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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 782 - octobre 1980 > Trotsky et l’abondance

 

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Ils y viennent

TROTSKY, par Ernest Mandel (publié à Londres, New Left Books en 1979, traduit chez Maspéro « Petite Collection  », n° 237, en 1980).

Trotsky et l’abondance

octobre 1980

« Trotsky a souvent été accusé d’avoir une conception naïve de l’abondance des biens matériels - conception, soit dit en, passant, qu’on l’accuse d’avoir partagée avec Marx et Engels. La référence à l’impossibilité d’atteindre l’abondance, comme argument définitif contre le socialisme et le communisme - déjà bien connu au XIXe siècle  -, a récemment été soutenue par les disciples de l’« école de la croissance zéro » et par les écologistes néo-malthusiens qui expliquent que, avec une population mondiale potentielle de 10-12 milliards, l’abondance des biens matériels serait soit une catastrophe pour l’environnement, soit une impossibilité physique.
Trotsky a répondu à l’avance à de telles objections en expliquant que le concept d’« abondance » ne se réfère pas seulement mécaniquement au niveau de l’économie, mais est plus un concept sociopsychologique, déterminé évidemment pas les préconditions matérielles. Une fois que l’habitude de distribuer les produits et les services fondamentaux en fonction des besoins est assimilée par tous les membres de la société, un point de saturation sera rapidement atteint et la consommation effective pourra même diminuer (ou pour le moins se stabiliser). Il prend le simple exemple des habitudes des bourgeois et des petits- bourgeois cossus dans les restaurants, hôtels et pensions confortables où le sucre est mis gratuitement sur la table. Cela n’amène pas du tout à une augmentation aiguë de la consommation du sucre - au contraire.
On peut également dire, en étendant l’argument de Trotsky, que les habitudes de consommation des couches à revenu supérieur dans les sociétés bourgeoises avancées ont confirmé la prédiction marxiste selon laquelle, quand un tel point de saturation est atteint, la consommation tend à diminuer, non seulement en fonction de la « loi d’Engels », mais avant tout parce que les priorités sont radicalement renversées. La préservation de la santé et les loisirs remplacent de façon croissante l’accumulation absurde de biens matériels. On peut même arguer, pour paradoxal que cela puisse paraître, que c’est la société bourgeoise et l’économie de marché, avec leur publicité frénétique pour étendre le marché pour des produits de plus en plus inutiles, qui à la fois rendent les gens continuellement frustrés et accroissent la consommation au-dessus du niveau correspondant à ait système de distribution socialiste basé sur des produits et des services gratuits. »

(Transmis par A. DUMAS)

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