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Éditorial
L’appel des distributistes désirant s’unir
pour agir, et que j’ai transmis ici le mois dernier, avait reçu,
en moins de deux semaines, une bonne dizaine de réponses. La
première est venue de Grand-Couronne et disait « présent,
Oui pour l’A.E.D., ce numéro de La Grande Relève soulève
l’enthousiasme et beaucoup d’espoir ». Une autre disait : «
Bravo, je suis prêt à former une section à Clichy
» dans la banlieue parisienne. De Saint Nazaire « D’accord
pour ne former qu’un seul mouvement. Ayant 70 ans, étant souffrant
et moins alerte, je ferai de mon mieux pour une grande union ».
Du Tarn « j’adhère, car individuellement, on se décourage
». De Tourcoing : « Je suivrai avec sympathie une action
A.E.D. dans ma région ». De Tours « d’accord pour
aider au développement d’une section A.E.D. ». De Paris
« je souscris... mais je ne me charge de rien d’autre que de centraliser
les coups de téléphone et indiquer les rendez-vous ».
Du Var « Je suis prêt à aider une section, j’ai du
temps libre, je peux faire des réunions chez moi ».
La plus encourageante, peut-être, de ces premières réponses,
nous est venue de Belgique : c’est celle d’Albert Chantraine qui écrit
« Très bonne nouvelle, celle de former une seule association,
l’A.E.D... Tout le monde ici, à Liège, s’en réjouit.
Nous avons beaucoup de nouveaux contacts, l’information se répand
maintenant plus rapidement. »
A côté de ces accords enthousiastes, sont arrivés
d’autres accords de principe, mais qui montrent très exactement
où sont, où ont toujours été et où
seront encore pour longtemps les difficultés qu’on rencontre
quand on veut faire évoluer les mentalités dans le sens
d’une révolution qui, bien qu’elle s’appuie sur les faits, est
sans aucun doute, comme l’écrit une distributiste de La-Seine-St
Denis « la plus grande révolution que le monde ait jamais
connue ».
Outre les difficultés qui viennent de nos interlocuteurs quand
ils ont « les yeux fermés », il y a celles qui viennent
de ce que, les distributistes ayant en général beaucoup
de personnalité, chacun d’eux a, surtout parmi ceux qui militent
depuis longtemps, projeté, en quelque sorte, sa propre personnalité
sur les thèses qu’il défend. J’en avais déjà
été frappée, il y a très longtemps, lors
d’une conférence que faisait mon père : dans la salle,
il y avait un militant, probablement convaincu, mais qui n’a cessé
de crier « et le sport ? ». « Que devient le sport
en économie distributive ! ». Je sais bien que chacun voit
midi à sa porte. Mais je suis bien consciente d’une difficulté
qu’a toujours rencontrée l’union des distributistes : d’abord
savoir aller à l’essentiel. Or, parmi les distributistes, il
y en a un très grand nombre qui veulent présenter de l’économie
distributive un modèle achevé, tout pensé, tout
arrêté à leurs propres aspirations, (je pense, par
exemple, à tous ceux qui mettent comme condition de leur adhésion
l’assurance que nous prônions une hiérarchie des salaires),
plus un programme parfaitement fixé des conditions de transition,
ayant au préalable tout prévu. A mon avis, nous n’en sommes
pas là. Et je crois que nous devrions avoir la sagesse de nous
assigner pour première tâche celle de faire comprendre
deux choses et deux seulement : 1° que la notion de salaire, c’est
à dire de revenus mesurés par la durée du travail,
est une notion dépassée qu’il faut abandonner et 2°
que la notion de profit ou de rentabilité des affaires, va aujourd’hui,
à l’encontre de l’intérêt de la majorité
des êtres humains, qu’elle les méprise, qu’elle entraîne
un insupportable gâchis et qu’elle exalte une course folle aux
armements. C’est le devoir de tout « humaniste » de dénoncer
cette responsabilité de l’économie basée sur le
profit et de vouloir en changer.
Ce n’est qu’après avoir fait passer ces deux vérités
fondamentales de notre époque que le terrain est prêt pour
nos propositions constructives, et que l’économie distributive
peut être présentée en tant qu’aboutissement logique
de l’analyse de la crise actuelle. Mais si on a bien fait comprende
que le salaire ne peut plus jouer son rôle de distributeur des
revenus et que l’économie de marché basée sur le
profit, a cessé d’être le régulateur des activités
en vue des besoins des hommes, alors l’idée d’économie
distributive doit venir d’elle-même. Et c’est quand une majorité
de nos semblables aura compris ces deux nécessités de
changement (qui nous sont imposées par les techniques élaborées
au cours des siècles), qu’elle nous aidera à élaborer
une nouvelle société et que nos propositions cesseront
de lui apparaitre utopiques. Mais nos contemporains ne sont en général
pas conscients de ce qui arrive, et c’est cette conscience qu’il faut
d’abord éveiller.
Dans son éditorial de La Grande Relève
de mars, M.-L. Duboin s’adressait aux lecteurs pour leur dire que le
moment était venu de passer à l’action, que de nombreux
distributistes le souhaitaient vivement. Pour ce faire, elle invitait
les lecteurs de La Grande Relève qui envisageaient d’agir dans
leur ville ou leur région à se faire connaître ;
d’autre part, elle signalait que j’étais prêt à
organiser une Assemblée Générale en mai ou juin,
ce qui est, bien entendu, mon voeu le plus cher ; mais pour cela, il
faut que nous soyons le plus nombreux possible.
La préparation d’un numéro de La Grande Relève
s’effectuant un mois avant sa parution, c’est dire que nous ne pouvions
avoir, début mars, de réponses à l’appel de M.-L.
Duboin. Lorsque vous lirez cet article, vous aurez, nous l’espérons,
répondu nombreux à cet appel.
C’est le moment de passer à l’action : tout le monde est bien d’accord sur ce point. Pourquoi ? Essentiellement parce que les déçus du socialisme sont innombrables.
Dans La Grande Relève de décembre 1984, dans un article signé François Mauroche : « Qui a démissionné ? », vous pouviez lire :
« Les électeurs de gauche désavouent
le gouvernement, non pas, comme on tente de nous le faire croire, parce
qu’il est allé trop loin, mais bien parce qu’il n’a pas tenu
les promesses de 1981 : le changement. (...) Il faudra transformer les
partis de gauche, réfléchir profondément sur la
période 1981-1986. De nouvelles voix devront se faire entendre
à gauche et les idées - élémentaires pourtant
pour que change la face du monde - des distributistes devront s’affirmer
avec force. Il faut que chacun se mobilise, réfléchisse
aux moyens d’action, pour maintenant et demain.
