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Éditorial
Le département de l’agriculture des Etats-Unis a de gros problèmes : la balance commerciale agricole est devenue déficitaire, et le montant des dépenses fédérales affectées au soutien de l’agriculture est deux fois plus lourd que prévu : près de 35 milliards de dollars. De nouvelles subventions sont prévues contre la surproduction : des primes allant jusqu’à deux dollars par boisseau de maïs pour les agriculteurs acceptant de laisser en jachère une surface supplémentaire de 15%. Ce programme de gel des terres qui concerne les céréales fourragères (maïs, avoine, orge et sorgho) coûtera 1,5 milliards de dollars, mais il rencontre un obstacle apparemment imprévu : le rendement des bonnes terres augmente ! Une autre idée a été avancée pour éviter cette catastrophe qu’est la « surproduction » : brûler le maïs ; compte-tenu des frais de stockage, un tel carburant reviendrait au même prix que le charbon.
***
En France, on découvre ( !) le problème de la pauvreté ! Le Secours Catholique a été en contact, l’an dernier, avec 625 000 situations de pauvreté, dont 210000 où il n’y avait AUCUNE ressource. Évaluant le coût de la mise en oeuvre d’un minimum vital pour les pauvres, il (1) avance des chiffres allant de 10 à 15 milliards de francs par an. Adrien Zeller avait, en 1984, un projet évaluant à 4 milliards de francs, en année pleine, le montant nécessaire à la généralisation d’un revenu minimum. Secrétaire d’Etat à l’Aide Sociale, ce même A. Zeller a défini (enfin !) le 29 octobre dernier un « plan pauvreté » au Conseil des Ministres. Il ne disposera, au total, que de 300 millions de francs, dont 200 inscrits au budget 1987 (cent de moins que ce qui figurait au budget 1986). Il s’est en effet heurté aux réticences du Ministère de l’Économie et des Finances (2). Ainsi il ne s’agira que d’un minimum vital dont les élus locaux auront la responsabilité. Ils en détermineront le montant, la durée et les conditions d’accès. Il s’agira donc d’une assistance facultative, conditionnée par les limites budgétaires locales et soumises à de coûteuses enquêtes préalables...
***
Quand, dans un siècle, les historiens ayant consacré de longues études à analyser les rouages de l’économie actuelle, je me demande comment s’y prendront les enseignants pour expliquer à leurs élèves que nos contemporains ont besoin d’argent pour nourrir les pauvres ! Surtout s’ils doivent aussi expliquer que nous dépensons tant de cet argent pour éviter de trop abondantes, productions agricoles ! On collera n’importe qui sur des questions pareilles.
L’économie distributive de l’abondance est
l’expression économique et financière de la philosophie
des droits de l’homme et de la pratique sociale de la démocratie.
En d’autres termes, elle est nécessairement la prochaine étape
de leur matérialisation, étape sans laquelle les droits
de l’homme et la démocratie restent des visions de l’esprit ou
des comportements socio-affectifs, mais ne prennent pas véritablement
corps dans les structures de la société et de la civilisation.
Une fois cette prise de conscience faite, il reste un sérieux
problème pratique sur les bras : faut-il imaginer une transition,
la phase de transformation elle-même ? Y viendra-t-on « tout
naturellement », la carte bancaire à puces aidant, les problèmes
de surproduction généralisés amenant à la
reconnaissance, par tous, de l’impasse des « lois du marché »,
le salaire minimum garanti étant voté démocratiquement,
etc... Ou bien y aura-t-il pression des mécontents (chômeurs,
pauvres, lycéens, étudiants etc...) avec manifestations
dans la rue, rapport de force de groupes sociaux aux intérêts
contradictoires ? Ou bien encore y aura-t-il de plus en plus de catastrophes
écologiques majeures, celles-ci aiguillant, par accoups successifs,
l’opinion publique vers une restructuration de la production ?
Un programme politique concret et réaliste a ceci de très
particulier, qu’il est d’abord quasi-inconnu, tout en étant programmé.
Inconnu, parce que personne ne peut être capable de prévoir
à l’avance et en détail le développement de nos
sociétés (et encore moins de les planifier -à long
terme- tout en évitant les effets pervers de cette planification,
qu’elle soit « socialiste » ou « libérale »).
Programmé, parce que notre évolution se fait tout de même
dans un sens déterminé, au milieu de courants et d’obstacles
diversifiés.
Le « programme politique d’une société distributive
d’abondance » ne se révèle comme tel qu’une fois
mis en place, contrairement aux programmes politiques classiques qui
s’affichent avant et ne sont pas réalisés après...
Les congés payés, la diminution du temps de travail hebdomadaire,
la sécurité sociale, la retraite payée (passant
de 65 à 60 ou 55 ans), le chômage payé, en résumé,
tout ce qui concerne le paiement d’un temps sans travail, rentrent exactement
dans ce cadre d’un « programme politique » se révélant
à posteriori d’une logique plus globale qu’il ne paraît...
L’avancée technologique, permettant à l’homme de restreindre
de plus en plus les tâches matérielles désagréables,
l’irruption dans la vie quotidienne de nouveaux moyens de communication,
comme le minitel ou de gestion, comme l’ordinateur et la carte à
puces, fournissent les outils de base de cette logique.
Il apparaît donc clairement que la prise de conscience de l’intérêt
de l’économie distributive se situe présentement dans
la logique de l’histoire des dernières décennies. Il reste
quelques points d’achoppement des facteurs contradictoires : «
Si chacun veut être riche, personne ne veut que tout le monde
le soit »..*
L’espoir du profit individuel, par l’appropriation privée des
richesses, couvre de son ombre l’espoir du profit collectif par le partage
des richesses, avec pourtant la même jouissance de l’individu,
puisqu’il y a abondance (autrement dit, il serait préférable
de trouver un système qui permette de distribuer tous les magnétoscopes
Sony - par exemple - au lieu de « piler » les invendus avec
un bulldozer, sous contrôle d’huissier).
Les étudiants et les lycéens ne s’y sont pas trompés,
en refusant, dans leurs manifestations du mois de Décembre 86,
la sélection par l’argent. Comment ne pas voir dans ce refus
une tendance à vouloir bénéficier de l’abondance ?
Si les milieux universitaires et scolaires sont, à priori, perméables
à la prise de conscience, y-a-t-il un terrain, sur le plan socio-économique,
plus favorable qu’un autre au développement opérationnel
de l’économie distributive ? Qu’en est-il de la possibilité
d’un réseau ?
Il est évident que les pays où l’abondance est déjà
installée sont plus en mesure d’effectuer matériellement
sa distribution. Par contre, les pays en voie de développement
et les pays pauvres pourraient être plus perméables aux
idées.
Pour développer ces questions, il est nécessaire d’analyser
rationnellement la situation de différents secteurs de l’économie
(pourquoi pas à partir de l’exemple Français pris dans
le contexte Européen) contenant les germes d’une transformation
vers une société d’abondance.
Situés an amont du flux permanent de la production (comme les
lycéens et les étudiants, mais dans un secteur bien différent),
les agriculteurs sont dans une situation rationnellement très
favorable à l’implantation de l’économie distributive.
