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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 804 - octobre 1982 > Quelle pauvreté d’imagination Monsieur BEREGOVOY !!!

 

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Quelle pauvreté d’imagination Monsieur BEREGOVOY !!!

par A. DELAUDE
octobre 1982

MINISTRE des Affaires Sociales et de la Solidarité, M. BEREGOVOY a l’ambition de sortir la France de la crise économique. Noble ambition ! Malheureusement, ses réponses aux questions au journaliste du « Monde » Jean-Pierre Dumont* ainsi qu’aux propos recueillis par Franz-Olivier Giesbert et Claude-François Jullien dans l’hebdomadaire « Le Nouvel Observateur » consistent en un aménagement du « système économique » déjà en place.
Comme nous sommes déçus ! A part ses propositions d’une meilleure répartition des ressources de le Nation dans le domaine social, M. BÉREGOVOY se doute-t-il qu’il n’est pas prêt à résoudre les problèmes sociaux qu’il envisage parce que ces données (et il semble ou feint de l’oublier) sont étroitement liées aux structures en place ?
Voici quelques citations du Ministre à la fois contradictoires et positives et dont il faut le féliciter car c’est un langage nouveau chez un responsable socialiste
« Produire plus et mieux, c’est le premier moyen’ de créer des emplois. Il en est un autre : la réduction du temps de travail... Faire travailler moins les hommes et plus les machines... ».
Bravo ! Mais « motus » pour les conséquences non négligeables de la relève des hommes par la « productique  ».
Plus loin, M. BEREGOVOY pense que « le financement de la Sécurité Sociale est à reconsidérer » puisque « basé sur les salaires ».
En constatant qu’avec l’évolution des techniques les grandes unités de, production utilisent une maind’oeuvre de plus en plus réduite... Il serait temps d’en tenir compte et de demander aux services du Ministère et aux partenaires sociaux de faire preuve d’imagination afin d’intégrer d’autres éléments que les salaires dans l’assiette des cotisations ».
Bravo encore ! Bien mieux, M. BEREGOVOY a dit, à une réunion des partenaires sociaux « La machine doit payer »**, ce qui reviendrait à faire acquitter les cotisations non plus sur les salaires, mais sur l’équipement technologique des entreprises.
Horreur pour le Patronat et danger ! Comment en effet investir ou réinvestir dans les nouvelles machines ?
En constatant également que le seuil limite des prélèvements obligatoires atteint plus de 42 % du P.N.B., le Ministre préconise la recherche d’un équilibre entre impôts et cotisations sociales. Pertinemment, il s’étonne que l’Etat reprenne d’une main ce qu’il a donné de l’autre avec ces exemples : «  l’Etat octroie des aides de toutes natures à l’industrie... et les entreprises se plaignent de la lourdeur des charges ».
Mais n’en est-il pas ainsi dans un système libéral qui fait du néolibéralisme ?
Qu’ont fait les socialistes depuis un an au Pouvoir ? Ils s’en étonnent aujourd’hui ?
Quelle que soit l’équipe au Pouvoir, depuis longtemps, les entreprises industrielles et agricoles, c’est-à-dire les créateurs d’emplois, sont subventionnées. Alors, nous sommes étonnés qu’un Ministre socialiste, aussi informé, n’envisage pas la socialisation non pas des producteurs, mais de la production dans son ensemble ?
Avec une planification adéquate pour l’orientation de cette production et une réforme monétaire qui échapperait au «  dollar-roi » l’instauration d’une telle politique solutionnerait tous les problèmes auxquels se heurte M. BEREGOVOY.
Sans doute, ce dernier peut faire illusion dans cet entretien où se font jour plus de justice sociale et de solidarité nationale. Mais il sait très bien, et il veut l’ignorer, qu’en économie, la production seule crée les richesses d’une Nation et que dans la conjoncture actuelle seuls les besoins solvables conditionnent la production. Il sait aussi que beaucoup d’entreprises, et non des moindres, ne fonctionnent pas à pleine capacité de leurs possibilités de production à cause des méventes.
Et ce ne sont pas les nationalisations actuelles où les entreprises ne fonctionnent qu’en « économie de marché », même si les banques nationalisées accordent un jour plus facilement des crédits à la production, qui résoudront ces problèmes, puisque la production n’est orientée que pour satisfaire des besoins solvables.
Enfin, M. BEREGOVOY s’étonne du versement d’allocations familiales sans tenir compte des conditions de ressources des familles et il envisage la maîtrise des dépenses de santé en tendant vers davantage de justice dans la distribution des revenus et des pouvoirs. A propos des comptes, il stipule qu’« il faut savoir ce dont la France dispose et comment le répartir ».
Quelle pauvreté d’imagination, M. BEREGOVOY ! Vous recherchez un équilibre dans un budget national où la production s’amenuise alors que les bénéficiaires du social augmentent et où le rééquilibre n’est obtenu que par des dévaluations successives !!!
Vous recommencez les actions là où le cartel des Gauches et le Gouvernement du Front Populaire ont déjà échoué.
Aussi, Monsieur le Ministre, vous donnons-nous rendez-vous dans quelques mois ; peut-être alors prendrez-vous au sérieux les partisans de l’économie des Besoins que vous avez jusqu’ici méprisés lorsqu’ils tentaient de vous convaincre !!!

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