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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 68 - 24 février 1939 > Au fil des jours

 

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Au fil des jours

24 février 1939

Cette fois nous entrons dans la phase frénétique. Les armements augmentent à une cadence de plus en plus rapide. L’Angleterre double son programme d’armement...

Comme par hasard, le nombre des chômeurs a considérablement augmenté en Grande-Bretagne. Il est passé de 1.541.197 à 1.888.445 en une seule année.

Quand se rendra-t-on compte que les armements ralentissent à peine la marche croissante du chômage ?

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La folie gagne les Etats-Unis. Eux aussi vont fabriquer des instruments pour distribuer la mort. C’est, parait-il, plus simple que de distribuer ce qui fait vivre les hommes...

Aux Etats-Unis, les chômeurs ont passé de 7.706.206 à prés de dix millions et demi en l’espace d’un an. Voilà les magnifiques résultats de la deuxième expérience Roosevelt. Qu’en pensent ses admirateurs français ?

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Car la seconde expérience, qui a coûté beaucoup plus cher que la première, est en train d’échouer lamentablement comme nous l’avons toujours annoncé.

Le président Roosevelt a fait en grand la politique de la rareté. Ses destructions de produits alimentaires et ses restrictions de production battent tous les records.

Alors le président Hoover relève la tête. C’est qu’en sa qualité de conservateur il n’a pas osé faire ce qu’a exécuté d’un coeur léger le grand réformateur Roosevelt !

***

Surveillez attentivement ce qui va se passer aux Etats-Unis. Les deux expériences Roosevelt se terminent par un chômage accru, une misère plus grande, un budget de plus en plus déséquilibré. Il n’est pas possible qu’un réveil brutal ne se produise sous peu car l’idée de l’abondance fait son chemin aux Etats-Unis, et certains journaux y consacrent tous les jours de longs articles.

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Car cette bonne abondance aura le dessus, n’en doutez pas. Aux hurluberlus qui la nient encore, demandez, donc s’il n’y a pas abondance d’armements ?

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On va dépasser bientôt le chiffre de 750 milliards par an. Et encore on camoufle un grand nombre de dépenses qui devraient faire partie de la rubrique armements. Mais dépenser dans le monde, et par an, quelque 750 milliards pour distribuer la mort, n’est-ce pas la preuve que les dirigeants de l’économie ne savent plus du tout où ils nous entraînent ?

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Car, aujourd’hui, la situation est bien simple : Si l’on persiste à rester dans le régime économique et social actuel, on ne pourra ni augmenter les armements, ni les arrêter, ni s’en servir, sans tout faire sauter.

Avez-vous réfléchi à tout le bien qu’on aurait pu réaliser, même en régime capitaliste, en consacrant ces 750 milliards chaque année à construire de belles maisons, à répandre le bien-être partout et à faire disparaître la misère ? Le régime actuel s’y serait ruiné comme il se ruine à fabriquer des armements, mais il aurait fini en beauté, dans l’allégresse et la réconciliation générales. Au lieu de cela, il fabrique la mort avec l’espoir idiot d’y survivre.

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« Nouvel-Age » nous demande à qui appartiennent les moyens de production en régime d’abondance. Cher confrère, ouvrez l’un quelconque des vingt ouvrages (livres et brochures) du D.A.T. et vous serez fixé. Vous ne poseriez plus des questions stupides dont la réponse a été donnée mille lois pour une. On ne vous a pas attendu, car vous arriviez de trop loin.

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Il est entendu que les Français aux idées avancées sont opposés au fascisme. Nous comprenons admirablement ce sentiment. Mais le fascisme n’étant que la phase autoritaire que revêt le capitalisme lorsque son automatisme ne fonctionne plus, pourquoi les Français aux idées avancées s’entêtent-ils à rester dans le régime ? Pourquoi ne réclament-ils pas, avec nous, les réformes de structure ?

Mais pas les réformes tie structure qui convenaient peut-être en 1848, mais celles qui sont indispensables en 199 ?

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Le dernier redressement lait son petit bonhomme de chemin. L’or rentre, les impôts aussi ! On oublie de dire que ces derniers ont été augmentés de quelque dix milliards. S’extasier parce que les rentrées sont un peu plus fortes, c’est se moquer du monde.

En attendant, les drames de la misère se multiplient partout. Pardon, ce sont les drames de la neurasthénie !

On devient de plus en plus neurasthénique quand on ne peut ni trouver du travail, ni nourrir ses enfants.

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Le loyer de l’argent baisse tous les jours davantage. L’argent va être pour rien. Reste à savoir s’il vaudra beaucoup plus.

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La livre anglaise donne des signes

de fatigue manifestes. Chut ! On va nous expliquer que c’est l’or qui va monter. Un économiste ne vient-il pas d’écrire un article de dix colonnes pour expliquer que la situation économique de l’Angleterre était hors de pair ?

Son chômage aussi. Sa balance commerciale aussi. Ses impôts aussi. Ses armements encore bien davantage.

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La Belgique a de la peine à constituer un ministère. Le chômage belge a passé de 91.993 en 1937 à 135.847 en 1938. Allons, pour un petit pays, ce n’est déjà pas trop mal. Qu’en pense l’illustrissime économiste Baudhuin qui, de temps en temps, vient réchauffer le zèle de ses confrères français ?

***

Le mouvement corporatiste prend de l’ampleur et gagne, paraît-il, en profondeur. C’est d’une logique indiscutable. Sur le radeau de la Méduse, la corporation des survivants désignait tous les jours celui qui devait faire les frais du repas de la journée. La corporation diminuait ainsi de tous ceux qui étaient mangés. Avis aux enthousiastes qui s’imaginent qu’ils mangeront toujours les autres et ne figureront jamais au menu de la corporation.

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