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Un peu de bon sens, me dit cet homme éminent, c’est bien le
tour clés fonctionnaires et des anciens combattants, de serrer
leur ceinture. Tout le monde est obligé de faire des sacrifices
en réduisant sa consommation : eux aussi doivent souffrir de
la dureté des temps puisque voici l’époque des vaches
maigres.
- C’est encore, dis-je étourdiment, la faute de la sécheresse.
- Expliquez -vous, me répliqua-t-il.
- Le soleil a dû griller les pâturages, c’est pourquoi les
vaches sont maigres.
- Vous vous méprenez, m’interrompa-t-il avec hauteur, les vaches
maigres, c’est une image. Je fais allusion au songe du roi d’Egypte
: les vaches maigres, ce sont les années de disette. Elles succèdent
aux années d’abondance et sont provoquées par un cataclysme.
- Quel est donc le cataclysme qui s’est soudainement abattu sur notre
pays et j’ajoutai : il doit être de taille pour nous obliger tous
à faire la grande pénitence ?
Comme il ne répondait pas, je continuai : pour que tous les hommes
soient obligés de se restreindre, c’est que les récoltes
doivent être déficitaires, c’est que la disette est à
nos portes !...
- Vous voulez rire, coupa-t-il, les paysans n’ont pas vendu le dixième
de leur blé de l’année dernière !
- Alors, la viande, le vin...
- Non, reprit-il, les bestiaux sont à vil prix, le vin est tellement
abondant qu’on voulait empêcher celui d’Algérie de franchir
la Méditerranée ; sous le rapport des récoltes
nous sommes comblés, archicomblés.
- Et l’on brûle le coton, le café, on rejette le poisson
à la mer, on détruit les porcelets en Hollande, je pourrais
accumuler les exemples de production pléthorique, ajoutai-je
à mon tour. Dans tout cela je ne vois aucun cataclysme, ni aucun
motif de pauvreté collective, bien au contraire. Mais je ne suis
qu’un imbécile qui a l’intelligence de le reconnaître.
- Vous êtes simplement un mauvais esprit, répliqua l’homme
éminent, nierez-vous que nous sommes tous à bout de ressources
? Un peu de bon sens, s’il vous plaît, peut-on vivre au-dessus
de ses moyens ?
- Mais on vit de bonne soupe, répliquai-je, et les moyens de
vivre et de bien vivre n’ont jamais été aussi abondants
qu’aujourd’hui.
- Il s’agit des moyens financiers. Nous sommes tous pauvres, reprit-il,
y compris l’Etat ; vous savez bien que l’argent est thésaurisé.
- Ah non, repris-je vivement, tous les milliards cachés ne privent
personne, pas même leur propriétaire. Et ces milliards
enfouis ne font pas diminuer d’une once les stocks de beurre existants.
Votre raisonnement est trop jeune, et, de plus, il est faux.
- Expliquez - moi cela, dit-il d’un air piqué.
- Je dis qu’il n’y a jamais eu autant d’argent en circulation qu’aujourd’hui,
même en tenant compte des milliards thésaurisés.
Retranchez-les et il nous reste la même circulation qu’à
l’époque où un gouvernement de bonne humeur faisait des
largesses même à ceux qui ne le demandaient pas.
- Ça, c’est de la politique, répondit-il aigrement.
- Non, c’est de l’arithmétique, répliquai-je.
Là-dessus il me quitta en haussant les épaules, mais sans
avoir expliqué le cataclysme.
J’en ai rêvé toute la nuit. Transporté, en l’an
194.. dans l’amphithéâtre de première année
de la Faculté de Droit, j’écoutais un docte professeur
qui parlait ainsi « Dès 1934, les hommes, grâce aux
progrès de la science, grâce à l’emploi intensif
des forces extra-humaines qui firent leur apparition avec l’âge
de l’énergie, les hommes, dis-je, connurent l’abondance de tous
les objets dont ils avaient besoin pour vivre, se vêtir, s’abriter,
se chauffer. Mais devant cet amoncellement de richesses, ils reculaient
pantois, car ils n’osaient y toucher que dans la mesure où ils
avaient des petits papiers coloriés dans leur poche, ou de ces
petits disques en métal qui étaient indispensables au
temps de la rareté. »
J’entendis quelques rires étouffés du côté
des étudiants. Le professeur continuait... « Ils préféraient
détruire leurs richesses plutôt que de les consommer ;
ils s efforçaient même de les empêcher de se reconstituer.
Alors l’Etat exigeait de tous de durs sacrifices, et tous y consentaient
au nom du bon sens, de la logique et des vaches maigres. »
A ces mots le fou rire devint si bruyant que je fus brusquement réveillé.
