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LE facteur a déposé ce matin dans ma boîte une lettre d’une organisation charitable qui me sollicite régulièrement. Chacun des messages que je reçois ainsi constitue un cri de détresse et un appel à l’aide et à la solidarité. En même temps, en étalant ainsi la misère du monde, du Tiers-Monde le plus souvent, il invite à réfléchir. Comme on se sent mal à l’aise. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à des millions de téléspectateurs français lorsque, au moment où ils prenaient leur repas du soir, le petit écran est venu les troubler dans leur quiétude.
La lettre que j’ai reçue traite du même problème,
celui des habitants du nord de l’Ouganda où la famine sévit
pendant que les hommes politiques s’entre-déchirent afin d’accaparer
le ’pouvoir. Air connu, hélas, direz-vous. Certes. Mais la lettre
du mouvement international qui m’écrit contient des passages
que je voudrais citer ici.
Quelques généralités, d’abord. « Un enfant
mal nourri ne sera jamais pleinement un homme ». Une constatation
encore, pour simpliste qu’elle paraisse : « le sous-développement
et la faim vont de pair ; ce sont les pauvres qui ont faim. 500 millions
d’hommes n’ont pas le minimum de calories et de protéines nécessaire
à la vie ». Je vous fais grâce des détails
qui montrent les terribles effets sur les Ougandais de ces carences
alimentaires, car le message contient quelques précisions qui
méritent d’être rapportées. Je cite.
« Une multinationale américaine possède une filiale en Afrique qui a racheté une conserverie de maquereaux destinés au marché local. Elle obtient un prêt gouvernemental américain. Elle transforme l’usine en conserverie de thon. Le thon en boîte est maintenant expédié aux Etats-Unis. L’année dernière, 67 000 cartons de boîtes de thon ainsi expédiées étaient destinés aux chats américains... Pour ce qui est du pouvoir d’achat, un chat américain est un meilleur client qu’un Africain pauvre. »
*
II ne s’agit pas de tomber dans un anti-américanisme primaire pour employer un adjectif galvaudé. En agissant comme elle le fait, la société américaine qui met le thon africain en conserves obéit à sa nature propre, à la manière du boa qui avale et digère sa proie. A vrai dire, elle n’est même pas en cause et il serait absurde de lui demander d’avoir un autre comportement que celui qui, si l’on peut dire, est inscrit dans ses gènes. Le problème est ailleurs. Il faut trouver une autre façon de répartir les richesses et cesser de faire du profit l’unique mobile de l’économie, car, heureusement, il n’est pas le seul mobile des hommes.
Ce n’est pas tout. La lettre poursuit ainsi. « Un seul Américain » (toujours eux, mais ce sont les plus riches) « consomme en moyenne autant que 70 habitants du Sahel. Cela veut dire qu’avec la consommation des 215 millions d’Américains on pourrait nourrir 15 milliards de ces hommes, c’est-à-dire 3 fois la population mondiale. Nixon disait : « Ce qui est effrayant c’est que les pauvres se multiplient deux fois plus vite que les riches ». Pour respecter la vérité, il aurait dû dire : « Ce qui est effrayant, c’est qu’un riche consomme huit fois plus qu’un pauvre ».
On a le vertige, car l’action de cette organisation internationale qui m’écrit, toute louable qu’elle soit, n’est, cependant, qu’une goutte d’eau dans l’océan. Certes, il faut encourager son oeuvre (je lui ai envoyé un chèque car, autrement, je serais parti en vacances avec une conscience encore plus mauvaise). Mais il y a tant à faire que seul un vaste mouvement provenant d’une véritable réflexion pourra réaliser des changements durables. Il est plus que temps d’entreprendre une redistribution des ressources de la planète, ressources naturelles ou ressources nées de l’esprit inventif de l’homme, pour que ce scandale cesse.
Peu d’individus, pris isolément, défendraient le système existant lorsqu’ils en comprennent les horribles conséquences. Leur réflexe serait sans doute semblable à celui de Claude Sarraute rendant compte dans « Le Monde » du reportage sur l’Ouganda : la gêne et le dégoût. Mais en bloc, au niveau des nations, les hommes retrouvent tout leur égoïsme, et s’attachent à préserver leurs avantages. Et tant pis pour les Ougandais. Ils n’ont qu’à travailler. Nous pouvons en embaucher quelques-uns à verser du mazout sur les tomates ou à incendier les camions pour que les prix ne baissent pas. Par mesure d’économie on devrait utiliser le mazout recueilli sur nos plages : enfin un débouché pour les marées noires !
*
Allons, c’est évident, c’est tout le système qu’il faut repenser. Bravo aux organisations charitables, mais prolonger un système mourant en sauvant des vies ne permettra jamais le changement radical que tout le monde (ou presque) attend.
Parmi les conclusions du Comité Emploi-revenu du Ville Plan
on peut lire : « La semaine de 25 heures devrait, par exemple,
procurer un revenu suffisant pour faire face aux besoins essentiels
d’une personne isolée ».
Le commentateur ajoute : « En corollaire, la diminution du temps
de travail ne devrait s’accompagner ni d’une amputation du pouvoir d’achat
des salariés ni d’un accroissement des charges des entreprises.
»
*
Dans un article intitulé : « Notre cerveau est mal employé
», G- Pinson écrit :
« Dans un monde où il y aura toujours plus de bouches que
d’aliments, la faim est et restera le mal souverain d’une humanité
définitivement soumise à la nécessité de
manger. Les hommes ne s’affranchissent pas des menaces qui n’ont jamais
cessé de tenir nos pères sur le quivive. Pour survivre,
chacun devra toujours s’emparer de plus que sa part des biens de ce
monde. Ou, s’il en jouit déjà, les défendre du
bec et des ongles en imposant aux autres, par tous les moyens, une autorité
impitoyable. Car nul ne fera jamais le moindre repas ici-bas sans réduire
d’autant la part de son prochain. »
C’est dans ces termes obsédants que le bon Thomas Malthus décrivait
au dix-huitième siècle le régime de pénurie
qui fut le lot de l’humanité naissante pendant des milliers d’années.
