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Les 12 et 19 mars : LE PEUPLE EST SOUVERAIN...
Mais dès le 20 mars : LE CAPITAL REPREND LE POUVOIR
VOUS n’en avez pas par-dessus la tête de la
campagne électorale ? Jamais on ne nous en aura autant saturés
! Pas un bulletin de radio, pas une information télévisée
qui ne cite de nouvelles ( ?) déclarations politiques...
Mais en est-on mieux informé pour autant ? Pas du tout, et 70
% des Français, d’après un sondage, pensent que les politiciens
ne leur disent pas la vérité. Ce qui vient confirmer le
témoignage fait récemment à la télévision
par un ancien ministre, Françoise Giroud, selon laquelle le Président
de la République estime qu’il est des vérités à
ne pas dévoiler au peuple de France, jugé apparemment
incapable de les comprendre...
Et avez-vous remarqué à quel point ce sont toujours les
mêmes qu’on nous passe ? Quelles que soient les réunions
qui se tiennent partout en ce moment, ce sont toujours les mêmes
dix ou douze « leaders » des grands partis qu’on cite. Et
s’il se disait quelque chose d’intéressant dans une petite réunion
? Tant pis. Elle ne nous sera rapportée que si un immense déploiement
de moyens publicitaires et tapageurs a réussi à attirer
l’attention des journalistes. Et si c’est le Président de la
République lui-même qui se lance dans l’arène pour
indiquer quel est son choix personnel, qu’il qualifie donc de bon choix,
tous les moyens nationaux sont mis à sa disposition, camions,
cars pleins de CRS, aviation, police et jusqu’aux Ponts et Chaussées
mobilisés pour refaire la chaussée sous ses pas.
Autre constatation : il existe aujourd’hui un langage officiel, celui
qui est propre aux meneurs politiques et aux journalistes de télévision.
Si bien que pour se faire entendre, il semble nécessaire d’avoir
passé son langage dans un certain moule, sans doute fabriqué
à l’E.N.A., définissant les formes, les phrases, les mots
à employer. Pourtant l’immense majorité des Français
parle une langue très différente. Ainsi la télévision
et la radio ne sont l’expression que d’une infime minorité de
Français. Et le public est à tel point conditionné
que si un ouvrier ou un paysan a, par hasard quelques secondes la parole,
c’est son langage qui surprend : il parait incongru. L’apparence, à
la télévision compte tellement plus que le fond que nombreux
sont les Francaises-Francais qui ont élu pour Président
celui des candidats qui « passait » le mieux la rampe.
*
Ras le bol ou non, très nombreux sont nos lecteurs qui nous ont demandé un numéro spécial pour les élections, contenant l’essentiel de nos thèses, des références, des questions à poser aux candidats. Ils veulent participer aux discussions qui vont avoir lieu un peu partout pour y faire réfléchir sur nos propositions. Nous ne pouvons que les aider et les encourager en souhaitant que leur exemple soit suivi par tous nos lecteurs.
CE QU’ON NOUS PROPOSE
NOUS ne nourrissons aucune illusion quant aux possibilités
de changement par le renouvellement d’une Assemblée législative
qui, d’ailleurs, ne détient pas le pouvoir.
Pour nous, quelle que soit l’issue du scrutin, l’absurdité du
régime économique continuera ses ravages puisqu’aucun
des partis en présence ne propose vraiment d’y remédier.
Il n’y a aucune raison de penser que si la majorité actuelle
l’emporte, elle entreprendra de changer une situation qu’elle détient
depuis vingt ans. Nous savons d’expérience comment ses belles
paroles et ses promesses de démocratie ou de justice se transforment
dans les faits. Même s’ils voulaient réagir, les tenants
de ce régime sont liés par les intérêts qui
les ont mis en place.
Il est donc normal que beaucoup d’espoirs convergent vers la gauche,
par opposition. L’échec des négociations pour actualiser
le programme commun a déçu certains. D’autres l’ont interprété
comme la preuve d’une conviction sincère dépourvue d’électoralisme
chez les négociateurs. Pour nous. il a été la confirmation
qu’il n’est pas possible d’établir un programme de gouvernement
satisfaisant des aspirations sociales sans changer le système
des prix-salaires-profits. Nous appuyons la lutte fort légitime
des travailleurs contre l’emprise du grand capital, mais nous ne pouvons
pas suivre lorsqu’il s’agit, pour sauvegarder des emplois, de maintenir
coûte que coûte n’importe quelle usine, n’importe quelle
fabrication inutile ou nuisible, avions de prestige et armes nucléaires
compris.
Entre l’injustice et le gâchis, une troisième voie s’est
fait jour. Sous l’étiquette d’écologistes se regroupent
ou votent tous ceux qui veulent qu’on pense avant tout à l’homme,
à la qualité de sa vie, à son épanouissement.
Mais cette attitude. parce nu’ elle a pour mobile une réaction
contre l’absurdité environnante et ses dangers, n’a pas atteint
le stade constructif de proposition d’une nouvelle société.
Etre contre les pollutions du corps et de l’esprit c’est bien, mais
prêcher pour cela le renouveau de la moralité ou le renoncement
aux progrès techniques... Autant dire à un alcoolique
invétéré : « Sois raisonnable, cesse de boire
! ».
CHERCHER LA CAUSE...
NOUS aussi, et depuis plus de 40 ans, nous dénonçons
tous les gâchis et toutes les absurdités qui nous environnent.
Mais nous en cherchons objectivement la cause profonde, pour en déduire
la façon de l’éliminer en adaptant notre système
social aux conditions économiques du XXE siècle.
On a toujours tendance, en France surtout, à imputer tous nos
malheurs à ceux de nos compatriotes qui ne partagent pas nos
opinions. On dénonce l’avidité du patronat, l’âpreté
au gain des paysans, l’incompréhension des bureaucrates, la faiblesse
des gouvernements, la démagogie des partis politiques, la disparition
de la moralité, l’égoïsme des jeunes, etc... Tous
ces reproches que les hommes s’adressent mutuellement sont sans doute
en partie fondés. Mais les tares ainsi dénoncées
ne sont que les conséquences d’un régime économique
et social périmé.
