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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 1078 - juillet 2007 > Au fil des jours

 

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Chronique

Au fil des jours

par J.-P. MON
3 août 2007

*
Brusque volte face

Les médias à la botte du pouvoir ont-ils fait trop de zèle, ou bienont-ils été victimes des instituts de sondages, pas très objectifs, eux non plus ? Après l’incontestable succès de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle, ils ont continué imprudemment sur leur lancée. « L’UMP inflige une lourde défaite au PS » titrait Le Monde du 12 juin au lendemain du premier tour des législatives. Suivaient dans d’autres pages du journal des commentaires définitifs : « Le jugement des électeurs a été logiquement confirmé en appel le 10 juin, au soir du premier tour du scrutin législatif. Avec 39% des suffrages exprimés, la gauche enregistre son plus mauvais résultat depuis le début de la Vème République, exception fait de la Berezina des législatives de 1993 (35% avec les Verts) [1]… ; cinq semaines après avoir porté Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République, les Français ont décidé de lui donner une majorité massive pour gouverner…C’est ce qui ressort du premier tour des Législatives où la majorité présidentielle atteint son meilleur score depuis 1973 et devrait être confirmé dimanche 17 juin… Les diverses projections accordent 380 à 470 députés sur 577 » [2].

Le 17 juin virage à 180 degrés ! Le Monde titre : « Un avertissement adressé à Sarkozy » et Arnaud Leparmentier s’interroge maintenant : “Le malentendu déjà ?” L’UMP, qui garde cependant la majorité, perd 35 sièges, la gauche en gagne 45, Juppé est battu à Bordeaux tandis que de nombreux socialistes donnés battus au second tour sont élus et que les socialistes gagnent une circonscription de plus à Paris. Si l’on examine les pourcentages de suffrages exprimés, on voit que la différence entre l’UMP et le PS n’est que de 1,73 % mais le mode de scrutin fait la différence.

Ne pensez surtout pas que je fais du triomphalisme, je n’ai voulu que souligner combien les médias étaient partiaux. Ils auraient pourtant dû se rappeler de leurs pronostics lors du référendum de 2005. C’est sans doute pour cela qu’ils sont, dans leur grande majorité, favorables à une ratification par les Parlements et surtout pas par référendum.

C’est ça la démocratie à l’Européenne !

Les incohérences de la PAC

En France, la Politique Agricole Commune favorise les grosses exploitations très compétitives, au détriment des petites. Si on prend le cas des céréales (5 milliards d’euros versés en 2005), on constate que 7% des exploitations les mieux loties reçoivent 29% des aides tandis que 24% des petits producteurs n’en reçoivent que 2%. Une étude [3] explique que les aides directes ne sont pas, en fait, proportionnelles aux surfaces cultivées ; elles dépendent des départements, des cultures privilégiées et des rendements. Ainsi, une exploitation est d’autant plus aidée qu’elle est située dans une zone de forte productivité (où se trouvent la plupart des plus grandes exploitations). Par exemple, pour un hectare de blé tendre, un producteur touche 420 euros dans la Somme et 206 dans l’Hérault.

Depuis 2006 le mode d’attribution des aides a changé : elles sont maintenant découplées de la production. Mais contrairement à ce qu’a fait l’Allemagne, la France a décidé d’appliquer cette réforme en se basant sur les montants antérieurement perçus par les exploitations. Ce qui ne corrige en aucune manière les disparités. Un bilan doit cependant être fait en 2008 et la question du plafonnement des aides sera discutée. Selon l’étude citée plus haut, 2.200 exploitations touchent plus de 100.000 euros. « Plafonner à ce niveau serait une révolution », explique un chercheur du Groupe d’économie mondiale de Science Po. Mais, généreuse, la Commission européenne propose 300.000 euros. Cette mesure concernerait 2.180 exploitations en Europe dont 30 à 40 en France, 330 au Royaume-Uni et 1.430 en Allemagne.

*
Les chaises musicales de la délocalisation

Les Chinois aussi délocalisent leurs entreprises, mais plus encore leurs travailleurs. La Roumanie, intégrée en 2007 à l’Union européenne, est devenue une de leurs cibles préférées. En effet, depuis qu’ils n’ont plus besoin de visa pour travailler dans l’espace de Schengen, des centaines de milliers de Roumains sont partis en Europe de l’Ouest en espérant y trouver de meilleures conditions de travail et de salaires. Résultat : « La Roumanie manque gravement de main d’œuvre », constate le responsable du Bloc national syndical (une des principales organisations syndicales du pays), « et dans un avenir proche, le marché roumain devra faire place à des ouvriers venus de pays en dehors de l’Union européenne ». C’est déjà ce qu’il se passe. Au mois d’août dernier, la société de textile Wear Company a passé un accord pour embaucher à bas prix 350 Chinoises, initiative chaleureusement saluée par le patronat roumain qui a bien vite compris les “règles” du marché libéral. « Cette année le marché du travail a été libéralisé et la main d’œuvre est partie à l’étranger. Nous allons donc devoir faire face à une véritable crise d’ouvriers » a déclaré la présidente de la fédération patronale de l’industrie textile. Mais tout n’est pas aussi rose que l’espérait le patronat roumain. Conscientes que leurs salaires étaient dérisoires (100 euros en moyenne) alors que celui des Roumains est de 300 euros, les ouvrières chinoises de Wear company ont fait grève pour obtenir des augmentations. Le plus étonnant de l’histoire est que le Bloc national syndical vient d’admettre en son sein trois représentants chinois, membres du syndicat unique chinois All China Federation Trade Union [4], qui entendent obtenir que leurs ouvriers soient correctement rémunérés. Il y a actuellement 3.000 Chinois travaillant légalement en Roumanie et 2.500 autres sont attendus d’ici à la fin de l’année. Est-ce que les “Prolétaires de tous les pays…” seraient en train de s’unir ?

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[1] La gauche ramenée à son étiage historique, Gérard Courtois.

[2] Le Mai 81 de la droite”, Arnaud Leparmentier.

[3] La géographie des aides aux grandes cultures, Service des statistiques du Ministère de l’Agriculture, 20 juin 2007.

[4] 134 millions de membres.

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