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Je lis dans deux colonnes voisines du « Monde » du 25 décembre 1984 : - d’abord sous le titre « En Ethiopie les aides internationales aux victimes de la famine se multiplient », qu’en GrandeBretagne un élan de solidarité a permis de rassembler environ 290 millions de francs et que le gouvernement britannique a pour sa part consacré 116 millions de francs pour lutter contre la famine en Ethiopie, soit donc au total 406 millions de francs ; - puis, sous le titre « Bon Noël, Monsieur Pickens », que le P.-D.G. de la société Terane Mesa Petroleum, M. Pickens, vient de réussir un magnifique coup de bourse qui lui rapporte pour Noël la somme de 845 millions de francs, moindre cependant que son coup précédent du début de 1984 qui lui avait permis de réaliser un profit de 7,4 milliards de francs soit donc 8,245 milliards de francs au total pour ces deux coups de bourse, c’est-à-dire un peu plus de 20 fois plus que l’aide de la GrandeBretagne à l’Ethiopie. Si après ça, vous considérez encore que le système capitaliste est le meilleur, c’est que votre cas est désespéré.
***
Au « Grand Jury RTL-Le Monde » du 23 décembre,
l’abbé Pierre a déclaré : « Toute mesure
de l’Etat, toute initiative privée seront vaines tant que l’opinion
publique restera entretenue dans cette illusion mortelle qui consiste
à penser que la crise n’est qu’un mauvais moment à passer.
Il y en a pour une génération. Nous sommes contraints
au partage de l’emploi et au partage des revenus de l’emploi. »
L’analyse de l’abbé Pierre semble bien aller dans nos vues mais
il devrait préciser que ce ne sont pas les revenus de l’emploi
des smicards et des salariés plus généralement
qu’il faut partager mais plutôt ceux du capital et des boursicoteurs.
A son âge, l’abbé Pierre devrait déjà avoir
compris que ce n’est pas par la charité que l’on peut changer
une société. En réalité, pas plus l’abbé
Pierre que les conservateurs de droite et de gauche qui le soutiennent,
ne veulent rien changer. Le chômage et la misère ont encore
de beaux jours devant eux !
***
Avant de définir la politique industrielle
qu’elle compte mener, Mme Edith Cresson, ministre du redéploiement
industriel et du commerce extérieur, procède à
une analyse pertinente (mais selon nous incomplète) de la crise
: « au milieu des années 80, la définition d’une
politique industrielle est confrontée à deux contraintes
majeures : la persistance de la crise économique d’une part,
la mutation technologique de l’autre... La persistance de la crise se
manifeste par l’existence de faibles taux de croissance et le maintien
d’un niveau élevé de sous-emploi. Ces deux caractéristiques
reflètent, au fond, l’absence d’une reprise vigoureuse de l’investissement.
La crise actuelle est une crise de rentabilité et non une crise
de sous- consommation... La mutation technologique présente des
caractères originaux et très contraignants. D’une part,
elle se diffuse très rapidement et dans un espace mondialisé...
D’autre part, elle constitue une cassure par rapport à la tendance
passée dans la mesure où le progrès technique se
manifeste cette fois-ci par un mouvement de substitution de la machine
aux cerveaux et non plus aux bras... »
On retrouve toujours dans ce genre d’analyse l’idée que la croissance
et l’investissement peuvent nous aider à sortir de la crise,
alors que, dans le système économique actuel, c’est l’investissement
qui crée le chômage puisque sa finalité est d’acquérir
des équipements modernes et performants permettant de produire
plus et à moindre coût, c’est-à-dire, si l’on ne
se bouche pas les yeux, avec moins de main-d’oeuvre. Dire ensuite que
nous n’avons pas affaire à une crise de sous- consommation est
un peu osé quand on voit le nombre de « nouveaux pauvres
» augmenter de jour en jour. Gageons que si l’on solvabilisait
correctement l’ensemble de la population française, par exemple
en attribuant à chacun un revenu social garanti convenable, la
consommation augmenterait considérablement, ce qui, dans un premier
temps, permettrait de remettre un certain nombre de chômeurs au
travail.
***
On impose aux Français la rigueur et l’austérité pour moderniser leurs entreprises afin qu’elles produisent plus, à moindre coût de façon à exporter plus. Et pour atteindre ce but, on les engage à imiter le Japon. On vient justement d’apprendre en cette période de bilans que la balance commerciale japonaise enregistrait un excédent d’au moins une trentaine de milliards de dollars. Heureux Japonais, direz-vous ! Hélas, nous apprenons aussi que le budget japonais pour l’exercice 1985-86 est, pour la cinquième année consécutive, placé sous le signe de l’austérité, du déficit record et de l’accroissement de la dette publique. Celle-ci devient le premier poste de dépenses. Malgré un accroissement des impôts et des taxes de 11,5%, le déficit structurel reste depuis bientôt dix ans le plus élevé du monde, représentant un quart du budget. La dette publique est énorme et atteint quelque 500 milliards de dollars, ce qui représente près de 48 % du PNB, et son service, soit 41,1 milliardsde dollars, est passé en tête des dépenses budgétaires. Depuis plusieurs années, le Japon continue à laisser stagner sa demande intérieure et à favoriser les exportations, d’où son excédent de balance commerciale. Et c’est cela qu’on nous demande d’imiter ? Si je comprends bien, après la rigueur ce sera encore la rigueur. C’est vraiment dingue ! Au fait, vous savez que les Japonais ne prennent en moyenne que six jours de congé par an ? Finalement, c’est peut-être à cela que voulait aboutir le CNPF avec sa flexibilité !
Deux lecteurs nous ont adressé des papiers semblables qui témoignent de leur révolte face à l’injustice explosive du système du marché. Le premier, qui émane d’un distributiste de la première heure, a été envoyé en même temps à nos amis de l’ « Union Pacifiste », dans le but de leur montrer que la paix dans le monde passe, de toute évidence, par une économie plus juste...
Chaque semaine l’actualité nous place face
au problème de la faim dans le monde. Que ce soit en Ethiopie,
au Sahel, au Tchad, au Mozambique, au Niger, au Bengladesh, dans le
nord-est brésilien, ou ailleurs, des centaines de milliers d’êtres
humains journellement souffrent de la malnutrition, ou meurent. En Ethiopie
actuellement 900.000 personnes sont ainsi menacées de disparition
à brève échéance.
Les causes de cette situation sont connues : la sécheresse, le
déboisement, l’érosion des sols, la désertification,
les guerres, la surpopulation, des habitudes ancestrales, la diminution
des cultures vivrières, et parfois les détournements des
secours.
Face à cette situation alarmante, les pays développés,
par l’intermédiaire de la F.A.O., de la Communauté européenne,
et d’organisations humanitaires, envoient des aides alimentaires et
médicales. Quelques fois celles-ci se heurtent au problème
de l’acheminement vers les zones sinistrées en raison de la vétusté
des véhicules ou de l’absence de moyens de transport, la pénurie
ou le mauvais état des routes. Quoi qu’il en soit ces aides restent
cependant insuffisantes devant l’ampleur du problème.