(« L’Oeuvre », 10-4-1934)
L’article qui précède, paru dans le journal « l’
Oeuvre » le 10 avril 1934, a dû rappeler aux plus anciens
de nos lecteurs le livre que J. Duboin publia cette année-là
sous le titre : « Kou l’ahuri, ou la misère dans l’abondance
». Son héros, venu de très loin, visitait la France
à l’époque de la Grande Crise parce qu’on lui avait expliqué
que si les Français vivaient dans l’austérité,
c’est parce que leur pays traversait une période de vaches maigres,
comme dans l’Ecriture. S’attendant donc à trouver un pays appauvri
par la guerre, il est ahuri d’y trouver une abondance de moyens de production
à côté d’une foule de gens dans la misère,
des usines arrêtées et leurs ouvriers au chômage,
des récoltes magnifiques qui désolent les paysans parce
qu’ils’ ne peuvent pas les vendre. Kou, pour essayer de comprendre cette
absurdité, consulte les savants de l’Abbaye de Sainte Economie,
mais leurs belles démonstrations ne parviennent pas à
le convaincre que tout cela est normal. A la fin du livre, Kou fait
allusion aux habitudes de ses compatriotes qui paraissent s’organiser
avec plus de bon sens et de logique.
Dans ce petit livre plein d’humour, J. Duboin n’avait donc qu’ébauché
sa thèse de l’économie distributive ; il ne la développa
qu’ensuite, dans d’autres publications.
*
Or, tous les livres qu’il a publiés sont depuis longtemps épuisés.
Les rééditer tels quels aujourd’hui présente en
général un inconvénient, c’est que démonstrations
et arguments s’y appuient sur des faits d’actualité et sur des
chiffres de l’époque. Comment donc montrer au lecteur non initié
que ces faits se renouvellent et comment ajouter des chiffres d’aujourd’hui,
pour le démontrer, sans bouleverser complètement la présentation
et, par conséquent, en rendre la lecture plus pénible ?
D’autre part le besoin se fait de plus en plus sentir chez nos lecteurs
de pouvoir disposer d’un ouvrage assez complet dans lequel ils puissent
trouver non seulement les grandes lignes de l’économie distributive
et notre actuel plan de transition, mais aussi des réponses aux
questions simples qu’ils se posent et aux diverses objections qui leur
sont faites lorsqu’ils défendent nos thèses.
Je viens d’écrire ce livre. Je l’ai achevé à Noël
dernier et depuis je cherche un éditeur. Pour qu’il puisse être
lu facilement par tous ceux que l’Economie rebute a priori (et donc
qui laissent les économistes et les financiers mener, si mal,
le monde), j’ai choisi de le présenter sous la forme d’un roman.
J’ai repris Kou l’ahuri pour héros et j’imagine que par je ne
sais quelle erreur d’aiguillage d’un vaisseau spatial, il se retrouve
sur terre dans quelques années. Il en profite pour étudier
les transformations qui ont permis aux hommes de vaincre la crise du
chômage et l’inflation et de s’installer en économie distributive.
Expliquant pourquoi ils ont voulu changer et comment ils l’ont fait,
une famille d’agriculteurs des Pyrénées, un ménage
d’ouvriers d’une bonneterie troyenne, un couple de médecins,
un ingénieur, une enseignante, un journaliste et un haut fonctionnaire
racontent à Kou, au cours de la visite qu’il leur fait, ce qu’est
leur nouvelle vie en économie distributive. Tout au long de son
voyage Kou se fait commenter ce qu’il voit par un économiste
et une sociologue qui l’accompagnent.
Ainsi ce livre permet d’expliquer, sur le ton du dialogue, la nouvelle
organisation du travail, la gestion de la commune, puis son extension
économique et sociale au niveau au plan mondial, le droit de
propriété en économie distributive, les prises
de décision, les nouvelles bases de l’éducation, l’élargissement
de la culture et de la recherche. On comprend le rôle que peut
jouer l’informatique dans la démocratie et la robotique dans
les entreprises, et on voit que l’Etat, en devenant la Société,
peut être l’affaire de tous. Sur le plan humain on devine les
perspectives ouvertes par la convivialité qu’implique l’économie
distributive : vie familiale, rapports entre les générations
et tâches domestiques, vie sociale au niveau de la commune et
occupation du temps libre, coopération entre les peuples et gestion
des ressources de la planète.
*
Hélas, les sociétés d’éditions sont encore,
comme nous, dans le monde du marché. Un des éditeurs à
qui j’ai proposé mon manuscrit m’a expliqué que ce qui
se vend, donc ce qui détermine leur choix parmi les milliers
d’ouvrages qui leur sont proposés, c’est d’abord les histoires
où le sexe est l’affaire importante, puis les aventures rocambolesques
aux multiples rebondissements et les romans historiques, quel qu’en
soit le personnage. Mais mes réflexions sur la crise économique
et le moyen d’en sortir... vont-elles vraiment intéresser le
public ?
Se passer d’un éditeur est possible. Mais c’est se priver des
gros moyens de diffusion, et alors comment toucher le public qui ne
nous connaît pas ?
*
Voici la situation à la veille des vacances : j’ai l’accord
d’un éditeur à la condition que je lui assure, au préalable,
entre 1 500 et 2 000 ventes. Pour cela, je me vois dans l’obligation
de demander dès maintenant à nos lecteurs quels sont ceux,
parmi eux, qui sont prêts à souscrire. Le livre sera assez
gros, environ 350 pages, et cet éditeur estime devoir le vendre
aux environs de 80 francs. Je prends sur moi de l’offrir à 60
francs maximum aux lecteurs de « La Grande Relève ».
Qui en veut ?
