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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 794 - novembre 1981 > Propos sur le chômage

 

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Propos sur le chômage

par A. HUNEBELLE
novembre 1981

Le sort de la France n’est pas directement entre nos mains. Il dépend de ce que vont décider (ou non) nos élus dans les jours qui viennent... C’est donc spécialement à leur intention que je fais cet exposé qui insiste sur des choses dont les lecteurs, pour la plupart, doivent être convaincus depuis longtemps.

LE présent article n’est pas la suite directe de mes premiers « Propos sur le Chômage » dont le texte a paru dans le numéro de la « Grande Relève » de juillet dernier.
La conclusion de cet article exposait la nécessité d’une « Expérience de Transition » qui consistait à mettre au point le fonctionnement d’une petite « Economie Distributive limitée aux chômeurs et à leurs familles (c’est-à-dire à moins de 10 % de la population française).
Je voulais vous démontrer qu’en limitant ainsi nos ambitions, l’expérience est tout à fait possible dans un délai relativement court.
C’est certainement ce que vous attendiez que je vous expose aujourd’hui, mais depuis l’avènement au « Pouvoir Absolu » des Socialistes, si l’on ne peut pas se plaindre qu’ils soient restés inactifs (loin de là !), il me paraît beaucoup plus urgent d’essayer de « leur ouvrir les yeux » car ils ne semblent pas encore avoir compris « le vrai problème » auquel il est vital de donner une priorité absolue.
Leur activité a été courageuse et parfois efficace, mais elle a pris souvent des directions inattendues, et leur façon d’aborder le problème du Chômage est stérile.
Or il y a quelques « Mesures-de-Salut-Public » (le mot n’est pas trop fort !) que le gouvernement doit prendre sans délai, s’il veut éviter, à très brève échéance, les pires désordres et une catastrophe irréversible.

