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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 740 - novembre 1976 > De quoi qu’on se plaint ?

 

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Soit dit en passant

De quoi qu’on se plaint ?

par G. LAFONT
novembre 1976

Le Français, on le sait, et du reste il s’en vante, s’est acquis depuis longtemps une solide réputation de râleur dans le monde entier. Ce qui rend notre cher et vieux pays parfaitement ingouvernable. C’est bien triste. Et il faut vraiment que nos ministres aient un sacré courage et beaucoup de temps à perdre pour entreprendre de faire le bonheur de ce peuple impossible.
Certes, tout ne va pas pour le mieux chez nous et les occasions de rouspéter ne manquent pas. Mais il n’y a que les Français que l’on entend critiquer systématiquement leur gouvernement. On ne voit pas ça dans les pays de l’Est. Ni au Chili. Et puis, ça avance à quoi ?
Tout le monde, je sais, et c’est fort heureux, ne râle pas en France. Je connais même un brave octogénaire qui aurait eu de bonnes raisons de ne pas être content, lui, après s’être fait piquer 800 millions par un truand, et qui n’a même pas porté plainte. En plus, il a fait l’objet d’un redressement fiscal d’un milliard et demi, et il garde toujours le moral. De quoi se flinguer, pourtant. Comme ce malheureux épicier, l’autre jour, en apprenant la visite des contrôleurs du fisc. L’octogénaire en question, qui n’aura peut-être plus que sa retraite des vieux pour finir ses jours à Nanterre, a tenu le coup. C’est beau. Il nous donne ainsi à tous un bel exemple de civisme.
Je ne puis affirmer que j’en ferais autant si j’étais à sa place. Tout le monde n’est pas un héros. Et j’admets volontiers que l’on peut avoir parfois des raisons de manifester sa grogne. Je vous accorde même qu’après deux années de règne giscardien, et en pleine société libérale avancée, il y a comme des bavures dans le système. Et si vous insistez, je dirai que ça va même plutôt mal. Mais ça pourrait aller plus mal encore, on n’a pas tout vu. Alors ?
Du reste, notre Président fait ce qu’il peut. Que feriez-vous à sa place, gros malins ? Il a viré son premier ministre, un bon à rien, ou tout comme, pour le remplacer par le meilleur économiste français. Les choses ne se sont pas beaucoup arrangées depuis, le franc continue à fluctuer et à mergiturer, la Bourse, n’en parlons pas, le fric prend le chemin de la Suisse, le chômage atteint le million et les prix grimpent toujours. Mais si les premiers résultats du plan Barre ne sont pas très encourageants, grâce à l’augmentation de la vignette-auto tous les espoirs restent permis.
Seulement faut attendre. Ce n’est pas. en gueulant dans la rue : «  Giscard des sous ! » que cela ira plus vite.
Je sais bien que certains utopistes, pour ne pas dire de doux farfelus, vous expliqueront que toutes ces difficultés que traversent les pays occidentaux sont sans remède dans notre système économique. Car, s’il en existait un, de remède, cela se saurait. A les croire c’est le système économique qu’il faut changer. C’est la forteresse de l’Argent qu’il faut abattre. Et sur les décombres du libéralisme et de l’économie de marché devenue caduque, fonder le socialisme distributif qu’imposent les progrès des sciences et des techniques du XXe siècle.
Mais allez dire à M. Giscard d’Estaing, patron de notre économie depuis dix ans, allez lui dire, même gentiment, qu’il n’est pas plus fortiche que les autres, ça ne lui ferait peut-être pas plaisir, à cet homme.

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