Décidément, les conservateurs de tous
poils sont très forts. Ils ont entrepris de nous faire confondre
le désir, fort légitime, des peuples de l’Est vers la
démocratie avec une soidisant aspiration dans ces pays à
voir l’économie de marché y imposer les désordres
du libéralisme économique. C’est un comble, car le libéralisme
conduit très exactement au contraire de la démocratie
: alors que la démocratie est la plus élémentaire
marque du respect de l’opinion et des souhaits des autres ; le libéralisme
économique mène au plus profond mépris des autres.
Ne soyons donc pas de ceux qui font semblant de confondre...
En fait, le communisme, tel qu’il a été instauré
en URSS puis imposé à ses satellites, a porté un
tort incommensurable à la pensée socialiste parce qu’il
a permis à ses opposants d’assimiler socialisme et absence de
démocratie. Comme me l’écrivait récemment notre
correspondant en Allemagne de l’Est dans un français que nos
lecteurs aménageront : le communisme "a perdu sa position
positive à cause des crimes de Staline".C’est un fait. Et
il est heureux que l’année du bicentenaire de la révolution
française soit aussi dans l’histoire des peuples, celle de l’émancipation
de bon nombre de pays de l’Est face à l’oppression d’un parti
unique qui pensait faire le bonheur des peuples sans leur demander leur
avis.
Mais qu’on ne fasse pas semblant de croire que le libéralisme,
c’est la liberté des peuples ! Il n’y a qu’à voir, entre
mille autres exemples, la vitesse avec laquelle nos marchands "libéraux"
se sont empressés de reprendre leurs démarches commerciales
avec la Chine : qu’importe pour eux la répression contre les
étudiants qui réclamaient la liberté d’expression,
l’essentiel est de faire du commerce et il n’y a pas, à leurs
yeux, de boycot qui puisse tenir lorsqu’un marché leur parait
possible. Au diable toute idéologie quand une affaire est en
vue !
Le drame serait que les peuples qui s’émancipent, mais n’ont pas l’expérience du libéralisme économique, soient dupes. Tous les moyens sont déployés pour les tromper. Auront-ils la sagesse d’y résister et d’inventer le socialisme démocratique qui n’existe encore nulle part et pour lequel, contre vents et marées, nous ne cessons de nous battre ?
Il me revient par différentes personnes que l’on nous conteste la qualité d’économistes. Le sous-titre de notre publication "Mensuel de réflexion socio-économique..." peut évidemment laisser supposer que nous prétendons être des spécialistes en la matière. Alors que répondre à ces objecteurs ?
Diplômés ?
C’est vrai qu’aucun des rédacteurs habituels de la Grande Relève
ne possède un titre universitaire de sciences économiques.
D’ailleurs nous contestons que l’économie soit une science, préférant
l’appeler économie politique, par exemple. Comme nous le verrons
plus loin, cette distinction n’est pas vaine car les économistes
reconnus usent et abusent de leur autorité "scientifique"
pour imposer des vues qui n’ont rien d’absolu et qui sont souvent gouvernées
plus par des modes et des préjugés que par des raisonnements
rigoureux et logiques (1). Loin de procéder à l’examen
de nos positions, ils nous ignorent superbement et nous méprisent
radicalement. Rares sont ceux qui prennent la peine d’étudier
nos thèses, ne seraitce que pour les réfuter. Notre fondateur
ne manquait pas une occasion de stigmatiser les "économistes
distingués" imbus de leur savoir qui enseignaient dans les
facultés d’avant-guerre des théories cent fois contredites
par les faits et qui refusaient de parler d’économie distributive,
car leurs cours étaient polycopiés à l’avance,
donc immuables et inaccessibles à la nouveauté.
Nous n’en sommes plus tout à fait là, mais le silence
continue à régner dans les universités, sur nos
analyses et nos propositions. Au mieux, l’on fait une allusion désagréable
déformant notre pensée pour mieux la réfuter et
l’on passe (2)...
Nos amis
Mais les réalités sont têtues... Rendons donc hommage
à ceux qui acceptent notre analyse de l’histoire économique
des soixante dernières années et reconnaissent que nous
avons ouvert des pistes vers un système mieux adapté à
la brutale mutation des conditions de production survenue depuis 1929.
Même si c’est pour critiquer la partie constructive de notre projet
dont ils s’éloignent plus ou moins.
C’est le cas de Yoland Bresson (3) et de Philippe Guilhaume (4) qui
dans leur livre "Le Participat" (5) citent Duboin parmi les
précurseurs les plus inspirés : " La transformation
sociale s’annonçait, elle s’imposait, Duboin l’avait perçue...
il ne fut même pas entendu et la Guerre vint qui servit de matière
au capitalisme triomphant..." concluent-ils sur ce point. Philippe
Guilhaume qui vient d’être nommé Président d’Antenne
2 et FR3 nous permettra-t-il de le rappeler à la télévision
? René Passet, Professeur d’Economie à Paris I Sorbonne,
est également parmi les universitaires les plus ouverts à
nos analyses (6). Enfin, François Perroux, économiste
de grand renom, décédé en 1987, professeur au Collège
de France, d’abord réticent à l’égard d’une économie
distributive, a fini par admettre sa validité. Aux marges de
l’économie et au-delà d’elle, Jacques Robin, médecin,
puis chef d’entreprise, créateur du CESTA (Centre d’Etudes des
systèmes et des technologies avancées) dirige la Lettre
Science et Culture du GRIT (Groupe de réflexion inter et transdisciplinaire)
(7). Il ne manque jamais une occasion de signaler l’importance de nos
réflexions comme une voie féconde vers un système
économique adapté à la grande mutation en cours
de la société. Il faut absolument lire son dernier ouvrage
"Changer d’ère" (8) dont le titre est significatif
et où il préconise une économie distributive pour
l’avenir. Il reprend d’autres mesures, ainsi le "deuxième
chèque" du revenu technologique (de Guy Aznar) comme degré
préliminaire pour l’apprentissage de la nouvelle économie.
Jacques Robin prévoit quatre autres orientations dans le même
sens :
1. étendre les échanges gratuits et la jouissance des
biens libres,
2. favoriser les activités autonomes,
3. enchevêtrer les activités et les savoirs dans des institutions
ouvertes et des réseaux décentralisés,
4. encourager le développement local.
Financiers ?
Il faut néanmoins admettre que les économistes reconnus
continuent dans leur grande majorité à nous ignorer. Certes,
nous ne sommes pas des experts de la bourse et de la finance. Vous ne
trouverez pas dans les "Grande Relève" des conseils
pour vos placements. Quoiqu’un lecteur assidu aurait pu faire son profit
de la lecture de notre numéro d’octobre 1987 paru donc au début
du mois, dont la page de couverture s’intitulait : "Vers un nouveau
krach ??".
Si l’on se souvient que le krach s’est effectivement produit le 19 octobre,
beaucoup de boursiers auraient aimé que leur journal spécialisé
ou leur lettre soi-disant confidentielle les alerte comme nous l’avons
fait. Mais il est vrai que nous ne jonglons pas ici avec les ratios
comme les taux d’investissements des entreprises ou la part de la consommation
et de la variation des stocks dans le PIB, sachant fort bien que l’on
peut faire dire à ces chiffres tout et le contraire de tout.