Cette situation économique peut symboliquement
se résumer à travers l’histoire du surplus de beurre européen :
en juin 86, la commission européenne a débloqué
440 millions d’écus (3 milliards de francs) pour subventionner
la vente de beurre de plus de 2 ans (voir par ex.’< Libération
» du 6 juin 86). Les heureux bénéficiaires seront
les producteurs de viande Européens. Dès cette année,
ceux-ci vont récupérer 75000 tonnes de beurre autour de
1 franc le kilo, alors que le lait d’où vient ce beurre est acheté
1,75 F le litre aux producteurs. 150.000 tonnes sont prévues
pour 1987. De quoi saturer les épinards ou beurrer les tartines
sur quelques centimètres d’épaisseur matin, midi et soir ?
Mais non, restons logiques : ce beurre ira bien entendu enrichir le lait
en poudre écrémé déjà redistribué
aux veaux `1. Jusqu’à maintenant le lait est ramassé,
écrémé, pasteurisé, déshydraté,
craké, mis en sac, stocké, puis transporté et revendu
1,40 F le litre aux producteurs de viandes (pour les veaux). Aujourd’hui,
les éleveurs rajoutent donc la crème (le beurre) à
la poudre. Bilan de l’opération : 90 millions d’hectolitres de
lait européen séparés en poudre et en beurre revendus
aux producteurs : soit un mouvement de 340 millions d’écus (2,2
milliards de francs) en dehors de toute logique rationnelle, structurellement,
en tout cas.
Sachant de les frais de stockage de cette grande motte coûtent
environ 7 millions de francs par jour (2,2 milliards de francs par an),
que peut-on imaginer pour écouler cet incroyable excédent
de beurre ? les stocker sur la banquise ? les transformer en graisse
pour usage automobile ? Ces solutions envisagées par la C.E.E.
n’ont pas été retenues, de peur de choquer l’opinion publique.
Il ne semble pas que cette absurdité et cette complexité
toujours croissantes orientent les décideurs vers une transformation
qui ne soit pas un aménagement conjoncturel de plus. Un exemple
: la France vient de créer des subventions d’Etat pour les agriculteurs
ne pouvant payer les pénalités dues à leur surproduction
- rapport aux quotas laitiers européens.
A force de se maintenir le nez dans le lait, la communauté
européenne ne perd elle pas de vue l’occasion de développer
à l’échelle des 12 des solutions plus durables ?
Par exemple, la production agroalimentaire ne pourrait-elle pas progressivement
devenir un terrain d’implantation de l’économie distributive,
avec une distribution gratuite des aliments de base pour les consommateurs
? et les producteurs, dont beaucoup sont en ce moment endettés
jusqu’au cou avec le crédit Agricole *2, deviendraient les premiers
bénéficiaires d’un système de salaire, qui, tout
en tenant compte de leur production, leur assurerait un revenu garanti...
Les avantages sont évidents :
1) affranchissement des conséquences des mauvaises récoltes, sécheresses et autres aléas du climat.
2) Disparition du système des quotas et autres taxes à la surproduction, en réajustant progressivement la production sur une consommation réelle- c’est-à-dire libérée des contraintes imposées par la loi du marché : plus un produit est cher, moins il est consommé, même s’il est rare - moins un produit est cher, moins il rapporte au producteur, même s’il est abondant (et quand sa production doit être détruite pour « assainir » le marché, le consommateur paye 2 fois : une fois pour la prime à la destruction et une fois pour l’achat des aliments mis en circulation).
3) impossibilité de spéculation abusive
des intermédiaires, faisant passer (un exemple entre 100 000)
le prix de l’ail d’1 franc le kilo à l’achat au producteur sur
le marché de Cadours (Haute-Garonne) à 7 francs le kilo,
une demi-heure plus tard et 30 km plus loin, sur le marché de
Toulouse, lésant simultanément l’agriculteur et le consommateur
(un an de travail pénible pour l’agriculteur, une heure de spéculation
pour l’intermédiaire).
Il y aurait dans ce nouveau cas de figure une consommation des produits
en fonction de leurs qualités et des besoins des familles (qu’un
produit soit abondant ou non) et cela permettrait de mesurer les vrais
besoins alimentaires, ceux du palais et de l’estomac et non ceux autorisés
par les possibilités du porte monnaie et des pseudos lois du
marché. Ne serait-il pas possible de créer une « banque »
agroalimentaire regroupant des producteurs de denrées et leurs
consommateurs, qui garantiraient le revenu de ces producteurs ? Bien
entendu, il faudrait atteindre un nombre suffisant de participants pour
que ce contrat soit envisageable.
Les premiers versent à la « banque » leur production
en nature, garantissant ainsi l’approvisionnement des consommateurs.
Les deuxièmes versent « à la banque- annuellement
ou mensuellement, une part de leurs impôts, suivant des coefficients
à calculer. L’autre partie des revenus agricoles viendraient
toujours de l’Etat, transférée de la masse monétaire
constituée par les subventions et autres allocations. Les versements
(sous forme d’abonnement ?) des consommateurs et ceux de l’Etat garantissant
ainsi les revenus des producteurs *3.
Les bâtiments de la « banque » comprennent des grandes
surfaces (les centres « distributeurs » Leclerc joueraient-ils
le jeu ?!) fonctionnant avec un système de ramassage et de livraison
classiques - sous forme de petites entreprises - ou mieux, celles-ci
travaillant dans un esprit solidaire avec les agriculteurs (ou organisées
en coopératives indépendantes ou affiliées à
ce système)...
L’argent des consommateurs peut être attribué en priorité
aux salaires correspondant à la culture ou à l’élevage
et celui de l’Etat aux frais de stockage, de maintenance, de ramassage
ou de livraison.
Le ramassage et la livraison se feraient suivant un système de
zones réparties en cercles concentriques autour du centre distributeur :
livraison au centre le plus près, et en fonction de la rareté
du produit autour des autres centres.
4) Un autre avantage serait de faire appel à
l’imagination des différents partenaires concernés, par
exemple, pour éviter de tomber dans les pièges stériles
de la confrontation due aux intérêts divergents : les intermédiaires
sont défavorisés par rapport au système actuel
(exemple de l’ail). Ceci est dû, par partie, au fait qu’il s’agirait
d’un système transitoire et non de la véritable économie
distributive généralisée, qui, par essence, ne
doit léser personne. Cela peut inciter ces distributeurs intermédiaires
à se considérer comme partie prenante de l’unité
de production...
Cela peut amener les éléments dynamiques d’entreprises
agricoles, qui ne vivraient plus de leur profit - puisque dirigeants
et simples « ouvriers agricoles » auraient un revenu garanti
(avec des coefficients différents ?) - à l’investir dans
un autre aspect de l’agriculture : l’environnant, l’écologie et
le paysage. L’agriculteur élargissant son champ à la sauvegarde,
au maintien et au développant du patrimoine naturel...
« Faut-il imaginer une transition ? » etc... si la situation
économique du secteur agricole se prête ici à un
essai d’analyse rationnelle volontairement décalé des
préoccupations traditionnelles à ce sujet, qu’en est-il
de l’imaginaire des agriculteurs euxmêmes ?
Et si ce système ou un autre différent obtenait la participation
suffisante de producteurs et de consommateurs pour s’embrayer dans la
réalité, le processus qui le rendrait opérationnel
incomberait à ses acteurs.