Dans le même temps, l’occident et les pays industrialisés
éprouvent de grandes difficultés à résoudre
celui des excédents alimentaires. On détruit ou on limite
la production. Et cette contradiction ne semble pas préoccuper
les divers gouvernements. On s’incline devant la fatalité.
De même, bien qu’on continue à s’apitoyer sur le sort des
populations menacées de disparition, les budgets militaires restent
aussi importants, et les ventes d’armes, en particulier aux pays pauvres
se portent bien. La France, même sous un gouvernement socialiste,
reste le 3e exportateur dans ce domaine, pour maintenir des emplois...
et équilibrer sa balance des paiements.
Que ce soit à l’est ou à l’ouest des centaines de milliards
sont ainsi engloutis chaque année pour préparer un éventuel
holocauste, au détriment des industries de paix, de l’amélioration
des conditions de vie des populations, et de l’aide aux pays en voie
de développement.
Ici encore cette contradiction ne semble pas émouvoir les différents
gouvernements. En ne s’engageant pas dans une politique de désarmement
progressif - une réduction annuelle de 5 % pourrait par exemple
être décidée - les dirigeants quels qu’ils soient,
même ceux qui veulent construire des lendemains qui chantent,
se satisfont de l’insuffisance des aides apportées aux pays affamés,
et admettent donc ce génocide permanent que représente
la mort de milliers d’êtres humains, face à l’égoïsme
des pays riches.
Comment ne peut-on pas être révoltés par ce crime
contre l’humanité que constitue cette non- assistance à
peuples en danger, conséquence de l’insuffisance de l’aide internationale
? La vue à la télévision de ces groupes d’hommes,
de femmes et d’enfants amaigris, la peau collée sur les os, aux
yeux enfoncés dans les orbites, le regard désespéré
ou vide, dans un complet état de prostration, nous rappelle l’univers
concentrationnaire découvert par les troupes alliées dans
les camps d’internement où le régime nazi parquait les
patriotes ou prisonniers politiques. Les causes ne sont pas identiques,
certes, mais les résultats sont les mêmes.
Certains économistes distingués me répondront qu’il
faudrait davantage de crédits. Malheureusement lorsqu’une guerre
éclate cet argument disparaît. On n’a jamais vu une guerre
cesser faute de crédits. Les dirigeants trouvent toujours les
moyens de fabriquer des armements, dont certains sont d’ailleurs distribués
gratuitement aux ennemis d’en face (obus, bombes, etc.). Est-il impossible,
par exemple, d’utiliser en temps de paix les moyens de transport militaires
pour acheminer les aides alimentaires et médicales aux populations
affamées ? C’est en réglant ce problème humanitaire
urgent que les dirigeants prouveront leur volonté de mettre leurs
actes en accord avec leurs discours.
« L’Europe des Dix » est en crise. L’Occident
s’entend, les pays parmi les plus riches du monde. Crise monétaire
? Sans doute, mais plus encore crise d’abondance par surplus invendus.
Nous produisons dans le domaine alimentaire plus que nous ne pouvons
consommer. Telle est la situation. Conclusion : il faut réduire
notre production dans un premier temps ! D’autre part, liquider les
stocks accumulés. Ce, pour réanimer un profit compromis.
Alors, ce sont les « quotas laitiers ». Par ailleurs, il
faut limiter la production agricole, procéder, coûteusement,
à l’arrachage des vignes.
Nous sommes trop riches ! Cela nous remet en mémoire le temps
- après les années 1930 - où l’on dénaturait
le blé pour le rendre impropre à la consommation humaine,
où on alimentait au café les locomotives brésiliennes.
Or, pourtant, le monde a faim !
L’Afrique, l’Asie (en certains lieux, des régions entières
de l’Inde) connaissent la famine. Plus de 150 millions d’Africains sont
au-dessous du minimum nécessaire à la survie. N’alourdissons
pas ces réflexions de chiffres et de statistiques connus de tous.
Dans le même temps où les chambres froides des entrepôts
d’Etat regorgent de produits, les deux tiers de la planète sont,
pour le moins, sous- alimentés. Dramatique incohérence
!
Poussons plus avant l’analyse. Les Dix vont dépenser plus d’un
milliard - lourd - pour se débarrasser des beurres invendus.
Qu’on liquidera à des prix « carembouillés »
oserait-on dire. Tandis que, dans l’ombre, deux cent mille tonnes de
boeufs attendent des acheteurs solvables. On en est là.
Et les deux tiers de l’humanité ont faim !. La F.A.O. - Organisation
pour l’alimentation - a dénombré des milliers de femmes
et d’hommes qui meurent de sous-alimentation chaque année, des
centaines d’enfants chaque jour. Le temps de cette lecture, dix enfants
sont morts de faim.
Dans le même temps, par des artifices juridiques ou des astuces
économiques, on retarde l’entrée de l’Espagne et du Portugal
dans le Marché Commun ! Trop de fruits, de légumes - que
sais-je encore ! Quelle catastrophe !
Mais que devient ici la « règle d’or » du capitalisme
traditionnel : « L’abondance fait naître la concurrence,
laquelle conduit à la baisse des prix » ? Car seule la
rareté fait la cherté des produits. Balivernes, «
d’économistes en chambre » que tout cela ! Alors, pour
amadouer une clientèle électorale - bien minoritaire -
la « règle » est bafouée. De « production
contingentée - en « production contingentée »,
l’engrenage nous saisit. Impitoyable, en définitive mortel.
Tandis que le monde a faim.
Peut-on espérer maintenir longtemps une telle situation ? Des
pays regorgent de richesses tandis que d’autres connaissent la famine.
Nous, les « nantis », ne pressentons-nous pas la révolte
qui, sourdement encore, gronde à notre porte ?
Comme dans le songe d’un pharaon lointain, ne voyons-nous pas, sortant
du Nil de la misère et de la faim, les vaches maigres se jeter
sur les vaches grasses pour les dévorer ?
Choses sues, certes, mais quotidiennement oubliées. Qu’il nous
faut inlassablement répéter pour notre salut commun.
L’insupportable ne se supporte pas indéfiniment. Situation aggravée,
ici et là, par une démographie galopante ou une sécheresse
persistante, sans doute aussi par une politique locale maladroite. Ainsi
ces cultures qui nourrissaient une population - moindre il est vrai
- abandonnées au profit de produits importés - occidentaux
bien sûr - et souvent mal employés ! Telle cette «
poudre de lait » utilisée le plus souvent avec une eau
impropre, cause d’une mortalité infantile aggravée. Un
exemple entre dix. Et - comble de cynisme - les cultures locales, cultures
de vie, remplacées par d’autres - cacao, café, etc. -
souvent impropres au climat, mais où l’Occident y trouve son
compte, et les rachète à vil prix...
Il nous faut évoquer ici « l’aide internationale ».
Geste de générosité pour moins de 10 % car 90 %
relève d’un négoce inspiré par la recherche d’un
profit. Il s’agit de faire pénétrer, en ces contrées,
leurs produits. Et dans le même temps, d’écouler les surplus
invendus. Des surplus qui ne répondent, le plus souvent, à
aucun besoin réel. Et, qui plus est, désorganisent les
cultures locales. Il faut qu’on le sache : il y a un demi-siècle,
la plupart des pays actuellement assistés mangeaient simplement
mais ne connaissaient pas la faim ! Présentement, moins de 5
% sont en « autosuffisance ».