C’est très désagréable de devoir ainsi faire valoir
son travail aux yeux des éditeurs qui préfèrent
le porno. Alors, dans le même élan, et pour m’en consoler,
j’ai entrepris de rééditer moi-même, à compte
d’auteur, le « Kou l’ahuri » original de mon père
; j’ai même fait faire de très beaux dessins, tel celui
de la couverture, pour l’illustrer. Il sera disponible en septembre,
mais il faudra évidemment s’adresser au journal pour l’acheter.
Le succès de cette réédition montrera s’il est
possible de rééditer tels quels d’autres livres de J.
Duboin.
Quant au mien, si nos lecteurs sont assez nombreux à souscrire, il pourrait sortir à la fin de l’année. Son titre est encore l’objet de discussions. J’en propose deux : « la poussée d’Ariane » et « Demain, ou la fin de la crise ». On verra.
Sur ces perspectives, je souhaite à tous d’excellentes vacances, intéressantes et désintéressées.
IL en coûte à beaucoup de l’avouer : le libéralisme économique a failli à son but. Il devait procurer un maximum de bien-être à un maximum de gens. Aux plus chanceux, aux plus roués, le système a dispensé un enrichissement illimité, source de considération, mais en laissant sur la touche des masses croissantes de marginaux. Sa dernière charrette : les « préretraités » victimes du profit qui voient leur revenu amputé du tiers si l’on tient compte des primes, tacots, heures supplémentaires et indemnités diverses, avantages en nature qui désormais leur échappent.
Tout va de travers. Le système tourne à vide. Curieusement,
les prix s’emballent tandis que les stocks s’accumulent. Les besoins
insatisfaits ont franchi les limites du tolérable alors que le
chômage ne cesse de croître. La violence s’installe. L’insécurité
gagne toutes les couches sociales .
Habituée à mouliner la même farine, la fine fleur
de nos économistes continue de gloser sur les causes d’une crise
qui touche à présent les secteurs les plus sensibles de
l’activité économique. Crise de l’énergie ? Des
centaines de tankers gitent dans les ports grecs, dans les fjords norvégiens
et jamais on n’aura découvert autant de pétrole dans le
monde depuis l’annonce, en 1973, d’une prochaine pénurie. Crise
de l’automobile ? Ce sont, ici, les hausses inconsidérées
qui ont fini par casser le marché et toute l’Europe roulera bientôt
dans de brinquebalantes ferrailles achetées au marché
de l’occasion. Tant pis pour la sécurité. Il ne saurait
être question de réduire les commissions, les marges et
les taxes. Crise de la sidérurgie ? Les usines ferment, non pas
faute de minerais, de personnels ou d’outillages, mais faute de clients
que s’arrache la concurrence étrangère. Crise du textile
? Là également les marchés sont submergés.
On refoule aux frontières les importations à bas prix
- merci pour le consommateur - made in Taïwan ou made in Coréa.
Surcapacité de 400 000 tonnes dans les aciers spéciaux.
Marché du porc en plein marasme. Un million de tonnes de blé
doivent être « impérativement » exportées
hors d’Europe. Le fleuve de lait a franchi la cote d’alerte. Crise du
vin ? Gare à l’Italie à l’Espagne, à la Grèce,
au Portugal.
Ainsi, nul besoin d’être grand clerc pour attribuer la décomposition
du système, la dégradation, le grippage de ses mécanismes
financiers à une seule cause : l’inadaptation de l’outil monétaire
à une situation de pléthore. Mais dénoncer l’abondance
comme source de nos maux écorcherait la langue de nos économistes,
de tous ces maîtres à penser qui en ont fait un sujet tabou,
raillant ceux qui s’imaginent en faire profiter les consommateurs aujourd’hui
impécunieux, insuffisamment solvabilisés.
Le capitalisme reste l’économie de la rareté. La rareté
fait le prix. L’abondance tue le profit. Il s’agit là d’axiomes
auxquels nos technocrates, formés au moule d’un enseignement
dépassé, refusent d’accorder réflexion. La société
ne changera qu’avec le changement de tous ses usages monétaires
qui, le progrès aidant, ont apporté tant et tant d’inconséquences.
La monnaie transférable est l’outil d’une économie de
concurrence et de profits. La monnaie de consommation sera celui d’une
économie mieux adaptée à l’accélération
du progrès technique et scientifique, à l’abondance qui
en découle et dont nous faisons un si piètre usage.
Il ne sert à rien de poser des emplâtres sur un corps gangrené.
A défaut d’une nécessaire révolution économique
et monétaire, seule la guerre avec son cortège de destructions
et de détresses humaines, retendra une fois de plus les ressorts
du vieux système en le délivrant, pour un temps, du fléau
de l’abondance. Reagan et ses conseillers l’ont compris et fait leur
choix. Périsse l’homme pour que vive le profit : 222 milliards
de dollars vont préparer la guerre. Il est seulement navrant
qu’aucun de nos politiques n’ait eu le courage, l’honnêteté
d’annoncer la couleur.
Perdons nos illusions. Le vieux système ne marche plus. Il s’agit
non pas de le dépoussiérer, mais d’en changer pour que
la production serve tout bonnement à satisfaire les besoins des
populations, au lieu d’être sans cesse entravée, détruite,
à seule fin d’animer le commerce de l’argent, d’assurer les profits
et, par là, les revenus illimités d’une minorité.