Demain ? Nous pouvons être nombreux - nous et les « vrais
» déçus du socialisme, pas ceux de Giscard - pour
proposer les seules solutions qui s’imposent. (...)
Il faudra bien que le socialisme - le vrai - dans 5 ans, dans 10 ans,
opère une « sortie à gauche » de la crise.
Il faut la préparer dès maintenant. »
Et Jean Malrieu, dans La Grande Relève de janvier, écrivait :
« Rendons hommage aux fossoyeurs. Objectivement, sur la longue
durée historique ils jouent un rôle positif. En déconsidérant
et en enterrant l’idéologie et les organisations gestionnaires,
ils auront contribué à déblayer le terrain et à
préparer la renaissance de la gauche. Ils auront enterré
les illusions et les fausses solutions qui égarent et stérilisent
depuis plus d’un siècle les forces de changement. Ils auront
aidé les hommes à prendre conscience des véritables
dimensions et des véritables données de leurs problèmes.
»
Donc, c’est bien le moment, pour nous, distributistes
de tous bords, de nous rassembler pour agir. Si, comme il est à
prévoir, la Gauche perd les législatives de 1986, nous
aurons une « mine » inépuisable pour recruter parmi
les déçus de la gauche, qu’ils soient socialistes ou communistes.
Si nous sommes prêts...
Vous voulez saisir la chance historique qui s’offre à l’économie
distributive
Ecrivez-nous sans plus tarder.
Le 15 mars dernier le Brésil est redevenu un
pays démocratique. Le pays que le nouveau président de
la République va avoir à administrer s’est beaucoup modernisé
durant ces vingt dernières années. Il a construit à
Itaipu le plus puissant barrage du monde, il exploite à Caragas
le plus important bassin minier de la planète, il a ouvert des
routes dans la forêt vierge et dispose de son premier satellite
de télécommunications. Sa production pétrolière
augmente régulièrement et lui permettra peut-être
d’atteindre l’autonomie énergétique. Il s’est doté
d’une industrie informatique et est le premier... exportateur d’armes
du TiersMonde. En un mot, suivant les critères des économistes
classiques, le Brésil est devenu la huitième puissance
économique de l’Occident.
Mais on constate en même temps que deux brésiliens sur
trois continuent d’être sous-alimentés. Comme le Tchad
ou l’Ethiopie. Le Nordeste qui abrite le quart de la population brésilienne,
reste une zone de famine. En vingt ans de régime militaire et
de libéralisme économique les écarts sociaux se
sont creusés. Les revenus des catégories dites supérieures
sont 225 fois plus élevés que ceux des autres catégories.
Pour le tiers, ou quelquefois la moitié de leurs habitants, les
villes sont devenues d’immenses bidonvilles. Les trois quarts des paysans
sont sans terre ou n’en ont pas assez, alors que la moitié des
surfaces cultivables, dans les grands domaines, sont inexploitées.
La corruption, l’insécurité, la violence ne cessent d’augmenter.
Comme quoi, les critères des économistes ne veulent pas
dire grand chose.
Plus grave encore peut-être, c’est le modèle
culturel véhiculé par l’ancien pouvoir : le mode de développement
sauvage imposé par les militaires n’a pas seulement enrichi les
riches et appauvri les pauvres (comme aux Etats-Unis, sous Reagan) mais
il a perverti la société en y répandant l’esprit
mercantile et en faisant de la puissance matérielle une fin qui
justifie les moyens. (C’est en moins grave heureusement, ce que fait
en France le gouvernement socialiste en réhabilitant le culte
du profit des entreprises).
Au Brésil l’immoralité au sommet de l’Etat a fait tache
d’huile et démoralisé le reste du pays, à tel point
que certains juristes renommés, tel que M. de Marais, professeur
à l’Université de Rio de Janeiro avoue qu’il passe plus
de temps à transmettre des valeurs morales à ses élèves
qu’à leur enseigner le technique juridique. C’est que, dit- il,
la plupart des jeunes accordent plus d’importance à l’argent
qu’à l’éthique de leur profession. (C’est aussi ce qui
se passait il n’y a pas si longtemps en France, quand les jeunes se
lançaient dans la médecine... )
*****
Souhaitons quand même bonne chance à la démocratie brésilienne, bien que les banques aient déjà la haute main sur son président, coincé par le F.M.I. M. Taunedo Neves n’a pas pris M. Furtado comme ministre (voir G.R. de mars).
*****
Quand on parle de criminalité on pense la plupart
du temps aux agressions, aux vols, aux hold-up... Mais cela n’est rien
à côté de la délinquance financière.
Selon une récente enquête du Centre de recherches sociologiques
sur le Droit et les institutions pénales, la fraude en «
col blanc » est 400 fois supérieure au montant des hold-up
et agressions à main armée qui représentent 224
millions de francs volés dans les domiciles ou les banques. Pour
les 3 années 1980, 1981 et 1982 sur lesquelles a porté
l’enquête, la fraude fiscale arrive très largement en tête
des crimes (au sens pénal) commis contre l’Etat.
Les détournements d’impôts (qui se traduisent par des suppléments
d’impôts à payer par ceux qui ne peuvent frauder le fisc)
ont, en 1982, atteint 86,45 milliards de francs, soit la moitié
du montant de l’impôt sur le revenu. Cette fraude progresserait
d’environ 20 % par an.
Cette criminalité en « col blanc » profite (toujours
au sens économique) aux secteurs privés spécialisés
dans la protection des biens et des personnes où le chiffre d’affaires
a connu une très vive expansion, atteignant 19 milliards en 1982
(soit 12,9 milliards pour les assurances, 2,1 aux avocats, 2,1 aux entreprises
de gardiennage et de transport de fonds, 1,8 aux sociétés
fabriquant des systèmes d’alarme, 130 millions à la sécurité
des grands magasins).
C’est encore un cruel dilemne pour l’Etat = réprimer cette délinquance
et faire rentrer plus d’impôts dans ses caisses, mais, en même
temps, diminuer le P.I.B. et augmenter le chômage dans les communes,
chez les avocats, etc...
*****
La délinquance, l’autre, celle des pauvres,
elle s’aggrave aussi à cause du chômage. En Espagne 21
% de la population active était au chômage à la
fin de 1984, soit 2.870.000 personnes. C’est le pourcentage le plus
élevé du monde occidental. L’an dernier il y a eu 1200
chômeurs de plus chaque jour en Espagne. Le plus grave, c’est
que la moitié des hommes ont moins de 25 ans et 22 % moins de
20 ans. Dans cette dernière tranche d’âge, le taux de chômage
atteint le niveau fantastique de 55 %.
