Mais qu’est-ce
que la révolution ? Pour bien des gens, révolution veut
dire bagarre ! Non ! Révolution signifie : transformation inévitable.
Ce qui déclenche la bagarre, dernier refuge du désespoir,
c’est le refus de la Révolution. Lorsque le développement
des forces productives d’une société rend caduques ses
institutions, une adaptation de celles- ci ne suffit plus. Leur mutation
s’impose. Alors, ce n’est pas pour accroitre le désordre, mais
pour remettre en ordre une société déphasée,
contradictoire et absurde qu’il convient de procéder à
une refonte totale.
Aujourd’hui, les inégalités, les privilèges, les
mécanismes contraignants et paralysants entrainent de telles
incohérences et iniquités que la révolte peut jaillir
à chaque pas. Refuser cet état de choses et instaurer
un ordre social assurant la justice, la sécurité et la
dignité, donc la paix sociale
C’EST CELA, LA RÉVOLUTION !
Que la misère existe encore dans une société où
le développement des sciences et des techniques permet la création
de fusées interplanétaires, c’est un scandale qu’aucun
citoyen - à plus forte raison s’il se prétend «
social » ou se dit « socialiste » - ne peut tolérer.
(*) Adresse de contact : M. Jeanne et Pierre WENDLING 29, rue du Kurenbourg 68800 THANN
Voici la relation, aussi fidèle que possible, d’un entretien que j’ai eu récemment avec une universitaire spécialiste des questions monétaires à propos des articles que M.L. Duboin a fait paraitre dans la revue « Le 3e millénaire ».
La spécialiste - J’ai apprécié le style alerte de ces études qui me change des traités arides dont je dois prendre connaissance quotidiennement et j’ai constaté que cette légèreté n’empêchait pas une excellente analyse du rôle que joue le dollar en ce moment. Mais, en ce qui concerne le processus de production et de répartition dans le régime capitaliste, la thèse m’a paru se limiter à la condamnation des destructions de fruits et légumes que chacun s’accorde à reconnaitre maintenant inadmissible.
R. Marlin - Ce n’est pas parce que les distributives ont été les premiers à dénoncer ce crime contre l’humanité auquel aboutit la logique du système qu’il faut oublier l’ensemble de leurs travaux sur ce sujet. Je vous renvoie à l’ensemble des ouvrages de J. Duboin et notamment à « Rareté et abondance » ainsi qu’à « Libération ».
SP. - Je lirai ces livres. Mais il me semble déceler un manque de netteté sur la question classique de la monnaie valeur d’usage ou valeur d’échange.
R.M. - La monnaie actuelle a une valeur d’échange en ce sens que celui qui ne donne rien n’a rien : pour avoir accès à des revenus, il faut soit posséder déjà un capital, soit vendre son travail. Le XXe siècle a vu l’apparition d’un autre type de ressource : les allocations diverses dont le montant atteint en France 45 % du total des revenus si l’on ajoute retraites, congés payés, allocations familiales, allocations de chômage, etc... Ces sommes sont versées sans qu’il y ait échange. Elles n’ont qu’une valeur d’usage : il faut bien que ceux qui n’ont pas de capital et ne peuvent travailler aient de quoi survivre. La monnaie distributive créée en raison des biens et services disponibles et annulée lorsqu’ils ont été utilisés est bien par excellence une monnaie purement d’usage, elle aussi.
SP. - Il faudrait analyser plus sérieusement la monnaie scripturale et, plus encore, la monnaie électronique. La vitesse de rotation des moyens d’échange devient prépondérante sur la masse statique.
R.M. - Le fait que la monnaie circule empêche toute mesure exacte de la masse en mouvement, d’où les théories mathématiques compliquées et toutes approchées (jamais assorties du calcul de l’erreur correspondante) qui tentent de l’estimer. Ceci renforce l’intérêt gestionnaire d’une monnaie non circulante telle que celle que nous préconisons.
S.P. - Il faudrait encore mieux définir la nouvelle monnaie, c’est le problème fondamental, par exemple ne pas ignorer la fonction d’équivalent général.