D’un mot évoquons ici la répartition des biens fournis.
Le plus souvent anarchique et injuste. Les ports, les villes - lieux
d’arrivée - sont largement favorisés. Essentiellement,
l’armée, la police, l’administration. Mais les campagnes sont
oubliées...
Des peuples affamés et des gouvernements se dotant par ailleurs
- au prix fort - d’un armement coûteux, telle est la composante
idéale d’un explosif possible. La guerre en un mot.
Prenons-y garde. Partout, sur cette planète, les hommes prennent
une conscience plus aiguë de l’injustice qui les frappe. Après
l’avoir longtemps subie, ils ne l’acceptent plus. D’où, ici et
là, des révoltes combien justifiées !
Attendrons-nous que l’orage crève sur nos têtes pour accepter
les gestes de solidarité qui s’imposent ? Ne vaut- il pas mieux
répartir intelligemment les biens que l’effort, les techniques
ou la nature ont multipliés, entre ceux qui ont faim - souvent
à cause de nos fautes - avant d’en être dépouillés
par une violence toujours aveugle ? Il ne faut pas être grand
clerc pour affirmer que les distorsions dans la distribution des richesses
accumulées - intolérable injustice - ne demeureront pas
éternellement. L’heure des partages est à l’horizon. Ne
la laissons pas nous échapper.
« Il n’est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre »
dit la sagesse populaire. Mais ne dit-on pas aussi que « Jupiter
aveugle ceux qu’il veut perdre » ? De grâce, ne fermons
pas les yeux.
La baisse de la fécondité des femmes françaises inquiète de nombreuses personnes, qui redoutent non seulement l’effacement progressif de la nation, mais aussi les conséquences matérielles et morales d’une modification de la pyramide des âges. Dans quelle mesure devons-nous considérer ces craintes comme justifiées ?
1. Que la perspective d’une baisse continue et irréversible
de la population française ne soit pas très réjouissante,
nous en conviendrons volontiers. Mais les extrapolations, dans ce domaine,
sont toujours risquées, et il est raisonnable de s’attendre à
des fluctuations. La tendance sera peutêtre inversée quand
la situation nous permettra d’envisager avec plus d’optimisme l’avenir
de nos enfants.
Mais quel est l’idéal en cette matière ? Alfred Sauvy
répond qu’ « une légère croissance, variable
selon les pays », représente « le rythme optimal
» (1). Pourtant, même si l’on reconnaît comme bénéfique,
à court ou à moyen terme, une croissance modérée,
il semble évident qu’il y a avantage à se rapprocher,
à plus ou moins longue échéance, de l’équilibre
démographique où est assuré, sans plus, le remplacement
d’une génération par la suivante.
Est-il juste, d’autre part, de poser le problème en termes purement
nationaux ? Sauvy le pense k L’optique globale, écrit-il, est
trompeuse, chaque nation étant indépendante » (2).
Pour réfuter cette opinion, il suffit de rappeler qu’un habitant
d’un pays riche consomme, gaspille et pollue infiniment plus qu’un habitant
du Tiers Monde. René Dumont, qui a tant insisté sur ce
fait, estime que les pays riches devraient, eux surtout, éviter
d’accroître leur population (3). Il existe donc, sur le plan démographique,
une solidarité évidente entre le Nord et le Sud, qu’en
tant qu’écologistes et mondialistes nous n’avons pas le droit
d’ignorer. Même si les inconvénients du « vieillissement
» étaient réels.
2. Mais que valent les raisons qui justifieraient
cette hantise du vieillissement ? En ce qui concerne les conséquences
matérielles, relations surtout au versement des retraites, il
convient de dissiper certaines erreurs. On sait aujourd’hui que la proportion
des personnes âgées de 65 ans et plus s’accroît,
quand la fécondité baisse, « sans pour autant que
cela ait un effet sensible sur la population qui est en âge d’activité,
car l’accroissement des inactifs âgés est compensé
par la diminution des inactifs jeunes » (4). Voilà qui
semble assez rassurant, puisque la charge qui pèse sur les actifs,
alourdie du côté des vieux, est allégée du
côté des jeunes, et que ces deux variations se compensent.
Ce n’est qu’une apparence trompeuse, objecte Sauvy, parce que les vieux
coûtent à la collectivité beaucoup plus cher que
les jeunes. Soit, mais gardons- nous de perdre de vue que l’accroissement
des charges résulte seulement de cette différence.
De plus, ceux qui prétendent que les actifs ne seront bientôt
plus assez nombreux pour assurer aux vieux une retraite décente
raisonnent en fonction du mode actuel de financement, qui repose essentiellement
sur les cotisations et devra tôt ou tard être modifié.
Et ils ne réalisent pas qu’il est contradictoire de s’inquiéter
en même temps, comme ils le font d’ordinaire, de la raréfaction
de l’emploi : puisqu’une production donnée exige de moins en
moins de travail humain, il y aura toujours assez d’actifs pour assurer
l’entretien des inactifs de tout âge ; une conclusion que vient
renforcer l’éventualité de nouvelles structures entraînant
la suppression des tâches inutiles !
La production sociale des personnes âgées pose aux pouvoirs
publics de sérieux problèmes. Mais nous devons les accepter
comme faisant partie, après tout, des problèmes normaux
de notre temps.
3. Le vieillissement de la population aurait encore,
selon Sauvy, de graves inconvénients d’ordre moral et psychologique.
Un peuple où les vieux sont en forte proportion serait nécessairement
enclin au conservatisme (5), et voué à une déchéance
rapide parce qu’il lui manque « l’énorme force intérieure
que recèle une population jeune » (6). Il explique par
des causes démographiques aussi bien l’effondrement de 1940 que
nos récents « déboires économiques et politiques
» (7). Et il fait appel à la notion de vitalité,
« peut-être imprécise, mais vigoureuse » (8).
Ces jugements sont-ils acceptables ?
a) Comme Sauvy ne prône qu’une croissance modérée,
je ne ferai pas état des maux qui accablent le Tiers Monde. Mais
il ne marque pas avec assez de force les limites qu’il faut se garder
de franchir. Nous n’envions pas « les peuples montants croyant
à la vie et à l’espoir » (9), dont la croissance
est due bien plus à la pauvreté qu’à une hypothétique
foi en l’avenir.
b) La notion de vitalité est certes imprécise, et par
là même fallacieuse. Elle a amené Sauvy à
faire des peuples « jeunes » et des peuples « vieux
» une description bien trop stéréotypée,
et à confondre arbitrairement deux qualités qui ne vont
pas toujours de pair : le dynamisme et l’ « esprit de création
».
Il n’est pas juste de prêter uniformément à la jeunesse
un esprit novateur et aux vieux des tendances conservatrices. On peut
être toute sa vie soit conservateur, soit révolutionnaire,
et quand un changement d’orientation survient à l’âge mûr,
il peut avoir lieu aussi bien dans un sens que dans l’autre. L’opinion
de chacun est moins déterminée par l’âge que par
le milieu social et les dispositions individuelles.
