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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 961 - décembre 1996 > Quelle évolution ?

 

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Quelle évolution ?

décembre 1996

Un peu de recul permet de comprendre que les processus de production ont évolué par vagues successives, de plus en plus courtes. Pendant des millénaires, la main d’œuvre était occupée essentiellement dans l’agriculture. Il y a deux siècles, à la naissance du capitalisme, commença avec l’industrialisation, l’exode rural, les paysans quittant les champs pour être embauchés à l’usine, sans que, notons-le bien, la production agricole ne cesse de croître. Le milieu de notre siècle vit la fermeture des mines, le déclin de la sidérurgie et, de plus en plus vite, le “dégraissage” des effectifs de toutes les usines où automatisation et robotisation contribuaient à réduire la main d’œuvre pour réaliser une production qui elle non plus, n’a pas, pour autant, cessé de croître. Et la théorie du déversoir, chère à Alfred Sauvy, a continué à s’exercer en faisant basculer la main d’œuvre, désormais inutile dans le secteur secondaire, dans celui des services. Mais voici qu’aujourd’hui l’informatique avec ses logiciels toujours plus performants et dont le coût ne cesse de baisser de façon spectaculaire, s’installe en force dans les secrétariats, les banques, les assurances, les bureaux d’études,... Si bien qu’après le secteur primaire, puis le secondaire, c’est le secteur tertiaire qui “dégraisse” à son tour. Le drame, c’est que cette nouvelle vague ne peut mener vers un secteur quaternaire qui serait à inventer. Il n’y en a pas ! Et il ne peut pas y en avoir, parce que la production marchande, la seule rentable donc la seule qui compte dans le système capitaliste, est assurée et gérée par ces trois seuls secteurs d’activité. La dernière vague mène donc vers l’exclusion où sont précipités ceux dont la production capitaliste n’a plus besoin [1]. Certes, ce stade ultime, post-industriel, n’est pas encore atteint partout. Mais la mondialisation du marché, dictée par la recherche de la meilleure rentabilité du capital, y mène uniformément le monde entier.

Il n’y a pas
de secteur "quaternaire".
Dans le capitalisme,
c’est l’exclusion.

Que faire alors ? Mais chercher une autre issue ! Puisqu’on sait produire plus avec de moins en moins de travail humain, l’évolution peut mener non pas vers l’exclusion, mais vers la libération du travail tel qu’il est conçu actuellement, l’abolition du salariat venant après celle de l’esclavage.

Puisqu’on ne peut pas corriger les effets pervers du système actuel, il faut imaginer d’autres règles du jeu. Pour que la mutation que vit l’humanité dans tous les domaines soit orientée vers d’autres fins que celles, catastrophiques, où nous mène la quête de rentabilité, le système économique et financier à inventer doit tendre à l’épanouissement de l’homme. Ceci n’est possible que si on remet en question de fond en comble la logique capitaliste et les postulats sur lesquels elle s’appuie. Il est notamment indispensable de redéfinir les fonctions de la monnaie, d’en changer les mécanismes de création et d’empêcher son accumulation.

C’est, entre autres changements, ce que réalise l’économie distributive ou économie des besoins, fonctionnant avec une monnaie de consommation gagée sur la production, créée et gérée démocratiquement.

Mais avant d’en préciser les contours et afin de mesurer l’ampleur des changements à entreprendre, il nous parait indispensable de rappeler les règles du jeu capitaliste telles qu’elles s’exercent en cette fin de 20ème siècle.

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[1] Ne nous laissons pas leurrer par les statistiques anglaises ou américaines. Quand B.Clinton se vante d’avoir créé huit millions d’emplois, il s’agit d’emplois précaires et si mal payés qu’en occuper trois à la fois ne permet pas de sortir de la pauvreté. Et n’oublions pas qu’il y a plus d’un million et demi d’hommes en âge de travailler qui sont détenus dans les prisons américaines.
Lire à ce sujet La fin du travail, par J-P Mon, dans notre N°945 de juin 1995, qui analysait le livre de J.Rifkin, traduit en français depuis, et Les paris stupides, du même auteur, dans notre N°954 d’avril 1996.

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