Et c’est probablement par le biais de structures mentales héritées
de ce passé multimillénaire que nos « sciences »
économiques, scientiformes mais non scientifiques, considèrent,
dans un monde qui meurt de faim la surproduction comme une calamité.
Au sein d’un Occident où la productivité est en progression
constante, n’y a-t-il pas mieux à faire qu’entretenir une pénurie
artificielle (on dirait presque... par habitude !) ? Lorsqu’on dénature
par exemple les « excédents » agricoles au pétrole
(d’ailleurs acheté à prix d’or !) devant le reste du monde
qui a faim ? Plus généralement, n’y a-t-il pas lieu, en
ce siècle de mutation culturelle, de s’interroger sur les mécanismes
profonds de tels égarements de la pensée ?
Ainsi de ces habitudes mentales nées de quelques millénaires
d’une régime d’« autorité impitoyable » où,
dans un monde de famine où nos pires ennemis étaient nos
semblables, la cohésion sociale (et donc notre survie) exigeait
des individus une soumission totale à cette autorité.
Soumission qui, chez l’espèce humaine, « s’obtint précisément
en tarissant les sources de notre humanité », c’est-à-dire
notre créativité. D’où l’absence flagrante d’imagination
de dirigeants qui appliquent au siècle de l’automation des «
lois » économiques... déjà bien connues des
Romains !
(« Le Monde », 25-5-80)
*
Notre économiste de choc, R. Barre devrait méditer cette réflexion d’un autre économiste (sérieux, lui) (il s’agit de J.-K. Galbraith) : « Je vous rappelle que nous autres économistes, nous avons le talent de compenser le flou de nos connaissances par la fermeté de nos déclarations. »
*
Depuis 1974, début de la « crise » pétrolière,
on constate que les compagnies pétrolières occupent les
toutes premières places dans le classement mondial des bénéfices
des entreprises : en 1979, onze pétroliers figurent dans la liste
des vingt cinq plus importants bénéfices déclarés,
la première place étant occupée par Shell avec
un bénéfice net de près de sept milliards de dollars.
Le total des profits de ces onze compagnies, parmi lesquelles on compte
sept compagnies américaines, atteint 27,6 milliards de dollars.
La compagnie française Elf-Aquitaine se classe au douzième
rang avec un bénéfice net de un milliard trois cent quatre
vingt sept millions de dollars, soit en gros cinq milliards sept cent
millions de francs actuels.
*
Au fait, je vous rappelle que ces pauvres Américains continuent
de payer leur super à environ un franc dix le litre, que les
Canadiens font encore mieux puisqu’ils ne le paient que quatre vingt
dix centimes et que l’essence baisse en Belgique à partir du
20 juillet.
Quant à nous, pauvres Français, le meilleur économiste
de France nous expliquera que si les prix augmentent c’est à
cause du pétrole...
*
Vous savez que dans l’économie de marché si chère
à nos économistes libéraux (et avancés,
bien sûr) si les prix baissent c’est parce qu’ils sont libres
et que la concurrence joue à plein...
En application de ces saines doctrines, vous serez heureux d’apprendre
que « pour prévenir une guerre des prix qui serait dommageable
à toutes les entreprises, les groupes sidérurgiques ont
décidé de réduire volontairement leur production
d’acier ».
C’est à la demande de la Commission Européenne (c’est-àdire
d’un organisme officiel) que les sidérurgistes ont pris leur
décision « pour empêcher que la chute brutale des
commandes que l’on prévoit pour le deuxième semestre 1980
n’entraîne une dégringolade des prix... ».
L’abondance, quelle horreur !
Télévision
...« Nous avons eu la chance, lundi soir 9 juin, de suivre sur
Antenne 2 l’émission époustouflante, en Mondiovision,
L’IMAGE DU MONDE. Bravo pour cette présentation internationale
! Si les hommes de tous les pays font ensemble le recensement des richesses
et des besoins du monde, tous les espoirs sont permis.
Il y a eu tout d’abord un survol, trop sommaire bien sûr, de notre
planète pour en estimer les ressources par quelques flashes pris
en direct en différents points du globe ; par exemple pour l’énergie
hydraulique, nous avons vu la petite dérivation faite par le
riverain d’un ruisseau pour obtenir les 2 Kw d’électricité
dont il a besoin, puis le gigantesque barrage en construction au Brésil
(et qui sera le plus grand du monde) qui occupera 26 000 travailleurs
sur le chantier pendant 10 ans, et dont les 18 turbines fourniront alors
presque autant d’électricité que 18 centrales nucléaires
du type actuel !
Un bond en Yougoslavie nous permet d’apprendre que la recherche du laboratoire
agronomique permet d’espérer la mise au point d’une variété
de maïs hybride qui pousserait en 3 mois, ce qui fournirait deux
récoltes par an. Quelle aubaine si l’on peut transmettre cette
combine à nos frères affamés du Tiers Monde !
Des interventions d’Haroun Tazieff (dont l’équipe explore, sous
nos yeux, le cratère d’un volcan d’Italie) nous révèlent
les immenses possibilités de l’énergie géothermique
qu’il suffit d’aller puiser dans le sol.
Quant à l’immense océan, sixième continent presqu’inexploré
et inexploité, couvrant pourtant les 70 % du globe, il contient
des mines de richesses incommensurables... si la pollution des rejets
industriels ne les gâte pas...
Enfin, les ressources de l’énergie solaire, renouvelées
continuellement et gratuitement, sont à notre disposition, notamment
dans les pays pauvres. Elles ne sont pas exportables au profit des investisseurs
des pays riches... ce qui explique le désintéressement
des financiers...
Mais, le plus passionnant, à mon avis, malgré l’heure
tardive, ce fut le débat qui réunissait Léopold
SENGHOR, président du Sénégal, Aurélia PECCEI,
du Club de Rome, Edward SAOURA, directeur général de la
F.A.O., etc...
Tous ont conclu que la faim dans le monde pouvait être abolie
si... on renonçait au système du profit et de l’armement.