Ce qui nous intéresse, ce sont les grandes variations du chômage
et de la production, ainsi que le niveau de vie des consommateurs en
rapport avec l’utilisation des moyens productifs. Le bourgeois ordinaire
qui a toujours confondu économie et finance et qui a de tous
temps raisonné en francs et non en volume ne nous le pardonne
pas. Par contre, nous serons d’accord avec Alain Barrère, doyen
honoraire, professeur émérite, Université Paris
1, lorsqu’il cite Keynes : "Quand dans un pays le développement
du capital devient le sous-produit de l’activité d’un casino,
il risque de s’accomplir en des conditions défectueuses..".
(9) Bien qu’à la place de Keynes, nous aurions plutôt écrit
"l’activité économique" au lieu du "capital".
Tous les raisonnements économiques basés uniquement sur
des considérations financières sont inutilement complexes
et recèlent donc de grands dangers d’erreur. Dans une récente
chronique du "Monde" (10), Paul Fabra a besoin d’une demi-page
du journal pour démontrer que l’exportation correspond à
une perte de richesses pour un pays et l’importation à un enrichissement.
Affranchi du mercantilisme, une phrase aurait suffi pour le constater.
Il n’en a toutefois que plus de mérite à l’avoir fait
car les boursiers et ceux qu’ils entrainent, l’oeil fixé sur
les comptes du commerce extérieur, sont bien près de croire
le contraire.
Mathématiciens ?
Nous ne sommes pas non plus, bien sûr, des économistes
mathématiciens qui modélisent et systémisent de
savantes élucubrations basées le plus souvent sur des
données aléatoires et des postulats incertains. Après
avoir introduit dans l’ordinateur ces prémices et syllogismes,
ils ne sont pas étonnés que la machine ne leur fournisse
que des truismes fonction de ce qu’ils lui ont ingurgité. Peut-être
comptent-ils sur l’électronique pour découvrir l’innovation
dont ils sont incapables ? Modéliser l’introduction de la monnaie
verte dans le système serait sûrement intéressant,
mais comme nous ne pouvons pas prévoir à les réactions
multiples que cette opération susciterait, il n’est pas sûr
que nous puissions en tirer des indications infaillibles. Ne décourageons
pas néanmoins le lecteur qui serait volontaire pour le faire.
Philosophes ?
Nous ne nous définissons pas comme des philosophes de l’économie.
Sans remonter à Aristote et Platon, mais peut-être à
Montesquieu et Michelet et, plus sûrement, à Proudhon,
Marx et Engels, les économistes ont souvent été
en même temps des écrivains purs littéraires ou
philosophes, plus soucieux de bâtir un cadre global de pensée
que de s’en tenir aux faits. Sans nous comparer à ces hommes
illustres, notre démarche reste plus limitée et plus technique,
puisque la trilogie distributive : monnaie non circulante, revenu social,
service social, peut être mise en oeuvre dans différents
contextes politiques d’organisation de la société.
Sociologues ?
Comme nous travaillons à un changement par la méthode
démocratique, il nous faut, même si nous en sommes encore
loin, informer le plus grand nombre. C’est pourquoi le langage abscon,
ésotérique et abstrait de certains sociologues nous est
étranger. Bien que cela puisse paraître vulgaire et primaire,
nous nous tiendrons à cette règle sans laquelle nous nous
renierions. Peutêtre qu’en plus de mauvais économistes,
serons-nous aussi considérés comme de piètres sociologues
et même pas sociologues du tout. Qu’importe, des apports essentiels
aux arts, aux lettres, à l’histoire, à la médecine
ne sont-ils pas dus à des non-spécialistes ? Nous pensons
apporter notre contribution modeste à la démarche socio-économique
qui devient de plus en plus indispensable.
Socio-économistes ?
Nous citerons pour terminer le petit Larousse encyclopédique
sur l’économie politique : " Cette expression a été
employée pour la première fois, semble-t-il, par Antoine
de Montchrestien, en 1613 ou 1615, pour désigner un ensemble
de règles de conduite pratiques, destinées à favoriser
l’enrichissement et donc, la puissance du royaume. Plus ou moins tombée
en désuètude, elle a retrouvé une faveur nouvelle
à la fin du 18e siècle. Les économistes ont récemment
substitué à l’expression "économie politique"
celle de "science économique",- l’ensemble des comportements
des hommes en face des biens et des services qu’ils produisent donne
naissance à des phénomènes sociaux qu’étudie
la "science économique ". De nombreuses définitions
de la science économique ont été proposées,
dont aucune n’a rallié l’unanimité ; le désaccord
sur les définitions provient du désaccord sur l’objet,
l’étendue et les limites des études à entreprendre...
".
On ne saurait mieux dire. Nous avons notre conception de l’économie
politique. Nous la défendons de notre mieux ; sans croire que
nous détenons la seule vérité possible , à
l’écoute des critiques qui nous sont faites, justifiées
ou injustifiées. Et sans le secours de l’autorité ou des
autorités dites scientifiques.Peu importe la façon dont
nous sommes désignés !
"Ce ne sont pas les idées de la science qui engendrent les passions. Ce sont les passions qui utilisent la science pour soutenir leur cause".
François Jacob (Prix Nobel de Médecine 1965)
dans "Le Jeu du Possible"
(1) Nous ne sommes pas les seuls à penser ainsi.
Une polémique sur la nature "scientifique" de l’économie
et son rapport avec les mathématiques s’est développée
dans "Le Monde" depuis quelques mois. Voir aussi sur ce sujet
: "Qu’est-ce que la Science ? Récents développements
en philosophie des sciences : Popper, Kuhn, Lakatos, Feyerabend"
par Alan F. Chalmers traduit de l’anglais. Editions la Découverte
1987.
(2) C’est le cas d’Alfred Sauvy, de Pierre Pascallon, professeur agrégé
à la Faculté de Clermont-Ferrand. Voir "Sommes-nous
Geselliens ? " G.R. N° 868, et d’autres moins connus.
(3) Diplômé de l’INSEE, Docteur en Economie, Agrégé
des Facultés de Droit et Sciences Economiques . Professeur à
l’Université du Val-de-Marne.
(4) Docteur en Economie et en Histoire, ancien conseiller du Président
de l’Assemblée Nationale Jacques Chaban-Delmas.
(5) Chotard et associés éditeurs. 1986.
(6) Lire "L’économique et le Vivant" Ed. Payot 1982.
(7) 1, rue Descartes 75005 Paris. Voir notamment le n° 22 de février
1987.
(8) Editions du Seuil. Janvier 1989.
(9) Extrait de la "Théorie générale"
voir "L’économie française reste fragile" dans
"Le Monde" du 26 septembre 1989.
Le monde capitaliste est de plus en plus démentiel,
de plus en plus antipathique. Comment ne pas éprouver malaise
et inquiétude en face de cette course aberrante et anarchique
au gigantisme industriel ? On n’entend parler que de fusions spectaculaires,
d’OPA, de groupes qui absorbent d’autres groupes. Le profane s’y perd,
mais il pressent que l’intérêt général n’a
rien à y gagner. Si la puissance de l’argent a toujours été
redoutable et immorale, si elle a toujours tendu à fausser la
démocratie politique, qu’en sera-t-il de la superpuissance de
ces supergroupes ? Et mesure-t-on l’ampleur des désastres que
devront subir, dans toutes les classes sociales, les perdants de ces
gigantesques compétitions ?