Lorsqu’on fait l’analyse de ce qui ne va pas, on aboutit à dénoncer
une effarante disparité des moyens dont disposent les êtres
humains pour vivre. Pour ne parler que de ce qui se passe en France,
on constate que des êtres qui placent la fraternité dans
leur devise vivent, les uns dans des conditions misérables, à
côté d’autres pour qui on a dépensé des dizaines
de milliards pour leur permettre seulement de gagner quelques heures
lorsqu’ils veulent traverser l’Atlantique. Depuis des siècles,
les conditions de vie des malheureux n’ont pratiquement pas évolué,
en comparaison du bouleversement total des moyens dont disposent depuis
quelques décennies les plus favorisés. On raconte que
le fisc réclame à un chanteur un milliard d’impôts
(ce nui n’est donc qu’une fraction de ses revenus), cela représente
combien de fois le salaire annuel d’une caissière d’hypermarché
?
On constate donc que les prodigieux progrès techniques dont nous
ayons été témoins ont profité d’une façon
scandaleusement inégale aux classes laborieuses et aux privilégiés.
La disparité est bien plus grande qu’à la veille de la
révolution de 1789.
Et c’est ainsi qu’au cours de la campagne électorale on pourra
entendre les uns réclamer pour les travailleurs, et de fanon
tout à fait légitime, une relance de la production tandis
que les autres réclament au nom de l’environnement un arrêt
de la croissance et des pollutions qu’elle entraîne. Mais ni les
uns ni les autres ne s’aperçoivent que ni la relance ni le frein
ne viendront à bout des inégalités sociales.
C’est au niveau de la répartition des moyens de disposer de la
production qu’il faut agir.
Et c’est à ce niveau que se situent nos propositions.
D’OU VIENT LE POUVOIR D’ACHAT ?
IL n’y a pas de mystère : c’est la production
qui est la source de tous les pouvoirs d’achat : les producteurs avancent
l’argent nécessaire pour paver la production. les clients les
remboursent en achetant les produits, soit directement. soit par l’intermédiaire
de commerçants. intermédiaires et prestataires de services,
fonctionnaires et militaires, dont le pouvoir d’achat, prélevé
sur celui des consommateurs ou des contribuables, n’est qu’une étape
dans le cycle qui se referme au niveau d’une nouvelle production. C’est
ainsi que LE VOLUME DE LA PRODUCTION CAPITALISTE EST DETERMINE PAR LE
POUVOIR D’ACHAT DES CONSOMMATEURS. L’ECONOMIE CAPITALISTE NE PREND EN
CONSIDERATION QUE LES BESOINS SOLVABLES.
Et si la production est réalisée avec moins de travail
humain, elle injecte dans ce circuit d’autant moins de pouvoir d’achat,
les machines qui réalisent la production n’en percevant et n’en
distribuant guère. Les chômeurs ainsi éliminés
du cycle, sont autant de clients en moins pour les commerçants,
pour les prestataires de service, autant de contribuables en moins,
alors qu’ils augmentent les charges fiscales des autres, ce qui fait
monter les prix. D’où une crise grandissante depuis qu’il est
« rentable » pour un producteur de remplacer un travailleur
par un automatisme.
LA SOLUTION
IL convient donc de repenser le mode de distribution
du pouvoir d’achat, dès lors que celui qui est en vigueur n’est
plus adapté aux moyens modernes de production et que cette inadaptation
entendre une crise grave par les injustices qu’elle crée et qu’elle
accentue.
Le moyen est simple, même s’il bouleverse les habitudes : le pouvoir
d’achat ne doit plus dépendre des fluctuations de l’emploi. Il
faut dissocier, pour tout individu, ses revenus de son temps de travail
et réaliser un système d’économie distributive
(voir n°161. Le volume de la production à réaliser
doit être décidé en prenant en considération
les besoins réels et les possibilités de les réaliser
(matières premières, énergie, état des sols,
machines, environnement, etc.) et non plus en fonction d’une monnaie
dont la valeur chute quand le leader d’un parti politique s’enrhume.
C’est cette décision de production qui est fondamentale et détermine
toutes nos conditions de vie. C’est parce qu’elle repose actuellement
sur la disparité des moyens d’achat qu’elle augmente le fossé
entre les riches et les pauvres. C’est en devenant l’affaire de tous
qu’elle permettra la vraie démocratie.
Le volume de la production (et bien entendu celui des services nécessaires)
étant ainsi décidé, on possède les moyens
d’en déduire la quantité de travail humain qu’il faut
employer pour les réaliser. Ceci définit la durée
du service social auquel chacun est tenu de participer à son
tour et selon ses aptitudes.
Il reste alors à distribuer la production ainsi décidée
et réalisée par tous. Le moyen est simple : il suffit de
créer une monnaie destinée à cet effet. Une monnaie
qui représente exactement la production à répartir
et qui perd sa valeur dès qu’elle a été utilisée.
Comme il ne s’agit pas d’obliger tout le monde à manger tant
de kilos de pommes de terre, d’acheter tel manteau de série et
de parcourir tant de kilomètres par an, il faut remettre périodiquement
à tout individu, homme, femme. enfant, (in revenu qu’il dépensera
selon ses goûts et ses besoins. L’important est que la somme des
revenus distribués soit l’équivalent de la production
en biens et en services réalisés par l’ensemble de la
société. Et les choix faits par les consommateurs, inscrits
par les détaillants (comme à l’heure actuelle) doivent
aider à la détermination convenable de la production à
renouveler, Ainsi ce ne sont plus les besoins solvables qui décident,
ce sont les besoins réels des consommateurs. D’autant plus réels
que les campagnes publicitaires pour une absurde société
de consommation n’auront plus de raison d’être : pousser à
la consommation se traduira par augmenter le temps de travail social
obligatoire pour tous.