La jeunesse met son dynamisme au service des idées les plus diverses.
Tout comme sont diverses les idées des personnes âgées,
qui souvent donnent encore beaucoup à la nation sur le plan culturel
; le mot « vieux » ne doit pas devenir un terme péjoratif
(10).
Je serais curieux de connaître, à cet égard, la
pyramide des âges des lecteurs de la Grande Relève...
c) Il est abusif à plus forte raison d’attribuer aux gouvernants
d’un pays dont la population vieillit un « conservatisme décadent
» (11). L’orientation politique d’une nation dépend de
nombreux facteurs qui ont peu de rapport avec l’âge moyen du corps
électoral.
d) En fait, il est certain qu’en matière d’idées neuves
et d’inventions de toutes sortes, les pays qui vieillissent supportent
aisément la comparaison avec les peuples prolifiques. Le déclin
démographique n’entraîne pas un déclin culturel.
e) Les savants sont bien souvent tentés, du fait de leur spécialisation,
d’exagérer l’importance d’un facteur aux dépens de tous
les autres. C’est ainsi que par une simplification excessive Sauvy a
voulu voir dans la baisse de la natalité la cause essentielle
des malheurs de la France.
Symétriquement, c’est encore par des causes démographiques
qu’il expliquera les périodes fastes, ou qui lui paraissent telles,
de notre histoire : « La force militaire et l’expansion française
sous la Révolution et l’Empire sont, pour une large part, dues
à la vitalité de la population française à
ces époques et au vaste champ qu’elle offrait à la sélection
des talents » (12). Mais nous n’admirons pas les peuples dont
la vitalité se manifeste par une tendance expansionniste. Cet
idéal, qui paradoxalement dénote une orientation plutôt...
conservatrice, ne saurait être la nôtre (13).
e) Ce qui importe en effet, dans une perspective humaniste, c’est le
degré de maturité atteint par les individus, et la formation
d’une élite où coopèrent des hommes et des femmes
de tout âge, une jeunesse réfléchie avec des adultes
dynamiques. Les pays où une telle élite sera assez forte
pour animer les pouvoirs ou s’imposer à eux exerceront une influence
bénéfique sur les destinées du monde. C’est ainsi
que pour ma part je conçois la vitalité d’une nation.
La R.F.A., où la fécondité ne cesse de baisser,
n’en offre pas moins, à cet égard, un remarquable exemple :
une fermentation intellectuelle où nos amis puisent un espoir
de renouveau, et en même temps, une jeunesse dont les éléments
les plus actifs apportent au pays leur précieux levain d’idéalisme
et de vigueur ; car l’influence exercée par les jeunes ne dépend
pas uniquement de leur importance numérique.
Le problème posé par le vieillissement des pays riches n’est pas aussi dramatique que certains le prétendent. Il sera possible de l’aborder dans une optique plus juste et avec plus de chances de succès quand d’autres problèmes, urgents pour l’humanité tout entière, auront été résolus.
(1) La population (Que sais-je ? n° 148, éd.
1973), p. 109 et 105.
(2) Ibid., p. 118.
(3) Le chien américain dépense plus que l’Indien, et 5
milliards d’Indiens polluent moins que 200 millions d’Américains
; le monde riche est « le gaspilleur et le pollueur par excellence
» (R.D., L’utopie ou la mort, éd. 1978, p. 59 et 47).
(4) Universalia 1979, p. 229. (Les Universalia sont les suppléments
annuels de l’Encyclopedia Universalis).
(5) « Vieilles gens, vieilles idées » : c’est le titre
du chap. XX de L’économie du diable (1976).
(6) La population, p. 115.
(7) Ibid., p. 103 et 5.
(8) Ibid., p. 107.
(9) Croissance zéro ? (1973), p. 233.
(10) Paul Paillat, pour sa part, espère que dans l’avenir «
les ressources humaines que détiennent des légions de
concitoyens réputés âgés seront mises en
valeur et non plus gaspillées ». Il se pourrait, ajoute-t-il,
« que les "nouveaux retraités" soient demain
des catalyseurs ». (Vieillissement et vieillesse, Que sais-je
? [1982], p. 125).
(11) Croissance zéro ?, p. 232.
(12) La population, p. 5.
(13) Les préoccupations de Gaston Bouthoul, il est piquant de
le noter, sont exactement inverses : il voit dans la surpopulation,
source de l’agressivité collective, et en particulier dans la
présence de « jeunes en surnombre », la cause principale
des guerres.
Les thèses économiques
A l’heure où les socialistes font l’apologie de la compétitivité, nous retrouvons, dans la revue des économistes classiques publiée par J. Duboin dans son livre « Libération » (1936) le maître es-libéralisme... et ses contradictions :
Stuart Mill (1806-1874) est le fils d’un économiste.
Elevé dans les bons principes de l’économie orthodoxe,
il fit paraître, en 1848, ses Principes de l’Economie Politique.
Ce livre marque l’apogée de la doctrine classique qui va se cristalliser
afin de se conserver plus pure. C’est qu’à partir de Stuart Mill,
elle n’est plus une doctrine, elle est élevée au rang
de science économique sans discussion possible...
Chose digne de remarque, Stuart Mill, devenu membre de la Chambre des
Communes, avait déjà été mordu par le doute,
ce qui l’obligera à se contredire quelquefois. Mais ses disciples
surent réagir pour nous conserver sa première manière
de voir dans toute sa limpidité, après l’avoir dégagée
des scories qui auraient pu la ternir !
Les lois économiques, telles que le Maître les a définies
pour tous les pays et pour tous les temps, deviennent donc des articles
de foi. C’est à l’homme de s’y conformer en les adaptant au mieux
de toutes les circonstances qui viennent à la traverse. Les voici
: la loi de l’intérêt personnel. Celui-ci se confondrait
avec l’intérêt général, tout au moins sur
le terrain économique, grâce à une harmonie qui
doit se réaliser dans le temps. Chaque individu étant
juge de ses intérêts, il doit individuellement chercher
sa voie en toute liberté. Alors intervient la loi de la concurrence
qui apportera le bon marché, la qualité, la quantité,
etc. Comment cela ? En obligeant les incapables à céder
la place aux plus capables. C’est en somme la loi de la sélection,
ou la loi du plus fort.
Et Stuart Mill étend ce libéralisme à toute la
vie économique liberté du travail, liberté des
échanges au dedans comme au dehors, libre taux de l’intérêt,
liberté des banques, etc. (1),
Nous résumerons la critique en quelques mots. C’est bien, certes,
l’intérêt personnel qui doit être satisfait. Mais
ne pourrait-on pas le satisfaire par la voie collective ? Nous vivons
encore sur l’idée barbare que chacun doit assurer sa sécurité
personnelle comme au temps des troglodytes. Or, toute l’histoire des
hommes n’est qu’une longue lutte pour conquérir le bien-être,
c’est-à-dire lutter contre la misère, l’ignorance, la
faiblesse. Dans cette lutte, que peut l’individu isolé ?