On se résigne un peu vite, ce me semble, à ce que l’Europe
de 93 soit un champ de bataille où ces forces s’affronteront
dans une lutte sans merci. Ces perspectives, qui nous apparaissent comme
une absurdité intolérable, sont pour d’autres une évolution
fatale à laquelle il faudra bien s’adapter. Je lis dans "Le
Monde" du 10 septembre un article de Didier Pourquery, intitulé
"L’Europe des colosses". A la lumière des événements
les plus récents, l’auteur évoque la constitution d’immenses
groupements industriels. Acceptant les conséquences de ces faits
sur le plan européen, il s’inquiète de la place qu’occuperont
les firmes françaises dans la grande compétition de 1993.
"Qu’on le veuille ou non, écrit-il, le grand marché
est un concept forcément libéral où il n’est pas
prévu de place pour les entreprises nationalisées ou subventionnées".
Et il conclut que "le dynamisme des Britanniques et des Allemands
dans la perspective de 1993’ est "un véritable défi
qui invite à changer profondément les structures industrielles
de la France de l’économie mixte".
Les entreprises nationalisées - du moins quand elles tiennent
leurs promesses - ont l’immense avantage d’avoir pour objectif l’intérêt
de la collectivité, et non le profit de groupements privés
toujours peu soucieux des hommes et de l’environnement. Et voilà
qu’on nous suggère d’y renoncer comme à une structure
qui ne répond plus aux nécessités de notre temps
! Rien ne pourrait mieux souligner à quel point l’extension à
toute l’Europe du libéralisme sauvage menace l’indépendance
économique de ses membres, qu’un fédéralisme bien
compris devrait au contraire permettre de sauvegarder.
Et les vives inquiétudes qu’éprouvent les économistes
sont également relatives aux échanges mondiaux. Dans "Le
Monde" du 24 septembre, Eric Le Boucher signale la gravité
du danger japonais, en ce qui concerne notamment le marché de
l’Automobile. Il cherche les moyens de concilier "les traditions
françaises", qui respectent "les intérêts
et la dignité de chacun, avec les exigences d’une compétition
mondiale" ; mais il admet que dans une large mesure "le schéma
nippon s’impose". On notera en passant que la pensée des
économistes libéraux n’est pas exempte de quelque ambiguïté.
Parfaitement conscients d’une partie au moins des conséquences
néfastes du libéralisme, ils ne les tolèrent qu’à
regret ; mais en même temps, ils ne cessent de célébrer
les vertus de ce système et de le préconiser comme le
meilleur. Quand se résoudront-ils à le remettre en question
? Quand leur viendra-t-il à l’idée d’envisager, par exemple,
la signature de contrats négociés sur un pied d’égalité
entre partenaires économiques, au lieu de maintenir cette ouverture
des frontières qui laisse sans protection les pays les plus soucieux
de progrès réel et de justice sociale ?
A l’heure où nous écrivons, fin septembre,
nous ne pouvons savoir bien sûr comment évoluera le conflit.
Mais ce n’est pas l’objet de cet article (ce qui ne nous empêche
pas de souhaiter la victoire à ceux qui luttent). Comme d’autres
journaux, la Grande Relève, Juin 1989, a signalé les bénéfices
de Peugeot pour 1988, 8,8 milliards après impôts, précisant
que Peugeot était devenu le premier contribuable de France ;
nous notions également quelques réflexions amères
- et anonymes car on licencie facilement chez Peugeot - d’ouvriers sur
leurs salaires et le manque de perspectives de changement. Les événements
en cours ont permis de voir plus clair et montrent à travers
le cas exemplaire de Peugeot comment s’instaure et se renforce la société
duale dans les pays du "libéralisme". Nous ne mentionnerons
aujourd’hui que pour mémoire les laissés pour compte,
chômeurs, précaires, pour nous intéresser au sort
des "nantis", ceux qui ont encore la chance d’avoir un emploi.
Peugeot compte 158.000 salariés. Des diverses déclarations
connues par les médias, il apparait que la rémunération
nette moyenne mensuelle des ouvriers se situe autour de 5.500 F. Quand
on sait que les revendications pour le SMIC sont de 6.500 F., on comprend
aisément d’où viennent les super bénéfices
de Peugeot et la façon dont Monsieur Calvet a "su"
redresser la situation de la firme.
Le Canard Enchainé du 27 septembre a fait l’effet, toutes proportions
gardées, du "j’accuse" de Zola, en révélant
que Calvet, qui refuse obstinément toute discussion avec les
grévistes depuis plus de quatre semaines, s’était octroyé
en deux ans une augmentation de 45,9%, ce qui porte son salaire mensuel
net à 185.312 F. Autrement dit, le salaire MENSUEL du PDG atteint
PRESQUE TROIS FOIS le salaire ANNUEL moyen d’un ouvrier. Le Canard note
encore que, selon les documents officiels PSA, les dix dirigeants les
mieux payés du groupe ont vu, en 1988, leur salaire progresser
de 12,6%, pour les ouvriers et employés, par contre, les prévisions
d’augmentation pour 1989 ne sont que de 2,7%, quand l’inflation atteint
déjà 3,2%.
En bref, l’éventail des salaires entre l’ouvrier de base et le
PDG est de 1 à 30,8 ; pour mémoire, l’éventail
moyen des salaires en France est de 1 à 20, contre 1 à
10 en Allemagne, au Japon, etc..
Il faut vraiment que les salariés de Peugeot en aient eu "ras
le bol", eux qui n’avaient pas fait grève depuis 17 ans !
Qu’invoque M. Calvet pour refuser de faire participer
les salariés aux gains de l’entreprise qui sont essentiellement
les leurs puisque assurés par des salaires de smicards ?
" La santé de l’entreprise reste fragile. Or les prévisions
de bénéfices pour 1989 sont - étaient - de 10 milliards,
soit une progression de 13,65 %.
" Le spectre de la concurrence japonaise qui ne fera de nous qu’une
bouchée si on baisse les bras (traduisez si on augmente décemment
les salaires).
" Les investissements.
" Le pourcentage sans cesse croissant de la pénétration
des voitures étrangères en France, près de 40%,
notamment allemandes (pour le moment, les japonaises sont contingentées).
Alors, si M. Calvet est le bon économiste, le
bon gestionnaire que décrivent M. Périgot et même
certains membres du Gouvernement, qu’il nous explique comment font les
Allemands. Un reportage dans l’automobile allemande, réalisé
pendant le conflit, nous a montré des ouvriers qui, avec une
semaine de 35 heures (victoire de l’IG Metall) gagnaient 12.000 F./mois,
soit, traduits en équivalence de pouvoir d’achat, environ 10.800
F. : le double d’un ouvrier de Peugeot. Certes, la société
duale se développe également en Allemagne, comme dans
tous les pays capitalistes, mais disons qu’elle est moins duale qu’en
France !
Il faut des patrons butés et bornés comme Calvet pour
refuser tout partage des gains de l’entreprise ; deux sondages lui donnent
heureusement tort : 70 % des Français et 57 % des patrons sont
pour une ouverture des négociations.