R.M. - Cette fonction a été abordée, principalement sous la forme historique par M.L. Duboin dans les articles du « 3e millénaire » et aussi dans le livre de J. Duboin, « Les yeux ouverts » datant de 1955 et récemment réédité. Notons simplement que la monnaie capitaliste actuelle n’a que très théoriquement un rapport avec l’or. C’est vrai pour le dollar depuis que le gouvernement des Etats-Unis a décrété sa non convertibilité en or en 1971. C’est également vrai du franc et des autres monnaies, il suffit pour s’en convaincre de se voir refuser aux guichets de la Banque nationale l’équivalent en or des billets, espèces ou chèques déposés. La monnaie d’à présent n’est donc qu’un simple titre de créance dont la valeur fictive est fondée sur la confiance envers celui qui l’émet. Sur ce point la monnaie distributive n’est pas essentiellement différente, bien que certains disciples de J. Duboin aient proposé de la gager sur l’heure de travail de base ou même sur l’unité internationale d’énergie : le joule. De toutes façons la monnaie future se distingue de l’ancienne par les caractères définis ci-avant et qui rendent secondaire, comme c’est déjà le cas maintenant, la notion d’équivalent général.
SP. - Je pense qu’il serait également nécessaire de préciser la notion de besoin. Il n’existe pas en tant que tel. C’est un concept. Qui l’élabore ? Dans quel but ? Ce que l’on sait c’est que ceux qui l’utilisent présentement le font justement dans la logique du profit, alors où vous situez-vous ?
R.M. - L’économie distributive ne sera pas la « prise au tas » tant décriée par certains ignorants volontaires de nos propositions. Quelques fournitures courantes et abondantes telles que l’eau, le gaz, l’électricité, le pain, les transports pourront être rendues gratuites comme l’air et l’enseignement le sont déjà. Pour les autres produits et services, la monnaie distributive subsistera, dématérialisée et électronique. Elle constituera un référendum permanent permettant d’ajuster au fur et à mesure la production en cours à la demande exprimée. Ainsi les besoins pourront être satisfaits dans le cadre des possibilités de la production, décuplées par le progrès technique et en fonction du temps que les citoyens décideront de consacrer au service social. Les demandes extravagantes ne pourront être honorées que dans cette mesure. Retenons au passage la position financièrement justifiée mais matériellement absurde de ceux qui prétendent que les retraites devront diminuer en l’an 2005 environ. Ils affirment en même temps que les personnes âgées seront en majorité dans la population. Si l’on remarque que la production qui augmente régulièrement continuera à le faire, il faudra bien, de nouveau, sortir de l’orthodoxie financière et solvabiliser les retraités afin d’écouler les produits.
SP. - Venons-en aux moyens à déployer pour le passage à la nouvelle économie. Je ne crois pas qu’elle s’imposera par l’unique force de son évidence. La seule sagesse ne saurait la rendre inéluctable, même accrue par l’expérience d’une troisième guerre mondiale qui serait plus que terrible (1) et dont on peut penser qu’elle renforcerait plutôt le capitalisme ; en admettant qu’il subsiste des femmes et des hommes pour le faire fonctionner. Le nouveau système ne saurait, non plus, rester neutre vis-à-vis des institutions politiques de l’avenir sous peine de demeurer une sorte de jeu de Monopoly pour passionnés ou au mieux un scénario économique auquel se livreraient quelques initiés en vase clos. Le marxisme n’a reçu quelques commencements de réalisations, pas toujours convaincantes d’ailleurs, qu’en misant sur la lutte des classes, l’agitation prolétarienne, la propagande et la révolution. Quelle tactique utiliserez-vous ?
R.M. - L’économie distributive conçue souvent plutôt centralisatrice et dirigiste, peut parfaitement s’accommoder d’une décentralisation poussée et de l’autogestion des entreprises et (1) des communautés territoriales ou autres. Aucune stratégie n’est à rejeter pour la mettre en place. La voie syndicale, celle des mouvements ou des partis politiques de différentes sortes ont été ou sont essayés. Soyons bien conscients que des puissances financières redoutables s’opposeront de toutes leurs immenses forces à l’instauration d’un système qui construirait la démocratie économique. Il suffit d’observer comme les timides tentatives du gouvernement du parti dit socialiste ont été vite réprimées. L’Union Soviétique elle-même est incapable de sortir du système échangiste non seulement pour son commerce extérieur mais aussi, en grande partie, pour la distribution interne. Beaucoup de personnes croient, à tort, que leurs intérêts sont liés avec les grands financiers, c’est ce qui fait la force de ces derniers. Ils ont réussi jusqu’à ce jour, sauf de rares exceptions, et malgré de nombreuses interventions, à nous empêcher de nous exprimer dans les médias de grande audience. C’est un handicap insurmontable dans une lutte que nous ne pouvons mener qu’avec l’assentiment du plus grand nombre. Voilà le premier verrou à faire sauter. Au-delà toutes les perspectives sont possibles et aucun moyen compatible avec notre objectif n’est à rejeter.
