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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 739 - octobre 1976 > Une pensée figée est une pensée morte

 

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En relisant J. Duboin

Une pensée figée est une pensée morte

par J. LE MORVAN
octobre 1976

Le dynamisme de la pensée caractérise Jacques Duboin. C’est pourquoi la lecture de ses ouvrages par les responsables des organisations politiques et syndicales leur serait particulièrement profitable.

Ouvrons ce merveilleux petit livre que Jacques Duboin a intitulé « L’économie distributive s’impose », nous y lisons :
« Sachez qu’un économiste « distingué » est inentamable. Qu’il soit de droite ou de gauche, il entend faire accepter pour loi naturelle, donc applicable en tous temps et en tous lieux, des hypothèses provisoires qui permettent d’expliquer le passé, mais qu’il faut abandonner sous la pression de phénomènes nouveaux...
 » Pour commencer, il faut faire abandonner la conception d’un ordre social immuable. On s’imagine à tort que le capitalisme - que j’appellerai le système des prix-salaires-profits - s’identifie à certain ordre naturel, et que le mieux qu’on puisse faire est de diminuer les excès ou les mauvais effets des lois naturelles qui le régissent.
 » Un nombre incalculable de gens ignorent que la société humaine n’a jamais rien de définitif ; elle n’est pas statique comme elle fut longtemps en Egypte, en Chine et ailleurs. Elle se transforme selon la manière dont les hommes se divisent le travail, c’est-à-dire selon les progrès réalisés par les techniques de production. Ces progrès obligent les hommes à vivre d’une manière différente, donc à changer leurs institutions, leurs moeurs, leurs façons de penser, bref tous leurs rapports sociaux... ».

1929 - 1974

Cet enseignement doit être constamment présent en nous- mêmes. Il nous évitera, par exemple, l’erreur qui consiste à appliquer à la crise actuelle l’analyse faite pour celle de 1929 et les précédentes. Celles-ci furent des crises de surproduction (ou plus exactement de sous-consommation par manque de moyens solvables) qui se caractérisèrent toutes par l’écroulement des prix, l’effondrement des profits et un chômage étendu.
La crise actuelle se caractérisa dès sa naissance, et continue à se caractériser, non pas par un effondrement des prix mais par leur hausse généralisée. Cette « inflation » ne provoqua nullement le chômage ; celui-ci résulta des mesures prises par le gouvernement en vue de freiner l’expansion
économique.
Nul lecteur de Jacques Duboin n’ignore que la rareté des produits est, dans ce régime, la condition du profit et l’une des conditions essentielles de toute hausse des prix. La crise actuelle serait-elle donc, contrairement aux précédentes, une « crise de rareté » ?

N’oublions pas que, depuis 1930, les gouvernants capitalistes ont appris à lutter contre l’abondance ; la pratique de «  l’assainissement des marchés » leur est devenue coutumière. Ce régime fabrique la rareté pour... fabriquer le Profit.
Mais la recherche du profit incite, par ailleurs, les entreprises à développer leurs moyens de production en vue d’augmenter leur chiffre d’affaires. Alors elles empruntent aux banques les crédits d’investissements qui leur sont nécessaires...
Jacques Duboin a dévoilé depuis de nombreuses années cette forme d’escroquerie économique que sont les créations monétaires des banques. En période d’investissements accélérés (c’est-à-dire d’expansion économique) ces créations se multiplient et se chevauchent ; le résultat, c’est que LES LIQUIDITES MONETAIRES AUGMENTENT PLUS VITE QUE LA PRODUCTION NATIONALE car il faut le plus souvent plusieurs années avant qu’une entreprise nouvelle soit en mesure de jeter sur le marché une production équilibrant les crédits bancaires obtenus.

Il y a donc bien, cette fois encore, une « surproduction  » mais ce n’est plus, comme en 1929, une surproduction offerte à la consommation publique mais seulement une surproduction de monnaie qui provoque ce déséquilibre entre l’offre et la demande qui caractérise toutes les crises économiques du capitalisme.

Jacques Duboin a intitulé l’un de ses livres « LES YEUX OUVERTS ». Ouvrons bien les nôtres !

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