N’est-il pas curieux que la question ait été résolue
depuis longtemps en ce qui concerne le péril extérieur
? Pour faire la guerre il est reconnu qu’il faut de l’ordre, de la méthode,
de l’organisation. Les moyens de destruction seraient donc plus urgents
que les moyens de vivre ? Cependant la faim, la misère, le froid,
l’ignorance sont beaucoup plus les vrais ennemis de l’homme que les
peuples que le hasard de la naissance ont fait naître au-delà
d’une frontière souvent arbitraire.
Stuart Mill, dans une de ses contradictions, exprimera l’espoir que
l’éducation, l’habitude et la culture des sentiments porteront
l’homme à bêcher et à tisser pour son pays aussi
bien qu’à combattre pour son pays.
Si l’individualisme est aux antipodes de la fraternité en matière
économique, c’est que l’intérêt particulier immédiat
empêche de voir l’intérêt général alors
que celui-ci bien compris peut assurer tous les intérêts
particuliers.
Quant à la libre concurrence, déjà en 1848, on
célébrait les réussites de quelques-uns en se gardant
bien de rechercher les échecs beaucoup plus nombreux qui en étaient
la contre-partie. N’est-il pas aujourd’hui évident que la concurrence
consiste à avoir comme adversaires et même comme ennemis
tous ceux qui font le même travail que nous ?
La concurrence, on ne devrait plus le contester, consiste à ruiner
ses concurrents !
Aussi Stuart Mill, dans une autre contradiction qui nous fait croire
qu’il perd de plus en plus confiance dans son enseignement, n’hésite-t-il
pas à écrire que la coopération est le plus noble
idéal. Enfin il est bien difficile de concilier l’éternité
promise à ses lois économiques avec ce qu’il écrivait
dans le chapitre 7 de son livre IV : la vie humaine s’élèvera
de la lutte de classes pour les intérêts antagonistes,
vers l’émulation fraternelle pour la poursuite du bien de tous.
Stuart Mill s’est préoccupé, lui aussi, de la fameuse
loi des salaires qui passionna Ricardo et Lassalle. Il a même
cherché à la perfectionner en la décomposant. Pour
lui deux lois réagissent sur le prix de la main-d’oeuvre. L’une
est la loi de l’offre et de la demande qu’il faut entendre ainsi : l’offre,
ce sont les capitaux disponibles qui, en s’investissant, vont permettre
aux ouvriers de trouver du travail, donc de vivre ; la demande, c’est
le nombre des ouvriers qui cherchent un emploi. Alors intervient cette
autre loi, que Lassalle coula en airain, qui veut que le taux du salaire,
en fin de compte, soit limité au coût d’existence du travailleur.
Si, par hasard, les circonstances font que les salaires s’élèvent,
toutes choses restant égales, une force irrésistible les
ramène à ce niveau fatal que l’ouvrier ne peut pas dépasser.
C’est donc en somme une nouvelle confirmation de ce qu’avait découvert
Ricardo. Mais Stuart Mill se rendit compte que cette doctrine était
odieuse puisqu’elle obligeait les ouvriers à avoir aussi peu
d’enfants que possible afin de raréfier la demande du travail
(2). De plus, elle rendait illusoire l’oeuvre des Trade-Unions qui commençaient
à s’organiser. Stuart Mill publia donc une rétractation
qui surprit ses disciples. Pour porter le comble à leur consternation,
nous mettons sous leurs yeux un dernier passage de son fameux livre
qu’il était évidemment impossible de laisser figurer dans
l’enseignement orthodoxe : S’il fallait choisir entre le communisme
avec tous ses risques et l’état présent de la société
où le produit du travail est distribué en ’ raison inverse
de la peine prise, où la plus large part va à ceux qui
n’ont rien fait, une part un peu moindre à ceux qui ont un peu
plus fait, et ainsi de suite, sur une échelle descendante, jusqu’à
ceux qui, pour le travail le plus épuisant, ne peuvent même
pas avoir la certitude d’obtenir le nécessaire, s’il n’y avait
vraiment pas d’autre alternative que ceci ou le communisme, alors toutes
les difficultés du communisme ne pèseraient pas un atome
dans la balance !
Stuart Mill va lui-même, préconiser des réformes
auxquelles l’influence Saint- Simonienne n’est
certainement pas étrangère. Cette partie de son oeuvre
mérite d’être signalée.
Le salariat, ne lui apparaissant plus que comme une formule transitoire,
devra se transformer par l’association coopérative de production.
L’impôt foncier devra faire disparaitre ce profit du sol que Ricardo
décrivait sous le nom de rente foncière. Cette fameuse
rente cesserait donc d’être un phénomène naturel...
Enfin, par l’impôt sur les successions, il veut restreindre l’héritage.
Sur ce point, Stuart Mill apporte une suggestion originale le testateur
pourra bien continuer à disposer de ses biens comme bon lui semble,
mais c’est l’héritier qui ne pourra pas entrer en possession
de sa part, si sa propre fortune est déjà suffisante.
Cette limitation du droit de propriété parut aussi peu
orthodoxe que possible et on décida de n’en plus parler.
(1) Si le lecteur nous reproche peut-être de
ne donner de l’individualisme économique qu’un simple raccourci,
c’est que nous baignons littéralement dans cette doctrine dont
s’inspire la prétendue sagesse des nations : le travail, c’est
la liberté ; pierre qui roule n’amasse pas mousse ; la concurrence
est l’âme du commerce ; charité bien ordonnée commence
par soi-même ; un tien vaut mieux que deux tu l’auras ; charbonnier
est maître chez lui ; à chacun son dû ; les bons comptes
font les bons amis ; comme on fait son lit on se couche ; petit à
petit, l’oiseau fait son nid ; aide-toi, le ciel t’aidera : la fortune
sourit aux audacieux, quitte à affirmer, au contraire, que la
fortune vient en dormant, si les besoins de la Loterie Nationale l’exigent.
(2) C’est ce que certains disciples de Malthus soutiennent encore aujourd’hui.
Et malheur à celui qui n’est pas de leur avis : il est vilipendé
dans un galimatias où ni lui, ni personne n’entendent rien
Bien curieuse manifestation !
Ce matin je vois dans la ville
Des manifestations qui défilent
Avec d’« autres » revendications.Je lis les idées que voici
Nous sommes des vrais manifestants
Qui veulent vous donner plus d’argent
Afin de vivre une vraie vie.Retenez plus sur nos salaires
Pour notre et votre facilité
Ainsi nous aurons gratuité
Pour vivre plus heureux sur la terre.Transports, téléphones, assurances
Soins, eau, gaz, électricité
A notre place vous paierez
Nous voulons vivre sans dépendances.A l’Etat, voilà ce qu’ils disent
Gagnons tous ensemble du temps
Pour s’occuper de l’important
Non de politique indécise.Dans ce monde qui est si pressé
Nous vous donnons la solution
C’est le bon sens et la raison
Pour résoudre nos difficultés.....
Enfin des vrais manifestants
Oui font preuve de pensée réfléchie
Pour la qualité de la vie
Et montrent la route aux dirigeants.Mais ! qu’en pensent l’administration
Et les « dirigeants » de tous rangs
En voyant passer calmement
Cette curieuse manifestation ?