Dans ce conflit, on peut noter la mollesse du gouvernement "socialiste"
qui se retranche derrière le non-interventionnisme dans l’entreprise
privée. Déjà, il y a quelques mois, Bérégovoy
avait invité à petit-déjeuner les deux Grands de
l’Automobile pour leur demander d’être "raisonnables"
dans leurs prochaines augmentations du prix des voitures. Et le Ministre
de faire claironner son intervention dans la presse : indice des prix
et gouvernement socialiste obligent. Las ! quelques jours plus tard,
après l’augmentation, les médias constataient que l’appel
du Ministre n’avait pas été entendu. Les prix étant
libres, Bérégovoy ne pipa mot.
Et comme il est discret dans le conflit actuel ! Après tout n’est-il
pas le premier bénéficiaire, dans son ministère,
de l’impôt sur les sociétés : plus de 6 milliards
pour le premier contribuable de France en 1988. Alors que si Peugeot
avait des salaires plus décents, les bénéfices
de l’Etat seraient amputés d’autant ; il n’en retrouverait qu’une
petite partie à travers la TVA des produits supplémentaires
qu’achèteraient les salariés de Peugeot mieux payés.
Mais, question à M. Bérégovoy : en France, la fraude
fiscale est estimée à 160 milliards de francs, soit en
gros 10% du budget. Or seulement 25 milliards sont rattrappés.
Un petit effort, Monsieur le Ministre, comme vous le demandent aujourd’hui
vos grévistes d’inspecteurs et vous trouverez bien les quelques
milliards qui vous feraient défaut si Peugeot, et tant d’autres
patrons pleurnichards payaient un peu mieux leurs ouvriers et employés.
Ce qui aurait au moins le mérite de mettre un frein à
l’aggravation de la société à deux vitesses dans
laquelle nous nous enfonçons de plus en plus.
LE PAPIER DE CHIFFON
Mes copines Isabelle et Eulalie ont écrit ce
qu’elles pensaient de ce produit sponsorisé par TF1 et Orangina
réunis : la LAMBADA ! à l’Union de la Publicité
Directe, au CSA, à TF1, au Bureau de Vérification de la
Publicité et à l’ANADET, association de téléspectateurs
contre les coupures publicitaires...
Comme tout marketing, ce qu’on nous a montré là, sur cette
chaine de télévision, est piqué, comme l’ail dans
le gigot, de part en part, d’un érotisme torride mais pervers.
Qui fait réellement vendre TF1, Orangina et le disque de la Lambada
? c’est cette petite fille blonde, seul personnage blanc, parmi des
hommes et des femmes brésiliens, de peau sombre, que l’on fait
danser emboités ventre à fesses, par trois ou quatre.
Ce qui est leur affaire.
Ce qui est l’affaire d’Isabelle, qui a deux fillettes, c’est que les
psychologues de marketing se servent de M. Freux, de façon allusive,
pour faire vendre leurs camelotes, aux plus attentifs voyeurs de ce
qui se déroule là :
L’enfant entre sur la piste de danse, imitant les grands avec un petit
brésilien de son âge ; dans les 8 ans... Elle se dandine
de façon suggestive, soudée à son petit compagnon.
Lorsque l’un des "macho" qui regarde la scène avance
vers elle et lui flanque une gifle énorme : gros plan sur l’envol
des longs cheveux blonds.. Les petits se séparent et boudent
chacun hors de la piste.
Puis l’adulte qui l’avait ainsi punie, sans sembler avoir aucun lien
de parenté avec elle, ni aucun droit à la corriger, entre
à son tour dans la danse avec une femme de son pays et de son
âge, et l’enfant blonde comprend alors qu’elle peut, à
nouveau, s’essayer à la Lambada, avec son petit compagnon.
En effet, l’homme brésilien lui lance un regard brillant et complice
: il a trouvé une partenaire à sa convenance ... la fillette
peut, sans crainte, reprendre son déhanchement impudique avec
le petit camarade. Les adultes ne s’en préoccuperont plus.
Ce "tube" était ainsi commenté par la télévision
: "Avec Orangina, au rythme de l’été, la "Une"
mène la danse"...
Vous avez vu un rapport, entre ceci et cela ? Non ? Moi non plus.
Il parait que ce clip a aussi une autre embrouille quant à sa
réalisation, mais les journaux quotidiens en ont parlé.
Il y a des camarades, abondancistes ou non, mais qui réfléchissent : ce sont ceux qui publient depuis quelques mois "A contre-courant, syndical et politique", diffusé surtout en Alsace et en Lorraine, et ils font là un travail sérieux. Voici des extraits d’un article particulièrement intéressant, publié dans leur bulletin de septembre, "sur les mouvements sociaux récents et leurs perspectives" :
L’été torride sera propice aux ruminations
des travailleurs, mesurant qu’ils se sont fait rouler comme des Polonais,
lors des actions de l’hiver et du printemps derniers et de leurs issues
; aux cogitations des hommes du Pouvoir, qui n’en ignorent rien, et
qui doivent préparer la suite : les réponses aux inévitables
réactions à ces frustrations Mais aussi : les travailleurs
se sont fait rouler par qui ? Pas seulement par les habiles et demi-habiles
qui détiennent une parcelle ou un gros morceau de pouvoir ; mais
aussi par eux-mêmes, et çà c’est plus difficile
à entendre ...
Les travailleurs ne sont pas des oies, et il ne suffit donc pas qu’il
y ait du grain à moudre, malgré les efforts séculaires
de la gauche et de l’extrême gauche syndicales et politiques pour
les domestiquer ; mais ils ne sont pas non plus des "révolutionnaires
professionnels", de purs esprits du monde travaillant à
la victoire finale du communisme libertaire ou de la liberté
communautaire. lis sont d’abord ce que leurs pulsions et leur culture
leur permet d’être, et toute rupture, tout saut audelà
est extrêmement douloureux et précaire ; et la subjectivité
et la culture révolutionnaire ne se portent pas si bien de nos
jours. Ce que le Pouvoir sait.
Pouvoirs
A quoi sert la néo-sociale-démocratie qui a politiquement
triomphé dans ce qui reste du mouvement ouvrier (à l’échelle
mondiale) sur le "communisme" stalinien ou gauchiste (débris
lamentables et ridicules, qui seraient pitoyables, s’ils n’avaient été
si odieux et si cons !) ? Elle sert à mettre au service de la
dynamique du capitalisme les luttes sociales elles-mêmes. Non
plus à les "mener" ; c’est-à-dire à les
encadrer et à les limiter, à négocier des acquis
compatibles avec cette dynamique du système comme du temps où
la social-démocratie, les partis de "gauche", les syndicats
étaient dans "l’opposition" (c’est-à-dire trahissaient
déjà réellement tout en maintenant un discours
anti-capitaliste, voire "marxiste’) ; mais aujourd’hui à
les "gérer", à les "instrumentaliser",
alors même que ces partis de gauche sont solidement installés
aux divers pouvoirs (nationaux, régionaux, locaux), alors qu’à
l’échelle de l’Europe ils ne sont même plus en réelle
concurrence (simplement en émulation) avec les partis de droite,
pour conduire ensemble la dynamique du capital européen.
Gestion
Que veut dire gérer, instrumentaliser les luttes
?
Cela ne se confond pas avec ce que l’on voit immédiatement :
les réprimer ou les laisser pourrir par une fermeté de
façade, comme bien dans la tradition de "la gauche"
au pouvoir depuis la première guerre mondiale (les plus vieux
s’en souviendront !).
