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Editorial
PIERRE MAUROY vient d’accorder au patronat un allègement des
taxes payées par les entreprises. Cette concession lui a été
dictée par son désir de « relancer l’économie
», de pousser les entrepreneurs à investir pour «
faire repartir la machine » avec l’espoir que cela, par miracle,
allait résoudre la crise sans qu’il soit nécessaire d’analyser
la nature profonde de la dite crise.
L’heure semble donc venue, où le pouvoir socialiste prend enfin
conscience de l’obstacle à ses aspirations que représente
le pouvoir économique et financier. Il avait cru pouvoir dire
aux entrepreneurs : investissez, donc économisez sur la main
d’oeuvre, continuez ainsi à faire des profits, puis remettez-moi
ces profits car il faut bien que je nourrisse les chômeurs que
vos investissements ont créés ! (Dr, le patronat, logique
avec ’ ’ )i du marché, estime évidemment que s’il investit,
c’est dans son seul intérêt : s’il remplace ses employés
par des machines automatiques, ce n’est pas avec l’intention de continuer
à payer leurs salaires, fut-ce sous forme de taxes. Même
si on invente encore des emplois, inutiles, pour faire semblant de rendre
utiles les chômeurs secourus !
Or cette loi du marché, qui rap
pelle celle de la jungle, est la loi du plus fort : pressées
par la concurrence de celles qui ont de gros moyens, les petites et
moyennes entreprises ont de plus en plus de mal à survivre. Comment
pourraient-elles contribuer, par des taxes, à l’entretien des
chômeurs, alors que la compétition les pousse à
la faillite ? La concession du gouvernement a été dictée
par la crainte de ces faillites. Mais il doit du même coup comprendre
que la loi du marché ne permet pas de compter sur les investissements
des entreprises pour distribuer aux chômeurs le pouvoir d’achat
qui devait relancer l’économie. Le pari qu’il en avait fait est
bien intenable.
*
Alors ? Va-t-il renoncer au changement promis, et revenir à
la politique économique que les Français ont massivement
rejetée le 10 mai dernier ?
S’il était tenté d’y songer, la situation des pays où
cette politique, dite aussi monétariste, continue à être
à l’honneur, est éloquente. Le Président Reagan,
par exemple, a choisi d’alléger les taxes aux Etats-Unis. Un
article de l’International Herald Tribune, de janvier dernier, titrait
« Les soupes populaires, aux Etats-Unis, rappellent la grande
dépression ». J’en traduis ici quelques passages :
« Pour la première fois, depuis de nombreuses années,
le col. Kinnett, responsable de l’Armée du Salut dans l’Ohio,
a commencé à se rappeler la Dépression. C’est le
genre de souvenir auquel vous cherchez à échapper, dit-il,
et pourtant il y a de plus en plus de jeunes gens et de femmes qui n’auraient
jamais pensé avoir un jour besoin de la charité d’un repas
ou d’un colis d’épicerie. Mais cette région industrielle
est en train de chanceler et la honte apparaît sur leurs visages.
Nous l’entendons sans cesse. Ils disent : « Vous savez, je n’ai
jamais eu à demander quoi que ce soit jusqu’à maintenant
- et je n’aurais jamais pensé que j’aurais un jour à être
ici ».Les hommes et les femmes qui ont perdu leur emploi dans
la plus grande dépression industrielle de cette région,
depuis des décennies, viennent en nombre de plus en plus grand
s’asseoir sur les bancs grossiers des soupes populaires installées
dans des églises et des centres communautaires... Le nombre de
gens qui vinrent pour des repas gratuits en cette fin d’année
a doublé par rapport à l’an passé...
« Sur le plan national, l’Armée du Salut estime que la
demande de repas gratuits a augmenté de 10 à 30 % par
rapport à l’an dernier et dos entretiens avec les directeurs
de ses centres confirment le schéma apparent : les foules affamées
sont plus jeunes, et plus nombreuses sont les familles avec enfants
dont les parents ne trouvent pas de travail.
« Leur histoire est habituellement la suivante : le père
travaillait chez Chrysler, ou à la General Motors, ou chez Ford,
il a été licencié et ils ont épuisé
toutes leurs ressources. Un responsable du Milwaukee commente : «
il y a cinq ans, on pouvait estimer que 95 % des vagabonds devaient
leur situation à l’alcool ou à une drogue quelconque.
Aujourd’hui 70 % de nos hôtes ne sont que des sans-abri et des
sans-travail. Ils ne sont pas à la rue par choix mais à
cause des forces économiques et politiques. Pour nos hôtes
aujourd’hui, être au chômage est une réalité,
ce n’est plus une exception. »
Le journaliste de l’International Herald Tribune exprime la conclusion tirée par de nombreux organisateurs de repas gratuits : « Les coupes opérées dans le programme social par l’administration Reagan, avec pour objectif la revitalisation de l’économie nationale en réduisant les dépenses du gouvernement, sont largement ressenties... ».
*
On pourrait croire, à lire ces lignes, que les Etats-Unis viennent
de traverser une crise de disette, qu’une catastrophe quelconque a détruit
leurs récoltes. Le correspondant du Monde rapporte, le 16 avril,
qu’il n’en est rien. Sous le titre « Crise chez les fermiers américains
», voici ce qu’il écrit :
Washington. - Les agriculteurs américains s’arrachent les
cheveux. 1982 sera, disent-ils, leur pire année depuis la grande
dépression ; on prévoit un revenu agricole net compris
entre 13 et 18 milliards de dollars contre 22,9 milliards en 1981. En
monnaie constante, cela représenterait le tiers des gains de
1975. Et en dollars courants, la moitié de ceux de 1979.
La crise est due essentiellement à la surproduction. Comme si
les progrès techniques dont le Middle-W est avaient tant profité
commençaient à se retourner contre lui. Les récoltes
de l’année dernière ont battu tous les records, d’où
des surplus considérables et des baisses sensibles de prix.
Tandis qu’un nombre croissant de gens meurent de faim, les fermiers s’arrachent les cheveux de ne pouvoir vendre leurs productions ! Il n’y a plus rien à espérer d’une économie régie par le marché. La loi du profit a fait son temps. La seule solution pour sortir de la crise est bien de supprimer salariat et profit afin que l’économie soit directement contrôlée par les besoins humains. N’est-ce pas la plus naturelle des motivations, que la compétitivité a complètement dénaturée ?
A la suite de notre communication télévisée, Tribune
Libre F.R.3 du 29 septembre 81, nombre d’auditeurs très intéressés
nous écrivent, nous demandant de préciser nos propositions
seulement ébauchées dans le court temps imparti : - «
Le problème de la production étant désormais résolu
grâce au recours à la mécanisation, il reste à
résoudre celui de la répartition pour l’acheminement à
la consommation ».
