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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 865 - mars 1988 > Lu, vu, entendu

 

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Lu, vu, entendu

mars 1988

Dans "La Croix l’Evénement" du 19 novembre 1987, Jean Dubois estime qu’il faut
REMETTRE LE TRAVAIL A SA PLACE

Il écrit notamment :
Il est temps de prendre nos distances à l’égard du travail, urgent de ne plus lui laisser la place centrale qu’il occupe dans notre société depuis le XIXe siècle. Séduits par les promesses de ceux qui nous disaient que, grâce à son travail, l’homme serait maître de son avenir, nous sommes devenus les victimes de son impérialisme. Celuici est tel que, pour l’homme moderne, perdre son travail c’est tout perdre à la fois : ses ressources, sa raison de vivre, son identité sociale. Focalisés par le travail, nous oublions que, dans l’histoire des sociétés, la nôtre, constitue une exception. Loin d’être le couronnement de l’histoire, la civilisation du travail pourrait bien n’en être qu’un accident.
Toutes les sociétés qui nous ont précédés se sont posé les mêmes grandes questions que nous comment survivre ? Comment se développer ? Comment vivre ensemble ? La nôtre est la seule à avoir imaginé pouvoir se contenter d’une seule réponse : travailler... Nous sommes en train de découvrir que nous nous sommes fourvoyés dans des impasses dont nous ne sortirons qu’en cessant de faire du travail la valeur centrale de notre société.
Première impasse : celle où nous a conduits la volonté de lier l’attribution d’un revenu au travail effectué. Le développement de systèmes techniques aux performances croissantes chasse progressivement les hommes des lieux de la production. Dans cet univers d’un travail devenu abstrait, impossible d’affecter à chacun la part précise correspondant strictement à son effort. On en arrive à cette absurdité : travailler ne veut plus dire que vous faites quelque, chose mais simplement que vous percevez un salaire. L’inscription sur les registres d’une entreprise vous donne le droit de gagner votre vie.
Puisqu’il est à prévoir que l’on ne pourra même plus donner de l’emploi à tous, il faudra bien se résoudre à déconnecter travail et revenu pour trouver d’autres critères de répartition des ressources.
Deuxième illusion : à savoir que le progrès, en nous libérant des tâches serviles, nous permettrait d’accéder à l’ivresse du travail créateur. Le malheur est que l’on ne demande pas au travailleur moderne de réaliser l’oeuvre personnelle qui serait la concrétisation de son rêve original. Si un travail choisi et enrichissant reste le privilège d’une petite minorité de concepteurs, le travail subi est le lot de la masse des exécutants. Il ne leur reste plus qu’à attendre la fin du travail pour commencer à s’occuper de leur réalisation personnelle.
Troisième espoir déçu : qu’au lieu d’être figés à vie dans l’identité imposée par leur carte de naissance, les individus aient enfin une chance égale, par la grâce de leur seul travail, d’acquérir une identité propre... Le choix n’est plus qu’entre le conformisme ou la marginalisation.
Ce ne sont pas des modifications, obligatoirement mineures, des modalités actuelles du travail quinous feront sortir de ces impasses. Il n’y a pas d’autre issue que de dévaloriser ce travail qui a donné son nom à notre société pour instaurer une nouvelle société sur d’autres valeurs.
(Envoi de H. Muller)

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LES DÉMARREURS DE VALEO

Le numéro un français de l’équipement automobile investit. Et supprime des emplois. Ainsi, une nouvelle usine Valeo sera mise en service fin 1988 à l’Isle-d’Abeau dans l’Isère. Cette modernisation s’accompagne d’une réduction d’effectifs. Pour une capacité de production de plus de deux millions de démarreurs, on ne comptera plus que mille deux cents personnes. Alors que l’établissement lyonnais en employait jusque-là deux mille deux cents...