III. LA GÉOTHERMIE
Lors du refroidissement de la terre, les matériaux les plus lourds encore en fusion « tombèrent » vers le centre. D’autre part, les éléments radioactifs se désagrégeant depuis des milliards d’années ont dégagé de la chaleur en permanence. Aujourd’hui, lorsqu’on s’enfonce à l’intérieur de la terre, la chaleur augmente de 1 °C par 33 M., soit 30° par km.
" La géothermie dite à basse énergie
concerne les eaux emprisonnées dans le sous-sol à 60/80°C.
Ces eaux sont souvent salées ; il faut alors prévoir un
circuit échangeur d’eau douce pour alimenter les installations.
Le plus souvent, l’eau primaire sera réinjectée dans la
nappe, ce qui nécessite un deuxième forage.
L’Islande est privilégiée - fort heureusement pour elle,
car il n’y fait pas très chaud ! Située sur la grande
faille altantique qui « écarte » l’Europe de l’Amérique
de 6 cm par an, elle bénéficie d’une géothermie
abondante. Ainsi, les 110 000 habitants de Reykjavik, les deux tiers
des autres Islandais et 135 000 m2 de serres sont, depuis 1977, entièrement
chauffés par la géothermie.
En France, nous avons de nombreuses réalisations : Creil, 4 000
logements ; Mont-de-Marsan, Blagnac, Melun, l’Almont, Mee-sur- Seine,
Villeneuve-La-Garenne, etc. : des milliers de logements. Le bassin parisien
est très favorisé. La délégation aux Energies
Nouvelles avait naguère envisagé d’équiper un million
de logements à l’horizon 1985. Le pari ne sera pas tenu ; malgré
cela, les réalisations et les espoirs sont loin d’être
négligeables. D’autant qu’on veille désormais, lors des
forages pour la recherche d’hydrocarbures, à la découverte
éventuelle d’eaux chaudes souterraines (la plupart des sociétés
pétrolières ont créé un secteur géothermique).
Pour le chauffage des serres, des piscines, on peut même se contenter
d’une géothermie à « très » basse énergie,
avec des forages peu profonds donnant des eaux de 20 à 50°C.
" La géothermie à haute énergie
concerne les gisements chauds (eau de 80 à 120°C et très
chauds (eau de 150 à 400° et plus) permettant d’utiliser
directement la vapeur pour produire l’électricité par
turbines. Ainsi, en Italie, en 1980, le site de Larderello avait une
puissance installée de 350 MW (la puissance moyenne d’une centrale
thermique est de 80 à 100 MW) ; en Islande, Krafia a une puissance
de 70 MW. Dans le monde, la puissance globale est passée de 470
MW en 1963 à 1 115 en 1973 et 3 000 environ en 1982 (USA = 900
MW ; Mexique : 450 ; Japon 400 ; URSS : 120). En Chine, 2 300 sites ont
été répertoriés.
Les ressources géothermiques de la planète, systématiquement
prospectées - voire artificiellement créées en
injectant de l’eau dans certains sites particulièrement chauds
- pourraient fournir chaque année, au XXIe siècle, 10
% de l’énergie actuellement consommée.
IV. L’ENERGIE NUCLÉAIRE
1) La fission : uranium et thorium
" L’uranium extrait du sous-sol comporte deux
variétés : l’uranium 235 et l’uranium 238, tous les deux
radioactifs ; mais le 235 l’est 6 fois plus que le 238 et, de ce fait,
l’uranium 235 ne représente plus que 0,7 % de l’uranimum naturel
contre 99,3 % pour l’uranium 238.
C’est Enrico FERMI qui, réfugié aux USA à la veille
de la guerre, mit au point en 1942 la « pile atomique »
(barres d’uranium séparées par des barres de graphite).
Le « fluide caloporteur » chauffé dans cette pile
(appelée plus couramment par la suite « réacteur
») actionne une turbine, tout comme dans une chaudière
à combustible conventionnel.
Sans entrer dans les détails, disons que c’est avec l’uranium
enrichi - à l’uranium 235, taux de 3 % - que la puissance au
m3 installé a pu atteindre 100 MW. L’eau est généralement
utilisée comme fluide caloporteur.
- Les PWR (50 % de la puissance installée) ; l’eau reste liquide
et n’est pas radioactive.
- Les BWR 30 % de la puissance installée) : l’eau est vaporisée
et est rendue radioactive.
D’autres systèmes (20 %) utilisent des formules voisines (URSS).
La puissance des unités installées varie de 900 à
1300 MW.
A titre indicatif, une centrale PWR de 900 MW comporte 66 tonnes d’uranium
enrichi, renouvelable par 1/3 sur 3 ans. La France, qui a opté
pour le système PWR, comptait en 1979 une quinzaine de centrales
et avait en prévision, jusqu’en 1990, une cinquantaine de centrales
supplémentaires. Le fléchissement de la courbe des besoins
en électricité modifiera certainement ce chiffre.
Pour alimenter en « combustible » ces centrales, il a fallu
créer des usines d’enrichissement de l’uranium (usines isotopiques).
Les premières construites eurent essentiellement des motivations
militaires (Pierrelatte en France). Les besoins du programme civil,
décidé après la première crise pétrolière,
ont conduit, en France, à la construction de l’usine de Tricastin.
Les réserves d’uranium dans le monde sont limitées : 4
à 5 millions de tonnes, soit seulement la valeur de 13 à
20 années de la consommation totale d’énergie à
ce jour. La France - 60 000 tonnes - recèle deux fois plus d’uranium
que tout le reste de l’Europe.
Dans un premier temps, ces faibles quantités ont conduit à
récupérer l’uranium 235 que les piles n’ont pas consommé
: d’où la création d’usines de « retraitement »
- chez nous, Marcoule UP1 en 1958, La Hague UP2 en 1967. La récupération
est de l’ordre de 40 % et une même matière peut être
retraitée plusieurs fois. La Hague, constamment développée,
« retraite » pour de nombreux pays, ce qui a créé
les problèmes que l’on sait avec les écologistes, notamment
après le récent naufrage en mer du Nord d’une cargaison
de produits fissiles.
Dans un deuxième temps, on a créé le surrégénérateur
qui permet d’utiliser l’uranium 238, peu radioactif, nous l’avons vu,
par rapport à l’uranium 235. Là non plus, nous n’entrerons
pas dans les détails : la pile surrégénératrice
multiplie par 100 la valeur d’utilisation de l’uranium. C’est Joliot
Curie -qui déjà avait, en 1940, imaginé la pile
atomique - qui a également imaginé ces possibilités.
Super Phénix, à Creys Malville, est la première
centrale française de ce genre.
" Le thorium, qui n’est pas un combustible nucléaire
naturel, se transforme, lorsqu’il est bombardé par des neutrons,
en uranium 233, fissile à l’instar de l’uranium 235 et du plutonium,
et il leur est supérieur qualitativement.