Comme les trois quarts des chômeurs ne perçoivent aucun
type d’allocation, on peut craindre une explosion sociale.
Les sirènes franquistes ne doivent pas manquer d’attiser le feu,
en rappelant que sous Franco le chômage n’existait pas...
C’est que mettant les bouchées doubles pour rattraper son retard,
dù justement à la période franquiste, les espagnols
ont augmenté leur productivité de 3,85 % par an (plus
que le Japon) et que les entreprises, face à une demande qui
commençait à stagner et à une production par travailleur
-qui augmentait, n’avaient d’autre ressource que de licencier, comme
partout ailleurs.
Et ce n’est pas son entrée dans la Communauté Européenne
qui va aider l’Espagne à résorber son chômage, bien
au contraire...
*****
Mais le danger de l’extrême droite, il existe
aussi en France, témoin les résultats obtenus aux Cantonales
par le Front National. Dans des régions traditionnellement acquises
à la gauche, on vote Le Pen parce qu’on a peur du chômage...
Comme si il y pouvait quelque chose !
A La Ciotat un syndicaliste déclare « On a voté
Le Pen contre les plans de la Communauté Européenne parce
que la gauche nous a trahi et que nous ne pouvons rien espérer
de la droite ». On vote aussi Front National lorsqu’on a tout
épuisé. Toujours à La Ciotat un secrétaire
de section C.F.D.T. raconte = « L’année dernière
la direction nous a proposé une augmentation de 3,5 %. Nous nous
sommes battus, nous sommes allés jusqu’à séquestrer
la direction. Nous n’avons rien obtenu. Cette année, on nous
propose 3 %. Bien sûr, nous allons encore nous battre, mais au
fond de nous-mêmes, nous savons que nous n’obtiendrons rien. Ces
échecs et les menaces sur leur emploi incitent les travailleurs
à courber l’échine. Et ils votent Le Pen ». Un autre
militant raconte = « Les gars ont conscience d’être pris
dans une mécanique qui les écrase et contre laquelle ils
ne peuvent rien.
Dès ’qu’ils peuvent se payer quelqu’un, ils le font ».
Actuellement ils se payent le P.C. qui, il faut bien le dire, marche,
en matière d’emploi, à côté de ses pompes,
comme tous les autres d’ailleurs.
A La Ciotat, on est sûr qu’une partie des ouvriers des chantiers
navals a voté Le Pen.
Ça n’est peut-être, pour à présent, qu’une
réaction de rejet, mais cela peut devenir un vote d’adhésion.
Et à côté de La Ciotat, il y a Dreux, Aulnay sous
Bois... bientôt Longwy ?
C’est grâce au chômage, que dans les années 30, un
certain Hitler s’est frayé son chemin...
Ne pensez vous pas qu’il vaut encore mieux d’Economie Distributive ?
« La politique est l’art d’empêcher les gens de s’occuper de ce qui les regarde » (Paul Valéry)
La POLITIQUE ! La politique de Droite, de l’extrême-droite ;
de Gauche, de l’extrême-gauche ; du Centre, du Milieu... La Politique
est le moteur des systèmes parlementaires (2) ou anti-parlementaires
; c’est le poumon de la société marchande, du profit.
Tout ce qui est politique garantit, assure la continuité, le
conservatisme de l’esprit de rentabilité, du capitalisme, du
salariat, en un mot de l’exploitation de l’homme par l’homme. Cette
calamité existe depuis l’époque de la rareté et
continue dans notre ère d’abondance pourtant incompatible. Pourquoi
le peuple, qui en souffre parce que toujours trahi, les chômeurs
qui ont tout perdu, les consommateurs dont le pouvoir d’achat s’évanouit,
s’y accrochent-ils comme si leur situation économique pour un
« mieux-être » dépendait de la politique ? Comme
si la politique était indispensable à la VIE ! Pourquoi
à chaque convocation électorale se précipitent-ils
dans le piège ?...
N’ont-ils pas encore compris - les consommateurs, les producteurs-salariés
- que la politique est la négation, le contraire de l’accès
au bien- être, à l’égalité économique
possible aujourd’hui ; que la politique est la manne des riches, des
patrons, des politiciens avides de pouvoir et de puissance, pour sauvegarder
leurs intérêts ? Que la politique est le tombeau des espoirs
libérateurs du peuple ?
Seule l’ECONOMIE, non de profit, mais de la satisfaction des BESOINS ;
non de la liberté économique libérale des marchands
et de leurs complices politiques, mais l’ECONOMIE représentée
par le Syndicalisme non inféodé à la politique,
seule réalité antagoniste à la politique ; seule
l’Economie est le vrai problème qui a trait aux besoins des Etres
Humains, à leur consommation sans laquelle aucune VIE n’est possible
!... N’est-ce pas l’impérieuse obligation de manger qui crée
l’existence de l’Etre Vivant ? Ne doit-on pas manger tous les jours,
satisfaire nos besoins impératifs : alimentaires, vestimentaires,
de logement, d’hygiène, d’instruction, de repos et de loisirs ?
Mais cela paraît tellement banal à l’esprit, matraqué
depuis des siècles par les dominants, qu’aucun parti politique
ne parle de l’essentiel : de nourrir l’être humain.
Les partis politiques promettent l’amélioration matérielle
de l’existence ? Inscrivent-ils dans leurs programmes des revendications
économiques telles que : la gratuité des transports en
commun, la gratuité de tous les services publics, des soins médicaux
- en passant par la suppression du forfait hospitalier - de l’instruction
publique ? Il est tout de même aberrant que des hommes fassent
un profit sur le bien public ! Est-ce que les partis politiques dénoncent
et vous proposent cela ? Le moment n’est-il pas venu, avec l’abondance
du blé, des pommes de terre, des fruits et légumes, du
beurre, du sucre, du lait, etc., de les distribuer, au moyen d’un Revenu
Social, au lieu de les détruire ou les stocker pour en maintenir
les prix et de les brader ensuite ?... Aucun parti politique ne s’engage
à réaliser cela, ne promet cela !
S’agissant du chômage, les politiciens nous dupent toujours en
employant leurs formules psychologiques pour « expliquer »
le chômage et faire avaler la pilule ; ils disent « ...
qu’en données corrigées des variations saisonnières...
». Quel purin démagogique ! Une chose est certaine : c’est
que malgré leurs explications tordues, le chômage augmente
à toute allure et le pouvoir d’achat s’effondre ; que ce soit
« ... en données corrigées, ou saisonnières...
», comme ils disent. Il n’y a que leurs déblatérations
hypocrites qui ne soient pas encore corrigées ! Aujourd’hui, ils
ont découvert le doux euphémisme de « flexibilité
de l’emploi » ! Quelle fourberie ! Quel parti politique dénonce
cela ? Même pas les syndicats officiels !