• Extrait de « Changer de révolution (l’inéluctable prolétariat) par Jacques Ellul (Editions du Seuil), page 253 :
« Si l’on ramène le temps de travail industriel ou tertiaire
à deux heures, cela veut dire qu’on ne peut plus tabler sur des
salaires peur faire vivre l’individu et que l’entreprise ne peut pas
payer 1 000 francs l’heure de présence. Dès lors cela
implique une mutation dans la répartition des valeurs produites...
...Dès lors il n’y a plus à payer un travail avec un salaire
mais à répartir entre tous les membres de la société
(qu’ils travaillent ou non) le produit annuel de la richesse produite
par les usines automatisées et informatisées. Les modalités
de cette répartition peuvent être diverses...
On peut même penser soit en effet à une réduction
d’un travail pour tous pendant deux heures par jour pour une durée
de trente ans, soit à une sorte de « service national du
travail » où on travaillerait huit heures par jour pendant
cinq ans par exemple, ceci dans des usines et bureaux puissamment automatisés
et informatisés... »
(Envoi de M. Nore, Evaux les Bains).
ON a raison d’incriminer les multinationales et les hauts financiers
américains indisposés par nos nationalisations, celle
des banques tout particulièrement, dans l’aire de leurs activités
européennes. Toute dévaluation fait suite à une
tension durable exercée sur le marché des changes par
des mouvements de capitaux attirés par des taux d’intérêt
avantageux. Les autorités monétaires américaines
pratiquent sans risque des taux d’intérêt élevés.
L’abondance des dollars en circulation à travers les réseaux
bancaires couvrant les cinq continents, garantit la rémunération
des dépôts quelle qu’en soit l’importance. En cas de besoin,
la création de nouvelles quantités de monnaie ne pose
pas de problème aux autorités américaines protégées
d’une inflation intérieure par l’étendue de leurs débouchés
et marchés extérieurs vers lesquels s’évacue le
trop plein de leurs dollars.
Un pouvoir occulte à vocation mondiale tient ainsi les Etats
en tutelle, sanctionnant les incartades, utilisant l’arme financière
pour mettre à la raison les trouble-fête, les médias
à sa dévotion pour saper la confiance, des bataillons
de « taupes pour semer la chienlit. A ce pouvoir diffus, hydre
aux cent têtes disséminées au sein d’une multitudes
de clubs, commissions, fondations, organismes internationaux et européens,
on doit ce mauvais coup porté au franc à un moment choisi
tout exprès pour déstabiliser un Pouvoir socialo- communiste,
honni des tenants du Pouvoir économique écartés
par les nationalisations, combattu par les multinationales. Ainsi quelques
milliers de personnages et la meute de leurs séides poursuivent
de leur vindicte un gouvernement trouble-fête socialisant à
tout va, contrôlant, régentant prix et profits. Sonnant
l’hallali, ils se préparent à la curée.
Désarmer cette opposition multiforme agissant dans l’ombre dans
l’anonymat ? Il existe un moyen le recours à une monnaie de consommation
gagée par les fruits du travail, distribuée à chacun
en guise de revenu ; monnaie libérée des ingérences
extérieures, une monnaie cessant de circuler, de se transférer,
conçue pour écouler aux ayants-droit tout ce qu’il est
matériellement et techniquement possible de produire, objectif
inaccessible au système monétaire actuel dans les pays
surindustrialisés incapables de s’accommoder de leur abondance.
S’atteler à cette tâche est un impératif pour un
gouvernement disposant d’une majorité. Attendre davantage serait
suicidaire, et pour les hommes au Pouvoir, et pour la multitude victime
d’un système monétaire qui paralyse l’effort, stérilise
l’exploitation des vraies richesses, victime de la « règle
du jeu » qui la condamne à l’austérité face
à l’abondance et aux gaspillages.
*
Du socialisme on n’a guère vu à ce jour la couleur, si
ce n’est la gérance d’un social-capitalisme soucieux de relancer
investissements et profits, de promouvoir l’emploi pour l’emploi, de
défendre la monnaie bancaire instrument du pouvoir capitaliste,
mais qui n’a pas été en mesure de tenir les prix. Confrontés
avec l’hostilité des classes moyennes, hauts financiers et fonctionnaires,
grandes et moyennes entreprises, avec la hargne des agriculteurs et
des professions libérales, bref tous ceux qui vivent du profit,
commandent l’emploi et les prix, nos socialistes ont doucement plongé
vers l’enfer monétaire, léchés par ses premières
flammes.
Ayant croqué la pomme, les masses ouvrières et syndicales
ne peuvent que renâcler aux mesures de blocage qui les prennent
pour cible et que la dévaluation a rendues inévitables.
Une révolution économique devait s’accomplir. Les socialistes
sont restés sourds aux appels et l’ont écartée
d’emblée. Le processus chilien est amorcé. Les ingrédients
sont en place. Nous paierons très cher l’intermède socialiste,
soupape à la pression sociale d’une époque, dérivatif
provisoire à maintes préoccupations.