Léopold Senghor, avec un admirable esprit pratique, avait déjà
judicieusement proposé à l’O.N.U. que chaque pays, même
des plus pauvres, consacre systématiquement 5 % de son budget
d’armement à la lutte contre la faim.
5 %, c’est un début, mais les budgets d’armement sont si grands...
que cela suffirait presque à supprimer les disettes !
Quand il s’agira enfin de produire ce qui est nécessaire pour
les besoins des hommes, et non pas ce qui est vendable aux seuls nantis,
tout sera changé. Mais, comme concluaient les participants du
débat, il faut une planification mondiale des besoins et des
ressources et non pas l’anarchie actuelle du système capitaliste
concurrentiel, qui n’a pour ressort que le profit.
Merci à Antenne 2 d’éveiller ainsi les consciences et
les bonnes volontés.
Hélas, j’apprends, depuis, que la France s’apprête à
lancer un nouveau sous-marin lanceur de bombes nucléaires, ultra
sophistiqué (dont le prix privera le Tiers-Monde de notre aide),
et qu’elle investit des sommes démentielles dans la préparation
de la bombe à neutrons.
Mais je ne désespère pas du bon sens qui doit être
quand même le lot de le plupart des hommes !
Aimez-vous la publicité à la Télé ? Oui,
bien sûr ! Alors parfait.
Mais si d’aventure, le jus d’orange sans orange de Kang, le fromage
Porcin, le Mini-Pir, le Laidor, la Croix des W.C., vous fait vomir,
alors, topez-là. Faut se les virer.
Comment ? Rien de plus simple.
Que votre bergère, SYSTEMATIQUEMENT, n’achète rien de
ce qui se profile sur le petit écran.
Du chewing-gum Olioude, j’en veux pas, du pneu Klébar qu’il aille
se faire voir à Colombes, des collants Zim, qu’ils se les collent
au Zimbawé, et tout le restant, à l’avenant.
Evidemment, toute la France fait pareil, au même moment.
Résultat pratique, tous ces mercantis, qui ne se sucent pas l’auriculaire,
font machine arrière, annulent les contrats (128 000 F la minute
à 19 h 15), et les petites lucarnes redeviennent vierges et pures
comme elles ne l’ont jamais été.
Et si un Valy veut combler le vide en nous flattant le brillant du diamant
noir, on le censure itou en 81.
Qu’on se le dise !
Soit dit en passant
Peut-être pas géniale mais au point où nous en sommes aujourd’hui il n’y a pas le choix. Elle n’est même pas nouvelle, mais qu’est-ce que ça peut faire ? On pique les bonnes idées où on les trouve. Emise, cela fait un petit bout de temps déjà, par je ne sais quel précurseur outré de voir se perdre tant de coups de pieds au derrière, elle tombait au milieu de l’indifférence générale et on ne devait pas lui donner de suites. Pourquoi ? Allez savoir. Ça ne faisait pas sérieux. Ni même convenable. Et puis, et surtout, comme chaque fois que l’on veut monter une bonne affaire, il fallait trouver du fric. Des capitaux, qu’on dit dans le monde du bizeness. Pas moyen de faire autrement. Etait-ce seulement rentable ? Et le petit épargnant en quête de placements de père de famille, devenu méfiant, préférait placer son fric, quand il lui en restait, au P.M.U. Enfin, il n’y avait pas urgence.
Alors, on a parlé d’autre chose... Mais l’idée était lancée. Et, comme toutes les bonnes idées, elle faisait son chemin. Et maintenant, voilà que ça urge.
C’est par un hasard providentiel qu’elle m’est revenue à l’esprit
l’autre jour en lisant dans le journal la réponse de M. Raymond
Barre, plus en forme que jamais, aux chômeurs venus réclamer
du boulot, les invitant à
créer eux-mêmes leur entreprise. Ce fut pour moi une illumination.
Et dire que depuis le temps que l’on voit défiler à Matignon des économistes de plus en plus distingués, avec plan de redressement et de lutte contre l’inflation et le chômage, et, dans les rues de la capitale, en rangs serrés, avec pancartes, des énergumènes demandant du travail, personne encore n’avait imaginé cette solution pour résoudre le problème de l’emploi. Alors, ouest-ce qu’on attend ? Pour une fois que nous avons au gouvernement le meilleur économiste de France, et peut-être de la planète, il faut en profiter, non ? Même si cela doit faire ricaner dans l’automobile et dans le bâtiment. Alors, avec la garantie du Premier ministre et la bénédiction du Président de la République, on peut y aller. Créons des entreprises.
Moi, je veux bien, mais quelles entreprises ? Vous avez une idée
? C’est ici que les choses se compliquent. Et ça ne fait que
commencer. On pourrait demander à R. Barre, en le caressant dans
le sens du poil. Il a peut-être une liste toute prête dans
sa poche. Il se fera un plaisir de la montrer. Quoi qu’en disent les
rouspéteurs professionnels cela ne va pas si mal. Ce n’est pas
le boulot qui manque, c’est l’occasion. Il suffirait de pas grand chose
pour que les affaires redémarrent. Tout le monde ne se plaint
pas, allez. Voyez les Pompes Funèbres. En plein essor. Jamais
on n’avait vu - et pourtant on en a vu - d’aussi beaux enterrements
l’affaire Boulin, l’affaire de Broglie...
Seulement, plutôt que de laisser aux seuls chômeurs l’honneur
de casquer pour la création de nouvelles entreprises, pourquoi
ne ferait-on pas appel à la générosité publique
comme cela se pratique tous les dimanches et jours de fête carillonnée,
pour les aveugles, les enfants handicapés, la lutte contre le
cancer, les vieux, et j’en oublie ? Une quête de plus ou de moins,
qui s’en apercevra ?
