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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 1076 - mai 2007 > Monnaie et société

 

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Cconférence-débat à Mulhouse :

Autre occasion de réflexion pour savoir pour qui pousse le blé : la conférence magistralement bien organisée par Sébastien Houssin à l’Université de Haute Alsace, dans le cadre du DEA d’économie sociale et solidaire, le 4 avril dernier.

Sur le thème Monnaie et société, M-L Duboin montra les effets pervers de la monnaie de dette, cette monnaie bancaire qui supplante, partout, et de très loin, toutes les monnaies légales. Elle conclut sur la nécessité d’une monnaie distributive, permettant une économie alternative, basée sur la solidarité et le partage, et dont elle esquissa les grandes lignes.

Sébastien Houssin nous enverra bientôt le compte-rendu de cette conférence, il le prépare en s’appuyant sur les réflexions que lui feront les étudiants et les personnalités qu’il avait invités. Mais l’une de ces dernières a posé, au cours du débat, une question qui est d’actualité en cette période électorale. Cette question était, en substance : « l’économie distributive que vous décrivez est une économie des besoins, puisqu’elle implique que le revenu de chacun sera fonction de ses besoins. Ne s’agit-il donc pas d’une nouvelle forme de communisme, dont on sait qu’il mène à la dictature ? »

Voici quelques éléments de la réponse à cette question :

Monnaie et société

par M.-L. DUBOIN
31 mai 2007

Il y a de nombreuses différences entre les deux, et elles sont essentielles. D’abord le fait que l’organisation soviétique n’avait pas l’ombre de la plus petite aspiration à seulement un semblant de démocratie. C’est le Parti qui décidait des besoins comme il décidait de tout le reste, au nom d’une doctrine qui prétendait d’ailleurs instaurer la dictature du prolétariat.

L’Histoire, mais seulement quand elle pourra être impartiale sur ce sujet, dira le rôle qu’a joué sur son évolution vers la dictature stalinienne, le fait que ce régime ait été imposé à un peuple soumis depuis des siècles, illettré dans son immense majorité, bien loin d’être assez mûr pour imaginer et pratiquer la démocratie.

Ce que nous proposons est, en effet, une économie des besoins, en ce sens que l’économie distributive a bien pour objectif la satisfaction des besoins humains, à commencer par les plus élémentaires. Mais au lieu de la dictature du prolétariat, son objectif est l’épanouissement humain dans le respect des droits de l’homme et de son environnement. Pareille évolution ne s’impose pas par la force. Ce respect ne peut résulter que d’une prise de conscience, et par tout le monde, des besoins, des moyens, et des conséquences des modes de production.

Et en s’appuyant sur un changement radical des fonctions dévolues à la monnaie, nos propositions empêchent que l’accumulation de capital puisse être le but de toute entreprise. Ce changement d’objectif n’a donc rien à voir avec celui du régime de l’URSS qui était un autoritaire capitalisme d’État.

Les autres différences tiennent au bouleversement des moyens de production. Il y a un siècle encore, l’économie (en Russie comme partout) avait un immense besoin de main d’œuvre, et, ne serait-ce que pour assurer leur nourriture, le travail de tous était une urgente obligation.

Cela a complètement changé : la planète produit aujourd’hui de quoi nourir deux fois plus d’habitants qu’elle n’en a, et elle n’a besoin pour cela que de moins du dixième de sa population active ! La question n’est donc plus de forcer les gens à fournir une main d’œuvre dont la nécessité est évidente, mais de les amener à savoir faire des choix. Ce qui ne peut se faire qu’avec des citoyens en mesure de s’informer.

Et bien d’autres problèmes ont pris une terrible importance : chômage, accroissement de la misère dù à une exécrable répartition des richesses produites, violence avec des armes de plus en plus perfectionnées, migrations de populations qui fuient la misère, etc.

La démocratie en économie est donc le moyen d’amener les populations à prendre conscience des dangers du productivisme capitaliste et à choisir raisonnablement leurs objectifs et leurs méthodes de production.

Et il est grand temps d’y venir, car l’enjeu est l’évolution de l’humanité, voire même sa survie.

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