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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 73 - 27 juillet 1939 > Congrès de la pensée socialiste

 

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Congrès de la pensée socialiste

par D.T.A.
27 juillet 1939

Nos camarades J.E.U.N.E.S. ont eu l’idée audacieuse de convoquer tous les partis politiques et groupements qui se réclament plus ou moins du socialisme, en un Congrès où l’on s’efforcerait de définir la pensée et l’action socialistes à la lumière des faits économiques de 1939.

Le D.T.A., à l’avance d’accord, sur l’utilité de cette mise au point, a participé aux quatre seances de discussion qui se sont tenues du 28 juin au 4 juillet 1939.

Voici quel était le programme du Congrès :

1° Estimez-vous que le capitalisme puisse encore fournir une carrière, ou qu’il soit en train de succomber ?

2° Dans le premier cas, peut-il revêtir une autre forme que celle du fascisme ?
Dans le second cas, quel régime économique et social doit, selon vous, lui succéder ?

3° Si c’est le socialisme, quelle définition en donnez-vous aujourd’hui ? Et quelles sont le réformes de structure nécessaires ?

4° Comment envisagez-vous le passage dans ce nouveau régime afin d’éviter la catastrophe économique et la guerre civile qui accompagneraient l’effondrement naturel du capitalisme ?

5° La menace fasciste à l’extérieur et à l’intérieur ne provient-elle pas d’une même cause ?

La place nous manque pour donner un compte rendu complet des débats, mais nous reproduisons, d’après l’organe des J.E.U.N.E.S.« Libération », les principales motions votées, avec indication des groupements et des partis dont l’accord a été enregistré.

Voici d’abord les participants :

Parti communiste (P.C.), représenté par M. Cotes, député de Boulogne ;

Parti Frontiste (Frontisme), représenté par MM. Hunebelle et Cohen ;

Parti socialiste Ouvrier et Paysan

(P.S.O.P.), représenté par MM. Marceau Pivert, Roger Stibbe, Mme Nicolitch

Jeune République (Jne Rép.), représentée par M. A Bossin ;

Jeunesses Socialistes Républicaines (J.S.R.), représentées par M.  Loubet ;

Droit au Travail dans l’Abondance (D.T.A.) représentée par J. Duboin, J. Maillot et Chabridon ;

Mouvement Maximiste (Mar.), représenté par M Berthler ;

Et les jeunes équipes unies pour une nouvelle économie sociale.

PARTICIPANTS AUX DEBATS (à titre personnel) :

M. CaiIIaud, de la Ligue des Droits de l’Homme

M. Francis Delaisi, économiste

M. Maurice Weber, agrégé de l’Université, du Bureau du C.V.I.A. ;

M. Zyromski, de la S.F.I.O.

L’ouverture des débats est précédée d’une courte allocution d’Henri-Claude précisant les raisons qui ont dicté aux J.E.U.N.E.S. la convocation de cette assemblée.

Le président met ensuite en discussion le premier point du questionnaire :

1° Estimez-vous que le capitalisme puisse encore fournir une carriers, ou qu’il soit en train de succomber ?

Après discussion, les motions suivante sont mises aux voix :

1° Le régime capitaliste, caractérisé par la propriété’ privée des moyens de production et d’échange entraînant l’exploitation de l’homme par l’homme, est aujourd’hui irrémédiablement condamné par les contradictions qu’il engendre.

Pour : P.C., ; Frontisme ; P.S.O.P. ; Jne Rép. ; .J.S.R. ; D.T.A. ; Max. ; J.E.U.N.E.S. ; Zyrcanski ; M. Weber.

Contre : F. Delaisi.

2° Il (le régime du profit...) succombe en raison de sen Incapacité à distribuer une production qui pourrait devenir gigantesque étant donnés les moyens modernes de production.

Pour : Frontisme ; P.S.O.P. ; J.S.R. ; Jne Rép. ; D.T.A. ; J.E.U.N.E.S. ; M. Zyromski ; M. Weber.

Contre : P.O. et Max, (qui estiment la texte incomplet - Ils décident d’en proposer un autre à la séance suivante.)

3° L’incapacité du régime capitaliste à fonctionner normalement se manifeste dans tous les pays supérieurement équipés à l’instant où le volume de la production peut croître en même temps que le chômage.

Unanimité P.C. Frontisme ; P.S. O.P. ; Jne Rép. ; JSR. ; D.T.A. ; Max. ; J.E.U.N.E.S. ; M F Delaisi ; M Weber : Zyromski.

4° A ce moment la production est obligée de freiner faute de clients, c’est-à-dire de consommateurs solvables, car en régime capitaliste c’est la production qui solvabilise les besoins des Consommateurs. Plus la production est obtenue par des moyens scientifiques, moins elle distribue de pouvoir d’achat, de sorte que la misère étend ses ravages au moment où l’abondance devrait régner.

Pour : P.C. ; Frontisme ; P.S.O.P. ; Jne Rép. ; J.S.R. ; D.T.A. ; Max. ; J.E.U.N.ES.

Abstention : Francis Delaisi.

5° Les armements massifs sont devenus aujourd’hui une nécessité pour le régime du profit des échanges qui augmente ainsi le nombre de consommateurs solvables sans augmenter parallèlement la production offerte à ces mêmes clients. Les armements dépassent en ce moment les 2 milliards par jour pour la Planète.

Pour : Frontisme ; P. Radical ; P.S. O.P. ; D.T.A. ; Max. ; J.E.U.N.E.S. ; MM. M. Weber et Zyromski.

Contre : J.S.R. (conteste le mot nécessité)

6° Malgré cet énorme appoint, la baisse de ta consommation solvable se poursuit sans arrêt. Unanimité.