SP. - Je reste sceptique d’autant que, parallèlement, se pose le problème du passage à la nouvelle économie dans tous les pays à la fois, dans les pays industrialisés pour commencer, ou bien dans un seul : la France. Cette affaire s’apparente à celle du socialisme dans un seul pays, traitée par Marx à son époque. La mondialisation du système économique, la disparition de beaucoup de frontières douanières, l’explosion du commerce inter- Etats, la création de la communauté économique européenne, etc., sont des faits incontournables avec leurs avantages et leurs inconvénients sur lesquels il est impossible de revenir. L’abondance nécessaire existe peutêtre dans les sociétés de consommation, au moins dans quelques domaines mais comment l’étendre au monde entier ?
R.M. - Il n’est pas douteux que l’économie que nous souhaitons doit être adaptée à un monde ouvert. Néanmoins notons que les échanges entre pays sont d’ores et déjà négociés sur la base de contrats visant à l’équilibre. Ils le seront encore davantage et, de plus réglés au comptant ; ajoutons que le troc reste toujours possible. Tous ces échanges sans transfert de devises ou presque mettront la monnaie distributive hors la spéculation internationale. Nous estimons que ces mesures donneront à notre pays le temps de faire rayonner suffisamment le système pour que les autres, à commencer par les grands Etats industriels, suivent notre exemple. Le progrès scientifique et technique qui ne manquera pas de s’accélérer fera le reste...
***
La discussion aurait pu se poursuivre encore longtemps. Nous n’avions que survolé les sujets de réflexion appelés par notre action. Je retire de cet entretien la conviction que la recherche acharnée du dialogue avec tous, en particulier avec les gens d’influence, est indispensable et enrichissante. C’est un bon moyen de nous faire connaître et de sortir de nos cercles de convaincus. Ne pas ignorer les objections est fondamental et essayer de perfectionner toujours nos réponses en les actualisant sans cesse l’est encore plus. Cette démarche nous permettra de faire avancer nos thèses dans l’opinion. L’économie distributive, ainsi que toute autre revendication, n’aboutira que lorsqu’elle correspondra vraiment à une nécessité reconnue comme telle par la majorité des citoyens. C’est la seule voie pacifique qui me parait possible.
(1) Voir « Les affranchis de l’an 2000 » par M.L. Duboin. En vente à La Grande Relève.
L’imagination n’était guère au rendez-vous
à l’émission de R. Portiche animée par Drucker.
Horaires à la carte, aménagement d’un espace liberté,
banque du temps, gestion du temps libre, décentralisation, mobilité,
c’est tout ce qu’ont trouvé les Boissonnat, Albert, Guillaume,
Tapie et consorts pour régler le problème des chômeurs
et des retraités de l’an 2000 au revenu dangeureusement menacé.
L’entreprise s’ouvre à une aimable pagaille, le personnel prenant
ses cliques et ses claques comme bon lui semble, pour bricoler chez
lui ou aller à la pêche, en croisière, puis, embauché
à nouveau, ses fonds épuisés, comptant sur la magnanimité
d’un patronat encombré de robots et n’ayant besoin que d’une
main-d’oeuvre réduite, qualifiée.
Travailler moins au sein de son entreprise implique bien entendu un
gain moindre ; mais là, les salariés ne sont plus d’accord.
Que leur suggère-t-on pour arrondir leur revenu ? Travailler
au noir, pour les voisins ou pour soi-même en faisant concurrence
aux artisans, réparateurs et commerçants. On suppose généreusement
que devrait se mettre en place tout naturellement une économie
parallèle où chacun trouverait sa pitance, y compris les
retraités goutteux, rhumatisants, souffrant d’arthrose ou de
sciatique, invités à s’équiper en ordinateurs et
machines à coudre afin de confectionner leurs propres vêtements,
monter leur mobilier fourni en kits, bref, à se débrouiller
par leurs propres moyens. Pour les autres, la mobilité reste
le maitre-mot. Tout le monde à la campagne, en caravaning, à
la recherche d’un petit travail permettant de survivre.