Il faudrait, dans un exposé complet, en examiner en détail
toutes les conséquences. Par exemple, expliquer qu’en ce qui
concerne les échanges avec l’étranger, il s’agit toujours
de troc, marchandises contre marchandises, même si le troc n’est
pas direct. Il est donc possible de tenir une comptabilité de
ces échanges, quelle que soit la monnaie dans laquelle on l’exprime.
Il faudrait surtout mettre en relief les conséquences humaines
d’une telle redistribution du travail, des biens et des services. On
s’apercevrait vite que si elle ne résout pas tous les problèmes,
elle apporte une solution raisonnable et équitable à la
plupart de ceux dont les conséquences sont aujourd’hui les plus
désastreuses.
MAIS nous n’avons pas la place ici d’exposer la totalité
d’une théorie qui a fait l’objet d’un très grand nombre
d’ouvrages (1) depuis sa création par Jacques Duboin. Notre équipe
de rédaction se contente de saisir les faits d’actualité
qui permettent d’en apprécier les avantages par rapport à
la réalité.
De tous ces avantages, le moindre n’est sûrement pas l’égalité
de tous devant la connaissance, l’information et la prise de décision.
C’est pourquoi nous consacrerons de prochains articles à ces
questions fondamentales et nous demandons d’ores et déjà
à nos lecteurs d’y apporter leurs réflexions personnelles.
(1) Voir sous la rubrique « Initiatives » p. 14 et en dernière page, les moyens d’emprunter ou de se procurer ces ouvrages.
C’EST un Français moyen qui vient vous féliciter,
Monsieur le Président, pour la façon dont Mous nous faites
comprendre, avec la fable du maçon, qu’il y a intérêt
à réparer plutôt qu’à démolir, pour
reconstruire la maison.
Mais, puisqu’il y a réparation à faire, votre serviteur
voudrait en connaître la nature et le pourquoi.
Il lui apparaît que le gros-oeuvre, les murs, sont solides ; il
y a dans cette maison (on le devine sans peine, c’est notre pays) de
très bonnes terres et des paysans compétents, courageux,
pour les cultiver, de bons ingénieurs et ouvriers, pour faire
marcher des usines modernes.
Il y a bien le toit qu’on ne peut jamais complètement réparer,
qui laisse filtrer l’inflation, le chômage. Ceci est inquiétant.
Si l’on faisait appel à l’architecte pour vérifier ?
Le voici. Il cherche, et ne trouvant rien d’extraordinaire, ni au grenier,
ni dans la maison même, décide d’aller voir les fondations,
et là, stupéfaction : il semble qu’un séisme, analogue
à un tremblement de terre, soit passé par là !
Le principal pilier, celui que l’on appelle libéralisme économique,
est fissuré de toutes parts. On lui a même mis de nombreux
étais ; leur nom étant inscrit sur chacun d’eux, il est
facile de les identifier : aide aux personnes âgées, aide
aux handicapés, aide aux chômeurs, aide aux grandes entreprises
en difficulté, aide aux reconversions d’emploi, aide aux femmes
restant au foyer, aide à l’exportation, en cédant parfois
à vil prix des produits en excédent ( !), aide au F.O.R.M.A.
pour garder une certaine rentabilité aux produits agricoles où
l’abondance est devenue une calamité, et combien d’autres aides
plus ou moins importantes sans lesquelles le pilier du libéralisme
se serait effondré !
Se retournant, l’architecte aperçoit les deux autres principaux
piliers de l’édifice et comprend tout de suite pourquoi il pleut
dans la maison l’un de ces piliers anormalement élevé
: l’offre, par rapport à l’autre, la demande, empêche l’équilibre
de l’édifice ; il provoque des lézardes sur le toit ;
les pluies de chômage et d’inflation rendent le sous-sol mouvant,
accentuant le danger d’écroulement.
Expliquant ces choses, l’architecte conseille de construire un nouveau
pilier ayant de larges assises, pour rétablir l’équilibre
et empêcher de pleuvoir.
C’est, explique-t-il, la seule réparation vraiment efficace.
Sur ce, l’architecte construit la maquette du nouveau pilier de l’édifice
et la présente au maçon.
Puis-je vous dire le nom de cet architecte, Monsieur le Président
; il s’appelait Jacques Duboin, et sa maquette c’est l’Economie Distributive,
édifiée il y a près de cinquante ans. Il a prévu
la plus grande révolution économique de tous les temps,
celle qui provient des progrès foudroyants des techniques. Depuis
l’édification de la maquette, toutes ses prévisions se
sont vérifiées.
LA campagne électorale offre une occasion unique d’obliger les politiciens à reconnaître l’insuffisance de leur programme et les contradictions dont il est farci. A cet effet, voici quelques questions précises qu’il faut leur poser :
A TOUS LES CANDIDATS
I.- Estimez-vous normal un état de choses qui
laisse 2 millions de Français dans la misère (J, faute
de pouvoir d’achat, alors que la production est si abondante que les
magasins regorgent de marchandises, qu’on « assainit » les
marchés agricoles, et que des milliers de travailleurs sont obliges
de se croiser les bras ?
S’il vous répond qu’une croissance forte est nécessaire
et que seul un essor industriel vigoureux peut assurer à la France
le maintien et le développement du niveau de vie, l’amélioration
de l’emploi, faites lui remarquer qu’il est absurde d’inviter les industriels
à produire davantage alors qu’ils sont incapables de vendre ce
qu’ils ont déjà produit.
II.- Pourquoi les Français ne sont-ils pas capables d’acheter
ce qu’ils sont capables de produire ? Est-ce que cela ne choque pas
le simple bon sens ? Alors que proposez-vous pour en finir avec cette
contradiction stupide ?
III. - Pourquoi les Français ne sont-ils pas capables de «
financer » ce qu’ils sont capables de produire ?
Donner ici l’exemple d’une mdnicipalité qui voudrait construire
une école, ou un hôpital, ou des logements. Pour exécuter
ces travaux urgents tout est à pied d’oeuvre : matériaux,
outillages, techniciens et travailleurs. Pourquoi la municipalité
est- elle obligée de renoncer à ces travaux ou tout au
moins de les ajourner, sous prétexte qu’elle manque d’argent
?