Pour cela, la droite classique suffit à faire l’affaire (comme
l’a montré Chirac avec les cheminots en 86-87). Cette fermeté
"socialiste" et ces "trahisons" syndicales sont
juste là pour permettre aux dernières bonnes âmes
ou aux derniers gogos de s’émouvoir ou de s’indigner, et aux
classes moyennes centristes de se rallier, l’âme en paix. Gérer,
instrumentaliser les luttes signifie les utiliser, ainsi que les revendications
qui s’y expriment pour moderniser, restructurer des secteurs entiers
à chaud : une entreprise, une branche (par ex. la sidérurgie
en 83-84), des appareils d’Etat (aujourd’hui : l’éducation et
la santé).
Utiliser ces luttes, c’est d’abord les laisser se développer
quand on aurait facilement les moyens de les faire cesser, voire les
susciter à la limite de la provocation, positive ou négative
: les encouragements de Mitterrand aux infirmières, le "parler
vrai" de Rocard aussi bien en désignant le "stock des
enseignants" qu’en affirmant le soir des municipales qu’il est
normal et sain que les revendications s’expriment, y compris par des
mouvements à la base, tant que les citoyens continuent à
voter à gauche.
Ce n’est là ni du cynisme, ni des concessions verbales au vieux
mythe pourri de "la Gauche des travailleurs", c’est la formulation
d’une véritable ligne politique, reposant sur les principes de
la théorie des systèmes (dont Attali est l’un des vulgarisateurs
en France).
L’ordre par le désordre
Le capitalisme est un système dynamique et les luttes sociales sont un des facteurs de son mouvement elles ne sont pas que celà, mais elles sont aussi celà. L’expérience de 70 ans de socialdémocratie et de syndicalisme dans les pays les plus développés, la gestion des retombées de Mai 68 et de mouvements analogues, l’analyse de la Révolution Culturelle chinoise, mais aussi le développement d’outils théoriques comme la théorie des systèmes et la cybernétique ont permis aux dirigeants les plus lucides de tenter cette voie ultime pour assurer la survie et simultanément l’expansion du capitalisme non plus bloquer les évolutions, mais instrumentaliser les luttes au service de l’évolution souhaitable du point de vue même du système, tout en laissant aux gens l’impression qu’ils luttent pour leurs propres intérêts et contre un ennemi réel, toujours tout trouvé : les multiples petits paranoïaques qui assument l’apparence du pouvoir aux différents niveaux d’une hiérarchie pyramidale qui, elle-même, n’est plus fonctionnelle (le pouvoir réel s’exerçant par des réseaux bien plus complexes et de structure différente). Semer le désordre dans la pyramide est toléré, voire encouragé.
Comment ça marche ?
Jeter un pavé dans la fourmilière, voir
ce que çà donne, quelles lignes de force et de fuite se
dessinent, qui (quels groupes) on peut appuyer, sur qui on peut compter,
qui de l’encadrement n’est pas fiable (à lâcher donc, à
laisser en pâture), qui peut être canalisé, où
faut-il intervenir, qui détruire, en douceur ou en cassant.
Les luttes spontanées - les plus fréquentes - sont susceptibles
du même usage et du même traitement : elles servent d’analyseurs
et sont contrôlables à la fois globalement (dans un certain
cadre, dans des limites définissables) et par des micro-interventions,
de micro-guidages, des manipulations à une échelle presque
incroyable...
Ce qui est nouveau, c’est leur emploi systématique, lié
à une meilleure connaissance, non empirique, des mouvements de
l’adversaire, et surtout l’intégration à un dispositif
d’ensemble de gestion dynamique de la société, de la région,
de la ville, de l’entreprise dans laquelle le "conflit social"
est non seulement toléré, mais prévu, calculé
du point de vue des effets escomptés, utilisé pour la
manoeuvre d’ensemble.
Hegel disait que : "le faux est un moment du vrai" ; aujourd’hui,
on peut dire que "le conflit est un moment de la régulation
et de la restructuration". Comment est-ce possible ?
Pourquoi ça marche ?
La première condition est bien sûr le
consensus idéologique obtenu grâce à la pédagogie
de la crise, la liquidation du marxisme officiel, la disqualification
de la pensée critique, voire de la pensée tout court.
De celà, les jeunes générations nous renvoient
une image accablante, qu’il s’agisse des gentils étudiants ou
des loubards paumés. (Ne pas oublier que si Le Pen a un certain
succès chez les jeunes, c’est qu’on comprend facilement ce qu’il
veut dire).
Mais le consensus serait superficiel s’il n’avait pas une base matérielle
la fragmentation, la segmentation, parcellisation de la société,
qui a été menée à un terme extrême
et que les luttes reproduisent, c’est-à-dire consolident ou modifient,
peu importe ! Aussi, une oreille désabusée ne manquera
pas d’entendre dans le "nous aussi" des corporations aussi
sympathiques que les infirmières, les gardiens de prison ou les
professeurs, ainsi que toutes les catégories qui sont successivement
entrées "en lutte", un écho du "nous d’abord"
que les fascistes ont proposé en slogan à presque toutes
les municipalités de France. Un écho. "Cà
y est, il exagère", penseras-tu, lecteur attentif, "il
condamne les luttes. Et en quoi ce "pourquoi pas nous ? "
dans la course aux augmentations, aux statuts, aux carrières
revalorisées, à la "dignité" professionnelle,
pourrait-il être dangereux ??"
Moins parce qu’on veut y participer (avec ce que cela comporte d’aliénation)
qu’à cause de ce "nous" illusoire, résultat
de la fragmentation des travailleurs en professions, catégories,
corporations, résultat aussi d’une identification des individus
à un aspect de leur existence professionnelle ou extra-professionnelle
(nous, les "parents d’élèves", nous "les
usagers de ceci-celà ", nous "les amoureux de tel bout
de nature", nous "les supporters de tel club de foot").
Nous, c’est-à-dire pas les autres, même si dans une journée
on peut changer plusieurs fois de casquettes ! Nous, ce sont ceux qui
croient (à qui on fait croire aussi) avoir les mêmes intérêts,
des intérêts spécifiques, définis, revendiqués
et donc manipulables. "Nous", ce sont ceux qui ne voient plus
le monde.
Mais, ce sont aussi ceux qui ne sont même plus un individu quand
ils ont enlevé les différentes casquettes ; car comment
vivre avec tant de contradictions liées aux intérêts
spécifiques ? Le touriste "vert", désolé
par les ravages des pluies acides dans les Vosges, y est venu souvent
en voiture, peut-être sur une autoroute, grâce à
du fuel transporté sur un tanker prêt à craquer
sur le premier récif venu... Alors, comment sortir de ces contradictions
? Ben tiens, avec des règlementations, données par l’Etat,
obtenues en "faisant entendre sa voix" de touriste, d’automobiliste,
d’écologiste ou de patron-pêcheur. C’est-à-dire
en déléguant au plus vite son pouvoir à une instance
régulatrice globale, même mentalement, devant l’immensité
des problèmes, quitte à essayer ensuite de faire pression
sur cette instance, avec ceux qui ont les mêmes soucis
ou les mêmes ennuis, avec lesquels il restera au moins la consolation
de pouvoir râler en commun, puisque, de toute façon, on
n’aura jamais "satisfaction" de cette manière. Je prétends
que les intérêts communs des travailleurs d’une quelconque
entreprise, branche, ou appareil d’Etat, ne sont nullement plus objectifs
que ceux des groupes imaginaires cités plus haut, mais que de
la leur faire croire est une condition essentielle du maintien du consensus
et plus encore de l’instrumentalisation des luttes qui, dès lors,
ne sont plus que le spectacle que se donnent à eux-mêmes
et au reste de la société un "collectif imaginaire"
des travailleurs , même coordonnés, spectacle dont le contenu
de vérité ne peut être radiographié que par
des spécialistes du pouvoir et utilisable par eux seuls. Il incomberait,
bien sûr, à ceux qui peuvent accepter les conclusions d’une
telle analyse critique de débattre des solutions pour dépasser
cette situation, c’est-à-dire pour prouver réellement,
pour démontrer par la pratique que les luttes sociales à
venir ne seront pas réductibles à ce qui vient d’en être
dit, pour que ce savoir ne serve pas qu’à ceux qui l’ont déjà
: les maîtres de cette société.