Mais dès à présent, donnez-nous votre avis sur
le caractère réaliste ou
utopiste d’un tel système, que vous soyez syndicalistes, économistes
(il faut le chiffrer), consommateurs,
producteurs, intermédiaires ou employés au Crédit
Agricole...
*Jacques Duboin « les yeux ouverts » 1985.
*1. Ce qui va permettre d’augmenter encore la surproduction de viande
et de la vendre au rabais au Brésil, pour que celui-ci, la transformant
en Corned Beaf, revienne attaquer le marché européen avec
des prix hors compétition. Logique, non ?
*2. Cet endettement est un important facteur de la surproduction : pour
rembourser les emprunts, il faut produire un maximum... Combien d’agriculteurs
se considèrent enchaînés au Crédit Agricole
? (le bon sens près de chez vous...).
Sur un total d’1 million d’exploitations, 100000 sont en cessation de
paiement (en fin 86, pour la France) avec les conséquences que
cela implique : pas de cotisations à la mutualité sociale,
plus de subventions venant de Paris ou de Bruxelles.
*3 Il y a d’autres motivations pour que les exploitants agricoles bénéficient
d’un salaire garanti :
1)Ce sont eux les premiers à boucler le cycle de la mutation technologique, avec pour conséquence une mutation de la production (5 % de la population européenne -les agriculteurs - produisent aujourd’hui 20 fois plus que 90 % de la même population un siècle auparavant), sans qu’il y ait mutation des lois économiques (d’où l’irrationnel complet du système de fonctionnement actuel : surproduction, subventions, quotas, interventionnisme de l’état, faillites des entreprises agricoles et des banques de Crédits Agricoles, comme aux U.S.A. en 86).
2) Ce sont eux qui produisent les biens de consommation les plus indispensables (l’alimentation) et qui de plus ne prennent quasiment jamais de vacances.
3) L’immense diversité des situations ne peut pas permettre une résolution standard par les voies classiques du système en
vigueur (la loi du marché) qui a lui-même généré cette complexité et qui ne peut apparemment, que la laisser se développer...
Lecture
Parmi tous les livres portant sur l’économie parus ces derniers mois, j’ai retenu celui-ci en raison de la personnalité de son auteur et de son appartenance politique.
L’AUTEUR ET LE LIVRE
Claude Quin, 53 ans, conseiller municipal PCF de Paris
de 1977 à 1981, a été responsable d’études
économiques en entreprise pendant 15 ans, professeur associé
de gestion à l’Université de Paris-Dauphine durant 8 années,
rédacteur en chef d’« Économie Politique » de
1974 à 1981. M. Quin fut nommé président du conseil
d’administration de la RATP le 5 août 1981. Désigné
par le premier gouvernement Mauroy qui avait ainsi mis fin à
une discrimination inadmissible en démocratie, il a été
contraint à la démission en raison des exigences de nouvelles
économies formulées par le gouvernement Chirac et remplacé
le 11 juin 1986 par M. Paul Reverdy.
M. Quin fut un homme de concertation, aussi bien avec ses collaborateurs
dont certains ont aidé pour la rédaction de son ouvrage,
qu’avec le personnel et ses représentants. Il a été
un président à part entière utilisant tous les
pouvoirs des textes réglementaires, à la différence
de ses prédécesseurs. Le livre est une sorte de cours
d’économie appliquée à la gestion des entreprises
avec de nombreux exemples vécus, notamment lors de sa présidence.
Il reflète assez bien dans ce domaine et en général,
la doctrine actuelle du PCF. II est agrémenté de caricatures
pleines d’humour signées Pef et de sous-titres quelquefois amusants :
« Des cercles (de qualité) qui tournent rond » (page
205), quelquefois paradoxaux : « Elitaire pour tous (A. Vitez) »
(page 195), toujours bien venus : « d’honorables correspondants
(page 170) », « Le profit en crise » (page 75).
L’auteur est un homme de progrès et de courage. Il faut évidemment
prendre le titre de son livre comme une incitation et non comme un rejet
ainsi que certains l’avaient cru. Il n’hésite pas à déranger :
« Malgré la qualité de l’école prestigieuse
qui en porte le titre, il n’est plus aujourd’hui de formation vraiment
« polytechnique ». Cela dépasse les capacités
humaines (page 194) » ; lorsque l’on sait qu’il était entouré,
surmonté, surveillé et « aidé » par
des anciens élèves de cette école ou leurs séides,
l’on mesure les risques qu’il prenait, encore en poste, à porter
de tels jugements. Il donna encore une preuve de sa rigueur en n’admettant
point que sa conception du service public et de l’autonomie de gestion
de l’entreprise (pourtant incluse dans RATP) fut remise en cause par
son ministre de « tutelle ». Après avoir fait des contre-propositions
et s’être maintenu jusqu’à la limite, il dût partir...
la tête haute.
LA GESTION DÉMOCRATIQUE
C’est clair, l’auteur est pour la démocratie
dans l’entreprise. Pas par idéalisme ou par doctrine, mais au
nom de l’efficacité par une meilleure motivation de tout son
personnel. C’est le meilleur moyen d’obtenir une bonne utilisation des
moyens matériels et financiers à disposition, ainsi qu’une
excellente adaptation au progrès technologique galopant et aux
techniques de pointe. « Ce n’est pas facile. Les intérêts,
les habitudes, la culture acquise, l’air que l’on respire, rendent le
même hommage à la rentabilité, celle de l’argent.
Il faut donc un peu de courage. Et aussi l’espoir que donne le sentiment
d’avoir choisi, même à contre-courant, la bonne voie (page
229).
A la rentabilité financière à court terme recherchée
par les financiers, M. Quin oppose la rentabilité économique
et sociale. Au lieu de la productivité capitaliste, rapport entre
le profit et le capital, il définit le rapport valeur ajoutée
sur capital comme le véritable objectif à atteindre pour
une gestion plus humaine. A la place du tableau de bord à usage
exclusif de la direction générale, il a établi,
après concertation avec les organisations syndicales, une batterie
d’indicateurs largement diffusée qui permet à l’ensemble
du personnel interessé de juger des résultats obtenus
par l’entreprise et, ainsi, de se sentir concerné par les orientations
à choisir. Toutefois « la gestion ne se négocie
pas, sinon on court droit à la cogestion ou au contrôle
ouvrier unanimement refusés jusqu’ici » (page 197), ce qui
n’est pas exact, ni en France - coopératives ouvrières
- ni en Allemagne.
L’on commence donc à mieux mesurer les difficultés dans
lesquelles se meuvent ceux qui prétendent faire du social, de
l’humain et de la concertation vraie, dans un système économique par nature implacable pour les modestes et les scrupuleux.
LES GRANDES ENTREPRISES PUBLIQUES ET PRIVÉES
Malgré les lois Auroux sur la participation
des travailleurs à la gestion, M. Quin reconnait la difficulté
de mise en application de ses projets, surtout dans le secteur privé.