En résumé, soyons réalistes et exigeons dès
maintenant :
1) La GARANTIE DU SALAIRE PERDU pour tous les chômeurs et futurs
licenciés, puisque les emplois
disparaissent de plus en plus (4).
2) Un REVENU SOCIAL MAXIMUM sans impôt pour tous les autres consommateurs,
du berceau à la tombe, pour « acheter » l’ABONDANCE
qui regorge des magasins et des entrepôts et sont INVENDABLES.
C’est le seul programme réaliste et positif qui permettra à
TOUS de manger à sa faim et de satisfaire tous les BESOINS fondamentaux
: les techniques de production incroyablement perfectionnées,
remplaçant le labeur humain et créant l’ABONDANCE, permettent
enfin aujourd’hui la seule Organisation Economique et Sociale pour accéder
au DROIT A LA VIE, réalisable dans la Justice, l’Egalité
et la Fraternité : c’est l’ECONOMIE DISTRIBUTIVE dont aucun parti
politique ne veut et ne parle ; et pour cause !
Assez souvent, nous sommes les uns et les autres sollicités
par divers organismes qui se sont donnés pour mission d’aider
les pays du Tiers Monde à lutter contre les famines. Nous avons
d’ailleurs évoqué ce problème dans un article intitulé
« Bol de riz » (« Grande Relève » n °
824).
A chacun de nous de juger de l’opportunité d’adresser ou non
sa participation financière à cette lutte, malheureusement
perdue d’avance dans le cadre de nos structures économiques actuelles,
car les problèmes à résoudre sont d’une dimension
sans commune mesure avec les moyens mis en oeuvre. Rappelons que selon
la FAO, la population souffrant de carence alimentaire grave s’élèvera
à 600 millions de personnes à la fin du siècle.
Par contre, aucun de nous ne saurait se dérober à l’occasion
qui lui est offerte de faire connaître nos positions en la matière.
Un scandale
La première observation à présenter
doit évidemment concerner le paradoxe de cette « faim dans
le monde » à une époque où les progrès
de la Science devraient permettre de l’éliminer définitivement.
Il est tout à fait souhaitable, à cet effet, de se référer
à des informations officielles, ou à des textes publiés
par des personnalités largement connues du grand public. A titre
d’exemple, voici un extrait d’article paru dans « le Figaro »
du 9/11/84 sous la signature de M. Thierry Maulnier de l’Académie
Française :
La terrible image de la famine qui frappe par la brutalité que
l’on sait la population de certaines régions d’Ethiopie, image
que « le Figaro » a publiée la semaine dernière
et qui ne cesse de nous hanter depuis lors, replace au premier plan
d’une actualité pourtant riche en événements dramatiques
le problème de la faim dans le Tiers Monde.
Des millions d’Ethiopiens ne sont pas seuls en cause. Toutes les nations
de la frange méridionale du désert africain, les provinces
du nord-est brésilien, plusieurs régions du sud-est asiatique
sont atteintes simultanément ou alternativement par un mal dont
les causes sont la sécheresse et l’érosion des sols, la
démographie galopante, une organisation économique rudimentaire,
l’incompétence ou la corruption de nombreux cadres locaux, le
tout aggravé, il faut bien le reconnaître, par l’insuffisance
des efforts des nations qui mangent à leur faim.
On ne peut manquer, en effet, d’être scandalisé parle fait
que les gouvernements du monde occidental sont aux prises - au point
d’y consacrer plusieurs conférences laborieuses chaque année,
conférences suivies d’ailleurs de peu d’effet - avec le problème
de leurs excédents alimentaires, tandis que dans le reste du
monde les déficits dans ce domaine sont énormes et ne
cessent de s’aggraver. Les céréales sont en surabondance
aux Etats-Unis, en Argentine, au Canada, en Australie, en France même.
Il y a pléthore de lait. On ne sait que faire du beurre excédentaire.
On abat le bétail. Des agriculteurs mécontents attaquent
les camions des nations concurrentes et répandent leurs produits
invendus devant les préfectures. Par quel mystère les
surplus de ceux qui mangent trop, l’excès des calories consommées
dans notre alimentation dénoncé comme dangereusement néfaste
par tous nos diététiciens, ne vont pas à ceux qui
ne mangent pas assez. Quelques mesures sont bien prises ça et
là, notamment en France. Mais elles ont surtout pour but d’apaiser
les mécontentements d’ailleurs légitimes nés de
la surabondance. Elles ne sont pas à la dimension véritable
du problème, qui est mondial.
Une aide nuisible
Mais il faut aller plus loin et souligner, qu’avec
les meilleures intentions, certaines initiatives risquent d’aller à
l’encontre des buts recherchés.
Nous ne sommes pas les seuls à l’affirmer, et nos amis pourront
utilement consulter un rapport de M. René Lenoir destiné
au Club de Rome et publié par les Editions Fayard sous le titre
« Le Tiers Monde peut se nourrir ».
Ce, rapport a fait l’objet, dans « le Figaro », d’une analyse
de Mme Françoise Lepeltier dont vous trouverez ci-après
quelques extraits significatifs :
Au fur et à mesure que les pays du Tiers Monde recouvraient
leur indépendance politique, leur dépendance alimentaire
allait en s’accroissant, provoquée par des causes multiples :
erreurs culturales, exploitation désordonnée ou intensive
jusqu’à épuisement des sols, exode rural, surpopulation
urbaine entraînant l’importation d’aliments subventionnés,
développement de monocultures d’exploitation au détriment
des cultures d’autosubsistance, et déraison du mimétisme
avec le modèle à dominante industrielle et urbaine. Le
résultat de ces orientations plus ou moins subies, de ces choix
plus ou moins conscients, est clair : le sol ne nourrit plus les hommes.
Alors que faire ? L’aide internationale semble frappée d’impuissance :
l’aide financière des pays industrialisés régresse
: les négociations pour la sixième reconstitution des
fonds de l’Association internationale de développement, filiale
de la Banque Mondiale qui octroit des prêts à quinze ans
et plus aux pays les plus pauvres (moins de 410 dollars par an et par
habitant), a donné lieu à de pénibles marchandages
obligeant à recourir à des fonds spéciaux pour
pallier le plus pressé ; les banques privées, inquiètes
de l’endettement et des déficits, ralentissent leurs prêts
et les renouvellent avec une hésitation accrue ; quant à
l’aide alimentaire, selon l’auteur, elle a pour beaucoup contribué
à la destruction des sociétés paysannes, parce
qu’en fixant des prix trop bas, on a favorisé l’exode vers les
villes, quitte à importer des produits alimentaires gratuits
pour nourrir les populations urbaines, permettant au gouvernement américain
d’écouler ses excédents.
