Recherche
Plan du site
   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 1028 - janvier 2003 > Sommes-nous trop de retraités ?

 

Le site est passé à sa troisième version.

N'hésitez-pas à nous transmettre vos commentaires !
Merci de mettre à jour vos liens.

Si vous n'êtes pas transferé automatiquement dans 7 secondes, svp cliquez ici

Actualité

Dans plusieurs des numéros précédents, nous avons attiré l’attention de nos lecteurs sur les dangers que font courir aux services publics et aux retraites, du privé comme du public, les mesures proposées par le gouvernement sous la pression du Medef, de l’OCDE, de l’AGCS, …

Nous reprenons ici ces sujets d’actualité, avec, pour commencer, les réflexions de Paul Vincent sur les retraites :

Sommes-nous trop de retraités ?

par P. VINCENT
janvier 2003

Pourquoi jeter les retraités en pâture à l’opinion publique, et est-il vrai qu’ils sont la cause des charges excessives pesant sur les actifs, ainsi qu’une menace pour leurs futures retraites ?

D’abord, n’oublions pas que les retraités d’aujourd’hui ont payé d’avance leur retraite et que ce sont pendant 40 ans leurs cotisations qui ont assuré les retraites de leurs aînés. Mais si, considérant uniquement le présent, on tient à affirmer qu’ils sont une charge pour les actifs, alors qu’on n’omette pas de dire qu’ils ne sont pas les seuls.

Nous avons en France, semble-t-il, environ 23 millions d’“actifs en activité” (ceci n’est pas un pléonasme et il est au contraire nécessaire de bien le préciser, car certaines statistiques officielles incluent dans les actifs les chômeurs, et incluaient même autrefois les soldats du contingent !). Pourquoi, en agitant le chiffre de quelque 12 millions de retraités, chercher à susciter l’inquiétude et l’hostilité à leur égard ? Bien sûr, face à 23 millions d’actifs, cela représente un peu plus d’un retraité pour deux actifs. Et alors ? La France comptant environ 60 millions d’habitants, n’y a-t-il pas encore 25 millions d’autres personnes tout autant “inactives”, c’est-à-dire deux fois plus que de retraités ? Il y a en particulier tous les jeunes jusqu’à la fin de leur formation, ou qui même, ayant terminé leurs études, n’ont pas encore trouvé un premier emploi et, je m’en excuse auprès des statisticiens, il y a aussi, me semble-t-il, les chômeurs.

Pourquoi nous parle-t-on plus volontiers des retraités que de ces autres “inactifs” pourtant deux fois plus nombreux ?

— Parce que l’idée de la Droite (ou celle du Médef) serait de repousser de plusieurs années l’âge de la retraite. Comme cela aurait pour effet d’accroître la difficulté pour les jeunes de trouver un premier emploi et d’augmenter le nombre des chômeurs, ils ne veulent évidemment pas attirer l’attention sur le fait que le nombre global des “inactifs” resterait sans doute le même. Cette mesure pourrait alors paraître absurde. En réalité elle profiterait à certains, un jeune qui galère ou un chômeur coûtant moins cher qu’un retraité, et pas aux mêmes Caisses, ce qui est sans doute le but de l’opération.

Pourquoi par ailleurs nous parler d’actifs, alors que la richesse nationale pouvant être redistribuée, que ce soit sous forme de retraites, mais aussi d’allocations familiales, de bourses, d’allocations de chômage, d’aide aux handicapés, etc. ne dépend pas du nombre d’actifs, mais du nombre de productifs, et de leur niveau de productivité ?

Cela, la Droite ou le Médef le savent parfaitement, puisqu’ils n’hésitent pas en d’autres circonstances à récuser l’utilité des fonctionnaires, qui pourtant sont bien des actifs. La notion d’actif ne présente en effet d’intérêt à leurs yeux qu’au niveau de la cuisine des cotisations sociales, parce que celles-ci sont basées sur les salaires, un système de financement tout à fait irrationnel et injuste quand on voit que la valeur de la production augmente constamment pendant que la part des salaires dans cette production diminue.

Pour de meilleures qualité et sécurité d’existence en tous domaines (allocations familiales, bourses d’études, soins médicaux, retraites, allocations de chômage, solidarité vis-à-vis des handicaps ou des cataclysmes), sans toujours peser davantage sur les actifs, il faut établir une autre assiette des cotisations sociales.

Quand une entreprise se mécanise ou s’informatise, et qu’elle licencie une partie des salariés dont le travail lui a permis de faire ces investissements, il n’est pas normal que si elle maintient, voire augmente, son chiffre d’affaires, elle voie diminuer ses charges.

On fait parfois semblant de vouloir pénaliser les licenciements abusifs, alors qu’en fait on continue à vivre allègrement dans un système qui encourage à licencier.

C’est ce système qui détériore les comptes des caisses de retraite, comme ceux des autres organismes sociaux, le PIB, lui, continuant de se porter de mieux en mieux !

^

e-mail