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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 904 - octobre 1991 > Subtile et suprême lâcheté

 

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Subtile et suprême lâcheté

par A. PRIME
octobre 1991

Des hebdomadaires qui se donnaient une teinture de gauche, tels l’Observateur, l’Evènement du Jeudi, ont commencé par tirer à boulets rouges sur le communisme, laissant entendre que la social-démocratie (surtout débarrassée du marxiste, type SPD allemand après Bad Godesberg) était la voie à suivre.

Le communisme abattu, ils montrent un vrai visage : leurs canons se tournent contre toutes les formes de socialisme et tirent des salves pour célébrer la seule victoire tant attendue, celle du capitalisme, du libéralisme. Ils ont joué et jouent habilement de la confusion qui s’instaure dans beaucoup d’esprits entre liberté et libéralisme.

Voyons ce qu’écrivait Jean-Francis Held dans l’EDJ du 27 juin au 3 juillet (Que sera-ce après les évènements survenus en Août en URSS ?). Son article nous remplit à la fois d’angoisse et de colère. Voici un enchainement d’extraits :

“La “vérité” socialiste, une fois sa façade détruite, se résout à une poignée de cendres... La brutalité de son annihilation est à la mesure de son projet... Nous les nantis de la démocratie, on regarde ces (ultimes ) soubresauts avec une stupéfaction placide. Il ne nous reste rien de deux siècles de rêves rédempteurs. Rien que le réel. Rien que notre capitalisme tel qu’en lui-même...

Plutôt que de courir après des obsessions millénaristes, si on essayait de faire avec ce qu’on a. Avec ce qu’on est…On dirait bien que la fraternité universelle n’est pas de ce monde, que toutes les tentations pour l’instaurer ouvrent l’enfer... Même les “troisièmes voies” ont viré au folklore.

Le pouvoir né du capitalisme, lui, a le mérite d’exister. Il a récupéré au coup par coup un nombre incalculable de micro-révolutions. C’est lui qui a digéré - avec quelques hoquets - le mouvement ouvrier et non le contraire.

De là à affirmer que la démocratie n’est pas concevable sans le capitalisme... il n’y a qu’un pas. Tout petit.

La démocratie suppose la liberté individuelle ; donc la passion d’acquérir des biens ; donc la concurrence, donc l’économie de marché ; donc le capitalisme.

Plus de problème. Rideau tiré. Le capitalisme, imparfait grâce à Dieu, a le privilège d’être autoamendable. Il n’a et n’aura jamais, à vision d’homme, de rival comparable avec la démocratie. Le voici sans autre concurrence que lui-même. Couchés, les penseurs”.

Avant de terminer son article, l’auteur marque tout de même quelque doute :

“Son règne (du capitalisme) a de quoi inquiéter. Et si c’était la menace de la révolution qui l’avait contraint à modérer sa voracité congénitale, à céder devant la pression des réformateurs humanistes des syndicats ?

Peut-être qu’un jour l’économie de marché sera dépassée... qu’il faudra faire place à d’autres systèmes mieux adaptés.

Si en l’an 3000 et quelques, le capitalisme a fait son temps et si les capitalistes rechignent à s’en apercevoir, une révolution inouie pourra bien les pousser dehors. Gentiment, bien sûr. Et de grâce, et surtout, pas en avance sur l’heure affichée par les pendules de l’Histoire”.

Si les réserves de la fin laissent percer un filet de lumière - à condition que ce ne soit pas en l’an 3000 ! - le fond de l’article montre une indécente satisfaction. Mission accomplie pour ce journaliste de l’EDJ ! Mais nous ne serons jamais d’accord avec ce type d’analyse et de ... “penseur”, car, nous, nous ne sommes pas “couchés”.

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