Une excellente plate-forme
Cette argumentation, comme vous pouvez le constater,
rejoint celle souvent développée par notre ami René
Dumont. Elle nous permet de rappeler le véritable caractère
de l’action menée par les organismes humanitaires celui de secours
d’urgence, permettant d’aborder ensuite le fond du problème.
II est alors aisé de démontrer que seule une économie
des Besoins permettra aux pays du Tiers Monde de devenir les associés
(et non plus les concurrents) des nations développées,
éliminant du même coup les dangers de l’assistance et de
l’endettement.
La crise du Tiers Monde est l’une des plus préoccupantes de notre
siècle. Elle met en lumière, en les rendant plus aigues
et plus insupportables, les contradictions internes de nos économies
de marché devenues inadaptées, et inadaptables, aux conditions
actuelles de production.
Sachons en profiter, telle cette mère de famille dont le petit
garçon apportait récemment à sa maman un papier
remis par son école au sujet d’une aide au Tiers Monde. Réponse
écrite de la maman au directeur de l’école, lequel, intéressé
par l’évocation des thèses économiques de J. Duboin,
inconnues de lui, propose une réunion d’information. Réunion
tenue. Plusieurs dizaines d’élèves (à partir de
15 ans), de parents, de professeurs, de personnalités locales,
écoutent la conférence-maison et reçoivent une
petite documentation.
De telles actions constructives sont certainement plus efficaces que
les plaintes et critiques stériles dont se contentent la plupart
de nos contemporains.
Evidemment elles exigent un effort : à vous de jouer.
La Conférence de Genève sur le désarmement
Les délégués de Genève
avaient à débattre sur une question préalable :
la réalité ou l’irréalité d’une intention
agressive de la part de l’URSS, une question qui conditionnait tout
le système de Défense euro-américain et l’existence
même de l’OTAN et de l’Alliance Atlantique. L’ont-ils fait ?
L’URSS ne connaît ni sous-emploi ni problèmes de débouchés,
sa production restant au-dessous du niveau de la demande. Son territoire
recèle en grande abondance les matières premières
nécessaires à ses industries, richesses minières
que la plupart des autres nations doivent se procurer dans des pays
qu’il leur faut conquérir ou prendre en tutelle, sur le plan
politique, économique et, souvent, militaire. Consacrant de gigantesques
efforts à ses plans de développement, à la mise
en valeur des immenses espaces sibériens, l’Union Soviétique,
si durement éprouvée lors du dernier conflit mondial,
aspire visiblement à la paix et ses armements lui sont une lourde
charge. Envahir l’Europe ? Qu’irait-elle y faire ? Celle-ci ne lui procure-t-elle
pas déjà, sans qu’il ait été besoin de la
solliciter, les technologies qui lui font défaut, les céréales
d’appoint nécessaires à sa population ? Les visées
d’expansion soviétique ne sont pas territoriales. Elles ne sont
qu’économiques, l’URSS cherchant à libérer ses
échanges des sujétions du dollar. Une guerre ne lui apporterait
qu’un surcroît de vains efforts. Elle est vigilante dans les zones
qui menacent sa sécurité.
Il en va tout autrement chez ses adversaires occidentaux enrôlés
dans l’Alliance Atlantique, pour qui la guerre représente un
ballon d’oxygène pour l’emploi, une soupape aux surplus, un pactole
pour le commerce de l’argent, un adjuvant indispensable à l’économie
de profit. Le profit appelle une perpétuelle extension des débouchés,
un impérialisme conquérant visant la mise en tutelle de
toute concurrence préjudiciable aux intérêts du
Big Business et, par ricochet, aux milieux financiers d’Outre-Atlantique
qui, par-dessus les Assemblées élues, « conseillent
» la politique des gouvernements. L’objectif des Etats-Unis reste
la poursuite, contre vents et marées, des programmes nucléaires
et spatiaux, ceux du Pentagone, de l’OTAN et de la NASA.
Si les Soviétiques, présumés avertis de cet ensemble
de données, n’ont pas été capables de témoigner,
à Genève, de leur pacifisme à l’égard de
l’Europe et de leur attitude purement défensive vis-à-vis
des Etats-Unis, disons que leur discours se sera heurté au mauvais
vouloir de leur adversaire.
Nouvelle perspective d’escalade à l’actif des Etats-Unis, la
guerre de l’espace est à considérer comme une autre occasion
d’affaiblir l’économie soviétique contrainte à
s’y préparer en freinant son propre développement.
(1) Titre emprunté à l’ouvrage de J.K. Galbraith « La paix indésirable ? Rapport sur l’utilité des guerres » (Calman Lévy Ed. 1968).
LES THÈSES ECONOMIQUES
Nous poursuivons la publication de la revue des thèses économiques avec des extraits du livre intitulé « Libération » publié en 1936 par Jacques DUBOIN. Nous abordons maintenant le matérialisme historique et la plus-value avec
Karl Marx (1818-1883) ayant fait le tour de toute
la science économique, il est impossible de présenter
complètement sa doctrine qui forme un ensemble monumental. Il
faut se borner à ceux de ses raisonnements dont la puissance
anime et soutient toutes les parties de ce vaste système dont
l’ambition est d’être l’expression des réalités.
Karl Marx le précise nettement dans le Manifeste Communiste :
ses conceptions ne sont que l’expression générale des
conditions de fait données. Elles reposent donc sur l’observation
des faits économiques qui vont fournir l’explication de tous
les rapports sociaux. C’est sur cette base qu’il faut construire pour
découvrir, non pas ce qu’il y a de plus juste ou de plus fraternel,
mais tout simplement ce qui est et ce qui sera. Le socialisme de Karl
Marx est construit sur le matérialisme historique et lui permettra
de s’évader des limites étriquées que l’on donnait,
jusqu’alors, à la science économique. Celle-ci, nous l’avons
vu, tendait à prendre un caractère abstrait et, comme
la géométrie, à se réduire à quelques
théorèmes ne tenant compte d’aucun des problèmes
nouveaux que le progrès technique allait poser tous les jours.
A l’exception de Stuart Mill et de Bastiat, les économistes libéraux
semblaient se contenter d’un corps de doctrines qui finissait par perdre
contact avec l’évolution qui s’effectuait sous leurs yeux. Karl
Marx rompt délibérément avec l’abstraction et va
chercher, dans l’histoire, la preuve qu’il n’est pas possible d’isoler
les questions économiques des institutions sociales, politiques
et juridiques (1).
Il semble difficile de contester le bien-fondé de cette prétention.