Comment procéder équitablement au bénéfice
de toute la population participante ?
En réponse, une première considération s’impose
: l’exercice de production, dans le système échangiste
capitaliste remplit deux rôles : il crée les biens et services,
et par les salaires et bénéfices qui découlent
de son exercice, il dégage les revenus qui permettent la consommation.
Face à la production automatisée, l’échangisme
capitaliste ne peut plus remplir son rôle de répartition
des revenus sans le recours à des impôts draconiens ou
à la création massive de monnaie qui, par la dévaluation
qu’elle provoque, entraîne la ruine de l’avoir de chacun.
Comme nous en faisions la démonstration chiffrée dans
l’éditorial de « la Grande Relève » de novembre
sous le titre « Pourquoi il faut tout changer », en échangisme,
une fraction de la population est désormais promue à travailler
et à entretenir l’autre, réduite au chômage.
Dans le cadre de l’échangisme, la population restée en
activité doit donc désormais consentir, soit une sévère
amputation de ses revenus par l’impôt, soit une égale amputation
de son avoir épargné, par la cavalerie monétaire,
qu’est l’inflation -dévaluation galopante, manne des dépenses
d’Etat affectées au soutien de l’économie moribonde. Ne
nous y trompons pas, ce palliatif qui colmate en apparence, le déséquilibre
entre la somme de la production et le décalage des revenus créés,
ne fait que donner, à ceux qui s’accrochent à la fallacieuse
et dangereuse facilité de l’échangisme-esclavagiste, que
l’illusion de la constance du pouvoir d’achat.
A notre niveau de technicité l’échangisme se bloque, la
distribution peut seule prendre la relève de l’échange
pour fermer le cycle production-consommation.
L’expédient de la facilité de l’autruche mène à
la catastrophe, il appartient à tout progressiste d’apporter
sa pierre à l’édification du Socialisme Distributif de
l’Abondance.
L’article que « le Monde » n’a pas publié :
LA main qui a appuyé le revolver sur la tempe de René
Lucet ne se doutait pas qu’elle n’allait pas seulement faire sauter
la tête d’un malheureux fonctionnaire.
Les deux balles qui ont fait éclater la cervelle de René
Lucet pourraient bien à terme désintégrer la Sécurité
Sociale et au delà de la S.S., le système de santé
auquel elle sert de« vache à lait ».
Si Lucet n’était pas mort, 50 millions de Français n’auraient
jamais su qu’un directeur de Caisse de la S.S. pouvait s’octroyer 880
000 F de frais de représentation par an et s’offrir en outre
quatre gardes du corps aux frais du contribuable. IIs n’auraient pas
su non plus qu’une Caisse primaire de S.S., à l’ère de
la gestion informatisée, avait besoin de 3 300 employés
pour administrer les dossiers de maladie d’un seul département.
Ils n’auraient pas su que le budget de la Sécurité Sociale
(970 milliards pour 1981) dépassait de 200 milliards le Budget
total de l’Etat et représentait environ le tiers du Produit National
Brut (P.N.B.).
La révélation de l’effarante gabegie qui règne
dans l’Administration n’a pas fini de faire des vagues. Il est scandaleux
en effet qu’un service dont le seul rôle est d’encaisser des cotisations
sociales pour les redistribuer aux ayant droit, en l’occurence les malades,
puisse disposer de « frais de représentation », quel
qu’en soit le montant. Que les fonctionnaires perçoivent des
indemnités dans l’exercice de leurs fonctions, rien de plus normal.
Qu’ils donnent des réceptions et arrosent leurs petits copains,
politiques ou non, aux dépens-de l’Etat, c’est une autre affaire.
Il y a en France 130 caisses d’Assurance-Maladie. Si ces caisses ont
suivi l’exemple de celle des Bouches-du-Rhône, c’est plus de 100
millions de francs qui auront été extorqués à
la Sécurité Sociale pour régler les dépenses
somptuaires et les trafics d’influence de ses gestionnaires. De quoi
faire, vivre convenablement 1500 familles de chômeurs pendant
un an. Extrapolez à l’ensemble de la Fonction Publique, ajoutez-y
le secteur privé qui, lui, a depuis longtemps élevé
la « note de frais » à la hauteur d’une entreprise
lucrative et c’est par milliards qu’il faudra compter les sommes ainsi
détournées par une minorité de profiteurs. A une
époque où le nombre des chômeurs dépasse
les 2 millions et où l’on parle de solidarité nationale,
ce pillage des fonds publics constitue un scandale intolérable.
Cela dit, le laxisme des bureaucrates, le clientélisme des partis
politiques et des syndicats ne sauraient rendre compte de l’accroissement
fantastique des charges sociales et plus particulièrement des
dépenses de santé au cours des deux dernières décennies.
Pour expliquer la progression des dépenses de la Sécurité
Sociale qui dépassent aujourd’hui celles de l’Etat et absorbent
à elles seules le tiers du revenu national, il faut aller chercher
plus loin que la gabegie ou l’incurie administrative.
« Il y a quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark »
disait Hamlet. Il doit y avoir aussi quelque chose de pourri dans notre
régime d’Assurance - Maladie qui constitue le poste le plus important
des dépenses sociales.
C’est là que nous découvrons le pot aux roses. Derrière
l’explosion des dépenses de maladie, il y a notre système
de santé, merveilleux amalgame de médecine privée
et de service public (privé pour les recettes, public pour le
financement), admirablement agencé pour promouvoir et garantir
le développement sans limites de la consommation médicale.
C’est ce constat que le signataire du présent article exprimait
en formules sulfureuses lorsqu’il terminait sa carrière au Ministère
de la Santé : « La médecine mercantile ne guérit
pas les malades, elle les cultive ». « Les praticiens, ordonnateurs
des dépenses, ne sont plus que les promoteurs des ventes de l’industrie
pharmaceutique ». « La première. chose à faire,
c’est de démercantiliser la médecine ». On ne surprendra
personne en disant que ces propos sacrilèges n’étaient
pas de nature à favoriser son avancement.
Aujourd’hui, il n’est plus seul à faire cette analyse. Il arrive
même que des membres du corps médical la reprennent à
leur compte. Je recommande à tous ceux qui s’intéressent
aux problèmes de santé la lecture de l’ouvrage fracassant
du Docteur Janine Fontaine « La médecine des trois corps
» édité chez Laffont. La médecine, le Dr
J. Fontaine l’a pratiquée pendant 20 ans, en qualité d’anesthésiste
et de cardiologue dans les services des hôpitaux parisiens, avant
d’aller découvrir les guérisseurs des lies Philippines.