Le thorium n’est pas plus abondant sur la terre que l’uranium, mais
il se trouve que le territoire des USA renferme près de la moitié
des ressources inventoriées : d’où l’intérêt
que les Américains portent aux études basées sur
l’utilisation du thorium.
En conclusion, quatre constatations ou remarques - en quelques 20 ans
(chiffres 1980), 243 centrales ont été mises en service
dans le monde ; 230 étaient en construction en 1980. - le KWh
nucléaire était - dès 1980 - tombé à
14 centimes, contre 18 pour le charbon, 28 pour le fuel, 9 à
29 pour l’hydraulique. - En France, la production d’électricité
« nucléaire », qui couvrait, en 1980, 22 % des besoins,
en couvre déjà, en 1984, environ 33 %. - En 1990, 3 %
seulement de notre électricité sera produite avec du fuel.
2) La fusion thermonucléaire
Le soleil n’est qu’un énorme réacteur thermonucléaire
: il convertit en hélium l’hydrogène dont il est formé
et, dans cette transformation, chaque gramme d’hydrogène libère
une énergie égale à 24 tonnes de charbon. De quoi
faire rêver les chercheurs : l’énergie-éternelle
! Mais comment « copier » le soleil ?
La solution envisagée est la réaction deutérium-tritium
(isotope lourd de l’hydrogène) qui nécessite... 100 millions
de degrés (le centre du soleil n’est qu’à... 13 millions).
Il y a loin de la coupe aux lèvres ? Qu’importe ! Les chercheurs
s’attaquent au problème.
D’abord, la « matière » : la combinaison deutérium-oxygène
n’est autre chose que l’eau lourde ; une molécule d’eau sur 6
700 est une molécule d’eau lourde. Quant au tritium, on sait
le fabriquer artificiellement, car il est nécessaire pour la
bombe H.
Ensuite, la chaleur : aucun matériau ne résisterait à
100 millions de degrés. Le « récipient » pour
la fusion du plasma sera donc immatériel, un champ magnétique.
D’illusions en désillusions, la période 1960/1968 est
nettement au noir. Mais, en 1968, le physicien soviétique ARTSIMOVITCH
conçoit un appareil qu’il baptise TOKAMAK ; il a la forme d’un
tore (genre grosse chambre à air) avec des jeux d’électro-aimants.
On passe, au-fil des années, de 1968 à 1978, de 70 000
degrés à 2 millions, puis 10, 18, 30, enfin, aux USA,
60 millions.. La puissance des TOKAMAK ne cesse de croître : pour
l’Europe des 9, le JET - 2 000 tonnes - installé en Angleterre
; aux USA, le TFTR (TOKAMAK Fusion Test Reactor) ; T 20 en URSS sans
oublier le Japon, très actif.
D’autres voies sont explorées celle dite de la « fusion
rapide », par exemple, suggérée dès 1962
par Nicolaï BASON (co-inventeur du laser), exposée en 1971
par le physicien américain d’origine hongroise, Edward Teller,
père de la bombe H. Le laser trouve là une nouvelle situation
capitale. Les Français étudient cette technique à
Limeil.
Quoi qu’il en soit, les premiers réacteurs pour la fusion nucléaire
ne sont guère attendus qu’à l’aube du XXIe siècle.
Mais les spécialistes ne se sont-ils pas constamment trompés
sur les calendriers ?
Au cours de la première moitié du XXIe siècle,
les principales sources de l’énergie actuelle - uranium compris
- apparaîtront peut-être aussi archaïques que le bois
en 1984. La quasi totalité de l’énergie pourrait être
« tirée » de notre soleil et des « mille soleils
» que créerait l’Homme, ce démiurge capable, avec
les mêmes découvertes, de s’autodétruire ou de jeter
- enfin - sur SA planète les bases d’une vie meilleure et sûre
pour l’ensemble de l’humanité.
Pourquoi le « pouvoir d’achat » n’est-il
« donné » qu’à ceux qui peuvent - encore - «
vendre leur travail ?... ou à ceux qui « spéculent
», grâce à un patrimoine plus ou moins héréditaire
? Les paumés : chômeurs, invalides, préretraités
et autres n’ont que de maigres « allocations » pour «
survivre »... ou mourir. Et cependant on accumule des montagnes
de « produits consommables », et on pourrait en produire
beaucoup d’autres. Pourquoi cette misère dans l’abondance rendue
possible ?
Pourquoi ne pas songer à une vaste « mutation sociale »
quand, se tournant vers le fossé (quelques fois dans notre propre
vie) on remarque combien de « révolutions » ont secoué
les civilisations, lointaines et proches ?... Cependant les «
lois économiques » sont restées immuables... C’est
toujours le « marché », l’argent, la spéculation...
et... la misère pour le plus grand nombre. Pourquoi cette «
imagination débordante et accélérée »,
d’un côté... et ce « refus » d’aller jusqu’au
bout... de l’autre ?... Sans remonter à la « guerre du
feu », ni même à « Jacquou le croquant »,
je peux parler, personnellement, de ce que j’ai vu, depuis 1914 : l’extension
de la machine à vapeur, de l’électricité, de l’automobile,
de l’avion, du confort de l’habitat (l’eau sur le lavabo, la salle de
bains, les w.-c. dans l’appartement, le chauffage central, les armoires
frigorifiques et congélateurs, le téléphone à
domicile, les machines à laver, et tous les gadgets de la vie
moderne), sans oublier les ordinateurs, les robots, les petites merveilles
de l’électronique... et ce n’est pas fini... que sera la «
vie domestique » dans 20 ans, dans 100 ans et plus ?
Pourquoi les terres ne sont-elles exploitées qu’à 40 %
environ ? 3 milliards d’hectares pourraient encore être cultivés
(Science Advisory Committee).
Pourquoi les machines ne travaillent-elles pas 24 heures sur 24 ?
Pourquoi freine-t-on des inventions nouvelles et leurs applications,
qui apporteraient encore de meilleures techniques et plus de «
produits abondants » à répartir entre les hommes
».
Si 80 % de terriens ne mangent pas à leur faim (certains en meurent)
pourquoi dépense-t-on gros pour aller chercher quelques cailloux
sur la lune ? Rôder autour de la terre , de Vénus, de Mars,
de Jupiter, etc. Construire des fusées qui pourraient détruire
10 fois notre planète. Nous, on veut bien privilégier
les promenades dans le ciel ; mais ne peut-on pas, aussi, privilégier
les... terriens ?
L’Etat subventionne les entreprises et l’agriculture, pour maintenir
leurs activités et... leurs bénéfices. Pourquoi
ne donnerait-il pas aux « consommateurs » les « moyens »
d’absorber les produits et services rendus abondants, grâce au
machinisme ?
La « guerre industrielle » amène les usines à
se « moderniser » sans arrêt, c’est-à-dire
à s’équiper de machines de plus en plus complexes et performantes,
qui diminuent le travail des hommes. La production s’accroît,
l’emploi, lui décroit. Les consommateurs n’ont plus assez «
d’argent » pour « vivre ». Il y a « récession
», « surproduction apparente », méventes, stockages
et... « crise ». On ferme des usines. On « liquide
» de nouveaux travailleurs, consommateurs, d’où nouvelles
« méventes », nouvelle récession, nouveau
chômage, aggravation de la « crise »... ; de «
peau de chagrin » en peau de chagrin, ce pourrait être la
fin d’une civilisation. Seule une petite « caste » s’en
sort (et s’en sort bien) ; pour la masse... c’est la misère...
alors que l’abondance pour tous est à la portée de la
main. Quelle ironie !!!