L’alternative acceptable :
Dans notre numéro 881, nous avons commencé à publier notre traduction d’une proposition de réformes qui nous vient du Royaume-Uni tendant à substituer aux multiples taxes en vigueur une taxe unique basée sur le contenu en énergie. C’est en celà que cette proposition se rapproche de celle de la monnaie-calorie que propose notre ami G. Oestenbroek. Voici la suite de cette traduction :
2.0 Les liens entre ressources et valeur
2.1 Prenez la voiture et allez juqu’aux magasins : peu de gens contesteront le lien entre énergie et activité économique. Manger ou mourir : il y a encore moins d’arguments contre le lien entre énergie et tous les processus vitaux dans la nature. Les scientifiques définissent l’énergie comme la capacité de fournir un travail. Ces liens sont très étendus puisqu’ils vont de l’énergie fournie par la nourriture pour l’activité organique (mentale et physique) jusqu’aux grandes usines de production d’énergie nécessaire à la fabrication des biens matériels pour les organisations humaines.
2.2 En économie, il est plus difficile de définir les liens entre le travail et "la valeur ajoutée" ou, ce qui est probablement plus important, avec l’amélioration du niveau de vie, et ensuite avec "le coût ajouté". On ne doit cependant pas laisser cette complexité obscurcir cette vérité essentielle qu’on ne peut obtenir d’amélioration qu’en faisant un effort et en dépensant de l’énergie. On ne peut rien faire, on ne peut pas ajouter de"la valeur" sans effectuer un travail, donc fournir de l’énergie, sous une forme ou sous une autre. Ceci est vrai quelle que soit l’activité considérée : activité professionnelle ou de loisir , à la maison, au bureau, à l’usine. Il y a dépense ou transformation d’une certaine forme d’énergie chaque fois que nous améliorons notre niveau de vie. L’énergie est le facteur économique ultime : c’est la force primordiale qui se cache derrière toute évolution, et qui est à l’origine même de la vie.
2.3 On peut concentrer tout ce qui précède en une seule formule : "Toute création de richesse est une fonction de la consommation d’énergie."
3.0 Energie économique, ressources et rôle de l’Etat.
3.1 Expliquons ce qu’on entend, dans le présent contexte, par "énergie" et par "ressources". J’ai appelé "énergie économique" l’énergie qui peut être "canalisée" telle que des sacs de charbon, que l’on peut vendre dans le commerce. La lumière du soleil qui, bien évidemment, entre pour une grande part ( en bien ou en mal ) dans la qualité de la vie, et qui a une grande influence sur l’activité économique et le bien-être, ne se trouve pas dans les circuits commerciaux. C’est vrai même s’il y a des gens qui dépensent beaucoup pour passer des vacances dans des lieux ensoleillés. Alors que l’électricité produite par une ferme solaire est une "énergie économique" puisqu’elle peut être "canalisée" jusqu’à un consommateur , le fait que tout le monde puisse disposer de la lumière solaire -par exemple pour les récoltes- est donc purement fortuit en termes économiques et non "facturé" directement au consommateur.
3.2 Il n’y a que relativement peu d’énergies
économiques différentes (primaires) et, bien qu’elles
viennent toutes du soleil, nous prendrons (1) leur source écono
mique au point où on leur attribue un prix lorsqu’elles entrent
pour la première fois dans l’économie d’un pays (sortie
du sous-sol, de la terre ou traversée d’une frontière).
Elle sont toutes mesurées avec la même unité physique
-le Jouleet pas évaluées dans une monnaie quelconque.
Comme nous le verrons, ceci est particulièrement commode pour
isoler les économies des fluctuations des prix mondiaux. Nous
avons tous vu les désordres provoqués par les fluctuations
du prix du pétrole...
3.2.0 - Les énergies économiques primaires
que l’on doit définir dans l’Economie des Ressources, c’est-à-dire
les énergies appelées à devenir les Energies Primaires
Statutaires sont :
3.2.1 - Les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz),
3.2.2 - Les énergies physiques (latentes) telles que l’énergie
nucléaire, géothermique, hydraulique) habituellement fournies
sous forme d’électricité ou de chaleur,
3.2.3 - L’énergie potentielle (distribution de l’eau par gravité
à partir des chateaux d’eau),
3.2.4 - Les énergies renouvelables (récoltées)
telles que le bois et autres
combustibles organiques,
3.2.5- Les énergies organiques (sucre et alcools),
3.2.6 - L’énergie chimique (extraite de minéraux non classés
comme énergétiques telle que les cellules électriques,
les explosifs, les réactions chimiques exothermiques...),
3.2.7 - Les énergies alternatives (extraites des sources ambiantes,
c’est-à-dira du soleil, du vent,des marées,de la convection...),
3.2.8 - L’énergie électrostatique (climatique, potentiel
électrique),
3.2.9 - L’énergie biologique (osmose).
3.3 Les énergies économiques doivent, en tant qu’étape vers l’Economie des Ressources, être définies par la loi. Pour commencer, il n’est pas nécessaire de réglementer toutes les énergies énumérées ci-dessus. La loi devra aussi fixer un "plafond" à la quantité d’énergie estimée "commercialisable" (un peu comme le plafond de la TVA) au-dessous duquel l’énergie fournie est considérée comme énergie ambiante et donc non taxée. J’ai évalué ce plafond à dix mille millions de Joules (10 gigajoules) par an... Les abus seront évités si l’on sait que l’exploitation commerciale de ces énergies ( par exemple la paille comme combustible) risque d’attirer l’attention du législateur pour les mettre sur la liste des énergies définies. En tout cas, l’évasion fiscale consistant à faire sortir des arbres d’un pays sera une tâche autrement plus difficile que l’est actuellement un futile jeu d’écriture !
(à suivre)
(1) On appelle "source" l’endroit (mine ou frontière)
où l’on applique la Taxe Unique au Contenu Légal en Energie
Primaire : c ’est là qu’on augmente (ou, à l’exportation,
on diminue) le prix d’un produit.
Par contre, "l’origine" ne concerne que les Energies Primaires
Légales. C’est le point (la mine, par exemple) où leur
valeur énergétique (physique et non pas monétaire)
est calculée en unités telles que le gigajoule.
Dans le cas des productions nationales, l’origine et la source sont
confondues. Il n’en est pas de même pour les productions importées.