En ces heureux temps que nos enfants un jour appelleront peutêtre la Belle Epoque, où l’on voit des cultivateurs en colère venir déverser sur les routes nationales des tonnes d’artichauts, de choux-fleurs, de pommes, de tomates qu’ils ne réussissent plus à vendre, cependant que des sous-prolétaires continuent de claquer du bec dans leurs clapiers bétonnés ; où l’on entend un Premier ministre déclarer sans rire que les chômeurs, s’ils tiennent tant à travailler, n’ont qu’à créer eux-mêmes leur entreprise ; où des Tartarins en goguette s’en vont chasser le Gaspi armés de sabres de bois, pour récupérer les déchets de la société de consommation, il ne reste qu’une solution qui ne pourra pas déplaire à Raymond Barre puisqu’il en est involontairement l’initiateur : créer une entreprise nationale de récupération des coups de pied au cul qui se perdent.
La souscription est ouverte au siège de « la Grande Relève ».
IL convient de balayer quelques idées fausses au sujet de l’inflation.
« Inflation ! ». A ce mot, tout le monde se sauve, y compris
les révolutionnaires professionnels. Aussi est-il devenu l’épouvantail
idéal chaque fois que l’on réclame une augmentation des
dépenses sociales.
Avant d’employer ce mot à tort et à travers, il faudrait
le définir. Que de discussions interminables parce que chacun
donne à un même terme un sens différent. Aujourd’hui,
on emploie constamment le mot « inflation » pour «
hausse des prix », alors qu’il signifie, à l’origine, tout
autre chose dépassement de l’offre par la demande.
C’est bien là un facteur de hausse, mais non le seul, en régime
des échanges. On peut en trouver bien d’autres : hausse des salaires,
des impôts, de l’énergie, des matières premières,
des transports, du crédit...
Tout cela entre obligatoirement dans le prix de revient, mais cela n’a
rien à voir avec l’inflation.
Parmi ces hausses, celle qui nous concerne directement est la hausse
des salaires. C’est contre elle que l’on invoque habituellement le risque
d’inflation.
En réalité, il est bien difficile de savoir dans quelle
mesure la hausse des salaires fait monter les prix en accroissant la
demande et dans quelle mesure elle les gonfle par augmentation du prix
de revient. Dans ce dernier cas, la hausse ne traduit pas une insuffisance
de production, mais une mauvaise organisation économique : les
produits existent, mais ne trouvent pas d’acheteurs, faute d’argent.
L’argent manque parce qu’on reprend d’une main ce qu’on donne de l’autre.
Cela n’entame en rien la réalité de l’abondance.
Au contraire, la hausse des prix par excès de la demande est
plus dangereuse, car elle signifie !’apparition d’une rareté
plus ou moins grande. Cette rareté, il est vrai, suit fréquemment
une période d’abondance qui a découragé les producteurs
par mévente !
Pour savoir s’il y a vraiment risque d’inflation il faut... courir ce
risque en créant le pouvoir d’achat nécessaire. Cela n’empêche
pas la prudence : on peut débloquer l’argent chaque mois (pensions
et petits salaires), quitte à s’arrêter momentanément
en cas de danger. Nous sommes tranquilles : pour les biens de grande
consommation, la rupture n’apparaîtra pas de sitôt. Et quand
il s’agit de tuer, on fait moins de grimaces, hein ?...
Comme nous l’avons déjà souligné, la création
monétaire permet le blocage des prix, un blocage réel,
puisque personne rie peut invoquer une surcharge des prix de revient.
Ce procédé offre encore l’avantage de savoir quels secteurs
il faut développer, dans quelle direction on doit poursuivre
la Croissance, laquelle ne se justifie qu’en faveur des pauvres et des
revenus modestes.
Cette croissance polluera beaucoup moins que l’Expansion pour enrichir
les riches.
Les consommateurs aisés peuvent admettre un simple maintien de
leur revenu, si ce maintien est réel. Ils ne doivent pas oublier
que, dans la période transitoire, c’est l’augmentation des bas
revenus qui garantira le leur propre en garantissant leur emploi. Même
dans les conditions actuelles, d’ailleurs, puisque l’on est bien obligé
de faire des emprunts à l’Economie Distributive.
Qui finance les « Pactes nationaux pour l’emploi », sinon
l’Etat ? Evidemment, il voudra rattraper cela dans une certaine mesure,
et cela se répercutera sur le cycle « impôts-prix
de revient-prix de vente », mais incomplètement, car on
attend toujours la disparition du déficit budgétaire.
Plus il sera grand et mieux cela vaudra, dans la mesure où il
ne finance pas les engins de mort. Peut-être verrons-nous la fin
de ce scandale lorsqu’on aura pris l’habitude de ne plus craindre l’inflation
pour les dépenses sociales. Et lorsque notre Etat perdra son
avarice la plus honteuse de la planète en matière sociale,
compte tenu de la richesse de notre pays.
On n’aura plus à chercher alors la justification de l’«
ennemi héréditaire » pour dépenser. On mesure
une fois de plus combien les notions économiques sur lesquelles
nous vivons sont devenues fausses !
Il faut rappeler à nos économistes un point élémentaire
de méthode : pour s’y reconnaître dans les variations de
plusieurs facteurs, il faut en faire varier un seul à la fois.
Dans les cas énumérés plus haut, l’Etat à
partir du moment où il consent un sérieux effort social,
peut fort bien contraindre les banques à stabiliser le taux des
prêts. Il lui appartient aussi de ne pas augmenter les impôts,
les tarifs des Postes, de la S.N.C.F., de l’E.D.F. G.D.F. ; etc... Restent
l’énergie et les matières premières importées.
Or, chacun sait que les « Arabes » responsables des hausses
ne se trouvent pas tant au Moyen-Orient que chez nous : qui décide
des taxes sur les produits pétroliers ? Taxes à l’origine
des hausses pour une bien plus large part (1).
(1) Ce que révèle une récente étude de l’INSEE sur les prix.
Albert Chantraine, écrivain et poète belge au service de la Paix, nous a communiqué la traduction de la conférence intitulée « Développement et Course aux Armements », faite à l’Université de Chicago, le 22 mai 1979, par Mac Namara, Président de la Banque Mondiale et ancien Secrétaire à la Défense des Etats-Unis.
En voici les passages les plus significatifs :
...« L’ordre ancien est certainement en train de disparaître.