Entre l’inflation et le... chômage, entre la « surproduction
» des marchandises « invendables »... et la famine
dans le monde... pourquoi nos « économistes distingués
» et autres « experts reconnus » naviguent-ils de
Charybot en Scylla, sans trouver les moyens de « distribuer »...
ce qu’ils ne peuvent plus « vendre ».
Pourquoi ces millions de chômeurs ? Il faut donner une occupation
« rémunérée » à chaque personne,
une aide optimale aux jeunes et aux handicapés, une retraite
convenable aux vieux.
Et pas 36 solutions : il faut partager l’emploi... Et ce n’est pas 35
heures par semaine qu’il faut retenir, mais pourquoi pas, tout de suite,
28 heures (plus tard 21 heures, voire 14 heures...) 28 heures ; c’est
3 jours et demi de 8 heures, d’où 2 équipes par semaine
se relayant auprès des machines qui fonctionneront donc 7 jours
(au lieu de 5) ce qui accentuera l’abondance à répartir...
Et pourquoi ne pas maintenir, pour 28 heures de travail par semaine,
une rémunération au moins égale ; mais sous deux
formes. L’une thésaurisable, comme actuellement, l’autre «
fondante » disparaissant avec l’acquisition des denrées
de première nécessité et biens de consommation
courante, lesquels s’entassent actuellement, à grand frais (du
contribuable) dans des entrepôts ?... Cette dernière «
monnaie fondante » de consommation ne serait plus basée
sur des milligrammes d’or, ou sur le cours du dollar ou de l’écu
: mais pourquoi ne correspondrait-elle pas tout bonnement aux produits
de base à répartir, ceci selon les critères du
plan, après avis des Conseils économiques régionaux
et mondial ?
Quand je me promène de la préhistoire à nos jours,
je, ne vois que des progrès ! Quand je me promène dans
Aujourd’hui, je ne vois que des... Contradictions... et je pense qu’il
y a pourtant tant de progrès à réaliser encore.
Pourquoi les freinerait-on ?
Pourquoi cette « ridicule » danse devant des buffets...
pleins à craquer ?
Plusieurs lecteurs nous ont signalé une perle à laquelle La Grande Relève offre son écrin : voici le texte qu’a publié le journal Fonction Commerciale du 6 décembre dernier, et que nous envoie P.A. de Chamalières :
« M. Emile Véron, P DG de l’entreprise
Majorette (jouets), lance un mouvement politique appelé «
Réussir ».
Dans son programme, M. Véron préconise une augmentation
progressive de la durée du travail hebdomadaire, jusqu’à
43 heures, puisque, « avec les 39 heures, on a créé
des chômeurs », la liberté d’embauche et de licenciement,
la suppression de la taxe professionnelle, de l’impôt sur le revenu
pour 80 % des contribuables, la réduction du nombre de fonctionnaires
et une plus grande participation du personnel au capital des entreprises.
M. Véron a précisé qu’il espérait rassembler
10 000 personnes le 9 décembre à Lyon lors du premier
meeting de son mouvement et qu’il envisage de présenter des candidats
aux prochaines élections législatives. ».
A ce propos, H.B. de St-Jean-de-la- Porte, nous dit
qu’il a écouté quelques propos de ce génial Véron,
et nous les commente ainsi :
« Je pense qu’il envisage le futur comme sous le règne de
Charlemagne -et en ce sens, il ne diffère guère de nos
« grands économistes ». Sa proposition de porter
la semaine de travail à 43 heures sans augmentation de salaire
me paraît mirobolante... Tant mieux pour son entreprise si les
majorettes se vendent toujours bien... mais quand l’Occident en sera
saturé, il pourra toujours essayer de les vendre aux enfants
éthiopiens ou à ceux du Sahel.
Pour reprendre sa proposition... il envisage soit de vendre 10 % de
produits de plus, ce que je lui souhaite, soit, si la vente plafonne,
de réduire son personnel de 10 %. Ces 10 auront sans doute, dans
leur majorité, des difficultés à payer les «
majorettes » à leurs enfants. A-t-il songé que ceci
risque de faire baisser ses ventes ?
Comme il paraît qu’il a beaucoup d’adeptes, tous les patrons,
grands, moyens et petits, vont suivre son exemple. Et voilà comment
nous aurons deux millions de personnes de plus sur le pavé !
Il veut redonner aux Français le goût de l’effort. Encore
faut-il leur donner un travail pour cela. Il peut toujours emboîter
le pas de Michel Albert qui, lui, compte résorber le chômage
en faisant fabriquer des bougies décoratives... C’est ça
qui va employer les centaines de milliers de gens que la grosse industrie
va mettre à la porte !
Et en plus, il veut réduire le nombre des fonctionnaires ! Ce
brave homme ne se rend pas compte, à l’instar de nos dirigeants
patronaux, politiques et syndicaux, qu’ils ne proposent que des replâtrages,
alors que lentement, mais sûrement, nous vous enfonçons
dans la m...
Il y a tout de même pour lui un grand espoir, s’il est un bon
croyant, ce que je crois. C’est que, en vertu de l’ordre divin «
Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », il aura
une place privilégiée au Paradis !
Très courte constatation pour un fait qui devrait sauter aux yeux des multitudes :
La production agricole et industrielle de masse croît avec parfois une accélération telle que les stocks s’accumulent et que les prix (surtout des matières premières) ont tendances à s’effondrer. On les soutient artificiellement et dans le désordre le plus complet. Parallèlement le chômage s’étend : douze millions de chômeurs aux U.S.A., un emploi pour deux travailleurs en GrandeBretagne, une quinzaine de millions de sans travail en Europe de l’Ouest et au Japon.
Comment peut-on continuer de soutenir (droite et gauche confondues) que la solution réside dans l’investissement, alors que les décennies passées nous prouvent que celui-ci conduit toujours à la mécanisation, maintenant à la robotisation qui accélère le désengagement humain pour toute production.
S’il n’en était ainsi, pensez-vous qu’il aurait été nécessaire de créer des ressources indépendantes de la loi du marché du travail ? Retraite, pré-retraite, formation payée des jeunes, service militaire demain à 18 mois, après demain à 24 mois, allocations familiales, emplois maintenus sur pressions syndicales, etc ?...
Chaque groupe de « noyés » s’accrochent à la barque de l’Etat en criant : « Et moi ! et moi ! et moi ! »
Que propose-t-on à ces millions de chômeurs ? Au mieux des milliers d’emplois !
L’économie libérale est morte depuis longtemps. Mais il va falloir rapidement - nécessité vitale - sortir tout à fait du cycle infernal Prix-Salaires-Profits dont le reflet Serpent monétaire mondial montre qu’il se bloque à tout moment.
Mais il faut d’abord proclamer que le Roi est nu !