Doit-on perdre un dernier espoir ? Il faudrait que les socialistes,
cessant de tergiverser, de s’illusionner, qu’ils se résignent
à une « révision déchirante » de leurs
dogmes, de leurs intentions, qu’ils se décident à sauter
le pas, à franchir le « rubicon monétaire »,
à faire du franc une monnaie de consommation, bientôt imités
par les autres pays en proie aux mêmes symptômes de décomposition
et de décadence.
L’après-socialisme, si nous le voulons, ouvrira l’ère
d’un socialisme libéral-communautaire, distributif de l’abondance.
(Extraits du Bloc-Notes de Henri MULLER).
Initiatives
Proposition d’un manifeste de paix pour la conférence des Nations-Unies pour le désarmement.
- constatons une fois de plus que les événements des Malouines confirment leurs vues et que l’armée, soi-disant « sauvegarde de la paix », est en réalité facteur de guerre ;
- constatons que les régimes en présence, relevant du libéralisme ou de la dictature, se rejoignent dans l’emploi de la force, c’est-à-dire du totalitarisme et de la violence ;
- constatons que le prétexte de cette guerre, un archipel désertique, dissimule mal ses véritables buts : sur le plan économique l’écoulement du matériel militaire et l’appropriation des matières premières, sur le plan gouvernemental le renforcement de la centralisation liberticide ;
- constatons que le conflit renforce ici et là deux régimes impopulaires à leurs peuples respectifs, en substituant aux justes aspirations des citoyens de Grande-Bretagne et d’Argentine, des notions grégaires de chauvinisme ranimées par les événements ;
- constatons que cet engagement est une occasion pour les pays .non belligérants, d’accroître la criminelle industrie guerrière ;
- constatons que, de part et d’autre, en dépit des idéologies affichées, se nouent, une fois de plus, des alliances contre nature ;
- constatons qu’un prétexte aussi futile que la revendication de quelques îlots glacés, peut dégénérer en une guerre mondiale, pour le plus grand profit des marchands de mort ;
- constatons que lorsque tous les pays des nations unies auront choisi le désarmement unilatéral et auront dissous leurs armées, il y aura lieu de parler d’un monde juste et fraternel, au service de la famille mondiale ;
- constatons que la majorité des peuples espèrent le renversement de l’économie monétaire actuelle qui sert seulement l’égoïsme capitaliste, pilier fondamental de l’industrie inhumaine de la mort ;
- espérons l’établissement d’une autogestion distributive mondiale où le troc inter-nations remplacera le dollar actuel de base d’échange, et que la nouvelle monnaie, sans valeur thésaurisable, ne servira qu’à satisfaire les besoins naturels de la population ;
- espérons que le travail sera transformé à l’avenir, en service social auquel chaque citoyen participe selon ses qualités et moyens ;
- espérons que les dirigeants des peuples seront dorénavant des conseillers élus démocratiquement par le peuple, pour le service de la population et non pour leurs seuls profits ;
- Face à ce péril qui menace notre famille mondiale, nous invitons tous les citoyens bienpensants à ne plus se laisser tromper par les déclarations des politiciens et lobbys industriels, candidats au suicide, qui nous conduisent à l’auto-destruction ;
- pensons que les religions du monde, si elles ont pour but le déploiement spirituel de l’homme, le considèrent comme unique et comme porteur d’un esprit intérieur, le protégeant dans sa dignité d’homme ou de femme, sans regard à sa croyance ou non-croyance, sa race ou sa couleur ;
- estimons que les gouvernements respectifs doivent donc accepter en esprit et en fait, la Charte des Droits de l’Homme ;
- demandons que chaque pays change son système pénitentiaire par une rééducation psychiatrique humaine pour ses citoyens temporellement pourvus de déviations d’esprit ou criminel ;
- remercions les deux super-nations nucléaires, qui par leur course aux armements insensée ont fait ouvrir les yeux de l’humanité : elle n’a d’autre alternative que la paix ou l’auto-destruction finale. »
« L’UTOPIE, C’EST CROIRE QUE L’ON PEUT GAGNER SA VIE EN DETRUISANT LE MONDE ! »
L. et P. G. (Belgique)
SACHEZ, une bonne fois pour toutes, qu’en régime Capitaliste
libéral, l’application des prodigieux progrès scientifiques
et techniques de production que le XXe siècle a permis d’accomplir,
apporte l’Abondance de toutes choses et... le chômage, la misère
et, la guerre.
Expliquons-nous.
• LE CHOMAGE
par l’élimination progressive, totale et irrésistible
du travail humain : on produit toujours de plus en plus mais toujours
avec de moins en moins de travailleurs car, chaque entreprise, sous
l’aiguillon de la concurrence, est obligée pour réaliser
des bénéfices, de lutter victorieusement contre ses concurrents
par l’obtention de prix de revient inférieurs aux leurs, en recourant
au Machinisme qui chasse, sans arrêt, les travailleurs des champs,
mines, usines, ateliers, magasins, bureaux, etc...
Voilà le phénomène essentiel de notre époque
et la cause, la vraie, de l’insoluble et catastrophique crise économique,
financière et sociale dans laquelle nous nous débattons,
sans résultats, depuis 1925, et dont il est Impossible de sortir
ainsi que le prouvent tous les vains efforts faits - sous l’emprise
des Puissances d’Argent - par tous les Chefs d’État de toutes
les nations capitalistes industrialisées.