Le début de son déclin petit être situé à
partir de ce jour froid de 1942 où, à quelques centaines
de mètres de l’endroit où nous nous trouvons assis, a
commencé la première réaction nucleaire en chaîne.
Les conséquences de cet événement ont été
de transformer notre conception de la sécurité internationale,
parce que des lors, l’homme n’avait plus seulement la capacité
de faire la guerre. mais aussi de détruire la civilisation.
...« Le concept de la sécurité dépasse de
beaucoup la simple force militaire, et une société peut
arriver au stade où la multiplication de la défense militaire
ne conduit plus à une sécurité plus grande.
...« En effet, jusqu’à un certain point, une telle dépense
réduit sévèrement les ressources nécessaires
dans d’autres secteurs essentiels, comme les services sociaux, alimentant
ainsi la course futile et réactionnaire aux armements. Une dépense
militaire excessive diminue plutôt la sécurité qu’elle
ne l’augmente.
...« Les dépenses pour la défense à l’échelle
mondiale, ont tellement augmenté qu’il est difficile d’en mesurer
toutes les dimensions.
« Le montant total excède maintenant 400 milliards par
an.
« On estime à 36 millions le nombre d’hommes qui se trouvent
sous les drapeaux des forces régulières actives et paramilitaires
du monde, plus de 25 millions d’autres en réserve et quelque
30 millions de civils remplissent eux aussi des fonctions militaires.
« Les dépenses publiques pour la recherche et le développement
des armes approchent actuellement 30 milliards pour une année
et mobilisent les talents d’un demi-million de scientifiques et ingénieurs
à travers le monde.
« C’est le plus grand effort de recherche jamais accompli dans
aucun champ d’activité sur terre et qui consomme une plus grande
partie d’argent destiné à la recherche publique, que ne
le font les problèmes d’énergie, de santé, d’éducation
et de nourriture réunis.
...« Et pourtant, ce n’est pas dans les nations industrialisées,
mais dans les pays en voie de développement que les budgets militaires
s’élèvent le plus rapidement.
...« En moyenne, dans le monde, le contribuable moyen doit compter
dans sa vie, donner trois au quatre années de son revenu pour
la course aux armements.
« Qu’aura-t-il en retour de cela ?
« Une plus grande sécurité ?
« Non. A ce stade exagéré, seulement un risque plus
grand, un plus grand danger et un plus grand retard encore sur le chemin
menant aux buts réels de la vie...
...« Si nous examinons les dépenses de la défense
à travers le monde d’aujourd’hui, et les comparons d’une manière
réaliste ait spectre complet des actions qui tendent à
promouvoir ordre et stabilité ait sein des nations et entre elles,
il est évident qu’il y a là une très mauvaise et
irrationnelle répartition des ressources.
...« En tant que participant aux arrangements initiaux des tests
nucléaires et aux discussions sur la limitation des armes, je
suis absolument convaincu de la possibilité de parvenir à
des accords raisonnables,
...« Il existe aujourd’hui plus d’un milliard d’êtres humains
dans les pays en voie de développement dont le revenu individuel
a pratiquement stagné depuis dix ans. En termes statistiques
et en prix constants le revenu n’a augmenté que de deux dollars
par an, ce qui donne 130 dollars en 1965 et 15(1 dollars en 1975.
...« Cependant ce qu’il est impossible de faire dire aux statistiques.
c’est la dégradation humaine à laquelle est condamnée
la plus grande majorité de ces individus à cause de celte
pauvreté.
« La malnutrition sape leur énergie, stoppe la croissance
de leurs corps et raccourcit leurs vies. Le manque d’instruction assombrit
leur esprit et bouche les voies vers le futur. Des maladies que l’on
peut éviter mutilent et tuent leurs enfants. La crasse et la
laideur polluent et empoisonnent leur environnement.
« Même le don miraculeux de la vie avec tout son potentiel
intrinsèque, si prometteur et alléchant pour nous. se
réduit pour eux à un effort désespéré
pour survivre.
...« Cependant le problème fondamental est, je crois, moral.
L’histoire humaine, dans son ensemble, a reconnu le principe que le
riche et le puissant se doivent moralement d’assister le pauvre et le
faible. C’est ici que le sens de la communauté doit s’affirmer.
que ce soit une communauté familiale, nationale ou internationale.
...« La justice sociale n’est pas simplement un idéal abstrait,
c’est aussi une voie appréciable pour rendre la vie meilleure
à tout le monde.
...« Maintenant il est vrai que l’argument moral ne persuade plus
grand monde.
« Très bien. Pour ceux qui préfèrent les
arguments qui touchent leurs propres intérêts. Il en existe
quelques-uns très solides.
« Les exportations procurent un emploi sur huit dans la fabrication
aux Etats-Unis, utilisent un hectare sur trois des terres cultivables
et environ un tiers de ces exportations vont vers les pays en voie de
développement.
« En effet, les Etats-Unis exportent plus actuellement vers ces
pays là que vers l’Europe de l’Ouest et de l’Est, la Chine, et
l’Union Soviétique réunis.
« De plus, les Etats-Unis obtiennent une meilleure qualité
de leurs matières premières provenant des pays en voie
de développement ; plus de 50 % de leur étain, caoutchouc
et manganèse, plus des quantités considérables
de Tungsten et de Cobalt, sans parler de leur pétrole.
« L’économie américaine dépend donc de plus
en plus de la capacité des nations en voie de développement
à pouvoir à la fois payer le prix de ces exportations
et d’approvisionner les Etats-Unis en matières premières
importantes.
...« Ainsi, pour les nations développées, faire
un plus grand effort pour assister les pays en voie de développement
n’est pas simplement la juste chose à faire, c’est aussi du point
de vue économique une nécessité avantageuse.
L’ancien ministre de la Défense prend donc enfin conscience
de la nécessité morale de mettre une limite à la
course aux armements... Mais le Président de la Banque Mondiale
ne perd pas de vue l’intérêt économique de son pays.
Cette reconduction du Plan Marshall obéit aux mêmes mobiles
que celui-ci : assurer des débouchés à la production
pléthorique américaine qui fait peser la même menace
d’effondrement des cours et d’accroissement du chômage que celle
des années 30.