Cette médecine, elle la connaît de l’intérieur.
Aussi sa critique est-elle dévastatrice, ce qui explique que
les pontes du système aient tenté de la réduire
au silence, en la faisant interdire à la télévision
et dans les média.
Ecoutons-la dénoncer « la dépersonnalisation de
la médecine, le culte des hôpitaux immenses qui multiplient
les risques infectieux ». « Le tout, écrit-elle avec
un sens aigu du diagnostic, fait partie d’un système matérialiste
démentiel dans lequel se multiplient les examens inutiles et
coûteux, où l’on maintient les malades dans les lits afin
que ceux-ci soient remplis, où les, locaux deviennent prétextes
et non plus instruments de soins, où l’on fabrique à la
pelle des maladies iatrogènes... » (p. 218). Ce qu’elle
dit s’applique aussi à la médecine de cabinet.
Ecoutons-la encore décrire le conditionnement auquel est soumis le personnel médical : « Les puissants laboratoires pharmaceutiques ou les fabricants de matériel nous abreuvent dès la première année de médecine, de luxueux fascicules qui deviennent notre Bible et qui adroitement, après avoir décrit les signes de la maladie et sa physiopathologie, concluent à la nécessisté de pratiquer X examens et d’administrer N médicaments. Et l’on est pris au piège... ».
C’est le procès en règle d’un système de soins
soumis aux impératifs de l’économie de marché.
La logique du système le pousse irrésistiblement à
multiplier les actes médicaux générateurs d’honoraires,
à développer la consommation pharmaceutique dont dépend
la prospérité des officines et des laboratoires, à
remplir les hôpitaux et les cliniques financés par les
« prix de journées », à la limite à
« fabriquer des malades - autrement dit des clients - pour rentabiliser
l’institution » (1).
Logique d’autant plus irrésistible que l’Industrie de la Santé
peut compter sur une « vache à lait » apparemment
inépuisable, la Sécurité Sociale, ce qui avait
conduit un économiste facétieux à avancer l’idée
d’un « capitalisme monopoliste d’étable ». A la vérité,
si on pousse l’analyse, notre système de santé fonctionne
comme un gigantesque « rackett » qui crée les besoins
qu’il exploite, comme une immense pieuvre aux cent mille ventouses qui
pompe le sang de la nation en même temps qu’il l’empoisonne.
Le résultat de ce système démentiel, c’est que
jamais on n’a autant dépensé pour la santé des
Français et jamais ils ne se sont si mal portés. Plus
ils fréquentent les cabinets de consultation et les hôpitaux
et plus ils sont patraques. La pathologie « iatrogène »
fait des progrès foudroyants. Aux U.S.A., 8 % des malades hospitalisés
le sont à la suite d’une intoxication médicamenteuse.
Un professeur de dermatologie de Montpellier me disait il y a 10 ans
que la moitié des clients de son service lui étaient envoyés
par ses confrères des autres disciplines. On pense au principe
de Parkinson : « Tout service a pour objectif de donner du travail
à un autre service ». Tous les ans, en France, on est obligé
de fermer des hôpitaux devenus des foyers d’infection particulièrement
virulents. Les thèses d’Ivan Illitch sur la Némésis
médicale sont toujours pertinentes. C’est que la médecine
mercantile polarisée par la poursuite du profit ne peut avoir
pour cible les causes profondes de la maladie, mais seulement ses symptômes,
à condition qu’ils soient solvables.
Ces tendances désastreuses et morbides pourraient être
éliminées et il serait sans aucun doute possible de réduire
considérablement les dépenses de soins tout en améliorant
la santé de la population (2).
Mais cela supposerait que l’on échappe à l’attraction
et à la logique de l’économie de marché. C’est
une éventualité que l’inertie mentale et les modestes
capacités de réflexion des ilotes modernes ne permettent
pas de prévoir pour demain. Cependant les choses bougent. Comme
le disait Nietzche, « les idées qui bouleversent le monde
avancent sur des pattes de colombe ».
Il peut même arriver qu’elles fassent irruption dans la tête
des gens comme les deux balles qui ont mis fin à la vie de René
Lucet.
(1) Une illustration à peine caricaturale de cette fatalité
nous a été fournie il y a 2 ans par la presse argentine.
Les pharmaciens de Buenos-Aires avaient sur les bras un énorme
stock d’une lotion contre les poux qu’ils n’arrivaient pas à
écouler. Ils ont eu l’idée de faire répandre dans
les écoles une nuée de poux sur le crâne des jeunes
écoliers. Trois semaines après, les flacons de lotion
se vendaient comme des petits pains. Ce qu’il faut bien voir c’est qu’un
état de santé satisfaisant constitue objectivement une
catastrophe pour la profession médicale et pharmaceutique. La
démarche du Dr Knock est parfaitement rationnelle dans le cadre
existant. « La santé est un état qui ne présage
rien de bon ».
(2) Il y a quelques années, j’avais soumis une proposition à
l’inspection des Finances et à la Direction des Hôpitaux
légitimement alarmées par la progression des dépenses
de santé qui dévorent une part croissante du produit national
et grèvent lourdement notre économie. Je leur avais dit
à peu près ceci : « Il y a en France une association
« Vivre en Harmonie », fondée par Raymond Dextreit,
qui préconise le végétarisme, un mode de vie près
de la nature et le traitement des maladies par les plantes, à
l’exclusion de tout recours à la médecine allopathique.
Cette association doit regrouper une vingtaine de milliers de familles.
Il vous est très facile (sous réserve d’un accord avec
l’association) de faire procéder par les services comptables
de la Sécurité Sociale, à l’évaluation des
dépenses de santé afférentes à ces familles
et de les comparer avec celles des usagers de la médecine officielle.
D’après mes estimations personnelles, basées sur un échantillonnage
réduit et donc sujettes à vérification, le rapport
des coûts serait de l’ordre de 1 à 5 en faveur des méthodes
harmonistes ». Il est à peine besoin de préciser
que cette proposition n’a pas eu de suite.
La presse pourrie : le mois dernier le « Figaro Magazine »
a publié une photo de corps calcinés qui étaient
censés être ceux d’indiens Mosquitos massacrés par
les sandinistes au Nicaragua. Il s’agissait d’un document diffusé
par les Américains et utilisé devant le Congrès
par Alexandre Haig pour dénoncer le gouvernement actuel du Nicaragua.
En fait, la photo datait de plusieurs années et représentait
l’incinération de cadavres de victimes de l’ex-dictateur Somoza
(qui avait l’appui des Américains !). Le département d’Etat
américain a révélé par la suite la véritable
origine de la photo. Mais pas le « Figaro-Magazine ». Bien
pire encore, les journaux du groupe du « Figaro » pratiquent
couramment les amalgames osés, des truquages, des coupures, ...