Qui fabrique les crédits ? L’argent n’est aujourd’hui que du
papier (billets de banque) et des
écritures (monnaie bancaire). Qui a donc le droit de fabriquer
cet argent selon son bon plaisir en exigeant qu’on lui en rembourse
davantage ?
IV.- Notre système financier nous empêche à la fois
de produire et de consommer, quelles réformes proposez-vous de
faire ?
AUX DEPUTES SORTANTS QUI ONT FAIT PARTIE DE LA MAJORITE
I.- Le gouvernement que vous avez soutenu de vos votes
(parfois sans enthousiasme) s’est vanté d’avoir fait reculer
le chômage. C’est la preuve que son « plan de redressement
» a été couronné de succès. En même
temps, il entend développer la productivité qui diminue
le nombre des emplois. A quel moment parle-t-il sérieusement
?
II. - N’avez-vous pas autorisé le gouvernement à prendre
des milliards dans nos poches pour subventionner l’exportation à
bas prix ou à crédit bon marché de produits que
les Français n’ont pas les moyens d’acheter ?
III.- Comment trouver des débouchés chez les autres quand
les autres se plaignent aussi d’en manquer ? Comment ferez-vous communiquer
des vases qui débordent ? Que coûtent chaque année
les organismes du Marché Commun aux contribuables français
?
IV.- Pourquoi plus les produits se vendent mal, plus leurs prix montent
!
AUX CANDIDATS DE LA GAUCHE
I.- En quoi votre programme se différencie-t-il
fondamentalement de celui des candidats de droite ?
II. - Si vous entendez augmenter les salaires, quelles mesures prendrez-vous
pour que cette augmentation ne soit pas incorporée dans le prix
de vente ? donc pour qu’elle n’augmente pas le prix de la vie ?
(*) Voir « Le Monde » du 17 novembre 1977 : « Le quart- monde en France : deux millions de personnes ».
Dans son discours de BLOIS sur les « objectifs
» d’action pour les libertés et la justice », qu’il
a prononcé, Raymond BARRE a, à la proposition n° 18,
déclaré qu’il sera institué.., en 1979 (pourquoi
pas tout de suite) un Revenu Minimum (pourquoi pas maximum)... mais
pour les familles ayant trois enfants au moins.
Or, cette parodie d’Economie Distributive (si elle voit le jour, O promesses
électorales !) sera employée de façon démagogique
pour favoriser l’expansion démographique !
Serait-ce à dire que notre idéal peut être galvaudé
au point de l’accommoder à la sauce capitaliste pour replâtrer
une économie libérale croulante et perpétuer ainsi
l’inégalité et la domination ?
Non, Messieurs les profiteurs, l’Economie Distributive ne pourra être
instituée que dans une Société s’étant débarrassé
de votre économie marchande et de toutes les injustices qu’elle
représente ; y compris celle de promouvoir l’expansion démographique
qui fait aussi courir le monde à la catastrophe !
L’Economie Distributive n’est pas une panacée permettant de jeter
de la poudre aux yeux des consommateurs. L’Economie Distributive est
la Libération Economique et Sociale complète de l’Humanité.
C’est l’Abondance dans la production, et la consommation par le REVENU
SOCIAL MAXIMUM POUR TOUS. Alors, je vous en prie, ne la salissez pas
!
LE 28 janvier 1978, le Président de la République,
discourant à Verdun sur le Doubs sur le « bon choix »
que les Français seront appelés à faire les 12
et 19 mars prochains, déclarait : « Je ne permettrai jamais
que les Français puissent dire : on nous a trompés. »
(gros titre dans « France- Soir », bien sûr).
Les Français ont la mémoire courte, c’est bien connu,
et tout le monde en profite et nos gouvernants les premiers.
Le barrage contre l’inflation
CAR enfin, n’est-ce pas ce même Valéry
Giscard d’Estaing (pas encore Président de la République,
il est vrai) qui, en 1960, proclamait fièrement : « J’ai
élevé contre l’inflation un véritable barrage ».
Barrage qui s’est révélé de la même solidité
que le barrage de triste mémoire de Malpasset, puisque, depuis
1960, et selon le très officiel I.N.S.E.E., les prix ont augmenté
de 262 %.
N’est-ce pas encore le même Valéry Giscard d’Estaing qui,
ministre des Finances de 1962 à 1966, puis (après avoir
fait campagne contre le général de Gaulle en 1969), de
1969 à 1974 nous a répété tous les ans avec
la même assurance que la hausse des prix ne dépasserait
pas... la moitié (ou à peu près) de ce qu’elle
s’est avérée être en fait.
Nos lecteurs savent, eux, depuis longtemps, qu’en économie capitaliste
il est vain de prétendre lutter contre l’inflation et que ce
« mal terrible » est nécessaire pour assurer l’expansion.
Nous ne ferons pas au Président de la République, ancien
élève de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole Nationale
d’Administration, l’injure de croire qu’il l’ignore... Mais alors, pourquoi
nous répéter à longueur d’année que l’inflation
sera vaincue ? Qui veut-il tromper, sinon les Français ?
R. BARRE et la Trilatérale
QUI ment, qui trompe les Français lorsqu’il
feint de s’indigner des ingérences américaines dans la
politique française ou italienne sinon le Premier ministre R.
BARRE, dont on ne parle jamais de l’appartenance à la Trilatérale
?
La Trilatérale ? Rares sont les Français qui savent ce
que c’est. La grande presse n’en parle pas (et pour cause !).
Eh bien, sachez que cette Commission internationale a été
fondée en 1973 par David ROCKEFELLER, président de la
Chase Manhattan Bank, et qu’elle regroupe en son sein les tout-puissants
d’Amérique du Nord, de l’Europe et du Japon (1).
Son but, c’est d’unifier le Nord pour faire face au Tiers-Monde et s’opposer
a la progression électorale communiste en Europe de l’Ouest.
Estimant que les democraties « liberales » tendent à
devenir ingouvernables (2), quelles sont gravement menacées par
les intellectuels et les journalistes, la Trilaterale entend renforcer
le principe d’autorité. (Nous voilà donc avertis !).
