Recherche
Plan du site
   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 1060 - décembre 2005 > Les écrits restent...

 

Le site est passé à sa troisième version.

N'hésitez-pas à nous transmettre vos commentaires !
Merci de mettre à jour vos liens.

Si vous n'êtes pas transferé automatiquement dans 7 secondes, svp cliquez ici

Beaucoup de ses amis de l’étranger adressent à Paul Vincent des messages pour lui demander son opinion sur ce qui se passe en France. Il y répond par le texte ci-dessous :

Les écrits restent...

par P. VINCENT
2 décembre 2005

Ce n’est sans doute pas majoritaire. Bien sûr qu’il y a des écarts grandissants dans la situation des Français. Mais c’est la même chose dans tous les pays, et en en faisant l’addition c’est la même chose au plan mondial. Les derniers chiffres que j’avais en tête étaient que les 300 personnes les plus riches de la planète possédaient autant que les 2 milliards les plus pauvres. En France les 5 personnes les plus riches possédent ensemble 50 milliards d’euros, 20% de plus que ce que les 8 pays les plus riches ont promis de donner comme aide aux pays les plus pauvres lors de leur dernier sommet (le G8) à Edimbourg.

Pour ce qui est de la situation actuelle en France, qui mieux que notre Président connaît les causes du malaise des Français et plus particulièrement des jeunes ? Voici quelques citations exemplaires de ce que Jacques Chirac a écrit dans “La France pour tous” [1], son programme en 1994, et qui reste sans doute encore valable puisque qu’il ne l’a toujours pas réalisé, bien que déjà élu deux fois président :

- (p.58) : « Ni les opérateurs des grandes Bourses mondiales, ni les technocrates de la Commission européenne ne doivent régenter notre destin » (donc c’est la faute à l’Europe et à la mondialisation ?) ;
- (p. 68) : « Cessons de valoriser ceux qui trichent avec succès, volent l’État, s’enrichissent sans profit pour l’économie » ;
- (p. 71) : « La logique qui prévaut depuis dix ans est conservatrice. Le refus de cette logique est au cœur de ma motivation » ; et le bien-être de tous sont les seuls critères d’une réussite politique. Il n’est pas fatal que le travail soit taxé plus que le capital, que le coût de la protection sociale repose essentiellement sur des salaires qui stagnent... » ;
- (p. 81) : « Il faut, dès l’élection du nouveau président de la République, qu’une campagne nationale d’insertion débouche rapidement sur la définition d’un droit nouveau : le droit à l’activité ... L’urgence, enfin, c’est la possibilité pour chacun d’être logé décemment ... une telle politique libérera des logements sociaux pour les plus démunis » ;
- (p. 83) : « Maire d’une grande ville, je connais trop leur détresse pour n’être pas résolu à agir vite » ;
- (p. 116) : « Les problèmes de l’emploi qui obsèdent les jeunes ne sont pas insolubles. Le règne del’argent, qui les écœure, n’est pas inéluctable »

Cela viendra peut-être un jour mais son gouvernement avait encore récemment bien d’autres préoccupations prioritaires : réduire les impôts des plus riches, augmenter de 12% le prix du gaz récemment privatisé pour encourager les candidats aux autres privatisations annoncées, ne pas désespérer les buralistes, ne pas mécontenter les fumeurs, ne pas trop taxer les bénéfices des laboratoires pharmaceutiques, etc.

Les jeunes des banlieues font-ils preuve de trop d’impatience ? Depuis des années toutes les associations humanitaires : Secours Populaire, Secours Catholique, Restos du Coeur, Emmaüs, etc. poussent un cri d’alarme en constatant que la misère progresse et que des tas de gens sont dans des situations désespérées. Et les plus récentes statistiques du Quidfont état de plus de 10.000 suicides déclarés, dont 14% de jeunes de moins de 25 ans.

N’y a-t-il pas aussi un autre impatient qui aurait mis un peu d’huile sur le feu ? En tout cas on est maintenant en présence d’une “intifada” qui incite le bon peuple à appeler de ses voeux un homme à poigne. En voyez-vous un autre que Nicolas Sarkozy ?

Alors, opération réussie ?

Peut-être, à moins que la situation ne devienne incontrôlable, même pour un homme à poigne.

Les banlieues s’enflamment de partout mais on ne sait toujours pas à qui l’on a affaire. On a arrêté plus de 1.000 individus, mais on ne voit aucun lien entre eux. La seule demi-douzaine reconnus comme constituant une bande organisée et qui fabriquaient en série des cocktails Molotov “travaillaient” dans un sous-sol désaffecté appartenant à la police !

---------

[1] Nil Editions

^

e-mail