C’est ainsi que le « Figaro-Magazine », toujours lui, associait
récemment les projets de retraite anticipée proposés
par le gouvernement à une interview de Jacques Attali, conseiller
du Président de la République, donnée il y a plus
d’un an, pour démontrer que le pouvoir socialiste entend organiser
ainsi « la mort sociale de centaines de milliers de Français
âgés ». Or, que disait Attali dans son interview
? Qu’à son avis, la logique du système marchand condamnait
les vieillards soit à rester solvables, soit à subir une
euthanasie de fait. Constatant que les dépenses de santé
sont pour les deux tiers concentrées dans les derniers mois de
la vie, Attali soulignait que la nature même de la société
capitaliste la pousse à ne plus rechercher l’espérance
de vie mais seulement la durée de vie sans maladie. Il ajoutait
que l’évolution actuelle de la société marchande
conduira inévitablement à éliminer la vie par des
procédés techniques lorsque cette vie s’avérera
trop insupportable ou économiquement trop coûteuse.
Il est bien évident que le style d’Attali n’est pas toujours
très limpide et qu’il exige quelque attention de la part du lecteur
moyen. Mais tel n’est pas le cas de journalistes expérimentés,
habitués à lire les proses plus ou moins abstraites des
technocrates de tous bords. Ça n’a pas empêché Pierre
Gaxotte d’affirmer dans le « Figaro que Jacques Attali proposait
de supprimer les vieillards de soixante, soixante-cinq ans.
M. Gaxotte qui doit, quand même, savoir lire, déshonore
l’Académie Française à laquelle il appartient.
Mais peut-être est-il gâteux ?
« Le Quotidien du Médecin » (qui est dirigé
par la femme de Ph. Tesson), directeur du « Quotidien rie Paris
» n’a pas hésité à reproduire un tract de
l’Union Nationale des Assurés Sociaux intitulé : «
Va-t-on supprimer les vieux ? » dans lequel les textes de base
écrits par Attali pour expliquer la logique du système
du profit, étaient tronqués, donc déformés.
Cette presse, qui utilise le racisme, l’antisémitisme (Attali
est Juif), la calomnie, cette presse qui ne recule devant rien pour
attaquer le pouvoir socialiste, c’est ce qu’on appelle la presse «
libérale » !
Alors quand vous voyez ces journaux, n’hésitez pas, brûlez-les
!
*
Ça devait arriver : après les marchés agricoles,
il faut maintenant assainir le marché du pétrole pour
maintenir le niveau des prix. C’était l’objet de la réunion
des pays membres de l’OPEP à Vienne le 19 mars dernier. On ne
consomme plus assez de pétrole. Catastrophe ! Il y a surproduction.
Alors me direz- vous, il n’y a plus de crise économique puisque
celle-ci était due à la rareté du pétrole
? Eh bien non !
Il y a toujours crise, mais maintenant c’est parce que le prix du pétrole
baisse !
*
Et comme une catastrophe n’arrive jamais seule, voilà qu’on découvre de plus en plus de gisements de pétrole (au Mexique, par exemple) et selon le vice-président de la Chase-Manhattan Bank, chargé des problèmes d’énergie, les réserves chinoises non encore explorées pourraient être aussi importantes que celles de l’Arabie Saoudite (quelque 39 milliards de barils).
*
A Londres, depuis le 21 mars dernier, le prix des transports publics
a doublé à la suite d’un arrêt de la Haute Cour
des Lords qui a déclaré illégale la baisse des
tarifs qu’avait décidée en 1981 le Conseil de Londres
(Travailliste). Cette baisse de 25 % s’était traduite par une
augmentation de 10 % de la fréquentation des transports en commun
(qui était en baisse depuis 20 ans). Résultat les banlieusards
vont reprendre leurs voitures, polluer un peu plus et embouteiller.
Qui plus est, l’augmentation des tarifs n’empêchera pas la réduction
des services, la fermeture de stations de métro, la suppression
de lignes d’autobus et le licenciement de 5 000 employés. Le
monétarisme, c’est aussi ça !
*
Le monétarisme, vous le savez, c’est cette théorie développée par Milton Friedman et son école (les Chicago boys) qui fait passer la défense de la monnaie avant tout et qui prône le libéralisme économique le plus effréné. C’est cette théorie que défendaient GiscardBarre, Barre, c’est celle que met en application Reagan aux Etats-Unis, c’est celle qu’utilisent toutes les dictatures de droite (Chili, Argentine, Turquie, ...) avec pour principaux résultats une inflation galopante (plus de 100 % au Brésil, 6 % par mois en Argentine, 80 ou 100 % en Israël, ...) et un chômage énorme (par exemple plus de 21 % de la population active en Turquie).
LES agriculteurs ne sont pas tous loges à la même enseigne.
Un revenu moyen par tête d’exploitant a autant de signification
qu’un revenu par borne kilométrique. Il y a le revenu des gros
et des petits maraîchers qui produisent en serre, endettés
à perpétuité et comptant sur le consommateur pour
régler, à travers les prix, le coût du crédit.
Il y a le revenu des propriétaires de grands crus qui roulent
en Mercédès ou en Jaguar, emploient des gérants
et mènent une existence de grands seigneurs. Il y a les petits
besogneux qui vont sur les marchés locaux écouler - leurs
oeufs, leur petit élevage, les produits du potager aux prix du
commerce, sans acquitter ni impôts, ni dîme aux intermédiaires,
ni charges sociales. Il y a les gros céréaliers et betteraviers
qui ne se plaignent guère, leurs surplus pris en charge par les
contribuables européens. Ne parlons pas de ceux qui, favorisés
par un P.O.S., cèdent des parcelles à prix d’or aux promoteurs
de lotissements et se retirent fortune faite en ajoutant à leur
revenu les rentes d’un coquet capital.
Au lieu de manifester contre les Pouvoirs publics pour augmenter les
prix, les paysans devraient se liguer avec les consommateurs salariés
et retraités pour dénoncer les marges souvent scandaleuses
prélevées à tous les stades de la commercialisation
et qui conduisent le gros de la clientèle à réduire
le volume de ses achats, tout ce trafic, cette spéculation d’intermédiaires
qui multiplie par 5 ou 6 les prix payés aux producteurs.