"Le Monde des Affaires" 9.1.88

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BOTTES ASIATIQUES

Pour la première fois, de mémoire de statisticien, les importations françaises de chaussures en provenance des pays en voie de développement (Asie du Sud-Est notamment) ont dépassé les importations en provenance de la CEE.
Cette statistique n’est qu’un élément du triste bilan que la Fédération nationale de l’industrie de la chaussure fait de 1987. L’année dernière, les effectifs dans ce secteur (50.000 personnes au 1e, janvier 1987) ont diminué de 10 %. Ce sont les importations en provenance des pays à bas salaires qui sont mises en cause par les professionnels. Alors qu’en 1985, une paire de chaussures sur deux était importée, 70 % de notre consommation intérieure viennent aujourd’hui de l’étranger.
C’est l’Asie du Sud-Est qui a le plus bénéficié de ce phénomène.

"Le Monde des Affaires" 9.1.88

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BIEN JOUÉ

Les Français ont joué, en 1987, 45 milliards de francs au Loto et au PMU. C’est, à un pneu près, le chiffre d’affaires de Michelin.
Le PMU et le Loto sont, dans l’ordre, selon le journal l’Expansion, les troisième et quatrième sociétés de services derrière Air France. "Le Monde" 13.1.88
A comparer avec les pertes boursières !

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Dans la rubrique "A travers les revues" et sous le titre "les deux figures du chômage" par Michel Beaud "Le Monde" du 19.1.88 publie un article dont nous avons relevé les 2 extraits suivants qui vont dans le même sens que ce que nous écrivions récemment dans la G.R. D’abord concernant les statistiques Chef de la division Emploi du département Populations-ménages de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), Claude Thelot nous donne quelques clés pour la mesure du chômage et de son évolution. Car l’observateur attentif et de bonne foi a de quoi être troublé : il y a un écart important entre le nombre des chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) et celui des demandeurs d’emploi en fin de mois à i Agence nationale pour l’emploi (ANPE) : en mars 1987, respectivement 2567000 et 2689000. Bien plus, il y a divergence dans leurs évolutions : de mars 1986 à mars 1987, le premier a augmenté de 4,9  % et le second de 8,4 %

Avec beaucoup de pédagogie, Claude Thelot fait la part de la fragilité des instruments de mesure. S’agissant des chômeurs au sens du BIT, ils sont mesurés sur la base de l’enquête emploi qui porte sur un échantillon de 64 000 ménages : compte tenu des aléas, on peut être presque sûr que leur nombre a augmenté, en un an, dans une fourchette comprise entre 1,6 % et 8,2 %... S’agissant des demandes d’emploi en fin de mois, il y a eu une modification dans le traitement des statistiques du marché du travail en cours d’année, et il a donc fallu "reconstituer" le chiffre de mars 1986, ce qui introduit une "petite incertitude" mais leur évolution "est très probablement comprise entre 7,9 et 8,8 %".
Puissent les hommes politiques qui se targuent d’un infléchissement de quelques dixièmes de point de tel ou tel indice lire et méditer cet article...

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Ensuite sur l’emploi de l’expression "sciences sociales" (voir Économie Politique G.R. n° 861).
J’entends encore Jean Bouvier : "L’épithète de scientifique a le don de me hérisser profondément (...). Je n’emploie plus cette expression de scientifique, ni à propos de l’histoire - celle que je fais, - ni à propos de l’analyse économique. Les "sciences humaines et sociales" font ce qu’elles peuvent. Recherchent-elles la scientificité ? Je n’en sais rien ; je ne sais plus ce que c’est. A mes yeux, ce qui compte, c’est l’honnêteté intellectuelle du chercheur"
Au terme d’un article sur "l’expansion et la diversification croissante de l’univers des sciences sociales", Frédéric H. Gareau, professeur à Florida State University, aboutit à une conclusion voisine.
Il rejette le concept même de "sciences sociales" : à ses yeux, il y a, dans le domaine de la connaissance, d’un côté les sciences (exactes et naturelles) et de l’autre les "nonsciences" ; au sein desquelles se rangeraient les prétendues "sciences sociales". Dès lors, ’l’appellation d"’études sociales" serait une désignation plus honnête et plus fidèle des disciplines dont nous parlons que l’étiquette actuelle qui parait bien prétentieuse".

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