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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 1081 - novembre 2007 > Capitalisme Socialisme Écologie

 

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1991

Avec Capitalisme Socialisme écologie, en 1991, le ton est donné : le capitalisme et le socialisme sont morts, tués par les progrès technologiques. Il faut trouver d’autres bases au système économique :

Capitalisme Socialisme Écologie

par A. GORZ
3 décembre 2007

« En tant que système, le socialisme est mort. En tant que mouvement et force politique organisée, il agonise. Tous ses buts naguère proclamés sont périmés. Les forces sociales qui le portaient sont en voie de disparition. Le socialisme a perdu sa dimension prophétique, sa base matérielle, son « sujet historique” ; sa philosophie du travail et de l’histoire est démentie par l’Histoire et par les changements techniques qui conduisent à l’extinction sinon du prolétariat, du moins de la classe ouvrière ».

[Suivent quelques chiffres illustrant la baisse des effectifs dans l’industrie européenne entre 1975 et 1986. Pendant ces douze années, la France a supprimé à peu près autant d’emplois qu’elle en avait créés entre 1890 et 1968 et, précise Gorz,] « pendant la même période, un grand nombre d’emplois ont été créés dans les services ; mais ces emplois sont souvent à temps partiel et/ou précaires, faiblement qualifiés, sans chance d’évolution professionnelle et sans rapport avec ce qui, dans les doctrines socialistes faisait l’essence et la valeur du travail et des travailleurs ».[…] « Le travail a changé, les « travailleurs” aussi ».

[Rappelant qu’en trente ans la durée individuelle annuelle du travail à plein temps avait diminué de 23%, que le volume annuel de travail (nombre total des heures travaillées par tous les actifs) avait chuté de 28% alors que la production par heure de travail était multipliée par trois et que le chômage] « ou plutôt l’impossibilité de gagner sa vie » [prenait des proportions préoccupantes, il demande] : « Qu’est-ce dans ces conditions qu’une perspective de gauche ? Que signifie dans ces conditions être socialiste ? Si c’est lutter pour l’émancipation des travailleurs, alors les socialistes ne sont plus que les porte-parole idéologiques et élitistes de ces 15% qui se définissent encore, avant tout, par leur travail, qui se sentent avant tout travailleurs et vivent leur travail comme une activité au moins potentiellement épanouissante et créatrice. Je veux bien, à condition qu’on n’oublie pas que le travail-emploi, le travail productif rémunéré, occupe une proportion de plus en plus décroissante de notre temps (un cinquième de notre vie éveillée) et que les activités non rémunérées qu’elle soient nécessaires ou librement choisies, privées ou sociales, ne peuvent sans abus être assimilées à ce travail à partir duquel s’est constituée la conscience d’appartenir à la classe ouvrière et d’avoir, en tant que travailleur, des intérêts opposés à ceux du capital. Tout travail n’est pas travail au même sens du terme. Tout travail n’est pas source d’identité sociale ni d’appartenance de classe ».

[Gorz nous montre ensuite que] « même si le terme socialisme ne désigne plus aucun ordre social existant, ni même aucun modèle de société réalisable à court ou à long terme », [la perspective et la référence socialistes gardent du sens car nous ne pouvons pas oublier que ] « le capitalisme domine l’économie mondiale sans avoir besoin pour cela d’offrir un ordre social ou un modèle de société au monde ».

[C’est pourquoi, le socialisme n’a pas à se définir à partir d’un ordre social existant ailleurs ; il se définit comme une opposition au capitalisme]. « L’abandon de la référence au socialisme conduirait à abandonner aussi toute référence à un désirable au-delà du capitalisme, à accepter celui-ci comme “naturel” et indépassable, à discourir avec un naïf idéalisme de la démocratie, de la justice tout en traitant comme quantité négligeable la matrice économico-matérielle du capital, qui, parce qu’il exige nécessairement la rentabilité avant tout, ne peut s’empêcher d’être source de domination, d’aliénation et de violence ».

La lecture de ce livre inspira à Marie-Louise l’éditorial du N°905 de la Grande Relève (novembre 1991), que voici :

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