Quant aux coûts de production, objet de tant de polémiques,
banques et multinationales s’y taillent la part du lion et les coopératives,
gagnées par le gigantisme, investissent « trente six fois
» plus qu’elles ne ristournent à leurs sociétaires
devenus leurs vaches à lait. Les coûts incluent principalement
les charges des prêts bancaires, les fournitures d’engrais, les
carburants, l’amortissement et l’entretien, la réparation d’un
parc de machines et de matériels aux marques hétéroclites,
des frais de transport et le reste. Pour payer tout cela et permettre
aux pauvres exploitants de joindre les deux bouts, une pluie de milliards
se déverse sur la profession, sur ses innombrables organismes
et organisations, grâce à la sollicitude des Finances publiques,
à l’inépuisable générosité des contribuables.
Endettés, sans vacances ? A qui la faute, sinon à un stupide
individualisme qui les éloigne, par idéologie, des solutions
communautaires, de l’agriculture de groupe, de l’esprit de solidarité
? Ils acceptent sottement de voir leurs efforts ruinés par des
conditions météorologiques défavorables, par une
intempestive abondance, par de trop belles récoltes.
Ils sont, aujourd’hui, victimes de l’abondance, piégés
par une règle du jeu associant leur revenu au niveau des prix.
Doivent-ils persister dans leur refus d’appuyer un changement de structures
économiques qui permettrait de mobiliser leurs efforts au seul
service du consommateur et non à celui de l’argent, du profit,
des banques, de leurs opulents fournisseurs d’aliments et d’engrais
et de la kyrielle d’intermédiaires qui ne sont pas, loin s’en
faut, des candidats à la soupe populaire ?
JE ne crois pas que les promoteurs de l’agrobiologie aient jamais imaginé
qu’ils auraient la tache facile. L’énormité de l’enjeu,
l’avenir de notre santé, nous laissait pourtant espérer
des progrès bien plus rapides. Surtout avec les moyens actuels
d’information.
En dehors de l’habitude prise, on peut citer quelques gros obstacles
à l’avancée de la culture biologique le poids de l’agrochimie,
avec ses profits et les milliers d’emplois qu’elle représente
; les difficultés de la reconversion aux frais de l’exploitant,
les problèmes généraux, mévente en particulier,
qui aggravent les obstacles précédents.
Ce n’est pas un régime économique générateur
de chômage, ne survivant que grâce au gaspillage, à
la mort ou sa préparation, qui lèvera ces obstacles !
Livrés à eux- mêmes, les mécanismes économiques
fondés sur le profit deviennent « auto bloquants ».
Ils nous transforment en automates cherchant à gagner de l’argent
avec un emploi quelconque ou... n’importe quel moyen. Pour finir, ces
mécanismes nous échappent.
Les problèmes de l’agriculture, de la santé, les problèmes
écologiques dans leur ensemble dépendent étroitement
de ces mécanismes généraux.
Les écologistes nous invitent constamment à nous prendre
en charge. Qu’ils donnent l’exemple ! La première démarche,
c’est de s’informer, et pas auprès de ceux qui nous endorment
avec les vieilles rengaines ou des mesures vainement essayées
depuis 50 ans, mais de ceux qui prennent le contre-pied de ces vieilles
sornettes.,
Un régime économique et social est une création
humaine. Il peut être remplacé, comme toute création
humaine, surtout lorsqu’il aboutit à la destruction. Ecologistes
de tous bords, assez de plaintes, informez-vous sérieusement
pour commencer !
L’économie actuelle camoufle le prix de revient exact de l’agrochimie
(dépenses nationales de maladie). Seule, une Economie remplaçant
la notion de rentabilité par celle d’Utilité permettra
un essor de l’agriculture biologique.
La mesure de transition vers l’Economie Distributive : élimination
de la misère par création de monnaie gagée sur
les excédents de production en faveur des plus défavorisés,
va dans ce sens.
Soit dit en passant
LE parti socialiste se prépare-t-il à fêter l’anniversaire
de sa victoire du 10 mai 1981 ? Ce serait une bonne idée pour
remonter le moral des troupes, lequel, depuis la fin prématurée
de l’état de grâce, n’est plus au beau fixe. Et les occasions
de pavoiser se font plutôt rares en ce moment.
Toujours est-il qu’au P.S. on commence à s’impatienter. Et il
y a comme de la grogne dans les rangs. Les réformes promises
dans l’euphorie de la campagne présidentielle ne se font pas
vite et le redressement définitif prévu au programme des
réjouissances est encore loin d’être réalisé.
Alors, on cherche, faute _ de mieux, « la troisième voie
» - c’est le « Quotidien de Paris »* qui nous l’apprend
-, entre la Social Démocratie et le modèle soviétique
dont se réclament, avec les socialistes français, les
communistes italiens et espagnols.
C’est à l’initiative de l’I.S.E.R., l’institut socialiste d’études
et de recherche, nous dit-on, que sera organisé à la fin
du printemps - on ne sera pas loin du 10 mai - un séminaire sur
le « NOUVEL INTERNATIONALISME » auquel participeraient représentants
et observateurs de divers partis socialistes et communistes.
Bien que l’Economie Distributive, ou Socialisme de l’Abondance, ne soit
pas un parti politique, à l’heure où j’écris aucun
des collaborateurs de la GRANDE RELEVE n’a été invité
pour participer à ce séminaire.
Dommage. On avait un petit mot à dire.
Cela dit, je souhaite, même si personnellement je ne me vois pas
déguisé en séminariste à côté
de M. Georges Marchais, bien du plaisir à tous les participants,
et j’attends qu’ils nous donnent de leurs nouvelles.
Que sortira-t-il de cette exploration ?.. La Relance des affaires ?
Un nouveau plan de redressement définitif ? La fin de la crise
? La solution au problème du chômage ? L’arrêt de
l’inflation ? L’extinction du paupérisme après dix heures
du soir ?
Ne nous berçons pas trop d’illusions. La crise économique
que nous subissons sévit aussi dans l’ensemble des pays capitalistes
développés, sans parler des autres. Les Etats-Unis, l’Allemagne,
l’Italie, la Grande-Bretagne n’y échappent pas plus que nous.
Partout le monde du travail est atteint par ce nouveau mal qui répand
la terreur, le chômage ; partout l’inflation et la misère
gagnent du terrain du fait des nouvelles techniques de production et
des lois implacables de l’économie de marché condamnant
les entreprises à la compétitivité et à
la modernisation, ou à la faillite.
On n’en sortira pas. Tant que les hommes au pouvoir et les incapables
qui s’y accrochent s’obstineront à rafistoler un système
économique né dans la période de pénurie
et devenu caduc avec l’apparition de l’abondance ; tant que l’on cherchera
à résoudre le problème de la quadrature du cercle
; tant que les politiciens en quête d’une majorité et toujours
en retard d’une révolution comme nos généraux en
retard d’une guerre feront la loi ; tant que pour sauver le franc on
laissera crever les Français ; tant que des faiseurs de miracles
et des rebouteux appliqueront leurs cataplasmes sur des jambes de bois
pour guérir les hemorroïdes ; tant que des libéraux
avancés installés à l’Elysée et à
Matignon feront la pluie et le beau temps, on n’en sortira pas.