Comme la preuve est faite qu’il n’existe, en régime Capitaliste
libéral, aucun remède capable de mettre fin au chômage
et à la misère, notre salut exige son abandon le plus
vite possible car la catastrophe est à nos portes.
• LA MISERE
par le manque de pouvoir d’achat des millions de chômeurs et
d’économiquement faibles de toutes catégories ne pouvant
plus acquérir l’abondante production de la machine appelée,
mensongèrement, « surproduction « , contre laquelle
luttent, par tous les moyens à leur disposition, les Chefs d’État
de toutes les nations capitalistes industrialisées, au service
des maléfiques Puissances d’Argent : réduction des emblavements,
arrachage de la vigne, abattage des vaches laitières et d’arbres
fruitiers, destruction et stockage des récoltes blé, vin,
fruits, beurre, légumes... destructions de tout genre, alors
que de par le Monde des millions d’êtres humains sont sous-alimentés,
sans abris, à peine vêtus, dans la misère, mourant
de faim. En France, ils sont 12 millions d’après le livre de
Paul Marie de la Gorce (Editions Grasset)
Le but de ces mesures de malthusianisme est de détruire - aux
frais des contribuables - tout ou partie des stocks dits « exédentaires
», afin de rétablir artificiellement les prix de vente
et les rendre de nouveau rentables ;
• LA GUERRE
par l’arrêt national et international des échanges conduisant,
inexorablement, au conflit militaire qui détruit les biens, les
produits et les hommes.
Voilà où aboutit le régime Capitaliste libéral
dont le but est la recherche du profit, véritable course à
la mort ! Qui peut le nier ?
•
De tout ce qui précède, il ressort, incontestablement, qu’il est urgent, pour notre salut, d’abandonner - nous le répétons - l’Économie capitaliste libérale qui ne peut plus, désormais, que générer le chômage, la misère et la guerre, en la remplaçant - sans violence et sans spoliation - par une économie nouvelle des besoins appelée « Économie distributive de l’Abondance » pensée, en 1934, par !’économiste non conformiste Jacques DUBOIN, dont nous avons été l’un de" ses collaborateurs durant près- de 50 années, et qui nous apportera :
• LE TRAVAIL
par la répartition, entre tous, des tâches utiles nécessaires ;
• LA RICHESSE
L’Abondance ne sera plus détruite, comme aujourd’hui, mais répartie, entre tous, au moyen d’une nouvelle monnaie intérieure de consommation, détachée de l’or, gagée sur la production réelle tout entière, distribuée à la population et disparaissant avec le produit ou le service consommé ;
• LA PAIX
car les hommes ne feront plus que des travaux utiles.
La civilisation qui vient ne pourra prendre tout son sens que dans le
cadre de « l’Economie distributive de l’Abondance », seule
capable de mettre fin - sans violence et sans spoliation - à
la misère et au désarroi actuels, en supprimant le chômage,
la misère et la guerre.
En nous délivrant du souci de gagner notre vie dans une lutte
contre tous nos contemporains, cette civilisation nouvelle permettra
à chacun de nous d’avoir accès à la vie supérieure.
A ceux qui orient à l’utopie des idées de Jacques DUBOIN
(1), noirs demandons, nous, ses disciples, comment ils prétendent,
eux, nous tirer de la situation stupide et catastrophique dans laquelle
nous vivons.
On traite d’utopie tout ce qui n’est pas réalisé, était
Utopie la suppression de l’esclavage, Utopie l’idée qu’on supprimerait
le servage, Utopie les chemins de fer, Utopie l’aviation, le sous-marin,
de la terre à la lune. Mais l’Histoire n’est qu’une suite d’utopies
réalisées.
Les utopistes, aujourd’hui, sont ceux qui rêvent de faire revivre
le passé ; ce sont ceux qui, bien nantis, prêchent l’austérité
et les privations, alors que le Monde n’a jamais eu la possibilité
de produire autant de richesses qu’à présent.
La vérité est que nous assistons, stupéfaits, à
l’aboutissement des efforts accomplis par des milliers de générations
qui se sont succédées sur la Terre. Elles nous ont légué
ce prodigieux outillage dont nous n’osons nous servir que pour les oeuvres
de guerre donc pour distribuer la mort, alors qu’il nous permet de distribuer
la vie.
Vous représentez-vous la transformation prodigieuse que subit
l’humanité ? Elle rompt avec des millénaires, elle accomplit
une évolution comme il ne s’en est jamais produit, afin que rien
ne soit comme avant.
• CONCLUSION
En conclusion, que proposons- nous ?
De passer du régime Capitaliste libéral périmé,
ne pouvant plus, désormais, que générer le chômage,
la misère et la guerre, à l’instauration - sans violence
et sans spoliation - de « l’Economie distributive de l’Abondance
» apportant le travail, la richesse et la paix.
Est-ce possible ?
OUI !
Tout est à pied d’oeuvre : hommes, dévouement, matière
et outillage.