Nous l’avons vu. Dans le secteur nouvellement nationalisé, en
dépit de la loi de démocratisation des entreprises publiques :
...« La gestion n’a pas été tellement modifiée,
les règles sont restées grosso-modo les mêmes (Le
Figaro, 2 janvier 1985)... Les dirigeants des grandes entreprises nationalisées
(à quelques exceptions près) sont issus des mêmes
milieux et des mêmes grandes écoles... (Le Monde 28-29
avril 1985) ces phrases sont relevées par CI. Quin. « Certes
... concède-t-il, il ne s’agit pas de faire l’apologie des déficits... »
Alors ? serait-on tenté de répliquer sans que l’ensemble
de l’ouvrage n’apporte d’éclaircissements vraiment convaincants
à cette interrogation, sauf l’affirmation d’un optimisme foncier
sur l’issue des combats futurs, bien dans la ligne du PCF.
Ajoutons cette citation de Paul Fabra par l’auteur : « ... les opérations
de change concernant les transactions à caractère purement
financier sont dix fois plus importantes que celles relatives à
des opérations traditionnelles d’exportations et d’importations ».
(le Monde du 22 juin 1985). Ainsi dans un système où les
spéculations financières sont dix fois plus importantes,
(ce qui signifie qu’elles sont plus profitables) que les échanges
commerciaux agricoles et industriels, il y aurait place pour des préoccupations
à caractère social ? Il suffit d’observer ce qui se passe
journellement dans les grandes « bourses » du monde pour en
déduire que la plupart des entreprises ne sont que prétextes
à jeux financiers sans rapport avec l’utilité publique
de la production.
LES CONCESSIONS
Pourtant la bonne volonté de CI. Quin est indéniable. Vis-à-vis des milieux « dans le vent » : lors de son arrivée à la RATP, il accepte, après hésitation il est vrai, que les campagnes publicitaires lancées avant lui soient poursuivies et même amplifiées (page 15). Vis-à-vis des idées à la mode : l’innovation « le secteur public innove... » (page 78). 11 « découvre » des moyens d’améliorer les rendements en réduisant les dépenses : « analyse de la valeur » définie dans le glossaire comme « l’analyse des fonctions de chaque unité composant le produit afin de rechercher la plus grande utilité pour le moindre coût » (page 233). C’est l’exemple typique d’un faux progrès, uniquement verbal, car il est bien évident que les ingénieurs n’ont point attendu les années 1980 pour orienter leurs recherches dans ce sens-là. De même, ne sont pas nouveaux : l’utilisation systématique du progrès technologique, la chasse aux rebuts et l’amélioration de la qualité, la diversification des appels d’offres extérieures afin de déjouer les coalitions d’intérêts, la simplification des appareillages techniques au lieu de la sophistification, péché mignon de nombreux techniciens, etc... (pages 147 à 150). Il est évident que l’accélération du progrès technique requiert une formation toujours mieux adaptée des hommes en vue d’améliorer leur qualification. Admettons seulement que la bonne façon de gérer consiste à rechercher dans tous les domaines, et pas forcément par des économies primaires de personnel, les coûts les plus faibles pour un service le meilleur possible ; là encore rien de nouveau...
CRÉATION OU SUPPRESSION D’EMPLOIS ?
Nous approuverons une annexe 2, page 94, introduite
sous la signature de C. Masson qui signale les coûts cachés :
un déplacement en
automobile dans la région parisienne revient à 4,6 F à
la collectivité en termes sociaux (entretien du réseau
de voirie, contrôle et surveillance de la circulation et du stationnement,
éclairage et signalisation) alors qu’un déplacement en
transport en commun ne lui revient qu’à 3 F (indemnités
versées aux transporteurs en compensation de l’obligation de
maintenir des tarifs peu élevés) (2). Parmi ces coûts,
celui du chômage : « Au total, suivant les modes de calcul
et l’étendue des points de vue pris en compte, les chercheurs
évaluent entre 50 000 F et 100000F le prix annuel (caché)
direct et indirect d’un chômeur pour la collectivité. Pour
l’entreprise qui licencie, c’est par contre un allègement de
ses charges !...
A l’inverse, CI. Quin pense que le meilleur rendement du transport collectif
justifie le transfert vers celui-ci des déplacements individuels.
Ainsi les entreprises publiques de transport pourraient créer
des emplois. Ce fut le cas de la RATP qui dégagea 3.200 emplois
nouveaux entre 1982 et 1984. L’auteur oublie que les progrès
techniques qui avaient permis antérieurement la suppression des
chefs de train du métro, des receveurs d’autobus, puis des poinçonneurs,
auraient fort bien pu se traduire par la suppression des conducteurs
de métro. Le pilotage automatique est suffisamment au point :
il assure le fonctionnement du métro de Lille depuis son ouverture,
en mai 1983, sans personnel fixe sur les trains. Ce n’est que pour des
raisons dites « sociales », en fait l’opposition des syndicats,
que les conducteurs subsistent à Paris. Donc les emplois nouveaux
auraient pu être économisés. Mais le PCF et la CGT
sont obligés de faire croire à leurs adhérents
que le plein emploi est toujours possible. La base ressent très
mal les menaces de chômage, à juste raison dans le régime
actuel. Les « luttes » portent souvent sur l’emploi. La doctrine
marxiste d’agit-prop qui privilégie l’action sur le tas, entraîne
les responsables à bâtir une légende de « casse »
d’usines. Le patronat est accusé de vouloir la destruction de
l’industrie française pour des raisons inavouables, alors qu’il
ne cherche, avec les actionnaires et les financiers, que le profit maximal ;
ce qui est le fondement du capitalisme international. CI. Quin participe
de son mieux à cette entreprise de désinformation. «
La question est partout posée : les technologies nouvelles, l’informatique,
les robots sonnent-ils le glas du travail humain ? Non ! Ce qu’ils annoncent,
c’est une profonde transformation de celui-ci. Mais cette transformation
ne comporte aucune fatalité de déqualification ou de rejet ».
(page 29).
L’EXPORTATION DU CHÔMAGE
« Objectivement, le progrès technologique
appelle des dépenses massives pour la recherche et la formation,
donc pour les hommes. Il ne peut en être autrement que si l’on
accepte la dépendance des pays qui ont pris de l’avance et si
l’on se résigne à entrer dans une spirale de colonisation
technique et de sousdéveloppement scientifique... » (pages
29 et 30).
Ainsi faudrait-il que nous participions à la gigantesque et implacable
lutte mondiale pour rejeter le chômage ailleurs. Il est vrai que
certaines nations y réussissent et ont même créé
des emplois. C’est le cas de l’Extrême-Orient et notamment du
Japon, puis de la Corée du Sud, où les travailleurs acceptent
des salaires et/ou des conditions de vie que certains, à droite,
nous donnent en exemple. Ils inondent ainsi les marchés de produits
à bas prix : photographie, Hi-Fi, TV et maintenant automobiles.
C’est aussi le cas des Etats-Unis en raison de leur faculté d’exporter
leur chômage par des manipulations sur le dollar et une dette
énorme aussi bien intérieure qu’extérieure, due
en grande partie à des dépenses militaires galopantes.
Il n’est pas sérieux de vouloir nous engager dans un tel combat,
qui n’est pas pour rien dans l’extension du terrorisme, des prises d’otages,
dans le déclenchement des conflits locaux, de plus en plus meurtriers
et qui, à terme proche, menace d’entraîner un conflit majeur.
L’ILLUSION
Cl. Quin va jusqu’à écrire : «
Une grande entreprise publique... peut, par exemple, imposer ses vues
à l’Etat... elle peut encore plus facilement faire accepter ses
projets par des collectivités publiques intermédiaires.