Alors, la « troisième voie », j’ai bien peur que
ce ne soit qu’une voie de garage.
* du 1e février.
- Les machines travaillent à votre place, plus vite et mieux. Pour vivre, vous devez travailler quand même, et autant. Vous trouvez cela normal ?
- Toutes les entreprises, les commerces, les producteurs souffrent de la crise. Mais on exige la semaine de 35 heures avec le même salaire. Vous trouvez cela normal ?
- Vous vivez de la culture des pêches : on les jette dans le Rhône. De la production des choux-fleurs : on les arrose de mazout. De la pêche en mer on y rejette les poissons. Des produits de la vigne : on distille le vin. Vous trouvez cela normal ?
- Vos lames de rasoir durent moins longtemps, vos bas « filent » plus vite, votre voiture rouille mieux, votre appareil « électro-ménager » n’est pas réparable parce qu’une soudure a remplacé un boulon. Vous trouvez cela normal ?
- La monnaie, c’est ce qu’on donne pour acquérir une marchandise. Mais la valeur de la monnaie et celle des marchandises varient suivant le cours de l’or et du dollar. Vous trouvez cela normal ?
- Vous payez l’essence en francs. Son prix augmente parce que le dollar monte. Vous trouvez cela normal
- La libre entreprise, c’est la concurrence à tout va. Les Japonais sont plus compétitifs que nous, alors on hurle qu’il faut « se protéger » contre les bas prix. Vous trouvez cela normal ?
- Le Marché Commun nous inonde de vins, de fruits, de légumes, de cochons et de moutons, mais nous ne savons pas quoi faire des nôtres. Vous trouvez cela normal ?
- Votre patron n’a plus de commandes, ou plus d’argent. Alors l’usine va fermer. Vous l’occupez pour conserver votre emploi. Vous trouvez cela normal ?
- En 1905, par la Charte d’Amiens une assemblée de travailleurs français a proposé la suppression du salariat. Le salariat demeure partout, même dans les pays qui se disent socialistes. Vous trouvez cela normal ?
- Les armements font vivre 20% des travailleurs, et permettent d’acquérir des devises nécessaires à l’importation. Et on vous promet le désarmement. Vous trouvez cela normal ?
- Chacun propose aux autres d’aider le Tiers-Monde. Mais personne ne veut produire ni transporter gratuitement les biens de consommation nécessaires parce que la « rentabilité » et le « profit » s’y opposent. Vous trouvez cela normal ?
- En Yougoslavie, l’autogestion n’a pas réussi parce que ces « socialistes » ont conservé le salariat, la concurrence, l’argent, l’intérêt, la banque, tous les fondements du capitalisme. On vous propose ça en France. Vous trouvez cela normal ?
- Les pollutions et les gaspillages sont dûs à la nécessité du profit, qu’impose l’économie de marché. On vous propose de les combattre sans changer de système économique. Vous trouvez cela normal ?
Chiffres
Deux millions de chômeurs en Allemagne, trois en GrandeBretagne, dix aux Etats-Unis avec 13,3 % d’inflation, le Trésor belge à sec, 500% d’inflation en Argentine, tous pays où, pourtant, il n’est question ni de nationalisations, ni de programme socialiste. Ainsi la dégradation générale des économies apparait-elle comme un phénomène non associé à quelque projet socialiste, mais relevant d’autres facteurs, notamment l’insuffisance de débouchés solvables à une production pléthorique à laquelle les gouvernements cherchent des soupapes armements, guerres, nucléaire, spatial, aides extérieures, stockages, destructions, etc...
Chiffres
C’est par centaines de milliers de tonnes que le poisson est rejeté à la mer sans aucune réaction de l’intelligence. Et au Tiers Monde meurent de faim chaque année, selon les statistiques, cinquante millions de malheureux et le plus grand nombre d’enfants. Voici brièvement le résumé des destructions dans notre vieille économie millénaire : « nous laissons mourir de faim chaque jour 35 mille enfants de sous-alimentation, tandis que chaque année, la Communauté Economique Européenne dépense 225 millions de francs pour détruire fruits et légumes pour maintenir les cours ; que chaque année plus de cent mille enfants deviennent aveugles par manque de vitamine A alors que les frigorifiques de l’Europe communautaire regorgent d’un excédent de 300 mille tonnes de produits laitiers à propos desquels on discute en haut-lieu sur l’art et la manière de les faire disparaitre ; que les laiteries des Etats-Unis déversent à l’égoût chaque année dix millions de tonnes de petit lait dont les protéines pourraient nourrir huit millions d’êtres humains !
UNE organisation charitable dont j’ai déjà parlé
dans ces colonnes attire à nouveau notre attention sur le douloureux
problème de l’exploitation des enfants. Je ne peux résister
au besoin de vous communiquer l’information reçue de «
Frères d’Espérance ».
Comment en effet rester indifférent quand on lit que 52 millions
d’enfants de moins de quinze ans accomplissent des tâches souvent
très dures pour un revenu parfois inexistant. Bien sûr,
on ne rencontre plus une telle exploitation dans les pays développés.
C’est dans des parties du monde comme l’Inde, l’Amérique Latine,
l’Asie du Sud-Est que des patrons osent traiter comme esclaves des êtres
sans défense.
Encore les statistiques officielles sont-elles sujettes à caution.
Elles sont établies par le Bureau International du Travail qui
n’a à sa disposition que les chiffres que les gouvernements veulent
bien lui communiquer. Gageons qu’ils ne sont pas sincères. En
septembre 1981 le rapporteur spécial devant la Sous-Commission
des Droits de l’Homme à Genève déclarait «
Plus de 150 millions d’enfants entre 10 et 14 ans font partie de la
population active mondiale ».
Je comprends bien que, dans les économies pauvres, il n’est pas
question d’offrir aux jeunes des études longues et coûteuses
qui leur donneraient une formation professionnelle et les prépareraient
à la vie. Il n’est pas étonnant que, dans de tels pays,
où l’énergie mécanique n’existe pas encore en quantité
suffisante le travail humain soit nécessaire. On peut admettre
que les enfants contribuent à la vie économique de la
nation. Mais pas dans n’importe quelles conditions.