Il suffit d’un souffle d’Amour terrassant l’Argent dont le général
de GAULLE disait : « Mon seul adversaire, celui de la France, n’a
aucunement cessé d’être l’Argent » (« Les chênes
qu’on abat... » Edition Gallimard), et notre ami, l’architecte
urbaniste LE CORBUSIER « Tuer l’Argent est la condition primordiale
pour une mise en ordre du monde actuel » (« Des canons,
des munitions ? Merci ! des logis... S.V.P. » (Edition de l’Architecture
d’aujourd’hui, 5, rue Bartholdi, Boulogne (Seine).
Comment ?
Par la création, comme déjà dit, d’une monnaie
nouvelle intérieure de consommation qui, détachée
de l’or, gagée sur la production tout entière, disparaissant
avec le produit ou le service consommé et distribuée à
toute la population enfants, jeunes à l’étude, adultes
en âge de travailler, retraités, handicapés, etc.,
permettra de pousser au maximum la production de paix et de la passer
entièrement à la consommation.
Une monnaie saine doit être arrimée à une base saine
comme la production réelle et non aux décisions fluctuantes
de ceux qui la fabriquent et en trafiquent à leur aise.
Mais les puissances d’Argent s’y opposent car elles entendent conserver
le privilège de pouvoir continuer à fabriquer leur «
monnaie bancaire », appelée scripturale, tirée du
néant par des écritures comptables, et de la prêter
à intérêt dont le taux, compris les commissions
et frais de banque, approche, actuellement, 40 0/0 l’an et qui, incorporé
aux prix de revient des produits et services, augmente les prix de vente,
crée l’inflation, l’érosion de la monnaie et la ruine
des Épargnants.
C’est l’Etat qui doit battre monnaie et non les banquiers qui, détenteurs
et maîtres absolus de l’Argent, gouvernent le CREDIT et le dispensent
selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent en quelque sorte
le sang à l’organisme économique dont ils tiennent la
vie entre leurs mains, si bien que, sans leur consentement, nul ne peut
respirer.
On aura alors une économie des besoins et non une exploitation
des Maîtres de l’Argent.
• « L’Economie distributive de l’Abondance » est seule
capable de sortir la France de ce qu’on appelle improprement «
La Crise » (alors qu’il ne s’agit plus, comme autrefois, d’une
dépression de l’économie, mais d’un changement complet
de civilisation consécutif à l’application de nos prodigieux
moyens actuels de production) et de mettre fin à la misère
et au désarroi actuels par la création, nous le répétons,
d’une nouvelle monnaie intérieure de consommation, détachée
de l’or et qui, gagée sur la production réelle tout entière,
permettra de pousser celle-ci au maximum, de la passer entièrement
à la consommation et d’enrichir tout le monde dans la mesure
où la Science le permet, sans prendre aux uns pour donner aux
autres, ce qui exclut toute violence et toute spoliation.
Voilà notre planche de salut.
J. L.
(1) Ancien député de Haute-Savoie, ancien Secrétaire d’Etat au Trésor.
Lectures
Dans cet ouvrage de plus de 500 pages les auteurs, F.M. Lappé
et J. Collins qui dirigent l’institut pour l’Alimentation et la Politique
du Développement de San Francisco, dénoncent, non seulement
le rôle maintenant connu des multinationales dans l’aggravation
des conditions de vie dans les pays en voie de développement
mais aussi les arguments avancés par de nombreux responsables
occidentaux pour justifier le maintien du statu- quo. Car n’en déplaise
aux « pisse- vinaigre » de tous bords, aux malthusiens attardés
ou aux écolos dépassés, toutes les études
sérieuses montrent que la Terre peut, dès à présent
et sans difficultés, nourrir une population trois ou quatre fois
plus nombreuse que celle que nous connaîtrons au début
du 21e siècle. Ce qui empêche la plus grande partie de
la population du globe de manger à sa faim, ce n’est pas le manque
de nourriture mais le manque de « revenus » que le système
économique dans lequel nous vivons ne veut pas leur distribuer.
Lappé et Collins dénoncent les campagnes alarmistes, voire
terroristes, menées par les compagnies multinationales de l’agro-alimentaire
et les zélateurs du « développement à l’occidentale
».
Quelques exemples : C.W. Cook, président honoraire de Général
Foods déclare : « S’il nous faut nous battre dans un monde
de plus en plus peuplé ou affamé, c’est une utopie que
de vouloir nourrir de façon adéquate des millions d’Américains
à faibles revenus. »
L’ex-président Nixon renchérissait : « Ce qui est
effrayant, c’est que les pauvres se multiplient deux fois plus vite
que les riches ».
Mais les auteurs du livre nous montrent aussi que ce qui dérange
le plus ce n’est pas tant le manque de nourriture dont souffre la majorité
de nos semblables mais plutôt la disparition de nos « valeurs
» et la structure de notre société, menacée
par les affamés du monde entier en quête de nourriture.
Autre raisonnement insidieux développé surtout aux Etats-Unis
les Américains ont un rôle particulier-à jouer pour
conjurer l’apocalypse... la sécurité alimentaire mondiale
repose uniquement sur la production et les stocks céréaliers
américains...