Suivant la nature et l’importance des forces productives dont ils disposent,
les hommes s’associent selon des formes différentes. Or ce sont
les rapports créés par cette association qui vont déterminer,
à leur tour, les rapports sociaux, et ceux-ci donneront naissance
ensuite aux rapports juridiques. Le mode de production de la vie matérielle
détermine en général le processus social, politique
et intellectuel de la vie, écrit textuellement Karl Marx. C’est
précisément parce que le mode de production de la vie
matérielle a beaucoup changé depuis le temps où
Karl Marx écrivait le Capital (1867) que nous pouvons aujourd’hui
modifier ou compléter les raisonnements qui sont à la
base de sa doctrine (2).
Abordons ses conceptions économiques essentielles et, en premier
lieu, la plus célèbre, celle de la plus-value.
Rodbertus avait déjà signalé que le système
social actuel permettait à d’autres qu’aux seuls producteurs
de se considérer comme prenant part à la production. Il
avait fait remarquer que les simples propriétaires du sol et
du capital prétendaient y prendre part, eux aussi, puisqu’ils
ont droit à une part du revenu social. Saint-Simon, Proudhon,
et avant eux Sismondi, s’étaient élevés, au nom
de la justice sociale, contre le privilège qui permet aux uns
de vivre du travail des autres. Karl Marx va démontrer, grâce
à sa théorie de la plus value, que cette exploitation
du salarié est le résultat inévitable de notre
système économique puisqu’il est basé sur l’échange.
Pour lui, les choses qu’on échange doivent présenter un
caractère commun. Ce n’est pas l’utilité, puisqu’il faut
que cette utilité soit différente pour qu’il y ait intérêt
à faire un échange. Ce ne peut être, dit-il, que
la quantité de travail que les choses contiennent plus ou moins.
C’est le travail humain nécessaire pour les créer qui
fait la valeur des choses, de sorte qu’elles s’échangent dans
la mesure du travail qu’elles représentent.
Ceci admis, prenons l’exemple d’un ouvrier qui veut échanger
son travail. Il l’échangera contre un salaire. Mais comment déterminera-t-on
ce salaire ? Celui-ci doit avoir une valeur égale à celle
du travail qu’il sert à acheter ; c’est dire qu’il sera strictement
équivalent à la quantité de subsistances nécessaires
pour entretenir le travailleur en état de production. Au lieu
de payer le salaire en nature, c’est-à-dire avec la quantité
de subsistances, comme nous venons de la définir, on paie le
salaire en monnaie. Mais la quantité de monnaie sera précisément
celle qui est nécessaire pour acheter cette quantité de
subsistances.
Or cette quantité de subsistances exige, à son tour, pour
être produite, un certain nombre d’heures de travail.
Supposons par exemple qu’elle exige six heures. C’est le salaire, autrement
dit le prix auquel le patron achètera le travail de l’ouvrier.
Mais comme celui-ci travaille dix heures, et que le produit de son travail
appartient au patron ou au capitaliste, celui-ci gagne donc quatre heures
de travail puisqu’il n’en a payé que six à l’ouvrier.
Ces quatre heures constituent donc un excédent de la valeur produite
par le travailleur. En s’appropriant cet excédent, autrement
dit cette plus-value, le patron ou le capitaliste s’enrichit de tout
ce profit. Voilà, d’après Karl Marx, tout le mystère
du régime capitaliste ; le jeu même de l’échange
sur lequel il repose suffit à l’expliquer.
Il est logique que le patron, désirant réaliser le plus
de profit possible, essayera d’augmenter cette plus-value.
Le patron cherchera donc à allonger la journée de l’ouvrier
tout en lui payant le même salaire. Il peut aussi baisser ce salaire,
soit en obligeant l’ouvrier à s’approvisionner à un économat
patronal qui lui fournira les mêmes denrées à plus
bas prix, soit en préférant, au travail de l’ouvrier,
celui des femmes et celui des enfants qui n’exigeront qu’un salaire
réduit, puisque femmes et enfants n’ont besoin que d’une quantité
moins forte de subsistances.
Doit-on s’inscrire en faux contre ce raisonnement ? Certainement non,
mais à condition de se placer au moment où il a été
tenu ; c’est-à-dire dans les années qui précédèrent
1867, date où parut le Capital.
A cette époque on pouvait admettre que la valeur d’échange
d’un produit était presque toujours constituée par le
travail humain qui avait été nécessaire pour le
créer. En ramenant la valeur de tous les produits à une
dépense de force humaine, Karl Marx faisait une observation exacte.
On commençait, à peine, à se servir de la force
extra-humaine puisqu’on n’en était encore qu’aux débuts
de l’ère de l’énergie. L’emploi massif de forces tirées
de la nature ne se généralisera dans l’industrie et l’agriculture
que beaucoup plus tard...
1. Nous avons vu que Saint-Simon ne raisonnait déjà
pas autrement en ce qui concerne la propriété. Et Sismondi,
historien, voulait déjà considérer l’économique
comme une science morale. Enfin, List, Menger, Walras fondèrent
l’école historique qui se réclame nettement de ce principe.
2. Nous savons que cette discussion paraît irrespectueuse à
certains disciples de Karl Marx. Elle ne déplairait certainement
pas au Maître car elle procède directement de son enseignement.
« A un certain stade de leur développement, les forces productrices matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n’en est que l’expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors. De formes de développement des forces productrices qu’ils étaient, ces rapports en deviennent des entraves. Alors s’ouvre une époque de révolution sociale... »
Karl Marx : « Contribution à la critique de l’économie politique » (1857).
*****
« Il faut faire abandonner la conception d’un ordre social immuable. On s’imagine, à tort, que le capitalisme s’identifie à certain ordre naturel, et que le mieux qu’on puisse faire est de diminuer les excès et les mauvais effets des lois naturelles qui le régissent... Il se transforme selon la manière dont les hommes se divisent le travail, c’est-à-dire selon les progrès réalisés par les techniques de la production. »
Jacques Duboin : « L’économie distributive s’impose » (1950)
*****
« Fini le temps des réformes fragmentaires et contradictoires imposées par les événements ; finies les lois d’exception dont les contradictions trahissent les marchandages... Ou l’instauration de l’économie distributive ou le chaos. »
Jacques Duboin : « Rareté ou Abondance » (1945)
*****
« Les chances d’une civilisation plus avancée se trouvent au coeur de la crise, et nous sommes en mesure, si nous le voulons, de saisir l’occasion unique qu’elle nous propose... L’humanité serait condamnée si elle s’entêtait à croire que les structures actuelles ne peuvent pas être modifiées... »
Aurelio Peccei, fondateur du Club de Rome, dans la préface qu’il a écrit pour le livre d’Ervin aszlo : « La crise finale » (1983).