Le poids de la technique risque alors de primer les choix politiques...
» (page 221).
C’est peut-être en réfléchissant à ces dernières
phrases qui témoignent d’une appréciation, pour le moins
fausse de la situation, qu’après son éviction de la RATP,
il aura repris, probablement, ses cours de gestion des entreprises à
l’Université.
Quant à nous, nous retiendrons qu’entrer dans le jeu du système
capitaliste en prétendant ignorer son inhumanité fondamentale
relève de l’échec.
(1) Mêlez-vous de vos affaires par Claude Quin,
Édition J.C. Lattes - 1985 -243 pages.
(2) Sans compter l’investissement initial qui accroîtrait encore
la différence - rapport de M. Pierre Merlin (Université
de Paris VIII).
Dans la C.E.E., un revenu minimum est garanti dans
la plupart des pays, la France, la Grèce et l’Italie faisant
exception.
Partout, ces allocations sont de durée illimitée. Elles
sont considérées comme un droit et sont largement attribuées :
en 1983, 4,3 millions de ménages en GrandeBretagne, 1 million
en Allemagne Fédérale, 600000 aux Pays-Bas (où
elles sont conditionnées à la recherche d’un emploi) en
bénéficiaient.
Le montant varie. Il peut atteindre 7000F par mois aux Pays-Bas pour
une famille ayant deux enfants, 6 000 F en Allemagne. Il est nettement
plus faible au Danemark, en Belgique (« le minimex ») en
Irlande, en Grande-Bretagne où il va de 3 600 à 4 300
francs.
Le financement est en général assuré par l’Etat.
En Belgique et aux Pays-Bas, les communes y participent.
Dans les pays retardataires où la loi ne garantit pas un revenu
minimum, certaines villes en Italie et en France (Nîmes, Saverne,
Besançon) assurent ce minimum par prélèvement sur
leur budget. Le plan « pauvreté » n’étant
pas encore au point en France (1) la situation des allocataires est,
partout en Europe, meilleure que celle d’une famille française
similaire.
La reconnaissance du droit à un revenu garanti apparaît
bien parallèle au développement du chômage en Octobre
1984, la proportion de chômeurs sans travail depuis au moins deux
ans était de 42 % en Belgique, 30,6 % aux Pays-Bas, 28,6 en Italie,
22,5 % en GrandeBretagne, 14,1 % en Allemagne Fédérale,
10,3 % en France.
La Belgique est donc en tête. Est -ce pour cela qu’autour du collectif
Charles Fourier, elle est le siège d’une réflexion sur
le revenu garanti, évoluant vers l’allocation universelle décrite
page 9.
(1) Voir ci-dessus. dans l’Editorial.
On sait à quel point sont endettés la
plupart des pays du TiersMonde ; on sait les mesures drastiques qu’impose
le F.M.I. pour leur prêter des fonds ou simplement rééchelonner
le paiement de leur dette. Or ces pays ne peuvent compter que sur leurs
exportations pour rembourser leurs dettes ou, le plus souvent, seulement
rembourser les intérêts des emprunts. A ce sujet, nous
relevons dans le bulletin mensuel n° 82 de l’AMIP (Citoyens du Monde)
des remarques éloquentes.
Le commerce international des matières premières concerne
de très nombreux pays. Parmi les pays producteurs, très
souvent du TiersMonde, les exportations de matières premières,
en fournissant des devises sont très utiles et quelquefois vitales
pour leur développement. Aussi attachent-ils une énorme
importance à obtenir un juste prix, le plus élevé
possible, pour les matières premières qu’ils exportent
et dans ce but ont été réalisées des ententes
entre producteurs sur l’étain, le sucre, le café, le pétrole,
etc... La plupart n’ont pas tenu - on l’a vu récemment pour le
pétrole -. Ce qui s’est passé pour l’étain est
très instructif des difficultés de l’entreprise.
L’EXEMPLE DE L’ÉTAIN
Comme suite à des tentatives précédentes de stabilisation des prix, une Association des producteurs d’étain regroupant 7 des pays intéressés - pas la totalité malheureusement - a été créée en 1983 pour obtenir les meilleurs prix, d’où contingentement de la production et stock régulateur. Cela avait bien marché au début, mais les prix élevés obtenus ont poussé les pays consommateurs à rechercher des produits de substitution, ce qui a eu tendance à faire baisser la consommation et pendant ce temps deux pays qui ne faisaient pas partie de l’Association, le Brésil et la Chine, ont augmenté leur production (le Brésil de 200 % entre 1982 et 1985) entraînant une chute des cours catastrophique. Les cours plancher de l’Association étaient de 8.500 £ la tonne, alors qu’ils ont chuté jusqu’à 3.600 £ la tonne. Les cotations au marché officiel de Londres ont été suspendues le 24 Avril 1985.
Basic Income European Network
La Grande Relève se propose d’ouvrir régulièrement ses colonnes à l’information concernant l’association internationale qui fut fondée, sous ce nom, en septembre dernier, par les participants au colloque de Louvain-la-Neuve, en Belgique.
Nous commençons, cela va de soi, par le Collectif Charles Fourier, organisateur du colloque et promoteur de :
C’est quoi ?
L’allocation universelle est un revenu auquel a droit,
de manière absolument inconditionnelle, tout citoyen ou résident
permanent d’un pays. Le montant de ce revenu varie d’une personne à
une autre en fonction de son âge : les enfants reçoivent
moins, les personnes âgées davantage. Et les moins valides
ont droit eux aussi à un montant majoré tenant compte
de leurs besoins accrus.
Mais pour avoir droit à ce revenu, il n’est pas nécessaire
d’avoir travaillé et cotisé dans le passé, ni d’être
demandeur d’emploi. Les femmes au foyer, par exemple, ont droit à
l’allocation universelle, même si elle n’ont jamais eu d’emploi
et ne souhaitent pas pour l’instant en trouver un. En outre, le montant
de ce revenu est le même pour tous (à âge et invalidité
donnés), quel que soit le niveau du salaire ou des intérêts
que l’on touche par ailleurs, et quels que soient les revenus de la
ou des personnes avec lesquelles on cohabite éventuellement.
Le fait que l’on trouve un travail ou que l’on se mette en ménage,
par exemple, ne réduit d’aucune façon le niveau de l’allocation
universelle à laquelle on a droit.
Combien ?
Les chiffres proposés par le collectif Charles
Fourier concernent la Belgique. Nous convertissons en Francs français
:
Si vous avez entre 18 et 65 ans, vous recevez chaque mois 2 355 F, sans
condition aucune. Si vous êtes plus jeune, vous recevez (ou vos
parents reçoivent pour vous) 942 F par mois en moyenne. Et si
vous êtes plus âgé, vous recevez en moyenne 3 532
F. (Au lieu de seuils, on peut prévoir une augmentation graduelle
d’année en année). Bien sûr les allocations familiales,
les primes de naissance, les crédits d’impôt pour personnes
à charge, indemnités de chômage et autres allocations
inférieures au montant de l’allocation sont supprimées.
