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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 761 - novembre 1978 > La monnaie

 

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La monnaie

par R. ROCHE
novembre 1978

LA monnaie ? C’est tout simple ! « ...pièce de métal frappée par l’autorité souveraine pour servir aux échanges » (Petit Larousse - 1970).

Voilà cependant un sujet qui pourrait permettre de remplir de nombreuses pages, et pour en oser l’étude exhaustive il faut être un très, très grand économiste... et Dieu sait si j’en suis loin !

Je vois tout de même (qui ne le verrait) qu’elle sert aux échanges, raison d’être majeure du commerce : sans échanges, et sans monnaie, point de commerçants. Hermès, le dieu grec du Bagou, du Commerce et des Voleurs, préside à ces activités. Du commerce et des voleurs ? Comme ils y allaient, ces Grecs ! Serait-ce que sans monnaie il n’y aurait pas de voleurs ? Et serait-ce que les commerçants excellent à distraire pas mal de monnaie à la faveur des échanges  ? A en distraire tant qu’ils amassent d’énormes fortunes ?

Chacun le sait, la monnaie a beaucoup évolué et, en nos temps réjouissants, la définition du Larousse apparaît plutôt restreinte, car ladite monnaie s’éloigne de plus en plus de sa forme ronde et métallique pour se «  papiériser » et même s’éthérifier (monnaie fiduciaire, scripturale, lettre de change, etc., se documenter auprès d’un banquier) .

Mais sa caractéristique essentielle réside dans le fait qu’elle possède une valeur propre, qu’elle est, sur le marché, une marchandise à l’instar de toutes les autres. Idéalement, sa valeur devrait égaler celle de la marchandise fournie en échange. Or, cette égalisation équitable est proscrite par tout bon commerçant, un bon commerçant ne peut pas échanger à l’oeil, c’est la loi du profit et, dans le monde qui nous est fait, personne ne s’en étonne. De là émane un déséquilibre permanent se poursuivant tout au long des tractations commerciales. A chacune d’elles le vendeur perçoit trop de monnaie, par contre l’acheteur reçoit un objet qu’il paie trop cher. L’un a augmenté son capital, tandis que l’autre l’a vu diminuer d’autant. Ce dernier se trouve malheureusement presque toujours du mauvais côté. Les écarts entre les fortunes se creusent et l’on voit à la longue s’agiter tout un peuple frôlant le paupérisme à côté d’opulents et de quelques milliardaires.

Peut-être n’est-ce pas là un langage d’économiste  ? J’en demande pardon. Ce dernier ne niera cependant pas que la valeur intrinsèque de la monnaie diminue à travers les temps. que ce mouvement s’accélère beaucoup de nos jours et à telle enseigne qu’elle ne vaut plus guère qu’un fifrelin. C’est que « l’autorité souveraine » en fabrique beaucoup pour paver des armements, des chomeurs, pour soutenir les marchés et subventionner la libre entreprise tombant en quenouille.
Cet état de choses n’empêche pas la monnaie émaciée et surmultipliée de fausser les échanges et de faire que le ; monde « libre » subisse une dure crise, que la théorie des chômeurs s’allonge... parce que, justement, la monnaie c’est aussi « l’argent », le capitalisme : un système devenu caduc devant l’abondance déferlant sur les pays dits riches. Alors, coûte que coûte, les bénéficiaires du régime s’acharnent à insuffler une valeur évanescente à la monnaie pour la maintenir artificiellement en vie. Il, font cela au détriment de millions d’hommes, lesquels ne profiteront jamais de la fantastique abondance qui devrait faire un riche de chacun de nous. Ils iront même, pour sauver leur état de privilégié, jusqu’à déclencher une nouvelle guerre « d’un certain type » (1) , sans doute pour bientôt, au risque probable de la voir dégénérer en guerre atomique.
Seule, une économie distributive d’un modèle préconisé par Jacques Duboin permettrait la grande délivrance du genre humain attendue depuis des millénaires, aujourd’hui à portée de la main grâce à l’abondance que les hommes ont su créer ensemble et dont tous devraient profiter sans aucune discrimination.

(1) Jacques Attali : « La nouvelle économie française ». page 124 : « ... on peut prévoir qu’une guerre d’un certain type permettrait, plus que tout autre événement, d’accélérer le passage à un nouveau capitalisme efficace. »

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