Est-ce sérieux ? Il est piquant d’entendre ces utopistes qualifier
eux-mêmes d’utopistes ceux qui ont d’autres idées en matière
de changement, en ce qui concerne la vie en l’an 2000 après une
inéluctable révolution économique et monétaire
que nos mentors ont le souci de conjurer en racontant des salades.
Le public n’est pas dupe. Il constate que nous sommes entrés
dans une ère d’abondance à laquelle il convient d’accommoder
des structures économiques devenues désuètes, inadéquates,
incapables d’en faire profiter le gros des consommateurs.
Les arboriculteurs récidivent. Mécontents
de la mévente de leurs produits, un millier d’entre eux ont déversé
trois cents tonnes de pêches devant l’hôtel de ville de
la Drôme à Valence, le 19 juillet. L’augmentation de la
production française estimée à 5 par rapport a
1984 et les importations de pêches espagnoles ne seraient qu’en
partie responsables de cette crise. C’est bien la baisse de la consommation
française qui est en cause.
L’objectif n’étant pas de satisfaire les besoins, mais de vendre
pour faire des bénéfices, les arboriculteurs demandent
des mesures urgentes pour faire remonter les cours de la pêche.
L’Etat vient de débloquer 1.100.000 F pour « assainir »
le marché, c’est-àdire retirer une partie de l’excédent
et faire remonter les cours. Cette mesure étant insuffisante,
le Conseil Général de la Drôme demande à
la Commission Européenne d’autoriser le déclenchement
d’achats publics prévus par le règlement communautaire
en cas de crise grave.
Qualifier de crise grave ce qui n’est que la résultante du système
et que l’on retrouve dans tous les domaines économiques semble
comique. Mais savoir qu’une partie de mes impôts sert à
me faire payer encore plus cher les produits du marché est loin
de me faire sourire.
TRIBUNE LIBRE
Lorsqu’on se penche sur l’oeuvre de Jacques DUBOIN,
et qu’on connait les nombreux. efforts accomplis par lui, ses successeurs
et ses adeptes, on peut s’étonner que des constatations et conclusions
aussi lumineuses sur le système financier capitaliste, n’aient
pas fait progresser davantage l’idée de la nécessité
d’une économie distributive.
Plus de 50 ans après le début du combat pour les thèses
abondancistes, peut-être est-il nécessaire d’actualiser
notre propagande, de la rendre plus compréhensible, de mettre
en place une sorte de marketing de l’économie distributive, car
les leaders politiques ont eux- mêmes recours maintenant à
des spécialistes de la communication.
Il faut tenir compte de la faculté de compréhension de
lecteurs qui n’ont jamais entendu parler d’économie politique
et des mécanismes du système bancaire et financier. Il
faut être très clair et concis, être des vulgarisateurs
pour rendre simple ce qui peut apparaitre compliqué. Les gens
détestent qu’on bouscule profondément leurs habitudes,
leurs conceptions de la vie, et ne s’adaptent qu’aux évolutions
lentes et progressives. Faire bouger les mentalités est la chose
la plus difficile.
Alors que faire ? Les textes les plus courts sont les meilleurs car
ce qui est long et aride rebute les lecteurs, et a peu de chance de
vaincre la paresse naturelle de beaucoup. Les données de l’actualité
ajoutées aux nombreux ouvrages de Jacques DUBOIN et de ses disciples
nous fournissent la matière pour établir un nouveau condensé
de nos thèses.
Il est nécessaire bien sûr de rappeler d’abord les contradictions
du système capitaliste, mais aussi du système socialiste
totalitaire des pays de l’Est, pour bien nous démarquer de ceux-ci.
Ensuite nous devons affiner, perfectionner l’exposé des postulats
de l’économie distributive afin de les rendre plus assimilables,
plus crédibles pour les néophytes. Dire, par exemple,
que le salariat sera aboli, qu’un revenu social sera versé à
chacun, que tout individu sera tenu de participer à un service
social ne peut donner qu’une vision déformée de ce que
serait une économie distributive, en laissant craindre l’instauration
d’une société communiste autoritaire, et le nivellement
par le bas.
Nous savons bien nous, militants convaincus, que ce ne serait pas le
cas, encore que les sociétés n’évoluent pas toujours
dans le sens rêvé par les novateurs et les pionniers originels.
