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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 1078 - juillet 2007 > Sauvons les Bouddhas !

 

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Écologie

Sauvons les Bouddhas !

par C. R.
13 août 2007

On s’est médiatiquement offusqué devant le dynamitage des bouddhas de Bamiyan par les talibans en Afghanistan. Mais qui s’insurgera contre la destruction sournoise des savoirs, du patrimoine intellectuel et culturel de nos sociétés, en temps de paix ?

Qui se révoltera devant les ravages provoqués par les inquisiteurs néo-libéraux dans tous les domaines de la vie, qu’ils conchient de leur novlangue gestionnaire, de leur rhétorique économique et commerciale ?

De 1933 à 1945, V. Klemperer, professeur juif chassé de l’université de Dresde, tient un journal où il décrit la naissance et le développement d’une langue nouvelle, celle de l’Allemagne national-socialiste. Le nazisme s’insinua dans la chair et le sang du grand nombre à travers des expressions isolées, des tournures et formes syntaxiques qui finirent par être adoptées de façon mécanique et inconsciente. Pour cet observateur de premier ordre, « le III ème Reich a changé la valeur des mots, et leur fréquence…, assujetti la langue à son terrible système, gagné ainsi son moyen de propagande le plus puissant, le plus public et le plus secret ».

De la même façon, le sabir du néo-libéralisme parvient à s’imposer, s’employant à assurer l’apathie, (voire à prêcher le multi-tout-ce-qu’on-voudra), afin que la domination et l’extorsion des profits puissent se perpétuer sans entrave.

Comme celle du nazisme, cette langue qui colonise les imaginaires contemporains, a une dynamique propre, un caractère performatif qui fait sa force ; plus elle est parlée, plus ce qu’elle défend, sans jamais l’exprimer clairement, a lieu ; et elle n’induit aucune immunité, même chez ceux qu’elle aide à opprimer ; elle atteint ainsi plus sûrement son but que ne pourrait le permettre une coercition déclarée (d’après E. Hazan, LQR, la propagande du quotidien, éd. Raisons d’agir).

En conclusion, pour cesser de collaborer au fonctionnement d’un tel engrenage, il faudra parvenir à débusquer dans nos esprits, pour le subvertir, ce qu’organise la « langue mortifère du Reich » de notre temps : la réification marchande de la vie.

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