En réaction, immanquablement le consommateur américain
est persuadé que les exportations de produits alimentaires vers
les pays pauvres sont responsables de l’augmentation des prix des denrées
alimentaires. D’où l’idée qui se répand que «
les Etats-Unis n’ont aucune obligation de nourrir le monde entier »
et que « les responsabilités des dirigeants américains
sont envers le peuple américain ».
Lappé et Collins nous expliquent que « si l’on ne comprend
pas comment est créé le phénomène de la
faim on reste impuissant devant ce sentiment très diffus et pourtant
très fort de culpabilité - culpabilité d’être
Américain, culpabilité d’être un occidental »...
« Ainsi les affamés deviennent une pénible menace
et en même temps une lourde responsabilité. C’est vraiment
un déchirement. Pour résoudre ce dilemme une solution
séduisante a vu le jour : celle du « bateau de sauvetage
». C’est une idée très simple, popularisée
par un homme de science, Garett Hardin, selon laquelle nous voguons
tous dans un même bateau où la nourriture est limitée.
N’est-il pas normal dans ces conditions que la nourriture aille à
ceux qui ont le plus de chances de survie et est-il juste, d’autre part,
de faire monter d’autres passagers à bord ? « Qu’arrive-t-il,
demande le Dr Hardin, si vous faites monter trop de monde dans un bateau
de sauvetage ? Le bateau coule et tout le monde est noyé. Justice
égale catastrophe ». Le remède qu’on nous propose
est simple : finis les sentiments... en cette époque de pénurie,
la compassion est un luxe que nous ne pouvons plus nous offrir... Nous
devons apprendre une nouvelle éthique : l’éthique de la
raison ; il faut que quelques-uns meurent pour que survive la race humaine
».
Après avoir démonté et révélé
la nocivité de tels raisonnements, Lappé et Collins nous
disent ce qu’ils pensent que nous, simples individus, pouvons faire.
Et tout d’abord nous devons nous souvenir « qu’on doit juger de
l’équité et de réussite d’un système socioéconomique
à cela : que les hommes mangent à leur faim. Tout au long
de notre histoire, la sécurité des peuples a toujours
reposé sur leur capacité à subvenir à leurs
besoins alimentaires de base. Chaque pays doit mobiliser toutes ses
ressources pour satisfaire d’abord les besoins nationaux. Le commerce,
ensuite, ne doit lui permettre que d’élargir ses possibilités
de choix au lieu de priver certains de leurs biens légitimes
».
Pour les auteurs la tâche est claire : « il s’agit de construire
un mouvement qui dévoile la réalité de ce système.
Ce sont, soutenues par les gouvernements, les compagnies et les classes
privilégiées qui détruisent lentement la sécurité
alimentaire d’une très grande partie du monde. Les forces qui,
dans les pays sous-développés, privent les gens de toute
participation au processus de production, donc de consommation, sont
les mêmes qui ont fait du secteur alimentaire dans notre pays
un des secteurs de l’économie les plus étroitement contrôlés.
Un nombre de plus en plus restreint d’entrepreneurs agricoles et de
compagnies agro-alimentaires contrôlent une partie de plus en
plus grande de notre production alimentaire. Actuellement, on transforme
inutilement de plus en plus de produits (traités de surcroît
avec des produits chimiques dangereux), qui deviennent ainsi de moins
en moins nutritifs et de plus en plus chers. Ainsi, en luttant contre
l’emprise de ces forces sur le secteur alimentaire dans notre propre
pays, nous luttons directement contre celles qui contribuent à
la faim dans d’autres pays... » « Le premier pas, lorsqu’on
considère l’urgence de manger, c’est de démystifier le
problème de la faim. C’est peut-être là que nous
pouvons être le plus utile... » « Nous nous sommes
rendu compte que la solution au problème de la faim n’est pas
un mystère caché dans le plasma germinatif de quelque
semence attendant sa découverte prochaine par quelque jeune et
brillant savant ! On ne trouvera pas non plus la solution dans les études
économétriques des planificateurs. Non ! La seule chose
qui empêche de trouver une solution à ce problème,
c’est le sentiment d’impuissance que l’on ressent : on nous fait croire
que cette question est trop grave pour que nous puissions la maîtriser
et que, par conséquent, il nous faut nous en remettre à
d’autres. Pourtant la solution est entre nos mains ».
Voilà, j’ai extrait quelques-unes des nombreuses idées
qui parsèment ce livre, qu’il faut lire et qui nous conforte
dans notre opinion que la solution à la faim dans le monde passe
par un changement complet de système économique.
(1) Editions « L’Etincelle », Montréal, Paris.
A la justice
J’ai dit : lois justes
Ils dirent : pas d’autres lois.Aux pauvres
J’ai dit : apprenez
Ils dirent : pourquoi.Aux riches
J’ai dit : Amour
Ils dirent : Argent.Aux pseudo-savants
J’ai dit : Conscience
Ils dirent : Sciences.Aux révolutionnaires
J’ai dit : non-violence
Ils dirent : fusils.Aux militaires
J’ai dit : la Paix
Ils dirent : la guerre.J’ai dit, j’ai dit
J’avais trop dit...
Et ils m’ont fait disparaître
Obligeant mon corps à se taire.Albert CHANTRAINE