Je ne suis pas Zola.. Tant pis : j’ose ! J’accuse
nos gouvernants d’avoir perdu la paix. Ils ont gagné la guerre
contre Hitler, Mussolini, Hirohito, mais le monde, depuis lors, est
à feu et à sang.
Tandis que dans les sept pays réputés les plus riches
de la planète, et bientôt sur toute la surface du globe,
la sécurité du lendemain pourrait être assurée
à tous les hommes, de la naissance à la mort, l’incertitude
règne partout, la faim, le froid, la terreur dans la rue. Or,
le logement, le bien-être quotidien pourraient être le lot
de tous, sans exception.
La modicité des revendications présentées par la
plupart des grévistes démontre une ignorance totale de
la production nationale et de ses potentialités. Sait-on qu’elle
est en mesure de satisfaire, sans nuire à personne, les besoins
élémentaires de tous les Français ? Avec un nombre
réduit de paysans, la terre pourrait être cultivée,
le tapis végétal entretenu et protégé ;
avec peu d’ouvriers spécialisés, la production industrielle
pourrait être garantie, avec moins de pollution, en récupérant
et en recyclant rationnellement les matériels usés ou
sans emploi.
Il y aurait ainsi de tout pour tous, mis à part les objets de
luxe. Où se situe la difficulté ? C’est simplement une
affaire d’honnêteté. Il faut bannir le mensonge, la tromperie,
la langue de bois ; parler sobrement et vrai ; renoncer aux hiérarchies
inutiles, aux privilèges scandaleux, à la corruption ;
arrêter la reconduction de cette société en déliquescence
; secouer le joug des banques et de certaines institutions devenues
de véritables citadelles ; rationaliser la production et la distribution,
de sorte que la production comme le travail soient partagés et
que le chômage devienne loisir.
Nous sommes tous les descendants de "Lucie", notre lointaine
aïeule africaine, l’Eve de l’archéologie, vieille de trois
millions et demi d’années.
Frères et soeurs, en un mot.
Certains d’entre nous naissent avec, dans leur berceau, 100 hectares
de terre céréalière ou 10 hectares d’un vignoble
célèbre, ou un portefeuille de valeurs en Bourse. Eh bien
! tant mieux pour eux. Aussi longtemps que la paix sociale n’en souffre
pas, n’y changeons rien. L’égalité commence aujourd’hui.
MAIS .. celui qui vient au monde nu comme un ver doit trouver à
son foyer le lait indispensable à sa vie, la certitude de manger
à sa faim, celle de vivre dignement et d’avoir toutes les chances
d’un développement physique et moral égal à celui
du "nanti".
La destruction de la nourriture et les entraves à sa production
sont INTOLERABLES ! La honte doit nous envahir dès que nous en
entendons parler. Sitôt qu’il en est question, nous devons nous
mobiliser pour l’empêcher, pour y faire obstacle, comme s’il s’agissait
d’arrêter une main criminelle. Aujourd’hui non moins qu’hier,
Jacquou le Croquant, devenu infirmier, ouvrier d’usine ou conducteur
d’autobus est toujours nargué, bafoué, humilié,
exploité par les tenants du pouvoir ! Les guerres ont prouvé
qu’il est possible de fabriquer en quantité illimitée
des engins meurtriers pour une distribution gratuite et surabondante
de la mort ; on n’a jamais manqué d’argent pour cela.
Il fallait reconvertir le système pour une distribution de ce
qui engendre et entretient la vie, mais nos dirigeants ont manqué
la reconversion. Deux guerres mondiales ont ensanglanté la planète
; une troisième en serait la destruction. Nous sommes acculés,
condamnés à la PAIX !
Alors, pourquoi ne pas nous conformer dès maintenant à
notre nouveau destin, acquérir de nouveaux réflexes, une
nouvelle mentalité ? Un simple retour sur nous-mêmes devrait
suffire à cette prise de conscience collective. A partir de là,
ces grands mots qui sont aujourd’hui vides de sens pour trop de gens
Liberté, Egalité, Fraternité, répondraient
enfin à une réalité chaque jour plus vraie.
La grande imposture consiste à faire croire que les sacrifices
des uns par austérité interposée sont indispensables
au salut des autres. Leur faire payer le prix de la non-inflation est
une duperie.
Trois millions de pauvres, dix millions d’assistés et autant
de mal-payés, telle est notre honte, car leur part de production
existe : elle doit leur être remise sans récriminer.
Contraste insoutenable : d’un côté, des gens en quête
de valeurs refuges, qui paient une voiture un million, ou 10.000 F.
une bouteille de vin, qui dépensent des milliards pour s’adjuger
des tableaux de maître ; de l’autre, le travailleur constatant,
à l’expiration de son crédit, qu’il a payé sa maison
150 ou 200 % de sa valeur, imposant à sa famille des privations
et lui refusant ainsi des biens qui seront peut-être détruits
comme prétendument excédentaires et qui avaient été
créés en vue des besoins de chacun ! Entraver la production,
mettre en friche des terres fertiles, fermer des usines qui produisaient
des choses nécessaires, freiner la consommation par des compressions
de salaires, imposer des restrictions en pleine abondance en suscitant
la rareté de la monnaie chez un sous-prolétariat rendu
ainsi indigent et insolvable, EST-CE LOGIQUE ? EST-CE HUMAIN ?
Réponse : ni logique, ni humain, et il y a IMPOSTURE !
Quand les uns jouent des millions en Bourse et jettent l’argent par
les fenêtres ; quand d’autres, enchainés par des emprunts,
courbent le dos sous le poids des dettes ; quand d’autres encore, pour
manger, fouillent les poubelles ou tendent la main, la trilogie républicaine
est un masque ! Les pauvres sont les victimes du progrès ; les
succès de la science et de la technique exigent qu’à la
charité s’ajoute - et , dans une large mesure, se substitue -
une solidarité impérative qui distribue la production
de manière à exclure l’état de pauvreté.
Nous avons tout ce qu’il faut pour passer sans douleur et sans terreur
dans un troisième millénaire émancipateur, libérateur
et pacifiste.
Vive son avènement ! Place à la justice ! Et en guise
de premier pas, instaurons la Monnaie Verte, clef du problème
dont nous venons de tracer les grandes lignes.
Il est permis de se montrer surpris, voire scandalisé,
devant l’abracadabrant spectacle de tant de moyens et de ressources
si peu ou si mal utilisés, de tant d’emplois gaspillés,
prostitués au service de tant d’inutilités et de futilités,
alors que d’immenses besoins, ignorés en raison de leur insolvabilité,
n’ont toujours pas accès au Marché. Et n’est-il pas navrant
de constater qu’en dépit des promesses faites, toute cette agitation
qui nous tient de l’aube au crépuscule n’ait abouti qu’à
dégrader les genres de vie, à nous compliquer l’existence
au lieu de nous la simplifier. La vie de millions de foyers ne reste-t-elle
pas dominée par la ronde infernale de l’argent, empoisonnée
par les dettes, par les échéances, par le racket fiscal
? Comment, dans de telles conditions ferait-on appel à l’esprit
d’entraide dans un monde où le premier souci de chacun est de
courir sus au revenu d’autrui ?