C’est cette commission qui a « fabriqué » Jimmy CARTER
(1) et qui lui a impose ses principaux collaborateurs tels que le vice-président
Walter MONDALE et Zbignew BRZEZINSKI, principal collaborateur du President
et premier directeur de la Trilatérale.
Lorsque l’on sait tout cela, on peut apprécier l’étendue
de la duplicité du Premier ministre et on ne s’étonne
plus de sa politique systématique de mise au pas de la Presse
et dd démantèlement de l’Université, pas plus que
de la liquidation, pour le plus grand profit des Américains,
de secteurs clés de l’économie tels que l’informatique
ou l’industrie des composants électroniques, ou encore, dans
le domaine des réacteurs nucléaires, le choix des systèmes
à eau pressurisée (licence Westinghouse) au détriment
de la filière française graphite-gaz.
Ce ne sont là que quelques exemples, très révélateurs
et très inquiétants, des mensonges de nos gouvernants
actuels, et la liste est longue des déclarations et des promesses
que « les Princes qui nous gouvernent » depuis vingt ans
nous ont faites et qui n’ont pas été tenues ! Mais dans
la Trilatérale il n’y a pas que des banquiers et des hommes politiques :
Il faut aussi que les agriculteurs français, objets depuis quelque
temps (pourquoi, diable ?) de la sollicitude du Président de
la République et de son Premier ministre, sachent que Michel
DEBATISSE, président de la puissante F.N.S.E.A., appartient lui
aussi à la Commission Trilatérale. Cela leur permettra
peut-être de voir sous un jour nouveau les problèmes qui
se posent à eux.
Enfin, nos camarades membres de la C.F.D.T. pourront aussi interroger
leurs dirigeants sur les raisons de l’appartenance à cette même
Trilatérale de l’un des leurs, René BONETY.
Ces quelques compléments, ou dessous de table, que nous vous
avons donnés et qui permettent de voir la vie politique française
et internationale sous un tout autre aspect, qui est-ce qui vous les
refuse, qui vous les cache, et pourquoi ? N’est-ce pas le pouvoir en
place ?
Alors, qui ment ? Qui trompe les Français ?
(1) Le Monde Diplomatique, n°272, Novembre 1976.
(2) The crisis of Democracy, Report on the governability of democraties
to the Trilateral Commission - New-York University Press, 1975.
A qui se fier ?
Le très sérieux « Wall Street Journal » qui,
a notre connaissance, n’est pas un journal gauchiste ni l’instrument
de Moscou, offrait récemment à ses lecteurs un éditorial
dans lequel on pouvait lire : « Les ennuis du Président
Valéry Giscard d’Estaing viennent peut-être du fait qu’il
a choisi un professeur d’économie politique comme Premier ministre
» !
Quand on sait que R. BARRE a été qualifié de «
meilleur économiste français » par le président
de la République lui-même, on ne peut guère avoir
beaucoup d’illusion sur la capacité des autres économistes
et des ministres.
*
Dans une interview au « Monde » du 5 novembre
1977, Lionel STOLERU, secrétaire d’Etat au Travail, se félicite
de ce que, sous l’impulsion de M. BEGIN, Israël revienne enfin
à l’économie libérale. Et Stoleru pose la question
: « Est-ce qu’Israël est disposé à accepter
dans les années à venir la rançon du libéralisme,
c’est-à-dire l’accroissement des inégalités sociales...
»
Voilà donc un aveu dépourvu d’artifices. Gageons que M.
Stoleru ne manquera pas de rappeler cette définition du libéralisme
tout au long de sa campagne électorale.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, je signale que M. Lionel Stoleru
est membre du Carrefour Social Démocrate.
*
Apres quoi le meme Stoleru declare : « Le socialisme
est synonyme de societe d’assistance, d’assurance tous risqués
et d’interventionnisme public ». Je suis cependant sur que lorsqu’il
ne sera plus ministre, ce qui ne saurait tarder, M. stoleru trouvera
tout naturel de percevoir sa retraite payée par l’Etat et de
continuer a beneficier des prestations de la Sécurite Sociale.
Quant a l’interventionnisme public qu’il deplore tant, n’est-ce pas
le gouvernement dont il est membre, qui le pratique allègrement
pour prendre en charge les déficits des grosses entreprises privées
dont les patrons sont, bien sur, de farouches defenseurs de l’economie
liberale... quand il font des benefices ?
*
L’INSEE a calculé que le montant total des aides directes et indirectes de l’Etat a la metallurgie (secteur privé) s’était monté en 1976 à 60 milliards de francs lourds, ce qui représente 3 478 francs par mois et par salarié.
*
Dans un article intitulé « Politique
de classe » (« Le Monde » du 25-11-77) M. Pierre URI
écrit. « Certaines années les subventions de tous
ordres versées par l’Etat aux entreprises privées ont
été plus élevées que les dépenses
de fonctionnement direct des administrations civiles... On fait porter
le blâme aux entreprises nationalisées alors qu’à
travers elles et grâce à des ventes (transport des marchandises,
gaz ou électricité, ...) au-dessous du prix de revient
s’opère un énorme transfert en faveur de l’industrie privée.
Il n’est pas étonnant qu’en contre-partie la part disproportionnée
des charges publiques retombe, par l’impôt sur le revenu, sur
les travailleurs, et, par l’impôt indirect (aux taux les plus
élevés du monde), sur les familles les plus modestes,
celles qui dépensent tout ce qu’elles gagnent...
Entre les impôts non réclamés et la masse des subventions
de tous modèles, c’est, chaque année, depuis vingt ans,
quelque chose comme 7 à 8 % du produit national qui, aux frais
des contribuables effectivement trappes, va au maintien du pouvoir en
place ».
Apres quoi M. BARRE prêche la rigueur pour les salariés.
*
C’est quand meme bien pratique cette societe liberale
avancee : estimant que le traffic n a pas atteint l’importance qu elle
escomptait pour lui permettre d assurer sa rentabilité, la societe
de l’Autoroute Paris-Est-Lorraine vient de demander de resilier le contrat
de concession qui la lie aux pouvoirs publics.
