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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 758 - juillet 1978 > Nature humaine et économie distributive

 

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Réponses aux objections

Nature humaine et économie distributive

par R. THUILLIER
juillet 1978

LORSQUE nous exposons les thèses de l’Economie Distributive à des auditeurs sérieux, il est rare qu’ils n’en admettent pas les principes tant ils sont évidents, simples et clairs.
Cependant on nous objecte parfois des arguments d’ordre psychologique qui méritent d’être pris en considération.
L’objet de cet article est d’en examiner quelques-uns.

Question n° 1 :
Un socialisme distributif, nous dit-on, tel que vous le concevez, bouleverse fondamentalement les structures économiques et sociales actuelles. Or, malgré ses imperfections, nous sommes tous plus ou moins adaptés à ce mode de vie et, ceci, depuis des siècles.
Pour parvenir à l’édification d’une Economie Distributive un changement total de nos mentalités ne serait-il pas nécessaire  ? Et comment l’obtenir ?

*

Jacques Duboin, précisément, a toujours écrit que l’obstacle le plus sérieux à l’instauration de nos thèses était l’incrédulité à leur égard de nos contemporains, y compris et surtout des intellectuels. Ils pensent toujours à une économie que domine la rareté.
Nous sommes, sur ce point, tout à fait d’accord avec Karl Marx qui disait que les mentalités ne se transformeront que lorsque les conditions qui les déterminent à être ce qu’elles sont seront différentes.
Mais comment y parvenir ? C’est tout le problème.
Si nous voulons sortir de ce cercle vicieux, il nous faut faire admettre que l’emploi intensif du machinisme, et des techniques modernes de production et de répartition, est susceptible de créer une abondance telle qu’elle fera voler en éclat les principes mêmes du capitalisme ; et changera aussi nos modes de vie.
C’est ce que nous disons depuis plus de 40 ans. Et c’est la base de nos propositions.
Or, actuellement, les faits nous donnent raison.
On constate, en effet, que le capitalisme dont la « crise » est structurelle, applique déjà des mesures sociales de distribution gratuite.
Nous avons énuméré les principales (1).
Elles ont toutes pour effet de fournir du pouvoir d’achat dissocié du travail. Or, c’est la première de nos propositions pratiques pour asseoir une Economie Distributive. La mentalité de nos concitoyens s’en trouve déjà modifiée.

Question n° 2 :
Mais le capitalisme, avec son économie marchande basée sur le profit, même si sa « crise » est profonde, ne change pas pour cela ses structures et c’est cependant la condition primordiale pour l’établissement d’un socialisme véritable. Que préconisons-nous à cet égard ?

*

La question de savoir comment y parvenir n’est pas notre propos ni de notre ressort.
Quel que soit, à titre personnel, ce que nos militants puissent en penser, nous ne discuterons pas des mérites respectifs de la prise du pouvoir « en catastrophe », ou par la violence ou encore, au fil des ans, par un réformisme à base électorale, ou non.
Ce n’est pas l’objet de nos travaux.
D’autres mouvements que le nôtre s’y consacrent ou devraient sérieusement s’y consacrer.
En ce qui nous concerne tout en dénonçant la faillite du capitalisme, nous nous contentons de constater que les Partis, les Syndicats et les Mouvements de gauche n’ont pas fait grand chose pour transformer les mentalités de leurs adhérents afin de leur créer un véritable esprit socialiste.
Et notre action doit consister à les pousser dans cette voie. Nous devons aussi stigmatiser leur cécité devant les conséquences du surgissement de l’abondance. Elle bloquera un système économique qui n’est pas plus conçu pour elle que nos villes le sont pour la circulation - trop abondante aussi - des voitures automobiles.

Question n° 3 :
En supprimant le salariat et en le remplaçant par un Revenu Social égalitaire, ne fruste-t-on pas le sentiment de différenciation qui constitue une loi naturelle et restera, de ce fait, une des composantes profondes de nos mentalités ?

*

Jacques Duboin, qui était loin d’être un utopiste, a écrit que l’Economie Distributive ne jaillira pas d’un coup de baguette magique.
Il était convaincu qu’elle s’imposerait d’elle- même, car les « faits sont têtus » comme disait Karl Marx.
Profondément opposé à l’emploi de la violence, Jacques Duboin pensait qu’une période transitoire s’imposerait également avant l’instauration d’une Economie Distributive intégrale. Certaines de nos propositions pratiques pourraient y être insérées. Ne parle-t-on pas déjà de l’application pour 1979 d’un Revenu Familial de base pour les familles de trois enfants ?
Dans cette période transitoire, le Revenu Social égalitaire, s’il était instauré, pourrait aussi être complété comme l’ont proposé des disciples de l’Emulation récompensant les services rendus à la collectivité.
Mais le Revenu Social égalitaire ne produira son plein effet que lorsque l’Abondance réelle sera telle que ce Revenu, croissant avec la production, constituera une pouvoir d’achat si important qu’il nivellera les inégalités sociales. D’autant plus que la gratuité de certains services y contribuera également. En tous cas, les « lois naturelles » n’en seraient pas violées  !
Nous croyons avoir répondu, par cet article, à trois des questions « psychologiques » gui nous étaient posées. Mais il en est d’autres que nous évoquerons par la suite.
En attendant, nous ne pouvons que conseiller la lecture attentive - ou la relecture - des ouvrages de Jacques Duboin et de ses disciples. Ils répondent déjà d’ailleurs à la plupart des interrogations que l’on peut légitimement se poser sur les conséquences de l’instauration d’un socialisme distributif de l’Abondance.
... Et de diffuser « La Grande Relève », où toutes ces questions sont reprises au fil de l’actualité.

(1) Voir « La Grande Relève » n°755, avril 1978.

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