L’ EMPLOI repose sur les débouchés,
sur leur extension. Il faut vendre avec profit et toujours davantage.
Mais comment atteindre une clientèle pareillement sollicitée
sur un marché saturé que se disputent, à couteaux
tirés, des douzaines de fournisseurs ? Contre une concurrence
étrangère à bas salaires, les efforts de productivité
sont dérisoirement inefficaces et de même que les fusions,
ils créent des coupes sombres parmi les personnels astreints
à d’angoissantes migrations. En laminant les débouchés,
les hausses de prix imputables aux circuits de la distribution ont sur
l’emploi le même effet. Il n’est plus possible de multiplier les
débouchés au rythme de ce qui sort des ateliers robotisés,
sauf à recourir aux gaspillages, aux armements et aux guerres.
Autre solution pour occuper les chômeurs : un retour à
l’artisanat, à l’ère de la brouette, ou encore les travaux
d’utilité collective mais dont le financement pose problème.
Telles sont les données incontournables auxquelles se heurtent
les Syndicats pris à leur propre piège, enferrés
dans une impasse, refusant tout dialogue avec les « utopistes
». Les soupes populaires ? Une réponse au chômage,
un pis-aller que chacun s’accorde à trouver préférable
à une révolution économique, pourtant inéluctable,
mais constamment différée à seule fin de préserver
les menus et précaires privilèges d’une minorité
vivant du profit et des manipulations monétaires, du commerce
du crédit, de l’exploitation du travail et du besoin.
Cette crise de débouchés qui rejaillit au niveau de l’emploi
est née de l’inadéquation de l’outil monétaire
aux situations de pléthore devenues permanentes. Dissociant les
revenus du niveau des prix et de la durée de l’emploi, un système
à monnaie de consommation élargit la consommation aux
limites de la production tout en allégeant le travail de chacun
sans perte de revenus. Il est grand temps pour les centres de réflexion,
conseillers des gouvernements, de prendre en considération ces
vues dont le caractère « utopique » tient seulement
à l’obstruction orchestrée par les camarillas conservatrices
à l’égard des idées non conformistes, non cataloguées.
En exergue, ces extraits d’une anthologie tirée des ouvrages
de J. Duboin :
« Quand il n’est plus nécessaire de payer un travailleur
pour qu’il produise, l’Etat doit le payer pour qu’il consomme. »
« Il serait plus facile de faire consommer le surplus de la production
par les chômeurs que de faire absorber les chômeurs par
une production qui n’a plus besoin d’eux. »
« Curieuse monnaie que celle qui empêche à la fois
de consommer et de produire ! » De l’hébreu pour tous ceux-là
qui persistent à marcher sur la tête.
Une conférence :
Le 10 janvier 1985, Guy Marchand, président
de la Commission « Tiers Monde et Développement »,
a fait à l’UNESCO une conférence sur ce sujet ; nous en
extrayons quelques passages essentiels.
« Que l’on soit un expert en questions monétaires ou non,
tout militant d’organisation contre la faim dans le monde est scandalisé
devant la contradiction suivante - d’une part, 2 milliards d’hommes,
vivent dans la misère ; - d’autre part, il y a trop de tout, trop
de lait, trop de viande...
D’une part, des biens de survie sont demandés et d’autre part,
des biens de survie sont détruits. Entre ces deux situations
contradictoires, il y a un SYSTÈME MONÉTAIRE INTERNATIONAL
qui ne remplit plus son rôle d’échange. »
« Depuis la fin des "30 Glorieuses", l’économie
française sécrète environ 200 000 chômeurs,
que les dirigeants soient de droite ou de gauche, et aucune perspective
de changement ne se voit à l’horizon... La science a progressé
parce que les scientifiques ont souvent changé de postulats.
Mais en économie, on reste dans le système d’une compétitivité
sans limites qui ne peut vendre qu’à une clientèle au
pouvoir d’achat injustement réparti et globalement insuffisant
puisqu’inférieur aux possibilités de production. »
« Comme le dit le Professeur Vinot : existe-t-il une raison d’ordre
supérieur pour priver la population des moyens d’achat des biens
qu’on est capable de produire ?
Guy Marchand cite Jacques Duboin, parmi d’autres personnalités
qui ont préconisé des solutions à cette situation.
Il propose la création d’une Commission d’experts internationaux
qui préparerait un projet de 10, 15 ou 20 ans, en partant de
l’étude critique du système actuel.
Un de nos lecteurs nous signale qu’il a découvert un dictionnaire de citations, édité à Genève en 1968 par Perret-Gentil, et qui, entre d’intéressants - extraits de divers auteurs, cite J. Duboin. Par exemple :
RÉVOLUTION ECONOMIQUE, MORALE
L’Homme tient de la Nature le droit à la vie. Il naît usufruitier
des richesses du monde, héritier du patrimoine de cette oeuvre
collective, poursuivie pendant des siècles pour l’amélioration
continuelle de la condition humaine. La fortune des hommes de notre
temps réside dans l’efficience des techniques qui permettent
de créer ses richesses.
A TOUS L’AISANCE MATÉRIELLE
Les progrès techniques entraînent inéluctablement
les sociétés humaines vers une nouvelle civilisation qui
sera fondée sur un système distributif. Notre génie
mécanique serait inutile s’il était incapable de créer
de la sécurité et des loisirs pour les plus humbles, pour
tous.
(« La Grande Relève », avril 1953)
De « La Croix », du 10 janvier 1985 :
Le chômage s’accroît dans des proportions
alarmantes. Mais si nous continuons à lier étroitement
les revenus au travail, nous allons tout droit, si ce n’est déjà
fait, vers un type de société duale : une minorité
de privilégiés bien informés et formés et
ayant un emploi peut bénéficier abondamment des bienfaits
de la société de consommation, alors qu’une foule croissante
de sous-consommateurs n’y a plus accès.
Affirmer dans ces conditions que l’on va créer des emplois nouveaux
et donner du travail à tous, relève d’une illusion criminelle
ou d’une démagogie à courte vue. Le « traitement
social » du chômage a déjà trouvé ses
limites au prix d’inégalités flagrantes. Partager le travail
? Est-ce partout possible ? Il faut faire accepter aux gens la nécessité
de partager aussi les revenus, ce qui n’est pas évident.
D’où une seconde idée : et si l’on accordait à
chaque individu, quelle que soit sa position sur l’échiquier
social, un droit à la subsistance ?
Ce droit nouveau se traduirait par l’accès de tout citoyen à
un véritable revenu social garanti, formulation contemporaine
d’un minimum vital, distribué par le truchement d’une monnaie
dite de consommation.