Pour ceux dont les allocations ou indemnités dépassent
le montant qui leur est alloué sous forme d’allocation universelle,
il est concevable de prévoir un supplément de revenu sous
forme de pension ou d’indemnité complémentaire. Par ailleurs,
tous, bien sûr, continuent à disposer d’une assurance soins
de santé s’ajoutant à leur allocation. Et comme aujourd’hui,
rien n’interdit à qui que ce soit de cotiser pour s’assurer d’une
pension plus élevée ou d’un revenu de remplacement plus
élevé en cas de perte de son emploi, que ce soit à
titre individuel ou à travers des négociations collectives.
Les montants mentionnés n’ont rien de sacré. Rien, dans
la notion d’allocation universelle, n’implique que son montant ne dépasse
pas ce qui est socialement défini comme le seuil de la pauvreté.
A plus long terme, il est concevable que ce montant aille bien au-delà
d’un pouvoir d’achat de 2 355 F actuels. Et plus il le fait, plus il
devient concevable d’assouplir le marché du travail. Des réglementations
rigides qui ont tout leur sens lorsque les travailleurs sont contraints
de trouver un emploi cessent d’être indispensables lorsqu’on donne
à chacun d’entre eux la possibilité de quitter son emploi
tout en continuant à percevoir, lui et sa famille, un revenu
substantiel.
Un outil efficace contre la pauvreté ?
La pauvreté, c’est clair, n’est pas une question
de sous. D’abord, parce que c’est aussi une question de savoir comment
on les utilise : si vous êtes drogué, par exemple, même
un revenu bien supérieur à la moyenne a peu de chance
de vous permettre d’échapper à la misère. Mais
aussi parce qu’être pauvre est au moins autant une affaire d’exclusion
de la vie sociale : pas de milieu de travail, des relations sociales
qui se font difficiles, souvent la solitude. Mais l’allocation universelle,
précisément, ne se différencie pas tant du système
actuel par l’argent qu’elle donne aux plus pauvres que par les possibilités
qu’elle leur ouvre.
Si vous êtes dans la pauvreté, en effet, le système
d’assistance actuel tend à pénaliser systématiquement
tout effort que vous faites pour échapper, petit à petit,
à votre situation. Dans un système d’allocation universelle,
par contre, l’administration sociale vous laisse en paix. Pas de contrôle
de vos ressources, pas d’immixtion dans votre vie privée. Trouver
un travail, réorganiser votre vie autrement, partager un logement
n’affectent en rien votre plein droit à l’allocation. De plus,
cette allocation n’est pas quelque chose qu’il vous faudra aller mendier,
que vous risquez de ne pas obtenir, faute d’avoir frappé à
la bonne porte, alors même que vous et votre famille en avez le
plus urgent besoin. Et ce n’est pas non plus quelque chose dont vous
avez à avoir honte, qui fait de vous un « pauvre »,
un « nécessiteux », quelqu’un qui vit ostensiblement
au crochet des autres, puisque tous sans exception - le maire de votre
ville et sa femme de ménage - Bernard Tapie et Charles Aznavour
- perçoivent cette même allocation.
Est-ce que cela renverra les femmes à leur foyer ?
L’émancipation, elle non plus, n’est pas qu’une
question de revenu. Mais elle n’est pas concevable sans un minimum d’autonomie
financière. Or comment assurer pareille autonomie à toute
personne - et en particulier à ces 850000 femmes belges qui n’ont
aucun revenu propre et vivent dans une relation de dépendance
économique totale à l’égard de leur conjoint -
sans tomber dans l’un des deux travers suivants ? Soit encourager les
femmes à se replier sur leur foyer : c’est la trappe du foyer.
Soit contraindre toutes les femmes à accepter un emploi en dehors
de chez elles : c’est le travail forcé.
Pour réaliser l’autonomie financière de toutes et tous
en évitant le premier écueil, on peut songer à
l’équivalent de ce qui s’appelle, dans les pays de l’Est, de
« loi antiparasites » : une obligation légale de prester
un travail rémunéré, corollaire d’un droit à
un tel travail, qu’il incombe aux pouvoirs publics de fournir en cas
de carence du secteur privé. On évite alors bien le premier
écueil, mais évidemment pas le second. Pour assurer l’autonomie
financière sans recours au« travail forcé »,
on peut envisager d’autre part ce qu’on appelle parfois un « salaire
de femme au foyer ». Le second travers est alors évité,
mais c’est pour tomber autant qu’il est possible dans le premier, pareil
salaire n’étant pas fondamentalement différent de la «
prime de rapatriement » que certains veulent donner aux travailleurs
immigrés, les langes et les casseroles jouant ici le rôle
de pays d’origine
Assurer une autonomie financière à toutes et à
tous en évitant simultanément l’un et l’autre écueil
n’est cependant pas impossible. C’est précisément ce que
réalise l’allocation universelle.
Même si l’on ne confond pas - comme on le fait trop souvent -
l’allocation universelle et le salaire de femmes au foyer, on peut tout
de même se demander si les femmes travailleront plus ou moins
avec une allocation universelle que sans. Globalement, on n’en sait
rien. Et ceux qui prétendent pouvoir apporter à cette
question une réponse générale sont soit naïfs,
soit malhonnêtes. Mais une chose est certaine. Il y a des mères
de famille de condition modeste qui prestent à l’extérieur
un travail ingrat et mal payé mais dont elles ont un besoin absolu
en raison du revenu qu’il procure à leur ménage. Il est
hautement plausible que ces femmes abandonneront (ou renégocieront)
leur emploi dès le moment où une allocation universelle
serait instaurée. Est-ce un mal ? Seuls peuvent le croire celles
et ceux qui estiment qu’il est possible de libérer les femmes
en les contraignant à prester de longues heures pour un faible
salaire, sous la férule d’un autre mâle au moins aussi
despotique que leur conjoint.
(A suivre)
© Copyright Pwâvre Vert.
N.D.L.R. : Nous n’avons malheureusement pas la place de reproduire en une seule fois ce texte que nous avons reçu de son auteur, Philippe Van Parijs, et qui a été publié en Belgique par « Pwâvre Vert ». Dans le prochain numéro, nous reproduirons, en particulier, les estimations chiffrées effectuées pour la Belgique sur la base de données de 1982, et d’où résulte le montant proposé pour l’allocation universelle.
Les étudiants et les lycéens nous ont
donné une leçon d’efficacité et de démocratie.
Ils ont obtenu le retrait du projet de réforme de l’enseignement
supérieur (improprement appelé « projet Devaquet »
et du projet Monory de réforme des lycées. Mais ils ont
chèrement payé leur victoire : un mort et des blessés
graves dus aux provocations gouvernementales.
Leur but atteint, ils ont tout naturellement dissous leur coordination
nationale. Mais ils nous ont bien promis de remettre ça si le
gouvernement parle à nouveau d’instituer son code de la nationalité.
Apolitiques au début, les étudiants ont vite compris après
la dure répression de leur mouvement, ce qu’incarnait «
le libéralisme » et ils ont promis de s’en souvenir en 1988.
Contrairement à tout ce qu’on pouvait lire dans les presses de
droite ou de gauche, inspirées l’une et l’autre par le reaganisme,
le thatché-risme, la compétition sauvage,... ils nous
ont rappelé que ce qui était pour eux le plus important,
c’était finalement la devise de la république française
: liberté, égalité, fraternité. Tapie, c’est
fini ! Tant mieux ! Il n’en demeure pas moins que, sélection
ou pas, leurs problèmes d’emplois n’en sont pas résolus
pour autant. Mais rêvons un peu, rêvons qu’ils vont bientôt
comprendre que c’est tout le système économique qui est
à changer !
