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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 1085 - mars 2008 > Quelle banque du Sud ?

 

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Quelle banque du Sud ?

par M.-L. DUBOIN
31 mars 2008

Dans son avant-propos, Éric Toussaint constate que l’offensive capitaliste néolibérale domine encore, comme depuis bientôt 30 ans, se manifestant par des guerres impérialistes pour la conquête des ressources en pétrole, l’armement des grandes puissances et les contraintes antisociales (privatisations, pressions sur les salaires, sur les conditions de travail, sur les services publics, etc.) connues sous le terme de “consensus de Washington » et qui s’exercent sur tous les pays, mêmes les plus industrialisés. Les conditions de vie d’une grande partie de la population continuent à se dégrader, et on assiste même à d’intolérables phénomènes de barbarie. Non seulement les Objectifs du Millénaire pour le Développement, fixés par les Nations Unis en 2003, « dont aucun ne touche la racine des problèmes : l’inégalité de la distribution des richesses et la logique du profit privé », ne seront même pas atteints, mais on s’en éloigne.

Mais de nouvelles résistances se manifestent un peu partout. Certes, le Forum Social Mondial ne fait pas de miracle, paralysé qu’il est par « le vieux débat », en son sein, « entre réformateurs et révolutionnaires ». Le changement salutaire viendra-t-il plutôt de la Chine, où se produisent de très importantes luttes sociales ? Il est vrai que « le discrédit porté par le socialisme est terrible, la perte de repère évidente et le dégoût de la politique risque d’être durable. » Rien n’est garanti, conclut Éric Toussaint, « d’où l’importance pour chacun d’entre nous de prendre sa part de l’action citoyenne ». Et il ajoute : « Il faut réinventer le socialisme au 21ème siècle ».

Résultat de la mobilisation populaire, c’est dans certains États comme le Venezuela, la Bolivie et l’Équateur qu’une contre-tendance s’exprime depuis une dizaine d’années, de différentes manières : nouvelles constitutions démocratiques, récupération du contrôle par les États de ressources naturelles (pétrole, eau, gaz) ou de services essentiels (électricité, télécom), quelques accords commerciaux et de troc entre ces pays. Le traité de libre commerce ALCA que les États-Unis voulaient imposer à toute l’Amérique a échoué, et s’ébauche une “alternative bolivarienne des Amériques”, ALBA, entre le Venezuela, la Bolivie, Cuba, le Nicaragua et, en tant qu’observateur, l’Équateur. Ce qui permet à Toussaint un peu d’optimisme : « Des espoirs fleurissent du côté de l’Amérique latine… sept pays latino-américains lancent une initiative d’envergure à travers la création d’une Banque du Sud prometteuse ».

« Pourquoi une nouvelle Banque du Sud ? » explique ce livre, en décrivant la Genèse d’une nouvelle architecture financière internationale. Ce qui aide à comprendre d’abord le retournement de la situation qui fait que les pays en développement sont maintenant prêteurs nets à l’égard des pays les plus industrialisés. La question importante est donc : que vont-ils faire de leurs centaines de milliards de dollars ? Malheureusement, ils ont commencé par agir de façon absurde : au lieu d’investir ces réserves dans l’intérêt de leurs populations (éducation, santé…), leurs gouvernements se sont empressés de se soumettre à l’orthodoxie des institutions financières internationales en remboursant leurs dettes au FMI, puis en prêtant au Trésor des États-Unis et des pays d’Europe occidentale. Et pire encore, ils s’endettent auprès de leurs banques locales pour retirer de la circulation le surplus de monnaie ! D’où l’espoir qu’ils parviennent à créer un Fonds monétaire du Sud, dans l’intérêt bien compris des populations. Mais les États-Unis veillent… et les dernières nouvelles montrent qu’avec l’aide de la Colombie, ils sont prêts à employer les pires moyens pour les en empêcher …

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