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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 1067 - juillet 2006 > 2010, Odyssée de quel espace ?

 

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Réflexion

2010, Odyssée de quel espace ?

par J. MATHIEU
3 juillet 2006

Vis-à-vis de la planète bleue qui servit de berceau à tout ce qui vit, nous voici redevables d’un lourd héritage. Elle a de plus en plus de mal à nous supporter, cette jolie planète, car nous n’avons de cesse de la détériorer, de l’épuiser, de la rendre invivable. Proliférer ne serait encore qu’un moindre mal voire un certain plaisir. L’insoutenable, c’est qu’en plus, nous ne cessons jamais d’accumuler des choses, et d’y travailler à perdre toute raison, comme les pontonniers de la rivière Kwai.

Sommes-nous insatiables à ce point ?

Pas sûr. Car le vrai mobile est ailleurs.

Pour le système économique qui induit ce comportement, l’objet produit importe moins que la monnaie qu’il véhicule : profit pour les uns, salaire pour les autres, si possible pour faire fortune, du moins pour “gagner sa vie”. D’où l’obligation de ne jamais ralentir la noria des transactions marchandes, et, au-delà d’un productivisme bienfaisant, l’abreuver par n’importe quelle activité de gaspillage comptabilisée.

L’insatiable, c’est le système, et nous n’en sommes que les servants.

Ainsi est-ce toujours par obligation de monnayer quelque chose, que nous en arrivons à vendre des engins de massacre dans des pays qui par ailleurs crient famine. Que nos grands armuriers, nos bétonneurs de rivages, ou nos petits dealers d’escaliers, cessent de “faire des affaires”, et voilà que surgit ce qu’on appelle “la Crise”, et que, dans notre pays de cocagne, les écoliers se mettent aussi à jeûner parce qu’ils n’ont plus l’argent des tickets de cantine.

Que prescrire pour tenter d’enrayer cette dynamique tumorale d’abondance et de misère dont on ne cesse plus de déplorer les métastases (voire les kamikazes) ?

Quel avenir reste possible ?

Sans devoir renoncer à l’efficace émulation de la libre entreprise, il faudrait pour le moins mettre un terme à cette croissance à tout va qu’on se contente de justifier par l’absurde nécessité de créer du travail.

L’obligation grandissante de s’employer à nuire pour s’assurer un revenu paralyse l’entendement, au point qu’aucune morale, laïque ou religieuse, n’y peut résister. Comment enseigner encore la probité dans une société où la finalité du savoir débouche sur un marketing forcené visant à tirer profit de toutes les vanités, les faiblesses, les vices et les violences ? Il apparaît évident qu’un autre mode de distribution des tâches et des revenus s’impose, pour nous affranchir de cet engrenage corrupteur qu’on n’ose même plus appeler “le progrès”.

Du reste, si les milliards de pauvres se mettaient effectivement à œuvrer pour égaler les millions de nantis qu’on leur donne en exemple sur nos téléviseurs, bien peu de notre ciel bleu serait encore respirable.

Alors certes, on préfèrerait pour 2010 une odyssée plus bucolique, avec de gentils écolos défendant les petits oiseaux et les grosses baleines contre les vilains chasseurs. Malheureusement, la pollution sociale en cours va de pair avec celle dont on empeste la nature. Et ce dont notre planète doit être soulagée pour sauvegarder son espace, c’est de l’infernal comportement prédateur de l’espèce dominante à travers des institutions intrinsèquement périmées.

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