Revenons en attendant aux folies qui agitaient les parlementaires français
avant que les étudiants leur secouent les puces.
Une petite folie, c’est celle qui a saisi M. J.P. Bechter, député
RPR de la Corrèze, qui dans un récent rapport parlementaire
écrit à propos des ventes d’armes : « Dans ce domaine
là aussi, le temps est venu de s’ouvrir au changement... Il faut
que l’ère libérale fasse son entrée dans l’exportation
d’armement.
Nous devons être les meilleurs pour les conditions
de vente, car l’exportation d’armes donne du travail à 100.000
personnes en France... En matière d’industrie d’armement, un
Français sur trois vit de l’exportation... ».
M. le député ne nous dit pas, par contre, combien de personnes
dans le monde ont fait mourir les armes françaises. Rappelons
que depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, les «
petites » guerres ont fait plus de 30 millions de morts ! On se
souvient du succès remporté par les « Exocets »
français contre les navires de nos alliés britanniques
lors de la guerre des Malouines ! On peut certainement trouver d’autres
exemples, au Liban ou au Tchad. En France même, les terroristes
ont peut-être utilisé des armes françaises.
De tout cela, M. Bechter s’en foût éperdument, du moment
que les industries de l’armement fournissent ou, tout au moins, conservent
des emplois !
Mais le délire militaro-libéral du député
ne s’arrête pas là : constatant que les structures administratives
ne répondent plus aux exigences du marché « parce
qu’elles sont étatiques ou paraétatiques », il écrit :
« il faut que de nouvelles compétences, que des hommes
au fait de nouveaux circuits de décision des pays importateurs
d’armes puissent participer à cette mission que je n’hésite
pas à qualifier de service public : l’exportation d’armes ».
En fait, le député de la Corrèze souhaite la création
de nouvelles sociétés de droit privé qui participeraient
à la prospection et à la réalisation de marchés
nouveaux d’armement, « au besoin en utilisant mieux les attachés
militaires et commerciaux ». Ces attachés là sont,
comme tout le monde le sait, des fonctionnaires, autrement dit ils appartiennent
à cette race parasite, maudite par les« libéraux ».
C’est encore une illustration de plus de la doctrine (non avouée)
des « libéraux » qui consiste à mettre l’Etat
au service des intérêts privés.
Mais au fait, pour ceux qui l’ignoreraient, en Corrèze, il y
a Tulle, et à Tulle il y a une manufacture d’armes !
***
De toutes façons, quand il s’agit d’armes,
on ne sait plus se retenir voyez le « grand satan », Reagan,
qui vend des armes à l’Iran et la Grande-Bretagne qui va livrer
des radars de défense, encore à l’Iran, pays qui ne se
cache pourtant pas d’entretenir le terrorisme international, au nom
de la guerre sainte, il est vrai !
Pour sauver un système économique périmé,
quelques fous font courir au monde le risque d’une destruction totale.
***
Au risque de me répéter, je voudrais encore une fois revenir sur le problème des « investissements qui créent des emplois », mais je serai très bref. Dans le numéro d’Octobre de la revue de l’INSEE « Economie et statistiques » on pouvait lire que la reprise des investissements qui s’était déjà manifestée en 1984, s’est poursuivie avec une croissance de 13 % en volume mais que, par contre, aucune amélioration n’a été constatée sur le front (notez le terme militaire) de l’emploi : l’hémorragie s’est poursuivie au même rythme que les années précédentes et 140.000 emplois ont encore été perdus en 1985, soit 3,9% des effectifs.
***
Une autre baudruche qui est en train de se dégonfler,
c’est celle de « l’emploi dissimulé ». Là encore,
je m’en remets à des sources que l’on ne peut pas soupçonner
d’être favorables à l’économie distributive, le
rapport annuel de l’OCDE sur les « perspectives de l’emploi ».
Ce rapport comportait une étude sur le poids et la fonction de
« l’emploi dissimulé », cette expression désignant
à la fois le travail au noir et l’économie souterraine.
Il ressort de l’étude que « l’emploi dissimulé ne
constitue pas une source importante de revenus pour la grande masse
des chômeurs, ce type d’activité allant plutôt à
des personnes déjà pourvues d’un emploi... Les inégalités
du marché officiel du travail sont transposées et reproduites
sur le marché de l’emploi dissimulé... La progression
du chômage enregistrée depuis dix ans ne s’est probablement
pas accompagnée d’une expansion parallèle de l’emploi
caché ».
Les mythes sur l’emploi, quel qu’il soit, continuant à s’effondrer
les uns après les autres, il n’est donc pas étonnant que,
de tous côtés, on nous parle de revenu minimum garanti.
Il faut bien solvabiliser les gens pour qu’ils achètent !
Après tout, c’est peut-être ça la transition vers
l’économie distributive !
Une nouvelle loi vient d’être votée la
collectivisation des maisons individuelles. Le « gouvernement de
la privatisation », devant le coût prohibitif que représente
la mauvaise gestion des maisons individuelles par leurs propriétaires,
tant au niveau de leur entretien et de leur utilisation, que des économies
d’énergie, a décidé que
1) ces maisons seront vendues à des groupes financiers spécialistes
de la gestion immobilière... et le produit de la vente reviendra
à l’État qui s’en servira pour construire de nouvelles
maisons...
2) les propriétaires des maisons vendues en garderont l’usufruit
jusqu’à leur mort et pourront bien sûr rester dans leurs
murs. Ils pourront également conserver une partie du capital
(le pourcentage étant à définir)...
A l’annonce de cette nouvelle loi, j’entends déjà le soulèvement
de tous les propriétaires et de tous les autres, qui crient au
scandale : « on nous prend nos biens... » ; « c’est
une atteinte à la liberté... » ; « et le droit
de propriété ?... » etc...
Rassurez-vous, cette loi n’a pas été votée et elle
n’existera sans doute jamais. Quoique ?...
Pourtant, c’est bien ce qui se passe actuellement avec la privatisation
de TF1 et personne ne proteste. Ou si peu. Ou si mal.
Il est vrai qu’il s’agit ici de la propriété d’un bien
collectif et que nous ne sommes pas très éduqués
sur cette notion juridique. Alors « on » en profite...
Car, enfin, voilà des années que les Français versent
leur redevance TV, qui a contribué pour une bonne part à
constituer le patrimoine de TF1, avec son potentiel et ses moyens techniques,
tel que nous le connaissons aujourd’hui. Il me semble donc que c’est
notre patrimoine culturel à tous, citoyens et citoyennes de la
nation France ?
Et subitement, un gouvernement parce qu’il a été élu
au suffrage universel pour faire du« libéralisme »
(et on ne sait plus vraiment ce qui se cache derrière ce mot)
s’arroge de tous les droits en décidant de vendre une chaîne
de télévision nous appartenant, à on ne sait qui !
Au moins, faudrait-il nous demander si nous sommes d’accord pour vendre ?
