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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 1096 - mars 2009 > Le “capital immatériel”

 

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Le “capital immatériel”

Crise du concept de valeur
31 mars 2009

À moins de n’être qu’une métaphore, l’expression “économie de la connaissance” signifie des bouleversements fondamentaux du système économique. Elle indique que la connaissance est devenue la principale force productive. Que, par conséquent, les produits de l’activité sociale ne sont plus, principalement, du travail cristallisé mais de la connaissance cristallisée. Que la valeur d’échange des marchandises, matérielles ou non, n’est plus déterminée en dernière analyse par la quantité de travail social général qu’elles contiennent mais, principalement, par leur contenu de connaissances, d’informations, d’intelligence générales. C’est cette dernière et non plus le travail social abstrait, mesurable selon un unique étalon, qui devient la principale substance sociale commune à toutes les marchandises. C’est elle qui devient la principale source de valeur et de profit, et donc, selon nombre d’auteurs, la principale forme du travail et du capital.

La connaissance, à la différence du travail social général, est impossible à traduire et à mesurer en unités abstraites simples. Elle n’est pas réductible à une quantité de travail abstrait dont elle serait l’équivalent, le résultat ou le produit. Elle recouvre et désigne une grande diversité de capacités hétérogènes, c’est-à-dire sans commune mesure, parmi lesquelles le jugement, l’intuition, le sens esthétique, le niveau de formation et d’information, la faculté d’apprendre et de s’adapter à des situations imprévues, capacités elles-mêmes mises en œuvre par des activités hétérogènes qui vont du calcul mathématique à la rhétorique et à l’art de convaincre l’interlocuteur, de la recherche techno-scientifique à l’invention de normes esthétiques.

L’hétérogénéité des activités de travail dites “cognitives”, des produits immatériels qu’elles créent et des capacités et savoirs qu’elles impliquent, rend non mesurables tant la valeur des forces de travail que celle de leurs produits. Les grilles d’évaluation du travail deviennent un tissu de contradictions. L’impossibilité d’étalonner et de standardiser tous les paramètres des prestations demandées se traduit par de vaines tentatives pour quantifier leur dimension qualitative et par la définition de normes de rendement calculées à la seconde près, qui ne tiennent pas compte de la qualité “communicationnelle” du service qui est exigée par ailleurs.

La crise de la mesure du travail entraîne inévitablement la crise de la mesure de la valeur. Quand le temps socialement nécessaire à une production devient incertain, cette incertitude ne peut pas ne pas se répercuter sur la valeur d’échange de ce qui est produit. Le caractère de plus en plus qualitatif, de moins en moins mesurable du travail met en crise la pertinence des notions de “surtravail” et de “survaleur”. La crise de la mesure de la valeur met en crise la définition de l’essence de la valeur. Elle met en crise, par conséquent, le système des équivalences qui règle les échanges marchands.

(extraits de L’immatériel, éd.Galilée, 2003.)

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