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Méfaits divers
Dans « le Parisien » du 29 octobre 1976,
sous la signature de Marc Blancpain, on peut lire ceci
« Les gens féroces - le mot n’est pas trop fort - sont
de plus en plus nombreux en France, et bien sûr, dans nos grandes
agglomérations. »
« L’autobus est plein à craquer ; un homme âgé,
titulaire d’une carte qui lui donne droit à une place assise,
présente cette carte à la femme qui occupe la première
banquette. J’ai le coeur fragile, dit la femme, je ne vous céderai
pas ma place ! L’homme insiste, la femme tient bon. Le ton monte et
dégénère en querelle. Devant eux, derrière,
à droite et à gauche, il y a, confortablement assis, des
voyageurs jeunes et robustes... Pas un n’aura l’idée d’offrir
sa place pour mettre fin à cette pénible dispute ! Au
contraire, j’en vois qui se mettent à rire stupidement. »
M. Blancpain cite encore deux autres exemples :
Une femme aveugle et sa vieille amie qui souffre de- la hanche marchent
sur le trottoir en se tenant le bras. Elles sont bousculées par
des gens pressés qui parfois les injurient.
Le dernier exemple est celui d’un vieux banlieusard dont la vue a baissé.
Son voisin, profitant de cette infirmité, brise la clôture
de son jardin pour y déverser ses ordures.
La conclusion de ce « Billet du Parisien » est la suivante :
Il y a bien des choses à réformer chez nous. Mais il serait
bon de commencer par l’éducation et les moeurs de certains de
nos contemporains ; comme le disait un philosophe : « aussi longtemps
qu’on n’aura pas changé les hommes, on n’aura rien changé
du tout ».
Eh bien non, Monsieur Blancpain ; ce philosophe se trompe et vous aussi
! Car les goujateries et mufleries que vous dénoncez avec juste
raison, ne peuvent que s’amplifier dans un régime économique
où tout est basé sur la rentabilité et sur le besoin
impérieux d’appliquer le système D pour gagner sa vie.
Je prends le contrepied de votre philosophe en disant : aussi longtemps
qu’on n’aura pas transformé la société de PROFIT
dans laquelle nous vivons, on n’aura rien changé au comportement
malsain de beaucoup de nos contemporains.
Prétendre faire le contraire, c’est mettre la charrue avant les
boeufs.
A propos d’autobus, comme dans votre premier exemple, permettez-moi
de vous relater les faits suivants auxquels il me fut donné d’assister :
Dans les cinq premières années d’après guerre,
pour se rendre des Cités hautes du Plessis-Robinson au Pont de
Sèvres, il fallait une heure et demie, compte tenu du temps de
correspondance du métro. Ceci allongeait donc de trois heures
les journées de travail de nombreux banlieusards.
La R.A.T.P. se décida un jour à créer une ligne
pour assurer directement la liaison. Mais comme il s’écoulait
30 minutes entre deux départs successifs, de longues files d’attente
se formaient le soir à la sortie des usines et des bureaux. Chacun
essayant de « resquiller », on en vint aux invectives et
même aux coups de poings.
Enfin la fréquence des autobus fut augmentée. Il y eut
d’abord un départ toutes les 10 minutes, puis toutes les 7 minutes.
A ce moment-là, presque plus de files d’attente ne se formèrent
et les « bagarreurs » du temps de la rareté, devinrent,
devant l’abondance des moyens de transport, les meilleurs amis du monde.
Voilà bien la preuve que pour réformer le comportement
et la mentalité des individus, il faut commencer par transformer
notre société, c’est-àdire nos conditions de vie.