On nous dit que la qualité des programmes de TF1 est médiocre :
admettons, mon propos n’est pas de défendre TF1... Mais on proclame
que la privatisation et la concurrence vont améliorer la qualité
des programmes. C’est discutable, car si nous regardons autour de nous,
bon nombre de chaînes « commerciales » sont sinistres...
Alors privatisation - meilleure qualité ??? A voir !
La cinquième chaîne, que tout le monde condamne, ne diffuse-t-elle
pas des secondes séries qualifiées de médiocres
à juste raison ? Secondes séries qui proviennent toutes
droites de « chaînes privées à caractère
commercial ». Je crois qu’il est bon de le rappeler !.
On met également en avant la non-rentabilité de TF1, Je
ne savais pas que le rôle prioritaire de la culture et de la communication
devait être la rentabilité financière ? Il est vrai
que de nos jours, tout doit être rentable. Que ce soit au détriment
de l’être humain ou pas, on s’en moque ! C’est la règle
du jeu !... De quoi attraper une indigestion de cette rentabilité !
« Privatiser TF1, c’est enfin supprimer la main-mise de l’Etat
sur la liberté des journalistes... c’est un pas vers la liberté
de l’audiovisuel... » Mais remplacer l’ingérence de l’Etat,
certes condamnable, par la dépendance du pouvoir financier du
futur groupe majoritaire acquéreur, ce n’est pas un pas vers
la liberté ! Ces grandes puissances financières ne sont-elles
pas, elles aussi, des monopoles ? et de quels moyens disposons-nous pour
les contrôler ? C’est remplacer le fouet par le bâton...
Si tout le monde trouve que la télévision française
n’est plus satisfaisante, alors au nom de la démocratie et de
la liberté, organisons un référendum pour demander
l’avis aux personnes concernées les Français. Et nous
verrons bien ce qu’ils en pensent ? Comment voientils leur future télévision ?
Qu’en attendent-ils ?
A la suite de ce référendum, on pourrait mettre sur pied
une nouvelle organisation juridique de l’audiovisuel permettant aux
Français d’être co-responsables et d’avoir un droit de
regard sur leur télévision (par une consultation régulière
avec un vote des téléspectateurs... chose facile aujourd’hui
avec les moyens informatiques et télématiques). Ce serait
enfin donner les vrais moyens aux créateurs et à tous
ceux qui ont des idées, de réaliser des émissions...
Puisqu’il paraît que la privatisation est la solution miracle
à tous les problèmes, je propose la privatisation du gouvernement,
peut-être que les affaires marcheront mieux ? Qu’en dites-vous,
chers ministres ?
Admettons que nous vendions TF1. Lorsqu’un propriétaire cède
sa maison, le montant de la vente ne lui revient-il pas ? Or, à
qui va la coquette somme de la « braderie » de TF1 ? A l’Etat
bien sûr ! « L’Etat c’est vous et moi », vous dira-t-on !
Je réponds que c’est une tromperie ! Où va l’argent en
question ? Dans les caisses noires de l’Etat ? dans les campagnes électorales ?
dans l’armement ?
On aura payé TF1 deux fois : une première fois avec la
redevance TV ; une seconde fois, par l’intermédiaire du groupe
acquéreur puisque la contrepartie de l’argent qui servira à
acheter TF1 sera d’une façon ou d’une autre « financée »
par celui qui est au bout de la chaîne du circuit économique :
le consommateur ! (avec la publicité, la vente des produits du
groupe, les taxes, les subventions...) et sans oublier l’actionnariat
populaire (40% du capital de TF1).
Dans le cas présent, le libéralisme revient à payer
un bien deux fois sans en être pour autant le propriétaire.
Drôle de notion de liberté !
J’affirme que nous assistons à un vol manifeste et légalisé.
Un de plus... Il faut dire que les conditions sont réunies :
- une constitution qui permet au pouvoir public (l’Etat) de faire ce
qu’il veut, une fois élu...
- une arme : la monnaie bancaire qui rend possible toutes les «
combinaisons », aidée par la comptabilité et ses
« magouilles »...
Et voilà comment l’Etat est dévié de son rôle
originel pour devenir un « despote » qui décide à
notre place, sans nous demander notre avis comme une machine à
écraser le peuple !
Il est vrai que la notion d’EtatNation constituant et représentant
le peuple pour son bien et pour le défendre est déjà
bien loin... Bientôt le bi-centenaire...
On sait maintenant que l’Etat (et ses institutions) sous la forme que
nous lui connaissons est un « tyran » qui profite du peuple
avec la bonne conscience d’avoir été élu par lui.
Cela fait longtemps qu’on ne tient plus compte de nos choix et qu’« ils »
agissent à leur guise. Pour s’en persuader, il n’y a qu’à
regarder les sondages d’opinion et les pétitions montrant nettement
que les Français sont hostiles à la privatisation de TF1,
ce qui n’empêche pas le gouvernement de continuer, malgré
tout, à voter « ses lois ».
Rien de plus facile, puisque, élu pour une durée déterminée,
plus aucune sanction, contrôle, révocation... rien n’est
prévu durant l’exécution de leur mandat ! Nous n’avons
aucun moyen de changer le cours des choses si nous les jugeons néfastes.
Il faut attendre les prochaines échéances électorales.
En attendant « serre les dents et taistoi ! ». Drôle
de démocratie quand l’Etat devient dictateur et voleur, mais
qu’il est le digne représentant de son peuple, agissant en son
nom puisque élu par lui ! (ou par une partie du moins : 51 contre
49).
Entre les états devenus démocratiquement dictateurs et
les grandes puissances financières tyranniques (banques, trusts,
multinationales...), on se demande vraiment où sont nos droits
et notre condition de citoyen ?
Nous ne sommes, citoyenne et citoyen, qu’un bulletin de vote et un billet
de banque ! rien d’autre !
Alors, à quand cette nouvelle civilisation que nous avons à
construire, tous ensemble, où le gouvernement des hommes sera
remplacé par l’administration des choses, où l’être
aura la priorité sur l’avoir, où les représentants
du peuple ne seront que des mandataires révocables sous notre
entier contrôle, où nos aspirations et nos choix seront
respectés pour la liberté de chacun dans la solidarité
de tous ?
Quand nous saurons, en adultes, nous sortir de cette enfance intellectuelle
qui nous limite à ne chercher la solution qu’entre deux modèles :
le capitalisme devenu « libéralisme » et le communisme
devenu capitalisme totalitaire d’Etat, deux modèles qui n’en
sont qu’un d’ailleurs l’économie de marché (marchés
privés et marchés d’état). Quand le dictat de l’économie
marchande, par sa monnaie bancaire et sa règle du jeu caduque,
aura laissé la place à une économie nouvelle au
service de l’homme, basée sur un nouveau moyen d’obtention des
richesses où chacun prendra la place qui lui revient au nom du
droit à la vie ; et qui permettra de supplanter ce désir
maladif de vouloir posséder toujours plus d’objets grâce
à cet argent-roi.
Il sera alors question de vraies valeurs humaines telles que la créativité,
la connaissance, la communication, le don de soi-même, l’amour...
le travail deviendra prestation de service et laissera la place aux
loisirs. Le gratuit prendra le pas sur le payant. Un rêve ? Venez
donc rêver avec nous et vous verrez que l’utopie, c’est de croire
que c’est utopique !...