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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 71 - 25 mai 1939 > Destruction de richesses

 

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Destruction de richesses

25 mai 1939

La guerre du café

L’Amérique du Sud n’est pas seule productrice de café. Biens d’autres régions du monde ne demandent qu’à nous offrir à profusion les grains odorants, source des délices d’un repas qui s’achève.

Le Kivu, au Congo belge, est de celles-là. Hélas ! nous dit LE SOIR de Bruxelles, du 15 avril, L’angoisse s’installe en Terre Promise.

On en connaît la cause. C’est l’effondrement brusque des prix du café, principale ressource des planteurs du Kivu.

…Le gouvernement brésilien a de tout temps pratiqué une politique du café cher. Aucun sacrifice ne lui a été trop lourd pour la valorisation de cette denrée qui fait la richesse de son pays. Ces prix élevés du café n’ont pas manqué d’attirer la concurrence, un peu partout dans le monde et notamment aussi au Kivu. Mais le gouvernement brésilien, à un moment donné, a estimé que cette concurrence pouvait devenir gênante et a décidé d’en finir. La nouvelle de son changement de tactique a éclaté comme une bombe sur le marché. Brusquement, au mois de novembre dernier, il a pris une série de mesures qui toutes tendaient vers le même but : Il a dévalué le milreis, réduit à presque rien ses droits de sortie, ralenti fortement ses rachats pour la valorisation et précipité la liquidation de ses stocks.

Au moment de la débâcle qui s’ensuivit, la presque totalité de la récolte de 1937 du Kivu arrivait sur le marché. Ce fut une catastrophe. Des trois mille tonnes formant la totalité de la production, deux mille restèrent invendues (et le sont encore, ou à peu près) malgré les concessions faites par les planteurs et qui allèrent jusqu’à 2 fr. 90 et même 2 fr. 50 au kilo de café vert.

Du coup, la récolte de 1938 s’est trouvée compromise. Les planteurs n’ont pas l’argent nécessaire pour la préparer, pour entretenir les plantations, pour payer la main-d’œuvre. Plus de quatre-vingt-dix pour cent d’entre eux, m’affirme-t-on, sont sans disponible. Ils ne peuvent plus s’acquitter de l’impôt, ni faire honneur à leurs engagements. Devant cette impécuniosité presque complète, et la mévente totale du café, les banques ont resserrés les crédits. Enfin, comme tout s’enchaîne, le commerce local a été mis en veilleuse et réduit aux petites transactions absolument indispensables.

Tableau maintenant classique de la misère dans l’Abondance !

Y a-t-il des remèdes demande LE SOIR ?

Les planteurs du Kivu, égoïstes ou ignorants, comme tous les planteurs du monde, implorent des mesures de protection, des contingentements, des secours, des avances, des réductions sur les frais de transport :

Ils appellent aussi de tous leurs vœux la constitution d’une entente internationale pour réglementer la production du café et sa distribution.

L’exemple du sucre est contagieux ! Mais jusqu’à présent, rien n’est fait :

Les démarches se multiplient donc, le gouvernement de Bruxelles s’occupe du problème, mais jusqu’à présent, il semble bien qu’il cherche une vraie solution, sans la trouver.

Quoi d’étonnant, il lui tourne le dos.

R.C.

Un ministre cynique

On sait qu’en Argentine, 20.000 vignobles ont été arrachés. Le vin a été répandu dans les ruisseaux par millions d’hectolitres. Or, le ministère de l’Agriculture, M. Padilla cru que son devoir d’expliquer que la richesse n’est telle que tant qu’elle a de la valeur, c’est-à-dire rare.

Propriétaires de grands « Ingénios » producteurs de sucre de canne, Monsieur le ministre s’est promis de doter cette industrie d’une organisation pareille à celle du vin. Il prétend qu’on ne détruit pas encore suffisamment de sucre pour valoriser le restant.

Il faut que le sucre devienne, comme le vin, un article de luxe, dit-il.

Bref, c’est que l’on donne de magnifiques arguments à Hitler.

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