IL FAUT PENSER, EN PRIORITE, AU CHOMAGE ! MAIS EN SE GARDANTD’Y PENSER AVEC DES IDEES FAUSSES

Depuis quatre mois, notre très sympathique Président, notre très sympathique Premier Ministre ainsi-que les très sympathiques Ministres et Secrétaires d’Etat, clament sur-tous les tons que leur première préoccupation est le Chômage...
Parfait !..
Et pourtant, si aujourd’hui une personne « curieuse et bien intentionnée  » demande à l’un de ces « très sympathiques personnages » comment le gouvernement compte maîtriser ce mal endémique - dont il est facile de prédire qu’il fera « crever », à très brève échéance, tous les pays occidentaux à régime économique «  échangiste »
il répondra que toutes les mesures qui ont été prises et que prend actuellement le gouvernement sont inspirées par cette constante et permanente préoccupation de « résorber le chômage ».
Vous avez bien lu : Ils espèrent résorber le chômage.
Et voilà, exprimée avec la plus naïve candeur, la plus monumentale « Idée Fausse » !
Car, il est tout à fait vain de penser à « résorber le chômage » et il est tout à fait absurde d’espérer qu’on pourra l’empêcher de se produire à l’avenir et de se développer. C’est aussi absurde que de s’imaginer qu’on pourra, demain, empêcher la pluie de tomber !
Le chômage est une conséquence des applications grandissantes du « Progrès Technique » exactement comme la pluie est la conséquence de la condensation de la vapeur d’eau contenue dans les nuages.
On ne peut empêcher ces phénomènes de se produire quand existent les conditions qui les provoquent.
Dans le numéro de la « Grande Relève » de juillet dernier, André DUMAS a très judicieusement cité des passages qui sont essentiels dans l’oeuvre du grand savant et philosophe évolutionniste Pierre TEILHART DE CHARDIN, membre de l’Académie des sciences depuis 1950 et reconnu unanimement comme l’un -des plus éminents penseurs contemporains.
Dans « La place de l’homme dans la nature » (Seuil 1949) il écrivait : « ,Rien n’est plus injuste ni plus vain que de protester contre le chômage grandissant auquel nous conduit inexorablement la machine » et DUMAS extrait d’une autre de ses oeuvres « L’activation de l’énergie » (Seuil, 1947)  : « Je pense au phénomène du chômage qui inquiète tellement les économistes mais qui, pour un biologiste, est la chose la plus naturelle au monde ».
Comme on le voit ce « grand esprit contemporain » abonde dans le sens de Jacques DUBOIN qui a eu le mérite d’exprimer dans toute son oeuvre (avec toutes les preuves à l’appui) les mêmes thèses... mais avec au moins une décennie d’avance.
Nous avons tous ici adopté depuis toujours les conclusions de ces deux grands penseurs et nous sommes, comme eux, bien certains de cette « Vérité », de cette incontestable « Evidence » :
« Le progrès technique » - que rien ne pourra jamais endiguer - augmentant sans cesse « le coefficient de productivité  » de chaque travailleur sera, chaque jour davantage, générateur de chômage.
Et nous affirmons, comme une conséquence, que :
Aucune mesure, aucune décision gouvernementale, dans le Régime Economique Actuel, ne pourra jamais « résorber le chômage  » ni même l’empêcher d’augmenter.
Oui, c’est pour nous (et quelques rares économistes clairvoyants) une élémentaire « Evidence ».
Mais, nous vivons depuis bien longtemps dans une ère démente et paradoxale, instaurée par GISCARD D’ESTAING et BARRE :
L’ère des « Evidences Méconnues »
Ce qui m’inquiète le plus, me stupéfie et m’indigne est de voir se perpétuer cette ère depuis plus de quatre mois par M. Mauroy.
Et c’est très grave, car nous avons malheureusement pu constater à La « Grande Relève », que les Conseillers Economiques de nos dirigeants (et spécialement celui de notre Président) s’entêtent à méconnaître, avec un souverain mépris, les plus limpides de ces « Evidences  ». Comme incompréhension et aveuglément, ils pourraient « rendre des points » à M. BARRE.
N’ont-ils pas, gravées dans leur esprit depuis une récente émission de télévision, les images pourtant stupéfiantes de cette usine de sidérurgie japonaise entièrement automatisée qui, sous la surveillance de quelques dizaines d’ouvriers spécialisés, arrive à produire journellement une quantité d’acier utilisable pour l’industrie, supérieure à ce que produisaient un an plutôt des usines non automatisées où s’affairaient près d’un millier d’hommes ?
N’ont-il pas été convaincus en voyant plus récemment au journal télévisé, le reportage très court mais bien éloquent sur le fonctionnement d’une partie automatisée de la chaîne de montage de la nouvelle Renault 9 ?
C’était à n’en pas croire ses yeux.
La télévision devrait passer fréquemment ces deux reportages édifiants car il faut que le public tout entier - et, parmi ce public, tout spécialement les néfastes conseillers économiques de nos Grands Hommes Politiques qui n’ont pas encore compris la réalité du problème - il importe, dis-je, que tous les Français soient par cette répétition d’images incontestables, tout à fait convaincus avec nous que :
Aucune relance des affaires, aucun programme d’expansion ne peut aujourd’hui permettre de résorber le chômage, dans une proportion tant soit peu appréciable. Il se développera de plus en plus, quoi qu’on fasse, puisque le « Progrès Technique » ne peut cesser de faire progresser constamment le coefficient de productivité de chaque ouvrier...
En ce qui concerne l’utilisation des robots dans la grande industrie, l’article de P. SIMON nous confirme (dans la Grande Relève d’octobre) que l’industrie américaine qui en possède aujourd’hui 3 500 prévoit que son équipement arrivera en quelques années à atteindre le chiffre impressionnant de 14 000  ! Comment, après cela, ces « sourds-aveugles » dont je fais le procès, peuvent-ils encore prétendre que l’on peut trouver un moyen simple pour « Résorber le chômage  » ?
Etes-vous bien d’accord avec moi maintenant, quand j’affirmais plus haut que « vouloir Résorber le chômage » est une « idée fausse » ?

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