Il n’y a pas si longtemps les enfants d’Europe n’étaient guère
mieux traités. Au siècle dernier ils étaient nombreux
à pousser les wagonnets dans les mines de charbon, d’Angleterre
et d’ailleurs. Il a fallu l’action des âmes charitables pour que
cela cesse. Surtout il a fallu le développement de l’énergie
et de la machine pour que l’homme n’ait plus à accomplir des
tâches démesurées car imposées, non pas par
la nature mais par l’industrialisation.
LA GRANDE RELEVE
Nous avons maintenant franchi ce stade et, dans la plupart des secteurs
la tendance est complètement inversée. Les tâches
pénibles n’ont pas entièrement disparu mais elles sont
souvent allégées voire éliminées par les
robots.
On serait tenté de croire que nous vivons désormais dans
un monde où le travail n’est plus la corvée qu’il était,
le labeur qui use prématurément. C’est en partie vrai.
Pourtant la réalité demeure sombre car le chômage
est venu prendre la suite de l’exploitation honteuse. La machine qui
devait libérer condamne à l’inactivité et, pour
se défendre, les travailleurs redécouvrent d’instinct
les procédés des Luddites anglais qui, en 1811, détruisirent
les métiers à tisser qui venaient prendre leur emploi.
Les 3 millions d’enfants qui travaillent dans des mines d’Amérique
Latine à 280 mètres sous terre, sans étai et sans
ventilation n’ont pas ce souci, pas plus que les petites filles de Thaïlande
qui emballent des bonbons 15 heures par jour. On ne leur prendra pas
leur emploi. D’abord on a trop besoin d’eux. Quelle main d’oeuvre extraordinaire.
Rapides, habiles, non syndiqués, peu exigeants sur la nourriture
les enfants offrent les meilleures garanties de rentabilité pour
un patron. Et quand ils grandissent et réclament un salaire on
les met à la porte.
Qui ne voit que la misère ainsi profite à certains. Les
familles sont tentées de donner ou de vendre leur enfant à
des marchands d’esclaves quand elles ne peuvent plus le nourrir ou sont
incapables de payer leurs dettes. Les entreprises peuvent alors produire
à bas prix et demeurer compétitives. C’est, en un sens,
le même phénomène avec nos chômeurs. Quand
le travailleur coûte trop cher à l’entreprise elle s en
débarrasse.
Si l’on admet que, dans la fabrication, il entre trois facteurs de coûts
: la matière première, l’énergie et la main d’oeuvre,
et que les deux premiers sont incompressibles on ne peut donc agir que
sur les salaires pour maintenir les coûts à un niveau acceptable
et permettre le profit d’ailleurs indispensable en économie capitaliste.
Pas de doute ; c’est le système entier qu’il faut revoir et repenser.
L’économie distributive en substituant la notion de revenu social
à celle de salaire doit redonner à l’être humain
sa dignité en le libérant de l’exploitation comme du chômage.
LES prix augmentent, l’emploi diminue. La dialectique de la misère
(la pauvreté engendrant plus de pauvreté) gagne des marches
aux provinces de l’Empire !
Cet Empire est devenu totalement ingérable :
D’abord irrationnel, puisque son fonctionnement, reposant exclusivement-sur
les critères de rentabilité/productivité aboutit
à une destructuration de toute vie collective - la logique sociale
étant subordonnée aux caprices de l’économie de
marché.
Ensuite destructeur de valeur, puisque par l’exploitation, il procède
à des prélèvements sur la périphérie
(Tiers et Quart Mondes) pour permettre le gaspillage au centre - ce
qui nous entraîne dans une dynamique de décadence, analogue
à celle de la civilisation romaine après l’instauration
de l’empire...
Enfin dangereux, puisque la violence et la compétition y sont
inhérents : le système fonctionne de crise en crise jusqu’à
la rupture et la guerre.
Le problème de la survivance de l’Empire est incontournable :
l’heure de la relève approche, le temps de la transition est
commencé.
Le phénomène marquant de la fin du 20e siècle est
le rejet du travail dans un contexte d’abondance de biens et de services.
Le rejet du travail stérile, qui procure aux uns un statut et
une occupation débilitants mais aux autres un moyen commode de
quadrillage social, est illustré par la révolution des
mentalités (chez les jeunes et les cadres en particulier) et
la mutation technologique.
Ainsi peut-on lire dans « le Nouvel Economiste » du 15 mars
1982 : « Derrière la grande mutation que constitue le développement
de l’informatique et de la robotique, la question qui domine aujourd’hui
est celle de son bilan emploi... A la manière d’une révolution
démographique, la mutation informatique suppose de trouver un
nouvel équilibre axé sur la recherche de plus grande formation,
de plus grande qualification, de plus grande responsabilité...
N’allons-nous pas redécouvrir que loin d’être un luxe pour
période de prospérité, une interrogation ouverte
sur le travail humain est en fait un impératif inéluctable
pour une période de crise et de mutation ? ».
Par ailleurs, la transition ne peut avoir lieu tant que les échanges
sont formalisés par une monnaie impériale : le dollar,
ou un ersatz : le franc. C’est par leur intermédiaire, en effet,
que nous sont répercutés les coûts de l’empire.
Une monnaie de consommation - qui pourrait être du type de celle
prévue pour les nouvelles cabines téléphoniques
- est seule utile dans un système d’abondance où les échanges
peuvent être remplacés par la distribution des valeurs
produites par les machines. Quant aux services, une convivialité
intelligente et vigilante peut assurer à la fois l’égalité
et la liberté qui sont les enjeux fondamentaux de toute vie en
société.
Les coûts de l’Empire empirent mais désormais ils relèvent
de la grande relève...
ILS Y VIENNENT !
Face au chômage qui s’impose et qui augmente, la question a été
posée : que faire
Le travail est un bien qui diminue et il faudra bien accepter de le
partager. La réduction des horaires va dans ce sens, mais elle
n’est pas la panacée.
Si le travail manque, les moyens de vivre, donc de consommer, devront
être assurés à tout le monde. Aussi, le salaire
ne sera plus uniquement associé à un travail.
Les personnes présentes ont insisté sur la nécessité
de deux actions essentielles : mobiliser les consciences et déculpabiliser
les chômeurs. La première pour informer et faire prendre
conscience de la situation ; la seconde pour permettre aux chômeurs
d’être reconnus, parce que leur situation est le résultat
de l’échec de la société et non le leur.
Ces réflexions furent émises au cours de la réunion
d’un organisme intitulé « Rubrique des Herbiers »
(Extrait de « Ouest-France », Edition de Vendée, 8 fév. 1982).
Transmis par Georges GILET
Lorsque les socialistes prirent le pouvoir, la crise datant de 1974,
maintenait sa vitesse de croisière et, jusqu’à présent,
rien ne permet de penser que le nouveau gouvernement parviendra à
redresser la situation.