En d autres termes, elle veut revendre a l’Etat l’autoroute qu’elle
a construite, parce qu’elle ne fait pas des benéfices suffisants.
Mais entendez le tintamarre que ça ferait si les partis de gauche
proposaient de nationa-liser les autoroutes !
*
En Norvège, pour lutter contre le chomage,
le gouvernement veut réduire ta consommation en 1975 (faut-il
vraiment être un économiste brillant pour voir qu’en diminuant
la consommation, on diminue le chômage...) .
Le Fonds Monétaire International exige du pauvre Portugal qu’il
renforce les mesures d’austérité et notamment qu’il réduise
sa croissance économique pour pouvoir bénéficier
d’un prêt.
Il est vrai que le déficit de la balance commerciale portugaise
aura atteint en 1977, 2,4 milliards de dollars. Mais c’est bien peu
de choses à côté de celui des Etats-Unis qui dépasse
20 milliards de dollars et qui selon les experts restera à ce
niveau pendant plusieurs années consécutives. Mais les
Américains, eux, se moquent du Fonds Monétaire International
et font baisser leur dollar afin d’exporter plus facilement leurs productions.
L’Austérité n’est pas pour les Américains !
Pour soumettre les hommes à l’argent
Dans les écoles petites ou grandes
On leur apprend tout simplement
Grace a des faux enseignements
A demeurer des ignorants
Soumis a la mystification
Des dispensateurs de l’argent.Le monde est soumis à l’argent
Parce que les hommes émotionnels
Sont dirigés comme des pantins
Par des « hommes d’affaires » très malins
Qui savent bien tirer les ficelles.L’argent, veau d’or, est déifié
Par notre système financier
Qui fait crouler l’économie.NON. L’Argent ne sert pas à vivre
Son rôle est celui de détruire.
Mais pour bien le comprendre
Il faut très grande intelligence
Ou mieux encore : grande conscience.
Dans le numéro 154 de la revue « Pour
l’enfant vers l’homme », éditée par la Fédération
Cornec des parents d’élèves, nous relevons les conclusions
d’un article de Jean-Louis BRUN.
L’article, intitulé : « Anticipation 2977 » est un
récit de socio-fiction. Sa conclusion pourrait être pour
demain, mais pourquoi pas dès aujourd’hui ?
« Toutes ces qualités constituent autant de valeurs que
doit dispenser une école ouverte à tous - foyer d’éducation
permanente - se proposant de permettre dans une société
améliorée qu’elle contribuerait à promouvoir, de
ne plus concevoir le travail comme une malédiction, de retrouver
le sens de la communication, de faire du temps libre un temps authentiquement
libéré. Dans une telle structure non plus fondée
sur le profit ou le plaisir de dominer, l’homme pourrait se consacrer
à lui-même et aux siens, pour bâtir son bonheur et
celui de ses proches tout en coopérant naturellement à
la promotion du bienêtre de la société. Savoir-aimer
et savoir-comprendre le feraient ainsi accéder à l’indispensable
savoirentreprendre qui permet de progresser... »
« Que voilà une réflexion féconde pour approfondir
et développer notre engagement... »
En relisant J. Duboin
APRES les grands battages complaisamment televises
pour conditionner l’opinion publique, commencent les intarissables commentaires
sur le rite electoral, pour achever de désorienter l’électeur.
Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour imaginer que ces préoccupations
sélectionnées, enfoncées dans la cervelle du Français
moyen, porteront leur fruit : la prolongation du statu-quo économico-
social.
POUR COMBIEN DE TEMPS ENCORE ?
NOUS ne lisons toujours pas dans le marc de café, mais nous pouvons dire qu’à la vitesse du développement du chômage et de la dévaluation ,le blocage dés échangés ne tardera plus longtemps à nous contraindre à un nouveau mode de répartition des biens.
CONSTAT DE FAIT
JACQUES Duboin écrivait, il y a 40 années
C’est la production sous toutes ses formes (y compris les entreprises
de transport, de vente, etc.) qui solvabilise les besoins des consommateurs,
dans la mesure où ils participent.
Vouloir l’ignorer dans le bouleversant assaut des techniques de production
auquel nous assistons c’est de l’inconscience ou du calcul intéressé.
Eluder les adaptations comptables qui découlent de l’irréversible
déclin du mode de solvabilisation de la consommation, ce n’est
plus seulement de la suffisance inconsciente, c’est le mépris
volontaire de l’intérêt collectif.
INCONSCIENCE DES HOMMES POLITIQUES
NOS hommes politiques de tous horizons sont unanimes
à partager cette inconscience. Admettons-le des partis conservateurs,
accrochés à la survie de leurs privilèges ; mais
des partis dits de gauche, se prétendant progressistes !... Quelle
notion se font-ils donc encore du socialisme qui s’impose de nos jours
? Alors que notre équipement productif de plus eh plus automatisé
nous inonde de biens sans contre-partie, nos « socialistes »
prônent l’échange, propre à l’économie de
rareté.
- les uns persévèrent dans le réformisme, cherchant
à corriger les défauts du régime capitaliste, tout
en conservant sa structure échangiste et son mode de répartition
des biens : « à chacun selon ses oeuvres ».
- les autres louchent vers le socialisme d’Etat, mitigé de réformisme,
qui conserve également la répartition échangiste,
mais sous direction étatique et où la formule de répartition
dés biens devient : « à chacun selon sa fonction
». C’est blanc bonnet et bonnet...
Par la vertu des options politiques, l’échange de l’âge
de la faux subsiste, alors qu’il est irrémédiablement
condamné par les techniques nouvelles de production.