« Exporter ou mourir » disait Hitler !...
LE système capitaliste est-il en excellente forme ? Ses bulletins
de santé sont publiés régulièrement par
des « diagnostiqueurs » telle la - Revue de l’Agence économique
et financière de Paris ». Un spécialiste, L. Holtzman,
signale dans le numéro spécial de Noël 1979, que
le « COMECON » (le Marché commun des pays de l’Est)
doit 90 milliards de dollars aux USA et à l’Europe. (Prévisions
pour 1990 : 200 milliards).
Ce technicien n’est pas ému d’une pareille ardoise. Au contraire,
il jubile, écrivant :
« Les pays occidentaux ont un besoin impérieux d’exporter
leur production pour éviter récession et chômage.
Il ne peut donc être question de limiter ou d’arrêter le
commerce avec l’Est. Il serait donc fallacieux de conclure que le commerce
Est-Ouest s’effectue aux frais des nations du monde libre ou au seul
bénéfice des pays communistes ».
Lorsque ce sont les partisans de l’Economie distributive qui le disent,
on hausse les épaules. Maintenant que ce sont les capitalistes
eux-mêmes qui le découvrent, que penser ?
Les capitalistes (ou socialistes) étatiques de l’Est connaissent
la faille, allant s’évasant, ils n’ont qu’à tendre leurs
rouges tabliers, les pommes d’or des Hespérides occidentales
y tombent toutes seules, ...avec leurs illusions.
D’ailleurs si le COMECON en question émettait un jour la prétention
de payer, ce serait la catastrophe. Le Zlotys, c’est les 3/4 du Rouble,
et le Rouble, c’est zéro. Or les 3/4 de zéro ça
ne fait pas un Kopeck dirait le Secrétaire général
du P.S. L’URSS pourrait payer en dollars ? Surtout pas ! L’avalanche
de Russodollars ferait encore dégringoler la cote du billet vert
de vertigineuse façon. Ca serait pis, si le Kremlin voulait régler
en or. La baisse du métal-refuge jetterait le désarroi
chez les adorateurs du veau de ce métal, lesquels ne se recrutent
pas à Aubervilliers. L’Est pourrait payer en matières
premières ? Mais nous sortirions du système capitaliste
pour retrouver le troc.
Admettons-le un instant. Et constatons que l’URSS commence à
ménager le pétrole, le bois, les céréales,
les métaux précieux, sinon à en manquer. Restent
les produits finis. L’Ouest en manque-t-il ?
De quelque côté que l’on retourne la question, elle ne
présente que des réponses négatives. Seul point
positif, le système capitaliste se dévore lui- même,
telle cette bestiole préhistorique dont le nom m’échappe
au moment où j’en ai besoin. Tant pis on fera sans.
Un fleuve de lait, des monts de beurre, des collines de fromages, des
montagnes de légumes, des Alpes de fruits, voilà ce qui
préoccupe nos économico-politiciens. Et si encore, ce
n’était qu’en France ! Mais à l’étranger, il y
en a autant, si ce n’est plus. Il en arrive de partout : d’Israël,
de Bulgarie, d’Afrique du Sud, de Floride, de Californie, etc.
On en exporte autant que l’on peut. Tous les moyens sont bons à
nos « partenaires » pour nous refouler cette marchandise.
Les Suisses refusent le fromage y découvrant des traces de ces
plaquettes jaunes qui ornent nos étables. Les Américains
font de même. Les Anglais, naturellement, sont encore plus Chinois.
Bref, plus nous collons d’engrais, utilisons des produits chimiques,
plus la production augmente, devient immangeable, donc invendable.
Alors, si nous faisions l’inverse ?
Si nous supprimions les engrais ? Intégralement. La fabrication,
l’importation, la vente, la distribution d’engrais est interdite. Pour
tout et partout en France. Du coup, nous voici devenus producteurs biologistes
de Dunkerque à Bayonne et de Brest à Menton. Nos produits
ne sont plus en concurrence avec ceux des autres. Nous sommes spécifiques
(1). Tout ce qui est « Alimentaire Made in France » est
sain, naturel, biologique. Pas besoin de chercher l’étiquette.
C’est garanti par l’Etat Français. On ne peut faire mieux. Les
Européens (même les Anglais, tant pis) peuvent se remettre
à déguster la peau des fruits : pommes, poires, pêches,
etc., ce qui est impensable actuellement.
Utopie ? Effectivement.. comment imaginer que Péchiney, Kulhmann,
Ugine et autres petits Frères de la Côte puissent tolérer
pareille initiative ?
Au poteau Hilarius de JOYEUSE !
(1) Une enquête aux U.S.A. à propos de la Corn Belt a révélé que le rendement financier à l’hectare était de 3% supérieur chez les agriculteurs biologistes que chez les traditionnels.
Un pâté d’alouettes. L’important : le non-dit du projet de loi, les articles byzantins, apparemment anodins que les magistrats interpréteront au gré de leur humeur et qui visent à préserver la sécurité du Pouvoir avant la liberté des citoyens.
« Indépendance et liberté ». C’est beau comme l’antique. Connaît-on un seul gouvernement qui soit indépendant du pouvoir économique exercé par les multinationales, libre de ses décisions ? Quel pays, hors l’URSS, dispose sur son territoire des matières premières, des sources d’énergie nécessaires à ses industries ? Qui tient aujourd’hui la dragée haute aux pays occidentaux, sinon les pays de l’OPEP ? Qui nous approvisionne en coton, en cuivre, en manganèse, en uranium ? Qui dicte la politique européenne dont nous subissons les conséquences au niveau des prix et de la fiscalité ?