Mais nous devons nous mettre à la place de ceux qui entendent
parler d’économie distributive pour la 1ere fois.
Soyons donc réalistes et efficaces. Admettons que partant de
la situation actuelle le salariat ne pourra être aboli rapidement,
et qu’il sera donc maintenu jusqu’à ce que les esprits aient
suffisamment évolué pour admettre sa disparition.
Justifions le principe d’un revenu social de base en rappelant que les
progrès techniques éliminent et élimineront de
plus en plus de travailleurs, et qu’il faut donc solvabiliser les consommateurs
sans emploi, ni ressources, c’està-dire leur distribuer du pouvoir
d’achat. Indiquons que le financement du revenu social ne peut se faire
que dans une économie distributive utilisant une monnaie de consommation
gagée sur la production et progressant avec celleci, alors que
dans le système actuel il faut prendre aux uns pour donner aux
autres. La crise est uniquement financière.
Evitons aussi de parler d’un service social pour tous qui est vite assimilé
par nos détracteurs à une sorte de service militaire obligatoire.
Parlons de partage du travail, de la diminution de la durée hebdomadaire,
et de l’augmentation et de l’utilisation des loisirs. Le service social
pourrait être préconisé au début pour les
tâches rebutantes, dédaignées, qui pourraient être
assumées par les jeunes ou des volontaires plus âgés
dans une sorte de service civil. Ce serait là l’embryon du futur
service social.
L’ignorance, même de leaders politiques, sur le fonctionnement
des mécanismes bancaires et financiers étant effarante,
il serait souhaitable de consacrer un chapitre sur ce sujet qui pourrait
être un résumé des idées principales contenues
dans les livres « Les yeux ouverts » ou « Pourquoi
manquons-nous de crédits ? » de Jacques DUBOIN.
Car la méfiance la plus difficile à vaincre concerne la
possibilité de verser des revenus sans les prélever sur
d’autres, c’est-à-dire de financer l’économie distributive.
Il faut donc expliquer très clairement la méthode qui
serait utilisée.
Pour mettre au point ce condensé de nos thèses il serait
souhaitable de former un comité ou une commission qui ferait
la synthèse des divers apports et avis exprimés.
Et puis enfin, notre combat pour l’économie
distributive devrait être inséparable de celui pour la
paix et un désarmement général progressif. Car
si l’on réduisait ou supprimait les productions d’armements,
en plus du côté humain de la disparition des guerres et
tueries collectives, nous provoquerions dans les divers pays des reconversions
indispensables qui conduiraient inévitablement à l’économie
distributive.
Sans une adaptation indispensable de nos thèses à l’actualité
d’aujourd’hui, nous risquerions de continuer à être considérés
comme d’aimables et sympathiques utopistes. Il est urgent d’y remédier.
RÉPONSE à L. GILOT
Nous nous sommes demandé, en lisant le papier
de Léon Gilot, ce que ce camarade entend par une économie
distributive qui n’abolirait pas le salariat ? Le fondement même
de nos thèses consiste à faire comprendre que depuis que
tant de machines travaillent à la place des hommes, c’est-àdire
depuis que la production croît en même temps que le, chômage,
les salaires ne peuvent plus distribuer le pouvoir d’achat nécessaire
à écouler toute la production... ! On ne peut plus mesurer
le pouvoir d’achat par la durée du travail, sous peine d’une
crise économique insurmontable, les robots n’achetant pas ce
qu’ils fabriquent. Puisque la production augmente, grâce à
eux, il faut que les revenus des hommes augmentent, alors que diminue
leur temps de travail.
Cette rupture du lien entre revenus et durée du travail, n’est-ce
pas justement l’abolition du salariat ? Cette transformation radicale
de notre société, sous la pression des’ faits, nécessite
une transformation tout aussi radicale de la monnaie, comme l’exprime
L. Gilot, et nous sommes bien d’accord avec lui pour admettre que faire
comprendre ceci n’est pas une tâche facile. Mais ce ne serait
ni réaliste, ni efficace, de dire que le salariat peut ne pas
être aboli. Il faut, au contraire, être très clair
sur ce point.
Que ceux qui ne voient pas les réalités auxquelles notre
époque est confrontée nous traitent d’aimables utopistes,
qu’importe ? Mais, de grâce, ne nous dites pas qu’il est urgent
de remédier au fait que nos thèses ne s’adaptent pas à
l’actualité d’aujourd’hui !
M-L. D.