7° L’industrialisation progressive des pays détenteurs de matières premières leur, permet de les manufacturer. Les autres pays, anciens vendeurs de produits fabriqués, se voient donc prives de leur moyen d’échange ; II s’ensuit une paralysie progressive dans le commerce international.

Comme sur le plan national il y a coexistence de la pénurie et de l’abondance.

Unanimité.

Le fascisme est la dernière forme que peut prendre le capitalisme avant de s’effondrer.

Pour : P.S.O.P. ; D.T.A. ; J.E.U.N.E.S. et M. Zyromski.

Contre : J.S.R. ; Frontisme : P. Radical.

« Le fascisme semble être la dernière forme... »

Pour : M. Weber ; Max.

Pour mémoire : texte qui avait été proposé par le Frontisme :

L’autorité en matière économique est la dernière forme que peut prendre le capitalisme.

Lorsque les automatismes de l’économie dite libérale ne fonctionnent plus, les oligarchies capitalistes n’ont plus de recours qu’à l’autorité...

Pour : P.S.O.P. ; D.T.A. ; Max. ; J.E.U.N.E.S. ; MM. Weber et Zyromski.

Contre : Frontisme ; J.S R. ; P. Radical (qui estiment que l’autorité peut être utilisée pour juguler les oligarchies).

...En même temps, le fascisme est obligé de considérer de plus en plus l’homme comme un instrument, comme un moyen d’exploitation asservi à l’extrême aux exigences du profit. Dans ce but, il détruit toutes les libertés individuelles, toutes les organisations syndicales libres comme autant d’obstacles à l’abaissement du niveau de vie matériel et moral de tous les travailleurs.

Unanimité.

Le fascisme n’est donc pas seulement le produit de la volonté d’un dictateur ou d’un parti.

Unanimité.

Mais, malgré toutes ces mesures, l’effondrement du capitalisme - même fasciste - se poursuit inexorablement en vertu du phénomène décrit sous le n° 1 et par la force de choses les fascismes sont contraints eux aussi à créer les conditions matérielles qui préparent leur chute.

Unanimité.

Le Socialisme de l’Abondance conciste à réaliser à tout instant le maximum de production possible, étant donné l’état de la technique et les rassources en matières premières et en main-d’œuvre.

Unanimité : Frontisme ; P.S.O.P. ; Jeune République ; Maximisme ; D.T. A. ; J.E.U.N.E.S. et M. Weber.

A organiser le circuit Production-Distribution-consommation de telle sorte que le besoin du consommateur soit l’unique moteur de l’activité productrice.

Pour : Frontisme ; P.S.O.P. ; D.T.A. ; JE.U.N.E.S. ; M. Weber.

Contre : Jeune République ; Maximisme.

A établir un juste équilibre entre la demande de la consommation et les possibilités de la production, afin de réserver aux producteurs le maximum de loisirs compatibles avec l’Etat de la technique.

Unanimité.

A fournir à tous les citoyens les moyens culturels nécessaires à l’expansion entière de leur personnalité.

Unanimité.

Les transformations nécessaires sont la mise en application des principes suivants

1° Travail et chômage doivent être répartis entre tous pour devenir service social et loisirs.

Unanimité.

2° La production devient donc une fonction sociale ce qui supprime l’appropriation privée des moyens de production et, par voie de conséquence, met fin à l’exploitation de l’homme par l’homme.

Unanimité.

3° Le service social, chargé d’assurer la pérennité de la production, deviendra de plus en plus court grâce au progrès technique. C’est le triomphe de l’Humanisme, puisque en possession d’une culture aussi complète que possible tout le monde va pouvoir accéder à la vie supérieure.

Pour : P.S.O.P. ; Jeune République ; Max. ; D.T.A. ; J.E.U N.E.S. ; M. Weber.

Abstention Frontisme (qui réserve son approbation en raison de l’expression « service social », ternie qu’il ne peut accepter sans en connaître au préalable la définition précise).

4° Grâce au service social, l’outillage peut fonctionner sans relâche et fourfir ainsi le, maximum de produits.

Pour : P.S.O.P. ; Jeune République ; Max. ; DTA. ; J.E.U.N.E.S. ; M. Weber.

Abstention : Frontisme (pour les mêmes raisons que précédemment)

Le Socialisme de l’Abondance est-il techniquement réalisable en 1939 ?

MM. Maillot et Duboin font successivement un exposé sur la question.

Après discussion, la motion suivante est mise aux voix :

Le Congrès déclare qu’en 1939, du seul point de vue technique, l’état et les possibilités des moyens de production pourraient permettre la réalisation du Socialisme de l’Abondance dans toutes les Nations supérieurement équipées. Ces possibilités pouvant s’étendre très rapidement au cadre le plus largement international.

Unanimité, moins abstention personnelle de M. Stibbe qui ne se considère pas comme suffisamment convaincu de la réalité de l’Abondance.

Le Congrès décide ensuite de s’ajourner à fin septembre pour permettre à ses membres d’étudier de plus près la question qui fera alors l’objet du débat, à savoir si le socialisme de l’abondance est politiquement réalisable.

Avant de se séparer, les congressistes, sur la proposition de M. Weber, félicitent le Groupement des J.E.U.N.E.S. de l’heureuse initiative qu ’il a prise, initiative qui a dès maintenant obtenu des résultats substantiels et qui doit aboutir à des consequences dont l’importance dans l’évolution du mouvement socialiste doit être considérable.

Nous n’ajouterons rien à ce compte-rendu car les motions votées sont assez éloquentes pour ne pas avoir besoin d’explications, et nous souhaitons aux J.E.U.N.E.S. d’achever en septembre le beau travail déjà realisé.

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