Recherche
Plan du site
   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 1056 - juillet 2005 > Les désillusions de Thierry Breton

 

Le site est passé à sa troisième version.

N'hésitez-pas à nous transmettre vos commentaires !
Merci de mettre à jour vos liens.

Si vous n'êtes pas transferé automatiquement dans 7 secondes, svp cliquez ici

Les désillusions de Thierry Breton

juillet 2005

• L’émergence de nouvelles technologies a paru un moment, après la crise du début des années soixante-dix, ranimer le rêve du progrès continu.

Nous avons cru à la technologie : elle sauverait l’emploi en stimulant la productivité. L’ère de l’économie immatérielle s’ouvrait à nous. Bientôt nous serions tous des “cols blancs”.

Les taux de croissance enregistrés dans le secteur informatique faisaient rêver ? Vive le tertiaire ! Vive l’économie “technoservicielle” ! La solution au chômage, on la trouverait dans les services : les innovations technologiques feraient surgir des nouveaux besoins propres à stimuler l’emploi, la croissance.

• Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, presque toutes les familles françaises sont touchées par le chômage. Or nous savons déjà que le système de protection sociale, qui a jusqu’ici évité le pire, est moribond. Encore un effort pour être des cols blancs ! Vite ! Il y a urgence. La solution miracle... ? Personne ne l’a trouvée. Alors il faut tout essayer. Essayer et mettre en œuvre ce que dicte notre bon sens.

• Partager le travail. Utopie ? Épouvantail ? Peut-être. Et pourtant, il n’est pas exclu qu’à l’avenir, un grand nombre soit contraint - ou choisisse - de travailler moins et sans doute... de gagner moins. Oui, gagner moins.[...] Partager le travail n’est plus une revendication idéologique : c’est en train de devenir une nécessité économique. C’est en tout cas l’un des recours obligés, qui nous pend au nez, pour sauver l’emploi urbain dans certaines branches sinistrées du tertiaire, et pour conjurer la menace d’implosion sociale.

•Travailler autrement. Une chimère ? Les années quatre-vingt, avec la pénétration de la micro-informatique et la remise en cause des structures bureaucratiques traditionnelles, ont aussi favorisé le désordre, la confusion. Le partage des responsabilités, la valorisation de l’initiative ont souvent signifié irresponsabilité, égoïsme, recherche de l’intérêt personnel, emprise des jeux de pouvoirs.

• Civisme et efficacité devraient devenir les deux mots clés de la décennie quatre-vingt-dix. ou plutôt redevenir, car ce furent toujours les vertus indispensables au développement.

• Le moment n’est-il pas venu non de stopper le progrès technologique, mais au contraire d’assurer la consolidation, disons l’acclimatation des acquis ? Le sentiment d’absurdité que beaucoup éprouvent à l’égard du développement technologique s’estompera peut-être.

Quand on parle de technologie, on pense à tous ces objets qui peuplent notre environnement : satellites, scanners, ordinateurs, lecteurs de compact disques, fours à micro-ondes.

Tout nous pousse aujourd’hui à en finir avec la société du gadget.

Thierry Breton
(Extraits de La fin des illusions, Plon, 1992)

^

e-mail