Il ne réussira dans son entreprise qu’en sortant du système,
c’est-à-dire en se tournant définitivement vers un autre
type de société et non pas en apportant quelques réformes
à l’intérieur d’une économie capitaliste.
En rien responsables du déficit de la Sécurité
sociale les travailleurs devront payer. Dans le même temps le
chef de l’Etat exonère les oeuvres d’art de l’impôt, se
privant ainsi des moyens de renflouer les caisses de chômage.
Pour combattre le mal dont souffre notre économie de profits
et de privilèges il n’existe qu’un seul remède : distribuer
le revenu national de manière différente.
L’idée de la réduction du temps de travail, avec pour
effet la diminution des bénéfices des patrons, doit entrer
dans une phase active. La réduction d’une heure de la semaine
de travail n’apportera rien de positif sur le plan de l’emploi car les
patrons réorganiseront leurs services et remplaceront les hommes
par des machines.
Il faut obtenir, dans les plus brefs délais, la semaine de 35
heures ou de 30 heures, vouloir un mode de vie différent et apporter
ainsi la réponse à la nécessité de transformation
d’une société afin que disparaisse l’injustice.
Tout autre projet ne conduira qu’à l’échec. Mais, pour
aller vers ce type de société, une révolution doit
s’effectuer au niveau des mentalités. Ceci est une autre histoire.
LE 23 juin 1980 sur FR3, aux informations de 22 h 30, on a eu droit
à un peu de morale sur la dénatalité en France.
La journaliste de service de s’écrier « mais que sera alors
le rôle de la France dans un monde qui sera peuplé de 11
milliards d’habitants en 2050 ? » et, sous-entendant la contraception.
« à ce rythme là les Français de 53 millions
ne seront plus que 35 millions » et allez-y du serrement de coeur...
Or si un jour - en 2050 comme le référencie la journaliste
- on se retrouve 35 millions, du moins peut-on penser qu’on aura tous
la satisfaction de nos besoins et que le régime capitaliste aura
disparu ; que la population sera de qualité et l’esprit français
recouvré n’en rayonnera que mieux...
Car enfin, si l’on se situe en régime capitaliste, le problème
de la surpopulation est simplement un rapport de classe sociale ; la
classe des profiteurs, des possédants, et celle des déshérités.
Il est normal dans ce régime que les privilegiés aient
intérêt à ce que les démunis soient le plus
nombreux possible, car la main-d’oeuvre est alors bon marché,
et les armées multiples. Tout va alors dans le sens de la misère
du plus grand nombre au profit d’une minorité de possédants.
D’ailleurs tous les natalistes, à l’esprit bâté
par ignorance ou par intérêt, sont toujours du côté
des plus forts, y compris toutes les religions qui ont toujours contribué
à pousser les peuples à la reproduction. Ce sont les peuples
les plus démunis, les plus fanatisés par les religions
et la croyance que le régime marchand et !’Etat sont indispensables,
qui croissent et multiplient à outrance. La surpopulation est
un baromètre marquant la misère dans les pays sous-développés
et arriérés. Elle n’existe d’ailleurs que dans les classes
pauvres ; c’est une résultante du régime marchand d’inégalité
économique et sociale. Dans notre pays industrialisé quelle
gloire y a-t-il de se compter 53 millions (estimation en 1982 plus de
54 millions) quand, sur ce nombre, il y a environ 20% qui sont vraiment
pauvres - malgré l’abondance des produits de consommation ? 20
% cela fait près de 11 millions !!
La société marchande est satisfaite du grouillement populaire,
pour écouler ses produits de mauvaise qualité qui empoisonnent
la santé des consommateurs (qui ont encore un pouvoir d’achat).
La pollution de la nature est une conséquence de la surpopulation
découlant d’une âpreté au profit, et déployant
une publicité écoeurante pour forcer la vente - malgré
la difficulté d’acheter.
Tous les miséreux du monde, pour se libérer de l’exploitation
de l’homme par l’homme et des inégalités économiques,
devraient comprendre qu’ils ont intérêt à se limiter...
mais une génération consciente ne peut être le fait
que d’une société déjà libérée.
D’autre part, si l’on se situe en régime d’Economie Distributive
- c’est-à-dire si le régime capitaliste a disparu, les
hommes n’étant plus des profiteurs et ayant leur entière
raison - à quoi servirait alors de pulluler inconsidérément
dans l’abondance ? Pour la simple raison morale de ne pas être
taxé d’égoïste ? Mais où serait alors la supériorité
de l’intelligence de l’homme sur l’animal ? En suivant l’idée
de procréer sans limite, il arriverait un moment où les
hommes bientôt trop nombreux sur la terre n’arriveraient plus
à maintenir l’abondance des produits et ce serait alors la rareté
recouvrée et la faillite pure et simple du régime d’égalité
économique.
Si nous sommes des hommes raisonnables, capables de penser et de prévoir
l’avenir de nos enfants, ne vaut-il pas mieux se limiter consciemment,
plutôt que de croître et multiplier sans contrôle
jusqu’à saturation sur la terre bornée ? Devant l’attrait
sexuel infini - puisque l’individu l’assimile à un plaisir -
la procréation n’aurait plus de borne, si la raison ne donnait
l’éveil de la limitation, parmi les gens sensés. Je me
demande d’ailleurs l’intérêt qu’il peut y avoir à
partager les fruits de la production - même en abondance - entre
11 milliards d’hommes plutôt qu’entre 4 milliards... qui seraient
plus a l’aise dans.. un paradis terrestre !
Qu’on ne vienne pas conter que, nous retrouvant 35 millions chez nous,
le voisin nous écraserait parce que peut-être supérieur
en nombre. Voire !- Si nous sommes en régime Distributif le voisin,
las de sa misère et sensible à la propagande diffusée
par la voie ’ des ondes, ne tarderait pas à nous copier dans
un élan de solidarité -, ce qui démentirait la
mentalité de survivance bourgeoise de nationalisme stupide et
désuet !
En fait, la surpopulation est néfaste en régime capitaliste
pour les travailleurs et les consommateurs, et inutile en société
Distributive. Il est toujours déraisonnable de pulluler, ce qui
donnerait pour conséquence un gaspillage des matières
premières que nous reprochons aujourd’hui à la société
de consommation.
En conclusion, que ce soit en régime capitaliste ou distributif,
la démographie galopante est dangereuse à la Vie matérielle
et spirituelle de l’humanité. Soyons digne de l’Etre pensant
qui prévoit sa survie dans le temps en s’assurant la Fraternité
par la qualité de l’Espèce dans le Paradis Terreste enfin
acquis !