(Transmis par Paul Rosset)
Le système capitaliste que l’on a confié,
en 1981, aux guérisseurs socialo-communistes est entre bonnes
mains. Ils ne lui font pas le moindre mal. Hélas, la guérison
tarde. L’inflation continue à influer, le chômage à
augmenter, la popularité présidentielle à baisser,
Caroline de Monaco va se renverser dans les sables algériens.
Tout le monde cherche la solution, personne ne trouve.
Hilarius a trouvé :... le toutou !
En France le toutou est tabou. Personne n’y touche. Voyons.
Sur « Antenne 2 » une édifiante émission. Enthousiasmé
qu’il a été Hilarius !
Plus de neuf millions de chiens en France, sans parler des chats, hors
sujet. Cette présence entraîne l activité professionnelle
de centaines de milliers de mâles et femelles humains qui, sans
nos chers compagnons à quatre pattes, augmenteraient la masse
morne des locdus de l’A.N.P.E. A l’inverse, les producteurs de l’émission
canine font défiler la brillante cohorte des travailleurs du
chien vétérinaires radieux, toilettistes d’élites,
manucures maniérés, agents d’assurance pour chiens et
les contrôleurs de ces dits agents, éleveurs, sélectionneurs,
marchands, gardiens, toutou-sitters, chauffeurs de taxis spécialisés
dans le transport canins, soignants et soignantes du SAMU-CHIEN et,
couronnement de la corporation, sommet intellectuel, les psychologues
pour klebs. Car eux aussi sont traumatisés par la vie moderne.
Tous ces professionnels patentés se déclarent enchantés
de leurs honoraires ou pourboires et paient leurs impôts sans
hésitations ni murmures.
Un traître, cependant... un toilettiste qui se prétend
écoeuré et déclare que ses clientes sont des «
fêlées » et qu’il renonce au métier. (Le congre
!).
Le présentateur énonce que la moyenne de dépense
mensuelles est de 600 F. Une dame proteste et expose qu’elle consacre
1 500 F par mois pour chéri. Plusieurs pipistrelles énumèrent
les menus : foie, poulet rot !, saumon, foie gras, caviar, etc. Moins
explicite, plus laconiquement une charmante dit : « ce qu’il y
a de meilleur ». Une cintrée du plafond raconte qu’à
l’occasion de l’anniversaire de sa chienne elle invite tous les klébards
du quartier. Chaque aboyeur doit bouffer son gâteau individuel,
spécialement préparé par un pâtissier de
renom. Une grande amoureuse, style Yseult, présente son chien-lipette
et, excitée, conte ses relations sexuelles avec lui (Amour, amour
quand tu nous chien).
La para-industrie maintenant : boîtes de conserves, bonbons pour
chiens et chats, laisses, muselières (en baisse), paniers, litières,
couvertures, imperméables, bottes, cuissardes, chapeaux, pompons,
os synthétiques, jouets, ballons, etc. Autant d’objets dont la
production entraîne le bonheur du salariat et du patronat idoines.
Retombées indirectes : pub à la télé de
tout ou partie de ces produits, les plus mesquins se rabattent sur la
presse parlée ou écrite. Les boîtes de Ronron ou
de Canigou contiennent des rognures de basse bidoche dont les vieillards
sont heureux de se goberger à petits prix, de même que
les restaurants chinois qui en font des boulettes pour l’intelligenzia
parigote qui s’en pourlèche les babouines. (Hilarius a aperçu,
au Supermarché, la camionnette d’un chinois bourrée de
« Loyal »... un éleveur, probablement, honni soit
qui mal y mange).
Les astrologues pour canidés, pour chats, dans « France-soir
» ou « Ici- Paris » ou ailleurs, ça se paye
à la pige et ça fait monter les ventes (d’où la
papeterie, l’imprimerie, les encres, les kiosques, en meilleure santé,
les actions en Bourse d’Arjomarix et Hachette). Ajouter la presse caninophile,
une dizaine de magazines, dont le dernier est né avant l’an neuf
1985.
En 1984, 8.475 personnes mordues par nos petits amis. Bravo ! 8,475
visites de plus chez les médicastres (dont 20.000 sont sans clientèle)
autant de soins d’infirmières, de pansements, de pîqures
anti-rage ou anti-quelque chose, autant de récupéré
pour Pasteur. Des dossiers en supplément pour la Sécu
dont le rôle est de rembourser. Les chiens préfèrent
les fesses des proposés des Postes. Excellent. On embauche du
personnel temporaire. Bon an, mal an, 3 ou 4 gosses sont égorgés
par les molosses. Frais de funérailles au bénéfice
des Pompes funèbres dont le désintéressement fait
plaisir à voir.
Si vous avez une vache, cette saloperie va produire du lait. Du lait,
dont le débit français est supérieur à celui
de l’Amazone et du Brahmapoutre réunis. Qu’en feriez-vous ? Du
beurre.
Du beurre, dont la montagne de stocks culmine avec les sommets de l’Elbrouz
et de l’Aconcagua.
Si vous avez un cochon, vous aurez du béton et du jambon. Uniquement
bon à vous faire mal voir des importateurs de ces produits du
Danemark et de Hollande. Vous voulez foutre l’Europe verdâtre
en l’air ?
Le chien est l’animal sauveur. Les Français le savent. C’est
pourquoi ils cultivent le culte du chien sacré, laissant aux
sri-lankais et autres indouistes de s’adonner à l’idolâtrie
de -la vache sacrée de façon si stupide.
Le chien pousse le génie à ne rien produire... sauf 4.000
tonnes de merde par jour, mais dont pas une crotte n’est commercialisable
! On utilise le lisier de porc pour l’engrais et le terreau, mais bernique
du canin. Au contraire les Municipalités dépensent des
sommes folles pour leur ramassage et élimination ! L’idéal,
dans notre bien aimé système capitaliste est de consommer,
(ce que font les cabots) de payer (ce que font leurs maîtres-
serviteurs) de ne rien produire que l’on aurait à tenter de vendre.
Condition également remplie.
Le sloughi sauvera la France, comme aurait dû dire Poincaré !
Mais 9 millions de caniches, c’est miteux. Ce qu’il faut c’est le décuple,
le centuple. Supposons une magnifique population de 400 millions de
quadrupèdes !
Hilarius, entend déjà le Président Tonton, à
la tribune des Nations Unies, à New-York, martelant ses phrases
« Je m’adresse au monde entier. Je parle au nom d’un pays de 450
millions d’être vivants »... et les américains, japonais,
soviétiques, indiens, minoritaires, de plonger du nez...