UNE DEFINITION DU SOCIALISME DE NOS JOURS
Citons la claire conception du Socialisme que Jacques
Duboin précisa dans « DEMAIN OU LE SOCIALISME DE L’ABONDANCE
» (1)
« Dans un pays où la production peut croître en meure
temps que le chômage, le socialisme ne consiste ni dans un changement
de personne (toute chose restant en l’état), ni dans la confiscation
de l’argent des riches, ni dans l’agitation des masses populaires, ni
dans la simple conquête du pouvoir, ni dans l’amélioration
du sort des déshérités dans le cadre de la société
actuelle, ni de la participation de la classe ouvrière aux bénéfices
de la classe dirigeante, ni même dans le partage des terres, qui
est une ineptie de première grandeur dans les pays où
il n’y a plus de travail pour tout le monde, ni dans le changement des
gérants de l’appareil de production, etc...
« Le socialisme est une organisation nouvelle et permanente, dont
l’essence est de remplacer par une seule entreprise nationale la totalité
des entreprises privées ; c’est donc l’exploitation collective
des moyens de production avec droit individuel et égal aux produits.
« En d’autres termes : le SOCIALISME est l’égalité
des conditions économiques de tous les membres de la société
: Revenu égal à âge égal. Le socialisme ne
peut se réaliser que dans une société sans classe,
ce qui implique que les échanges n’existent plus et que production
et distribution sont devenues fonctions sociales.
« Il ne s’agit pas simplement d’une révolution politique
consistant uniquement dans quelque changement dans la constitution,
ou d’une diminution ou une extension des libertés publiques,
ou dans des mutations dans le personnel dirigeant : il s’agit d’une
révolution sociale, c’est-àdire du remplacement des lois
et des règlements sur lesquels reposent la vie civile et la manière
de vivre de chacun, par d’autres lois transformant tous les rapports
sociaux. (2)
« A la vérité, toute doctrine économique
doit s’adapter au mode de production des richesses et évoluer
avec le progrès des techniques.
« Dans une société où l’abondance est possible,
le socialisme ne peut plus être celui qui convient à un
pays où la disette est obligatoirement le lot d’une importante
fraction de la population. Ce qui revient à dire que partout
où l’échange demeure le véhicule de la distribution,
le socialisme doit être, lui aussi, basé sur l’échange
; mais là où l’abondance peut régner grâce
à un haut degré d’équipement économique,
où les échanges sont donc devenus rares et difficiles,
un socialisme nouveau est devenu nécessaire, et, par la force
des choses, ne peut plus être construit sur l’échange.
Nous l’appelons le SOCIALISME DE L’ABONDANCE pour l’opposer à
celui de la rareté. Et si j’insiste sur cette distinction, c’est
que le premier s’impose comme le seul régime économique
désormais possible dans un pays ayant atteint le stade de l’abondance,
tandis que le second ne se propose que d’apporter plus de justice dans
le fonctionnement des échanges ». (3)
De nos jours, en l’an 1978, 34 années après sa parution,
(1) l’évolution des faits s’est poursuivie ; leur pression est
si forte que l’échangisme se meurt et fait anarchiquement place
aux revenus sociaux (revenus sans contre-partie de travail humain) des
centaines maintenant sont répartis à la collectivité
sous des dénominations variées.
Sous le couvert de la compétition électorale, la complaisante
et large orchestration des problèmes tronqués, par la
presse, la radio et la télévision, est devenue indispensable
pour gagner du temps et masquer la nécessité de codifier
un mode de répartition distributif.
N’est-ce pas significatif ?
(1) Les citations sont extraites de : « Demain
ou le Socialisme de l’Abondance ». Editions O.C.I.A. 1944 (2e
édition).
(2) Pages 143 et 144.
(3) Page 145.
Avant d’agir, il est nécessaire de savoir ce que l’on veut, de définir au moins dans ses grandes lignes fondamentales l’OBJECTIF à atteindre.
LE BUT
...OR, la quasi totalité des partis dits «
de gauche » petits ou grands et la plupart des révolutionnaires
ou de ceux qui désirent l’être nous parlent de nationalisations,
de cogestion ou d’autogestion, etc., et se taisent sur l’ESSENTIEL,
à savoir que le socialisme est incompatible avec l’économie
de marché pour une raison fondamentale qu’il conviendrait de
crier clairement.
Lorsque les machines permettent de produire toujours plus avec moins
de travail humain, il devient nécessaire de rétribuer
les consommateurs en se basant sur l’ensemble de la production et non
plus sur le nombre d’heures de travail !
L’organisation économique nécessaire à la mise
en pratique du grand principe de base énoncé plus haut
implique l’abolition de l’économie marchande, c’est-à-dire
de l’économie capitaliste privée ou nationalisée,
dans la création d’une monnaie socialiste nouvelle, une monnaie
dite de « consommation » (voir p. 16) de manière
à maintenir constant l’équilibre entre la quantité
de pouvoir d’achat disponible et la quantité de production disponible
pour la consommation. Cette monnaie nouvelle devrait être répartie
entre tous les consommateurs sous forme de REVENU SOCIAL à vie.
Ce sera en France le mérite de l’économiste sociologue
Jacques Duboin d’avoir précisé la nature et le mode de
répartition de la nouvelle monnaie qui s’impose de plus en plus.
LES MOYENS D’Y PARVENIR
LE but étant défini avec suffisamment
de clartéet de précision, le problème des moyens
poury parvenir se pose. Quel est donc, ACTUELLEMENT, l’obstacle principal
qui s’oppose à la mutation économique et sociale ? Mais
c’est tout simplement l’IGNORANCE de l’immense majorité de la
population conditionnée. Et pour elle cette mutation est indispensable.
Une « révolution » accomplie par une « dictature
des conditionnés » ne pourrait déboucher que sur
une autre forme de capitalisme : capitalisme d’Etat, capitalisme autogestionnaire
ou autre... où les notions de rentabilité, de compétitivité
et de rendement continueraient à empêcher la mise en place
de la machine au service de l’homme et à la véritable
libération par les loisirs, condition nécessaire à
la diffusion de la culture sans laquelle il ne peut y avoir de liberté
de penser véritable.