Quant aux libertés, la société de l’argent, celle du profit n’en prend-elle pas à son aise, réglementant, interdisant, taxant, rationnant, imposant ses prix, traçant d’étroites limites à la consommation ? Nos chômeurs sont-ils libres de s’employer où bon leur semble ? Liberté d’expression ? Oui sans doute, mais dans de certaines limites, pour les oppositions cataloguées qui ne présentent pas un danger pour la ploutocratie. Des trublions se produisent sut les antennes ; leurs troupes occupent la rues avec leurs banderolles ? Qu’importe. La répression s’abat dès que la subversion passe du discours aux actes. Les médias filtrent l’information, la censure, la triture. Les radios libres sont pourchassées, les citoyens fichés, les journalistes frondeurs espionnés, leur vie privée violée. Une presse décervelante prépare de bonnes élections. Bientôt, nos tribunaux d’exception jugeront les délits d’opinion. Déjà, une société policière se met en place. La sécurité des centrales nucléaires conduit à gommer la Constitution, en supprimant le droit de grève. Sur la lancée, ne faudra-t-il pas « licencier » pareillement les chefs d’entreprise qui, n’observant pas toutes les règles de sécurité, mettent en péril la vie de leurs salariés et faire de même pour ceux qui polluent l’air que respirent les populations des alentours ? Enfin, combien de ces inculpés en « préventive », attendant que soient établies les preuves de leur culpabilité ? Et combien d’éditeurs pour les idées non conformistes ?
Ainsi de la liberté, on fait tout un plat. Mais qui est libre, hormis ceux que la fortune met à l’abri du besoin, de l’obligation de travailler sous les ordres d’une direction, de se lever de bon matin pour aller pointer à l’embauche ? Sont-ils libres les expulsés, les expropriés, les saisis, les mal-logés et toutes ces victimes de la malchance qui font cortège à la société de l’argent ?
Ne parlons ni de la liberté de l’automobiliste traqué de toute part, ni de celle du consommateur ficelé par les prix, ni celle de la Presse prise en tutelle par ses publicitaires et soucieuse de ne pas déplaire à ses grands annonceurs.
La liberté de pensée ? Voilà belle lurette que le tohu-bohu de la propagande lui a tordu le cou et les méthodes d’enseignement, les nouveaux pro grammes scolaires ne visent-ils pas à stériliser les sources de réflexion chez les générations montantes ?
Il n’y a pas de liberté sans sécurité et notre société est ainsi faite que chacun attend chacun au coin du bois pour le dépouiller, légalement ou non, du fruit de son travail.
La liberté de dire NON ? Belle affaire si une pseudo-majorité issue de scrutins ambigus, a décidé de dire OUI, l’opposition comptant pour du beurre !
On parle beaucoup de la pollution de la nature...
Et c’est une triste réalité : l’homme détruit sa
demeure terrestre.
Mais a-t-on songé à la pollution de la pensée que la presse, la radio et la télévision nous distribuent à longueur de journée.
Cette pollution est la plus grave, car elle conditionne toutes les nuisances que nous redoutons.
Elle est à l’origine de toutes les souffrances.
C’est cette pollution là qu’il faut rejeter et qu’il faut combatte en soi-même.
CHRONIQUE DE L’ÉLYSÉE-PALACE...
Confidences recueillies par Jacques VEAU (ex Bonhomme) Français Moyen et rapportées par E.R. BORREDON.
Il est une catégorie de Français à laquelle nous
nous intéressons particulièrement... tous les sept ans...
Il s’agit des retraités de la fonction publique.
Les ayant connus et appréciés durant leur période
d’activité professionnelle, je n’ignore rien de leurs problèmes
l’âge de la retraite venu.
Comme vous le savez sans doute, les pensions de retraite étaient
versées à leurs bénéficiaires, avant mon
accession à la magistrature suprême, à trimestre
échu.
Cela signifie qu’ils devaient attendre trois mois pour pouvoir disposer
de leurs pensions dont beaucoup relativement modestes. A une époque
où le pouvoir d’achat qu’elles représentent s’amenuise
sensiblement de mois en mois (1 % en moyenne), vous imaginez sans peine
les difficultés matérielles que cette pratique du règlement
trimestriel comportait pour un grand nombre de bénéficiaires
de ressources limitées et quelle escroquerie financière
elle était au détriment de l’ensemble d’entre eux.
Je n’eus donc, une fois élu, aucune peine à faire insérer
dans la loi de finances de 1975, en décembre 1974, cette mesure
humanitaire et honnêtement justifiée du payement mensuel.
Mais il y avait un inconvénient à son application pure
et simple immédiate, conséquence d’une « astuce
» d’un de mes prédécesseurs aux finances.
La Dette Publique est un chapitre des dépenses du budget national
dans lequel sont inscrites les pensions.
Pour alléger l’exercice en cours de celles d’entre elles dues
et échues au 31 décembre, mon prédécesseur
n’avait rien trouvé de mieux que de reporter cette échéance
du 31 décembre aux premiers jours de janvier de l’exercice suivant.
Avec la mensualisation, le retour de bâton de cette astuce géniale
nous aurait imposé, au mieux, d’inscrire dans les dépenses
de l’exercice 1975, deux mois de pensions supplémentaires, soit
quelques milliards lourds en plus.
Comment se tirer de cette situation embarrassante sans perdre la face
?
Eh bien, j’ai fait tout simplement insérer dans les modalités
d’application de la loi le terme
progressivement ».
Il fallait y penser.
Et c’est ainsi que la loi votée en 1974, et dont j’ai pu revendiquer
à mon profit le caractère hautement honnête, social
et humanitaire, n’est toujours pas appliquée en 1980, pour les
pensionnés de la région parisienne en particulier.
Entre temps, il a été facile de laisser entendre à
l’opinion publique que les intéressés, malgré les
prestations qu’ils avaient fournies dans leur période d’activité,
étaient, en fait, à la charge des travailleurs.
Par ailleurs ils ne défilent plus dans les rues de la capitale,
ils n’empoisonnent pas la vie des autres.
Leurs droits sont reconnus, c’est l’essentiel.
Qu’ils prennent donc patience, si leur santé et leurs difficultés
matérielles le leur permettent.
Evidemment, tant qu’ils sont en vie, ils ont leurs bulletins de vote.
Je m’en soucie, croyez-le bien, tous les sept ans.
