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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 4 - 1er au 15 décembre 1935 > Conversation galante

 

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Conversation galante

par B. P.
1er décembre 1935

C’était un de ces jours tièdes de printemps, aux senteurs d’été, qui font penser aux vacances, au grand air, à la mer, à la montagne... On se pressait prosaïquement autour du comptoir avant de rentrer au bureau ou à l’atelier. Une jeune femme me poussa pour se faire une place.

- Excusez-moi, Monsieur. Garçon, un café, s’il vous plait. Elle était gentille, sympathique, et déjà je ne pensais plus à autre chose.

- Il n’y a pas de mal, Mademoiselle. C’est bien dommage qu’on soit toujours bousculé et pressé dans la vie.

- Je vous crois, Monsieur. Il ferait bon se promener par un temps pareil.

- Qu’est-ce qui vous empêche de le faire ?

- Un petit rien, Monsieur. La nécessité de gagner ma vie. C’est pénible de travailler toute la journée sur une machine comptable.

- Vous travaillez dans une banque ?

- Oui, celle d’en face. On a renvoyé des employées le mois dernier quand on a installé ces nouvelles machines. Aujourd’hui, je fais avec l’aide d’une machine le travail de deux personnes.

- C’est du progrès

- Merci. C’est éreintant. Puisqu’il y a tant de chômeurs déjà, je ne vois pas l’utilité de ce progrès. D’ailleurs, c’était bien plus agréable quand on faisait à deux le même travail mais sans machine.

- Vous travaillez toujours huit heures par jour, après comme avant ?

- Oui, mais le travail était moins fatigant. Non, non, je n’aime pas le progrès

- Dites, Mademoiselle, que diriez-vous si, au lieu d’être deux à travailler à la main toute la journée, vous étiez toujours deux mais chacune avec une machine. De cette façon, le travail se ferait deux fois plus vite. Alors, vous n’auriez qu’à faire quatre heures de travail par jour et les autres quatre heures - comme vous m’êtes très sympathique, croyez-moi - nous pourrions nous promener au Bois.

- Moi, Monsieur ? Mais, je veux bien !

Monsieur Duboin, vous avez raison. La machine est une belle chose.

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