Mais qui peut prétendre détenir le monopole de la vérité
en ce domaine très complexe ? Qui peut prévoir comment
la mutation devra (ou pourrait) s’accomplir ? En vérité,
personne ! La révolution est dans les choses avant d’être
dans les esprits et l’on ne peut que constater qu’aucune des révolutions
de notre passé proche n’a pu se débarrasser de l’économie
marchande. Il est vrai que ces révolutions se sont toujours déroulées
jusqu’à présent dans des pays où des conditions
matérielles et culturelles très difficiles n’ont pas permis
d’instaurer rapidement une économie distributive.
L’ECONOMIE PRIME LE POLITIQUE
D’ailleurs il y a des hommes dits « de droite
» qui ont compris que l’économie capitaliste n’est plus
viable tandis que des hommes dits « de gauche » ( ?) continuent
envers et contre tout à se vautrer dans le marécage pourri
de l’économie de marché. Or... l’économie prime
le politique... L’économie distributive d’abord.
En ce qui concerne les moyens pour parvenir au socialisme distributif,
nous pensons que l’insurrection armée est impraticable dans des
pays comme le nôtre où d’ailleurs les degrés de
misère et d’injustice sont insuffisants pour la justifier et
l’on pourrait dire de cette guerre civile ce que l’on peut dire de toute
guerre nationale :
« PAS UN SEUL DES MAUX QUE L’ON VEUT EVITER PAR LA GUERRE N’EST
UN MAL AUSSI GRAND QUE LA GUERRE ELLE-MEME ». (Bertrand Russel).
Et nous pensons avoir dans la situation actuelle cette certitude : lorsque
nous luttons contre l’ignorance, lorsque nous déconditionnons
les moutons en leur apprenant clairement que l’économie de marché
est incompatible avec le socialisme digne de ce nom, nous augmentons
le degré de probabilité de réalisation future de
la grande mutation indispensable à la survie du genre humain.
Ni les Socialistes, ni les Communistes, pas même les écologistes ne proposent de mettre fin à l’économie de marché...
DEPUIS la scission du Congrès de Tours, Communistes
et Socialistes ont, à plusieurs reprises, tenté de se
coaliser pour prendre le pouvoir ; mais leur entente n’a vraiment été
fructueuse que lorsqu’il s’est agi de barrer la route à un dictateur,
à un régime se déclarant activement anticommuniste.
Dans ce dernier cas les marxistes étaient toujours prêts
à faire les plus grandes concessions pour s’attirer la sympathie
de la plus grande frange électorale dite de gauche.
Mais cette entente n’a jamais pu être durable, le danger écarté,
car les mêmes raisons qui ont provoqué la scission de Tours
demeurent toujours.
Entre le P.C et le P.S., et à plus forte raison le M.R.G., il
y a non seulement tout un système économique fondamentalement
différent mais aussi un mode tout à fait différent
de Gouvernement.
Alors que le P.C., quoiqu’il s’en défende, est pour la dictature
du prolétariat (par chef interposé évidemment et
parti unique), le P.S. et le M.R.G. sont pour une démocratie
parlementaire. Et, alors que le P.C. ne conçoit la société
future que collectiviste, étatique, centralisée, rigoureusement
planifiée, le P.S et le M.R.G. restent attachés à
l’économie de marché.
François Mitterand ne s’en défend d’ailleurs pas, qui
le 22 septembre, place du Colonel Fabien, a déclaré à
Georges Marchais : « ...Nous partons de postulats différents.
Votre conception des nationalisations s’intègre dans une conception
de la société future qui n’est pas la nôtre »,
et le 30 septembre, à la télévision, à l’intention
de Jacques Chirac « ... Je ne suis pas marxiste ».
Pour les communistes, les nationalisations du programme commun doivent
être un engagement non réversible et même promotionnel
vers un étatisme intégral, alors que pour les socialistes,
elles ne sont qu’une façon d’acquérir, dans des secteurs
bien limités, la maîtrise du développement, et de
réduire le chômage, en maintenant en activité des
entreprises qui périclitent.
La cassure était donc inévitable au moment de conclure,
et on peut prédire qu’il n’y aura pas de soudure, l’enjeu étant
de taille.
Le temps n’est déjà plus aux révoltes pour le pain.
La sécurité matérielle ne hante plus, avec autant
d’acuité qu’autrefois, les esprits ; on est tenté de croire
qu’elle est désormais acquise ou en bonne voie de l’être.
Les sociétés bâties sur un schéma mathématique
ne passionnent que de moins en moins les progressistes.
Avec les écologistes on pense un peu plus à l’humain.
Ce besoin d’utopie (demain on rasera gratis) qui sommeille dans le coeur
de tout homme, s’il accouche épisodiquement encore de verbalisme
violent ou même d’incompréhensible terrorisme, ce n’est
jamais que par l’action d’une infime minorité.
L’audience importante que rencontre le mouvement écologiste prouve
que la majorité des hommes attache plus d’intérêt
à la qualité de la vie, à la protection de la nature,
à la liberté, au respect de l’individu et à son
indépendance, qu’au confort et à l’aisance assurés
par une mécanisation outrancière de la société.
Le courant régionaliste et décentralisateur qui s’amplifie
de plus en plus milite contre l’étatisme rigoureux des rêveurs
d’une société dirigiste, nationalement planifiée,
dépersonnalisée.
L’enjeu de la course qui s’engage entre le P.C. et le P.S. n’est donc
plus la victoire du programme commun. mais la suprématie d’un
parti sur l’autre.
Pour arriver à leurs fins les responsables de chacun des camps
délesteront leur programme de la plus grande partie de leurs
utopies au bénéfice d’un réformisme crédible
par le plus grand nombre même s’il s’engage dans des voies malthusiennes.
Les abondancistes doivent se garder de tomber dans le même traquenard.
Notre objectif primordial à ne pas perdre de vue, c’est la distribution
de l’abondance de telle sorte qu’elle ne soit plus une calamité
mais un bienfait pour tous. Notre premier pas. une monnaie naissant
avec la production et s’amortissant à la consommation.
Ce premier pas assuré, toutes les générosités
sont dès lors permises, et, ce qui semblait utopique et forcément
contraignant, apparaîtra d’une limpide facilité.