La loi de 1974 étant peu connue du public, un candidat avisé
à la Présidence pourra, l’équilibre strict d’un
budget n’étant plus une nécessité comme il l’était
en 1975, en prendre à son compte la remise immédiate en
vigueur pour 1981, en se rappelant ainsi opportunément à
l’attention des intéressés tout au moins à ceux
qui seront encore en vie.
Mais me direz-vous, les représentants élus, députés,
sénateurs, ont bien pris connaissance de la loi de 1974 avant
de la voter. L’ambiguité du terme « progressivement »
qui pouvait en reporter l’application effective aux calendes grecques
ne les a pas frappés !
Et ils n’ont eu aucune réaction en constatant que six ans après
leur vote, les pensionnés étaient toujours aussi illégalement
traités !
C’est ainsi et je n’y peux rien.
IN MEMORIAM
La disparition subite de notre ami Jean Carlesse peut nous amener à
compléter nos réflexions sur la fameuse question des mesures
transitoires nécessaires, ou non, pour l’instauration d’une économie
distributive.
Notre regretté camarade pensait que le silence fait sur l’oeuvre
de Jacques Duboin - qu’il avait bien connu - et sur toute notre propagande,
était dû à la rigidité de notre action. Certes
Carlesse était tout à fait d’accord sur nos thèses.
Il était convaincu que seule, une économie distributive
pourrait remplacer le capitalisme à l’agonie.
Cependant il estimait que l’application intégrale de nos propositions
restait une finalité à atteindre mais seulement lorsqu’une
large majorité de nos contemporains se serait dégagée
de leurs mentalités dominées par l’esprit du gain.
Il avait donc imaginé, depuis longtemps, un système économique
transitoire original.
En maintenant le profit, il corsetait cependant l’économie marchande
par une cascade compliquée de traites et d’effets escomptés
par l’Etat qui, ainsi, « monétiserait l’Abondance ».
Cela permettrait de distribuer un Revenu Social substantiel non seulement
aux retraités, mais à la jeunesse avec, pour celle-ci,
un Service Social obligatoire.
Depuis de nombreuses années notre petit groupe des Alpes-Maritimes
avait eu avec Carlesse de longs entretiens à ce sujet.
Beaucoup d’entre nous, certes, étions partisans de mesures transitoires,
tel un Revenu d’Emulation pour les actifs. Mais nous ne pouvions admettre
le maintien de l’économie marchande même assorti d’un Revenu
Social.
Cependant notre camarade restait intraitable.
C’est alors que survinrent les lamentables événements
qui, consécutifs au décès de Jacques Duboin, déchirèrent
le M.F.A. Puis ce fut la dissolution des « Groupes pour une Economie
Distributive » qu’animait Maurice Laudrain et la disparition de
« Pense et Lutte » mensuel.
Alors Carlesse décida, avec quelques amis, de fonder le «
Mouvement Distributif Français » à vocation de parti
politique. Il eut bientôt son organe mensuel « Nouvelle
Ere » et il réussit à rassembler un certain nombre
d’adhérents - dont je n’étais pas - et de sympathisants.
Pour notre part, notre petit groupe niçois ne voulait pas contrecarrer
l’action publique du M.D.F. Mais lors des contacts nombreux que nous
conservions avec notre camarade nous avons continué à
le mettre en garde contre cette conception d’une Economie Distributive.
Dans le n° 13 de « Nouvelle Ere », Carlesse décida
de nous répondre publiquement en précisant sa position.
Parti politique le M.D.F. ne voulait pas se « contenter de formuler
des voeux pieux et d’attendre que tout le monde ait compris. «
L’idée de profit, écrivait-il, est tellement ancrée
dans l’esprit des hommes d’aujourd’hui que sa suppression est non seulement
targuée d’utopie mais aussi génératrice de retour
à la pénurie. Il en est de même du remplacement
de l’économie de marché qui fait penser à une collectivisation.
La majorité de nos compatriotes la regrette même quand
ils se qualifient de gauche ou de socialistes ». « Si le
M.D.F. parvient - continuait cet éditorial - à faire admettre
par le corps électoral son plan-étape, proposant une semi-économie
distributive, cela serait déjà un grand pas !! ».
Par ailleurs Carlesse concluait en invitant, d’une manière ambiguë,
« ceux qui préfèrent philosopher, à diffuser
« La Grande Relève » qui débourre les crânes
de ceux qui veulent bien s’y prêter ».
Je me proposais d’opposer à ces arguments ceux que Marcel Dieudonné
a formulé dans son récent ouvrage « Que faire ?
». Dans le droit fil des thèses de Jacques Duboin, il analyse
précisément la « mentalité du gain ».
Evidemment, il propose d’autres solutions que celle d’une propagande,
même transitoire, pour une pseudo semi-distribution restant fondée
sur le profit.
J’étais aux Etats-Unis lorsque Carlesse est décédé
et je n’ai appris sa mort qu’à mon retour.
Que deviendra le M.D.F. et « Nouvelle Ere » ? Il est encore
trop tôt pour y répondre. Cependant je pense, avec notre
petit groupe des Alpes-Maritimes. que l’on devrait garder le souvenir
de Jean Carlesse. Il avait tout de même essayé - à
sa manière - de lutter pour que les thèses de Jacques
Duboin soient appliquées un jour. Cela lui apparaissait, quant
à lui, trop lointain.
Réfléchissons tous ensemble sur ce qu’il conviendra de
faire pour - la conjoncture économique aidant - rendre plus proche
l’avènement d’une véritable Economie Distributive.
G. Gaumondie, réparateur en automobiles, 87130 La Croisille-sur-Briance
nous annonce qu’il a mis au point un appareillage pour correction de
la carburation, réduisant ou coupant l’arrivée d’essence
au gicleur de ralenti selon le régime. La consommation est diminuée
de 18 à 30%, la vitesse de pointe est accrue, ainsi que la nervosité
et la souplesse du moteur. Il garantit en plus l’absence de vibrations,
le silence, et une diminution de l’usure de tous les organes mécaniques.
Mais pourquoi les organismes officiels et les trusts le dédaignent-ils
? Y auraient-ils un intérêt financier ??