La civilisation de l’argent est et reste une civilisation de loups furieux
cherchant, par la concurrence, à s’entretuer, où l’homme
entre en conflit constant avec autrui. Tout individu, s’il veut survivre,
a l’obligation de tromper son partenaire, de ruser avec sa bonne conscience,
de se faire courtisan, de prostituer son talent au service de la plus
pernicieuse des causes : celle de l’accumulation des profits dans l’investissement,
au bénéfice principal d’une oligarchie.
N’est-ce pas, en conséquence, aller se perdre dans les voeux
pieux que d’en appeler après les idéaux de justice et
de paix, que de bâtir des plans de développement généreusement
humains, que d’espérer lutter de façon efficace et durable
contre la misère et la faim dans le monde en escamotant la nécessité
d’une opération chirurgicale dans les usages monétaires
datant de Babylone ?
C’est le cadre économique et lui seul, avec ses règles
défiant le sens commun, qui porte en effet la responsabilité
de cette décadence de notre civilisation sur le plan moral et
humain, du retard apporté à l’utilisation du progrès
technique à des fins humaines.
Infantilisé par les propagandes, absorbé par ses soucis
quotidiens, livré à un travail souvent sans attrait, l’individu
finit par se déspiritualiser, perdant toute chance de reconquérir
sa dignité. La finalité du progrès ne saurait être
ni la prospérité du commerce bancaire, ni l’enrichissement
d’une oligarchie, moins encore le règne d’une ploutocratie. Elle
doit viser avant tout la sécurité d’un revenu pour tous,
l’élévation constante du niveau des approvisionnements
utiles , après suppression des gaspillages et intelligente planisation
de l’emploi qualifié rendu à des tâches socialement
utiles et moralement saines, l’enrichissement du loisir, l’expansion
des activités libres, là où l’homme retrouve un
peu de sa dignité et l’occasion d’être considéré.
Enfin, une économie humaine, cela signifie encore l’établissement
d’un ordre hiérarchique fondé sur d’autres critères
que le gain, un ordre de valeurs honorable où le profit n’exerce
plus son dictat par dessus le besoin humain, où l’homme cultivé
acquiert la primauté sur le marchand analphabète, sur
le fripon enrichi. C’est une civilisation où l’homme s’accomplit
totalement, à la fois pour lui-même et au service du bien
commun. Sécurité et loisir, telle devrait apparaitre la
signification du progrès.
Nous en sommes fort loin.
Quand la porte s’ouvrit sur l’an quatre vingt neuf
Le peuple ébloui avança hésitant
Il y avait si longtemps qu’il attendait l’an neuf
Qu’il n’y croyait plus guère, alors qu’à cet instant
Un soleil éclairant de toutes ses lumières
Le fit chanter en choeur : Liberté ! Liberté !
Ce grand cri d’espérance suivi d’Egalité
Et puis quand apparut le mot Fraternité
La joie fut à son comble le quatorze juillet.
Mais quand le peuple voulut entrer dans le grand temple
Les sbires étaient là pour lui dire : attendez !
Vous ne pourrez pas tous pénétrer dans ce temple
Il faudra qu’un à un vous ayez droit d’y entrer
Et aussitôt la joie fit place à la colère
Et le peuple déçu après tant de misères
Se dit : mais à quoi bon assassiner le Roi
Si dans le nouveau temple s’installe un nouveau Roi ?
Déjà, il y a bien longtemps, qu’un apôtre du peuple
Essaya de chasser tous les affreux marchands
Qui se vengèrent un jour en le crucifiant.
Le peuple, résigné, retourna à la glèbe
Où les nouveaux marchands leur dirent de prier
Car ils ne savaient pas qu’ils n’étaient que la plèbe
Et qu’ils n’avaient pas droit d’êtres privilégiés.
Ainsi donc ces trois mots ne seraient qu’un mirage
Pour les peuples opprimés qui perdraient tout courage
De voir dans l’avenir un vrai mois de Juillet
Où tomberont enfin les affreuses bastilles
Dans lesquelles se terrent tous les privilégiés.
Sur le monde, partout, mon regard se promène ;
Je n’y vois que laideur et me dis angoissé
Quel est donc l’avenir de notre race humaine ?
Comment l’Etre pensant a-t-il pu "s’empoisser" ?Pourquoi n’a-t-il pas su, par sa nature, vivre
Par l’avantage inné de "l’Esprit" supérieur ?
Et fuir, par la Raison, afin qu’il s’en délivre
Cet égoïsme issu d’abord de la frayeur ?Pourquoi délaissa-t-il sa faculté mentale ?
Ce pouvoir de penser, comment l’a-t-il perdu ?
Privé du jugement, la confusion s’installe
Créant l’esprit troupeau, niant l’individu.L’ignorance primaire a provoqué la peur ;
D’elle les religions jaillirent "spontanées" ;
Le malléable esprit, plongé dans la torpeur,
Chût dans la soumission pour des milliers d’années !La misère est le lot des croyants en des dieux,
Gourous, superstitions et entités débiles,
Prêches d’abêtisseurs, moralistes odieux ;
Opium anesthésiant pour les foules dociles !De plus, par la violence au secours de la foi,
Les "sabre et goupillon" vont de pair et protègent
Tous les accapareurs et ceux qui font la loi
Pauvre peuple ingénu, ferment des privilèges !Les banques et la Bourse accaparent ce monde ;
Attirés par le lucre, assoiffés de pouvoir,
Des malades mentaux, à la conscience immonde,
S’affirment "race élue", afin de promouvoirPar la loi de marché, celle de concurrence ;
Ils relèguent le faible, ou le peuple, à l’écart
Du partage des Biens ; lequel en l’occurrence
Est sciemment exploité pour les enrichir. Car,Pour faire des profits, qu’importe la conscience !
Il faut accumuler sans cesse de l’argent.
Tous les moyens sont bons pour détourner la science,
Et corrompre les coeurs, affamer l’indigent !
L’absurde est général et le luxe arrogant.
.. Pervertis les esprits par l’aimant des monnaies ;
Le F.M.I. Seigneur et puissant ouragan,
Soumet les malheureux aux "manches galonnées" !
Les trafiquants de drogue et les fabricants d’armes
Ne s’embarrassent point de sentiments humains ;
Peu leur chaut la douleur, la faim, sources de larmes,
Le Veau d’Or est leur dieu dont ils sont les Bramins !
Pourtant ils savent que toute l’humanité
Va sombrer, par leur faute, en une mort certaine ;
Mais .. leur cupidité, primant leur vanité,
Aussi, dans le Néant, avec nous les entraine !
Auteurs des pollutions des eaux, des aliments,
De l’air et de la terre et toute la nature,
Ils le sont des cancers, des sidas...
Détriments Infligés à la Vie, entrainant la rupture.
Du cycle naturel de la cause à l’effet ;
L’évolution étant effet de l’existence,
En détourner le but est commettre un forfait !
Dont la loi du profit assume la sentence.
Inévitablement, par la faim apparut
Le "camp" des dominés et celui qui commande ;
Le sentiment banni, chacun a recouru
Le "faible" en l’orémus, l’autre en la réprimande !
Ainsi, par âpreté le "fort" s’est octroyé
Le "droit" d’accaparer les produits qu’il consomme ;
Son instinct animal l’a fait se fourvoyer,
En étouffant en lui la Raison qui fait l’homme !
"Logique égarement" du temps de rareté
Des produits essentiels permettant la survie...
Mais ce comportement frappa de pauvreté,
Impitoyablement, une plèbe asservie.