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Réflexions
Médecins perplexes
LORSQUE j’étais gamin, il m’arrivait souvent,
comme aux autres gosses, de présenter des symptômes pathologiques
tels qu’accès de température (parfois élevée),
maux de tête, courbatures plus ou moins générales,
etc..., sans qu’aucune véritable maladie puisse en fournir la
justification immédiate ou ultérieure. Le médecin,
lorsqu’il était appelé, confirmait le plus souvent le
diagnostic des parents : fièvre de croissance. Aucune médication,
un peu de repos ou de fortifiant, et tout rentrait dans l’ordre en quelques
jours.
Dans nos sociétés modernes, la croissance est aussi à
l’ordre du jour. Mais ses accès de fièvre sont loin d’être
aussi anodins que ceux de notre enfance ; et nombreux sont les ausculteurs
économiques cherchant à la fois un diagnostic et des remèdes.
C’est ainsi que dans « Le Monde » du 7 février 1978,
M. Bruno-Dethomas essayait d’analyser ces problèmes et leurs
relations avec ceux concernant les programmes énergétiques.
Relations pour le moins apparemment inconciliables puisque certains
milieux politiques hostiles aux techniques nucléaires se proclament
néanmoins partisans d’une forte croissance économique
justifiant une production accrue d’énergie, laquelle nécessite
dans l’état actuel des choses un large appel aux dites techniques.
Et l’auteur, après avoir rappelé qu’une centrale nucléaire
de gauche serait tout aussi nocive que son homologue de droite, de se
demander si nos sociétés ne devraient pas rechercher une
adaptation qualitative plutôt qu’une croissance quantitative dont
il affirme qu’elle deviendra bientôt physiquement impossible.
Dans le même journal, un autre économiste, M. Fred Hirsch,
soulignait que la croissance économique n’est plus un étalon
adéquat pour apprécier le bien-être de la société,
bien qu’elle ait, dans le passé, provoqué une bien plus
grande expansion de ce bien-être que la redistribution des revenus
n’aurait jamais pu en apporter.
La fuite en avant
Cette remise en cause de la croissance n’est pas nouvelle,
et chacun se souvient des fracassantes conclusions des experts du club
de Rome proclamant, voici quelques années, la nécessité
de la croissance zéro pour sauvegarder ce qui peut l’être
encore de notre environnement et des ressources de la planète
en énergie et en matières premières. Mais nous
avons, depuis bien longtemps également (voir notamment GR nos
637 et 645 : « Les condamnés ») expliqué à
nos lecteurs que dans le système économique actuel, il
n’y a d’autre choix que celui d’une vertigineuse fuite en avant, ne
pouvant aboutir qu’à un véritable suicide de l’humanité
sous le double effet de l’explosion démographique et de l’épuisement
des ressources.
Toutes les études actuelles reflètent bien, malheureusement,
la véracité des dangers dénoncés alors.
Mais il est absolument indispensable de rappeler aux chercheurs de bonne
volonté, quelle que soit leur appartenance politique, combien
l’Economie des Besoins ouvrirait de voies nouvelles dans la quête
de ces nouveaux équilibres tant souhaités entre un mieux-être
généralisé et une gestion rationnelle des patrimoines
naturels.
Voies nouvelles d’abord dans la mise en oeuvre des énergies dites
douces, trop souvent bloquées dans l’économie de marché,
par des considérations essentiellement mercantiles.
Voies nouvelles également grâce à la suppression
des gaspillages et des productions inutiles ou nuisibles n’ayant pour
seul objet que le profit ou la création d’emplois. Au premier
rang, évidemment, les armements, et rappelons que, selon l’hebdomadaire
« Match » :
« L’année dernière le monde a dépensé
pour s’armer 330 milliards de dollars. Soit l’équivalent du produit
national brut annuel de toutes les nations réunies d’Amérique
latine, d’Afrique et du Moyen-Orient ; des dépenses nationales
pour l’éducation dans le monde entier ; du double des dépenses
mondiales pour la santé ; de 15 fois l’aide étrangère
aux pays en voie de développement. Dans les pays industrialisés,
400 000 chercheurs travaillent à des fins militaires... ».
Cherchons ensemble
Voies nouvelles enfin grâce à la possibilité,
en économie des Besoins, de mettre un terme au malentendu le
plus néfaste de notre époque. C’est le professeur J.-K.
Galbraith qui, dans une interview accordée au journal «
Le Monde » et publiée dans le numéro du 7 février
1978, dénonçait à son tour la confusion savamment
entretenue entre libéralisme économique et libéralisme
politique, le second étant presque toujours invoqué pour
justifier la survie du premier, pourtant générateur des
pires totalitarismes depuis les révolutions mécanicienne
et cybernétique. Avec le Revenu Social et la monnaie de consommation,
il devient possible de proposer à tous les hommes épris
à la fois de justice et de liberté un autre choix que
celui d’un statu quo inacceptable ou d’un collectivisme inopérant.
Sans doute faudra-t-il encore bien des recherches et des efforts pour
mettre en place ces « nouvelles » solutions préconisées
pourtant depuis près d’un demi-siècle par J. Duboin. Mais
c’est dans cette voie que nous cesserons de tourner en rond, telles
des épaves désemparées, irrésistiblement
aspirées vers le gouffre fatal.